Le web est né il y a exactement un quart de siècle au CERN à Genève, mais étonnamment nous utilisons toujours une souris et un clavier électromécaniques pour naviguer dans cette gigantesque toile de données. Si l’émergence des écrans tactiles n’a pas vraiment révolutionné son fonctionnement, les balbutiements de Siri et Google Now nous montrent une nouvelle voie.
Les limites du web actuel
Les améliorations de son interface, des graphismes ou ce qu’on désigne comme l’expérience utilisateur ne sont en fait que des béquilles pour pallier l’impossibilité de converser naturellement avec nos appareils. Non, l’usage du web et des applications mobiles n’est pas intuitif lorsqu’il s’agit de résoudre des problèmes un tantinet complexes, dans un contexte donné.
Prenons l’exemple des achats en ligne: le processus ne répond actuellement pas au comportement inné du consommateur, mais à une inepte logique applicative et des contraintes visuelles. Dans un futur proche, une demande pourra être finalisée à partir de simples échanges en langage naturel, sur une messagerie instantanée. Imaginons cet échange avec le bot Alexa :
– Alexa, je veux le short de Stan Wawrinka, celui qu’il portait lorsqu’il a gagné Roland Garros.
– OK Blaise. Il peut vous être livré demain dans votre taille, pour 90 CHF, frais de port offerts. Pour confirmer l’achat avec votre carte VISA, dites « commande ».
– Euh, c’est pour offrir. J’en ai besoin en taille XL et avec un paquet cadeau.
– D’accord Blaise, pour confirmer dites « commande ».
– Commande.
– Merci Blaise, votre voix a été authentifiée et le paiement est validé.
Au-delà de la parole, maîtriser la distribution
Les géants du net ont entamé une course à la recherche et au développement. Celui qui aura dompté en premier la conversation homme-machine prendra un avantage compétitif déterminant.
L’enjeu n’est pas des moindres: dominer les futurs canaux de distribution des biens et des services, se passer des intermédiaires.
Ainsi, Google travaille sur une application de messagerie dédiée, Amazon a déjà lancé une première mouture de son assistant virtuel Echo, Facebook planche sur une version intelligente de Messenger baptisée « M ». Sans oublier Siri chez Apple et l’évolution attendue de la messagerie Whatsapp. Quant à l’outsider Viv, il serait en avance sur la mêlée selon des blogs spécialisés.
Une rupture pour les acteurs du digital
La diminution de notre dépendance aux écrans va bouleverser nos habitudes de consommation. Bientôt, des conseillers personnels omniscients guideront nos achats en ligne vers le produit le plus adapté à un besoin que nous aurons intuitivement exprimé, par oral ou par écrit. Le conseiller-robot aura réponse à presque tout, partout où nous avons besoin de lui: dans notre salon, la cuisine, la voiture, etc.
A l’heure où la transformation digitale devient une priorité pour l’industrie traditionnelle, le secteur du numérique devra lui aussi se redéfinir sous le diktat de l’intelligence artificielle. Les acteurs du digital que sont les spécialistes en référencement, les agences de marketing ou les professionnels du e-commerce peuvent déjà songer à se réinventer s’ils ne veulent pas être exclus de la discussion.
Photo: Her de Spike Jonze – 2013