A Miami les limousines dans le déluge

Une tempête de pluie tropicale a frappé le sud de la Floride et a déchargé d’énormes quantités de précipitations.

Les débuts de la tempête tropicale Alex ont traversé la Floride, Cuba et les Bahamas de vendredi à samedi, transformant les rues en rivières, submergeant et bloquant les véhicules, annulant les vols à destination et en provenance du sud de la Floride et tuant au moins deux personnes à Cuba après que plus de 250 mm  de pluie soient tombés dans certaines régions.

La tempête de pluie tropicale a commencé à se former près de la péninsule du Yucatan, où elle a traîné avec une vitesse d’avancement de seulement 5 miles par heure à un moment donné. Elle a ensuite pris de la vitesse en se rapprochant des Etats-Unis.

Dans la capitale cubaine, La Havane, les autorités ont imputé au moins deux morts à la tempête, selon un rapport de la BBC. De fortes pluies incessantes ont provoqué des inondations dévastatrices dans le pays. Plus de 2 000 personnes ont été évacuées et environ 50 000 personnes à La Havane et dans les environs étaient sans électricité samedi. La tempête se composait de l’énergie restante de l’ouragan Agatha, qui avait déjà fait des ravages sur Cuba.

Au nord de la Floride, les routes du centre-ville de Miami ont été inondées de vendredi soir à tôt samedi matin.

De nombreuses personnes avaient grimpé à travers les toits ouvrants pour s’échapper de leur voiture, des fêtards en robes de soirée ont pataugé dans l’eau jusqu’à la taille, alors les limousines avançaient toujours, lentement, au milieu du déluge. Les images semblent sorties de Gatsby le Magnifique, la fête continuait encore, alors que le monde ancien s’écroule, que la ville de Miami est de plus en plus souvent inondée, que le niveau des inondations atteint les prévisions de 2100.

Des équipes de secours ont conduit sur des routes inondées avec des lumières allumées dans une vidéo partagée par le service d’incendie de Miami.

“Je voyais toutes ces voitures flotter sur l’eau. Je suis allé à la mienne et j’ai vu l’eau à l’intérieur de ma voiture”,

Une vidéo de drone a montré des voitures échouées le long de la Southwest First Avenue inondée de Miami samedi matin.

De jeunes garçons pagaient sur un kayak gonflable dans une rue inondée de Miami, le samedi 4 juin 2022. Un avertissement de tempête tropicale était en vigueur le long de certaines parties de la côte de la Floride et du nord-ouest des Bahamas. Plusieurs rues de Miami ont été inondées et les autorités remorquaient des véhicules abandonnés.

 Alors que la tempête continuait de se diriger vers le nord-est à travers la Floride, elle a fait des ravages dans les aéroports du sud de la Floride, entraînant l’annulation de près de 200 vols à destination et en provenance de la région et des retards pour des dizaines d’autres vols entrants et sortants.

Miami et ses environs immédiats ont subi le plus gros des précipitations, avec des quantités de plus de 250 mm. La tempête de pluie tropicale s’est ensuite déplacée vers le large. En fin d’après-midi samedi, la majeure partie des précipitations s’était éloignée de la côte atlantique de la Floride.   La tempête, qui s’est développée en partie à partir de l’énergie résiduelle de l’ouragan historique Agatha du bassin du Pacifique Est une semaine plus tôt, s’est ensuite renforcée en s’éloignant du continent américain, devenant la première tempête nommée de la saison pour le bassin de l’Atlantique alors qu’elle se dirigeait vers les Bermudes.

Aujourd’hui, les marées inondent Miami quatre fois plus que précédemment, les maisons du bord de mer sont de plus en plus souvent touchées.

Les previsions actuelles indiquent que la montée du niveau de la mer inondera de nombreuses rues vers le milieu du siècle, et elles n’incluent pas l’hypothèse de l’effondrement des glaciers Antarctiques, alors la mer pourrait arriver plus vite.  La ville de Miami, et de nombreuses autres, ont peu de chances d’échapper à l’océan. 

Michael Mann s’attend maintenant à une montée de mers de plusieurs mètres

Je partage et retranscris en français la vidéo d’une interview récente de Michael Mann et de Kiya Riverman.  Michael Mann est un des grands climatologues américains qui a établi que le réchauffement actuel était sans précédent au cours de l’histoire.  Il est un scientifique exceptionnel, un des auteurs des rapports du GIEC, a été vilipendé et honni pour son travail et a écrit des livres entiers sur ses “guerres climatiques” avec ses détracteurs à la solde de l’industrie pétrolière.

Les deux chercheurs déclarent que nous avons sous-estimé la fonte des glaces du Groenland et d’Antarctique.

L’élévation du niveau de la mer est un problème qui retient de plus en plus l’attention des scientifiques et des médias. Et alors que le changement climatique continue de réchauffer la terre, le taux actuel de montée des eaux de 1,4 pouce par décennie devrait augmenter.

Le point de basculement le plus important, en ce qui concerne l’élévation du niveau de la mer, est le glacier Thwaites, situé dans l’ouest de l’Antarctique. également connu sous le nom de glacier du jour du Jugement Dernier,  Lorsque cette calotte glaciaire fondra, les mers de la Terre devraient monter d’au moins deux pieds. Mais à ce moment-là Thwaites ne sera plus là pour stabiliser la région qui l’entoure. De nombreux scientifiques prédisent que si ce système s’effondrait complètement, nous verrions en fait une élévation du niveau de la mer de quelques mètres – un scénario vraiment catastrophique. New York, une grande partie de la Floride et du Bangladesh seraient alors inondés.

Les chercheurs considèrent que la plateforme principale pourrait d’effondrer dans moins de dix ans.  Elle empêche la course du glacier dans l’océan. Kiya Riverman a lancé un robot sous la plateforme pour étudier le fonds. Il semble y avoir un immense réservoir de chaleur en dessous, ce qui est très inquiétant.

Les images suivantes montrent des scientifiques qui pataugent en Floride. Certains  habitants abandonnent déjà les maisons du bord de mer.  Selon les projections actuelles, la marée touchera une partie de Miami vers 2040 – 2065, mais celles-ci n’incluent pas l’effondrement de grandes zones d’Antarctique.

Michael Mann: “25 millions de personnes vivent dans des régions qui seront inondées.  La vraie question est combien de temps cela prendra.” “Historiquement, nos modèles ont sous-estimé la vitesse de la montée du niveau de la mer.” “Ils prévoient un demi-siècle ou un siècle.   “L’histoire de la Science nous a appris que ces impacts pourraient se produire plus vite que nos modèles ne l’ont prévu.”  “Il y a une dizaine d’années nous ne voyions pas de contribution des plateformes glaciaires à la montée du niveau de la mer, mais maintenant elles y participent. Il s’agit des glaces du Groenland, qui pourrait ajouter 5 mètres au niveau des mers du monde, et d’une grande partie de la plateforme Antarctique (Ouest je crois dr), qui pourrait relever d’un effondrement à grande échelle au cours de plusieurs décennies et ajouter peut-être 5 autres mètres au niveau des océans.”

Kiya Riverman déclare qu’ils ont d’abord pensé en milliers d’années, puis ont compris que les glaciers répondent en quelques années, et même en quelques semaines, aux changements de l’océan et de l’atmosphère.  Ces réactions ont été observées lors de l’effondrement de la plateforme Larsen B en 2002. Et ces changements sont maintenant visibles au niveau du glacier Thwaites. Sa langue flotte sur l’océan et s’arrête contre une île.  Riverman et ses collègues ont remarqué que l’eau sous le glacier est trop chaude, et que la glace flotte et plie avec la marée. Ce mouvement agit comme une pompe qui amène l’eau chaude sous le glacier. Selon Kiya Riverman, au cours des prochaines 3, 4, 5 ou 6 années nous verrons cette plateforme changer vraiment vite et se désintégrer.

Elle dit aussi que nous avons changé l’Antarctique, et que les conséquences de sa fonte ne sont pas si loin.

Michael Mann déclare que le changement climatique dangereux est déjà là, mais que nous pouvons prévenir les pires conséquences. Selon lui, il y a une immense différence entre ce qui va se passer si nous agissons énergiquement maintenant et les conséquences d’un échec.

J’ajoute que si la plateforme s’effondre, la course du glacier Thwaites accélèrera,  la montée du niveau de la mer s’étalera alors en années ou plutôt en décennies.

Mes propres réflexions récentes sur le même sujet Blog

 

La mer inondera les côtes

Actuellement, les glaciers de zones tempérées fondent rapidement,  les glaces du Groenland et et l’Antarctique diminuent aussi. Il y a un risque que des zones entières d’Antarctique fondent et accroissent le niveau des mers, de plusieurs mètres même (blog de la semaine passée).  Les conséquences seraient très importantes. La mer inonderait les deltas fertiles comme celui du Nil qui assure l’essentiel de la production alimentaire de l’Egypte, le delta du Mékong, un des plus grands producteurs du riz du monde. Des infiltrations d’eau salée apparaissent déjà dans ces zones et les paysans rajoutent de la Terre par-dessus leurs champs brûlés par le sel. Les infiltrations dans les champs et les forêts les stérilisent.

Le sel s’insinue déjà dans l’aquifère de Biscaine qui alimente la Floride en eau potable. Une montée importante du niveau de la mer inonderait totalement cette zone et la rendrait inhabitable.

Partout sur la Planète, des villages côtiers sont déjà inondés et s’effritent dans la mer. Les côtes subissent des glissements de terrain.  Les ouragans de plus en plus forts inondent les villes vulnérables, les vagues ont déjà doublé de taille et les inondations côtières se multiplient.  Le Bangladesh devient parfois une étendue d’eau à perte de vue, après des pluies abondantes  les terres disparaissent sous les eaux.

Si la montée du niveau de la mer s’accélère, ces effets seront beaucoup plus importants, les flots saperont des grandes falaises, les vagues déferleront sur des grandes zones et inonderont les terres cultivables.  Des inondations épisodiques auraient déjà des graves conséquences sur l’agriculture mais la mer recouvrirait les champs définitivement.

Une montée du niveau de la mer de plusieurs mètres inonderait les terres basses comme par exemple la Floride, la Camargue, une partie de la Belgique, des Pays Bas, du Danemark. de l’Angleterre, la plaine du Pô en Italie, et bien sûr Venise, qui subit déjà de nombreuses inondations.  Les tempêtes en bord de mer deviendraient de plus en plus dangereuses, la première s’aventurera de dix mètres à l’intérieur des côtes, quelques années plus tard à vingt mètres, puis à cinquante mètres, etc. La montée du niveau de la mer créerait d’innombrables réfugiés.

Elle aurait aussi des conséquences sur le cours des fleuves, provoquerait des débordements de ceux-ci et des remontées d’eau salée en amont. Le transport maritime serait probablement très perturbé ou impossible,  les ports actuels seraient inondés et la ligne des côtes changerait continuellement.  Il est peut-être possible de construire des ports adaptés à un niveau des mers de quelques mètres plus  élevé, ou à des mers mouvantes, montantes.

Quand faudra-t-il quitter les côtes? Les investissements dans ces zones devraient déjà être abandonnés, et les évacuations doivent être prévues. Puis des tempêtes de plus en plus dangereuses déferleront sur les côtes. La montée du niveau de la mer pourrait progresser différemment du réchauffement climatique, l’Antarctique-Ouest est déjà définitivement compromise selon certains scientifiques, et même si nous arrêtons le réchauffement, la montée du niveau de la mer continuera, mais plus lentement.

Photo Anna Miescicka
Photo Anna Miescicka (prise probablement de la fenêtre de sa maison !)

Lien sur un outil de visualisation de montée du niveau de la mer: floodmap

 

 

 

Le changement climatique pourrait dépasser les prévisions de l’Agence Européenne de l’environnement

Les cartes prévoient une augmentation d’un mètre du niveau de la mer

L’agence européenne de l’Environnement a publié des cartes des effets du réchauffement climatique.  Ces  cartes montrent les effets estimés du changement climatique, la montée du niveau de la mer,  les pluies intenses, les sécheresses et les incendies (ici présentées par France Info).

Les cartes montrent les effets d’une élévation du niveau de la mer de 0,2 m à 1 mètre qui toucherait les côtes de l’Ouest et du Nord de la France, des Pays-Bas, de l’Ouest de l’Allemagne, et du Danemark, ainsi que Venise. Elles sont basées sur les prévisions du GIEC, très probablement sur le 5ième rapport du GIEC AR5 publié en 2013-2014.

Il faut cependant remarquer que le niveau de la mer est déjà monté d’environ 0,2 m. Les rapports du GIEC précédents citaient une valeur un peu plus un peu plus élevée, puis comme pour les températures, la valeur de référence, le point de départ à partir duquel les changements sont calculés, a été changé. Mais surtout, le niveau de la mer monte continuellement, et à l’ouverture de la COP25 en décembre 2019, le président du GIEC, Hoesung Lee mentionnait l’accélération de cette tendance.

Le niveau des mers pourrait s’élever de plusieurs mètres

La surface des océans et des mers pourrait s’élever bien plus, de quelques mètres. Le Groenland et l’Antarctique sont exposés à des vagues de chaleur inattendues qui précipitent la fonte des glaces. La semaine passée, l’Antarctique a atteint un record inquiétant de 18,6°C, aussitôt dépassé par une journée à 20°C. Cela accélère la fonte des glaces. Un grand iceberg s’est alors détaché du glacier Antarctique de Pine Island. Cet événement a pu être précipité par la chaleur (vidéo ESA):

Une grande partie de l’Antarctique et du Groenland sont situés des centaines des mètres sous le niveau de la mer. Les montagnes de glace reposent sur la roche. Actuellement, les océans se réchauffent et l’eau les décolle de leur socle, créant des langues de glace flottantes et des lacs sous la glace. Le réchauffement des océans favorise cet effet, et les glaciers accélèrent leur course vers l’océan et deviennent instables. J’en parle plus dans mon livre L’Antarctique-Ouest dans le vide.
La calotte glaciaire de l’Antarctique occidentale s’est déjà effondrée il y a 120’000 ans et a provoqué une élévation du niveau des mers de trois mètres.

Les scientifiques qui étudient cette région, p. ex Richard Alley ou Eric Rignot, considèrent qu’elle est définitivement déstabilisée et qu’elle s’effondrera dans le futur, ce qui pourrait provoquer une montée du niveau de la mer importante, de plusieurs mètres. Elle affecterait alors des zones côtières bien plus vastes, des régions entières d’Angleterre, du Danemark, la plaine du Pô, le delta du Mékong et du Nil.
Actuellement, les scientifiques étudient les signes précurseurs de ces changements, qui se produiront à vitesse croissante dans quelques décennies. Les ouragans et les vagues des océans augmentent aussi et pourraient provoquer des inondations momentanées des côtes.

Antarctique: les flèches rouges montrent le décollement des glaciers de leur base
Copyright @ESA; Antarctique: les flèches rouges montrent le décollement des glaciers de leur base

Les vagues de chaleur  pourraient être très dangereuses

Un autre danger semble peu visible dans les cartes de l’agence Européenne de l’environnement. Elles montrent une augmentation des vagues de chaleur. Celles-ci augmenteront en nombre et en intensité. Une étude prévoit des vagues de chaleur jusqu’à 50°C à 4°C de réchauffement en Bourgogne et en Suisse. Il faudrait visualiser le risque de canicules dangereuses et la nécessité d’aménagements pour sauver les vies humaines. Cela dit,  je ne sais pas si les modèles avaient prévu la petite vague de chaleur que nous avons vécu ce weekend. La réalité pourrait les dépasser. Si cela arrive en été, si les températures montent à vingt degrés de trop, même plus haut, un grave danger nous guette, notre végétation pourrait soudainement être décimée et la population serait menacée. Nous aurons alors probablement un jour pour nous mettre à l’abri.

Blogs sur la montée du niveau de la mer:

rapport du giec sur les oceans ca va mal mais ca peut encore etre pire

Les glaces fondent plus vite que prévu et le réchauffement pourrait devancer les prévisions du GIEC