J’ai testé Revolut, la révolution annoncée des services bancaires

On entend beaucoup parler de la monnaie virtuelle de Facebook (la Libra) depuis ce printemps. Elle est cependant menacée par des projets de régulation et on ne sait si elle déferlera un jour sur l’économie mondiale. En attendant, c’est l’application Revolut qui doit donner des cheveux blancs aux banquiers traditionnels. Lancée à Londres en 2014 par deux ex du Crédit suisse, elle a conquis quelques 5 millions de clients en Europe et cela presque sans publicité, portée par l’enthousiasme de ses utilisateurs et le bouche-à-oreille. Revolut a construit sa réputation en proposant des services bancaires sans facturer de frais ou de commissions sur la plupart des opérations.

Une application convaincante

Lors de ma première utilisation – tout se passe via l’application mobile – je suis séduit par l’interface qui est d’une grande clarté et qui ne ressemble pas vraiment à une plateforme bancaire. Ouvrir un compte virtuel s’avère d’une simplicité déconcertante (il faut néanmoins fournir une preuve d’identité comme une photo passeport). Ensuite, c’est un jeu d’enfant de transférer de l’argent ou d’échanger des cryptomonnaies avec son smartphone. Un environnement ludique que l’on pourrait à la limite trouver pernicieux, s’agissant d’argent bien réel.

Une version payante rentable à l’étranger

Je souscris assez rapidement à l’offre payante pour bénéficier des avantages réservés aux détenteurs de la carte «Metal» , facturée 160 CHF par année. En plus de l’envoi et de la réception d’argent, elle permet d’échanger des cryptomonnaies, d’effectuer des retraits aux distributeurs de billet dans le monde entier (jusqu’à 600€ par mois sans frais), donne l’accès à un concierge virtuel, à des assurances (dégâts smartphone, médicales, pertes de bagages), offre un cashback immédiat (remboursement) de 0,1 à 1% sur les dépenses et promet un accès facilité aux salons des aéroports.

Mais est-ce cher payé? En ce qui me concerne, mon investissement de départ a été amorti en moins de 3 mois (et surtout après 3 voyages).

Revolut a désormais remplacé l’usage de mes cartes de crédit traditionnelles pour toutes les transactions en monnaies étrangères, et pour cause: contrairement à ma banque traditionnelle qui me charge 1,75%, il n’y a chez Revolut pas de majoration sur les taux de change, ni frais de transaction; ainsi seul le cours interbancaire est appliqué lors d’un achat à l’étranger.

Lors d’un séjour à San Francisco, j’ai également reçu un cashback de 1% sur toutes mes dépenses, y compris pour une note d’hôtel de plusieurs milliers de dollars.

En supprimant les frais de traitement sur les transactions en monnaie étrangère, Revolut met en quelque sorte fin à ce qu’on pourrait appeler le «roaming bancaire».

Il est piquant de constater que PayPal, le vétéran des plateformes de paiement en ligne, se voit lui aussi «disrupté» par Revolut. Lors d’une commande en ligne effectuée sur un site en Angleterre, j’économise 8,50 CHF sur une commande de 176 CHF en payant en directement en Livre Sterling avec ma carte noire-métal. C’est bien plus intéressant que la conversion en francs suisses qui m’était proposée par PayPal.

Et comment ajoute-t-on de l’argent à son compte Revolut? Deux possibilités: en effectuant un virement à partir d’un compte bancaire classique (à un n° IBAN, en l’occurence en Suisse) ou plus étonnant, en débitant une carte de crédit standard sans frais additionnels (expérience faite avec mon émetteur de carte, mais ce n’est apparemment pas le cas chez tout le monde!). Dans le second cas, l’avantage réside dans le transfert instantané du montant sur son compte Revolut, ce qui est fort pratique lorsqu’on souhaite recharger son compte à sec, par exemple au moment où l’on s’apprête à effectuer un règlement dans une boutique.

L’ouverture à Apple Pay: la seconde révolution

Pour nous autres en Suisse, Revolut fait sauter un verrou en autorisant l’utilisation d’Apple Pay pour les paiements sans contact. Les acteurs bancaires helvétiques ont tout fait pour barrer la route à la pomme et imposer leur propre service (TWINT). Mais voilà qu’elle arrive sur le marché par la porte de derrière, avec Revolut.

Dernièrement, c’est avec mon Apple Watch (Revolut + Apple Pay) que j’ai effectué la majorité de mes paiements dans des établissements physiques: restaurants, hôtels, cafés, magasins, stations-service, paillotes de plage, etc. Le taux d’acceptation de ce moyen de règlement a été très élevé: 100% à San Francisco et à Londres, environ 90% lors de mes vacances en Corse cet été (c’est tellement pratique de se promener sans argent liquide à la plage, sans même une carte de crédit ou un smartphone).

L’expérience d’achat avec l’Apple Watch a quelque chose de quasi magique, notamment pour ceux qui n’ont en jamais entendu parler; un restaurateur corse qui découvrait ébahi ce moyen de paiement m’a demandé «où j’avais garé ma soucoupe volante»  ?.

Un avenir pourtant incertain

Revolut ajoute régulièrement de nouveaux services, avec apparemment l’idée de toujours changer la donne. Si l’achat et la vente de cryptomonnaies sont déjà d’actualité, il est désormais possible de boursicoter pour se constituer un portefeuille d’actions avec l’application (toujours sans frais). Quelle est la révolution ici? L’option d’acheter des fractions de valeurs boursières, démocratisant l’accès à des titres onéreux comme ceux d’Amazon ou Apple.

Revolut ne va sans doute pas s’arrêter en si bon chemin et l’on peut raisonnablement imaginer qu’ils revisiteront à leur manière l’intégralité des services bancaires classiques (prêts, hypothèques, etc.). A moins qu’ils ne soient d’ici là rattrapés par les rumeurs de liens avec la Russie, susceptibles de compromettre leur licence bancaire européenne?

 

Note: Revolut appliquerait une légère majoration sur les échanges de monnaie durant les week-ends. Bon à savoir!