Dérapage anti-paysan: Roger Nordmann doit s’excuser

La défaite peut parfois être amère. Mais lorsque Roger Nordmann parle d’alliance « du fric et du fumier » en réaction à l’élection d’Esther Friedli au Conseil des Etats, il s’agit d’un grave dérapage. L’intéressé doit s’excuser.

Ce dimanche, le canton de Saint-Gall élisait son deuxième représentant au Conseil des Etats, dans un scrutin complémentaire visant à repourvoir le siège de Paul Rechsteiner, socialiste démissionnaire. Au bout du compte, la candidate UDC Esther Friedli a largement devancé son opposante socialiste Barbara Gysi, avec 57,4% des voix contre 36,9.

Quand il ne reste que le dédain

Cette défaite était certainement la goutte de trop pour Roger Nordmann. Il faut dire que lorsque le Vaudois a accédé à la présidence de son groupe parlementaire sous la coupole, il a hérité de 12 sièges au Conseil des Etats. En quatre ans seulement, 6 ont disparu.

Certes, la déception est humaine (le même jour, l’écologiste genevoise Fabienne Fischer digérait mal sa non-réélection, préférant parler de « démocratie en danger » que se remettre en question). Mais il y a des lignes rouges à ne pas franchir. Afficher son dédain à une frange entière de la population, celle qui se lève tôt pour remplir nos assiettes, dans l’amour de la terre et des bêtes, en fait définitivement partie. Cela d’autant plus dans un média permettant de relire les citations dans un média permettant de relire les citations avant publication, à tête reposée (en l’occurrence, la Liberté).

Il faut désormais attendre des excuses publiques

Sans surprise, les réactions choquées du monde agricole ont plu sur les réseaux sociaux. Les paysans et citoyens outrés ont été nombreux à relayer l’’appel du conseiller national Jacques Nicolet, par ailleurs agriculteur et président de l’Association suisse pour un secteur agroalimentaire fort, à exiger des excuses publiques. Les Jeunes UDC, de leur côté, encouragent la population à publier leurs meilleures photos liées au monde agricole en signe de soutien.

Si le désamour d’une certaine gauche huppée et urbaine envers le monde agricole est bien connu, le Lausannois Roger Nordmann s’est exprimé en tant que président du deuxième groupe parlementaire du pays. L’on ne peut que donner raison à la revendication bien mesurée des agriculteurs injustement attaqués. Et attendre des excuses nécessaires.

Yohan Ziehli

Né à Lausanne en 1993, Yohan Ziehli a grandi entre les vignes de Lavaux et de la Riviera. Amateur de produits du terroir, lecteur compulsif et pianiste à ses heures perdues, il travaille pour le groupe de son parti au parlement fédéral en tant que juriste, spécialisé dans les questions de politique extérieure, institutionnelle et démographique. Il est conseiller communal et vice-président de l’UDC Vaud.

8 réponses à “Dérapage anti-paysan: Roger Nordmann doit s’excuser

  1. Oui il faut condamner ses propos. Mais si sa présence au parlement nous garantie que les socialos seront moins nombreux avec le temps qui passe, il ne faut pas le dégoûter de la politique, et le garder au parlement le plus longtemps possible. Dans un monde parfait, les partis politiques qui œuvrent dans l’ombre avec des puissances étrangères contre notre indépendance devraient être poursuivis en justice (bon, j’ai résisté à l’envie d’écrire devraient être interdits – mais je n’aime pas interdire – les débats sont indispensables à la démocratie directe).

  2. Le « dérapage » oral ou écrit fait, me semble t il, partie intégrante de tout mouvements d’idées, en Suisse comme ailleurs, et ce n’est pas nouveau.

  3. Il sera jugé par les intéressés c’est sa peine. Si il se tait cela conforte tout le mal que certains pensent de lui parce que ce n’est pas son premier dérapage, il a déjà fustigé les petits cantons de la Suisse Centrale. C’est d’abord le PS qui subit les dérapages de ce personnage.

    Même si la génération chochotte fait beaucoup de bruit, il n’y a pas besoin de suivre cette évolution générationnelle qui demande des excuses pour un rien. Laissez cette tendance à la gauche bobo.

    Les excuses sont à réclamer sur des fait graves, le reste ça se condamne dans les urnes. Les paysans ont la peau plus dures que les bobo marshmallow. Je doute qu’ils ont besoin d’être défendu.

    Il est important de relever les paroles hallucinantes de rage et répétées de R. Nordmann, mais pas besoin de demander des excuses, sa bêtise le sanctionne déjà.

  4. En grand spécialiste du genre, il va peut-être solliciter une énième dérogation pour passer à côté de l’excuse.

  5. Mais quel est donc le mot qui dérape ? Et-ce “fumier” ou “fric” ?
    Je suis un peu perdu là ! Les banquiers ne se fâchent pas ?

  6. “Chantons le fumier lon la
    Chantons le fumier lon lère…”

    -Abbé Bovet

    On connaissait l’union du goupillon et du canon, mais pas encore celle du goupillon et du pognon.

  7. En tous cas elle est bien mignonne cette Esther Friedli. Et puis c’est la bonne amie à Toni Brunner. Donc, on ne peut que se réjouir. Evidemment ça fait bien enrager le représentant du lobby des grands magasins (à stéréotpe, stéréotype et demi!), qu’une péguenotte de l’UDC soit élue à la place d’une socialiste patentée. Mais il est mauvais perdant.

    Paul Rechsteiner avait une vraie personnalité, une moustache. ll avait été président de l’USS. ll avait fait ses preuves. Apparemment les Saint-Gallois ont jugé que Barbara Gysi ne faisait pas le poids pour lui succéder, tandis qu’Esther Friedly, elle avait quand-même renoncé à une candidature au CF pour se concentrer sur l’élection aux Etats. C’est une autre paire de manches pour une sénatrice, sans compter qu’elle dort quand-même avec Toni Brunner et lui, à Saint-Gall, et dans toute la Suisse, c’est quelqu’un. Bref, ça a été l’élection d’une notable. Une élection qui s’imposait. D’ailleurs la preuve: 57.4S% contre 36.9% c’est sans appel. C’est un plébiscite. Fric ou pas fric, c’est un triomphe. On n’achète pas le peuple Saint-Gallois, ni Suisse, sinon le PS ne serait pas en chute libre alors qu’il a beaucoup de familles très riches parmi ses sponsors (dont peut-être la famille Nordmann, qui sait?) en plus d’avoir les syndicats, et beaucoup de fric.

    Ce n’est pas joli joli d’insulter la victoire, surtout quand elle est méritée et a le joli visage d’Esther Friedli. C’est même goujat. Mais la formule : “alliance du fric et du fumier” me plaît assez. C’est une trouvaille, une bonne idée politique, qui a de l’avenir. C’est une source d’inspiration à mon avis. C’est mieux que le sabre et le goupillon ou le marteau et la faucille. C’est peut-être la formule de l’UDC, et ça marche. L’alliance du bon sens terrien et du succès économique, c’est la force de la Suisse.

    Vous avez raison de demander que Nordmann s’excuse. ll ne le fera pas. Mais de toute façon ce n’est pas bien important. L’important c’est l’élection triomphale de la charmante, et excellente femme politique Esther Friedli-Brunner, qui va certainement marquer la vie politique saint-galloise et suisse pour de nombreuses législatures encore..

    1. “L’alliance du bon sens terrien et du succès économique…”

      Terrien ou pas, le bon sens n’est-il pas du monde la chose la mieux partagée? Mais si vous deviez être opéré d’urgence pour un problème quelconque, préféreriez-vous l’être par un rebouteux plein de son seul bon sens ou par un spécialiste qui sait manier son bistouri?

      Oui, du bon sens il en faut, et pas seulement à sens unique.

      Quant au beau Toni, n’est-ce pas lui qui disait naguère qu’il est plus utile de savoir traire sa vache que d’apprendre le français?

      Ne sais pas si Victor Hugo savait traire une vache, en revanche n’est-ce pas lui qui a écrit “Le Suisse trait sa vache et vit en paix” sans préciser en quelle langue elle se laisse traire le mieux?

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