Le combat de la gauche pour que les violeurs puissent éviter la prison

Dans quelques semaines, la Suisse connaîtra une nouvelle grève féministe du 14 juin. Quelques jours avant, le Parlement se sera de nouveau prononcé sur la révision du droit pénal en matière sexuelle. Et, de nouveau, la gauche aura fait tout son possible pour permettre aux violeurs d’échapper à la prison.

Cela fait maintenant plusieurs années que le mois de juin connaît ce paradoxe qui voit manifester pour la cause féministe les mêmes élus qui, par conviction, estiment parallèlement qu’un violeur doit pouvoir éviter de passer par la case prison.

Une vision assumée et persistante

L’été dernier, le Conseil des États avait déjà débattu de l’opportunité ou non de prévoir des peines avec sursis dans les cas les plus abjects, à savoir ceux où un viol est commis par la contrainte « en usant de menace ou de violence à l’égard d’une personne, en exerçant sur elle des pressions d’ordre psychique ou en la mettant hors d’état de résister ».

Le Genevois Carlo Sommaruga s’était alors fait porte-parole de son camp politique : « en cas de viol (qualifié), cela n’est ainsi pas justifié d’infliger systématiquement lors de la première infraction d’un coupable le prononcé d’une peine qui ne puisse pas bénéficier du sursis complet et qu’il doive passer par une peine de prison effective ».

Traitement médiatique distant

Depuis le début des débats, les médias se sont largement concentrés sur la définition du viol, entre « oui c’est oui » et « non c’est non », au détriment de ses conséquences. C’est ainsi qu’un nombre important de citoyens ignorent aujourd’hui que jusqu’au mois de mars 2023, les Verts et le PLR militaient pour qu’un viol puisse être sanctionné de jours-amende plutôt que d’une peine privative de liberté.

Carlo Sommaruga expliquait la position de ses collègues en précisant qu’il faut offrir au juge la possibilité de « rendre aussi des peines qui soient en relation avec la gravité de l’acte » dans des « cas relativement bénins » de viol. Il était ensuite soutenu par Lisa Mazzone, pour qui « ce n’est pas le niveau de la peine qui a un impact protecteur ou préventif ».

Rien n’est gagné

C’est dans la même indifférence relative que se déroule le débat portant sur le sursis. Pourtant, rien n’est gagné : durant l’hiver, lors du premier vote de la Chambre du peuple à ce sujet, la proposition UDC d’imposer une peine de prison dans les cas les plus graves (dits « qualifiés ») n’a été acceptée qu’à quelques voix près. La gauche et le PLR ont refusé en bloc, avec 90 de leurs 91 voix cumulées. En face, 95 voix ont sauvé l’essentiel.

Rien ne garantit qu’il en ira de même le 1er juin, alors que le Conseil des États a changé d’avis par 20 voix contre 19. En rangs serrés, la gauche fera tout pour gagner ce combat. Cela, alors même qu’aujourd’hui, un quart des violeurs condamnés échappent à la prison.

C’est avec vigueur que je souhaite partager l’appel du comité « pas de peines pécuniaires pour les violeurs » afin que le Conseil national confirme son choix précédent et opte pour une politique plus juste à l’égard des victimes d’agressions sexuelles.

Le Temps a décidé de fermer son espace blog – plus aucun billet ne pourra être publié à partir du 30 juin 2023. Dès à présent, mes contributions seront publiées sous forme de tribunes auprès du journal Le Peuple. Elles sont accessibles gratuitement sur le site www.lepeuple.ch . Il est aussi possible de recevoir mes billets avec les trois abonnements différents du peuple: gratuit (sélection d’articles par courriel), payant en ligne ou papier, afin de recevoir le journal tous les mois à la maison.

Dérapage anti-paysan: Roger Nordmann doit s’excuser

La défaite peut parfois être amère. Mais lorsque Roger Nordmann parle d’alliance « du fric et du fumier » en réaction à l’élection d’Esther Friedli au Conseil des Etats, il s’agit d’un grave dérapage. L’intéressé doit s’excuser.

Ce dimanche, le canton de Saint-Gall élisait son deuxième représentant au Conseil des Etats, dans un scrutin complémentaire visant à repourvoir le siège de Paul Rechsteiner, socialiste démissionnaire. Au bout du compte, la candidate UDC Esther Friedli a largement devancé son opposante socialiste Barbara Gysi, avec 57,4% des voix contre 36,9.

Quand il ne reste que le dédain

Cette défaite était certainement la goutte de trop pour Roger Nordmann. Il faut dire que lorsque le Vaudois a accédé à la présidence de son groupe parlementaire sous la coupole, il a hérité de 12 sièges au Conseil des Etats. En quatre ans seulement, 6 ont disparu.

Certes, la déception est humaine (le même jour, l’écologiste genevoise Fabienne Fischer digérait mal sa non-réélection, préférant parler de « démocratie en danger » que se remettre en question). Mais il y a des lignes rouges à ne pas franchir. Afficher son dédain à une frange entière de la population, celle qui se lève tôt pour remplir nos assiettes, dans l’amour de la terre et des bêtes, en fait définitivement partie. Cela d’autant plus dans un média permettant de relire les citations dans un média permettant de relire les citations avant publication, à tête reposée (en l’occurrence, la Liberté).

Il faut désormais attendre des excuses publiques

Sans surprise, les réactions choquées du monde agricole ont plu sur les réseaux sociaux. Les paysans et citoyens outrés ont été nombreux à relayer l’’appel du conseiller national Jacques Nicolet, par ailleurs agriculteur et président de l’Association suisse pour un secteur agroalimentaire fort, à exiger des excuses publiques. Les Jeunes UDC, de leur côté, encouragent la population à publier leurs meilleures photos liées au monde agricole en signe de soutien.

Si le désamour d’une certaine gauche huppée et urbaine envers le monde agricole est bien connu, le Lausannois Roger Nordmann s’est exprimé en tant que président du deuxième groupe parlementaire du pays. L’on ne peut que donner raison à la revendication bien mesurée des agriculteurs injustement attaqués. Et attendre des excuses nécessaires.

Modification du droit des sanctions : le Parlement fait fausse route

Il y a un an à peine, le Conseil des Etats adoptait largement la nouvelle loi sur les embargos. But de la réforme : permettre au Conseil fédéral de sanctionner l’Ukraine, afin de donner un semblant de neutralité lors d’une reprise des mesures occidentales contre la Russie. Impacté par l’actualité, ce débat démontre une conduite à l’aveugle qui affaiblit la position internationale de notre pays.  (suite…)

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Sécurité énergétique et alimentaire : nous allons payer dix ans de dogmatisme écologiste

La guerre qui sévit en Ukraine a ravivé le débat sécuritaire dans notre pays. D’un point de vue militaire, on aperçoit facilement les lourdes conséquences que le blocage politique constant exercé par la gauche pourrait avoir en cas de conflit. Mais à plus court terme, ce sont les effets de la pression écologiste sur deux autres aspects de notre sécurité qui pourraient se faire sentir : l’approvisionnement en denrées alimentaires et en énergie.   (suite…)

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