La montre mécanique est toujours portée par beaucoup de personnes dont plusieurs passionnés. Etonnant mélange temporel, elle combine des choses venues du fond des âges et des éléments d’aujourd’hui. Florilège de ce qui nous motive à la porter.
La montre mécanique reste présente à nos poignets
Etonnamment alors que l’heure est partout sur nos téléphones portables comme dans les bus, les voitures et les maisons, plusieurs personnes continuent de porter un appareil horaire mécanique au poignet gauche. Le monde des amateurs de montres est très diversifié. Voici quelques-unes des raisons qui font que nous nous plaisons à toujours les utiliser.
Elle est accessible à tous
Avec ses aiguilles, la montre donne l’heure. Oui, elle la donne, elle l’offre à lire sans conditions. Ce n’est pas une lecture ardue, ni un déchiffrage de sombres digits avec des chiffres peu explicites. Grâce au système duodécimal venant des Chaldéens, la notion du temps signifiée par les aiguilles est aisément saisie. Les divisions de l’heure et de la journée par 2, 3, 4, 5 et 6 sont simples à voir et à comprendre. Viennent ensuite d’autres informations comme les secondes, la date ou des complications. Celles-ci seront lues après, car ce sont des plus petites aiguilles, des chiffres ou encore des indications dans des guichets.
La montre est simple d’emploi car chacun peut réajuster ses indications, la remettre à l’heure, avec l’impression de la maîtriser. Elle affiche clairement son état de marche avec son fonctionnement rendu visible par le mouvement des aiguilles et de son balancier. C’est aussi une mécanique animée par nous en la remontant, en la portant. Le bruit de son échappement, le fameux tic-tac, matérialise l’immuabilité du Temps, ce Temps qui avance toujours, ce Temps qui entraine les aiguilles au-dessus de son cadran.
Rassurante par son intemporalité
Accompagnant le quotidien des hommes depuis plusieurs siècles, la montre mécanique semble intemporelle. Avec ses références à des principes mécaniques venus de la Renaissance, nous la voyons inusable. Elle nous apparait comme un objet qui peut être entretenu, comme un appareil durable. Il ne nous semble pas avoir d’obsolescence programmée en horlogerie. Tous, nous avons souvenir d’avoir vu des montres mécaniques aux poignets de membres de nos familles. A la suite d’une disparition, certains vont garder religieusement la montre de l’être cher en la figeant ; alors que beaucoup d’autres vont continuer à la porter, à la faire vivre et cet objet continuera ainsi à construire son histoire en famille.
Il faut lui témoigner des soins, ce qui la rend tendrement proche
La montre mécanique est une petite machine à surveiller, à suivre, à accompagner au quotidien. Ses légers errements autour de la précision, ses petits manquements de fonctionnement, sa relative fragilité en font une compagne délicate. Témoin de toutes nos attentions, elle devient attachante. Son arrêt n’est jamais définitif, il lui suffit d’un séjour dans un atelier d’horlogerie pour repartir, pour refonctionner convenablement. Comparé à leurs confrères électroniques, l’aspect de ces appareils mécaniques nous rappelle et évoque nos faiblesses bien humaines. Les très légères variations de la montre autour de la marche implacable du Temps nous confortent. Oui, comme la montre mécanique, il nous est parfois permis de manquer.
Passion d’une mécanique étonnante
Chacun comprend aisément la particularité de cette petite machine qui fonctionne sans relâche nuit et jour pendant des années, tout cela avec un degré de fiabilité très élevé pour de la mécanique. La taille de ses composants, le subtil arrangement de ses rouages et son apparente complexité fascine plus d’un néophyte. S’ajoute souvent le soin aisément visible d’une belle finition, d’un esthétisme et le recours à des métaux inaltérables comme l’or, le rhodium. Aussi pompeux soit-il, le terme de « garde-temps » fascine. Ainsi il serait possible de garder le Temps ? Oui, enfin presque, et on peut le voir à l’œuvre, avec cet appareil mécanique.
Adhésion à un projet, à une histoire
Il est des montres célèbres. Certaines le sont devenues car elles ont accompagné des personnes dans des situations hors du commun. Bien qu’adaptées ou conçues pour un usage inhabituel, leurs consœurs sont accessibles en magasin. Porter ces montres, c’est un peu faire siennes les histoires de ces exploits, de ces expéditions, de ces voyages bien loin de nos contrées civilisées.
D’autres types de montres sont réalisés en référence à une démarche, à une cause précise. Les acheter puis les porter sont alors des preuves tangibles et manifestes de soutien à ces actions.
Moyen d’afficher son intérêt, d’accéder à un statut
La montre mécanique est dans l’air du temps. Elle est promue dans les magazines, elle est présente sur les réseaux sociaux. Plusieurs personnes qui en construisent figurent régulièrement dans les journaux. Comme certains composants de l’habillement, elle est devenue accessoire de mode. Bien qu’elle ait toujours existé, sa fonction de marqueur social est maintenant renforcée. Porter une belle montre est une manière élégante de signifier vos moyens financiers ou, pour le moins vos priorités, vos choix.
Patience et investissement financier
Dans les vitrines des magasins, plusieurs montres se font attendre, elles ne sont pas encore disponibles. La passion se nourrit aussi de cette attente, de cette patience pour pouvoir porter, pour pouvoir avoir l’objet longuement convoité. Très, trop demandées ou celles dont la fabrication est à peine arrêtée, certaines montres se négocient à des montants étonnants. Acquérir une montre peut alors s’apparenter à un placement, à un investissement. Restera alors le courage de faire vivre, à son poignet, un objet dont la valeur est importante ou pourra encore augmenter !
La passion des montres
Ces arguments témoignent tous de l’intérêt renouvelé pour la montre mécanique. Même si l’ordre de ces notions est à l’estimation de chacun, de la plus triviale à la plus estimable, toutes nourrissent cette passion des montres mécaniques pour le plus grand plaisir de leurs porteurs.
Benoît Conrath
Horloger chez Vaucher Manufacture Fleurier