Proximité de la montre mécanique

La montre mécanique est toujours portée par beaucoup de personnes dont plusieurs passionnés. Etonnant mélange temporel, elle combine des choses venues du fond des âges et des éléments d’aujourd’hui. Florilège de ce qui nous motive à la porter.

 

La montre mécanique reste présente à nos poignets

Etonnamment alors que l’heure est partout sur nos téléphones portables comme dans les bus, les voitures et les maisons, plusieurs personnes continuent de porter un appareil horaire mécanique au poignet gauche. Le monde des amateurs de montres est très diversifié. Voici quelques-unes des raisons qui font que nous nous plaisons à toujours les utiliser.

 

Elle est accessible à tous

Avec ses aiguilles, la montre donne l’heure. Oui, elle la donne, elle l’offre à lire sans conditions. Ce n’est pas une lecture ardue, ni un déchiffrage de sombres digits avec des chiffres peu explicites. Grâce au système duodécimal venant des Chaldéens, la notion du temps signifiée par les aiguilles est aisément saisie. Les divisions de l’heure et de la journée par 2, 3, 4, 5 et 6 sont simples à voir et à comprendre. Viennent ensuite d’autres informations comme les secondes, la date ou des complications. Celles-ci seront lues après, car ce sont des plus petites aiguilles, des chiffres ou encore des indications dans des guichets.

La montre est simple d’emploi car chacun peut réajuster ses indications, la remettre à l’heure, avec l’impression de la maîtriser. Elle affiche clairement son état de marche avec son fonctionnement rendu visible par le mouvement des aiguilles et de son balancier. C’est aussi une mécanique animée par nous en la remontant, en la portant. Le bruit de son échappement, le fameux tic-tac, matérialise l’immuabilité du Temps, ce Temps qui avance toujours, ce Temps qui entraine les aiguilles au-dessus de son cadran.

Rassurante par son intemporalité

Accompagnant le quotidien des hommes depuis plusieurs siècles, la montre mécanique semble intemporelle. Avec ses références à des principes mécaniques venus de la Renaissance, nous la voyons inusable. Elle nous apparait comme un objet qui peut être entretenu, comme un appareil durable. Il ne nous semble pas avoir d’obsolescence programmée en horlogerie. Tous, nous avons souvenir d’avoir vu des montres mécaniques aux poignets de membres de nos familles. A la suite d’une disparition, certains vont garder religieusement la montre de l’être cher en la figeant ; alors que beaucoup d’autres vont continuer à la porter, à la faire vivre et cet objet continuera ainsi à construire son histoire en famille.

 

Il faut lui témoigner des soins, ce qui la rend tendrement proche

La montre mécanique est une petite machine à surveiller, à suivre, à accompagner au quotidien. Ses légers errements autour de la précision, ses petits manquements de fonctionnement, sa relative fragilité en font une compagne délicate. Témoin de toutes nos attentions, elle devient attachante. Son arrêt n’est jamais définitif, il lui suffit d’un séjour dans un atelier d’horlogerie pour repartir, pour refonctionner convenablement. Comparé à leurs confrères électroniques, l’aspect de ces appareils mécaniques nous rappelle et évoque nos faiblesses bien humaines. Les très légères variations de la montre autour de la marche implacable du Temps nous confortent. Oui, comme la montre mécanique, il nous est parfois permis de manquer.

 

Passion d’une mécanique étonnante

Chacun comprend aisément la particularité de cette petite machine qui fonctionne sans relâche nuit et jour pendant des années, tout cela avec un degré de fiabilité très élevé pour de la mécanique. La taille de ses composants, le subtil arrangement de ses rouages et son apparente complexité fascine plus d’un néophyte. S’ajoute souvent le soin aisément visible d’une belle finition, d’un esthétisme et le recours à des métaux inaltérables comme l’or, le rhodium.  Aussi pompeux soit-il, le terme de « garde-temps » fascine. Ainsi il serait possible de garder le Temps ? Oui, enfin presque, et on peut le voir à l’œuvre, avec cet appareil mécanique.

 

Adhésion à un projet, à une histoire

Il est des montres célèbres. Certaines le sont devenues car elles ont accompagné des personnes dans des situations hors du commun. Bien qu’adaptées ou conçues pour un usage inhabituel, leurs consœurs sont accessibles en magasin. Porter ces montres, c’est un peu faire siennes les histoires de ces exploits, de ces expéditions, de ces voyages bien loin de nos contrées civilisées.

D’autres types de montres sont réalisés en référence à une démarche, à une cause précise. Les acheter puis les porter sont alors des preuves tangibles et manifestes de soutien à ces actions.

 

Moyen d’afficher son intérêt, d’accéder à un statut

La montre mécanique est dans l’air du temps. Elle est promue dans les magazines, elle est présente sur les réseaux sociaux. Plusieurs personnes qui en construisent figurent régulièrement dans les journaux. Comme certains composants de l’habillement, elle est devenue accessoire de mode. Bien qu’elle ait toujours existé, sa fonction de marqueur social est maintenant renforcée. Porter une belle montre est une manière élégante de signifier vos moyens financiers ou, pour le moins vos priorités, vos choix.

 

Patience et investissement financier

Dans les vitrines des magasins, plusieurs montres se font attendre, elles ne sont pas encore disponibles. La passion se nourrit aussi de cette attente, de cette patience pour pouvoir porter, pour pouvoir avoir l’objet longuement convoité. Très, trop demandées ou celles dont la fabrication est à peine arrêtée, certaines montres se négocient à des montants étonnants. Acquérir une montre peut alors s’apparenter à un placement, à un investissement. Restera alors le courage de faire vivre, à son poignet, un objet dont la valeur est importante ou pourra encore augmenter !

 

La passion des montres

Ces arguments témoignent tous de l’intérêt renouvelé pour la montre mécanique. Même si l’ordre de ces notions est à l’estimation de chacun, de la plus triviale à la plus estimable, toutes nourrissent cette passion des montres mécaniques pour le plus grand plaisir de leurs porteurs.

Benoît Conrath

Horloger chez Vaucher Manufacture Fleurier

http://www.vauchermanufacture.ch

Traditionalisme ou avant-garde, l’horlogerie mécanique est-elle à deux visages ?

Traditionalisme ou avant-garde, l’horlogerie mécanique est-elle à deux visages ?

La technique horlogère a continuellement évolué. Face aux souhaits des civilisations, les garde-temps ont presque toujours répondu présents. Aujourd’hui pourtant techniquement dépassés, les appareils mécaniques continuent à être utilisés. Entre une tradition revisitée et une application immédiate des progrès techniques, il y a de la place pour de nombreuses montres. Quand on travaille avec le cœur, l’essentiel est aussi visible pour les yeux.

 

Les techniques horlogères accompagnent la perception du temps dans les civilisations

Historiquement l’horlogerie a évolué en parallèle avec les besoins des civilisations. La notion du Temps s’est précisée, l’évolution de la société a demandé aux horloges des progrès. Les machines horaires y ont répondu efficacement, évoluant en symbiose avec la demande de fractionnement des journées par l’affichage visuel et sonore de repères dans la journée.

Une seule fois, une seule notable fois, l’évolution de la technique n’a pas répondu rapidement aux exigences de précision. C’est sur le maintien du Temps en mer que les horlogers ont trébuché. Avidement demandés par les puissances maritimes, attendus pour sécuriser la navigation et pour raccourcir les routes suivies, ces appareils nommés chronomètre de marine ont nécessité plusieurs décades voire des siècles pour assurer leur rôle.

Dernièrement, enfin à l’échelle du Temps, le développement de l’électronique a permis de construire des appareils horaires d’une très grande précision à des coûts parfois dérisoires. Le quartz, l’atome et les facilitées des télécommunications ont condamnés définitivement l’usage rationnel des appareils horaires mécaniques.

Et pourtant les montres mécaniques sont encore là.

A bien plus grande échelle que pour d’autres objets techniquement dépassés, des mouvements mécaniques continuent d’entrainer les aiguilles des montres. Toujours portée au poignet, la montre mécanique reste un appareil qui sert à donner l’heure. Et malgré sa désuétude, son mouvement continue d’être amélioré, il est de plus en plus fiable, de plus en plus précis ; même s’il ne pourra jamais égaler les performances chronométriques des montres électroniques.

Beau paradoxe que celui de continuer à vouloir parfaire des machines totalement obsolètes…

 

La part du rêve

Cette passion pour ces objets s’explique-t-elle par la nostalgie des temps qui ne sont plus ? Oui un peu, et pourtant les mécanismes qui animent ces machines ont tellement changé. Ou alors comparé à leurs confrères électroniques, le propre de ces montres d’être fantasque rappelle-t-il à certains d’entre-nous nos faiblesses bien humaines ? C’est un peu de cela et aussi beaucoup d’autres choses.

Loin d’un phénomène de mode, la montre mécanique a réussi son retour, son maintien. Bien que devenue superflue, elle est restée un objet-repère, un symbole de standing. Et surtout, oui, surtout elle continue de faire rêver générations après générations. Comme d’une voiture de prestige, beaucoup rêvent d’une montre et, en plus, elle leur sera plus proche car elle ne les quittera que pour la nuit.

 

La montre mécanique actuelle n’est pas un témoin du passé

Pour désigner les vieux objets, comme les personnes d’un âge respectable, les anglophones utilisent le terme d’old-timer. Bien que techniquement dépassée, la montre mécanique n’en fait pas partie. C’est toujours un objet actuel, une machine à indiquer l’heure dans des critères pas si simples à tenir et dans des conditions d’usage véritablement ardues.

En référence à un lointain passé d’excellence, beaucoup de composants reprennent, dans les grandes lignes, le même type de finition. Autrefois comme aujourd’hui, il s’agit de mettre en valeur le mouvement de la montre en choisissant des formes, des angles, des états de surface qui permettront à la lumière de jouer dans le mécanisme. Par-contre, la grande nouveauté du renouveau horloger est de permettre à chacun d’accéder à toutes ces finitions par un fond de boîte dit « ouvert », c’est-à-dire fermé par une glace.

 

Ce n’est pas du traditionalisme

Si le traditionalisme est bien l’attachement parfois compulsif aux valeurs, aux coutumes et aux habitudes de toujours, alors non la montre mécanique n’est pas de ce courant-là. Il suffit de mesurer les colossaux progrès accomplis en moins de 70 ans tant en fiabilité, qu’en précision et aussi en techniques de conception et de construction. Alors traditionaliste la montre mécanique d’aujourd’hui ? Délibérément non ! Au mieux peut-on parler d’inspirations, de références à une tradition de bienfacture. Car l’hérésie serait de construire aujourd’hui une montre comme autrefois. Elle serait alors trop délicate, trop fragile, trop sensible aux facteurs extérieurs et pas assez solide, ni assez précise, ni encore assez fiable. Elle nécessiterait aussi beaucoup, beaucoup de temps pour pallier, par de longues opérations d’ajustement et de correction, les anciennes et révolues imprécisions de réalisation des composants. Tangibles, flagrants, les progrès sont partout, Dieu merci !

 

Les montres d’aspect résolument moderne sont aussi liées à cette tradition.

Et les montres différentes, modernes et innovantes ? Ce n’est pas la boîte de Pandore qui a été ouverte avec les techniques modernes. C’est l’accès à des possibilités inimaginables aux yeux des horlogers d’il y a 50 ans par la conception en 3D, l’usage des CNC, l’utilisation de métaux comme le titane ou de matières comme la céramique, le corindon, le silicium ou encore l’application de procédés tels les différentes technologies additives et tant d’autres encore.

Et ces techniques s’appliquent aussi bien aux montres s’inspirant d’une tradition horlogère de bienfacture qu’à des montres d’avant-garde qui laisseraient pantois des horlogers d’il y a cent ans. Il n’y a pas de frontières entre la montre suivant des canons esthétiques se référant à une finition multiséculaire et d’autres montres délibérément pensées et construites comme novatrices. Toutes ces montres de qualité sont construites dans le même esprit, le même enthousiasme et la même tradition de bienfacture. Toutes ces montres laissent voir les connaissances mises en œuvre pour les construire. Toutes affichent fièrement le soin et les compétences des personnes qui se sont penchées sur elles.

 

L’essentiel reste l’émotion

Oui, elles témoignent toutes de l’intérêt renouvelé pour la montre mécanique et toutes, de la plus moderne à la plus fidèle au passé, sont des montres d’aujourd’hui. Elles existent pour et par la passion des amateurs, de ceux qui aiment les réaliser comme de ceux qui aimeront les porter. Avec elles, alors, pourra se construire une belle histoire de compagnonnage.

Benoît Conrath

Horloger chez Vaucher Manufacture Fleurier

http://www.vauchermanufacture.ch

 

Horlogerie : les limites du Do It Yourself

Stages de découvertes, master classes et autres, ces opérations d’accessibilité participent à la mise en valeur de l’horlogerie. Cette découverte se fait autour de mécanismes robustes, peu représentatifs de l’horlogerie mécanique actuelle. Pas si simple d’assembler des montres, alors nous simplifions, nous limitons. Il nous faut expliquer nos métiers et bien définir les actions possibles par les néophytes pour confirmer la passion animant les amateurs comme les faiseurs de rêves horlogers.

 

Une pléthore de possibilités pour entrevoir et comprendre l’horlogerie

Le renouveau de l’intérêt pour les montres mécaniques de qualité s’accompagne d’une grande variété de stages de découvertes, de master classes ou encore de possibilités de monter sa montre soi-même.

Proposée par des marques, des organismes ou des indépendants, cette démarche permet de susciter et d’entretenir la passion des montres. Pour l’amateur, c’est un beau moyen de comprendre, de saisir la complexité des pièces d’horlogerie. C’est une belle occasion de nourrir son intérêt, sa passion. Ce peut être aussi un levier efficace pour devenir l’ambassadeur affuté d’une marque horlogère.

Ces différentes occasions sont toutes des expériences d’immersion dans le monde méconnu de l’horloger à l’établi.

 

Les mouvements manipulés et leurs limites

Cette grande diversité de formations et d’expériences proposées se passe autour de véritables mouvements mécaniques. Il s’agit principalement de mouvements de montres simplissimes, peu ou pas décorés. Pensé autrefois pour les montres de poche, l’Unitas 6497-8 est omniprésent sur ces établis. Il y a aussi des mouvements moins grands comme des automatiques, plus délicats d’approche. Quant aux mécanismes soignés, ils n’apparaissent que rarement dans ce contexte, dieu merci ! Car se pencher respectueusement sur un mouvement de belle horlogerie est un exercice délicat, hors de portée du néophyte.

Oui, l’initiation aux gestes des horlogers avec brucelles et tournevis ne se fait pas autour d’objets compliqués, soignés et précieux. C’est préférable pour les mécanismes qui risqueraient d’être irrémédiablement mis à mal. C’est aussi un peu dommage car la complexité et la qualité comme l’inventivité des plus beaux mécanismes restent inaccessibles aux yeux, aux mains et aux esprits avides de les comprendre. Mais ici prennent place deux des premiers enseignements essentiels de nos métiers : la modestie de la personne devant la pièce et le respect du travail effectué par ses prédécesseurs.

 

Répondre aux demandes étonnantes en sensibilisant les personnes sur les compétences nécessaires

Le fonctionnement d’une montre mécanique est aisé à saisir. Nourri par ces sessions, par le courant du DIY, Do It Yourself, plusieurs personnes prétendent assembler elles-mêmes leur montre. C’est une interpellation pour nous, femmes et hommes de métiers. Après le questionnement, doivent venir les réponses à donner. L’heure n’est plus à se draper dans une respectabilité nous paraissant injustement violentée. Il nous faut expliquer notre travail, il nous faut détailler les opérations et souligner les compétences mises à contribution. Ni sacrés, ni secrets, nos métiers doivent être dits, montrés, témoignés. Les plus-values colossales apportées aux mécanismes de qualité doivent être comprises par tous.

 

Canaliser l’intervention des profanes

Alors que faire pour répondre aux amateurs, pour leur permettre de s’approprier leur montre ?

Adjoindre à la montre des outils pour jouer à l’horloger ? Pas très utile, ni respectueux des objets et des personnes, si ce n’est pour le féru de maquettes ou pour retirer des mains les échines, les échardes des neuchâtelois.

Permettre au porteur d’intervenir directement sur la précision de sa montre ? Audacieux et passionnant car bien canalisé par des garde-fous.

Inciter à effectuer des opérations simples et valorisantes comme le changement de bracelet ou le nettoyage extérieur de la boîte ? C’est une belle manière de connaître sa montre.

Les idées ne manquent pas, il en arrive beaucoup. La plupart sont tentantes à adopter car elles autorisent une belle proximité avec l’objet tout en le respectant.

 

Les grands gagnants, les amateurs et les nourrisseurs de rêves

L’effort d’accès pratique à la montre la rend plus proche. Toutes ces démarches d’explication des multiples opérations de conception, de réalisation, de finition et d’assemblage mettent en valeur le travail accompli. Elles soulignent le soin, les compétences et les nombreux savoir-faire intervenants pour la construction des montres d’exception.

Tout cela pour témoigner de la passion qui anime autant les nourrisseurs de rêves dans les manufactures que les amateurs qui, dans les magasins comme à leur poignet, couvent des yeux les montres.

 

Benoît Conrath

Horloger chez Vaucher Manufacture Fleurier

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L’innovation, une tradition dans nos montagnes

Les savoir-faire en mécanique horlogère et en mécanique d’art sont inscrits au patrimoine immatériel de l’UNESCO. Dans ces traditions reconnues, il y a l’innovation et ce n’est pas antonymique.

A la source de l’horlogerie, l’innovation ne cesse pas, autrefois comme aujourd’hui. Pendant la Crise du Quartz, apparaît la référence à une tradition horlogère. L’innovation continue à façonner nos traditions.

 Nos savoir-faire à l’UNESCO

Le 16 décembre 2020, il y a un an, les savoir-faire en mécanique horlogère et en mécanique d’art ont été inscrits au patrimoine immatériel de l’UNESCO. C’était l’aboutissement d’une longue démarche transfrontalière de mise en évidence des savoirs aussi bien autour des montres et pendules que des automates. Deux activités très proches ; tellement proches qu’elles furent longtemps pratiquées par les mêmes personnes. Seule l’arrivée de l’industrialisation a séparé ces deux domaines.

Pour l’UNESCO, le patrimoine immatériel est fait de traditions et de pratiques culturelles. Même si nous, horlogers, avons aussi nos pratiques culturelles, comme celles des grands rassemblements annuels dans des lieux précis ; restons-en aux traditions pour nos métiers.

Innovation et tradition, il n’y a pas d’antonymie

Dans nos métiers d’horloger et d’automatier, un aspect traditionnel est la transmission d’une attitude de vigilance, d’attention à l’environnement économique et technique pour être capable d’innover. Loin d’être figée, l’innovation est une tradition vivante. C’est une manière de voir, d’agir et de faire évoluer nos savoir-faire reconnus comme patrimoine immatériel. Alors, oui, tradition et innovation ne sont pas opposés. Et pour nous, horlogers comme automatiers, l’innovation est essentielle.

L’innovation est à la source de l’horlogerie

Issu de la rudesse du climat, nourri par l’exigence du métier et fortifié par le protestantisme, le pragmatisme de nos paysans des montagnes jurassiennes n’est pas une légende. Ces mêmes causes ont encouragé une attitude de veille active pour tirer parti de tout. Ainsi les travaux horlogers sont apparus à la population comme une source intéressante de revenus complémentaires. Et assez rapidement, le métier d’horloger est devenu, pour beaucoup, l’occupation principale.

L’innovation a été continuelle autrefois

L’histoire horlogère est faite d’une suite ininterrompue d’améliorations techniques et d’opportunités commerciales qui s’ouvrent, qui se ferment. Initiées, suscitées dans la région ou alors subies par la population, ces évolutions scandent la vie économique. Elles causent aussi bien des périodes fastes que de difficiles moments de crises techniques et économiques.

Anecdotiquement, cette attitude attriste les amateurs d’horlogerie ancienne. Car les horlogers, séduits par les progrès techniques, n’hésitent pas à moderniser les garde-temps anciens. Par exemple, on ne compte plus les pendules dont les échappements à verge furent remplacés par d’autres à ancre, accroissant alors la tenue de l’heure. Plus récemment, ce sont les montres de col qui sont équipées d’un mouvement à quartz. Dans le même esprit, plusieurs montres, devenues désuètes, ont été dépouillées de leur boîte en or partie pour la fonte et les tiroirs des layettes sont remplis de montres anciennes de piètre valeur et techniquement dépassées ; pendant que les décharges voient arriver les horloges de clocher, délaissées malgré leurs régulières modernisations.

L’innovation est toujours d’actualité

Pour nos horlogers, l’innovation a toujours été d’actualité, mais elle vient de changer de forme. Déséquilibrée par l’arrivée de l’électronique, l’industrie horlogère s’est divisée en deux, voire trois branches. La première est celle de la montre électronique à quartz ou connectée, la deuxième est celle de la montre mécanique intégrant des techniques modernes comme le silicium ou les connections informatiques et la troisième est celle de l’horlogerie dite traditionnelle.

Suivant notre tradition d’innovation bien établie, toutes ces branches évoluent. Elles explorent toutes de nouvelles solutions techniques, comme elles cherchent aussi à s’adapter à l’économie, à créer des opportunités commerciales.

L’apparition récente de la tradition horlogère

Lors de la Crise du Quartz, l’écroulement de la montre mécanique a manqué de faire disparaitre notre monde horloger fait de techniques et de culture.

C’était neuf. Auparavant les outils, les machines, les pendules et les montres étaient dépecés et jetés sans état d’âme car chassés des ateliers et de la proximité humaine par des objets plus performants.

Mais là, durant cette crise, ce n’était plus l’innovation, ni l’arrivée de nouvelles méthodes ou de nouvelles machines qui les conduisaient à la décharge. C’était la fin d’une époque, celle où l’appareil horaire mécanique perdait son rôle, sa finalité première.

Assez paradoxalement c’est au moment de l’agonie de l’industrie horlogère, que l’on s’est intéressé aux traditions horlogères. C’est au nom de ce monde mis en péril par la crise du quartz que l’on s’est passionné pour les bâtiments, les machines, les objets et les hommes du passé.

Plusieurs personnes se sont alors penchées sur ces objets périmés qu’étaient devenues les montres et les pendules. Rapidement, l’intérêt est venu de porter au poignet une montre mécanique, même bien moins précise qu’une à quartz. C’est encore l’innovation qui a permis de créer ce vif engouement autour d’une tradition horlogère inventée ou réinterprétée pour promouvoir les montres mécaniques.

Avant, lorsque l’évolution technique balayait les méthodes et les techniques, c’était salué comme un progrès ; maintenant il fallait tout sauver.

 La tradition horlogère revisitée régulièrement

Se référant à une tradition de bien-facture, les montres mécaniques ont reconquis les poignets. Mais vite, les mouvements anciens ont montré leurs limites. Car, si les porteurs de montres souhaitent de beaux objets mécaniques, ils les veulent robustes, capable d’endurer les chocs et les sévices d’aujourd’hui. Ainsi les horlogers ont renoué avec l’innovation, leur tradition. C’est cette innovation qui permet des montres traditionnelles, précises et fiables.

Ici le passé sert de référence pour fixer les critères de finition des mouvements. Les horlogers ont voulu maintenir des décors d’autrefois, initialement crées pour remédier aux imperfections. Et nous utilisons des pierres d’horlogerie synthétiques, voulues toujours rouges comme leurs lointains ancêtres, les frustes rubis naturels.

Bien que s’appuyant sur une histoire, sur un artisanat idéalisé, ces montres sont actuelles. Elles sont toujours en progrès pour satisfaire de mieux en mieux leurs porteurs.

L’innovation est au cœur de nos traditions

C’est encore cette innovation qui est à la source de la deuxième branche, celle mixant la tradition de la montre mécanique et les nouveaux matériaux, les nouvelles techniques avec des couplages étonnants entre mécanique et électronique.

Alors oui, de tous temps, l’innovation, cette curiosité d’autre chose, cette franche volonté d’avancer, de progresser et de saisir, d’influer l’air du temps est l’une des principales forces de notre industrie.

Voilà qui envoie un grand coup de frais à nos traditions.

A moins que cela soit cela notre tradition propre…

 

Benoît Conrath

Horloger chez Vaucher Manufacture Fleurier

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Filiation des marques horlogères et légitimité

La Suisse, un exemple de stabilité. La marque, une notion récente. Une marque fondée en xx ou active depuis xx années, une grande différence. Importance d’un fondateur qui trace un chemin. Justesse de la démarche d’une refondation inspirée. Souhait d’un ancrage pour référence. La légitimité, un tremplin pour bondir dans le futur

La Suisse est stable

A la fin du Moyen-Age, notre pays choisit la neutralité à l’extérieur de nos frontières. A l’intérieur, c’est un peu différent car entre les catholiques et les protestants, les citadins et les campagnards, les francophones et les germanophones, les progressistes et les conservateurs, les occasions de s’égratigner ne manquent pas. Cependant, à de rares exceptions près, il s’agit plus de querelles que de véritables conflits déstabilisant le pays et son économie. Deux exemples d’une belle continuité : fondée au début du Moyen-Age, l’abbaye de Saint-Maurice en Valais a fêté dernièrement 1500 ans d’activité continue. Quant au château de Neuchâtel, mentionné à partir de l’an 1011, c’est toujours le siège du pouvoir, aujourd’hui concédé par le peuple, via les urnes, à nos élus.

Longévité des activités

Dans ce contexte de stabilité, l’horlogerie se développe d’abord à Genève, puis dans les montagnes jurassiennes avant de prendre place au pied du jura. Ponctuée de difficultés économiques comme de succès, de mutations technologiques surmontées, l’histoire de cette activité se heurte à un obstacle presque fatal : la crise du quartz. Rares sont les entreprises qui continuent à produire des montres dans ces années difficiles. Dans sa longue histoire, c’est la première fois que l’horlogerie est confrontée à la totale désuétude des objets qu’elle réalise. D’une quinzaine d’années, cette période désolante se conclue par un nouvel intérêt pour les montres mécaniques autour de la mise en place du concept de la Haute Horlogerie, idée neuve inspirée par l’industrie du luxe.

Difficulté de se repérer dans les premières années

La notion de marque est un concept récent, d’à peine 200 ans. Auparavant c’est la signature de l’horloger qui certifie l’origine de la montre. Avec tous les homonymes comme avec les faussaires, déjà actifs, il n’est pas toujours facile d’identifier les premiers objets construits par les lointains fondateurs des ateliers horlogers devenus des marques. Les prénoms à rallonges, l’ajout au nom de famille d’un surnom ou d’un nom d’alliance permettent un peu mieux de s’y reconnaitre entre les horlogers ; surtout lorsqu’ils avaient la courtoisie de mentionner leur nom en totalité sur leurs ouvrages.

Fondée en xx ou active depuis xx années, une différence de taille

Il est parfois difficile de ne pas sourire lorsque certaines marques se targuent d’avoir été fondées dans un temps si lointain que la montre en était encore à ses balbutiements. Oui, c’est sûr, elle a retrouvé un homonyme actif comme horloger dans une ville suisse de renom.

Cela n’est pas le cas face à des comptoirs horlogers des siècles passés, notoirement connus, évoluant petit à petit vers des entreprises avec des ateliers et des marques déposées.

Il existe aussi une grande différence entre la marque qui n’a pas cessé ses activités et celle qui les a réactivées il y a peu.

Deux manières d’être légitime

La première façon est d’avoir une si longue histoire, une si longue activité ininterrompue que personne ne viendra à s’étonner de votre légitimité. Bien sûr, ces marques n’ont pas toujours traversé les siècles avec le sourire. Elles ont dû s’adapter, leurs propriétaires ont changé, certaines se sont vu brader sordidement lors des périodes de crise. Néanmoins, elles ont toujours construit et commercialisé des montres.

La deuxième manière est de renouer avec une histoire qui s’est perdue, soit par manque de successeur, soit pour des raisons économiques ou autres.

La continuité, un exercice difficile

Pour les premières, c’est souvent une chance d’être si vieilles. Bien compris, le long passé de l’entreprise donne une certaine assurance aux dirigeants actuels. Pensez-vous ; la marque a tant vécu, elle a tant souffert et, pleine d’expérience, elle est toujours là. Bien menée, l’entreprise sait faire les bons choix, elle peut s’appuyer sur des valeurs internes vécues au quotidien depuis si longtemps. Parfois une figure du passé sert de parangon, de référence pour les choix à prendre.

Mais il faut aussi avancer, faire fi des habitudes sclérosées et continuer d’inventer, continuer d’imaginer de nouvelles manières d’être présent au monde car durer pour une marque c’est souvent se réinventer.

Légitimité de la démarche d’une nouvelle création inspirée

Reprendre une histoire interrompue n’est pas plus simple. Ici, il faut construire à neuf avec une vieille histoire qui s’est diluée lentement. Alors les repreneurs se penchent sur le passé et font ce que le temps a sans doute fait pour les marques ininterrompues. Ils trient. Ils séparent le bon grain horloger de l’ivraie des compromissions, des tâtonnements et des errements communs à toute histoire artisanale puis industrielle. Débarrassé de la gangue du passé, leur fondateur historique en devient presque mythique ; il est beau, pur et vaillant. Nous en sommes presque à nous demander pourquoi les ateliers, le comptoir ou la marque qu’il a fondé ont tous sombré dans un passé parfois très lointain.

Aujourd’hui, la marque se relance, elle cherche à renouer le fil de cette histoire rompue. La référence à l’héritage restitué, à ce que l’on appelle parfois le legacy branding, oriente les choix. Un peu comme leurs sœurs qui ont toujours construit des montres ; ces marques, que l’on pourrait nommer recommençantes, vont oser certaines choses et en sanctionner d’autres d’emblée. Il est si important de construire en cohérence…

Une variante sans ambiguïté : la volonté d’ancrage

Pour compléter le tableau des marques, il y a une variante, une autre voie suivie par plusieurs acteurs horlogers. Ici, pas de fondateur mythifié, ni d’horloger ayant quitté simultanément le monde terrestre et celui des affaires, juste la volonté d’asseoir des activités dans une région horlogère, Genève ou ailleurs, voire de pouvoir inscrire le Swiss made sur les objets produits. Ainsi en choisissant un nom très commun dans le village horloger de Fleurier, Vaucher Manufacture justifie sa présence au cœur de l’arc jurassien. Quant aux références de l’entreprise, à l’orientation à donner aux objets réalisés, elles se construisent petit à petit, à la lumière des idées partagées par beaucoup sur la belle horlogerie.

Pour finir, les mêmes défis

Oui, il n’y a pas beaucoup plus de libertés à renouer avec une histoire horlogère qu’à la continuer ou à s’y référer. Ces marques, actives depuis des années ou actives il y a plusieurs années, comme celles se référant à un lieu, à un nom, doivent s’appuyer sur l’Histoire pour en faire un tremplin ; un bon tremplin bien solide pour bondir dans le futur.

Benoît Conrath

Horloger chez Vaucher Manufacture Fleurier

 

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Heure d’été et heure d’hiver, bientôt la fin d’une certaine poésie

 

Imaginé par Benjamin Franklin à la fin du 18e siècle, pour mieux coordonner les activités humaines avec la lumière du jour et ainsi économiser l’éclairage artificiel, le changement d’heure a été institué en Europe en 1976. C’est la France qui en a assuré la promotion. Ce mouvement biannuel de nos aiguilles a été adopté petit à petit par les autres pays d’Europe, parfois à d’autres dates. Mais aujourd’hui l’heure et la date de son réajustement sont unifiés dans l’Union Européenne.

Les détracteurs de ce changement de rythme ne manquent pas avec des arguments parfois étonnants et d’autres plus terre à terre. Les économies réalisées sont estimées très faibles et le changement de rythme est jugé néfaste et très perturbant. Nous vivons effectivement loin de la réalité astronomique car l’heure d’été nous amène le soleil au zénith à la moyenne de 13h26 à Fleurier.

D’un autre côté, l’attrait du changement de lumière, celui de la nouveauté dynamisent certains dans les frimas hivernaux. Un joyeux questionnement se pose à chaque fois : avance-t-on ou recule-t-on d’une heure ?

Cette étonnante poésie sur un domaine aussi strict que le Temps a fini par lasser. Une grande consultation publique a été menée et la réponse est sans appel. La grande majorité des européens ne veulent plus du changement d’heure. Les parlementaires européens ont donc choisi d’abandonner ce changement biannuel.

Cependant, les états de l’Union Européenne ne sont pas d’accord. Le problème n’est donc pas de savoir si on maintient le changement d’heure, mais plutôt à quelle heure les citoyens souhaitent vivre. Car si les uns veulent conserver l’heure d’été soit GMT+ 2, eh bien d’autres préfèrent celle d’hiver soit GMT + 1. Et cela dans un découpage de l’Europe peu rationnel, plusieurs pays du nord préférant vivre à +1 alors que la France, le Portugal ou, curieusement, la Pologne opteraient pour GMT +2.

Les échanges d’informations, les transports et les rythmes de vie entre des pays-membres vivant sur un autre fuseau horaire seraient alors bien perturbés.

Après les questionnements aux habitants en 2018, ce choix d’abandon du changement a été posé en 2019 par les eurodéputés bruxellois avec le respect du droit de chaque état membre à choisir son heure légale. Depuis au vu de ces souhaits divergents, la décision a été transférée aux gouvernements des états membres.

Et là, l’urgence de la crise du coronavirus a remisé à plus tard cette décision à prendre. Ainsi nous restons tous unis dans ces changements, bien décidés à ne pas changer ce changement car on ne sait pas quoi et comment changer, donc rien ne change. Comme ailleurs, parfois la non-décision est tout de même une décision de ne pas décider…

Quant à la Suisse, c’est la perplexité. Nous faudrait-il vivre à l’heure allemande, en retard d’une heure avec Paris, ou alors opterons-nous pour l’heure française au risque de vivre en décalage avec notre principal partenaire économique ?

Une mauvaise solution serait d’instaurer une heure linguistique, chacune de nos trois régions vivant en relations étroites avec nos co-locuteurs. Une évolution où l’heure, unifiée en Suisse en 1853 en référence à celle de Berne, deviendrait celle de nos pays voisins. Quant à ramener midi à 12h00 à Fleurier, ce n’est plus à l’ordre du jour depuis 1853 et c’est notre observatoire chronométrique cantonal qui, dès 1860, a annoncé cette heure unifiée à travers notre pays. Laissons cette heure très locale à nos cadrans solaires, car même gravée dans le marbre, elle n’arrête pas de varier avec celle que nous lisons sur nos montres.

Et pourtant montré par l’ombre du style sur le mur de nos fermes, le temps reste immuable.

Benoît Conrath

Horloger chez Vaucher Manufacture Fleurier

http://www.vauchermanufacture.ch

La montre suisse et les horlogers, de belles images à suivre

Appareil de grande fiabilité, la montre mécanique indique le temps. Redevenue un objet de prestige, elle se porte maintenant avec plaisir. Ce monde de la Belle Horlogerie est un monde perçu comme fait de savoir-faire et de recherche de l’excellence. Il est aussi vu comme travaillant et valorisant des matériaux d’exception. Ainsi la construction des montres paraît un bel exemple à suivre, une belle démarche dont il est possible de s’inspirer. A la suite de la Belle Horlogerie, on voit maintenant des chocolats de prestige, des vins fins, des voitures d’exception et d’autres produits élaborés selon les mêmes recettes et tous sont gagnants.

 

Fiabilité, précision et durabilité

Réglée soigneusement, une montre mécanique prend quelques secondes d’avance par jour. Très peu sensible à son environnement, cet appareil horaire garde le temps précisément malgré les chocs, les mouvements de son porteur, les différences de températures et les influences magnétiques. Après des années de bon fonctionnement, la montre indiquera son besoin de rhabillage, d’entretien, par de petites approximations, des légers errements ; cela bien avant un arrêt définitif.

 

Le retour de la montre

Le nouvel intérêt porté aux montres mécaniques a permis aux horlogers de renouer avec la Belle Horlogerie. Les amateurs d’horlogerie motivent les marques à réaliser des montres soignées, dotées parfois de complications innovantes. Les marques communiquent leurs nouveautés techniques et les choix faits. Elles mettent en avant la démarche de réalisation des montres comme le savoir-faire et la passion des hommes et des femmes qui s’activent dans leurs manufactures.

 

La bonne réputation des produits horlogers

L’image de la montre suisse s’est construite autour des savoir-faire mis en œuvre. Elle véhicule des idées de grandes qualités esthétique et technique, de beauté, de préciosité et d’exception. C’est un ensemble pur et net, propre ; un bel exemple à suivre.


Photo © David Marchon

Photo © David Marchon

Photo © David Marchon

Et celle tout aussi bonne des horlogers

De même, il y a la vision des horlogers faite de rigueur, d’excellence et surtout l’image d’une attitude de travail, d’un état d’esprit fait d’exigences tout comme elle inclut une vivacité de réaction, une capacité hors du commun à rebondir, à saisir des opportunités. C’est tout cela qui est reconnu par beaucoup ; c’est cela qui a permis la transformation d’une production industrielle d’appareils horaires désuets et technologiquement dépassés en un art horloger avec des objets de prestige dotés d’une réputation immaculée.

 

A l’instar des montres suisses, un beau choix d’objets et de services

Difficile de dresser ici une liste des nombreux produits dont la promotion s’inspire de l’horlogerie. A la suite de l’exemple vertueux de la montre suisse, dont la fiabilité est évidente, s’inscrit l’entier de ce que propose la Suisse comme prestations tant touristiques que financières. Nos atouts helvétiques que sont la gestion de l’argent, celle de la protection des risques tant économiques que personnels, l’industrie des machines, la fabrication du fromage et tant d’autres activités encore. Tous ces secteurs économiques, tacitement ou pas, s’appuient sur la réputation du sérieux de nos montres. Jusqu’à plusieurs entreprises ou groupements économiques qui vont comparer leur fonctionnement à un mouvement d’horlogerie, donc efficace. Là, dans un fonctionnement comparable à un mécanisme, chacun trouve place pour œuvrer, à sa mesure, à l’intérêt commun avec une efficacité optimale ; oui fiable et précis comme une montre suisse, pardi.

 

L’attitude des horlogers

Ici, c’est la démarche d’excellence de la branche horlogère qui inspire la promotion de produits. Le discours est vite trouvé : « Rendez-vous compte, c’est aussi bien pensé, aussi bien fait et tout aussi exceptionnel qu’une montre suisse. Quant à nos collaborateurs, ils sont animés des mêmes exigences, de la même rigueur et du même enthousiasme que des horlogers. ».

Quant aux facultés de la Belle Horlogerie pour s’adapter, pour rebondir et pour proposer bien mieux en s’affranchissant de certaines réalités économiques, elle sert parfois de guide à des entrepreneurs.

Parfois cette recherche du mieux, du presque-parfait des horlogers permet à des entreprises de se prévaloir de travailler pour l’horlogerie, un peu comme ailleurs, certains s’annoncent comme fournisseurs de la famille royale.

 

Tous bénéficiaires

Cette promotion des objets construits, du travail et de l’attitude des collaborateurs fait chaud au cœur des horlogers. Réputés discrets, l’entier du personnel des manufactures se réjouit de voir leurs savoir-faire, leurs métiers ainsi reconnus et utilisés comme un gage de qualité. Et pour le bien de tous, ce grand enthousiasme à inscrire, sous un patronage horloger, une grande diversité de produits dans une démarche qualifiée d’horlogère contribue puissamment à la promotion de la Belle Horlogerie.

Benoît Conrath

Horloger chez Vaucher Manufacture Fleurier

 

http://www.vauchermanufacture.ch

Durabilité horlogère et horlogerie durable

La vie d’autrefois se nomme aujourd’hui « développement durable ». C’est un retour à une économie de la rareté que nous devrions voir poindre

Le développement durable s’installe dans nos montagnes. La loi invite les entreprises à prendre des mesures pour atteindre des buts précis. Une saine émulation règne pour dépasser ces objectifs légaux. Estompées par la facilité des dernières années, ces procédures sont pour beaucoup d’entre nous du déjà vu, du déjà pratiqué. Après la crise horlogère, nous retournons vers un fonctionnement raisonné. La montre mécanique s’inscrit pleinement dans la démarche du développement durable.

 

Le développement durable et l’horlogerie

Chercher à ménager la Terre pour les générations futures est une démarche récente pour nous tous. Plusieurs gouvernements nous y engagent et dans l’industrie horlogère, cette démarche se traduit de plusieurs manières.

Tout d’abord nous sommes invités à respecter plusieurs dispositions légales, comme la diminution de notre consommation électrique, le contrôle très strict de nos rejets d’eaux usées, la gestion de nos déchets et celles de nos matières dangereuses. Plusieurs autres sont regroupées dans l’appellation de Responsabilité Sociétale des Entreprises.

C’est à celui qui sera le plus attentif à s’inscrire dans la démarche

Ensuite pour beaucoup, viennent les mesures décidées librement.

En amont, il y a le choix des matières, de leur provenance et la gestion attentive des quantités mises en œuvre.

En aval, sont installés des panneaux solaires, des systèmes de tri pour le PET, le matériel informatique et électrique, les métaux, le papier, le carton, le bois et les emballages.

Tout autour, les manufactures sont vigilantes ; elles surveillent, adaptent et optimisent leur consommation électrique. L’objet jetable, à usage unique est pourchassé, place au recyclé. Les déplacements des personnes sont optimisés. Les parkings diminuent de surface ; ils incluent des places réservées au co-voiturage et aux vélos. Les espaces verts autour des bâtiments deviennent des prairies, des vergers et des potagers. A l’image des travailleurs horlogers, les abeilles s’activent autour des ruches.

Un beau challenge à faire connaître

Pour beaucoup, faire mieux, réussir à minimiser l’influence environnementale de l’entreprise, c’est un beau défi, un vertueux challenge.

Et comme les belles choses sont à faire connaître, les jardins s’ouvrent à tous, la vie si particulière des abeilles est expliquée aux enfants des alentours et les services de communication mettent en avant la saine approche de l’entreprise. Suivre la démarche du développement durable attentivement voire passionnément est une chose dont il faut parler, c’est un important levier promotionnel.

Une longue tradition locale

Ce développement durable est d’actualité depuis le Moyen âge dans nos montagnes.

Déterminé par le contexte historique, il s’agit alors plus d’un usage prudent des ressources disponibles que d’une volonté délibérée.

Dans le monde agricole, cela se traduit par une économie de tout, par une production et une consommation locale, par une recherche de rentabilité, de durabilité et par une politique d’investissement à très long terme. A cette époque, le coût colossal des transports, la difficulté d’accéder à l’énergie et la cherté de tous les biens incitent à une parcimonie qui ménage grandement l’environnement.

Dictées par une économie de subsistance, ces prémices du développement durable s’imposent aussi dans le monde horloger commençant. Transmis de génération en génération, les outils sont faits pour durer ; les bâtiments sont soigneusement adaptés pour le métier ; la lumière gratuite du jour contribue grandement à l’éclairage des établis. Et déjà la communication sert à la recherche d’acheteurs pour les montres et les pendules. Quant aux crises, elles vont scander le rythme du négoce et par là-même celui des revenus de la population.

Les découvertes de la Crise du Quartz

Les Trente Glorieuses, ce court temps de dépenses irraisonnées, s’achèvent par la Crise du Quartz.

Les majuscules sont nécessaires pour la nommer car à la différence des crises usuelles, dues à des difficultés économiques, aux adaptations trop lentes à la modernité ou aux guerres et à leurs corollaires, la Crise du Quartz est unique. Elle sonne le glas définitif de la gestion attentive et prudente. Les bâtiments deviennent inutiles. Les outils, les machines, la montre elle-même ne valent plus rien et les décharges se remplissent de tout et de n’importe quoi. 

Un juste retour des choses

Arrivant à temps, le renouveau horloger redonne de la valeur aux montres. Aujourd’hui nous renouons avec les vertus d’économie et de gestion avisée de nos prédécesseurs, les paysans-horlogers. Non pas par un ménagement de nos ressources imposé par nos capacités financières et techniques d’autrefois, mais plutôt par une gestion attentive de notre capital commun apprise après les excès de ces dernières décades.

Un objet dans l’air du temps

L’horlogerie est bien inscrite dans cette démarche de développement durable. Oui, la montre mécanique a plusieurs atouts.

Elle est autonome, car elle se remonte gratuitement soit à la main, soit au bras du porteur.

Elle est aussi économe en tout, car elle reste fonctionnelle longtemps et elle peut être entretenue partout avec un minimum de connaissances techniques.

Elle ne se jette pas, elle s’entretient sur place, donc pas besoin de voyages en Suisse pour sa révision et, bien conçue, elle ne requiert qu’un minimum de pièces de remplacement.

Elle est vraiment durable, cette machine à compter le temps ; presque inusable, Elle accompagne l’humanité et consomme très peu d’énergie provenant de son porteur.

Qui plus est, elle se transmet de génération en génération. Oui la montre mécanique est vraiment novatrice et durable !

 

Benoît Conrath

Horloger chez Vaucher Manufacture Fleurier

 

 

L’industrie horlogère suisse est-elle garante de la Belle Horlogerie ?

1975 fin d’une industrie horlogère utile, 1990 redémarrage de l’horlogerie avec des machines CNC au service de la créativité et aujourd’hui une érosion sévère des montres de moyenne gamme. Comment les belles montres pourraient-elles continuer à être accessibles, presque à tous ?

 

Un grand changement lors de la Crise du Quartz

Dès 1975, l’arrivée des montres électroniques sonne le glas des montres mécaniques. La fabrication de ce nouveau type de montre condamne les lignes de production installées dans les usines horlogères. En quelques années, beaucoup d’ateliers sont désertés par les opérateurs ; les machines sont dispersées et tout un aspect de la production industrielle horlogère disparaît. Avec un grand désarroi, les horlogers comprennent que la divulgation du temps n’est plus leur seul privilège. Maintenant, elle se fait avec des appareils très divers, comme une cuisinière, un téléphone et bien évidemment par ce nouveau type de montre. Celle-ci n’a plus besoin des horlogers, si ce n’est pour changer sa pile.

Le renouveau de l’horlogerie

A partir de 1990, le fait de porter une montre mécanique revient à la mode. Ce n’est plus un besoin, ni une nécessité, cela devient un signe de bon goût. La montre mécanique est à la mode. Toute sa promotion se fait autour de la main à l’œuvre, de la finition. Le travail dans les ateliers est presque mythifié. Pour certains lecteurs des magazines horlogers, une question se pose : tous les travailleurs, donc tous les horlogers (sic) ont-ils encore une ferme et des vaches à traire ? Hors de ces douteux errements de présentation, le travail a vraiment changé dans plusieurs entreprises.

L’arrivée de l’automatisation

Durant la Crise, la fabrication industrielle de la montre se concentre dans quelques entreprises. Puis dans celles-ci, des dispositifs automatiques, des systèmes robotisés remplacent les « petites mains ». Le nombre des employés diminue fortement et, grâce aux progrès de la mécanisation, tenue de l’heure et fiabilité augmentent. Ces fabriques d’ébauches continuent donc à proposer des mouvements qui fonctionnent encore plus efficacement, d’un faible coût, mais peu aptes à recevoir des finitions soignées.

 

L’exigence des manufactures

Ces mouvements industriels ne correspondent pas aux critères de qualité promus par la communication des marques horlogères. Très utilisée, l’appellation de Manufacture sous-entend des montres particulièrement bien exécutées, exclusives et personnalisées. Quant aux mouvements, grâce à un fond ouvert, ils sont bien mis en évidence au dos de la montre.

 

Les machines CNC, la

souplesse au rendez-vous

Avec les progrès de l’automatisation, arrivent les machines CNC. En plus d’une grande souplesse, ce type de machine-outil à commande numérique par ordinateur offre des opportunités nouvelles pour construire des mouvements de qualité, des composants sur-mesure.

 L’invention d’un mot : la production artisano-industrielle

Le travail manuel revient par la grande porte dans les ateliers, non plus pour pallier l’insuffisance des machines, mais pour assurer une finition, une décoration qui valorisera les composants de la montre. Ainsi le défi de tenir la fiabilité comme celle de maintenir des prix, relativement, raisonnables est possible par la combinaison de méthodes de production industrielles avec des terminaisons manuelles. Ce type de production alliant machines et travail manuel est baptisé d’un néologisme presque antinomique : artisano-industriel.

Un subtil équilibre entre production industrielle et Belle Horlogerie

Dans les manufactures, les montres sont construites en petites quantités par des machines très souples, capables de préparer des composants horlogers qui seront ensuite magnifiés par des mains expertes. Cette situation idyllique est presque vraie. Dans les faits, mis à part une entreprise multinationale horlogère bien connue, toutes les manufactures ont besoin, peu ou prou, de plusieurs partenaires pour leur fournir des composants.

 Le moyen de gamme horloger est à la peine

Cette production industrielle consiste en des montres suisses de qualité proposées à quelques centaines de francs.

Les quantités de montres fabriquées dans ce moyen de gamme horloger baissent d’année en année.

Rappelez-vous, la montre mécanique n’est plus le seul moyen de connaître l’heure…

Et cette diminution considérable de la production industrielle pose plusieurs problèmes à sa voisine, la Belle Horlogerie. Car par ces grandes quantités, la production industrielle facilite l’accès aux compétences, à des fournitures, à de l’outillage et à des matières premières à l’entier de la branche horlogère.

Plusieurs solutions

Pour une manufacture, la voie d’une véritable autonomie de réalisation des montres est très onéreuse et difficile. Et cette autonomie n’inclut pas la mise au point des machines et des outils, ni la préparation des matières. Alors des actions comme celle de se rassembler à plusieurs pour éviter l’écroulement des fournisseurs, ou encore celle de se fédérer autour de certains domaines périclitant au vu de la rapide diminution des quantités, risquent de devenir nécessaires. Déjà, plusieurs d’entre elles se regroupent pour étudier des problèmes communs comme la lubrification. Des entreprises naissent, d’autres se développent, toutes se mettent au service des marques horlogères. Et les progrès des techniques ouvrent des possibles, encore inenvisageables il y a peu.

Tous solidaires

Les différents acteurs horlogers s’accordant pour maintenir une réelle industrie horlogère produisant des mouvements fiables et précis, la fabrication la plus artisanale des montres pourra alors continuer à s’appuyer sur une base industrielle.

En sus des connaissances techniques mises à mal par la diminution des quantités, la seconde difficulté d’importance pour tous est de conserver à la montre mécanique le statut d’objet de notre quotidien.

Pour les marques, une voie inédite serait de promouvoir non pas leurs produits stricto sensu, mais la montre mécanique tout court. Un peu comme un bijoutier proposerait des bijoux en argent dans son magasin. A terme c’est payant car, séduites par l’idée de porter un bracelet, plusieurs personnes pourront acquérir un bijou en or massif.

Revenant à la Belle Horlogerie et à la montre, voulue comme toujours portée au poignet gauche, ne s’agirait-il pas ensuite de créer l’envie d’acquérir une montre d’exception ?

 

Benoît Conrath

Horloger chez Vaucher Manufacture Fleurier

http://www.vauchermanufacture.ch

L’avocat de la Belle Horlogerie

C’est une démarche inhabituelle, presque une aventure que de se mettre en avant au service du métier. Comment me faire comprendre, comment montrer tous les aspects de ce métier que j’aime.  Est-il possible de séduire, d’émouvoir, au moins d’intéresser des jeunes gens ? L’importance des exemples parlant. Mes émotions et mon bilan. Hypothèse d’une prédisposition

 

Une aventure différente

Habituellement c’est au nom de l’entreprise, à son service que je prends la parole. Lors d’une visite ou d’une rencontre, mon rôle est de promouvoir nos capacités à concevoir et à réaliser des mouvements pour les clients potentiels que nous accueillons à Fleurier. Je dois présenter nos capacités de production et notre force d’adaptabilité aux souhaits de nos futurs acheteurs.

Cette fois-ci, j’innove et je vous parle de moi, à la suite de plusieurs rencontres dans les écoles.

Au service du métier

Dans les écoles, le but de ces rencontres est différent. Il s’agit de présenter l’horlogerie comme une voie technique ouverte aux filles comme aux garçons. En filigrane, Vaucher Manufacture montre une image d’entreprise ouverte. Associés à des instances étatiques, nous mettons en avant l’horlogerie telle que nous la pratiquons.

Avec la blouse blanche

Tout d’abord, face à ces jeunes, je tiens à porter la tenue de l’horloger. La blouse blanche, le micros posé sur le front, je suis un horloger avec tous ses attributs. Je peux donc être à l’aise pour parler d’horlogerie.

Déjà, je leur demande s’ils ont une montre. Aie ! Tous n’en ont pas et moi qui dois leur parler de l’art de faire des objets qu’ils n’utilisent pas, dont ils n’ont pas besoin.

Ensuite avec une ficelle et un poids, je fais exister une seconde, puis une autre. Viennent après quelques repères sur la mesure du temps et nos particularités helvético-horlogères. Ce court exposé s’achève avec des outils en main devant un mouvement d’horlogerie.

La brucelle et les tournevis, des armes redoutables

Par petits groupes, nous les aidons à démonter puis à remonter un mouvement de grande taille. De bonne composition, le balancier de ce mécanisme redémarre sagement malgré les joyeuses imprécisions des gestes de ces élèves.

Pour finir, nous relisons un questionnaire à choix multiple que j’ai rédigé. Pas noté, il restera en main des jeunes comme un repère des moments passés ensemble.

Le grand intérêt des exemples et des images

Comment faire pour être compréhensible, comment leur faire comprendre nos activités ?

Eh bien en leur parlant de ce qu’ils connaissent. La notion de valeur ajoutée de la Belle Horlogerie ? Parlons-leur de la voiture de sport rouge qui, comme une bien moins puissante, permet elle aussi de se déplacer mais autrement. Le désarroi des horlogers lors de l’arrivée de la montre électronique à bas prix ? C’est celui du voiturier qui aurait pu voir, en moins de cinq ans, le remplacement des chevaux par des camions de 40 tonnes. L’un des intérêts à porter une belle montre ? C’est que tous peuvent vous voir avec alors que votre belle voiture est restée sur le parking.

Mon ressenti

Avec ces jeunes, pour cause de Covid masqués de surcroît, qu’il est difficile d’entrer en relation, de les deviner, de les percevoir ! Je me sens malheureux de ne pas réussir à les émouvoir. Je suis triste de ne pas avoir à répondre à des questions. Je suis peiné de ne pas savoir si j’ai pu susciter de l’intérêt chez eux.

Je m’interroge sur ma préparation, sur le contenu du Power Point que j’utilise. Je repasse les moments avec eux pour tenter de comprendre ce qui pourrait être amélioré.

Je me vois tendu et attentif au moindre signe de leur part. Je cherche à les relancer, à les faire parler. Je tente de l’humour, des phrases qui s’arrêtent en appelant de leur part une suite. Baissant la voix, changeant de rythme d’élocution, étayant mes propos par des gestes, j’utilise des méthodes de bateleur.

Et pourtant qu’il est difficile de les interpeller, de les faire réagir. Pas simple de transmettre ma passion, de susciter un intérêt chez des jeunes qui sont là car c’est une activité obligatoire.

Le but ultime

Et pourtant ces jeunes sont d’ici, de cette région imprégnée, pétrie par l’horlogerie. Tous, ils ont des parents, grands-parents qui furent, qui sont en lien avec la fabrication des montres, de l’outillage ou des machines pour l’horlogerie. Et j’aimerai que cela redevienne une fierté pour tous, pour les anciens d’avoir contribué à la mise en place de l’industrie horlogère, et pour les jeunes, oui pour eux, de pouvoir trouver place dans l’horlogerie d’aujourd’hui. Il y a tant à pouvoir faire. 

Des prédispositions

« Fais-en un avocat, il aime tellement parler » disait ma grand-mère à sa fille. Mais, je suis devenu horloger par volonté et lointaine tradition familiale. Cependant avec ces jeunes comme dans mes rencontres professionnelles ou non, je réalise que je suis aussi devenu avocat.

Oui pour de vrai ! Avec ma blouse blanche et micros au front, je suis un avocat, certes discret mais convaincu, de la Belle Horlogerie.

 

Benoît Conrath

Horloger chez Vaucher Manufacture Fleurier

http://www.vauchermanufacture.ch