Stations: la priorité accordée au ski à l’épreuve du réchauffement climatique

Avec l’évolution du climat, l’avenir des stations de montagne est mise au défi, et dépend de leur capacité à imaginer dès aujourd’hui une offre où le ski occupera une place moins importante.

 

La question de l’avenir du ski se posera progressivement partout. Comment pouvons-nous envisager un avenir où il perd l’importance cardinale qu’il a connue au cours des dernières décennies? Bien sûr la situation varie d’une station à l’autre et il est difficile de généraliser. Le Valais est également concerné, bien que certains estiment encore que le canton ne sera pas confronté à cette question avant plusieurs décennies en raison de ses domaines skiables les plus élevés des Alpes.

L’annulation des coupes du monde de ski à Zermatt en octobre dernier ainsi que celle de samedi dernier à Crans-Montana, pour cause de manque de neige et de températures trop élevées ne sont que la pointe de l’iceberg: le climat se réchauffe, la neige naturelle se raréfie et rend plus difficile la poursuite d’une économie basée sur l’or blanc. Alors que faire?

 

L’enneigement artificiel comme principale mesure d’adaptation au réchauffement climatique

Jusqu’à présent, la principale réponse au changement climatique a été l’utilisation de l’enneigement artificiel. 53% des pistes en Suisse en sont aujourd’hui équipées (chiffres des Remontées mécaniques suisses) mais un peu moins en Valais (40% selon une enquête du Walliser Bote parue le 6 février dernier).  La proportion d’équipement varie considérablement d’un domaine skiable à l’autre, certains en ayant peu ou pas du tout, tandis que d’autres ont une couverture supérieure à 80% (comme les 4 Vallées et Zermatt). Et c’est toujours la réponse qui continue à être privilégiée: toujours selon le même article, les entreprises valaisannes entendent investir plus de 50 millions dans les canons à neige ces cinq prochaines années. L’objectif est de pouvoir assurer au moins 100 jours d’exploitation du domaine skiable, seuil considéré comme nécessaire pour pouvoir faire tourner économiquement un domaine skiable.

Cette stratégie commence cependant à montrer ses limites. Températures trop élevées pour produire de la neige artificielle, concurrence avec d’autres usages pour l’accès à la ressource en eau (eau potable, agriculture, hydro-électricité, biodiversité), consommation électrique problématique dans le contexte énergétique actuel. Sans parler des coûts de la neige artificielle qui renchérissent fortement le prix du forfait journalier: l’installation de canons à neige pour un kilomètre de piste coûte environ un million de francs. Ni de l’impact sur le paysage et la nature. Ne serait-il pas temps de penser autrement l’avenir du ski et de nos stations?

 

Les skieurs professionnels se mobilisent face à la raréfaction de la neige

L’association Protect Our Winters (POW) a récemment publié une lettre, signée par 142 skieurs de différentes disciplines (ski alpin, freestyle, freeride), dont les stars Mikaela Shiffrin et Aleksander Aamodt Kilde. Le document a été remis de façon symbolique à la Fédération internationale de ski (FIS) à Courchevel, quelques heures après la descente hommes des Championnats du monde de ski alpin. Elle alerte sur la raréfaction de la neige et l’impossibilité de produire de la neige artificielle sur certains sites de compétitions habituels. L’association et les athlètes demandent à la FIS d’aménager son calendrier, afin de diminuer l’empreinte carbone en limitant les déplacements intercontinentaux, et de retarder le début des compétitions afin d’éviter les annulations d’épreuves pour cause de manque de neige.

Ce « malaise » grandissant exprimé par de plus en plus d’athlètes se comprend aisément: après tout, si la FIS et plus largement toute l’économie du ski ne parviennent pas à diminuer drastiquement leur empreinte carbone, c’est la possibilité même de pouvoir encore pratiquer cette activité dans quelques années et décennies qui s’éloigne.

 

Franck Piccard, un médaillé olympique qui invite à inventer une nouvelle image de la montagne

Chez nos voisins français, de nombreuses voix commencent à se faire entendre pour remettre en cause la dominance du ski. Dans un article publié récemment par Reporterre, Franck Piccard, champion olympique de ski en 1988, pourtant propriétaire de 6 magasins de sport en Savoie, plaide pour un ralentissement des activités en montagne et une remise en question du “tout-ski”. Il estime que l’existant est déjà suffisant. Sans pour autant remettre en question la pratique du ski actuelle lorsque les conditions sont bonnes, grignoter de l’espace pour construire de nouvelles remontées mécaniques ou des nouveaux logements, creuser de nouvelles retenues collinaires pour alimenter en eau les canons à neige sont des exemples de « maladaptation » en regard du dérèglement climatique qui affecte déjà de manière très concrète les stations.

“Le modèle de stations qui ne cessent de s’agrandir, dans l’espoir d’attirer davantage de gens, est à bout de souffle.”

Franck Piccard, champion olympique de ski en 1988

Dans ce contexte un des plus gros défis est de changer l’image de la montagne, souvent associée exclusivement à la pratique du ski alpin.

Ce défi, la station de Métabief dans le Jura français a décidé de le relever. Face à l’évolution attendue des températures, vu la faible altitude de son domaine skiable et le fait qu’il faille une trentaine d’années pour amortir les investissements dans les installations, les autorités ont pris la décision d’engager la transition de son modèle de « station de ski » vers une « station de montagne »: sortie progressive du ski alpin, envisagée à l’horizon 2035-2040, et mise en place d’autres activités sur toutes les saisons.


Montée du “ski-bashing”

La question de l’impact du ski commence à faire monter un phénomène appelé “ski-bashing“. Ce terme est utilisé pour décrire la critique de l’industrie du ski, notamment en ce qui concerne son impact environnemental et social. Les critiques peuvent porter sur l’empreinte carbone des stations de ski, les déchets laissés par les skieurs et les remontées mécaniques, la pollution sonore et lumineuse, la perte de terres agricoles et la dégradation de l’environnement naturel, ainsi que les problèmes liés à la surconsommation, le tourisme de masse et l’injustice sociale.

Cette tendance, même marginale, risque de porter préjudice à l’image du ski. Car c’est moins le ski alpin en soi qui est remis en cause que la poursuite des moyens engagés pour en permettre la pratique, quelles que soient les conditions météorologiques, plutôt que d’investir ces moyens dans d’autres activités. Dans un contexte de crises énergétique, climatique et de la biodiversité, ces images de bandes blanches de neige artificielle au milieu des pâturages ne peuvent qu’alimenter un sentiment de jusqu’auboutisme et d’incapacité à imaginer pour la montagne un autre avenir que le ski.


Revoir la place du ski dans l’économie touristique : une lente prise de conscience

Depuis longtemps, j’alerte sur les conséquences du changement climatique pour la pratique du ski et le tourisme en général. Avec un succès assez mitigé jusqu’ici il faut bien l’avouer. En décembre 2017, j’étais invité au Journal de Canal 9, la TV locale valaisanne, pour parler tourisme et climat. J’ai à cette occasion reçu un « cadeau » de la part de Christophe Darbellay, Conseiller d’Etat en charge du tourisme: une pelle à neige! Il est vrai qu’il venait de neiger abondamment mais le message implicite était clair: il n’y a pas de problème en Valais, nos domaines skiables sont à haute altitude et on pourra continuer de faire du ski chez nous.

Quelques années plus tard, les fronts commencent à bouger. Dans un article paru le 27 décembre 2022, le directeur du Groupement suisse pour les régions de montagne (SAB), Thomas Egger, affirme que les stations de sports d’hiver situées à moins de 1600 mètres d’altitude devraient dire adieu au ski alpin pour se tourner vers d’autres activités touristiques. Il mentionne le lancement du projet Interreg « Beyond Snow », auquel le SAB participe (tout comme Métabief), avec pour objectif de trouver de nouvelles possibilités de développement pour les régions où la neige se fait rare.

Tout récemment, dans un entretien accordé au Nouvelliste publié le 23 février, le président de Lens David Bagnoud soulignait:

“Cet hiver et les précédents nous montrent que chaque franc investi dans les remontées mécaniques doit être analysé. Le modèle du ski cinq mois par année n’est plus correct. On le voit avec les courses annulées en octobre ou en novembre. La saison d’hiver se resserre et seuls les dirigeants aveugles disent que le monde ne change pas.”

David Bagnoud, président de Lens

La nécessité de diversifier l’offre touristique et le rôle des pouvoirs publics

Image: Fribourg Tourisme
Le Moléson est un bon exemple de diversification touristique avec un chiffre d’affaire désormais plus important en été qu’en hiver.

Diminuer la dépendance au ski alpin signifie diversifier l’offre, en hiver comme lors des autres saisons. Pour y parvenir, les pouvoirs publics ont un rôle important à jouer en donnant les bonnes impulsions. En Suisse, de nombreuses sociétés de remontées mécaniques ne pourraient pas survivre sans le soutien des communes, du canton ou de la Confédération, comme l’a montré un récent reportage de la RTS en prenant l’exemple du Valais. On considère ce secteur économique comme indispensable et on continue d’y investir des millions chaque année, y compris parfois dans les stations de moyenne altitude, ou celles exposées plein-sud. Il s’agit donc dans un premier temps de réorienter ces flux d’argent public et d’engager davantage de moyens financiers pour soutenir la diversification des activités et moins dans la poursuite de la pratique du ski.

 

De l’innovation sociale plutôt que des infrastructures

Pour accompagner cette transition vers la diversification, il faudrait que l’Etat développe aussi de nouveaux soutiens qui ne soient plus seulement axés sur le financement des infrastructures ou sur la mise en réseau des prestataires touristiques. Je pense en particulier que les pouvoirs publics devraient davantage investir dans le savoir-faire nécessaire à la mise en place d’une nouvelle gouvernance qu’impliquent une vision et des projets touristiques « 4 saisons ». Dans ce sens, l’Etat devrait financer des postes de responsables de projet, sur une période relativement longue (3 ans au moins), qui seraient chargés d’organiser, dans les destinations, des processus participatifs avec les habitants, les prestataires touristiques et les résidents secondaires. Le développement touristique s’est beaucoup basé jusqu’ici sur la construction d’infrastructures: la transition touristique demande aujourd’hui que davantage de moyens soient consacrés à l’innovation sociale et aux compétences humaines, au « software » plutôt qu’au « hardware ».

La politique migratoire à deux vitesses n’est pas tolérable!

Le déclenchement de l’invasion russe en Ukraine a contraint de nombreuses personnes à quitter leur pays, mettant sous pression les systèmes d’asile suisse et européen. Selon les statistiques du Secrétariat d’État aux migrations (SEM), à la fin du mois d’octobre, près de la moitié des personnes se trouvant dans le processus d’asile en Suisse étaient des ressortissant·e·s ukrainien·ne·s, soit environ 60’000 personnes[1].

Alors qu’un statut de protection particulier a été activé pour la première fois pour les personnes fuyant l’Ukraine – le statut de protection S – et que de nombreuses mesures ont été mises en place pour s’adapter à l’urgence de la situation, il semble intéressant de questionner certains faits illustrant une politique d’asile à deux vitesses.

 

Inégalité de traitement

Le 9 novembre, le Conseil fédéral décidait de prolonger le statut de protection S dont bénéficient les personnes en provenance d’Ukraine jusqu’au 4 mars 2024 – sauf changement radical de la situation en Ukraine. Le Conseil fédéral demandait aussi aux cantons de prolonger d’un an la validité des permis S arrivant à expiration, ces derniers étant renouvelables d’année en année.

Les mesures de soutien de la Confédération en faveur des bénéficiaires d’un permis S seraient également prolongées. De telles mesures ont notamment pour objectif d’encourager l’apprentissage de la langue et ainsi de faciliter l’accès à l’emploi et à la vie sociale.

Deux jours plus tard un peu plus au sud, le 11 novembre, les 230 personnes secourues en mer du 22 au 26 octobre par l’ONG SOS Méditerranée ont enfin pu débarquer dans le port de Toulon. Près de trois semaines d’attente pour ces migrants qui ont mis leur vie en péril. 4 d’entre eux avaient besoin de soins médicaux d’urgence. On les a évacué par hélicoptère seulement le 10 novembre.

L’Ocean Viking, navire de sauvetage en mer affrété par SOS Méditerranée, a ainsi subi le plus long blocage de l’histoire de l’ONG. Comme l’exprimait Caroline Abu Sa’Da, Directrice Générale de SOS Méditerranée Suisse dans un communiqué : « Débarquer près de 3 semaines après les sauvetages, si loin de la zone d’opération en Méditerranée centrale est le résultat d’un échec dramatique de la part de l’ensemble des États européens, qui ont bafoué le droit maritime d’une manière inédite »[2].

 

Les inégalités de traitement entre les requérant·e·s d’asile en provenance d’Ukraine et celles et ceux qui ont fui d’autres pays sont intolérables d’un point de vue éthique.

 

Mises en parallèle, ces deux informations posent des questions éthiques relatives à la politique migratoire suisse et européenne.

 

Solidarité à saluer

D’une part, la solidarité exprimée à l’égard des réfugié·e·s ukrainien·ne·s est à saluer. La Suisse, à l’instar de l’UE, a mené une importante politique d’accueil et d’intégration pour les personnes fuyant l’Ukraine. L’ouverture de lieux d’hébergements supplémentaires, des cours de langues spécifiquement dédiés aux personnes ukrainiennes, l’activation d’un permis de séjour particulier – permettant notamment de contourner les procédures d’asile classiques et d’intégrer plus rapidement le marché du travail – sont autant d’exemples des mesures prises rapidement par les autorités politiques de notre pays pour venir en aide aux réfugié·e·s ukrainien·ne·s. À ces mesures s’ajoute un véritable élan de solidarité témoigné par de nombreuses personnes privées, en particulier un nombre important de familles d’accueil.

 

S’il est difficile de trouver des terrains d’entente entre les différents États, il demeure indispensable de ne pas occulter la réalité brutale que vivent certain·e·s migrant·e·s.

 

D’autre part, on peut constater la difficulté des pays européens et de la Suisse à trouver des solutions humainement acceptables quand il s’agit de la migration issue du Moyen-Orient ou d’Afrique,  Le règlement Dublin crée des tensions entre les pays: les États situés aux frontières de l’UE et dans lesquels les migrant·e·s sont contraint·e·s de déposer leur demande d’asile s’estimant notamment lésés par la répartition des requérant·e·s au sein de l’UE.

 

25’000 morts en Méditerranée

L’apogée de cet échec politique a été atteint cet automne, lorsque différents États ont refusé à l’Ocean Viking l’accès à un port sûr, contraignant les personnes rescapées à rester à bord du navire durant des semaines, et ce dans une totale incertitude quant à un possible débarquement. Si les processus politiques conduisant à une révision du règlement Dublin sont longs et s’il est difficile de trouver des terrains d’entente entre les différents États, il demeure indispensable de ne pas occulter la réalité brutale que vivent certain·e·s migrant·e·s. L’absence de consensus politique relative au règlement Dublin ne justifie nullement la mort de plus de 25’000 personnes en Méditerranée depuis 2014[3].

L’indifférence à l’égard des migrant·e·s risquant une traversée de la Méditerranée au péril de leur vie, de même que les inégalités de traitement entre les requérant·e·s d’asile en provenance d’Ukraine et celles et ceux qui ont fui d’autres pays sont intolérables d’un point de vue éthique. Toute personne requérante d’asile a droit au respect de sa dignité et il serait souhaitable que les politiques d’asile européenne et suisse garantissent un traitement équitable à tout·e requérant·e d’asile. La gestion des réfugié·e·s ukrainien·ne·s est certes complexe, mais elle a le mérite de démontrer qu’une volonté politique associée à un soutien populaire peut conduire à une gestion humaine des personnes issues de la migration.

 

Les réfugiés d’aujourd’hui seront les travailleurs de demain

À l’avenir, la Suisse et l’Union européenne seront sans doute appelées à relever d’autres défis migratoires, tels que ceux induits par les personnes quittant leur pays pour des raisons climatiques. Gardons à l’esprit qu’il est possible d’agir de façon solidaire et qu’il est essentiel de s’engager sur le plan politique pour une meilleure coopération interétatique afin d’éviter que d’autres drames ne transforment la Méditerranée en cimetière de migrant·e·s. Et que les personnes qui se réfugient aujourd’hui en Suisse pourraient bien être celles qui demain s’occuperont de nous dans les EMS et les hôpitaux ou seront en cuisine et au service dans nos restaurants. A condition de leur laisser la possibilité de se former et de travailler…

 

 

[1]    Total des personnes dans le processus d’asile en Suisse au 31.10.22 : 119’192, dont 59’835 Ukrainien·ne·s. (source : Statistiques SEM, «https://www.sem.admin.ch/sem/fr/home/publiservice/statistik/asylstatistik/archiv/2022/10.html»).

[2]    Cf. Communiqué du 10.11.22 : «230 rescapés à bord de l’Ocean Viking débarqueront finalement à Toulon: un amer soulagement», «https://sosmediterranee.ch/press/un-amer-soulagement/».

[3]    Source : Projet Migrants Disparus de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), «https://missingmigrants.iom.int/fr/region/mediterranee».

À quoi pourrait ressembler une politique alimentaire durable?

Sujet hautement émotionnel, remettre en cause la politique agricole et en particulier notre attachement à la viande suscite des réactions parfois violentes. Pourtant, selon un récent rapport, réduire le nombre d’animaux de rente et la consommation de viande sont les plus sûrs moyens pour que l’agriculture suisse atteigne ses objectifs de diminution de ses émissions polluantes.

 

Création d’une assemblée citoyenne


Afin d’impliquer la population dans les réflexions sur ces défis, différentes organisations dont la Fondation Biovision, le Sustainable Development Solution Network (SDSN) et Agriculture du Futur ont décidé de créer une assemblée citoyenne, avec le soutien de trois offices fédéraux.


L’objectif de cet assemblée officiellement lancée en juin dernier est clair. Il s’agit de répondre à la question suivante : « 
À quoi doit ressembler une politique alimentaire pour la Suisse qui, d’ici 2030, mette à la disposition de tous des aliments sains, durables, respectueux des animaux et produits de manière équitable ? ».

 

Quels pourraient être les avantages potentiels de ce type de démarche de démocratie participative?

La situation semble aujourd’hui bloquée au niveau parlementaire pour faire évoluer de manière plus durable la politique agricole et plus généralement la politique alimentaire de la Suisse. Pourtant les défis sont nombreux, entre production de denrées alimentaires, préservation de la biodiversité et du climat et juste rémunération des agriculteurs.trices.

La composition de l’assemblée citoyenne se distingue de celles de nos parlements. En effet, 85 participant·e·s ont été tiré·e·s au sort en fonction de critères garantissant une représentativité des sexes, des âges, des niveaux d’éducation, des opinions politiques ou encore des lieux de vie. Ce type de sélection permet de garantir une diversité au sein de l’assemblée qui se rapproche de celle présente dans la population. Contrairement au Parlement fédéral qui demeure un organe socialement très sélectif se composant essentiellement d’universitaires, d’entrepreneurs·euses, de professions libérales ou de politicien·ne·s professionnel·le·s.

 

Lobbyisme citoyen et participatif

 

De cette manière, des groupes de population ne faisant d’ordinaire pas partie des décideurs politiques sont amenés à réfléchir sur des thématiques précises et à formuler des recommandations à l’intention des élu·e·s. Pour les accompagner, des professionnels chargés de modérer les débats et un panel d’expert·e·s.

 

Si le processus est nouveau à l’échelle suisse, de telles assemblées citoyennes ont déjà vu le jour dans d’autres pays. En France voisine par exemple, une Convention Citoyenne pour le climat – rassemblant 150 personnes tirées au sort et représentant la diversité de la société françaises – avait été créée par Emmanuel Macron à l’automne 2019, avec pour objectif de proposer des mesures pour réduire d’au moins 40 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 dans une logique de justice sociale. En juin 2020, 149 propositions avaient été formulées par la Convention Citoyenne. Cela ne suffit toutefois pas à en faire un exercice réussi, la dernière étape étant la reprise de ses mesures par les milieux politiques.

 

Il est à cet effet frappant de constater que seules 10 % des mesures proposées par la Convention Citoyennes ont été reprises sans modification par le gouvernement français!

 

Quelle politique agricole pour la Suisse? La réduction de l’empreinte environnementale du secteur agricole est l’objectif de la démarche de l’assemblée citoyenne. Image: Unsplash

Le système politique suisse étant assez différent du système français, on peut espérer que le Conseil fédéral et le Parlement seront prêts à étudier plus en profondeur les recommandations que l’assemblée citoyenne pour une politique alimentaire rendra publiques en février 2023. Le secteur agricole devra lui aussi participer à l’effort collectif et diminuer son empreinte environnementale, la réduction d’au moins 40% des émissions de gaz à effet de serre (GES) issues de l’agriculture à l’horizon 2050 étant un objectif fixé par la Confédération, même si cet objectif est inférieur à celui imposé à d’autres domaines.

Aujourd’hui les fronts sont bloqués entre tenants de l’agriculture conventionnelle et ceux qui souhaitent une agriculture décarbonée et sans pesticides. Espérons que l’Assemblée citoyenne parviendra à réconcilier (un peu) ces deux fronts.

 

Frontex: les dérives de la politique migratoire européenne

Dans son édition du 26 avril, Le Temps nous apprend qu’un article lié à Frontex est censuré par l’Office fédéral des douanes (OFDF). Le journaliste du Temps cherchait à répondre à la question fondamentale de cette votation : « En participant à Frontex, la Suisse renforce-t-elle la protection des droits fondamentaux des migrants ou ne se fait-elle pas la complice des corps nationaux de garde-frontières – notamment celui des Grecs – qui n’hésitent pas à les refouler sans scrupules ? »

 

Censure

L’OFDF n’a pas autorisé la parution de l’article qui contenait le portrait déjà réalisé d’un garde-frontière genevois et a refusé toute demande d’interview de son vice-directeur, membre du conseil d’administration de Frontex. On ne peut que regretter cette attitude, qui met forcément la puce à l’oreille.

La question du journaliste était pourtant dans le mille. En moins d’une décennie, des dizaines de milliers de personnes ont péri en Méditerranée. Aux portes de l’Europe, de ses ports, de ses plages, de ses stations balnéaires. Chaque année, ce drame humain se reproduit, et de nouveaux corps agrandissent le grand cimetière bleu, sous les yeux indifférents des dirigeant·e·s et des populations européennes. Ce tragique constat, il convient de le garder à l’esprit lorsque l’on parle de politique migratoire européenne et lorsque se pose la question de l’augmentation du budget de l’Agence Frontex.

 

Bafouement du droit international

Frontex, c’est l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes. Cette agence fait l’objet de nombreuses critiques, en raison notamment de son manque de transparence et des violations des droits humains qu’elle ne dénonce pas ou dont elle se rend coupable. Des enquêtes journalistiques et des rapports d’organisations d’aide aux réfugié·e·s font état de renvois collectifs et de refoulements bafouant le droit international. Des violences à l’encontre des personnes migrantes sont relatées aux frontières de l’Europe, sans que les pays membres de l’UE n’interviennent. Du fait des agissements de Frontex, les droits des réfugié·e·s ne sont pas respectés. L’agence est notamment accusée d’avoir participé à des opérations consistant à repousser des embarcations de migrant·e·s au large des côtes (opérations dites «push-back»). Le 27 avril, une enquête publiée par le quotidien Le Monde et Lighthouse Reports a démontré qu’entre mars 2020 et septembre 2021, Frontex a répertorié des renvois illégaux de migrants, parvenus dans les eaux grecques, comme de simples “opérations de prévention au départ, menées dans les eaux turques”.

Image: pixabay.com

En couvrant – voire en prenant part à – ce genre de pratiques au lieu de les dénoncer, Frontex empêche les personnes migrantes de faire valoir leurs droits et de déposer une demande d’asile, étape initiale et indispensable de toute procédure d’asile.

 

L’augmentation massive du budget de Frontex de la part de la Suisse et des autres États membres des accords Schengen contribuera à renforcer davantage la militarisation de l’Agence, alors même qu’elle souffre de graves dysfonctionnements.

 

La contribution de la Suisse à Frontex s’élevait à 24 millions de francs en 2021. L’extension prévoit une contribution de 61 millions en 2027. L’augmentation massive du budget de Frontex de la part de la Suisse et des autres États membres des accords Schengen contribuera à renforcer davantage la militarisation de l’Agence, alors même qu’elle souffre de graves dysfonctionnements, ayant entre autres conduit à la récente démission de son directeur le 28 avril dernier. L’objectif principal de cette augmentation de budget n’est pas de garantir un meilleur respect des droits humains des personnes migrantes, mais de continuer à fortifier les frontières européennes et à mener une politique de repli incompatible avec les traités internationaux relatifs aux droits des réfugié·e·s.

 

Plus simple de fermer les yeux?

Contrairement à ce que l’on peut parfois entendre et lire autour de Frontex, la votation ne porte pas sur le retrait ou non de la Suisse de l’espace Schengen, avec ses conséquences en matière de sécurité ou de voyages touristiques. Les Vert·e·s soutiennent d’ailleurs les accords Schengen et la collaboration interétatique qu’ils prévoient. L’objet de la votation du 15 mai prochain, c’est l’arrêté fédéral ayant trait à l’extension de Frontex. En cas de non, la Suisse ne serait pas automatiquement exclue des accords Schengen mais des négociations avec les États membres de l’UE et la Commission européenne auraient lieu.

En effet, il serait plus simple de continuer à fermer les yeux sur ce qui se passe aux frontières de l’Europe. Mais au prix de rendre la Suisse coresponsable de violations des droits humains en soutenant une telle politique migratoire?

 

En s’opposant à l’extension de Frontex, le peuple suisse a la possibilité d’envoyer un signal fort non seulement au Parlement et au Conseil fédéral, en les exhortant de retravailler un projet davantage orienté sur le respect des droits humains.

 

Pourquoi ce référendum?

Durant les débats parlementaires concernant la reprise du règlement européen relatif à Frontex, des propositions visant un engagement plus important de la Suisse en matière de droits humains avaient été émises par les partis de gauche. Mais elles ont été refusées par le Parlement!

 

Image: flickr.com

En s’opposant à l’extension de Frontex, le peuple suisse a la possibilité d’envoyer un signal fort non seulement au Parlement et au Conseil fédéral, en les exhortant de retravailler un projet davantage orienté sur le respect des droits humains, mais aussi à l’agence Frontex elle-même, en montrant que ses actions et sa politique ne sont pas acceptables. De ce fait, la Suisse rejoindrait les critiques proférées par le Parlement européen ainsi que de nombreux médias et associations d’aide aux personnes migrantes à l’encontre de Frontex. Dans le but de conduire à une réforme plus large de la politique européenne, aujourd’hui dans l’incapacité de répondre aux défis migratoires avec humanité et respect de la dignité des personnes en exil. Les migrants ne sont pas des délinquants mais des personnes qui sont en situations de détresse !

 

 

Soutenir l’ensemble d’une profession liée au dévouement

Vous vous souvenez quand, au début de la pandémie, nous étions sur nos balcons tous les soirs pour applaudir le personnel soignant qui faisait face avec courage et abnégation à la première vague de coronavirus? Il est temps de le remercier d’une manière plus concrète en acceptant l’Initiative sur les soins infirmiers. Voici pourquoi:

 

1. Pour ne pas compter que sur la main d’oeuvre étrangère

Depuis une année et demi, le personnel soignant est mis sous pression par la COVID-19. De manière générale, la situation dans la profession est très problématique, et ceci déjà avant l’arrivée de la pandémie: près de la moitié du personnel infirmier quitte en effet la profession prématurément. La Suisse manque ainsi cruellement de soignant∙e∙s. Actuellement 10’000 postes ne sont pas repourvus et d’ici 2029 nous aurons besoin de 70’000 soignant∙e∙s supplémentaires.

Cette pénurie est notamment due aux efforts insuffisants en matière de formation: depuis 2014, la Suisse ne forme que 56% de son besoin annuel en personnel soignant, voire 43% pour les diplômé∙e∙s. Le solde, c’est la main d’oeuvre étrangère qui le comble. Or, cette pénurie ne peut pas être résorbée à volonté. La Suisse doit redoubler d’efforts afin que le nombre de personnes choisissant cette profession s’accroisse rapidement. C’est justement l’objectif de l’initiative sur les soins infirmiers.

2. Le contre-projet est insuffisant

Le Conseil fédéral et la majorité du Parlement estiment que l’initiative va trop loin et lui opposent un contre-projet indirect. Ce dernier prévoit que la formation et la formation continue recevront jusqu’à un milliard de francs sur huit ans. C’est un pas dans la bonne direction mais qui est insuffisant. D’une part parce qu’avec le contre-projet, la base légale doit d’abord être créée dans tous les cantons avant que les parlements respectifs puissent prendre des décisions budgétaires. Et si un canton rejette le budget, il n’y aura pas non plus de financement fédéral. D’autre part, le contre-projet se limite à investir dans la formation. Mais cela n’en vaut la peine que si le personnel formé reste plus longtemps dans la profession. C’est pourquoi il faut absolument améliorer les conditions de travail, les salaires et la dotation en personnel des hôpitaux et établissements médico-sociaux.

3. Réduire l’épuisement du personnel soignant

La situation de pénurie conduit rapidement à l’épuisement du personnel soignant. L’initiative sur les soins infirmiers permet ainsi non seulement d’en former davantage, mais aussi, de par meilleure anticipation des plannings et en offrant des suppléments de salaire pour le travail de nuit, le week-end et les jours fériés, pourra rendre la vie familiale compatible avec cette profession difficile.

4. Améliorer la qualité des soins

En offrant de meilleures conditions de travail et de formation au personnel soignant, l’initiative permet in fine, et c’est un point particulièrement important, d’améliorer la qualité des soins et la sécurité des patient∙e∙s.

A cause de la pénurie de personnel, les soignant∙e∙s doivent traiter de plus en plus de patient·e·s simultanément. Cela met en danger la qualité des soins et empêche une approche humaine avec les patient·e·s, avec une probabilité d’erreurs médicales bien plus importante.


5. Soutenir l’ensemble d’une profession liée au dévouement

Un dernier argument pour tordre le cou à une idée reçue : un·e infirmier·ère travaillant en EMS ou gériatrie n’a pas moins de compétences qu’un·e infirmier·ère travaillant en chirurgie ou aux urgences. Les deux mobilisent des compétences différentes toutes aussi indispensables. L’un·e utilisera des compétences peut être plus techniques sur un temps de prise en charge réduit, l’autre fera appel aux compétences nécessaires à une prise en charge davantage holistique sur une période à moyen, voire long terme, avec toute la complexité que cela implique. C’est pourquoi il est nécessaire de soutenir l’ensemble de la profession.

Cette évolution fondamentale de la profession, couplée à l’évolution démographique de la suisse et à un contexte de pénurie chronique de soignant·e·s, sont les éléments essentiels pour comprendre la démarche faite aujourd’hui au travers de cette initiative.

L’origine des soins infirmiers est historiquement liée au dévouement. C’est une profession de cœur au service des malades. Cette profession est incarnée, de la fin du Moyen-Âge jusqu’au début du 20ème siècle par la femme consacrée. Ensuite les soins se laïcisent et deviennent de plus en plus techniques, les formations évoluent, l’infirmier·ère gagne en autonomie notamment avec la reconnaissance de son rôle propre au milieu des années 1950 et aujourd’hui ce sont les sciences infirmières qui sont enseignées dans les hautes écoles.

Cette évolution fondamentale de la profession, couplée à l’évolution démographique de la suisse et à un contexte de pénurie chronique de soignant·e·s, sont les éléments essentiels pour comprendre la démarche faite aujourd’hui au travers de cette initiative. L’infirmier·ère a aujourd’hui des compétences spécifiques, il·elle n’est plus une subalterne du médecin, est un partenaire aux compétences indispensables tout comme les ingénieur·e·s et les architectes sont partenaires pour construire un hôpital.

Dire Oui à l’initiative pour les soins infirmiers, c’est concrétiser nos applaudissements du printemps 2020 et assurer une meilleure qualité des soins pour nos aîné∙e∙s, pour nos enfants, pour nous.

 

 

Faire triompher l’amour sur la haine, le rejet, la discrimination et le conservatisme

Les opposant·e·s au Mariage pour toutes et tous se font actuellement remarquer par une campagne mêlant pseudo-vérités et affabulations qui ne correspondent ni au texte soumis au vote ni aux connaissances scientifiques sur le sujet. Des arguments fallacieux qui sont accompagnés par une campagne visuelle violente, agressive voire carrément choquante. J’aimerais apporter des clarifications sur ces points qui ont malheureusement un seul objectif, tromper pour convaincre.

 

Le bien-être de l’enfant dépend de l’amour qu’on lui donne, pas du sexe de ses parents

Dire OUI au mariage civil pour tous·tes c’est faire un pas nécessaire et bienvenu vers l’égalité entre couples de sexe opposé et couples de même sexe. Les couples d’hommes et les couples de femmes pourront accéder à l’adoption conjointe et la procréation médicalement assistée (PMA). Le don de sperme sera possible pour les couples de femmes. Les couples hétérosexuels et homosexuels bénéficieront des mêmes droits. Le mariage pour tous·tes entrainera aussi une diminution des préjugés et un renforcement de l’acceptation sociale des personnes LGBT+. Il n’est que l’évolution logique d’une société ouverte et désireuse de garantir une meilleure protection des familles et de leurs enfants.

 

L’intérêt de l’enfant sera davantage respecté dans une société tolérante et ouverte

Si un couple de parents hétérosexuels était un modèle parfait, cela se saurait! Combien sont-ils à consulter, enfants et adultes, pour des problèmes liés à une éducation déficiente, violente ou déséquilibrée?  Non, le bien-être d’un enfant ne dépend pas du sexe de ses parents, mais du fait qu’il dispose de figures d’attachement stables et aimantes! L’intérêt supérieur de l’enfant, qui est évidemment primordial, sera davantage respecté dans une société tolérante, ouverte et garantissant une protection suffisante aux minorités sexuelles et de genre. Avec le mariage pour tous·tes, les deux femmes d’un mariage lesbien seront en outre reconnues comme les parents de l’enfant dès sa naissance. De cette manière, les enfants bénéficieront d’une protection légale si l’une des deux mères décède, ce qui n’est pas le cas actuellement. Les droits des enfants seront donc mieux protégés avec le mariage pour tous·tes.

 

L’accès au sperme pour les couple de femmes n’est pas une discrimination

Ce n’est pas à cause d’un choix arbitraire discriminant que les hommes ne peuvent pas accéder au don de sperme, mais simplement à cause d’une réalité biologique. Le fait que les couples lesbiens puissent le faire, à l’instar des couples hétérosexuels, ne discrimine pas les couples d’hommes, qui soutiennent d’ailleurs cette avancée sociétale.

 

La gestation pour autrui (GPA) ne sera pas autorisée pour les couples homosexuels

Non, la gestation pour autrui (GPA) ne sera pas autorisée pour les couples homosexuels, de même qu’elle ne l’est pas pour les couples hétérosexuels. Le mariage pour tous·tes créé une situation d’égalité entre les couples et n’instaure aucuns droits aux couples homosexuels dont ne bénéficient pas déjà les couples hétérosexuels. Cet argument avançant que le Mariage pour Tous créera un “tourisme” de mère porteuses à l’étranger est donc complètement farfelu.

Le mariage pour tous·tes correspond bien plus au renforcement d’une Constitution moderne qui garantit les droits fondamentaux de tous·tes qu’à une transgression du droit supérieur par le Parlement

 

Non, le mariage pour tous·tes n’est pas anticonstitutionnel

Le droit au mariage est garanti par l’art. 14 de la Constitution fédérale. Il était certes majoritairement admis, dans une interprétation historique, qu’un droit au mariage pour les couples homosexuels ne pouvait pas être directement déduit de l’art. 14 Cst. En revanche, il est faux de prétendre qu’un tel droit irait à l’encontre de cet article. De plus, d’autres dispositions de la Constitution suisse vont dans le sens d’un mariage pour tous·tes. Par exemple, l’orientation sexuelle est protégée contre les discriminations en vertu de l’art. 8 al. 2 Cst. et les relations homosexuelles sont inclues dans le droit à la vie privée garanti par l’art. 13 al. 1 Cst. Ainsi, le mariage pour tous·tes correspond bien plus au renforcement d’une Constitution moderne qui garantit les droits fondamentaux de tous·tes qu’à une transgression du droit supérieur par le Parlement. Introduire le mariage pour les couples de même sexe dans le Code civil ne nécessite donc pas de modification constitutionnelle.

 

Au-delà des aspects techniques développés précédemment, la votation sur le mariage pour tous·tes pose surtout la question des valeurs de la société dans laquelle nous voulons vivre. L’institution civile du mariage a déjà connu des heureuses évolutions par le passé. Pensons notamment à l’égalité entre les deux membres du couple. Aujourd’hui, il est grand temps que le mariage soit en adéquation avec les valeurs sociétales d’égalité et de tolérance à l’égard des personnes LGBT+. Il est donc évident que le mariage et les droits qui en découlent doivent être possibles pour les couples de même sexe. Dire oui le 26 septembre, c’est préférer les visages souriants et aimants sur fond arc-en-ciel aux affiches mensongères, provocantes et violentes derrières lesquelles se cache un conservatisme obscurantiste. Dire oui le 26 septembre, c’est faire triompher l’amour sur la haine, l’inclusion sur le rejet, l’égalité des droits sur la discrimination.