Bilan de l’année 2021, année charnière pour le climat

2021 pourrait s’avérer être l’année la plus critique dans nos efforts pour lutter contre le changement climatique. Après quatre ans d’inaction et de recul de l’administration Trump, les États-Unis du président Biden tentent de rattraper le temps perdu.

1. COP26:  Une centaine de pays s’engagent pour le zéro net et pour les forêts

Quelques heures seulement après son investiture, le président Biden a rejoint l’accord de Paris sur le climat de 2015 dont l’ancien président Trump s’était retiré. En novembre, Biden a assisté aux pourparlers sur le climat de Glasgow, également connus sous le nom de COP26, pour faire avancer les efforts de l’accord de Paris. La réunion a abouti au Pacte climatique de Glasgow, un accord approuvé par près de 200 pays. Alors que les engagements des nations n’étaient pas assez ambitieux pour atteindre l’objectif ambitieux de l’accord de Paris – maintenir le réchauffement climatique à 1,5 ° C – 136 pays se sont engagés à atteindre le zéro net au cours des prochaines décennies. Cent cinquante-trois pays ont amélioré leurs contributions déterminées au niveau national – leurs plans d’action climatique non contraignants – et ils devraient revenir l’année prochaine, au lieu d’attendre encore cinq ans, avec des plans d’action encore plus ambitieux.

Plus de 100 dirigeants mondiaux se sont engagés à mettre fin à la déforestation d’ici 2030, dont le Canada, la Russie, la Chine, l’Indonésie, le Brésil et les États-Unis. Plus de 100 pays ont également signé le Global Methane Pledge, s’engageant à réduire les émissions de méthane de 30 % par rapport aux niveaux de 2020 d’ici 2030. Pour la première fois, les négociateurs sur le climat ont appelé à l’élimination progressive des combustibles fossiles et ont établi des règles pour établir des marchés internationaux du carbone. Et dans une annonce surprise, les États-Unis et la Chine ont convenu de travailler ensemble pour essayer de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C en coopérant sur les réglementations et les normes environnementales, les politiques visant à promouvoir la décarbonisation, la conception verte et la mise en œuvre de nouvelles technologies.

2. L’infrastructure de Biden et Build Back Better Bills

Le projet de loi d’infrastructure de 1 000 milliards de dollars du président Biden, qu’il a promulgué en novembre, prévoit des milliards de dollars pour lutter contre le changement climatique. Pour permettre une plus grande utilisation des énergies renouvelables, 73 milliards de dollars seront consacrés à la modernisation du réseau électrique. Quarante-sept milliards de dollars seront consacrés à la résilience climatique pour aider les communautés côtières à faire face à davantage d’ouragans et d’inondations, et aider d’autres régions à lutter contre l’augmentation des incendies de forêt. Pour accélérer la décarbonation des transports, 500 000 nouvelles bornes de recharge seront construites pour les véhicules électriques.

Le projet de loi Build Back Better de Biden, s’il est adopté, serait le plus grand effort de l’histoire américaine pour lutter contre le changement climatique. Il offrirait des remises et des crédits d’impôt pour motiver les consommateurs à passer à l’énergie propre et à l’électrification, et fournirait des incitations à développer l’énergie solaire et éolienne. Il investirait également dans des solutions climatiques naturelles telles que la gestion des forêts et la conservation des sols, établirait un corps civil pour le climat pour conserver les terres publiques et fournirait des subventions aux communautés de justice environnementale. Désormais bloqué par le sénateur Joe Manchin, le projet de loi Reconstruire en mieux devra être renégocié pour avoir une chance d’être adopté. Vu le risque de la multiplication de catastrophes, il faut donner la priorité aux infrastructures vitales avec des bons prognostics de survie.

3. Le pipeline Keystone XL s’est arrêté

Le président Biden a retiré le permis que son prédécesseur avait accordé au controversé pipeline Keystone XL. Mis en service en 2010, le pipeline a été conçu pour transporter 900 000 barils de pétrole sale provenant des sables bitumineux chaque jour de l’Alberta aux raffineries de l’Illinois et le long de la côte du golfe du Texas. L’extraction et la production de sables bitumineux entraînent trois à quatre fois plus de pollution par les gaz à effet de serre que la production pétrolière conventionnelle. Après 10 ans de manifestations dirigées par des Autochtones, TC Energy a finalement annulé ses plans pour l’énorme oléoduc de pétrole brut.

Image par PIRO4D de Pixabay

4. Les satellites de la NASA

La NASA a annoncé des plans pour une nouvelle flotte de satellites d’observation de la Terre. L’Observatoire du système terrestre surveillera les nuages ​​et les aérosols, et donnera aux scientifiques de nouvelles perspectives dans les températures et la chimie de la planète. Les données recueillies par les satellites devraient améliorer les prévisions météorologiques, évaluer les niveaux d’eau et les sécheresses pour permettre une meilleure planification de l’utilisation de l’eau et des interventions en cas de catastrophe, et permettre aux chercheurs d’étudier comment le changement climatique affecte l’alimentation, l’agriculture, l’eau et l’utilisation de l’énergie. Les résultats seront gratuits pour les chercheurs du monde entier. Après les tentatives de l’ancien président Trump d’annuler les missions de sciences de la Terre de la NASA, avec cette nouvelle flotte de satellites, la NASA fait à nouveau partie intégrante de l’élaboration de la politique climatique du pays.

5. Implication des jeunes

Selon une étude récente du Lancet, près de 60 % des jeunes de moins de 25 ans se disent extrêmement préoccupés par le changement climatique. Cette année, des milliers de jeunes dans plus de 1 500 endroits à travers le monde sont descendus dans la rue avant la COP26 pour obliger les dirigeants à lutter avec force contre le changement climatique. Et à Glasgow, des dizaines de milliers, dont beaucoup de jeunes inspirés par la militante suédoise pour le climat Greta Thunberg, ont défilé pour un changement systémique.

En fin de compte, Thunberg a considéré la COP26 comme un échec parce que les dirigeants n’avaient pas pris de mesures suffisamment drastiques pour mettre fin à l’utilisation des combustibles fossiles, mais son combat continue. Elle a tweeté à ses cinq millions d’abonnés sur Twitter : “Le vrai travail continue en dehors de ces salles. Et nous n’abandonnerons jamais, jamais.”

Cette année a aussi été ponctuée d’échecs et de catastrophes.

1. La COP26 n’a pas atteint les objectifs fixés

Lors de la COP26, les pays étaient censés avoir revu leurs contributions déterminées au niveau national (CDN) et les ont augmentées pour être plus ambitieuses conformément à l’accord de Paris. Alors que de nombreux pays se sont conformés, certains grands pays ont soumis à nouveau les mêmes objectifs qu’ils avaient en 2015 (Australie, Indonésie, Russie, Singapour, Suisse, Thaïlande, Vietnam) ; certains ont soumis des objectifs encore plus faibles (Brésil, Mexique) ; et la Turquie et le Kazakhstan n’ont pas du tout soumis de nouvelles NDC.

Le financement climatique a également échoué. Parce que les pays en développement du monde ont le moins contribué au réchauffement climatique mais sont ceux qui souffrent le plus des impacts du changement climatique, en 2009, les pays riches se sont engagés à fournir 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 pour les aider à faire la transition vers une énergie propre et à renforcer leur résilience face au changement climatique. les impacts du changement. Selon l’OCDE, en 2019, près de 80 milliards de dollars ont été levés, mais l’objectif de 100 milliards de dollars ne sera probablement pas atteint avant 2023. Bien que les pays aient promis des millions de nouveaux engagements à la COP26, beaucoup étaient sceptiques car les engagements initiaux n’ont pas été tenus. Les pays riches résistent aux tentatives visant à leur faire payer les dommages infligés aux pays les plus vulnérables par le changement climatique. Biden a promis d’augmenter la contribution des États-Unis à 11,4 milliards de dollars par an d’ici 2024, mais selon le groupe de réflexion mondial ODI, la juste part des États-Unis devrait être plutôt de 30 à 47 milliards de dollars par an.

2. Le CO2 dans l’atmosphère a battu des records

Le Global Carbon Project a révélé que les émissions du charbon et du gaz ont augmenté en 2021, les émissions de combustibles fossiles augmentant de 1,4 à 5,7 % dans le monde après une baisse de 5,4 % en 2020 en raison de la pandémie. La quantité de dioxyde de carbone dans l’atmosphère a battu un autre record cette année, culminant à 419 ppm selon l’observatoire Mauna Loa de la NOAA. Il s’agit du niveau le plus élevé enregistré depuis le début des mesures précises il y a 63 ans. Le niveau de CO2 dans l’atmosphère aujourd’hui est à peu près ce qu’il était il y a 4,1 à 4,5 millions d’années, lorsque le niveau de la mer était de 78 pieds plus haut qu’aujourd’hui.

3. Les impacts climatiques se sont aggravés

2021 a été une année de conditions météorologiques extrêmes dévastatrices. Aux États-Unis, il y a eu des vagues de chaleur record dans le nord-ouest du Pacifique, des crues soudaines dans le nord-est, des ouragans destructeurs dans les océans Atlantique et Caraïbes et dans le golfe du Mexique, ainsi qu’une sécheresse historique et des incendies de forêt qui font rage dans le sud-ouest. De nombreux autres pays du monde ont également été touchés par de fortes précipitations et des inondations.

Des vagues de chaleur extrêmes ont frappé le Japon, l’Irlande, la Turquie et l’Angleterre, et de nombreuses régions de la Méditerranée ont connu des températures record et une sécheresse. Les incendies de forêt ont produit 1,76 milliard de tonnes métriques d’émissions de carbone dans le monde, avec des incendies en Sibérie, en Turquie et aux États-Unis, des incendies de forêt battant des records pour la quantité de carbone qu’ils ont émise. Le niveau moyen mondial de la mer a atteint de nouveaux sommets en 2021 : la dernière mesure était d’environ 100 mm de plus que son précédent record en 2020 de 91,3 mm au-dessus des niveaux de 1993.  Une plateforme retenant le glacier Thwaites en Antarctique se fracture, alors la montée du niveau de la mer pourrait largement dépasser les prévisions actuelles (blog).

4. La déforestation amazonienne a augmenté

La déforestation dans la forêt amazonienne du Brésil a augmenté de 22%, atteignant son plus haut niveau depuis 2006. D’août 2020 à juillet 2021, plus de 5 100 miles carrés de forêt ont été rasés, une superficie près de 17 fois la taille de la ville de New York. Bien que le président brésilien Bolsonaro ait affirmé que son gouvernement ralentissait la déforestation, il a encouragé le développement de l’Amazonie pour l’exploitation minière et l’agriculture à grande échelle, et n’a pas adopté de lois pour empêcher la déforestation.

5. Biden a approuvé le forage de combustibles fossiles sur les terres publiques

Malgré l’engagement de campagne du président Biden à mettre fin aux nouveaux forages de combustibles fossiles sur des terres publiques, il a approuvé plus de permis de forage de pétrole ou de gaz sur des terres publiques que Trump n’en a fait au cours des trois premières années de sa présidence. Jusqu’à présent, le Bureau of Land Management a approuvé 333 permis de forage chaque mois, avec un pic de 652 en avril. De plus, il prévoit d’organiser davantage d’enchères de crédit-bail au cours du premier trimestre de 2022. En novembre, les sociétés pétrolières et gazières ont obtenu le droit de forer en mer sur plus de 1,7 million d’acres du golfe du Mexique lors de la plus grande vente de crédit-bail offshore de l’histoire des États-Unis. Cette vente a le “potentiel d’émettre 723 millions de tonnes métriques de CO2 dans l’atmosphère au cours de sa durée de vie, ce qui équivaut à faire fonctionner plus de 70% des centrales électriques au charbon des États-Unis pendant un an”, selon le Center for American Progress. .

Après que l’administration Biden a suspendu tous les nouveaux baux l’année dernière, elle a affirmé que les tribunaux l’avaient obligée à organiser la vente aux enchères, mais a reconnu plus tard qu’elle n’y avait en fait pas été forcée. Et alors même que Biden appelait chaque nation à réduire ses émissions à la COP26, il exhortait les pays producteurs d’énergie à augmenter leur production pour augmenter l’approvisionnement en pétrole en raison des prix élevés de l’énergie.

6. Les prix de l’énergie ont augmenté

Les prix du pétrole, du gaz naturel, du diesel et du charbon ont bondi de plus de 80 % en 2021 parce que la demande d’énergie a rebondi après la pandémie plus rapidement que la production ne pouvait supporter. Les prix du gaz naturel et du charbon ont atteint des niveaux records et une pénurie mondiale de gaz a entraîné une augmentation de la demande de charbon.

En conséquence, la production mondiale de charbon devrait augmenter de 9 % cette année. L’Energy Information Administration a prédit que les factures de fioul domestique aux États-Unis seraient 39 % plus élevées que l’année dernière, celles du gaz naturel 26 % plus élevées et celles de l’électricité 6 % plus élevées. Les ménages pourraient finir par payer de 22 à 94% de plus pour chauffer leur maison cet hiver. Alors que ce serait un moment logique pour redoubler d’efforts pour passer à l’énergie propre, la flambée des prix de l’énergie peut en fait entraver le mouvement vers les énergies renouvelables.

d’après Renee Choo

La vague de chaleur à 49°C au Canada, des records de plus de 45°C en Europe, les inondations d’Allemagne et de Belgique, les grosses grêles, nous montrent la face du réchauffement climatique et les innombrables problèmes qu’il cause. De  plus en plus de personnes vivent ces perturbations et prennent conscience de leur réalité.  Il est essentiel de limiter le réchauffement climatique au plus vite, de ne pas dépasser des seuils irréversibles. Si le passage aux énergies renouvelables n’est pas assez rapide,  il faut peut-être réduire d’urgence quelques activités polluantes, pour pas déclencher d’effets plus graves.

 

 

A quel point les inondations s’aggraveront-elles?

Les pluies intenses et les inondations ont énormément augmenté, partout dans le monde.  Cette semaine, la Colombie-Britannique, au Canada a essuyé des précipitations exceptionnelles. Elles ont déclenché des nombreux glissements de terrain qui ont coupé la ville de Vancouver du reste du Canada. Le ministre local de la sécurité publique a déclaré que ces intempéries étaient indubitablement liées au réchauffement climatique, qui a déjà exposé cette région à une vague de chaleur de 49.6°C cet été.

L’humidité atmosphérique s’accroît de 7% par degré de réchauffement, selon la relation de Clausius-Clapeyron (C-C).  Cependant, le rapport du GIEC relève que les pluies intenses augmentaient plus vite, de 7 à 14% par degré (en tenant compte des valeurs mesurées jusqu’en 2018; IPCC_AR6_WGI_Chapter_11).

Le chercheur Prein a étudié la formation des orages dans le climat présent et futur. Il s’est penché sur les grands orages (MCS) dans le centre des Etats-Unis. Ils sont déjà plus longs,  plus fréquents et plus graves .

Dans le Futur, toutes les régions du monde connaîtront probablement une augmentation de la fréquence de ces grandes tempêtes (lien).  Ces intempéries sont parfois accompagnées de grosse grêle et de tornades.

Les orages seront plus grands, si l’énergie potentielle convective augmente et leur permet de s’étendre.  Ce sera probablement le cas, car la couche limite sera plus chaude, et contiendra plus d’humidité (Prein et al).  L’auteur mentionne que ces résultats recoupent ceux d’études antérieures.

L’intensité des pluies augmentera particulièrement. Les événements horaires de précipitations extrêmes, tels que la pluie intense qui a inondé Lausanne en moins de 30 minutes en 2018,  devraient augmenter considérablement dans presque toutes les régions terrestres d’Amérique du Nord. Des augmentations des fréquences extrêmes allant jusqu’à 400 % sont prévues par cet auteur.

Les pluies très intenses et très rapides doivent être traitées par un aménagement adéquat des villes. Il faut savoir aussi si ces forts orages peuvent être accompagnés de tornades, de grêles, ou de vents très forts.

D’autres études suggèrent que le réchauffement climatique, et que la diminution d’aérosols aussi favoriseront la formation des rivières atmosphériques, porteuses de pluies abondantes (Beak and Lora, Nature Climate Change).

Des pluies très importantes se produisent ces dernières années à plusieurs endroits qui globe. Carbon Brief rapporte qu’en Australie, les pluies intenses ont augmenté trois fois plus vite que l’humidité atmosphérique en 2013 déjà (lien).

D’autre part, des précipitations très intenses semblent s’être produites dans le passé terrestre.  Un article que j’ai trouvé par Futura Sciences semble montrer que lors de la période de réchauffement PETM, la quantité de lithium dans les mers a baissé, ce que les auteurs expliquent par un grand afflux d’argiles dans les océans, une forte érosion et un fort flux de sédiments.  D’immenses pluies ont peut-être provoqué ces écoulements. Elles auraient ensuite permis la réaction du CO2 atmosphérique de réagir avec les roches mises à nu , et la stabilisation du climat (Science Advances; Futura Sciences). D’autres auteurs décrivent d’immenses rivières du passé (Mike Benton), ou d’immenses orages dans des périodes géologiques plus lointaines et plus chaudes (lien).

Excusez-moi de fournir ainsi des éléments épars. Le fait est que les pluies deviennent des déluges, et cette tendance pourrait continuer, les dégâts seraient alors décuplés. Je dois faire une analyse en détail, et proposer une estimation des événements futurs,  futures, mais cela nécessite plus de temps.

Ancien blog Etats-Unis: https://blogs.letemps.ch/dorota-retelska/2021/05/02/biden-lance-un-plan-pour-lemploi-et-securiser-les-infrastructures-contre-le-rechauffement-le-fera-t-il-bien/

 

COP26: Les émissions de carbone doivent diminuer immédiatement

L’adaptation tiendra dix ans

La COP26 s’achève. Elle semble avoir atteint plusieurs objectifs qu’elle sétait fixée, de nombreux investissements, une déclaration sur les forêts, une sur l’aviation, et aussi sur l’élimination des énergies fossiles. Un magnifique événement de collecte de fonds qui ne remet pas notre économie en question. Je suis surprise de l’importance donnée à l’adaptation dans cette conférence. Nous devons limiter le réchauffement à 1.5°C et pour cela il est nécessaire de réduire les émissions de carbone de 7-8% chaque année, dès maintenant. Le taux de CO2 dans l’atmosphère ne devrait pas monter plus haut, au risque de dégâts irrémédiables à la biosphère. J’espère que les projets d’adaptation intelligente, dans l’agriculture biologique ou l’agroforesterie, stabiliseront aussi le climat. Le risque est que nous nous adaptions pour cinq ou dix ans, mais que le climat empire et devienne incontrôlable. Les investissements ne doivent pas être dirigés dans la recherche sur les avions à piles qui seraient développés pendant que la flotte actuelle pollue allègrement. Plus exactement, je suis d’accord pour la recherche, à condition que l’aviation diminue les émissions dès cette année. C’est aussi possible, en limitant simplement les vols de connection, les vols à courte distance et les avions vides. J’ai été surprise d’entendre un intervenant du WWF s’exprimer en faveur de l’adaptation. L’Amazonie ne s’adaptera pas. La croissance des arbres a diminué à cause des sécheresses de ces dernières années, et elle succomberait probablement aux températures trop élevées. Or, la Planète en a besoin. Il vaut bien mieux arrêter le réchauffement et la déforestation.

Construire moins et plus résistant

Il ne faut pas lancer d’énormes projets d’écoquartiers, et il faut arrêter les chantiers les moins écologiques. Les émissions de la construction, estimées dans la conférence à 37%-40% du total, doivent diminuer cette année. J’ai une excellente idée pour cela. Il faut vite établir et suivre des nouveaux standards de sécurité pour la construction, en sachant que les catastrophes s’aggraveront ces dix prochaines années. Si nous n’agissons pas sagement au cours de cette décennie, elles prendront encore de l’ampleur par la suite. Nous devons prendre en compte les risques apportés par la météo extrême dont nous avons eu un échantillon cet été en Europe avec des tornades et des grêlons géants, des inondations et des glissements de terrain. Ces événements sont bien plus dévastateurs en Chine et dans les régions tropicales. Les constructions mises en danger par le climat doivent être suspendues pour dix ans. Pendant ce temps, des études de risques beaucoup plus poussées permettraient de mieux prévoir la suite. La banque européenne d’investissement semble l’avoir compris, elle lance de nombreux investissements durables, et favorisera des infrastructures capables de résister aux intempéries.

Je remarque avec plaisir que de nombreux dirigeants soutiennent les solutions basées sur la Nature, qui permettront de régénérer les écosystèmes, les sols, éviteront la pollution et permettront l’alimentation saine des populations. Cette idée, essentielle, est maintenant largement comprise et soutenue.

Addendum: Je suis d’accord avec le commentaire qu’il faudrait limiter la surpopulation, le propose d’essayer la solution d’offrir la contraception gratuite à toutes les femmes du monde, ce qui respecte les droits de l’Homme. Il faudrait aussi combattre les mariages d’enfants,  les mariages forcés et les viols.

Je ne suis pas d’accord sur l’influence des cycles solaires, le réchauffement est dû à nos émissions de carbone fossile et, je l’admets, aussi à la déforestation. Mais la végétation peut y remédier, et améliorer le cycle hydrique, c’est une excellente solution.

Architecture des catastrophes

Le Futur apportera de nombreux événements extrêmes

Le Forum des 100 du Temps présentait plusieurs beaux projets de villes durables et écologiques.. Les nouveaux quartiers auront des maisons à excellent bilan énergétique, des potagers, des commerces de proximité.  Certains de ces projets étaient en discussion depuis vingt ans, et se réaliseront maintenant, dans les années 2020 (articles du Temps).   

Or aujourd’hui, un déluge s’abat chaque jour sur une ville sur Terre. Le réchauffement climatique provoque des pluies de plus en plus intenses, souvent très localisées. La ville de Londres subit maintenant des inondations toutes les quelques semaines ou quelques mois.  Elles touchent souvent un seul quartier (lien BBC).  

Le climat apporte chaque jour de nouveaux événements: cet été de nombreuses chutes de grêle en Europe,   plusieurs tornades,  et un vent fort qui a causé des dégâts  à Zurich. 

Dans d’autres pays, des catastrophes météorologiques plus fortes se produisent. Comme le président du GIEC l’a confirmé en 2020, elles dépassent largement les prévisions, certains événements atteignent déjà le niveau prévu pour 2100.  Nous avons que le climat s’aggravera, alors ces événements  pourraient survenir chez nous dans les prochaines décennies. 

Les vents violents arrachent des toits d’immeubles en Russie. Ils se détachent par plaques entières de dizaines de mètres.  Des tornades ont touché cet été les mégapoles chinoises à quelques reprises au moins.  Les vents cassent les grues et les échauffaudages, les panneaux de signalisation, les arbres, et promènent les voitures comme des ballons.    Les inondations interrompent le traffic, détruisent les stocks et la machinerie en en sous-sol, et sapent les fondations de bâtiments.  Les glissements de terrain, en augmentation dans l’Himalaya, emportent les routes et les maisons.

L’année dernière, le vent de Derecho dans l’Iowa a brisé des milliers d’arbres et de poteaux électriques et bloqué des routes pendant plusieurs jours, laissant la population sans aide ni ravitaillement à 40 °C. Cet été, un vent fort a causé des dégâts à Zurich, il y a deux ans à Genève. En Chine, les vents ont rendu impossible la marche dans les rues à plusieurs reprises cet été. Si cela augmente, les dégâts deviendront importants. Plusieurs mégapoles ont essuyé des tornades. La grêle cause d’énormes dégâts et les tornades sont extrêmement destructrices.

La chaleur tue très vite, en un jour.

Ces problèmes restent largement ignorés même si certains écoquartiers comportent des grandes bouches d’évacuation d’eau.  

L’étendue et l’ampleur exactes dépendront de l’application des solutions et ne sont pas encore connues Il est difficile d’anticiper l’avenir entre le scénario du GIEC, les risques de réchauffement abrupt plus rapide, la possibilité de géo-ingénierie longuement évoquée dans le dernier rapport du GIEC, et l’intervention de plusieurs volcans, qui pourraient limiter le réchauffement en 2021 et 2022, mais n’entreront probablement pas en éruption chaque année. 

Des changements brusques et graves du climat sont vraiment possibles Les tempêtes pourraient devenir très différentes, en particulier s’il y a un saut soudain de la température de la Terre de 1°C par an, ce qui est possible  lors d’une année El Niño, au cours de cette décennie, ou un peu plus tard, à cause d’émissions explosives de méthane, de la mort de l’Amazonie, etc.

Will Stephen (auteur de cet article important sur les points de basculement) a déclaré dans une interview en mai : » Les trajectoires de températures sont lisses car les modèles ont des problèmes à gérer les discontinuités à grande échelle, les changements brusques. Ils (les points de bascule)  sont des risques extrêmement importants. Je dirais que vous ne pouvez pas les classer dans la catégorie des risques à faible probabilité d’impact élevé, je dirais qu’ils sont des risques à probabilité raisonnable d’impact élevé ». Il parle d’événements très graves, mais peut-être éloignés dans le temps. Cela dit, le Futur est très incertain.

Adaptation aux catastrophes

Aujourd’hui, j’habite dans une maison villageoise vieille de plusieurs siècles.  Face au climat, pouvons-nous encore espérer construire quelque chose qui tiendra aussi longtemps? Pouvons-nous construire des bâtiments qui tiendront cent ans?

Nous devons être très prudents dans les constructions et les infrastructures futures. Nous avons besoin d’une architecture et d’un urbanisme de catastrophes, pour un monde d’ouragans et de décombres.

Nos rues se transformeront de plus en plus souvent en rivières.  Faut- il créer des promenades au 2ième ou 3ième étage des immeubles pour les éviter? Les fondations sont sapées par les inondations, elles devraient être revues et planifiées dorénavant en vu de cet avenir. Un article récent appelle à repenser la résilience (phys). La durabilité doit aussi être considérée dans le sens premier du terme.   Je ne veux surtout pas remplacer les éco-quartiers par des bunkers, la qualité de vie est importante, et la verdure et la communication l’améliorent beaucoup. Cependant, je crois que  nous devons arrêter toutes les constructions fragiles, ou  prévues dans des zones à risque.

Les projets de constructions pourraient aussi être analysés pour leur résistance aux tornades, aux inondations d’un, deux ou cinq mètres, aux ouragans, aux grêles, et les plus résistants auraient la priorité. Ou une autre solution, plus judicieuse, serait peut-être un moratoire quasi-total sur les constructions, jusqu’à ce que des chiffres plus précis sur le événements extrêmes soient disponibles dans cinq ou dix ans.

L’EPFL  devrait  enseigner à tous les ingénieurs et architectes les événements météorologiques extrêmes, la météo du futur, des vingt ou de cent prochaines années.   C’est très difficile parce que les chiffres corrects n’existent pas encore. Il y a au moins trois façons de prévoir ces événements. Une consiste à analyser en détail les résultats de modèles climatiques et y relever les événements   extrêmes possibles. Les climatologues demandent un centre de la taille du CERN pour étudier les catastrophes possibles qui apparaissent dans les modèles climatiques. L’équipe de Sonia Seneviratne à l’ETHZ le fait peut-être.

Une deuxième façon est d’observer les changements actuels, les inondations, ouragans, tornades, à analyser leur rapide progression et à faire des projections pour le Futur.

Enfin, si une règle de progression d’événements climatiques peut être déduite des observations et d’expériences, il est possible de prévoir leur évolution future.

Bien sûr, si nous admettons que le Futur n’est pas encore écrit, les événements extrêmes dépendent de l’action climatique.

Alors d’un côté, il faut établir les valeurs qui définiraient les catastrophes futures.  Elles sont été largement sous-estimés.

A mon avis, nous avons besoin de deux ou même trois instituts de recherche: Un institut de recherche sur le risque climatique, qui étudiera au moins les événements déjà présents sur la Planète Terre: grêles géantes, inondations, tornades. Ils peuvent être enseignés sans probabilité exacte qui sera établie en parallèle.

Un institut de météorologie extrême devrait, en fait, étudier les phénomènes atmosphériques extrêmes et établir des modèles de méga-orages, super-ouragans, hyper-vagues de chaleur que l’atmosphère perturbée pourrait engendrer.  Certains phénomènes météorologiques, actuellement limités aux autres Planètes, pourraient être étudiés aussi.

Un autre institut devrait être consacré à l’adaptation, et prévoir des bâtiments, des matériaux, des routes qui résisteraient à un climat extrême et changeant.  Il devrait tout de suite considérer des événements très graves, et rechercher des solutions pour ceux-là.  Il y a sûrement des adaptations très simples, des canaux, des volets aux fenêtres, et elles doivent être prévues. 

Ainsi, nous regarderions le Futur en face.

 

Addendum le 25 octobre: Grêlon du 21ème siècle

Istamboul fin novembre 2021 : vidéo

Le plastique est dangereux pour le climat et menace directement la Biosphère

La pollution plastique est partout, des côtes des océans aux fosses les plus profondes, et dans les régions les plus lointaines et les les plus sensibles. 

Comme elle est de plus irréversible, elle pourrait constitue une limite planétaire chimique, qui menace  les  processus biologiques  de la Terre. 

Le raffinage du plastique est aussi l’une des industries les plus coûteuses en GES du secteur manufacturier et a produit environ 200 millions de Mt CO2e dans le monde en 2015.

Les émissions de carbone sont dues au processus énergivore de craquage, un processus pétrochimique dans lequel les hydrocarbures saturés sont décomposés en hydrocarbures plus petits, souvent insaturés, appelés oléfines, qui sont ensuite transformés en résines plastiques.

Le plastique est léger, son  transport  dégage donc moins de CO2 que celui des objets plus lourds.  Cependant, sa production nécessite beaucoup d’énergie. L’extraction du pétrole et du gaz nécessaires à la production de plastique émet énormément de CO2. De plus, il est constitué d’hydrocarbures qui sont dégagés lors de la dégradation de l’objet.

Le recyclage demande de l’énergie, l’incinération a le plus grand impact sur le climat.  Un tiers de déchets résultants n’est pas géré correctement et entre dans les systèmes aquatiques.  Il est dégradé jusqu’à des nanoplastiques < 1000 nm.  

Ces résidus se retrouvent dans la chair de poisson de mer. On en trouve aussi dans le corps humain, et des études pour établir leur effet sur l’Humain ont été lancées. L’effet des additifs du plastique, tels que le bisphénol, est établi. Ils perturbent le système hormonal du corps humain et ont des nombreux effets nocifs( obésité, problèmes cardiaques, baisse de la fertilité, malformations sexuelles).

Je me pose aussi des questions sur l’utilisation de plastique dans l’agriculture,  certaines techniques de culture utilisent une bâche posée sur le sol, pour protéger le fruit ou le légume du contact du sol. J’imagine que des molécules de plastique pourraient être lessivées par la pluie ou libérées par la digestion des micro-organismes du sol, pénétrer dans les plantes et être ingérées par l’Humain. Je n’ai pas trouvé d’études sur les effets de cette technique agricole, elles devraient en tout cas être effectuées.

Des matières biologiques, produites dans les plantes, évitent l’utilisation de ressources fossiles.  Elles sont pour la plupart biodégradables  et moins toxiques.  Leur utilisation pourrait réduire nos émissions de CO2, à condition de ne pas déboiser de nouvelles terres pour leur production.

Le plastique est nocif pour la vie marine et le réchauffement climatique, qui fragilise ces écosystèmes, pourrait aussi aggraver son l’effet.

Les tempêtes plus fortes amenées par le réchauffement climatique pourraient le disperser.  Les inondations pourraient augmenter le lessivage des débris vers la mer. 

Les microplastiques pollue déjà fortement la mer Arctique. Alors que d’autres zones sont très dégradées par l’activité humaine et la pollution directe, ou par les températures ascendantes, la mer Arctique demeure une des rares zones où la vie marine pourrait prospérer. Il faut préserver ces trop rares espaces vierges de toute pollution.

Les récifs coralliens, très menacés par les vagues chaleur marine, car ils supportent mal une eau au dessus de 30°C, le sont aussi par le plastique.  Certains études montrent qu’il nuit à la croissance, à la fertilisation, provoque plus de maladies des coraux. 

Les microplastiques ne semblent pas avoir d’effet sur la photosynthèse du phytoplancton, le premier élément de la chaîne alimentaire aquatique. Ils sont nocifs pour plusieurs autres organismes. Ils perturbent la digestion des moules. Cet effet est plus fort dans des conditions d’acidification des océans.

Les débris favorisent aussi la mobilité des espèces invasives. Le changement climatique entraîne aussi des grands changements des écosystèmes aquatiques, les espèces de poissons se déplacent clairement vers les pôles pour fuir les températures montantes (article). 

Il y a plusieurs autres effets négatifs. Les déchets ont transformé des paradis en enfer, en décharges interminables, puantes et toxiques. C’est une abomination. Si ce développement se poursuit, les ordures déborderont sur les villes et les champs produisant notre nourriture. Il doit s’arrêter.

Aujourd’hui, la Chine fait face à des pénuries d’électricité qui ont provoqué des coupures de courant dans des grandes villes chinoises. Certaines usines ont été mises à l’arrêt (blog Horvath), apparemment à cause de manque de charbon.   C’est une excellente nouvelle, la Chine devrait trier ses usines et se débarrasser des plus absurdes. Il faut éliminer les pires absurdités qui ont lieu aujourd’hui sur Terre. Selon une autre source, certaines usines ont été arrêtées pour réduire l’énorme pollution et pour permettre au ciel chinois d’être de nouveau bleu pour une courte période.  L’empoisonnement que les habitants vivent au quotidien a été un instant allégé.

Au 19ième siècle, des bonimenteurs vendaient des potions miraculeuses dont certaines étaient extrêmement toxiques, sans aucun contrôle. Ces pratiques ont été éliminées.  Aujourd’hui, nous devons réglementer l’industrie. Elle ne doit pas polluer la Planète et mettre nos conditions de vie en danger. Chaque problème entraperçu s’amplifie rapidement au centuple du fait de la rapidité du développement et doit être traité très sérieusement et très vite.

L’humanité vivrait bien mieux sans certaines usines produisant des emballages ou des objets de très mauvaises qualité.  L’augmentation du prix de l’énergie peut nous faire prendre conscience que certains objets sont produits pour être aussitôt jetés.  Ils sont aussi transportés et des bâtiments sont construits pour les entreposer et les vendre. Parfois, les invendus sont directement incinérés.

La Chine pourrait  à la fois infléchir le cours du réchauffement climatique et changer la façon dont nous vivons et renonçant à produire des objets absurdes et en misant sur l’utilité et la qualité.  Comme ce pays est soi-disant communiste, il pourrait se rappeler ces idéaux et fournir à tous les travailleurs de la Planète les objets nécessaires à leur vie et à leur confort au lieu du capharnaüm actuel.

Un objet doit avoir une certaine durée de vie, une année par exemple. Certains ustensiles utilisés dans ma famille depuis cinquante ou cent ans. Si j’en achète dans un mauvais magasin, il pourrait casser au bout d’un mois, sa durée de vie est donc réduite de mille fois. Les objets qui ne fonctionnent qu’une fois ou deux sont une escroquerie, ils devraient être systématiquement traqués. Leur production et leur vente doivent être interdites. Et cela doit être fait de façon rapide, efficace et systématique. Il faut peut-être un nouvelle organisation internationale capable de gérer ces problèmes.

 

Une véritable prévention des risques climatiques implique la divulgation des événements les plus graves

Cet été nous avons vu des événements climatiques inouïs, la vague de chaleur du Canada, de nombreuses inondations et en Europe Centrale, de nombreux forts orages avec grosses grêles et tornades.   J’ai demandé encore une fois à un climatologue si ces catastrophes indiquaient que le réchauffement climatique se produisait plus vite que prévu, et qu’il dépassait les prévisions du GIEC. Ce n’est pas certain. Comme d’autres l’ont dit avant lui,  Il relève que tels événements extrêmes sont présents dans les modèles officiels, mais si j’ai bien compris, ils apparaissent parfois,  leur probabilité est jugée assez faible et ils ne sont donc pas inclus dans l’évolution la plus probable du climat terrestre. Les modèles qui calculent l’évolution du climat sont des versions simplifiées de la réalité, qui incluent la compréhension et la description humaine, arbitraire, de la réalité. Ils varient un peu, les scientifiques sélectionnent les événements les plus vraisemblables. Les conclusions du rapport du GIEC portent sur l’évolution des moyennes de température et les catastrophes prédites de façon fiable par plusieurs modèles. Il présente les événements ‘likely‘, ie probables à plus de 66%,  et donne des moyennes de températures.

Nous devons être conscients qu’en plus des événements présentes dans le rapport du GIEC; il y en aura d’autres. Certaines villes dans le monde seront frappées par des catastrophes exceptionnelles. Sur un million de villes dans le monde et quatre-vingt ans, il y aura de nombreux événements qui sont qualifiés  de  rares ou d’exceptionnels.

Nous avons besoin de connaître ces risques.  Je vis en Suisse, dans une société sûre, où les maisons ne s’effondrent pas, et les bus et les trains n’ont quasiment jamais d’accidents. Tout cela a été obtenu par des règles de sécurité rigoureuses.  Je ne vis pas dans une maison ‘likely to stand’, qui aurait deux chances sur trois de rester debout. Vous imaginez une ville ‘likely to stand’ où moins d’une maison sur trois, disons une maison sur quatre s’effondre?  Les normes de constructions sont bien plus stringentes. La probabilité d’accident de toutes les constructions est surveillée et réduite au minimum, à des fractions infimes de pour-cent. Jusqu’à maintenant.

Je  crois que les architectes et les ingénieurs doivent absolument connaître les risques d’événements extrêmes à probabilité estimée à 1% ou 0,1% et les intégrer dans leurs projets. Par exemple, nous pourrions construire seulement des bâtiments prévus pour résister à pour une période d’ouragans et d’inondations, avec des solutions pour 50°C.

Nous avons besoin d’un outil différent du rapport du GIEC pour la gestion du risque. Nous avons besoin d’un catalogue exhaustif d’événements extrêmes possibles, pas de moyennes de température, mais toutes les vagues de chaleur séparées, et toutes les pluies intenses.

Les climatologues pourraient prendre tous les modèles et faire un catalogue complet de tous les événements extrêmes,  ou de cataclysmes plus graves encore, qui pourraient par exemple causer la mort d’un million de personnes. Ou alors ils pourraient choisir les modèles qui collent le mieux à notre réalité actuelle, qui ont prévu les événements récents, et établir une liste de risques à partir de ceux-là. Certains modèles ont prédit les inondations, par exemple le  climatologue belge Fettweis, a prévu les événements de cet été et leur retour d’ici dix à vingt ans, en réalisant un développement détaillé des prévisions du GIEC. 

Les autorités nationales et l’organisation de préventions de risque de catastrophes de l’ONU (UNDRR) devraient disposer de cette liste de risques pour préparer des plans d’évacuation, ou des aménagements qui nous permettraient d’y faire face. Nous devons connaître les risques, au moins l’éventualité d’une pluie de plus d’un mètre d’eau, ou de plusieurs mètres d’eau, d’une vague de chaleur au dessus de 45 degrés mais peut-être de 55°C, de tornades, d’événements capables de détruire une ville entière.

Les scientifiques sont inquiets car les ordinateurs dont dispose le GIEC ne semblent pas suffisants pour prédire chaque catastrophe. Comme le rapporte BBC News, ils demandent un super centre de calcul, à l’échelle du CERN, pour calculer ces événements individuels (BBC). Mais d’autre part, des cataclysmes plus graves que les événements extrêmes actuels apparaissent déjà parfois dans le modèles existants, et il faut récupérer ces informations.  Enfin, ils pourraient choisir quelques bons modèles réalistes, et établir une liste de dangers possibles à partir de ceux-là.

Ensuite, il faut élaborer des plans pour une vague de chaleur de 50°C ou une grave inondation. Nous serons probablement prévenus par les météorologues deux jours avant. Des constructions adéquates pourraient être prévues et réalisées dès maintenant pour pallier aux événements graves, et des plans d’évacuation d’urgence ou des survie doivent exister pour tous ces événements extrêmes.

Une représentation géographique pourrait aussi montrer toutes les zones exposées aux catastrophes, une carte de la Terre couverte de points noirs qui indiquerait tout de même les zones les plus sûres, et servirait de base à la construction de nouvelles villes dans ces endroits sûrs.

Addendum le 20 septembre: Les modèles calculent parfois des catastrophes qui ne sont pas inclues dans les prévisions consensuelles. Une solution serait de faire la liste de tous les événements potentiels pour une l’année, p.ex 2030, en sachant bien sûr qu’ils sont peu probables mais que leurs  conséquences seraient graves.

Image de couverture par Pete Linforth de Pixabay

Ancien Blog : Climat et constructions

 

Biosphère et interventions humaines à l’étude (rapport 6 du GIEC chap 5)

Je résume ici essentiellement la fin du chapitre 5 du 6ième rapport du GIEC, qui traite des interventions humaines possibles et de leurs effets sur la Biosphère.  Actuellement, les plantes terrestres captent à peu près un tiers de carbone émis, et les océans un tiers.  Le GIEC prévoit une diminution de l’absorption par les océans.

L’afforestation ou la reforestation pourraient capter du CO2 dans la biosphère.  Les effets seraient bénéfiques à des nombreux niveaux. La biodiversité, le cycle hydrologique, la stabilité et la composition des sols seraient améliorés.  Les forêts émettent aussi des composés qui favorisent la condensation des nuages et changent l’albédo de la Planète. Je passe un peu ici sur les bienfaits évidents de ces solutions simples, naturelles et porteuses de vie pour me présenter les autres techniques.

L’utilisation des terres pour l’agriculture humaine a provoqué la perte de 116 PgC dans les derniers 12’000 ans. Le sol s’est appauvri, le carbone qu’il contenait sous forme d’humus ou de bactéries, champignons et insectes est maintenant dans l’atmosphère.  Il est possible d’inverser cette perte et d’augmenter le carbone du sol en choisissant des variétés à grandes racines, en introduisant la rotation des cultures, en laissant des résidus végétaux sur place, et en utilisant des couverts. La fertilité du sol en serait améliorée.

Le sol peut aussi être enrichi en carbone par BECCS (bioénergie avec capture et stockage de carbone). Le Biochar est le produit de la combustion des matières végétales. Son ajout aux sols augmente les stocks de carbone et la fertilité. Le biochar améliore le rendement particulièrement des sols déjà dégradés.  Les risques de l’introduction de ces composés dans le sol ne sont pas bien compris (Lorenz et Lal, 2014). Je crains personnellement qu’il ne soient cancérigènes ou toxiques pour certains organismes du sol,  alors que d’autres auteurs  pensent que cela pourrait accroître la biodiversité du sol.

La restauration des tourbières et zones humides par l’arrosage compenserait et augmenterait la quantité de carbone perdue actuellement.

La capture de carbone dans les océans passerait par l’accroissement de la productivité des écosystèmes marins. L’idée est d’ajouter de l’azote dans les océans pour stimuler la productivité des algues, à la base de la chaîne alimentaire marine. Les algues utiliseraient plus de CO2 si elles disposaient de plus d’azote pour leurs molécules essentielles.  Le GIEC note que les conséquences d’un ajout d’azote dans l’océan sur cet écosystème sont incertaines. 

La restauration des écosystèmes côtiers, marais, mangroves, algues, pourrait capter le carbone.  La montée du niveau de la mer pourrait augmenter cet effet, mais les vagues de chaleur marines sont un risque.  Le potentiel global est de moins de 0.02 Pg C/y.

Magrovier et océan – Image par Pat Josse de Pixabay

Enhanced Weathering (EW): Les scientifiques étudient aussi la possibilité de décupler les réactions chimiques se produisant naturellement sur Terre. il s’agirait de répandre des roches moulues, par exemple de l’olivine, sur les plages ou les champs, les sols ou les océans. Elles fixeraient le CO2 par réaction chimique spontanée. Des essais sont en cours (lien).  Ces roches augmenteraient le pH des oceans, l’effet serait donc inverse de l’acidification causée par le CO2.  Cela pourrait améliorer la productivité des champs, mais aussi libérer des métaux toxiques, ce qui évidemment serait très nocif.  Ce risque devrait évidemment être contrôlé ou exclu.

DACCS: Capture de carbone de l’air avec stockage de carbone. Des usines de capture de carbone de l’air sont actuellement développées, notamment en Suisse (Installation suisse, Climeworks). Différents moyens chimiques sont utilisés pour capter le CO2.   Il serait ensuite stocké dans des réservoirs géologiques sous forme de gaz sous pression ou de carbonate.  Le GIEC relève que le gaz sous pression pourrait présenter des risques, et l’air qui sort de l’installation pourrait être trop pauvre en CO2 pour la végétation à proximité.

Des projets de capture de méthane apparaissent aussi.  Le processus pourrait être réalisé dans l’air,  par ” zeolite trapping ” et modification chimique. Le méthane du sol peut être dégradé naturellement par les bactéries du sol, et la présence de forêts facilite ce processus. Une étable pourrait diriger son aération à travers le sol où le méthane serait consommé par les bactéries naturellement présentes.  Il pourrait aussi être dégradé par des biopolymères qui incluraient des enzymes décomposant le méthane.  Ces technologies sont cependant encore dans l’enfance. 

Nuage Cirrus

SRM  La modification du rayonnement solaire par des molécules dans l’atmosphère diminuerait la proportion de lumière solaire qui atteint la Terre mais augmenterait la diffusion de la lumière.  L’effet de changement de lumière sur la croissance des plantes varie dans différents modèles.   La températures ne monteraient pas autant, ce qui pourrait limiter la croissance des plantes dans les régions boréales mais réduirait les risques des vagues de chaleur et de sécheresses. Cette intervention pourrait cependant modifier le cycle et la disponibilité de l’eau.  Les différents types de modification d’atmosphère auraient des effets un peu différents sur la productivité végétale et sur le cycle hydrologique.

L’injection d’aérosols dans la stratosphère (SAI) comporte le risque de d’une diminution d’ozone qui pourrait comporter des risques pour la végétation (voir blog  sur les risques, très exhaustif sur ces risques).

L’éclaircissement des nuages (MCB, marine cloud brightening) consiste à éclaircir les nuages en formant des gouttelettes plus petites, par la dispersion de sel marin par exemple.  A priori, cette technologie semble propre, peu polluante, mais pourrait augmenter  la durée de vie du méthane dans l’atmosphère et provoquer une pollution par l’ozone. 

Malheureusement, si stabilise le méthane, elle serait inutilisable en cas d’émissions de méthane du permafrost, et ce ce jour-là que nous pourrions avoir vraiment besoin de géo-ingénierie, car les températures monteraient haut et vite. Je suis très heureuse de voir apparaître des recherches sur la capture du méthane.  L’émission du méthane du permafrost est un des plus graves risques pour la vie sur Terre.  Le GIEC, qui se base sur les mesures datant de quelques années, la considère comme peu probable, mais des scientifiques alertent sur ce risque futur, et il est tout à fait souhaitable de nous en prémunir.

Enfin, le CCT (cirrus cloud thinning) vise à affiner les nuages affiner les nuages cirrus en créant des cristaux de glace plus gros. La nucléation des cristaux serait provoquée par du triiodide de bismuth ou de l’acide sulfurique ou nitrique.  Je dois me documenter plus cette technique. 

Les modèles montrent de façon convaincante que dans un monde à haute concentration de CO2, la géo-ingénierie augmenterait la masse des plantes vertes sur la Terre.  Cet effet serait positif.  Si nous les laissons pousser, des magnifiques forêts capteraient le carbone et assureraient un bon fonctionnement de la biosphère.

Par contre l’acidification des océans et ses dommages pour la vie marine se poursuivraient.  Il faut aussi noter que ces technologies de modification de lumière solaire devraient être appliquées sans interruption. Un arrêt soudain de cette géo-ingénierie, comme une fermeture de parasol, ferait monter brusquement les températures.

J’ajoute que nombreux pays appliquent actuellement une technologie qui n’est pas mentionnée dans le rapport, les pluies artificielles, provoquées par exemple par dispersion de l’iodure d’argent.  L’Indonésie s’en est servie pour éviter les feux de forêt, les pays du proche-Orient pour limiter les vagues de chaleur extrêmes, la Chine augmente maintenant la portée de leur dispositif jusqu’à toucher la moitié du pays.  Les effets sur la croissance des plantes et sur leur capture du carbone pourraient aussi être positifs, et devraient être étudiés.

 

Les événements extrêmes annoncent un changement grave du climat

Je suis stupéfaite de voir que le vaccin et le certificat covid remplissent l’espace consacré à l’actualité à la télévision alors qu’en arrière-plan,  en dix secondes, nous voyons  d’immenses feux de forêts dévaster la Grèce et la Turquie, affligées d’une vague de chaleur exceptionnelle. Il y a un mois, le Canada a atteint 49°C.  Il y a deux semaines, les statisticiens livraient leurs conclusions: selon les modèles de réchauffement climatique,  une telle vague de chaleur devrait survenir tous les mille ans. Si elle se produisait plus souvent, les estimations des experts devraient être revues. Or les événements exceptionnels se multiplient cette année.  Ce même été, le proche-Orient, et aujourd’hui la Grèce ont aussi connu des vagues de chaleur exceptionnelles.  Les températures en Alaska  dépassent les trente degrés cette semaine,  elles sont totalement hors norme comme celles de la Sibérie au début de l’été. Des dizaines de tempêtes de grêle ont balayé l’Europe, il y a aussi  des tornades.  Cet été apporte des centaines d’événements climatiques étranges, et visiblement le climat est complètement déstabilisé.  Plusieurs experts mondiaux, tels que Johan Rockström,  évoquent la possibilité qu’il ait passé un seuil au delà duquel la météo sera différente. 

L’évolution du climat pourrait alors être très différente des prévisions du GIEC. Le cycle naturel pourrait être rompu, et les éléments qui modèrent habituellement les températures ne joueraient plus leur rôle.  Le changement s’amplifierait. 

Une accélération est de toute façon prévisible. La banquise arctique se réduit presque chaque année et cette année elle a atteint une surface minimum.   Avant, cette mer était toujours couverte d’une couche de glace d’environ un mètre, âgée de plusieurs années. Maintenant, elle est plus fine, souvent brisée en fragments séparés, et la surface de mer ouverte, bleue, s’agrandit régulièrement.

A mesure que la surface de  la glace diminue, la Planète se réchauffe de plus en plus vite. De plus,  le permafrost Arctique fond et commence à émettre du méthane qui amplifiera encore l’effet de serre dans le futur.

Les forêts brûlent partout sur la Planète et perdent leur rôle de puits de carbone.

Il est bien possible que le réchauffement soit déjà plus rapide que prévu, ce qui nous vaut les inondations et les vagues de chaleur de cette année, et qu’il soit sur le point d’accélérer encore. 

Aujourd’hui, les prévisions d’évolution du climat officielles sont basées sur le dernier rapport du GIEC, et les schémas de réduction s’en inspirent. Mais les événements météorologiques de cet été indiquent que le changement pourrait être plus rapide ou plus grave.  Je ne sais pas si les experts livreront des nouvelles prévisions après cet été apocalyptique, s’ils comprennent maintenant bien l’évolution du climat. Il faudra peut-être un peu plus de temps, des nouveaux modèles basés sur la réalité dont la mise au point pourrait prendre quelques années.   Quelques scientifiques ont émis depuis longtemps des théories différentes sur le déroulement du réchauffement, et craignent une évolution très négative, un réchauffement abrupt et dévastateur. Ils étaient parfois taxés d’alarmistes mais les événements récents semblent leur donner raison. 

D’ici dix ans,  ou même à la prochaine année el Nino dans deux ou dans trois ans, nous aurons probablement d’immenses  inondations, des vagues de chaleur mortelles, des grêles géantes, enfin que sais-je… des événements graves qui mettront notre société en danger. 

Nous devons tout faire pour l’éviter. Ce sera difficile, une aggravation est inévitable, mais nous pouvons peut-être sauver les villes dans lesquelles nous vivons et une partie de nos écosystèmes.  Nous ne pouvons exclure qu’au cours de ces prochaines années, une vague de chaleur dépassant les 45°C touche la Suisse, que la forêt proche de ma maison prenne feu,  et que nous ayons à faire face à ce grave danger, comme les Grecs et les Turcs aujourd’hui.  C’est arrivé début juillet au Canada. Nous sommes déjà en danger, l’ère des catastrophes a commencé. Aujourd’hui, nous le savons. 

Nous entrons dans une course à la vie ou à la mort.  Il y a aura de nombreux dommages. Nous avons besoin de nouvelles prévisions basées sur les événements récents. Elles nous permettraient d’estimer ce qui pourra être sauvé et ce qui doit être évacué.

Article du Temps: Climat, l’été de tous les extrêmes

Addendum: Les scientifiques ont ensuite déclaré que les événements de 2021 étaient possibles si le réchauffement suit les modèles  du GIEC, les prévisions d’événements extrêmes doivent être améliorées https://blogs.letemps.ch/dorota-retelska/2021/09/19/une-veritable-prevention-des-risques-climatiques-implique-la-divulgation-des-evenements-les-plus-graves/

La mousson provoque des inondations et glissements de terrain en Inde

L’Organisation Météorologique Mondiale a annoncé que la Grèce, la Turquie et la Bulgarie vont subir des températures plus élevées que jamais allant jusqu’à 45 °C. Vendredi, elles avaient dépassé 43°C (lien).  Des incendies ravagent les forêts turques.

Après des dizaines d’événements de grêle forte ou géante en Suisse, Pologne, Allemagne, France et Italie dont j’ai eu connaissance par les médias, et qui étaient sûrement plus nombreux, un nouvel épisode est prévu sur le Sud des Alpes.

La Chine subit d’énormes inondations, plus graves encore que l’année passée (rts).

La mousson est aussi extrêmement forte en Inde. Des pluies torrentielles se sont abattues sur la côte ouest de l’Inde ces derniers jours, provoquant des glissements de terrain et un déluge de boues, faisant plus de 75 morts et des dizaines de disparus.

La station balnéaire de Mahabaleshwar aurait vu près de 60 centimètres (23 pouces) de pluie en 24 heures, un record.

L’État  de Goa a été frappé par les pires inondations depuis des décennies.

Des très fortes pluies ont aussi touché l’Himalaya indien, l’Uttarhkand et l’Himalash Pradesh, il y a 2 semaines  et il y a une semaine. Un grand glissement de terrain s’est produit après ces pluies et a emporté un pan de montagne de 100 m de large avec un tronçon de route (vidéo), à l’endroit d’un ancien glissement de terrain.  Plusieurs états indiens ont été touchés par des inondations: (Jammu et Kashmir   , Madya Pradesh   , Bihar   , Kerala,  Karnataka).

Les inondations et les glissements de terrain sont fréquents pendant la dangereuse saison des moussons en Inde, qui voit aussi souvent des bâtiments mal construits se déformer après des jours de pluie ininterrompue.

Mais le changement climatique renforce la mousson, selon un rapport de l’Institut de Potsdam pour l’impact du climat publié en avril.

L’accroissement des précipitations qui en résulterait aurait des conséquences graves pour l’alimentation, l’agriculture et l’économie pourraient affecter près d’un cinquième de la population mondiale.

Cet été, des dizaines d’événements climatiques totalement nouveaux se sont produits et cela continue.  Des bilans viendront bientôt mais le changement déjà est impressionnant.  Regardons l’Anthropocène en face, nous devrons l’affronter.

 

 

Graves inondations en Belgique et en Allemagne en été 2021

Nous avons vécu des semaines d’orages et de pluie, accompagnés de grêle et de quelques tornades. La ville de Liège en Belgique a été inondée, des dizaines de milliers de personnes ont été évacuées, des centaines ont été bloquées par l’eau à l’étage de leur maison et libérées par des sauveteurs envoyés de toute l’Europe.   Il y a des blessés, des décès, d’énormes pertes matérielles. En Allemagne, plusieurs villages ont été inondés, et à un endroit un gros glissement de terrain a emporté plusieurs maisons.   C’est une immense catastrophe.  Là aussi, il y a des nombreux morts et actuellement on dénombre plus d’un millier de disparus.   

 Le GIEC a prévu une augmentation des pluies intenses, car le réchauffement accroît la vapeur d’eau dans l’air. La menace est généralisée, dès 2030  les trois-quarts d’Européens courant un risque d’inondation tous les cinq ans. D’autres prévisions indiquent que la moitié des maisons américaines sont menacées par les inondations, je vois aussi qu’au Canada, les 80% du territoire serait dévasté si tous les barrages cédaient.

Les inondations se multiplient vraiment rapidement dans le monde.  Les nouvelles de ce accroissement ont été rapportées par le GIEC au moins depuis 2014 ainsi que l’Organisation Météorologique Mondiale

En 2015 plusieurs capitales européennes ont subi des inondations.

En voyant les nouvelles de capitales européennes inondées, j’ai fait une petite statistique, 10 capitales européennes sur 40 avaient subi des inondations cette année et c’était une forte augmentation, de 5 fois, par rapport aux années 2000-2010.   C’est un petit nombre de valeurs , mais c’est une indication d’un changement rapide ces dernières années, depuis 2015. L’Organisation Météorologique Mondiale a aussi confirmé  que la fréquence de ces événements s’accroît vite. Cette année ne fait pas exception, l’Asie, notamment, subit des fortes inondations.

Le Népal a récemment vécu des déluges  et des glissements de terrain (Watchers) .

En en Himalash Pradesh, dans l’Himalaya indien, les pluies intenses ont fait gonfler énormément les rivières des montagnes indiennes et ont emporté des maisons  (India Today).

En Chine, des pluies torrentielles ont aussi provoqué des inondations (South China Morning Post,   SkyMedina). Ces événements sont terrifiants et causent des traumatismes durables chez les survivants.

Hands off my tags! Michael Gaida de Pixabay

Je vois  aussi sur Facebook que chaque jour, depuis environ cinq ans, une ville des Etats-Unis subit une petite inondation.  C’est un phénomène quasiment constant maintenant.

Cette année apporte des événements climatiques vraiment exceptionnels. La Suisse a été frappée par des forts orages depuis quelques semaines, simultanément l’Ouest des Etats- Unis a vécu des chaleurs totalement exceptionnelles. 

L’expert Stefan Rahmstorf du Potsdam Climate Institute discutait récemment les pluies actuelles, selon lui la persistance des pluies sur l’Europe était due au changement de vent, dû  lui-même au réchauffement de l’Arctique (Rahmstorf Scilogs).

Cela a déjà été annoncé depuis des années  par Jennifer Fisher dans plusieurs de ces travaux (vidéo didactique).

Cet hiver, certains ont déclaré que les neiges abondantes pouvaient aussi être dues au réchauffement de l’Arctique,. La glace sur la mer Arctique fond de plus en plus, et la surface ouverte permet plus d’évaporation, l’eau de la mer Arctique formerait donc les chutes de neige chez nous. Je me demande si ce facteur pourrait influencer les précipitations en été. 

Info Météo déclare que les précipitations sont dues à un phénomène de goutte froide sur les Alpes et à une évaporation d’eau accrue de la Méditerranée et de la Baltique. Les deux mers sont, cette année, plus chaudes de quelques degrés par rapport à un passé connu.  Un autre article rapportait que les précipitations en Europe intenses sont typiques en hiver et surprenantes en été (DW).

Ces pluies dépassent-elles les prévisions? Et qu’en sera-t-il à l’avenir?

 Une étude publiée au début de ce mois prévoit une augmentation des pluies intenses et d’orages stationnaires sur l’Europe pour la fin du siècle, mais nous ne sommes pas encore en 2100 (étude).  

Selon le Guardian et BBC, certains experts sont choqués et surpris  par l’ampleur des événements (Guardian  BBC Common Dreams).

Il semblerait qu’ils n’aient pas calculé tous les événements extrêmes qui accompagneraient le réchauffement. Ils aimeraient développer beaucoup plus ces travaux, et demandent  des super-ordinateurs adaptés et un centre de l’ampleur du CERN.

Voilà pour la version officielle. Il y a encore petite chose qui me trotte dans la tête.

J’ai entendu un paléogéologue dans une conférence déclarer que la Sibérie porte les traces d’immenses deltas anciens, les précipitations et le cycle hydrologique étaient peut-être beaucoup plus importants avant, dans les époques préhistoriques où il faisait vraiment plus chaud sur Terre. Il estimait même que les fouilles ne donnent pas d’informations sur la surface des terres au-delà d’une certaine période chaude car à l’époque, les roches ont pu être totalement décapées par d’immenses torrents d’eau. Il considérait que le cycle hydrologique, ou en tout cas les précipitations, étaient probablement beaucoup plus intenses (Benton). Bien sûr, dans ce passé lointain, les conditions sur Terre étaient complètement différentes du présent, et il est difficile de dire comment si elles sont comparables.

Pour en revenir aux faits, une augmentation des inondations est prévue, et elle se produit très vite. Il faut creuser des véritables lits de rivières pour évacuer les précipitations du Futur proche.

Blog inondations octobre 2020: https://blogs.letemps.ch/dorota-retelska/2020/10/07/habitez-vous-en-bord-de-riviere-prevoyez-des-evacuations/