Six inondations exceptionnelles aux Etats -Unis depuis juin

Six inondations inouïes

“Les chroniques anciennes rapportent qu’il y a des centaines d’années, un déluge s’est déversé sur la ville, les rues ont été inondées, les maisons submergées jusqu’aux toits, les habitants et le bétail ont péri.  Il s’agit peut-être d’une légende, car des tels faits dépassent l’imagination”. Un tel événement est une crue millénale, survenant environ tous les mille ans.

Aux Etats-Unis, cette année, ces  désastres se succèdent. Le 13 juin, une rivière atmosphérique a déversé des pluies abondantes sur le parc de Yellowstone (vidéo Yellowstone) alors que les glaciers fondaient rapidement, ce qui a provoqué une inondation historique. Statistiquement, elle se produirait une fois toutes les 500 ans. De nombreux éboulements ont eu lieu. Les routes et une maison entière sont parties à la dérive.

 Un grand système orageux a causé des inondations à Saint-Louis (Missouri) le 26 juillet (vidéo St Louis) et au Kentucky. Des pluies intenses sont tombées sur la région métropolitaine de Saint-Louis, inondant des routes, des maisons et des entreprises. Les pompiers et les intervenants d’urgence ont sauvé des centaines de personnes. L’événement a établi un record absolu de précipitations dans la région. Peu après, des déluges soudains dans l’est du Kentucky et le sud-ouest de la Virginie ont provoqué des glissements de terrain, emportant complètement des maisons et tuant des dizaines de personnes.  Cette vidéo fait état de 37 décès et des centaines de disparus (vidéo Kentucky) L’air saturé d’eau venant du Golfe du Mexique surchauffé a survolé le Texas et s’est déversé sur ces Etats. Le 1er août,  les rues de Lincoln, Illinois ont été submergées.

Une inondation exceptionnelle, millénale, a aussi touché la vallée de la Mort  en Californie le 5 août.  Elle est due à mousson exceptionnelle (vidéo Death Valley). Le parc national a reçu près d’un an de pluie le 5 août.

Le 22 août, des précipitations abondantes et soudaines, les plus intenses que la région ait jamais connue, se sont abattues sur Dallas, Texas. Elles ont inondé les bâtiments, submergé les voitures sur les autoroutes et ont également fait gonfler la rivière Trinity bien au-delà de sa ligne de flottaison normale. Tout cela a entraîné des milliards de dollars de dommages, selon une estimation d’AccuWeather.

Ces inondations causent des coûts énormes, des dommages aux routes, aux bâtiments, et s’aggraveront dans les années à venir. Le PDG d’AccuWeather, le Dr Joel N. Myers, qui a étudié de près pendant des décennies les impacts économiques des conditions météorologiques extrêmes, a estimé que le total des dommages et des pertes économiques résultant des crues éclair catastrophiques se situerait entre 4,5 et 6 milliards de dollars.

Un terre en état de catastrophe naturelle

Au cours des dernières semaines, cinq régions des États-Unis ont toutes connu ce qui aurait dû être très rare, voire impossible, une inondation qui se produisait tous les mille ans.

La conjonction d’autant d’événements rares est d’autant plus improbable. Essayez de gagner 5 fois au Loto! Mais la dénomination d’événement millénal est très trompeuse, ils étaient exceptionnels dans l’Histoire humaine jusqu’à récemment. Maintenant, il s’agit d’événements nouveaux, caractérisant l’Anthropocène. Les climatologues les avaient partiellement prévus, à cause de l’augmentation de l’humidité de l’air, mais la présence de gros orages localisés les prend un peu par surprise.

La quantité réelle de précipitations dans la plupart des régions du pays n’a pas beaucoup  augmenté au cours des derniers siècles.  Par contre, les précipitations proviennent d’un petit nombre de tempêtes plus intenses.

Les orages sont très localisés, mais ils inonderont de nombreuses villes dans les années à venir. Nous devons nous préparer à des pluies plus abondantes,  inconnues à l’heure actuelle.

De plus, le reste du monde n’est pas épargné. En Australie, des inondations millénales se sont aussi succédées durant les étés austraux au cours de ces dernières années. Elles ont été provoquées par des rivières atmosphériques et ont déversé d’énormes quantités d’eau.

Cette image de Peter Carter montre la répartition de sécheresses (en rouge) et d’inondations (en bleu). Ensemble, ces désastres ont dévasté une grande partie de la Planète. les événements extrêmes deviennent bien plus fréquents.

Les catastrophes sont causées par des orages très localisés, mais de nombreuses villes seront certainement touchées dans les années à venir. Nous devons nous préparer à des pluies encore plus abondantes,  inconnues à l’heure actuelle.  Les risques d’inondation et des procédures d’évacuation doivent être établis pour toutes les maisons, et pour toutes les routes.

J’au récemment vu un reportage émouvant sur des couples qui restaurent leurs maisons plusieurs mois après de graves inondations. Je ne l’ai pas aimé, je ressentais un vrai malaise à voir ces sinistrés rénover courageusement les mêmes maisons.  J’ai peur que les zones inondables ne subissent des catastrophes à répétition, de plus en plus graves. Malheureusement,  le danger est tel qu’il y reste probablement peu d’endroits sûrs sur la Planète. Les difficultés causées par les inondations et leurs coûts pourraient progressivement paralyser l’économie mondiale.

Il faudrait probablement construire dans toutes les villes du monde un maximum de systèmes d’écoulements, des vrais lits de rivières, qui préviendraient les grandes inondations.

https://www.accuweather.com/en/severe-weather/dallas-flooding-is-5th-1-in-1000-year-flood-event-in-us-since-late-july/1236445

Image de Couverture par Gerd Altmann (geralt) de Pixabay 

Grosses grêles en Europe et nuées de tornades

L’année 2021 a été fortement frappée par la grêle en Europe. Le laboratoire européen d’orages violents, ESSL, étudie ces manifestations et publie des statistiques et des prévisions. Il rapporte plus de cinq mille événements de grosse grêle de plus de 2 cm survenus jusqu’en octobre, ainsi que vingt neuf événements de grêle géante de plus de 10 cm (lien).

Ces chiffres sont bien supérieurs à ceux des années précédentes. Un nombre de rapports très important a été soumis pour certains jours, comme le 24 juin ou le 8 juillet. Ces jours-là des grands orages ont ont parcouru l’Europe et la grêle a touché de très nombreuses villes. En Suisse, je n’ai jamais vu autant de grêle de ma vie, et Météosuisse rapporte des chutes de grêles massives dans son bulletin climatologique été 2021, à des nombreux endroits avec des grêlons jusqu’à 7 cm de diamètre. Ils ont causé des dégâts aux vitres, véhicules et aux cultures agricoles. ESSL et Météosuisse rapportent que les nombre de jours de grêle n’a pas augmenté. Cependant, une journée d’orage a occasionné des manifestations plus impressionnantes. La surface touchée et les dégâts occasionnés se sont accrues.

Un des plus gros grêlons au monde

J’ai demandé au directeur de l’ESSL, Peter Groenemeijer, si les épisodes de grêle ou de tornades s’aggravent, et quels sont les risques pour l’avenir. Selon lui, les grosses grêles deviennnent plus fréquentes.

Il est par contre difficile d’établir des statistiques sur les tornades, qui sont rares. L’année passée, en Europe, les statistiques font état de 936 tornades et trombes d’eau, essentiellement sur les mers, près des côtes. Les terres ont été touchées par 352 tornades. Peter Groenemeijer a d’abord cité le chiffre de 240 tornades jusqu’en automne, et a déclaré qu’il le considère comme normal. Il a ensuite corrigé par le nouveau compte de tornades en Europe en 2021, qui est de 352, sans commenter ce chiffre, plus élevé que la moyenne. Il remarque par contre que les épisodes de tornades en Italie ont été exceptionnellement abondants cet automne, avec notamment une série de 7 tornades en Italie du Nord en septembre 2021, et une autre série de 14 tornades en Sicile en novembre 2021.

Il a aussi déclaré que l’instabilité atmosphérique ainsi que l’humidité augmentent, et les grosses grêles surviennent plus souvent. Une étude de l’ESSL montre que probabilité de gros orages, et en particulier de très grosse grêle augmentera au cours de ce siècle. Nous pouvons nous attendre aussi à des bourrasques plus fortes.

Dans le Ouest et le Sud-Ouest de l’Europe, le nombre d’orages demeurera stable mais pourraient s’avérer plus violents.

J’estime que l’ESSL est très prudente dans ses conclusions, mais cela signifie aussi que ses informations que je vous communique ici sont très bien vérifiées.  Par contre l’évolution future du nombre de tornades et de trombes d’eau reste inconnue.

Blogs: Wuhan mai 2021 Orages Europe juin 2021 Tornades US Pâques 2020 tornades US décembre 2021

European Severe Storms Laboratory: lien

International center for Waterspout Research: lien

Image de couverture Turquie @mehmetgokyigit

 

A quel point les inondations s’aggraveront-elles?

Les pluies intenses et les inondations ont énormément augmenté, partout dans le monde.  Cette semaine, la Colombie-Britannique, au Canada a essuyé des précipitations exceptionnelles. Elles ont déclenché des nombreux glissements de terrain qui ont coupé la ville de Vancouver du reste du Canada. Le ministre local de la sécurité publique a déclaré que ces intempéries étaient indubitablement liées au réchauffement climatique, qui a déjà exposé cette région à une vague de chaleur de 49.6°C cet été.

L’humidité atmosphérique s’accroît de 7% par degré de réchauffement, selon la relation de Clausius-Clapeyron (C-C).  Cependant, le rapport du GIEC relève que les pluies intenses augmentaient plus vite, de 7 à 14% par degré (en tenant compte des valeurs mesurées jusqu’en 2018; IPCC_AR6_WGI_Chapter_11).

Le chercheur Prein a étudié la formation des orages dans le climat présent et futur. Il s’est penché sur les grands orages (MCS) dans le centre des Etats-Unis. Ils sont déjà plus longs,  plus fréquents et plus graves .

Dans le Futur, toutes les régions du monde connaîtront probablement une augmentation de la fréquence de ces grandes tempêtes (lien).  Ces intempéries sont parfois accompagnées de grosse grêle et de tornades.

Les orages seront plus grands, si l’énergie potentielle convective augmente et leur permet de s’étendre.  Ce sera probablement le cas, car la couche limite sera plus chaude, et contiendra plus d’humidité (Prein et al).  L’auteur mentionne que ces résultats recoupent ceux d’études antérieures.

L’intensité des pluies augmentera particulièrement. Les événements horaires de précipitations extrêmes, tels que la pluie intense qui a inondé Lausanne en moins de 30 minutes en 2018,  devraient augmenter considérablement dans presque toutes les régions terrestres d’Amérique du Nord. Des augmentations des fréquences extrêmes allant jusqu’à 400 % sont prévues par cet auteur.

Les pluies très intenses et très rapides doivent être traitées par un aménagement adéquat des villes. Il faut savoir aussi si ces forts orages peuvent être accompagnés de tornades, de grêles, ou de vents très forts.

D’autres études suggèrent que le réchauffement climatique, et que la diminution d’aérosols aussi favoriseront la formation des rivières atmosphériques, porteuses de pluies abondantes (Beak and Lora, Nature Climate Change).

Des pluies très importantes se produisent ces dernières années à plusieurs endroits qui globe. Carbon Brief rapporte qu’en Australie, les pluies intenses ont augmenté trois fois plus vite que l’humidité atmosphérique en 2013 déjà (lien).

D’autre part, des précipitations très intenses semblent s’être produites dans le passé terrestre.  Un article que j’ai trouvé par Futura Sciences semble montrer que lors de la période de réchauffement PETM, la quantité de lithium dans les mers a baissé, ce que les auteurs expliquent par un grand afflux d’argiles dans les océans, une forte érosion et un fort flux de sédiments.  D’immenses pluies ont peut-être provoqué ces écoulements. Elles auraient ensuite permis la réaction du CO2 atmosphérique de réagir avec les roches mises à nu , et la stabilisation du climat (Science Advances; Futura Sciences). D’autres auteurs décrivent d’immenses rivières du passé (Mike Benton), ou d’immenses orages dans des périodes géologiques plus lointaines et plus chaudes (lien).

Excusez-moi de fournir ainsi des éléments épars. Le fait est que les pluies deviennent des déluges, et cette tendance pourrait continuer, les dégâts seraient alors décuplés. Je dois faire une analyse en détail, et proposer une estimation des événements futurs,  futures, mais cela nécessite plus de temps.

Ancien blog Etats-Unis: https://blogs.letemps.ch/dorota-retelska/2021/05/02/biden-lance-un-plan-pour-lemploi-et-securiser-les-infrastructures-contre-le-rechauffement-le-fera-t-il-bien/

 

Graves inondations en Belgique et en Allemagne en été 2021

Nous avons vécu des semaines d’orages et de pluie, accompagnés de grêle et de quelques tornades. La ville de Liège en Belgique a été inondée, des dizaines de milliers de personnes ont été évacuées, des centaines ont été bloquées par l’eau à l’étage de leur maison et libérées par des sauveteurs envoyés de toute l’Europe.   Il y a des blessés, des décès, d’énormes pertes matérielles. En Allemagne, plusieurs villages ont été inondés, et à un endroit un gros glissement de terrain a emporté plusieurs maisons.   C’est une immense catastrophe.  Là aussi, il y a des nombreux morts et actuellement on dénombre plus d’un millier de disparus.   

 Le GIEC a prévu une augmentation des pluies intenses, car le réchauffement accroît la vapeur d’eau dans l’air. La menace est généralisée, dès 2030  les trois-quarts d’Européens courant un risque d’inondation tous les cinq ans. D’autres prévisions indiquent que la moitié des maisons américaines sont menacées par les inondations, je vois aussi qu’au Canada, les 80% du territoire serait dévasté si tous les barrages cédaient.

Les inondations se multiplient vraiment rapidement dans le monde.  Les nouvelles de ce accroissement ont été rapportées par le GIEC au moins depuis 2014 ainsi que l’Organisation Météorologique Mondiale

En 2015 plusieurs capitales européennes ont subi des inondations.

En voyant les nouvelles de capitales européennes inondées, j’ai fait une petite statistique, 10 capitales européennes sur 40 avaient subi des inondations cette année et c’était une forte augmentation, de 5 fois, par rapport aux années 2000-2010.   C’est un petit nombre de valeurs , mais c’est une indication d’un changement rapide ces dernières années, depuis 2015. L’Organisation Météorologique Mondiale a aussi confirmé  que la fréquence de ces événements s’accroît vite. Cette année ne fait pas exception, l’Asie, notamment, subit des fortes inondations.

Le Népal a récemment vécu des déluges  et des glissements de terrain (Watchers) .

En en Himalash Pradesh, dans l’Himalaya indien, les pluies intenses ont fait gonfler énormément les rivières des montagnes indiennes et ont emporté des maisons  (India Today).

En Chine, des pluies torrentielles ont aussi provoqué des inondations (South China Morning Post,   SkyMedina). Ces événements sont terrifiants et causent des traumatismes durables chez les survivants.

Hands off my tags! Michael Gaida de Pixabay

Je vois  aussi sur Facebook que chaque jour, depuis environ cinq ans, une ville des Etats-Unis subit une petite inondation.  C’est un phénomène quasiment constant maintenant.

Cette année apporte des événements climatiques vraiment exceptionnels. La Suisse a été frappée par des forts orages depuis quelques semaines, simultanément l’Ouest des Etats- Unis a vécu des chaleurs totalement exceptionnelles. 

L’expert Stefan Rahmstorf du Potsdam Climate Institute discutait récemment les pluies actuelles, selon lui la persistance des pluies sur l’Europe était due au changement de vent, dû  lui-même au réchauffement de l’Arctique (Rahmstorf Scilogs).

Cela a déjà été annoncé depuis des années  par Jennifer Fisher dans plusieurs de ces travaux (vidéo didactique).

Cet hiver, certains ont déclaré que les neiges abondantes pouvaient aussi être dues au réchauffement de l’Arctique,. La glace sur la mer Arctique fond de plus en plus, et la surface ouverte permet plus d’évaporation, l’eau de la mer Arctique formerait donc les chutes de neige chez nous. Je me demande si ce facteur pourrait influencer les précipitations en été. 

Info Météo déclare que les précipitations sont dues à un phénomène de goutte froide sur les Alpes et à une évaporation d’eau accrue de la Méditerranée et de la Baltique. Les deux mers sont, cette année, plus chaudes de quelques degrés par rapport à un passé connu.  Un autre article rapportait que les précipitations en Europe intenses sont typiques en hiver et surprenantes en été (DW).

Ces pluies dépassent-elles les prévisions? Et qu’en sera-t-il à l’avenir?

 Une étude publiée au début de ce mois prévoit une augmentation des pluies intenses et d’orages stationnaires sur l’Europe pour la fin du siècle, mais nous ne sommes pas encore en 2100 (étude).  

Selon le Guardian et BBC, certains experts sont choqués et surpris  par l’ampleur des événements (Guardian  BBC Common Dreams).

Il semblerait qu’ils n’aient pas calculé tous les événements extrêmes qui accompagneraient le réchauffement. Ils aimeraient développer beaucoup plus ces travaux, et demandent  des super-ordinateurs adaptés et un centre de l’ampleur du CERN.

Voilà pour la version officielle. Il y a encore petite chose qui me trotte dans la tête.

J’ai entendu un paléogéologue dans une conférence déclarer que la Sibérie porte les traces d’immenses deltas anciens, les précipitations et le cycle hydrologique étaient peut-être beaucoup plus importants avant, dans les époques préhistoriques où il faisait vraiment plus chaud sur Terre. Il estimait même que les fouilles ne donnent pas d’informations sur la surface des terres au-delà d’une certaine période chaude car à l’époque, les roches ont pu être totalement décapées par d’immenses torrents d’eau. Il considérait que le cycle hydrologique, ou en tout cas les précipitations, étaient probablement beaucoup plus intenses (Benton). Bien sûr, dans ce passé lointain, les conditions sur Terre étaient complètement différentes du présent, et il est difficile de dire comment si elles sont comparables.

Pour en revenir aux faits, une augmentation des inondations est prévue, et elle se produit très vite. Il faut creuser des véritables lits de rivières pour évacuer les précipitations du Futur proche.

Blog inondations octobre 2020: https://blogs.letemps.ch/dorota-retelska/2020/10/07/habitez-vous-en-bord-de-riviere-prevoyez-des-evacuations/

La pluie au Sahel

Climat du Sahel

Le Sahel, au Sud du Sahara, est une zone chaude et aride. Le réchauffement climatique provoque la désertificaton du Sahel et l’avancée du Sahara. Pourtant, il y pleut parfois et les pluies torrentielles ont triplé depuis 1982. L’intensité de ces pluies est telle qu’elles provoquent des inondations et des glissements de terrain, et causent des graves dommages aux habitants.

Si le réchauffement planétaire dépasse 1,5°C ou 2°C, le régime des pluies du Sahel pourrait changer rapidement, des précipitations abondantes le transformeraient en zone tropicale. Nous pourrions voir bientôt une nouvelle forêt tropicale. Le changement serait cependant brutal et pourrait apporter des nombreuses catastrophes (Levermann : article, étude).

Image par Olivier Bory de Pixabay

Irrigation au Sahel

L’irrigation pourrait apporter d’immenses avantages dans ces régions. Une nouvelle étude  s’est basé sur des photos satellites pour établir les progrès de l’irrigation et rapporte que les projets d’irrigations prévus n’ont pas abouti, ou ont été sérieusement réduits. Seuls 16% des zones prévues par les agences de développement sont actuellement irriguées.

L’auteur de l’étude estime que la responsabilité en incombe aux défaillances politiques et à la mauvaise gestion locale. Il écrit aussi que la viabilité des projets est plombée par les choix de cultures. Les autorités locales privilégieraient une agriculture à faible valeur ajoutée, destinée à alimenter leur population, qui n’est pas un choix viable. Je trouve cette phrase choquante et absurde. Nourrir sa population est le plus viable des projets, qui devrait être valorisé par les agences de développement. L’alimentation bio produite sur place est plus écologique. Un tel commentaire jette un doute sur la fiabilité de ce travail.

Image par SirWalterVanguard de Pixabay

L’irrigation pourrait réellement transformer ces régions, et avec la prodigieuse technologie dont nous disposons actuellement, je crois qu’elle peut fonctionner à plus grande échelle encore. Dans le climat de janvier 2021, alors que dans de nombreux cas l’équivalent des précipitations de l’année entière inonde le pays en un seul jour, je dirais qu’il faut dompter les pluies torrentielles, créer des réservoirs d’eau de pluie, des canaux d’irrigation qui pourraient simultanément évacuer l’excès d’eau des villages et leur éviter des inondations. Je dirais aussi que nous pourrions au moins leur offrir l’irrigation en contrepartie du réchauffement climatique.

Cette année, les précipitations en Afrique de l’Est ont été si importantes que le fleuve Niger a débordé et a provoqué des graves inondations au Nigeria, Vingt-cinq mille personnes ont été déplacées. http://floodlist.com/africa/nigeria-floods-october-2020. Si cela devait se reproduire fréquemment, il serait peut-être possible de creuser un canal amenant l’excès d’eau du fleuve Niger jusqu’à Tombouctou, dans le Sahel. Pourriez-vous demander une étude de ce projet à l’EPFL ?

Limitation des naissances

J’ai un peu réfléchi à la question de la surpopulation. Dans le dernier blog, je présentais l’étude récente sur la disparition de biodiversité, effectuée entre autres par Paul Ehrlich. La perte de biodiversité est gravissime, le changement climatique aussi, et les scientifiques incriminent entre autres l’augmentation de la population. Ils relèvent particulièrement qu’en Afrique sub-saharienne il y a encore en moyenne quatre enfants par femme. J’adore les enfants. J’ai eu un enfant, j’ai accouché à l’hôpital, j’ai été fatiguée l’année de la grossesse, l’année après l’accouchement, et l’enfant m’a bien occupé jusqu’à ses trois ans. L’idée d’accouchements incessants, non choisis, d’une nuée d’enfants affamés, m’apparaît comme absolument horrible. Elle est aussi très dangereuse pour la Planète. Actuellement, les populations des pays les plus pauvres, vivant en autarcie de façon traditionnelle, ont une empreinte carbone de cent fois inférieure à celle des pays les plus riches, mais les projets de développement d’une part, et les migrations vers la ville d’autre part, augmenteront leurs émissions carbone.

Je propose que les interventions au Sahel s’accompagnent de la distribution de contraceptifs gratuits à toutes les femmes. Une contraception gratuite, ainsi que le droit des femmes au consentement et une dissuasion des viols, devraient être une des bases du développement futur, et devraient être assurées dans le monde entier. Cette solution n’impose pas de limites strictes aux populations du Sahel, exactement comme en Europe, où nous choisissons librement le nombre de nos enfants, et en avons un ou deux par famille.

Commentaire d’un lecteur: ‘Les arguments utilisés dans cet article sont empreints de condescendance. Les problèmes climatiques en Afrique et aussi à d’autres endroits de la planète viennent principalement des pays industrialisés. La meilleure solution serait donc que ces mêmes pays réduisent leur bilan carbone. La natalité en Afrique est loin d’être le facteur dominant car si les femmes ont beaucoup d’enfants en Afrique, elles en perdent aussi encore beaucoup.’

Dorota: Il y a du vrai, mais il faudrait demander l’avis des femmes. Il est plus facile de bien d’occuper d’un ou deux  enfants que de huit, donc la mortalité enfantine pourrait baisser ; un autre blog sur ce sujet: les-femmes-ont-le-droit-davoir-moins-denfants-qui-seront-mieux-traites/

 

Vivre avec les pluies intenses grâce à des canaux et des réservoirs

Pluies intenses

Des pluies torrentielles touchent de nombreux pays, en particulier le Maghreb. Les pluies les plus importantes dépassent un mètre d’eau par jour. L’eau s’écoule dans les creux, les vallons, en torrents furieux qui atteignent plusieurs mètres de profondeur. Les inondations se multiplient. Le GIEC prévoit une augmentation de pluies intenses dépendante de la température.  Ces catastrophes se multiplieront, le nombre et le volume des inondations seront  seront décuplés, bien qu’il soit difficile de prévoir exactement où et quand elles frapperont.

 Le cycle hydrologique s’accélère. Les pluies intenses garderont ce volume et augmenteront à chaque dixième de degré de réchauffement de la Planète.  Les précipitations sont tellement importantes que l’eau de pluie pourrait être stockée et utilisée par la population.

Le risque d’inondation est très grave aussi. La météo du Futur sera dangereuse. Les pluies pourraient être accompagnées d’autres phénomènes météorologiques graves, tels que des tornades ou des vagues de chaleur. Cependant, elles pourraient être intelligemment gérées, en prévoyant un mètre de précipitations en une journée, qui a déjà été dépassé dans certains endroits, et probablement bien plus à l’avenir.  De nombreuses régions pourraient y être préparées avec un système de canaux et de réservoirs, qui garderaient l’eau de pluie pour une  année d’utilisation.

 

Citerne

Oasis permise par la présence d’eau

Des réservoirs d’eau

Les Romains, déjà, construisaient des citernes d’eau. En Inde, en 2018, un village a creusé un réservoir à ciel ouvert qui lui a permis de survivre à la sécheresse. A une autre échelle, le Qatar construit actuellement cinq réservoirs immenses sous terre, qui contiendront chacun quatre-cent millions de litres d’eau. L’eau proviendra de la désalinisation, mais les pluies pourraient aussi être collectées pour les besoins de la population.

Pourriez-vous demander à l’EPFL des projets d’aménagement du territoire, qui pourraient se révéler paradisiaques,  de villes, champs et villages parcourus de canaux aboutissant à des grands réservoirs, et ombragées de grands arbres? Ils pourraient être magnifiques.  Il faut prévoir, avec le GIEC, que les pluies intenses seront plus fortes, et que les vagues de chaleur pourraient être mortelles. On pourrait prévoir des abris anti-chaleur sous terre, mais il faudrait éviter qu’ils ne soient inondés.

L’aménagement du territoire du nouveau monde pourrait certainement apporter des nombreuses améliorations.  Certaines zones arides pourraient disposer de réserves d’eau qui permettraient la vie et les cultures alimentaires.

Le Kerala est inondé pour la deuxième fois et le sera encore

Le Kerala est un état prospère du Sud de l’Inde. Au bord de l’océan Indien,  des canaux paresseux serpentent dans la végétation tropicale. Plus loin, des collines luxuriantes abritent des forêts ou des plantations de thé. Cette région ressemble à un paradis fertile où la nourriture pousse miraculeusement. Pour combien de temps?

En août, des précipitations extrêmes ont causé des inondations dans plusieurs états indiens. Les rivières ont débordé et des nombreux glissements de terrain se sont produits. Dans le Kerala, une centaine de personnes ont perdu la vie, des dizaines de milliers ont été évacuées.

L’Inde a subi des grosses chaleurs cette année, et la mousson tardait à venir.  Lorsqu’elle est arrivée, elle a apporté 45,3 cm de pluie, cinq fois plus que la normale. Les rivières ont débordé, inondant des villages. Des routes ont été coupées, des maisons se sont effondrées sur leurs habitants, de nombreuses personnes ont été évacuées de maisons inondées, accrochées à des câbles d’escalade, par hélicoptère ou bateau. Les bidonvilles au bord des rivières sont particulièrement à la merci des inondations, mais la région y est exposée.

Les précipitations ont provoqué plus de trois mille glissements de terrain dans la chaîne des Western Ghats. La terre rouge des collines s’est écoulée sur les routes et les habitations. Il semble que l’aménagement du territoire influence aussi les glissements de terrain. Des constructions nouvelles,  qui déstabilisent ou alourdissent le terrain, ont été particulièrement touchées. La forêt pourrait protéger et renforcer les pentes des collines contre les petits glissements de terrain.

Un scientifique qui étudie la météo de ces montagnes estime que le réchauffement climatique va accroître les pluies sur les Western Ghats, chaîne de montagne qui traverse les Etats du Kerala et du Maharashtra (AGU100). Ces Etats ont déjà été durement touchés cette année.

Les inondations de l’année passée ont causé cinquante et un morts. Elles ont été un choc pour les survivants, des milliers de personnes ont consulté des médecins pour des problèmes de dépression ou d’anxiété dus à ces catastrophes, où leur maison s’est soudainement écroulée sur leur famille dans un glissement de terrain, ou qui les ont forcés à lutter contre la noyade pendant des heures ou des jours. Des milliers de personnes ont été confrontées à l’alternative de se jeter dans l’eau pour sauver une vie, et à leur impuissance face à l’immensité des flots.
Des milliers de personnes sont déjà traumatisées. Réalisent-elles déjà que les inondations vont s’accroître, des plus en dangereuses au fil des années?

Cette année, ces déluges se sont reproduits et vont s’aggraver. Les pluies intenses augmentent, et le niveau de la mer monte. Les scientifiques prévoient que le réchauffement apportera des chaleurs dangereuses et des inondations plus grandes.  Dans la deuxième moitié du siècle, l’océan deviendra un immense danger pour ces populations. Les habitants du Kerala devraient progressivement quitter le bord de mer, et se réfugier dans les collines, mais ces collines subissent actuellement des milliers de glissements de terrain. Alors où aller? Voici la question qui se posera de plus en plus au 21ième siècle à des innombrables réfugiées climatiques.

Orage sur le Léman le 15 juin – un avant-goût des prochaines décennies

Un grand orage sur la région Lémanique

Un fort orage a touché samedi la région Lémanique, la Suisse Romande et les Alpes françaises. Sur la photo en tête de l’article, le rideau de pluie tombe justement sur Genève (photo Rolf Dubs). Lausanne a essuyé 32.1 mm de pluie, et près de Saint-Gall les précipitations se sont élevées à 56.2 mm (Association suisse des risques naturels).  L’écoulement des flots a provoqué des inondations à plusieurs endroits, entre autres à Genève, à Lausanne et à Nyon. La gare de Lausanne a de nouveau été balayée par un torrent.

Lausanne, le 15 juin 2019. Photo Antoine Wegmüller

 

 

D’immenses orages

Cette semaine, des grandes et violentes tempêtes se sont produites sur l’Europe centrale. Elles ont touché la Suisse, l’Allemagne, la Slovénie, la Pologne, le Nord de l’Italie. Elles ont amené des pluies abondantes, des inondations et des grêlons énormes de près de dix centimètres de diamètre.

Tout le printemps, les Etats-Unis sont martelés de forts orages qui causent des nombreuses inondations et nuisent à l’agriculture. La production mondiale de maïs en sera réduite cette année (Bloomberg).  Le lac de Côme et d’Ontario débordent à la suite de précipitations abondantes. L’Iran a aussi subi des graves inondations, la quasi-totalité du pays a été recouverte par les flots.

L’année passée, au début du mois de juin, des violents orages ont provoqué des pluies tropicales en France et une inondation à Lausanne.

Ces dernières années,  des grands systèmes orageux, s’étendant à plusieurs pays, ont fait leur apparition, des millions d’éclairs explosent dans le ciel, et des pluies diluviennes inondent nos villes, l’une après l’autre.

Lien sur l’inondation à Nyon: vidéo Living in Nyon.com (Facebook):

https://www.facebook.com/livinginnyon/videos/412929716221322/

 

Des pluies plus intenses sont prévues

Le GIEC (groupement international d’experts du climat), qui compile les informations scientifiques sur le climat, a prévu un accroissement de pluies intenses dû au réchauffement climatique.  Elles augmentaient déjà en 2012, et se multiplient depuis (Organisation Météorologique Mondiale, Papalexiou et Montanari, Water Ressources Research, 19 mai 2019).

Dans son dernier rapport, le GIEC prévoit que les inondations vont fortement augmenter à chaque demi-degré de réchauffement, et qu’à +2°C plus de 90% d’européens, donc presque tous, seraient exposés aux inondations.  Elles deviendraient aussi de plus en plus sévères, le niveau d’eau plus élevé et le flux rapide et important les rendraient dangereuses. Et le réchauffement pourrait  se révéler plus rapide que le GIEC ne le prévoyait.

Les données géologiques indiquent que quand il faisait 30-40°C en moyenne sur la Terre, la planète était parcourue d’immenses rivières, et les pluies cataclysmiques avaient érodé, décapé le sol jusqu’à la roche.

Aujourd’hui aussi, le réchauffement apporte des pluies intenses.

De plus, les intempéries s’accompagnent déjà de grosse grêle, tornade, et de vents déracinant les arbres. Elles deviendront certainement plus dangereuses.

Selon toute vraisemblance, les précipitations et les tempêtes augmenteront encore, et changeront nos vies et nos économies. Elles sont très coûteuses,  nuisent à la production agricole, détruisent des stocks alimentaires, interrompent les transports et causeront des graves problèmes économiques.

Il faudrait creuser de nouveaux lits de rivières pour les immenses pluies à venir, mais surtout essayer de limiter les émissions de CO2 et planter un trillion d’arbres (Tom Crowther, ETHZ) pour limiter l’aggravation.

 

Si vous voulez en savoir plus:

Association suisse des risques naturels:

https://scilogs.spektrum.de/klimalounge/warum-die-globale-erwaermung-mehr-extremregen-bringt

https://saskatoon.ctvnews.ca/mobile/global-warming-causing-more-torrential-rains-threatening-agriculture-u-of-s-study-finds-1.4449551

 

 

 

 

 

Il neige? C’est la faute du réchauffement climatique!

Nous avons vécu une vague de froid exceptionnelle en mai. Le froid s’est soudainement engouffré en Suisse, créant une différence de température de 15°C . Le weekend prochain sera probablement aussi inhabituellement froid.

Comme tous les phénomènes étranges et effrayants qui se produisent en ce moment, les immenses inondations, les ouragans dévastateurs, les vagues de chaleur, les grêles et les vents,  cette vague de froid est due au réchauffement climatique. Le Vietnam a subi des températures de 15 degrés trop élevées la semaine passée.

Avant, il faisait très froid en Arctique. Cette différence de température maintenait l’air Arctique séparé du climat tempéré.  Actuellement,  le pôle se réchauffe vite et la séparation entre les zones climatiques s’affaiblit.

Le courant-jet (jet-stream) est un courant aérien qui tournait rapidement entre l’Arctique et les latitudes tempérées. Il maintenait une séparation entre les zones climatiques.

Depuis que l’Arctique se réchauffe, le courant-jet faiblit, ralentit, et forme des méandres. Ces vagues amènent de l’air froid au Sud ou de l’air chaud au Nord, jusqu’au Groenland et au pôle Nord. Nous subissons actuellement une de ces vagues du jet-stream qui descend sur la Suisse et amène de l’air froid.  Ce type de méandres stagnants de l’atmosphère pourrait durer d’une semaine à un mois. Dans l’ensemble, le climat devient imprévisible.

Le professeur Jennifer Francis étudie ce phénomène depuis des années, elle y attribue les chutes de neige très abondantes qui ont touché la côté Est des Etats-Unis ces dernières années. Il a aussi amené des chutes de neige au Sahara, et des vagues de chaleur au Groenland et au Pôle Nord.

Cela me fait prendre conscience que la température pourrait tout autant monter de 15°C soudainement, nous exposant à des températures inhabituellement élevées.

Sources: Page Facebook de l’Association Suisse des risques naturels; Prof. Jennifer Francis, Woods Hole Research Center

Puis, une étude publiée le 28 mai 2019 a démontré que les vagues de froid causées par les déformations du jet-stream sont directement dues au réchauffement climatique:

https://phys.org/news/2019-05-arctic-weather-extremes-latitudes.html