Sécurité énergétique et alimentaire : nous allons payer dix ans de dogmatisme écologiste

La guerre qui sévit en Ukraine a ravivé le débat sécuritaire dans notre pays. D’un point de vue militaire, on aperçoit facilement les lourdes conséquences que le blocage politique constant exercé par la gauche pourrait avoir en cas de conflit. Mais à plus court terme, ce sont les effets de la pression écologiste sur deux autres aspects de notre sécurité qui pourraient se faire sentir : l’approvisionnement en denrées alimentaires et en énergie.  

La crise pandémique semblait terminée et la stabilité en passe d’être retrouvée. Grâce aux réserves que nous avions pu constituer au prix d’efforts étalés dans le temps et à une bonne situation structurelle, notre pays semblait pouvoir se relever rapidement. C’était sans compter sur la guerre russo-ukrainienne, qui vient mettre en évidence les dérives d’une décennie de politique fondée sur l’émotion et la peur.

En quelques années de pressions intenses de la gauche écologiste, notre pays a augmenté sa dépendance à l’étranger dans des domaines essentiels pour la vie de tous les jours. Partant, notre vulnérabilité face aux crises de portée globale ou régionale ne s’en est que renforcée. Et c’est précisément à de telles crises que la Suisse devra faire face dans un avenir proche.

Affaiblissement de l’agriculture locale et dépendance étrangère

L’une des caractéristiques du combat écologiste mené contre l’agriculture est qu’il s’attaque aux paysans suisses sans pour autant toucher les produits étrangers importés. Il s’agit là de la suite logique des Bilatérales I et du fameux Cassis de Dijon, soit le procédé qui permet aux producteurs européens de vendre en Suisse des produits qui ne répondent pas à nos normes environnementales et qualitatives, tant qu’ils sont homologués dans un pays européen.

Citons en exemple les initiatives anti-agricoles contre les pesticides, bien connues des citoyens. Elles ne s’attaquaient qu’aux producteurs helvétiques, tout comme l’initiative contre l’élevage intensif sur laquelle nous nous prononcerons bientôt. Les denrées alimentaires importées, elles, ne sont pas touchées. Bien que les deux initiatives précitées aient été refusées, elles exemplifient à merveille la déferlante qui touche nos chambres parlementaires fédérales et cantonales et augmente année après année la pression portée sur nos agriculteurs, amenés au nom de l’écologie à se muer en jardiniers des campagnes au service prétendu de la biodiversité.

La productivité agricole, elle, s’en retrouve toujours plus affaiblie, et la part d’autoapprovisionnement chute au fil des succès de la révolution climatique. Mais fondamentalement, est-il acceptable que la Suisse refuse d’exploiter le potentiel de terres de haute qualité au centre de l’Europe et se repose sur l’importation, alors que la production est tendue au niveau mondial ?

Cette vision a tout du moins deux suites inévitables : en Suisse, elle fragilise la sécurité de l’approvisionnement en le rendant dépendant d’acteurs étrangers dont les intérêts sont parfois contradictoires. A l’étranger, elle tend à affamer les populations précarisées en temps de crise, la Suisse pouvant alors plus facilement acquérir des biens qui manqueront aux pays pauvres.

Une politique énergétique vouée à l’échec

La transition énergétique est certainement le thème le plus fort porté ces dix dernières années par les mouvements verts. Partis la fleur au fusil en 2011 pour réclamer la fin du nucléaire, ces éminents stratèges ont enchainé les promesses. Aujourd’hui, la Suisse se retrouve face à la triste réalité d’un écolo-dogmatisme qui n’en tient aucune : les pénuries d’électricité menacent à court terme et les émissions augmentent. Pire : les carences des énergies dites renouvelables ne pouvant être évitées (notamment le manque de pilotabilité), le Conseil fédéral est forcé de proposer la construction de nouvelles centrales à gaz.

Avoir recours au gaz, c’est également le constat du parti socialiste, qui réclame la mise en service de 2’000 nouvelles unités, capables ensemble de fournir l’équivalent électrique d’une centrale nucléaire. Le problème, de l’aveu même des principaux concernés, c’est qu’il n’est pas possible d’avoir recours en suffisance au biogaz, dit « renouvelable ». Il faut donc se tourner vers l’importation et choisir entre gaz russe et qatari, alors que d’autres pays prolongent l’utilisation des centrales à charbon, sources extrêmes de CO2.

Il est temps de se ressaisir

Bousculant les majorités fédérales et cantonales, la politique écologiste rose-verte a déstabilisé durablement la sécurité stratégique de la Suisse. L’influence démesurée que ces mouvements ont prise est largement due à un traitement émotionnel plus que rationnel de l’information et à une médiatisation à sens unique des problématiques concernées.

Il est aujourd’hui temps de revenir à une vision plus crédible. Si la volonté populaire de responsabilité écologique doit naturellement être prise en compte, notamment par le biais d’économies d’énergie, de lutte contre le gaspillage alimentaire et de recherche technologique, la sécurité de la population doit être à nouveau être mise au centre d’une politique énergétique et agricole à même d’assurer l’approvisionnement de tous.

Il est d’ores et déjà trop tard pour se prémunir de tous les effets que l’angélisme des années 2010 aura causés. Ma foi, l’on se rappelle toujours dos au mur que gouverner, c’est prévoir.

 

 

Yohan Ziehli

Né à Lausanne en 1993, Yohan Ziehli a grandi entre les vignes de Lavaux et de la Riviera. Amateur de produits du terroir, lecteur compulsif et pianiste à ses heures perdues, il travaille pour le groupe de son parti au parlement fédéral en tant que juriste, spécialisé dans les questions de politique extérieure, institutionnelle et démographique. Il est conseiller communal et vice-président de l’UDC Vaud.

12 réponses à “Sécurité énergétique et alimentaire : nous allons payer dix ans de dogmatisme écologiste

    1. Vous remarquez que nous n’avions la majorité ni aux chambres fédérales, ni au Grand conseil.

      Par ailleurs, il ne vous aura pas échappé que mon article parle d’un mouvement qui “bascule les majorités”. En effet, la pression à sens unique imposée par les milieux politiques, civils et médiatiques a été d’une force rare, bousculant même une partie de nos alliés PLR.

      En d’autres termes, quand un thème forte (de droite ou de gauche) perce, il peut déplacer tout le cadran politique.

  1. Toujours tellement drôle d’entendre la majorité gouvernante et responsable de rejeter la balle dans le camp des minoritaires. Toujours aussi pathétique de ne lire que propos anxiogènes. Gouverner par la peur le crédo de l’UDC.

    1. Je vous propose de relire les motivations des mouvements écologistes et de déterminer où se trouvent les arguments anxiogènes : chez ceux qui mettent en garde contre la sécurité de l’approvisionnement ou ceux qui alarment contre la fin du monde ?

  2. Je commence à avoir de la sympathie pour la Russie…

    J’ai le sentiment diffus qu’on m’a menti et que les forces armées ukrainiennes s’apprêtaient bien à exterminer les russophones de l’Est. L’armée ukrainienne était en tout cas prête au combat… Sinon, comment expliquer tous ces morts au sein de l’armée russe ? L’OTAN parle de 40’000 victimes russes (morts, blessés,…) contre 2685 victimes civiles ukrainiennes (1035 morts, 1650 blessés).

    La Covid tuait 400 Ukrainiens par jour.
    La Covid tue donc 3x plus que l’armée russe… dans une guerre présenté comme apocalyptique…

    Qu’est-ce qui se passe en Ukraine ?
    Je ne veux pas être un mouton.

  3. Je ne puis que vous recommander de poster sur le 20 Minutes. Il s’y trouve là un inépuisable vivier, grouillant et dégoûtant à souhait, de cette populace de base si fière de sa médiocrité et constituant le fluide vital de l’UDC. Ils ne questionneront point vos arguments fallacieux, basés sur le concept du KISS, et vous soutiendront vaillamment depuis les sommets de leur inculture.

    Doit-on vraiment systématiquement rappeler que ce pays est gouverné depuis des décennies par votre infect parti d’extrême-droite ? Parti rétrograde d’opposition qui nous démontre brillamment, à chaque mandat de ses élus, qu’il est totalement incapable d’apporter des solutions ?

    Sur ce, je vous laisse sur un traditionnel “c’est la faute aux gauchistes ou aux étrangers” et j’en profite pour souhaiter une longue vie à votre maître d’Herrliberg. Je suis tellement heureux que son soutien ouvert au régime de l’apartheid ne l’ait jamais mené en prison.

    1. Vous vivez vraisemblablement dans une réalité parallèle, dans laquelle deux ministres sur sept forment la majorité d’un gouvernement et où 62 élus sur 250 dirigent un parlement.

      Vous parvenez même à créer le concept succulent de “gouvernement d’opposition” – il fallait oser.

      Je ne peux donc pas trop vous en vouloir pour le reste de votre commentaire, dont le ton n’a d’égal que le contenu…

  4. L’agenda des verts contient dans la priorité des priorités l’affaiblissement de la Suisse, pour niveler notre niveau de vie vers le bas, en pensant que cela aiderait les autres pays voisins et du tiers monde. Il ne faut pas les blâmer mais les combattre durement, car leur raison d’être est de nous embêter. Il n’y a qu’à voir leurs initiatives contre notre économie, notre agriculture, notre sécurité, etc. L’UE vient de signer avec les USA pour importer, encore en 2022, 15 milliards de m3 de gaz liquéfiés “d’origine écologiquement criminelle” (fracturation des roches). Pas un mot des verts ni dans l’UE ni en Suisse, ils craignent l’oncle Sam, mais chez nous ils sont à leur aise ! et de la Chine n’en parlant pas, d’ailleurs les allemands les appellent “pastèques” car rouge de l’intérieur !

      1. Mitterrand avez du nez, il a fait de la place à ce personnage dans le paysage médiatique pour fracturer la droite française, et il a bien réussi! N’empêche la démonstration m’a fait bien rire. Merci

  5. Enfin un blog sur l’environnement et l’énergie qui ne soit pas d’un éditorialiste vert et qui ne soit pas écrit en écriture inclusive.
    Comme vous le soulignez, les verts on toujours ce travers de vouloir imposer leurs idées aux autres mais sans jamais regarder les conséquences de ces dernières sur la société (et au passage faire payer aux autres le coût de ces idées).
    Ainsi, stopper le nucléaire que l’Allemagne a fait, mais sans se demander préalablement par quoi le remplacer. Et comme il a fallu rouvrir les vielles centrales à charbon allemandes et continuer à raser des villages entiers pour extraire à ciel ouvert le charbon, les verts ont fermé les yeux et ont accepté que l’Allemagne devienne le plus gros émetteur de CO2 d’Europe (6% du CO2 mondial) contre 1% pour la France et 0,1% pour la Suisse et 80% pour Chine+USA+Inde.
    Mais ces mêmes verts que l’on ne voit jamais manifester à Pékin continuent à vouloir nous taxer nos déplacements, voyages, vie et à vouloir nous faire revenir dans un monde de bisounours sans voitures, avions, et où chacun vivrait à l’année des cultures de son petit jardinet ou des ses plantations sur son balcon.
    L’écologie ne devrait jamais être politique or malheureusement, sous couvert de vert, elle est toujours très rouge…

  6. Nous allons surtout payer cher au moins 50 ans de dénis, voulu et organisé au nom du productivisme et du consumérisme par les vendeurs de « bonheurs » opportunistes et talentueux.
    10 ans c’est un délai de politicien qui calcule son discours sur la mémoire et surtout l’interêt a court terme de l’électeur moyen qui n’a d’horizon que sa frontière.

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