La mer inondera les côtes

Actuellement, les glaciers de zones tempérées fondent rapidement,  les glaces du Groenland et et l’Antarctique diminuent aussi. Il y a un risque que des zones entières d’Antarctique fondent et accroissent le niveau des mers, de plusieurs mètres même (blog de la semaine passée).  Les conséquences seraient très importantes. La mer inonderait les deltas fertiles comme celui du Nil qui assure l’essentiel de la production alimentaire de l’Egypte, le delta du Mékong, un des plus grands producteurs du riz du monde. Des infiltrations d’eau salée apparaissent déjà dans ces zones et les paysans rajoutent de la Terre par-dessus leurs champs brûlés par le sel. Les infiltrations dans les champs et les forêts les stérilisent.

Le sel s’insinue déjà dans l’aquifère de Biscaine qui alimente la Floride en eau potable. Une montée importante du niveau de la mer inonderait totalement cette zone et la rendrait inhabitable.

Partout sur la Planète, des villages côtiers sont déjà inondés et s’effritent dans la mer. Les côtes subissent des glissements de terrain.  Les ouragans de plus en plus forts inondent les villes vulnérables, les vagues ont déjà doublé de taille et les inondations côtières se multiplient.  Le Bangladesh devient parfois une étendue d’eau à perte de vue, après des pluies abondantes  les terres disparaissent sous les eaux.

Si la montée du niveau de la mer s’accélère, ces effets seront beaucoup plus importants, les flots saperont des grandes falaises, les vagues déferleront sur des grandes zones et inonderont les terres cultivables.  Des inondations épisodiques auraient déjà des graves conséquences sur l’agriculture mais la mer recouvrirait les champs définitivement.

Une montée du niveau de la mer de plusieurs mètres inonderait les terres basses comme par exemple la Floride, la Camargue, une partie de la Belgique, des Pays Bas, du Danemark. de l’Angleterre, la plaine du Pô en Italie, et bien sûr Venise, qui subit déjà de nombreuses inondations.  Les tempêtes en bord de mer deviendraient de plus en plus dangereuses, la première s’aventurera de dix mètres à l’intérieur des côtes, quelques années plus tard à vingt mètres, puis à cinquante mètres, etc. La montée du niveau de la mer créerait d’innombrables réfugiés.

Elle aurait aussi des conséquences sur le cours des fleuves, provoquerait des débordements de ceux-ci et des remontées d’eau salée en amont. Le transport maritime serait probablement très perturbé ou impossible,  les ports actuels seraient inondés et la ligne des côtes changerait continuellement.  Il est peut-être possible de construire des ports adaptés à un niveau des mers de quelques mètres plus  élevé, ou à des mers mouvantes, montantes.

Quand faudra-t-il quitter les côtes? Les investissements dans ces zones devraient déjà être abandonnés, et les évacuations doivent être prévues. Puis des tempêtes de plus en plus dangereuses déferleront sur les côtes. La montée du niveau de la mer pourrait progresser différemment du réchauffement climatique, l’Antarctique-Ouest est déjà définitivement compromise selon certains scientifiques, et même si nous arrêtons le réchauffement, la montée du niveau de la mer continuera, mais plus lentement.

Photo Anna Miescicka
Photo Anna Miescicka (prise probablement de la fenêtre de sa maison !)

Lien sur un outil de visualisation de montée du niveau de la mer: floodmap

 

 

 

Dorota Retelska

Dorota Retelska, décrypte les nouvelles du climat. Docteure ès Sciences de l’UNIL, auteure d’Antarctique-Ouest dans le Vide, elle alerte sur les dangers du climat depuis plusieurs années. Elle est active dans plusieurs organisations de défense du climat, entre autres l’Association Climat Genève, Greenpeace, TACA, et le Collectif Climat 2020.

14 réponses à “La mer inondera les côtes

  1. Le réchauffement climatique planétaire est une réalité scientifique actée et factuelle. Les conséquences catastrophiques planétaires vont se succéder de manière exponentielle et ont tendance à s.accelerer de manière évidente. Aucun pays ne sera épargné. C.est le résultat systémique de 180 ans de pollution sans vergogne et dans l.insouciance totale en raison de cette religion de la croissance économique et du productivisme sans limites et due également au colonialisme et à l.expansionnisme humain. Un biocide et même un Zoecide planétaire sont en train de se produire sur le plan floral et faunal. L.humanite va être prise de vitesse par les conséquences catastrophiques planétaires…..L.humanite doit se préparer aux conséquences catastrophiques planétaires déjà à l.oeuvre et qui vont s.intensifier avec le temps…

  2. J’aimerais rendre ici hommage à votre courage, chère Dorota.
    Face à tous ces courageux, et dans le déni, anonymes, bien sûr et qui vous traitent de tous les noms, même de voyante Irma.

    L’avenir prouvera que vous aviez raison, malheureusement.
    Oui, car on voit bien que le monde entier est dans le déni et ça augure le pire!!!!
    Ca me fait mal au coeur pour la jeunesse… .

    1. Apres tout tout on s’en fout car tout est écrit et nous n’y changerons rien alors crever pour crever what is the question ??????

  3. L’effet du réchauffement climatique sur l’eau est une double peine en quelque sorte: d’une peine les glaciers, les banquises et les pôles fondent, ce qui tend à élever le niveau des mers; d’autre part, comme la température des mers s’élève, le volume de l’eau augmente (cf vos sites Internet préférés pour des explications sur la dilatation thermique).
    En conséquence, même lorsque toutes les glaces auront fondu, les eaux continueront à monter si le réchauffement continue.

  4. Sauf si le phénomène s axelere, l eau douce sera trop importente par apport a l’eau salée se qui stopra le golf steam et l ere glacières temps attendu arrivera. deja 11000ans qu’elle a fini. C est syclique depuis très longtemps

  5. J’en suis arrivée à détester mon espèce et à regretter d’avoir accepté mon opération du coeur, tellement je suis effrayée par l’inconscience de mes congénères.
    Penser encore fric revient à dire que nous sommes de parfaits crétins, alors que nous n’avons que deux choses à faire pour éviter les conséquences majeures du bouleversement climatique : 1 cesser de faire des enfants et 2, se consacrer uniquement à notre survie biologique. Les rapports de fric que nous entretenons encore sont les principaux vecteurs de notre déchéance.

  6. Mais pourquoi donc utilisez-vous le conditionnel ? Pourquoi mélangez-vous futur et conditionnel ? C’est un détail grammatical qui révèle beaucoup.
    Les faits sont établis, il n’y a plus à tergiverser. Les scientifiques sont à 99% d’accord sur ce qui va arriver. La montée du niveau de la mer se mesure déjà. Les premières conséquences négatives aussi (inflitration de sel dans les sols, inondation des terres basses qu’on tente de retarder par la construction de digues plus hautes…). On en est plus à une “théorie de plus” car les modèles complexes qui prédisent notre funeste avenir sont fiables puisqu’ils reconstituent fidèlement toutes les bizareries climatiques passées. Ce n’est plus l’heure des hypthèses. La question n’est pas “si”, mais “quand” et “où en premier” cela va arriver.
    Alors pourquoi ce conditionnel ? Pourquoi vous, en tant que scientifique du bon domaine, vous n’affirmez pas plus les choses ? Par crainte de faire peur ? Cette attitude – qu’on peut interpréter comme une certaine humilité, soit – donne malheureusement du crédit aux climatosceptiques.

  7. Décidément le concours de “qui fera le plus peur” continue.
    Lisez les rapports du GIEC sur les simulations et jugez par vous-même de la crédibilité de ce gendre d’exercice :
    ——–
    TS.6.4 Incertitudes clés dans les projections du changement climatique global et
    régional »

    « Il y a une confiance limitée dans la prédictibilité, basée sur les résultats de modèles, des moyennes de températures annuelles à décennales, tout à la fois pour la moyenne globale et pour quelques régions géographiques. Les résultats à modèles multiples pour les précipitations indiquent une prédictibilité généralement faible. La projection climatique à court terme est également limitée par l’incertitude dans les projections du forçage naturel. »

    « Il y a une confiance généralement faible dans les projections, à l’échelle du bassin, des tendances significatives de la fréquence et de l’intensité des cyclones tropicaux au XXI e siècle. »

    « Plusieurs composantes ou phénomènes du système climatique pourraient potentiellement manifester des changements abrupts ou non linéaires, mais pour nombre de phénomènes il y a une confiance faible et un consensus modeste sur la probabilité de semblables événements au cours du XXI e siècle. »

    « Il y a une confiance moyenne dans les projections de la contribution à l’élévation du niveau des mers obtenues par les modèles de dynamique de la calotte glaciaire pour le XXI e siècle, et une confiance faible dans leurs projections au-delà de 2100. »

    « Il y a une confiance faible dans les projections, par des modèles semi-empiriques, de l’élévation moyenne globale du niveau des mers, et aucun consensus sur leur fiabilité dans la communauté scientifique. »

    « Il y a une confiance faible dans les projections de maints aspects des phénomènes climatiques. »

    1. Le premier paragraphe veut dire qu’il ne savent pas exactement quelle température il fera en 2022 ou 2045 ou même pendant une décennie, la météo restera variable, par contre ils prévoient la tendance générale au réchauffement. Le changements abrupts et non linéaires pourraient être très graves (réchauffement ou montée du niveau de la mer rapide). Plusieurs phénomènes sont déjà au dessus de leurs prévisions (voir le discours du président du GIEC, dans un de mes récents blogs).

      1. Les discours politiques (le GIEC étant un organisme éminemment politique et son président, Hoesung Lee, économiste et universitaire, en particulier) ne valent pas des études scientifiques.
        Arrêtons d’alimenter le grand cirque de la peur chère madame qui roulez pour les ONG de la peur.

        « Il y a une confiance moyenne dans les projections de la contribution à l’élévation du niveau des mers obtenues par les modèles de dynamique de la calotte glaciaire pour le XXI e siècle, et une confiance faible dans leurs projections au-delà de 2100. »

        « Il y a une confiance faible dans les projections, par des modèles semi-empiriques, de l’élévation moyenne globale du niveau des mers, et aucun consensus sur leur fiabilité dans la communauté scientifique. »

        1. Le niveau des mers a déjà atteint le minimum prévu par le GIEC pour 2100. Si l’Antarctique-Ouest s’effondre, il pourrait dépasser le maximum prévu par le GIEC comme je le décris ici; blogs.letemps.ch/dorota-retelska/2020/02/17/le-changement-climatique-pourrait-depasser-les-previsions-de-lagence-europeenne-de-lenvironnement/ et https://blogs.letemps.ch/dorota-retelska/2020/02/26/le-rechauffement-climatique-est-catastrophique-pour-la-securite-mondiale/

  8. Une étude parue sur : https://www.sciencedaily.com/releases/2008/01/080120160720.htm
    First Evidence Of Under-ice Volcanic Eruption In Antarctica
    Date: January 22, 2008
    Source: British Antarctic Survey
    Summary:
    The first evidence of a volcanic eruption from beneath Antarctica’s most rapidly changing ice sheet has been discovered. The volcano on the West Antarctic Ice Sheet erupted 2,000 years ago and remains active. Using airborne ice-sounding radar, scientists discovered a layer of ash produced by a ‘subglacial’ volcano. It extends across an area larger than Wales.

    Sommaire : La première preuve d’une éruption volcanique sous la calotte glaciaire de l’Antarctique qui évolue rapidement a été découverte. Le volcan de la calotte glaciaire de l’Antarctique occidental est entré en éruption il y a 2000 ans et reste actif. En utilisant un radar aéroporté sondant la glace, les scientifiques ont découvert une couche de cendres produite par un volcan «sous-glaciaire». Il s’étend sur une zone plus grande que le Pays de Galles.

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