Frontex: les dérives de la politique migratoire européenne

Dans son édition du 26 avril, Le Temps nous apprend qu’un article lié à Frontex est censuré par l’Office fédéral des douanes (OFDF). Le journaliste du Temps cherchait à répondre à la question fondamentale de cette votation : « En participant à Frontex, la Suisse renforce-t-elle la protection des droits fondamentaux des migrants ou ne se fait-elle pas la complice des corps nationaux de garde-frontières – notamment celui des Grecs – qui n’hésitent pas à les refouler sans scrupules ? »

 

Censure

L’OFDF n’a pas autorisé la parution de l’article qui contenait le portrait déjà réalisé d’un garde-frontière genevois et a refusé toute demande d’interview de son vice-directeur, membre du conseil d’administration de Frontex. On ne peut que regretter cette attitude, qui met forcément la puce à l’oreille.

La question du journaliste était pourtant dans le mille. En moins d’une décennie, des dizaines de milliers de personnes ont péri en Méditerranée. Aux portes de l’Europe, de ses ports, de ses plages, de ses stations balnéaires. Chaque année, ce drame humain se reproduit, et de nouveaux corps agrandissent le grand cimetière bleu, sous les yeux indifférents des dirigeant·e·s et des populations européennes. Ce tragique constat, il convient de le garder à l’esprit lorsque l’on parle de politique migratoire européenne et lorsque se pose la question de l’augmentation du budget de l’Agence Frontex.

 

Bafouement du droit international

Frontex, c’est l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes. Cette agence fait l’objet de nombreuses critiques, en raison notamment de son manque de transparence et des violations des droits humains qu’elle ne dénonce pas ou dont elle se rend coupable. Des enquêtes journalistiques et des rapports d’organisations d’aide aux réfugié·e·s font état de renvois collectifs et de refoulements bafouant le droit international. Des violences à l’encontre des personnes migrantes sont relatées aux frontières de l’Europe, sans que les pays membres de l’UE n’interviennent. Du fait des agissements de Frontex, les droits des réfugié·e·s ne sont pas respectés. L’agence est notamment accusée d’avoir participé à des opérations consistant à repousser des embarcations de migrant·e·s au large des côtes (opérations dites «push-back»). Le 27 avril, une enquête publiée par le quotidien Le Monde et Lighthouse Reports a démontré qu’entre mars 2020 et septembre 2021, Frontex a répertorié des renvois illégaux de migrants, parvenus dans les eaux grecques, comme de simples “opérations de prévention au départ, menées dans les eaux turques”.

Image: pixabay.com

En couvrant – voire en prenant part à – ce genre de pratiques au lieu de les dénoncer, Frontex empêche les personnes migrantes de faire valoir leurs droits et de déposer une demande d’asile, étape initiale et indispensable de toute procédure d’asile.

 

L’augmentation massive du budget de Frontex de la part de la Suisse et des autres États membres des accords Schengen contribuera à renforcer davantage la militarisation de l’Agence, alors même qu’elle souffre de graves dysfonctionnements.

 

La contribution de la Suisse à Frontex s’élevait à 24 millions de francs en 2021. L’extension prévoit une contribution de 61 millions en 2027. L’augmentation massive du budget de Frontex de la part de la Suisse et des autres États membres des accords Schengen contribuera à renforcer davantage la militarisation de l’Agence, alors même qu’elle souffre de graves dysfonctionnements, ayant entre autres conduit à la récente démission de son directeur le 28 avril dernier. L’objectif principal de cette augmentation de budget n’est pas de garantir un meilleur respect des droits humains des personnes migrantes, mais de continuer à fortifier les frontières européennes et à mener une politique de repli incompatible avec les traités internationaux relatifs aux droits des réfugié·e·s.

 

Plus simple de fermer les yeux?

Contrairement à ce que l’on peut parfois entendre et lire autour de Frontex, la votation ne porte pas sur le retrait ou non de la Suisse de l’espace Schengen, avec ses conséquences en matière de sécurité ou de voyages touristiques. Les Vert·e·s soutiennent d’ailleurs les accords Schengen et la collaboration interétatique qu’ils prévoient. L’objet de la votation du 15 mai prochain, c’est l’arrêté fédéral ayant trait à l’extension de Frontex. En cas de non, la Suisse ne serait pas automatiquement exclue des accords Schengen mais des négociations avec les États membres de l’UE et la Commission européenne auraient lieu.

En effet, il serait plus simple de continuer à fermer les yeux sur ce qui se passe aux frontières de l’Europe. Mais au prix de rendre la Suisse coresponsable de violations des droits humains en soutenant une telle politique migratoire?

 

En s’opposant à l’extension de Frontex, le peuple suisse a la possibilité d’envoyer un signal fort non seulement au Parlement et au Conseil fédéral, en les exhortant de retravailler un projet davantage orienté sur le respect des droits humains.

 

Pourquoi ce référendum?

Durant les débats parlementaires concernant la reprise du règlement européen relatif à Frontex, des propositions visant un engagement plus important de la Suisse en matière de droits humains avaient été émises par les partis de gauche. Mais elles ont été refusées par le Parlement!

 

Image: flickr.com

En s’opposant à l’extension de Frontex, le peuple suisse a la possibilité d’envoyer un signal fort non seulement au Parlement et au Conseil fédéral, en les exhortant de retravailler un projet davantage orienté sur le respect des droits humains, mais aussi à l’agence Frontex elle-même, en montrant que ses actions et sa politique ne sont pas acceptables. De ce fait, la Suisse rejoindrait les critiques proférées par le Parlement européen ainsi que de nombreux médias et associations d’aide aux personnes migrantes à l’encontre de Frontex. Dans le but de conduire à une réforme plus large de la politique européenne, aujourd’hui dans l’incapacité de répondre aux défis migratoires avec humanité et respect de la dignité des personnes en exil. Les migrants ne sont pas des délinquants mais des personnes qui sont en situations de détresse !

 

 

Christophe Clivaz

Christophe Clivaz est le premier conseiller national vert valaisan. Il a été auparavant député (2013-2016) et conseiller municipal à Sion (2009-2019). Politologue de formation (Dr. en administration publique), il s'est spécialisé dans l'étude du tourisme alpin. Il est professeur associé à mi-temps à l'Institut de géographie et durabilité de l'Université de Lausanne, sur le site de Sion.

26 réponses à “Frontex: les dérives de la politique migratoire européenne

  1. Je me permets de citer la dernière phrase de Jacques Neirynck de son article du 29 avril 2022 “Où sont nos frontières ? Qui doit les garder?” :
    “A quoi riment les combats d’arrière-garde de l’extrême droite drapée dans la neutralité et de l’extrême gauche dans un fantasme humanitaire ?”

    Lorsqu’un UDC qualifie votre positionnement d’extrême gauche, il n’y a rien de choquant puisque le propos vient d’un extrême droite.
    Mais lorsqu’un ancien député PDC pro-européen, qualifie votre positionnement d’extrême gauche, là je m’inquiète réellement de l’orientation prise des dirigeants des Verts (et du PS notamment).

    Non seulement vous mettez toute la faute des dérives humanitaire sur une agence qui dépend complètement des gouvernements des pays européens (ce ne sont pas les gardes-frontières grecs qui décident de refouler des migrants sans scrupules, mais le gouvernement grec lui-même!), mais surtout vous occultez entièrement le travail de Frontex sur la prise en charge des réfugiés ukrainiens ainsi que le projet de l’UE à entièrement restructurer cette agence.
    J’ai dans ma profonde conviction que pour réformer et lutter contre les dérives humanitaires, la Suisse est plus utile en coopérant avec l’UE et Frontex qu’en donnant un “simple signal” comme si la Suisse se prenait pour le Juge Suprême du respect des droits humains sans bouger un seul pouce. Pour moi, c’est appliquer la mentalité de l’UDC de vouloir exclure toute coopération et financement, même temporairement, parce qu’il y a un élément dérange.

    Lors du grand débat sur Forum à la RTS du 26 avril, la députée du Centre Isabelle Chassot a parfaitement démontré juridiquement qu’un refus le 15 mai impliquerait à terme une sortie de Schengen. Face à cette démonstration, Lisa Mazzone n’a donné aucun argument juridique pour la contredire, même lorsque Madame Chassot a qualifié les propos de Mme Mazzone de malhonnêteté intellectuelle. Evoquer que des nombreux médias et des ONG dénoncent les dérives ne change rien au fait que la Suisse (qui est un pays et non une association) est engagée à respecter des accords.
    Alors qui a raison ? Qui croire ? Libre à tous d’avoir son propre avis. Pour ma part, je fais le constat que les voix modérées qui cherchent à construire plutôt que déstabiliser se font de plus en plus rare dans votre parti que je qualifie désormais d’extrême et donc dangereux.

  2. Avez-vous lu l’arrêt de la Grande Chambre de la cour européenne des droits de l’homme qui confirme la légalité des push-backs, lors de franchissements illégaux des frontières ?

    https://hudoc.echr.coe.int/eng?i=001-201354

    Vous soutenez que la cour chargée de l’examen des droits humains se trompe ? ou êtes-vous désinformé par les lobbies de l’accueil des requérants d’asile ?

    1. J’insiste.
      On le voit avec l’Ukraine.
      Il est possible pour des réfugiés, même par millions fuyant une guerre atroce, de se présenter aux différents postes frontière, de donner leur identité (avec un passeport) et donc de respecter les conditions posées par l’Etat pour déposer une demande d’asile.

      La Cour européenne des droits de l’homme a raison d’insister sur le fait qu’il n’existe aucun motif raisonnable de forcer le passage à la frontière ou de s’introduire clandestinement dans un Etat qui a des postes de douane ouverts.

      Je suis choquée que cette jurisprudence de la plus haute autorité en matière de droits humains est totalement absente du débat public. Je parlerais à l’égard de la presse de désinformation par omission.

      Je cite:
      “201. De l’avis de la Cour, le même principe doit également s’appliquer lorsque le comportement de personnes qui franchissent une frontière terrestre de façon irrégulière, tirent délibérément parti de l’effet de masse et recourent à la force, est de nature à engendrer des désordres manifestement difficiles à maîtriser et à menacer la sécurité publique. À cet égard, toutefois, la Cour, dans son examen du grief sous l’angle de l’article 4 du Protocole no 4, attachera une grande importance à la question de savoir si, dans les circonstances de l’espèce, l’État défendeur a offert un accès réel et effectif à des possibilités d’entrée régulières, et en particulier à des procédures à la frontière. Lorsque l’État défendeur offrait pareil accès mais qu’un requérant n’en a pas fait usage, la Cour devra alors rechercher, dans le contexte de la cause et sans préjudice de l’application des articles 2 et 3, si des raisons impérieuses reposant sur des faits objectifs dont l’État défendeur était responsable ont empêché l’intéressé d’y recourir.”

      1. Je ne suis pas juriste mais je ne partage pas votre avis selon lequel la Cour européenne des droits de l’homme « confirme la légalité des push-backs ». Le jugement en question concerne des migrants ayant escaladé une clôture pour entrer illégalement sur le territoire espagnole, dans une action de masse. La citation que vous mentionnez parle d’ailleurs de “frontière terrestre”. Ici on est dans une situation différente: des migrants entassés sur des embarcations qui sont repoussées en mer par des gardes-côtes et dont la vie est mise directement en péril.

        1. “Ici on est dans une situation différente”

          Je ne vous suis pas.

          La révision de frontex prévoit justement d’allouer plus de ressources à l’officier aux droits fondamentaux, un service indépendant chargé de vérifier que les droits des migrants sont respectés lors d’interventions aux frontières extérieures.

          Or, en ce qui concerne la Méditerranée, c’est précisément la mission de frontex de sauver des vies.

          https://www.consilium.europa.eu/fr/policies/eu-migration-policy/saving-lives-at-sea/

          Pour la Turquie/Grèce:
          https://frontex.europa.eu/we-support/main-operations/operation-poseidon-greece-/

          Les officiers aux droits fondamentaux pourront s’assurer que ces dysfonctionnements ne se reproduisent pas. Voir:

          https://www.lemonde.fr/international/article/2022/04/27/refoulements-en-mer-egee-les-recensements-errones-ou-mensongers-de-frontex_6123944_3210.html

          Pourquoi s’y opposer ? C’est une avancée positive. Elle est même dénoncée par la droite ultra comme une réforme en vue de la surveillance des droits des migrants.

          https://www.lefigaro.fr/vox/politique/la-commission-europeenne-veut-transformer-frontex-en-agence-de-surveillance-des-droits-des-migrants-20220503

          Par rapport à l’arrêt de la CEDH, il concerne la frontière terrestre, effectivement. Et c’est la difficulté: peut-on repousser une embarcation s’il existe à proximité un poste de douane ouvert sur la frontière terrestre? Le chef de frontex a dit oui, et a démissionné pour cela. C’est une question qui n’a toutefois aucun rapport avec la votation.

    2. “Désinformé par les lobbies de l’accueil des requérants d’asile” hahahahha Oh celle-ci elle est quand même très belle !
      Alors je ne sais pas si c’est du second degré (je l’espère?) mais si ce n’est pas le cas il s’agirait quand même de se poser la question; comment des personnes qui n’ont pas les moyens de se payer un transport sans devenir esclaves à leur arrivée peuvent-elles monter un lobby assez puissant pour aller manipuler des politiciens suisses ?
      Je crois que poser la question c’est d’y répondre….
      Mais attention, je trouve super que la droite commence enfin à se poser la question de l’influence des lobbies dans notre politique et ce n’est clairement pas trop tôt! Mais bon, pour avoir un pouvoir il faut de l’argent et si possible plus que le lobby d’en face…… ABE. (idem pour les fameux “lobbies verts” qui mettent des bâtons dans les roues aux gentils pétroliers qui n’ont pas les moyens de se défendre….)

      1. En Suisse, le peuple a fait le choix de créer une administration et de confier au service public l’accueil des migrants. Ce qui est une bonne chose.

        Nous sommes toutefois le seul pays au monde où l’ultra gauche manifeste dans la rue pour retirer des tâches publics de l’Etat pour les confier au privé ! Donc, les lobbies de l’accueil = celles et ceux qui ont/rentent de convaincre le parlement de privatiser des tâches publiques dans le domaine de l’asile, que le peuple voulait pourtant confier à l’administration. Avocats (non inscrits au barreau), représentants juridiques (sans formation juridique), organisations religieuses (EPER), etc.

        Par exemple, à quoi sert le financement public de l’OSAR ? et pourquoi n’y a-t-il aucune personne issue de la migration dans les structures de ce lobby ?
        https://www.osar.ch/a-notre-sujet/organisation

        Par exemple, pourquoi y a-t-il autant de politiciens dans le “comité” de asylex ?
        https://asylex.ch/?about

        1. Ah ces sal**ds, ça y est, mes yeux sont ouverts, merci.
          J’ai toujours su que Caritas, Amnesty international et l’Armée du Salut étaient en fait des réptiliens illuminatis qui cherchaient à s’enrichir sur la misère des pauvres!
          Heureusement qu’il existe encore des politiciens honnêtes qui se contentent d’avoir des liens avec la pharma et les assurances, la diversification c’est la mort de notre système politique.
          Grâce à vous on va mettre un coup de pied dans la fourmilière de ces puissants milliardaires qui amènent tous ces étrangers à grands coups de lobbyisme pour déclancher une guerre civile en nous grand-remplaçant pour assouvir leur désires sexuels sur mineurs.
          Vous êtes membres chez QAnon ou uniquement consultant à temps partiel?

          1. Ahaha… cher troll, vous avez lu mes critiques contre ceux qui ont refusé de se vacciner ? 🤭😉

  3. Lorsqu’on est politicien, on a un devoir de responsabilité. Que des militants se mettent des œillères idéologiques, on comprends, on ne leur demande pas d’être futé.
    Pour tous responsables politiques, l’important est la stabilité de la société. Les sociaux démocrates suédois ont admis les problèmes et vont dans la restriction de l’immigration extra européenne. Ils admettent le lien entre l’immigration et les violences des quartiers. La Suède est le pays où se déchaîne le plus de violences en Europe. L’intégration à échoué parce qu’il faut être 2, et beaucoup de migrants ne veulent pas être intégrés parce qu’ils haïssent le pays hôte.

    Une partie de la gauche comme vous, fait le lit de l’extrémisme. Pourquoi d’après vous le conservatisme monte en Europe.

    Bref, la responsabilité c’est assurer la stabilité de la société en la préservant de la violence, et non de se la jouer “camp du bien”.
    Les bisounourseries pour les militants et la réal politique pour ceux qui ont un sens de responsabilité. C’est ça que la population demande, pas le mélange des genres.

    Quant à la votation sur Frontex, la gauche se tire une balle dans le pied, le vote donnera plus de force à une politique de restriction des migrants.

    L’immigration doit être choisie, qu’importe la couleur, si ils sont martiens, l’important c’est l’intégration. Si certains ne veulent pas s’intègrer, ils n’ont rien à faire ici. Les droits vont aussi dans le sens du migrant envers l’Etat hôte.

    A quand le retour d’une gauche sociale ?
    La gauche sociétale donne des nausées. Faut-il des déconfitures électorales pour comprendre?

    1. Pouvez-vous expliquer, hors logique de parti, comment s’intégrer si on est a priori refoulé.e?

      1. Je le dis, immigration choisie.
        Le lien entre une forme d’immigration et violence est établi. La politique peut se la jouer bisounours, mais les peuples répondent par le populisme. Le revirement de la politique suédoise est l’exemple.
        En démocratie, on ne peut passer sur le dos du peuple sans conséquences. Donc, si on veut une société stable, il faut choisir. Les réfugiés, c’est un autre domaine.

  4. Il y a une procédure de demande d’asile ou de séjour dans toutes les ambassades et consulats à travers le monde, ceux qui ne respectent pas ces procédures ne doivent pas avoir le droit d’entrer illégalement dans un pays et doivent être refoulés d’où ils viennent.
    En méditerranée, les navires de ONG se positionnent près des côtes et des passeurs pour organiser cette immigration illégale d’autant que d’après la législation maritime, ces navire devraient débarquer ces “naufragés” dans le port le plus proche qui est … sur le continent africain et non pas en Europe.
    Vous n’entrez pas illégalement dans un pays, alors je ne vois pas pourquoi nous devrions accepter la réciproque.
    Par ailleurs, ces migrants bien renseignés par ces ONG leurs inculquent tous leurs droits pour ne pas risque de voir leur demande refusée, en particulier, détruire leurs papiers et prétendre être mineur par exemple, puis ensuite faire venir toute leur famille….

    1. La Suisse a supprimé la possibilité de déposer une demande d’asile dans une représentation diplomatique le 29 septembre 2012. Et la Convention de la Haye interdit à la Suisse d’examiner une demande d’asile dans le pays d’origine. Il ne faut pas leur opposer des éléments que le législateur suisse a délibérément supprimé…

      Il reste la possibilité de demander un visa humanitaire, pour venir déposer une demande d’asile en Suisse. Mais notre pays est hyper restrictif…

    2. C’est faux: il n’est pas possible de déposer une demande d’asile dans une ambassade. Le site https://www.ch.ch/fr/etrangers-en-suisse/entree-et-sejour-en-suisse/asile/ l’explique: “Il n’est pas possible de déposer une demande d’asile en Suisse à l’étranger. Vous pouvez demander un visa humanitaire auprès d’une ambassade ou d’un consulat helvétique à l’étranger afin de pouvoir entrer en Suisse. Mais seulement si votre vie ou votre intégrité physique sont directement, sérieusement et concrètement menacées. Une crise ou une guerre généralisée dans le pays ne sont pas suffisantes. Les chances d’obtenir un visa humanitaire sont faibles.”
      Les Vert.e.s demandent d’ailleurs de rendre à nouveau possible ces demandes dans les ambassades, ce qui limiterait le nombre de personnes prenant le risque de mourir en traversant la Méditerranée sur des rafiots et réduirait aussi passablement le business des passeurs encouragés par le système actuel.

      1. “Les Vert.e.s demandent d’ailleurs de rendre à nouveau possible ces demandes dans les ambassades, ce qui limiterait le nombre de personnes prenant le risque de mourir en traversant la Méditerranée sur des rafiots et réduirait aussi passablement le business des passeurs encouragés par le système actuel.”

        C’est problématique comme proposition.
        Les migrants déposent certes une demande d’asile, mais l’écrasante majorité des demandes d’asile des jeunes hommes africains sont rejetées et ils le savent. Ils comptent dès lors sur la possibilité de se maintenir sur le sol européen après le rejet de leur demande d’asile, compte tenu de l’écoulement du temps.

        Si l’on veut se montrer humain dans l’accès aux demandes d’asile, on est dès lors obligé de se montrer implacable dans l’exécution des décisions négatives. Jamais, en effet, la population n’accepterait de payer (l’examen des demandes d’asile coûte 3 milliards chaque année au contribuable suisse, fédéral et cantonal) si les migrants déboutés sont autorisés à rester.

        Ce qu’il faut, c’est favoriser la création de safe haven en Afrique, soit des cités qui offriraient du travail, de la sécurité et un accès non discriminatoire aux voisins. C’est ce que le Kenya, le Ghana et le Sénégal, ainsi que l’Ethiopie, acceptent de faire.

        Par exemple: il est déraisonnable d’organiser le déplacement d’un Gambien jusqu’en Europe, alors qu’il peut vivre décemment et en toute sécurité au Sénégal; les Erythréens peuvent vivre en Ethiopie, les Guinéens au Nigéria, etc.

        Si vous voulez éviter des noyades dans la Méditerranée, il faut appliquer la solution anglaise. Vous venez clandestinement en Europe, en mettant votre vie en danger ? vous êtes reconduits automatiquement et sans aucune exception vers un safe haven de votre continent de départ.

        C’est le seul moyen de dissuader les migrants de risquer leur vie pour venir en Europe.
        Et il faut arrêter de croire qu’il n’y a de salut qu’en Europe. L’Afrique est un continent magnifique, avec des opportunités fantastiques, et du travail.

  5. Monsieur le parlementaire,

    Avez-vous lu la position suédoise?

    https://www.lefigaro.fr/vox/monde/la-classe-politique-suedoise-a-fait-un-virage-a-180-degres-sur-l-immigration-20220503

    “La classe politique suédoise a fait un virage à 180 degrés sur l’immigration”

    Commentant les émeutes que connaît la Suède, la première ministre sociale-démocrate a affirmé que l’intégration des immigrants était un échec. Cette appréciation fait désormais presque consensus parmi les décideurs publics en Suède, argumente le chercheur Tino Sanandaji.

    LE FIGARO. – Alors que des émeutes ont éclaté en Suède dans des quartiers à forte population immigrée, après la venue supposée d’un activiste d’extrême droite coutumier des provocations, comme brûler des corans, la première ministre suédoise a déclaré: «L’intégration a été trop faible tandis que nous avons connu dans le même temps une immigration massive.» Son propos représente-t-il une rupture inédite?

    Tino SANANDAJI. – Ce n’est pas une rupture sans précédent en tant que telle: cette déclaration est à remettre dans le contexte d’une évolution profonde du parti social-démocrate suédois ces trois dernières années. Jusqu’en 2019, la position officielle du parti était que l’immigration n’avait pas d’impact sur la criminalité, qu’elle était nécessaire pour sauver l’État-providence et que ceux qui pensaient que des taux d’immigration plus élevés étaient la cause de l’augmentation spectaculaire de la violence des gangs étaient racistes et «anti-science». (…)

    Que pense l’opinion publique suédoise de la question de l’immigration?

    (…) Ce qui a changé, c’est que le mécontentement croissant de l’opinion sur ce sujet a forcé les élites politiques du pays à se plier aux souhaits de l’électorat. (…) La Suède est une société de consensus: alors que presque tout le spectre politique, à l’exception d’une petite minorité, était favorable à l’ouverture des frontières en 2015 ou 2016, presque tout le spectre politique, à l’exception d’une petite minorité, soutient désormais la limitation de l’immigration.

    La Suède a toujours été caractérisée comme un pays homogène avec très peu d’immigration. Quand les choses ont-elles changé et à quelle vitesse?

    (…) Pendant la période 1985-2015, l’immigration au titre de l’asile en Suède a été environ quatre fois plus importante par habitant que dans les autres pays d’Europe de l’Ouest, de sorte que la part de la population d’origine non occidentale est passée de 2 % à 20 % de la population totale en 2022. Les gouvernants estimaient alors que le système de protection sociale supérieur suédois éviterait les problèmes déjà observés en France et dans d’autres pays européens. Les faits leur ont prouvé qu’ils avaient tort, mais il leur a fallu très longtemps pour l’admettre. Dans les enquêtes actuelles, moins de 10 % de l’opinion pense que l’intégration a été un succès.

    1. La situation suédoise, que je connais d’ailleurs peu, me semble assez différente de la situation en Suisse où il n’y a pas “d’émeutes”, où la politique d’accueil envers les réfugiés est très restrictive et où l’intégration se passe plutôt bien. Mais il faut bien sûr se donner les moyens d’aider et d’accompagner l’intégration des personnes migrantes si on veut éviter que des problèmes apparaissent.
      Et si je vous comprends bien, à partir du moment où l’accueil de réfugiés doit être stoppé, cela veut-il dire que ça va être la catastrophe pour la Suisse avec ces dizaines de milliers d’Ukrainiens et d’Ukrainiennes qui viennent d’arriver?

      1. Ce que je dis: la politique restrictive, mais accueillante pour les personnes admises, a permis à la Suisse une relative bonne intégration des migrants.

        Or les Verts souhaitent une politique d’accueil beaucoup, beaucoup plus ouverte quantitativement, prenant en exemple la Suède de 2015.

        Or la Suède connaît depuis 2015 un accroissement des violences, des émeutes éthniques et le consensus en Suède est de regretter l’ouverture, surtout celle de 2015, même au sein de la gauche.

        Pourquoi alors les Verts continuent à mettre en avant un modèle qui est en échec en Suède?, et à ma connaissance partout ailleurs…

        Vous aurez noté que je critique l’accueil inconsidéré de jeunes hommes de 18-30 ans, traversant une vingtaine de pays sûrs avant de traverser clandestinement la frontière suisse, pas l’accueil de femmes et d’enfants qui fuient une guerre.

        Les Ukrainiens le rappellent; dans une guerre, les combattants combattent; les femmes et les enfants fuient. Le droit d’asile nous avait fait oublier cette vérité, mettant en exergue des conflits en Afrique où les femmes et les enfants restent, mais les jeunes hommes en âge de défendre leur patrie fuient en Europe…

  6. La direction prise par les pays frontières sont la continuation des constructions des murs, avec ou sans Frontex.
    Ce n’est pas les migrations intra européenne qui posent soucis, mais de migrants qui arrivent avec la haine de l’occident et forment des communautés de haine.
    La Suisse n’a pas de grand soucis, mais il y a aussi des problèmes comme à Yverdon Genève ou Bienne. Donc oui, une certaine immigration est un danger si il y a une communautarisation. Donc, il n’y a qu’une option, c’est la migration choisie. Accueillir des vietnamiens, ce n’est pas la même chose que d’accueillir des gens incapable d’adhérer aux valeurs humaines occidentales. La précarité n’est pas le point centrale.

    Les sociétés démocratiques survivent par l’adhésion de la société sur des principes.
    Accueillir des gens qui y sont opposés, devient un risque lorsque le point de bascule passe de migrants à communautarisme. Les migrants ne sont pas là pour nos valeurs universelles, souvent ils associent ces valeurs à de la décadence.

    La responsabilité politique est de maintenir l’équilibre de la société et non pas de se la jouer bisounours pour son égo de grand bienfaiteur. On ne joue pas avec le peuple ou alors, c’est un Blocher XXXL qui apparaîtra.

    Il n’y a pas de dérive Frontex, mais de dérive bisounours qui déstabilise la société.
    La stabilité de la société doit diriger nos actions et certainement pas une morale de curé. On n’a pas besoin du migrant haineux.

    1. A-t-on besoin de lire la prose d’un citoyen haineux ?

      Pourriez-vous m’expliquer la différence entre un Vietnamien et un Afghan ?
      une Syrienne et une Ukrainienne ?

  7. Cher Monsieur,

    Serait-il possible que vous interveniez pour que les annonces de décès soient accessibles gratuitement sur les sites internet des journaux ?en contrepartie de l’aide à la presse.

    Nous devons déjà payer pour faire publier une annonce, ok, mais la plupart journaux régionaux qui touchent l’aide à la presse refusent de laisser ensuite l’annonce accessible gratuitement aux tiers intéressés.

    Il y a donc une inégalité entre les campagnes

    https://www.lenouvelliste.ch/pages/avis-de-deces/

    https://www.laliberte.ch/avis-mortuaires/


    et les centres urbains

    https://hommages.ch

    https://trauer.nzz.ch/traueranzeigen-suche/aktuelle-ausgabe

    C’est cruel de ne pas avoir accès aux dates des convois, des messes et des dernières vontés! 🥺 Ou pire de tomber sur un homonyme d’un être cher … et de devoir appeler pour vérifier… surtout au sein de ma génération avancée…

    Soohie, lobbyiste désintéressée ce soir 🥰

    1. Je peux transmettre votre demande à mes collègues qui s’occupent du dossier de l’aide aux médias.

  8. Pour une fois, la Commission européenne se mêle des affaires intérieures de la Suisse au détriment de la gauche.

    Je me demande comment les politiciens qui affirment quelque chose tolèrent ces interventions ? surtout le terme “conséquences”.

    “La commissaire européenne aux affaires intérieures Ylva Johansson met en garde contre un éventuel «non» des Suisses au financement supplémentaire de Frontex. Si la Suisse décide de ne pas respecter ses engagements, il y aura des conséquences, prévient-elle. «Et la conséquence pourrait bien sûr être la fin de Schengen et de Dublin pour la Suisse», déclare Ylva Johansson dans un entretien diffusé samedi par les journaux alémaniques du groupe de presse Tamedia.

    La sociale-démocrate suédoise de 58 ans estime cependant que l’Union européenne (UE) n’a absolument aucun intérêt à ce que la Suisse sorte de Schengen. «Mais nous avons un accord et nous insisterons pour que la Suisse ne puisse pas choisir quelle partie de l’accord elle veut ou non respecter». L’adhésion à Schengen n’est pas un «menu à la carte», ajoute-t-elle.”

    https://www.blick.ch/fr/news/suisse/la-fin-de-schengen-et-de-dublin-une-commissaire-europeenne-avertit-des-consequences-en-cas-de-non-a-frontex-id17468596.html

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