Des aides d’urgence nécessaires qui sont parfois inaccessibles

Le Conseil fédéral a récemment décidé de relever l’aide aux cas de rigueur de 2,5 milliards de francs. C’est positif, mais certaines entreprises ne pourront pas en bénéficier en raison de critères trop restrictifs. Le sondage effectué auprès de nos membres en atteste.

Avec l’écoulement du temps, le Conseil fédéral prend conscience des graves difficultés que rencontrent de nombreuses entreprises touchées par les semi-confinements successifs décrétés depuis bientôt une année. La semaine dernière, vu l’évolution de la situation, le gouvernement a décidé de relever l’aide aux cas de rigueur de 2,5 milliards de francs. Il soumettra au Parlement la modification législative requise à cet effet lors de la session de ce printemps. Au total, ces contributions atteindront donc 5 milliards. Cette enveloppe permet aux cantons de soutenir les entreprises saines qui, sans faute de leur part, se trouvent en situation de détresse en raison de la crise liée au Covid-19.

Ce doublement est une bonne chose, évidemment. Il reste que les conditions permettant d’obtenir ces aides les rendent inaccessibles à de nombreuses d’entreprises. Pour pouvoir en bénéficier, celles qui, par exemple, n’ont pas dû fermer doivent prouver au canton que leur chiffre d’affaires 2020 est inférieur de plus de 40% au chiffre d’affaires moyen des années 2018 et 2019.

Sondage révélateur

La CVCI a voulu en avoir le cœur net en sondant ses membres sur ce thème entre le 19 et le 25 janvier. A la question de savoir si leur société allait déposer une demande d’aide, près de 45% des sondés ont répondu par la négative, car leur entreprise ne remplit pas les critères pour pouvoir en bénéficier. Lorsqu’on leur a demandé si ces conditions étaient encore trop sélectives, près de 65% ont répondu par l’affirmative. Autre point soulevé dans cette prise de température: à peine 2,5% des entrepreneurs ayant formulé une demande d’aide disent l’avoir obtenue rapidement, près de 40% l’ont jugée trop lente, alors qu’un peu moins des deux tiers n’avaient pas encore déposé de demande.

Même si, malheureusement, il restera toujours des entreprises qui passeront entre les mailles du filet, les résultats de notre sondage attestent d’un certain désarroi dans le monde entrepreneurial. A titre de comparaison, le canton de Genève a fait un geste en prenant en compte des entreprises ayant perdu entre 25% et 40% de leur chiffre d’affaires. Pour le canton de Vaud, j’espère que la mise en place du Fonds de soutien à l’industrie, auquel plus de la moitié des entreprises industrielles que nous avons sondées entendent recourir, sera accessible dans les meilleurs délais pour permettre à notre industrie de reste innovante.

La balle est plus que jamais dans le camp du Conseil d’Etat pour que les aides soient délivrées rapidement et que des solutions soient trouvées pour éviter les effets de seuil. En marge de ces mesures financières, nul doute que l’accélération du programme vaccinal, auquel le monde de l’économie prête son concours, permettra de sortir rapidement du semi-confinement et, par-là, de relancer notre économie.

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Les entreprises sont aussi disposées à vacciner

Un sondage réalisé par la CVCI auprès de ses membres montre que l’économie vaudoise est prête à participer à l’effort vaccinal en cours contre le Covid-19. Près de 70 entreprises se disent d’ores et déjà disposées à organiser la vaccination dans leurs locaux.

C’est l’une des rares certitudes dont nous disposons dans le contexte pandémique actuel: la vaccination à large échelle de la population contre le Covid-19 permettra de tendre vers l’immunité collective, seule capable de ramener l’indispensable confiance dont la société et les milieux économiques ont tant besoin. Dans ce contexte, la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie (CVCI) a réalisé la semaine dernière un sondage auprès de ses entreprises membres comptant plus de 100 collaborateurs. Le but était d’identifier lesquelles seraient prêtes à vacciner leur personnel. Le résultat est probant: près de 70 d’entre elles affirment d’ores et déjà être disposées à organiser la vaccination dans leurs locaux, ce qui concerne près de 28’000 employés au total. Une quarantaine d’entre elles mettent déjà en place des programmes de vaccination contre la grippe.

Collaboration utile

La démarche volontariste de ces entreprises démontre l’importance d’une collaboration entre les secteurs public et privé pour permettre une accélération du programme vaccinal du Canton. Sur la base de ces résultats, la CVCI va poursuivre ses échanges avec le Conseil d’Etat vaudois afin d’offrir une capacité supplémentaire dans le domaine de la vaccination.

Ces perspectives et ces efforts ne doivent pas occulter le rôle central que doivent jouer les autorités dans ce véritable contre-la-montre sanitaire. A ce jour, seul 2% de la population a été vacciné, selon les derniers chiffres de la Confédération. Le Conseil fédéral et les cantons doivent améliorer considérablement la gestion de la vaccination. Les organisations économiques, dont la CVCI, attendent la mise sur pied rapide d’un plan vaccinal coordonné au niveau national. Un tel plan devrait comprendre, entre autres, des objectifs clairs concernant le nombre de vaccinations à effectuer, la mise à disposition des capacités appropriées et des statistiques quotidiennes sur les infections et le taux d’occupation des hôpitaux à l’échelle du pays.

Nouvelles aides bienvenues

Même si les contrôles et les tests doivent être renforcés aux frontières, il faut absolument que celles-ci demeurent ouvertes. Le commerce international ne doit pas être entravé exagérément. Les voyages d’affaires sont vitaux pour les entreprises dans certaines régions. L’économie et la société dépendent par ailleurs des frontaliers travaillant en particulier dans le secteur de la santé. Je me félicite que le Conseil fédéral, à l’issue de sa séance d’aujourd’hui, ait renoncé à un durcissement des mesures à la frontière.

Le semi-confinement touche durement une économie déjà affaiblie. Avec la fermeture des restaurants et de certains magasins, on doit désormais redouter un effondrement de la consommation privée, qui représente la moitié du produit intérieur brut. Dans ce contexte, je salue l’augmentation des ressources du programme pour les cas de rigueur et le renforcement de l’assurance-chômage décidé ce matin par le gouvernement. C’est bel et bien en unissant nos forces que nous parviendrons à sortir de cette terrible crise qui, si elle devait durer, porterait un coup extrêmement dommageable à notre économie.

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Le libre-échange prend encore plus de sens en temps de crise

La conclusion d’un partenariat économique avec l’Indonésie figure au menu des votations fédérales de mars prochain. Cet accord constitue à la fois une bouffée d’oxygène pour nos entreprises et un pas dans la bonne direction pour un commerce plus durable.

Une accolade entre un ours brun et un tigre: l’image choisie par les partisans de l’accord de libre-échange entre l’AELE, dont la Suisse fait partie, et l’Indonésie illustre bien l’esprit de ce partenariat économique sur lequel le peuple s’exprimera le 7 mars prochain. Signé à Jakarta en décembre 2018 et approuvé par les Chambres fédérales dans la foulée, il constitue une bouffée d’oxygène bienvenue pour les économies des pays concernés. Ce géant du Sud-Est asiatique représente un marché prometteur dans lequel nos entreprises pourront proposer leurs produits dans un contexte douanier allégé. Selon l’administration fédérale, l’industrie des machines pourrait économiser environ 25 millions de francs par an. En pleine période de crise, c’est loin d’être négligeable.

Ces perspectives réjouissantes ont été – provisoirement – remises à plus tard en raison d’un référendum lancé par les milieux écologistes et quelques ONG au motif que la culture de l’huile de palme cause une déforestation massive et met en danger certaines espèces animales. Et concurrence, au surplus, de manière déloyale notre production d’oléagineux, comme le colza et le tournesol. Notre pays a pris en compte ces reproches en négociant un volet novateur sur le développement durable, qui implique des engagements contraignants permettant de protéger les plantations et forêts indonésiennes, ainsi que ceux qui y travaillent. Autant d’engagements que l’Indonésie n’avait pris jusqu’ici avec aucun autre partenaire commercial.

L’accord comprend en outre des dispositions sur les investissements, la protection de la propriété intellectuelle, la réduction des obstacles non tarifaires au commerce, y compris les mesures sanitaires et phytosanitaires, la concurrence, la facilitation des échanges, le commerce et le développement durable, et la coopération économique. Ce partenariat confère en outre un précieux avantage à notre industrie d’exportation sur la concurrence européenne, qui n’a pas encore conclu un tel accord.

Notre pays a par ailleurs pris soin de ménager la production indigène d’oléagineux. L’Indonésie bénéficiera ainsi de contingents partiels avec des rabais de 20 à 40%. Un mécanisme de sauvegarde est également prévu au cas où les importations indonésiennes devaient malgré tout mettre le marché sous pression.

Potentiel de croissance important

La Suisse a mis en place les garde-fous nécessaires qui garantissent l’aspect durable de ce partenariat inédit. Dans ce contexte, le peuple peut adopter cet accord sans crainte, d’autant que l’Indonésie, avec plus de 260 millions d’habitants, offre des perspectives très intéressantes à notre industrie d’exportation. Le volume des échanges commerciaux entre la Suisse et cet immense pays, qui atteint aujourd’hui quelque 1,4 milliard de francs, présente un important potentiel de croissance.

Cet accord confirme enfin l’importance du libre-échange, a fortiori à une époque où le protectionnisme resurgit de manière inquiétante aux quatre coins de la planète. L’ouverture vers de nouveaux marchés est l’un des facteurs indispensables pour relancer notre économie durement touchée par les effets de la crise sanitaire. Dire oui à l’Accord de partenariat économique entre les Etats de l’AELE et l’Indonésie relève ainsi de l’évidence.

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S’adapter à un environnement complexe pour mieux rebondir

En pleine pandémie, les jeunes éprouvent de grandes difficultés à se projeter dans la vie professionnelle. Face à des perspectives floues, ils doivent absolument rester actifs pour ne pas être déconnectés. Quand l’économie redémarrera, ils seront les premiers à être engagés.

La crise du coronavirus affecte sévèrement le monde professionnel, et n’épargne guère les jeunes de 18 à 25 ans. Ces derniers sont touchés de plein fouet par les conséquences de cette pandémie. Entre un marché du travail qui s’est brutalement refermé, des cours à distance compliqués à suivre et la diminution drastique des petits boulots, leurs perspectives se sont notablement assombries.

Les entreprises, durement touchées elles aussi, ne sont pour la plupart pas en mesure d’engager des jeunes actuellement. L’urgence consiste pour elles à survivre à la crise et à conserver leur main-d’œuvre. Intégrer des jeunes dans le marché du travail reste ainsi une préoccupation à moyen terme. A ce propos, les entreprises qui passent la crise sans trop de difficulté doivent songer à s’investir davantage dans la formation afin de garantir des compétences à l’avenir. L’appel est lancé.

Lorsque l’économie redémarrera pleinement, les sociétés auront besoin de ces aptitudes, a fortiori à un moment où les baby-boomers s’apprêtent à quitter massivement le monde du travail. Aussi il est crucial que les jeunes maintiennent une activité si nous ne voulons pas nous retrouver face à un manque de main-d’œuvre qualifiée dans quelques années. Les crises passées ont montré que les jeunes profitent, dans une mesure supérieure à la moyenne, des phases de reprise économique.

Une bonne nouvelle à signaler dans le marasme ambiant: les aides vaudoises en faveur de l’apprentissage, à savoir 16 millions issus du fonds de lutte contre le chômage, ont permis une hausse de 1,3% du nombre d’apprentis en 2020. Il reste que former ces jeunes gens à l’heure du télétravail n’est guère évident. Un apprenant ne peut acquérir ni le métier ni la culture de l’entreprise depuis son domicile. A la CVCI, nous avons instauré un tournus en présentiel pour nos trois apprentis afin de pouvoir continuer à les former au mieux.

Entretenir sa soif d’apprendre

Les étudiants des Hautes écoles entrevoient pour leur part un horizon professionnel bouché. Dans l’attente d’un vrai redémarrage de l’économie, cette génération doit se montrer inventive et entretenir sa soif d’apprendre. Des solutions existent, comme reprendre ou poursuivre des études, suivre un stage pour acquérir de nouvelles compétences, se perfectionner ou, pourquoi pas, se réorienter. Les jeunes doivent prendre conscience qu’ils changeront plusieurs fois de métier au cours de leur carrière. Il leur faudra donc d’adapter à un monde professionnel en perpétuelle mutation, où la digitalisation prendra toujours plus d’importance.

En ce sens, la pandémie actuelle stimule l’inventivité et la faculté à s’adapter à un environnement complexe. L’expérience montre qu’une formation professionnelle solide a une incidence directe sur la santé de l’économie. De nombreuses études l’attestent. Aussi dure qu’elle soit, cette crise pourrait ainsi révéler des opportunités insoupçonnées à celles et ceux qui sauront les saisir. Pour mieux rebondir.

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Deux doses pour remédier à la sinistrose

La plus vaste campagne de vaccination de l’histoire suisse a débuté cette semaine. Même si elle apparaît assez lente au vu des enjeux, sa mise en œuvre reste l’un des moyens permettant de ramener l’indispensable confiance dont les milieux économiques ont tant besoin.

L’économie n’aime pas l’incertitude, elle a besoin de visibilité pour pouvoir envisager l’avenir. Dans le contexte pandémique que nous traversons depuis près de dix mois, les motifs d’entrevoir le bout du tunnel ne sont pas légion. Au milieu de ce marasme, la commercialisation récente de plusieurs vaccins contre le Covid-19 a fait naître l’espoir d’une résolution de la crise. Les marchés financiers ont salué ce vent d’optimisme par l’envol de leurs indices. Des experts se plaisent même à envisager la fin de la pandémie pour cet été. Ces promesses ne constituent certes pas une assurance tous risques, mais elles contribuent à restaurer la confiance, l’un des socles du rebond économique dont nous avons tant besoin.

Swissmedic, institut chargé de surveiller le marché des produits thérapeutiques dans notre pays, a autorisé le premier vaccin contre le Covid-19 en décembre dernier. Les personnes vulnérables peuvent d’ores et déjà se faire immuniser en recevant deux doses dans l’intervalle d’un mois. Fédéralisme oblige, chaque canton organise les vaccinations. La mise en place de ces campagnes est quelque peu chaotique. Entre des doses qualifiées d’insuffisantes, des commandes jugées tardives, le scepticisme d’une partie de la population et un certain manque de coordination, la grogne monte. Beaucoup d’entre nous peinent à comprendre ces atermoiements alors qu’un pays comme Israël, comparable à la Suisse en termes d’habitants, vaccine déjà à tour de bras.

Conditions cumulatives

A l’heure où la Confédération envisage de durcir le semi-confinement, sur la base de chiffres de contamination inquiétants, il paraît clair qu’une accélération de la vaccination serait la bienvenue, de même qu’une bonne politique de communication afin de diminuer la défiance à l’égard de l’acte vaccinal. Il reste qu’en attendant cette immunité collective, les gestes barrières (lavage régulier des mains, port du masque et distanciation sociale) et la discipline individuelle devront continuer à être respectés rigoureusement dans les espaces publics et privés. C’est à ces conditions cumulatives qu’il sera ensuite possible d’envisager un assouplissement des mesures actuelles. L’amélioration rapide de la situation épidémiologique permettra de limiter les dommages à notre économie.

Au-delà du vaccin, c’est bien d’une dose d’optimisme et de responsabilité individuelle dont nous avons tous besoin aujourd’hui.

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Evitons les mesures en yo-yo


On ne sait plus sur quel pied danser! En mars c’était la Confédération qui avait décrété le semi-confinement. Elle avait ensuite cédé les compétences aux cantons. A l’heure de la seconde vague, chaque canton a appliqué sa recette. Enfin, à la veille des Fêtes, à l’instar de Vaud, les cantons souhaitent une reprise en main fédérale… Du coup, toute la population attend avec anxiété les annonces du Conseil fédéral de vendredi, ce d’autant plus à l’aune des mesures prises par nos voisins européens.

Il est compréhensible que nos autorités avancent à tâtons dans cette situation exceptionnelle, partagées entre maintien de notre système de santé, de l’activité économique et des libertés des citoyens. La longévité de cette crise et le yo-yo des mesures – passant d’ouvertures à semi-ouvertures ou fermetures – contribuent à installer incompréhension et surtout lassitude. On le sent bien autour de nous: à l’optimisme de la nouveauté du télétravail durant la première vague fait écho aujourd’hui l’essoufflement. Le manque de contacts réels, professionnels comme privés, pèse. Et le poids est d’autant plus lourd quand les perspectives des Fêtes et d’une amélioration sont floues et assorties de règles strictes.

Une responsabilité collective

Pour l’heure, les cantons romands, qui se trouvent en dessous du taux de reproduction de 1 du virus, peuvent notamment appliquer des horaires d’ouverture plus larges. Et chacun observe ce taux, qui déterminera si cette situation perdurera, selon une analyse à trois jours. Le seul moyen de maintenir ce fragile équilibre consiste à se montrer prudent; les entreprises en appliquant des plans sanitaires strictes et en favorisant tant que faire se peut le télétravail.

Mais c’est surtout dans le cadre privé et durant les Fêtes que les autorités font appel à la responsabilité de chacun. Un terme qui prend tout son sens actuellement. De son application dépendra la durée de « l’exception romande » des conditions de nos activités. Sans autodiscipline, nous risquons bien de jouer au yo-yo avec les mesures encore un certain temps, et de prolonger la morosité ambiante, que tout le monde souhaiterait ranger dans la boîte des mauvais souvenirs. Se montrer responsable sur la durée, voilà la bonne résolution qui s’impose… pour le meilleur en 2021!

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Seule une économie prospère fait progresser les salaires

Dans le canton de Vaud, le salaire médian du secteur privé s’est accru de 6% entre 2008 et 2018. La classe moyenne s’est ainsi élargie et concerne aujourd’hui plus des deux tiers des salariés. Ce constat chiffré permet de rappeler le rôle primordial des entreprises dans notre prospérité.

Statistique Vaud vient de publier des chiffres très éclairants sur la structure des salaires du secteur privé dans le Canton en 2018. On y apprend ainsi que le salaire médian s’est établi à 5980 francs mensuels et, surtout, que les rémunérations ont progressé de 6% en dix ans. Cette augmentation s’est traduite par une forte baisse de la part des salariés touchant entre 3000 et 4000 francs et la hausse de la part de ceux gagnant plus de 5000 francs. «En d’autres termes, communique l’organisme cantonal, on assiste d’une part à l’élargissement de la classe moyenne et, d’autre part, à la diminution des postes à bas salaires. La classe moyenne concerne désormais 70% des salariés contre 65% en 2008.»

Dans la morosité pandémique actuelle, il est utile de rappeler le rôle primordial que joue la bonne santé de l’économie dans la prospérité d’une collectivité. On le voit bien aujourd’hui avec les mesures sanitaires liées au Covid-19 qui, pour légitimes qu’elles puissent être, ralentissent voire bloquent des pans entiers de l’activité économique. Les conséquences sont souvent dramatiques pour certains secteurs, comme l’hôtellerie-restauration et l’événementiel.

Les vertus de la valeur ajoutée

Ces statistiques montrent évidemment des différences de salaire médian très marquées selon les branches économiques considérées. Dans le secteur des assurances, il atteint ainsi 9020 francs. L’industrie pharmaceutique et les activités informatiques constituent d’autres exemples de branches où la rémunération est élevée. À l’autre bout de l’échelle, des secteurs d’activité comme l’hébergement et la restauration (4330 francs) et le commerce de détail (4700 francs), offrent des revenus plus modestes. Comme le relève Statistique Vaud, «les différences entre les branches sont étroitement liées à la valeur ajoutée que les entreprises sont capables de générer».

La diversité de notre tissu économique, constitué de PME et de multinationales, contribue à fortifier notre économie, mais elle permet aussi aux secteurs les plus innovants et les plus agiles de générer des profits qui permettront de proposer des salaires attractifs.

Les esprits chagrins objecteront que le salaire médian vaudois reste inférieur à la moyenne suisse (-270 francs). C’est oublier d’où revient le Canton, dont l’économie était à la traîne au début de ce siècle et dont les finances publiques étaient exsangues. Vingt ans plus tard, à travers l’une des impositions les plus lourdes du pays, Vaud présente des comptes enviables et un degré d’endettement très bas. C’est pourquoi il est indispensable que nos autorités redistribuent sous forme d’aides une partie de ce trésor de guerre à celles et ceux qui ont largement renfloué leurs caisses. Cette aide au redémarrage ne peut être que bénéfique pour notre prospérité future.

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Ces sociétés qui font rayonner le Canton dans le monde

La 7e édition du Prix Vaudois des Entreprises Internationales (PVEI*), que co-organise la CVCI, a récompensé ce soir trois sociétés qui savent s’adapter rapidement aux changements. Un signal fort dans le contexte pandémique que nous traversons.

Comme c’est le cas chaque année depuis 2014, trois entreprises ayant contribué de manière exemplaire au rayonnement international du canton de Vaud ont été récompensées du PVEI. La société américaine Intuitive Surgical Inc., pionnière de la chirurgie mini-invasive robot-assistée, l’a emporté dans la catégorie «Entreprise étrangère». Créée en 1995, elle compte plus de 7000 employés à travers le monde, dont 162 à Aubonne. Elle édite ou détient plus de 2900 brevets. La catégorie «Entreprise suisse» a souri au Groupe Boschung, leader mondial dans le développement et la production de technologies de gestion de l’état des surfaces de circulation. Cette société compte 11 succursales dans 10 pays, et plus de 600 employés dans le monde, dont environ 140 à Payerne. Elle réalise 80% de son chiffre d’affaires à l’exportation.

Enfin, le «Prix spécial du jury» est revenu à Green Motion SA, qui innove en matière de systèmes de recharge pour véhicules électriques. Labélisée Scale Up Vaud, l’entreprise compte une soixantaine de collaborateurs à Lausanne, et une dizaine à Zurich. Ses projets s’étendent notamment en Europe, aux Etats-Unis, en Chine, en Inde et en Israël. Les lauréats sont désignés sur la base d’une série de critères, parmi lesquels la présence d’un siège social dans le canton depuis trois ans au moins, une contribution à l’image du canton à l’étranger ou encore la création d’emplois localement.

Preuve de résilience

Situation sanitaire oblige, ces sociétés ont été primées sur le plateau de La Télé Vaud Fribourg en lieu et place de l’habituel grand auditoire de l’IMD. Ainsi, même dans des circonstances particulièrement difficiles comme celles que nous vivons cette année, cet événement incontournable du calendrier de la vie économique vaudoise a pu se tenir, et cela est réjouissant. A mes yeux, le PVEI tombe à pic pour montrer combien l’écosystème entrepreneurial vaudois va de l’avant et développe sans cesse de nouveaux produits et processus, a fortiori dans un contexte absolument hors norme. Les entreprises ont démontré leur résilience, leur capacité à s’adapter et à innover.

Si la situation économique reste encore marquée du sceau de l’incertitude, les entreprises actives au plan international ont besoin de débouchés sur les marchés extérieurs. Le rejet, en septembre dernier, de l’initiative dite de «résiliation» a dû les rassurer quant à la volonté des Suisses de rester ouverts sur le monde. Le moral des grandes entreprises et des PME a par ailleurs dû remonter avec l’issue heureuse des votations fédérales de ce week-end. L’initiative «Entreprises responsables», avec ses exigences extrêmes, menaçait clairement notre économie. Le contre-projet indirect, à la fois exigeant et réaliste, assoira la volonté déjà établie des sociétés d’œuvrer dans le respect de l’environnement et des droits humains.

Une certitude, à l’heure de songer à 2021: les entreprises devront continuer à se montrer inventives pour faire face aux nombreux défis à venir, dont la numérisation n’est pas le moindre.

Quand rien n’est facile, il faut être agile.

* Le PVEI est décerné conjointement par le Département de l’économie, de l’innovation et du sport (DEIS), la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie (CVCI) et Innovaud.

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Quand l’éthique connaît des hics

Des entrepreneurs stigmatisés pour leur soutien au contre-projet à l’initiative «Entreprises responsables», un texte à l’intitulé détourné, des tous-ménages utilisant des logos de médias sans leur consentement: les initiants ne montrent pas vraiment l’exemple qu’ils prêchent.

Rarement campagne aura été aussi âpre dans l’histoire politique suisse. Celle sur l’initiative «Entreprises responsables», soumise au vote du peuple et des cantons ce dimanche, n’a cessé de déraper. Les auteurs de ce texte qui se veut vertueux et exemplaire multiplient les écarts – pour ne pas dire les encarts – ces dernières semaines. Ils ne se contentent plus de stigmatiser les entrepreneurs qui privilégient le contre-projet équilibré proposé par les Chambres fédérales. Ils bafouent allègrement les règles éthiques dont ils se réclament.

Evoquons tout d’abord l’intitulé même de l’initiative: «Entreprises responsables». Elle est devenue, par un tour de passe-passe, «Multinationales responsables», y compris sur les drapeaux appelant à la soutenir qui se multiplient sur les balcons. L’idée est claire: faire croire que seules les grandes entreprises internationales sont concernées. Or il n’en est rien: des milliers de PME pourraient être impactées par les exigences excessives de cette initiative. Abuser ainsi les citoyens n’est guère éthique, on en conviendra aisément. Que dire, ensuite, de l’armada d’internautes qui sévissent sans cesse sur les réseaux sociaux? Prompts à fustiger toutes celles et ceux qui osent se prononcer en faveur du contre-projet, ils ne donnent que rarement l’exemple de bretteurs dignes de ce nom.

Et puis il y a cette série de tous-ménages qui riment eux aussi avec dérapage. L’un d’eux affichait sans vergogne le logo du «Matin dimanche» à l’appui d’une interview où l’ancien parlementaire Dick Marty donnait des leçons de comportement aux entreprises. Plus récemment, un autre tout-ménage a repris le logo de la RTS, ainsi qu’une une fausse citation. Tant l’éditeur Tamedia que la TV publique envisagent la voie judiciaire. Pour de nombreux spécialistes du droit des médias, ces méthodes sont discutables au regard du droit d’auteur et de la protection de la personnalité, car elles laissent entendre que ces entreprises ont pris position en faveur des initiants. Pour le reste, ces tous-ménages à répétition donnent une idée du budget confortable dont disposent ceux qui dénoncent les moyens engagés par les milieux économiques.

Le oui en recul

Ces couacs en cascade ne sont probablement pas étrangers au recul du oui que l’on observe depuis quelque temps dans les sondages consacrés à cet objet. En quelques semaines, nous sommes passés d’un quasi plébiscite de l’initiative à une dernière ligne droite qui s’annonce serrée. C’est l’occasion de rappeler que le contre-projet indirect opposé à ce texte n’est pas la coquille vide que dénoncent les initiants. Il est à la fois exigeant et réaliste. Contrairement à l’initiative, il précise clairement les obligations des entreprises et vise particulièrement le travail des enfants et les minerais à risque. Il repose sur des instruments éprouvés au niveau international et place notre pays dans le groupe de tête des pays en matière de responsabilité des entreprises.

Comme dans toute initiative, chaque camp avance ses arguments dans une démarche démocratique. Avec cette campagne, un pas dangereux a été franchi puisque les initiants manichéens divisent et font pression en cherchant à classer les opposants dans le camp des méchants. Cela ne rend pas service à notre démocratie. Une raison supplémentaire de glisser un non résolu à cette initiative dans l’urne.

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Le télétravail, entre avantages et défis

La deuxième vague du Covid-19 marque le retour en force du travail à domicile, imposé par le Canton «partout où cela est possible», ce qui ne va pas sans contraintes pour le monde de l’économie. Un challenge en termes d’organisation, de communication, de protection des données et de cybersécurité.

Au début de ce mois, le gouvernement vaudois a durci les mesures anti-Covid en prononçant l’état de nécessité. Dans la foulée, il a imposé le télétravail «partout où cela est possible, dans les administrations publiques comme dans les entreprises privées». Pour ces dernières, cela représente un immense défi, car dans leur immense majorité, elles ont joué le jeu en instaurant un respect strict des gestes barrières et des plans de protection rigoureux afin de poursuivre leurs activités sur site. Elles se plient donc aux injonctions étatiques, mais cela ne va pas sans difficultés. D’autant que le caractère «possible» du travail à domicile est sujet à interprétation. Il ne s’agit pas que d’une question d’informatique. A notre sens, il doit notamment être techniquement réalisable, ne pas nécessiter d’investissements démesurés et ne pas empêcher la bonne marche de l’entreprise.

Les résultats de notre enquête conjoncturelle d’automne montrent certes que le home office procure certains avantages. Parmi eux figurent la réduction du stress lié aux déplacements (pour 66% des sondés), un meilleur équilibre entre vie privée et professionnelle, ainsi qu’une augmentation de la satisfaction des employés (59%). Un sondage publié ce printemps abonde dans ce sens: le travail à domicile a connu un essor et un succès considérables pendant le semi-confinement en Suisse. Plus encore, la grande majorité de celles et ceux qui l’ont pratiqué en redemandent.

Notre enquête montre surtout que ce mode de fonctionnement confronte les firmes à de nombreuses difficultés: la communication avec les employés (51%), la protection des données et la cybersécurité (42%), ainsi que le contrôle du respect des horaires de travail (30%). La mise en place de l’infrastructure nécessaire constitue également un challenge pour un tiers des entreprises sondées.

Rien ne remplace les échanges directs

Le télétravail n’est ainsi pas sans défauts. Pour les sphères dirigeantes, il complique singulièrement l’organisation et la gestion de l’entreprise. L’exécution des tâches et le suivi des projets souffrent et nécessitent une énergie démultipliée dans un contexte déjà complexe. L’efficacité pâtit clairement de l’absence de «vrais» contacts. Rien ne peut remplacer les échanges directs avec les collègues, ni même les pauses à la cafétéria, qui contribuent à renforcer l’esprit d’équipe.

Le home office n’est par ailleurs pas fait pour tout le monde, notamment pour des questions d’espace. Travailler depuis un appartement exigu occupé par plusieurs personnes ne permet certainement pas d’accomplir ses tâches dans les meilleures conditions. Ce mode de fonctionnement implique de garder un rythme, de trouver une routine, d’organiser un espace de travail, de s’aérer et de bouger. Certains collaborateurs, en outre, n’apprécient tout simplement pas de travailler à distance.

La pandémie a initié un mouvement irréversible, et il n’est bien sûr pas question de renoncer au télétravail. Il semble d’ailleurs s’inscrire comme un outil permanent, puisque seules 17% des entreprises que nous avons sondées prévoient de ne plus y avoir recours une fois la crise passée. Dans ces conditions, il me paraît indispensable de porter une vraie réflexion sur un phénomène appelé à durer. Les entreprises devraient établir une charte pour en cadrer les modalités. Les organisations économiques de Suisse romande, dont la CVCI, ont d’ailleurs élaboré une «Convention de télétravail» qui constitue un modèle, adaptable en fonction des spécificités des entreprises. A chacune d’entre elles de mettre en place le système approprié.

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