Un nouvel article de Yale Climate Connection se penche sur les événements extrêmes présents et futurs (lien).
Ils notent l’augmentation d’événements extrêmes et les raisons de leur aggravation rapide récente. Ils relèvent que la combinaison de plus d’énergie thermique et d’une circulation atmosphérique perturbée a rendu les événements météorologiques extrêmes plus fréquents et plus intenses. Les tempêtes bénéficient de plus d’énergie et de plus d’humidité qui entraîne des pluies plus fortes.
Ils notent que les épisodes de chaleur accablante qui devraient se produire une fois tous les 1 000 ans (une probabilité de 0,1 % au cours d’une année donnée) se produisent maintenant une fois tous les 20 ans.
L’Arctique s’est réchauffée de quelques degrés et cela modifie le courant-jet. Il forme des méandres qui provoquent une amplification quasi-résonante des phénomènes extrêmes.
La déforestation et les émissions de particules par l’Homme pourraient aussi jouer un rôle dans l’intensification de vagues de chaleur.
Ils relèvent aussi que les tornades se forment plus au nord, à des périodes de l’année plus précoces, et que les épisodes sont plus abondantes. J’avais rapporté une étude de l’évolution du nombre de tornades qui montrait une très forte augmentation.
Yale Climate Connection note que nous devons anticiper et nous préparer à une augmentation significative des conditions météorologiques extrêmes dans les années à venir.
D’autre part, ils citent un rapport de l’ONU qui a révélé une augmentation des du risque d’événements extrêmes rares par le changement climatique. Il s’agit de catastrophes mondiales mortelles pour plus de 10 millions de personnes ou destructrices au point de causer de 10 trillions de dollars de dégâts (10 000 milliards), qui constituent une menace d’effondrement total de la société.
Leur article de juillet 2022 (lien) discute ces risques globaux catastrophiques (GRC). Le changement climatique augmente les risques de plusieurs de ces événements. Ils parlent de cinq types de risque:
1: La sécheresse:
L’événement catastrophique mondial le plus grave associé au changement climatique pourrait bien être une famine massive causée par des sécheresses extrêmes ou des inondations frappant simultanément plusieurs grands « greniers à blé » producteurs de céréales. Un tel événement pourrait entraîner d’importantes flambées des prix des denrées alimentaires, un choc du système alimentaire, et entraîner la famine massive, la guerre et une grave récession économique mondiale. Cet événement est déjà possible, et l’assurance Lloyds estime qu’il a 14% de chances de se produire dans les trente ans. Je dirais que ce risque est même plus élevé.
2: La guerre:
Historiquement, les famines et l’insécurité alimentaire ont souvent mené à des guerres. Aujourd’hui, la guerre pourrait être nucléaire et un conflit ‘local’ Inde – Pakistan pourrait entraîner un hiver nucléaire et 2 milliards de morts.
3: Montée du niveau de la mer
La montée du niveau de la mer aurait des conséquences très importantes sur le monde entier. Selon Yale Climate connection, dans un scénario de réchauffement modéré, des biens d’une valeur de 7-12 trillions de dollars (7’000-12’000 milliards de dollars), notamment des villes et des zones agricoles, seraient menacés sur les côtes. Leur calcul s’appuie sur une estimation des inondations côtières de Kirezci, basée sur le 5ième rapport du GIEC de 2013. Celui -ci estimait que dans un cas de réchauffement modéré, le niveau de la mer monterait de 28 à 82 centimètres. Les observations des dix dernières années montrent plusieurs signes inquiétants de fonte du Groenland et des glaces Antarctiques. Le sixième rapport du GIEC, établi d’après des données d’il y a environ cinq ans, contient une estimation de montée du niveau plus élevée. Les observations récentes sont encore plus inquiétantes. L’effondrement de l’Antarctique-Ouest que je discutais dans mon livre en 2016 est un risque réel et pourrait mener à une montée du niveau de la mer de plusieurs mètres. Le climatologue Michael Mann ainsi que d’autres déclaraient récemment que ce risque avait été sous-estimé (lien, lien), il pourrait se réaliser au cours de la prochaine dizaine d’années. Une montée du niveau de la mer de plusieurs mètres suivrait probablement au cours du 21ième siècle, et ses conséquences seraient beaucoup, plusieurs fois plus importantes que les prévisions actuelles.
4: Pandémie
Ils mentionnent le risque que les animaux sauvages privés d’habitat se rapprochent des populations humaines et transmettent de virus. Le changement climatique comporte aussi un risque de nouveaux pathogènes ou de réveil d’anciennes maladies. Ils relèvent enfin que les mouvements humains sont un facteur d’épidémie. La circulation de microbes dans l’Humanité est vraiment extrêmement rapide par rapport au passé: un jour à Pékin, le lendemain à Heathrow Londres, et le surlendemain dans toutes les capitales du monde.
5: Arrêt de la circulation océanique:
L’augmentation des précipitations et de l’eau de fonte des glaciers pourrait ralentir ou même arrêter la circulation méridienne de renversement de l’Atlantique (AMOC). Ce système de courants océaniques transporte l’eau chaude et salée des tropiques vers l’Atlantique Nord et envoie de l’eau froide vers le sud le long du fond de l’océan. L’augmentation des précipitations et de l’eau de fonte des glaciers due au réchauffement climatique pourrait déverser dans l’Atlantique Nord d’assez d’eau douce pour ralentir ou même arrêter la circulation océanique de l’Atlantique (AMOC). La conséquence citée, depuis longtemps, est un refroidissement de l’Europe. Il me semble que cet événement est en cours, la circulation océanique donne des signes de ralentissement mais le changement pourrait être graduel, sur des décennies, et pourrait surtout apporter des canicules extrêmes en Afrique. Ce phénomène ne se produirait pas seul. En Europe, la météo est modifiée par plusieurs facteurs, tels que le réchauffement global, les changements du courant-jet, le réchauffement de l’Arctique, qui nous amènent des fortes précipitations, et elle pourrait évoluer dune façon différente.