SSR-Billag: et si le péril venait du budget des consommateurs connectés?

Attaché à la mission du service public dans le paysage médiatique, je voterai non à No Billag. Je crois pourtant que l’initiative a des chances d’être acceptée pour un argument quelque peu différent de ceux entendus jusque-là.

Le poste qui a décuplé en vingt ans dans le budget des ménages, c’est celui des coûts liés aux nouveaux médias et au numérique.

Dans les années quatre-vingt, l’abonnement à la télévision par câble marquait une première augmentation significative par rapport à ce que coûtait la seule télévision hertzienne.

Depuis l’émergence de l’internet à haut débit et du smartphone, le consommateur souscrit à une multitude de services et médias en ligne. Souvent pour un prix qui paraît dérisoire: une dizaine de francs par mois par-ci et par-là. C’est ainsi que la douloureuse gonfle progressivement. Insidieusement.

Le budget mensuel d’un foyer composé de deux adultes et de deux adolescents peut désormais ressembler à ça:

  • 1 abonnement de base Swisscom (S) Internet+TV, avec 4 abonnements de téléphonie mobile: 265 CHF par mois
  • 1 abonnement familial Spotify pour la musique illimitée: 19,90 CHF par mois
  • 1 abonnement Netflix HD: 15,90 CHF par mois
  • 1 abonnement Playstation Plus: 5 CHF par mois
  • 1 abonnement Apple iCloud (sauvegarde des données et photos 2TB): 10 CHF par mois

Total : 315 CHF par mois, soit 3’780 CHF par an.

A ceci, il faut ajouter le prix pour l’achat ou le renouvellement des smartphones pour chaque membre de la famille (cela fait un moment qu’un téléphone portable ne sert plus à téléphoner). Sans compter le coût des tablettes, des ordinateurs portables, des applications mobiles et autres jeux achetés au cours d’une année. Actuellement, ce sont les cours en ligne (bien sûr avec abonnement) qui sont en vogue: cours de langues, de cuisine, de programmation, de piano, de yoga, etc.

Le poste «média et numérique» peut apparaître aujourd’hui disproportionné au bilan d’une famille moyenne. Dans ce contexte, il est particulièrement risqué de venir lui demander si elle préfèrerait se passer d’une facture de 450 CHF pour Billag.

A l’heure où nombre de consommateurs doivent faire des choix économiques, ils adhéreraient certainement à une offre SSR qui ne serait pas au rabais, mais réaménagée ou sur un modèle à options. Car qu’on le veuille ou non, la consommation des médias «à la carte» s’est déjà imposée dans les esprits. Dommage que nous n’ayons pas de plan B, semblent-ils dire…

Facebook: la grosse fatigue?

Je viens d’être papa pour la seconde fois; le plus heureux des événements avec son cortège d’émotions. Mais pour annoncer l’arrivée du petit dernier, je me suis contenté d’envoyer quelques messages via SMS et WhatsApp.

Pourquoi n’ai-je pas partagé ce moment privilégié sur Facebook, alors qu’il était évident d’y communiquer la naissance de ma fille il y a quatre ans? Il semblerait que notre relation avec le réseau social se soit compliquée.

De réseau social à média dépersonnalisé

A ses débuts, Facebook n’était qu’une plateforme d’échange pour les étudiants américains. Avec presque 2 milliards de membres actifs par mois (et moins de 5% de faux profils), Mark Zuckerberg peut se targuer d’avoir constitué la plus grande communauté de l’Histoire.

Le réseau social s’est profondément transformé en une dizaine d’années, pour devenir le premier média de la planète. De «social», il ne reste aujourd’hui pas grand-chose depuis que les gens ont emporté leurs affaires personnelles sur les messageries instantanées WhatsApp et Messenger.

Les statuts individuels ont petit à petit cédé la place à des publications rédigées par les médias traditionnels et des leaders d’opinion; bref, par tous ceux qui trouvent un intérêt dans l’histoire. Rares sont les utilisateurs qui contribuent encore avec du contenu personnel, un tantinet original. La plupart de mes amis se servent du réseau en mode passif, en rasant les murs. Quant aux commentaires, ce sont à peu près toujours les mêmes qui «ramènent leur fraise» (dont je fais partie).

Il y a bien Instagram pour susciter un regain de créativité auprès d’un large public, mais il n’assume pas un rôle de «média social» avec un usage qui reste majoritairement anonyme, limité à la diffusion de photos et vidéos.

Sur Facebook, de nouvelles fonctionnalités apparaissent régulièrement pour tenter d’apporter un second souffle à nos récits personnels. Pourtant, ni les souvenirs (ce jour-là), les filtres ou les récentes Stories ne sont parvenus à endiguer ce manque d’engagement sur la plateforme.

Crise de confiance

Facebook paierait-il l’addition pour son manque de transparence dans l’exploitation de nos données personnelles? Au-delà d’une certaine lassitude, la curiosité des débuts a cédé la place à l’anxiété; chacun craignant de se voir déposséder de sa vie privée, d’une atteinte à sa réputation en ligne, ou d’être même un jour poursuivi par ses enfants pour avoir publié quelques anodines photos de famille.

Et si les utilisateurs comprennent le principe de «quand c’est gratuit c’est que je suis le produit», beaucoup le considèrent comme un marché de dupe.

Un empire publicitaire au stade embryonnaire

Le désengagement visible des utilisateurs n’est pas sans répercussion sur la stratégie marketing des entreprises. Frileux et repus d’information, les consommateurs refusent désormais de suivre aveuglément telle marque de pâte à tartiner ou le salon de coiffure du quartier. L’époque où il fallait à tout prix bâtir sa communauté de «fans» est révolue.

Les publicitaires doivent changer leur fusil d’épaule et cibler des communautés plus authentiques, comme les véritables centres d’intérêt des consommateurs. Des données disponibles à foison sur le réseau, qui recoupés avec des critères sociodémographiques représentent une mine d’or numérique. Ce n’est pas par hasard si Facebook domine actuellement le marché mondial de la publicité en ligne, conjointement avec Google.

Malgré la dépersonnalisation qui affecte son réseau principal, Facebook est en mesure de tirer sur toutes les cordes étant donné que les messageries WhatsApp et Messenger lui appartiennent également. Une annonce est aussi attendue le mois prochain dans le domaine de la télévision; un autre média traditionnel qui risque de passer quelques nuits blanches…

 

 

Statistiques Facebook (mai 2017)

Adieu la « télé »

Le Petit Journal de Canal+ s’arrêtera fin juin. Une nouvelle anodine, mais qui symbolise pour moi la fin d’une époque. Je suis un enfant de la télé qui voit le générique de fin tomber sur le petit écran.

Mon sevrage télévisuel a été progressif pour s’achever avec le rendez-vous quotidien des JT, que je visionnais en léger différé via la Swisscom TV. Un rituel quasi religieux qui commençait sur RTS Un et se poursuivait parfois avec le journal de France 2 (en attendant le trublion Yann Barthès qui a su réinventer le genre).

Les Suisses passent moins de 2 heures par jour devant la TV, contre 5 heures aux Etats-Unis.

En faisant le compte, le solde demeurait démesuré: quelque 300 heures par année passées devant la TV; soit l’équivalent de six semaines de travail, ou soustraites à d’autres activités. Alors que le temps serait plus précieux que l’argent, je ne trouve désormais aucun stimulus à suivre ces messes de l’ère cathodique. A 20 heures, j’ai déjà été informé pendant la journée par l’intermédiaire de nouveaux rancards avec l’information: sur les réseaux sociaux (par dosettes), via des applications dédiées comme Le Temps (dans les transports et comme tout le monde au petit coin). Je me connecte parfois aussi à des agrégateurs de contenu comme Nuzzel ou Flipboard. Et avec les notifications automatiques sur nos smartphones, il est impossible de manquer une breaking news.

Sur Facebook, on dénombre 1,65 milliard d’utilisateurs actifs par mois qui y consacrent en moyenne 50 minutes par jour (contre 17 minutes sur Youtube).

Malléables, les réseaux sociaux sont le reflet de ce que nous en faisons et se révèlent à moi comme d’incomparables outils d’éveil et de veille. Sur Facebook, j’ai appris à dompter l’algorithme en jaugeant la pertinence des informations reçues; dans le but de faire progresser la qualité de mon flux d’actualités.  Et j’y trouve d’ailleurs des productions issues des chaînes de télévision traditionnelles, en général celles qui sont susceptibles de m’intéresser.

Les vidéos produites pour le web surpassent le légendaire prime-time aux États-Unis.

Dans mon salon trônera encore un grand écran connecté, quant à la téloche elle peut reposer en paix au paradis des avachis. Bientôt, on ne regardera plus la « télé » mais on suivra des productions sur le net. La tendance actuelle vers la désintermédiation voudrait qu’elles s’affranchissent prochainement de leurs chaînes.

L’autorité d’un média comme « Le Temps » peut-elle se mesurer ?

letempscover

 

« Le Temps » mérite-t-il son sous-titre de« MÉDIA SUISSE DE RÉFÉRENCE », que d’aucuns qualifient d’autoproclamé ? Comment peut-on mesurer l’autorité d’un titre de presse au-delà de son tirage, du nombre de ses lecteurs ou de l’opinion du landernau médiatique ? Je tente d’apporter un élément de réponse en me basant sur les mécanismes de ranking qui furent à l’origine du succès de Google.

De la référence classique au référencement numérique

La valeur d’une référence se jauge habituellement par le nombre de citations de tiers bénéficiant eux-mêmes d’une réputation, et ainsi de suite. Un système vertueux qui est à la base de la reconnaissance sociale; le monde académique l’utilise par exemple depuis longtemps pour déterminer la renommée des professeurs d’université.

C’est sur ce principe de référencement que Larry Page et Sergeï Brin édifièrent les fondations de Google en 1998, donnant naissance au fameux algorithme basé sur les concepts de PageRank et TrustRank. Une logique qui est au cœur du mécanisme de Google pour classer les résultats d’une requête (même si de nombreux autres facteurs comme la qualité du contenu, la vitesse de chargement ou la compatibilité avec les appareils mobiles entrent également dans l’algorithme aujourd’hui).

La recette exacte de Google n’étant pas dévoilée, des spécialistes indépendants essaient d’en déchiffrer les composantes dans le but d’aider au référencement de sites web (en anglais Search Engine Optimisation ou SEO). Moz est une organisation privée dont la respectabilité n’est plus à prouver chez les professionnels du SEO. Il propose une panoplie d’études et d’outils, dont un score d’Autorité et les échelles MozRank / MozTrust qui s’efforcent de se rapprocher au plus près des indicateurs secrets de Google.

Définition des scores

L’Autorité évalue le « poids » d’un domaine Internet, selon un algorithme qui combine l’ensemble des signaux analysés sur les hyperliens relatifs à un site.

Le MozRank traduit la popularité d’un nom de domaine sur l’Internet. Le score, de 0 à 10, augmente selon le nombre et la qualité des liens externes qui pointent vers le site.

Le MozTrust est établi de manière similaire, mais il rapporte le niveau de confiance selon l’éloignement du site avec des sources à très haute crédibilité, comme les plus prestigieuses universités, des sites gouvernementaux ou toute autre source considérée comme une référence éminente.

A noter que ces scores fonctionnent selon une échelle logarithmique, c’est-à-dire qu’une différence entre 70 et 80 est beaucoup plus considérable qu’entre 60 et 70.

(suite…)

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