Des aides d’urgence nécessaires qui sont parfois inaccessibles

Le Conseil fédéral a récemment décidé de relever l’aide aux cas de rigueur de 2,5 milliards de francs. C’est positif, mais certaines entreprises ne pourront pas en bénéficier en raison de critères trop restrictifs. Le sondage effectué auprès de nos membres en atteste.

Avec l’écoulement du temps, le Conseil fédéral prend conscience des graves difficultés que rencontrent de nombreuses entreprises touchées par les semi-confinements successifs décrétés depuis bientôt une année. La semaine dernière, vu l’évolution de la situation, le gouvernement a décidé de relever l’aide aux cas de rigueur de 2,5 milliards de francs. Il soumettra au Parlement la modification législative requise à cet effet lors de la session de ce printemps. Au total, ces contributions atteindront donc 5 milliards. Cette enveloppe permet aux cantons de soutenir les entreprises saines qui, sans faute de leur part, se trouvent en situation de détresse en raison de la crise liée au Covid-19.

Ce doublement est une bonne chose, évidemment. Il reste que les conditions permettant d’obtenir ces aides les rendent inaccessibles à de nombreuses d’entreprises. Pour pouvoir en bénéficier, celles qui, par exemple, n’ont pas dû fermer doivent prouver au canton que leur chiffre d’affaires 2020 est inférieur de plus de 40% au chiffre d’affaires moyen des années 2018 et 2019.

Sondage révélateur

La CVCI a voulu en avoir le cœur net en sondant ses membres sur ce thème entre le 19 et le 25 janvier. A la question de savoir si leur société allait déposer une demande d’aide, près de 45% des sondés ont répondu par la négative, car leur entreprise ne remplit pas les critères pour pouvoir en bénéficier. Lorsqu’on leur a demandé si ces conditions étaient encore trop sélectives, près de 65% ont répondu par l’affirmative. Autre point soulevé dans cette prise de température: à peine 2,5% des entrepreneurs ayant formulé une demande d’aide disent l’avoir obtenue rapidement, près de 40% l’ont jugée trop lente, alors qu’un peu moins des deux tiers n’avaient pas encore déposé de demande.

Même si, malheureusement, il restera toujours des entreprises qui passeront entre les mailles du filet, les résultats de notre sondage attestent d’un certain désarroi dans le monde entrepreneurial. A titre de comparaison, le canton de Genève a fait un geste en prenant en compte des entreprises ayant perdu entre 25% et 40% de leur chiffre d’affaires. Pour le canton de Vaud, j’espère que la mise en place du Fonds de soutien à l’industrie, auquel plus de la moitié des entreprises industrielles que nous avons sondées entendent recourir, sera accessible dans les meilleurs délais pour permettre à notre industrie de reste innovante.

La balle est plus que jamais dans le camp du Conseil d’Etat pour que les aides soient délivrées rapidement et que des solutions soient trouvées pour éviter les effets de seuil. En marge de ces mesures financières, nul doute que l’accélération du programme vaccinal, auquel le monde de l’économie prête son concours, permettra de sortir rapidement du semi-confinement et, par-là, de relancer notre économie.

Photo: AdobeStock

Claudine Amstein

Claudine Amstein est la directrice de la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie, depuis 2005. Après avoir été juriste et secrétaire générale de la Chambre vaudoise immobilière, elle en reprend la direction en 1993. Elle a été constituante au Grand Conseil vaudois, avant d’en être députée pendant dix ans. Elle est très engagée dans les associations faîtières de l'économie suisse.

2 réponses à “Des aides d’urgence nécessaires qui sont parfois inaccessibles

  1. Voilà mon experience :
    Il me manquait une date sur un formulaire, et la demande est rejetée! En plus avec la suspicion du préposé…. Plus de 20 ans d’entreprise en Suisse.
    Donc pour ma part, suite à la réponse de l’état, j’ai décidé en 3 minutes de délocaliser mon entreprise et de congédier mes 15 ingénieurs, tous de très haut niveau, experts chacun dans des domaines informatiques. Ils vont pour la plupart grossir les rangs des chômeurs en Suisse Romande.
    J’en ai marre de ces bureaucrates et de se faire plumer par l’état.

  2. On entendra de plus en plus ce genre de réaction car il est vrai nous sommes “suspect” dés qu’on s’adresse à l’administration pour demander une aide pour notre entreprise, pour ne pas perdre la valeur des employés que nous avons formé!
    Depuis cette fameuse phrase idiote de “l’oreiller de paresse” on doit se battre contre la suspicion des administrations, contre des bureaucrate ou des fonctionnaire qui n’ont visiblement pas la responsabilité du patron qui doit défendre des salaires et de surcroit des familles !
    Et quand on entend l’autre Conseiller Fédéral pleurer que l’état perd chaque jour de l’argent et qu’en définitive le peuple lui coute cher c’est vraiment un gros sentiment de honte que j’ai pour certains !
    Quand il claironnait sur les toits que la Suisse était depuis des dizaines d’années bénéficiaire, il était fier de son “résultat”.
    Bref, c’est navrant de constater que nos jeunes, nos étudiants, nos restaurateurs, nos indépendants, vont devoir souffrir car nos autorités n’ont jamais rien anticipé et prévu pour eux !

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