Refuser l’emballage, c’est bon pour la santé!

L’emballage est le propre de la nourriture industrielle ultra transformée. Refuser des produits emballés conduit à acheter des produits plus naturels, basiques. Et ceux-là sont bien meilleurs pour notre santé ! Un petit détour par quelques notions de diététique s’impose.

Diabète de type 2, hypertension, obésité, hypercholestérolémie, stéatose hépathique non alcoolique (le foie gras), mais aussi maladies cardiaques, maladie d’Alzheimer, athérosclérose, etc… Un inventaire à la Prévert, mais un Prévert triste: voilà quelques exemples de maladies chroniques non transmissibles qui marquent notre civilisation dite développée. Les spécialistes auront reconnu le syndrome métabolique qui regroupe les cinq premières de cette énumération. Ce syndrome explique l’explosion du nombre de personnes souffrant d’obésité ces cinquante dernières années.

L’obésité dans le monde en 2017 (c) care labs

Un livre récemment paru fait le point sur ces maladies dites de civilisation, sur leurs causes et sur… le remède. Ce remède est gratuit, ne s’achète pas, et est disponible à chacun naturellem

ent. Ce livre passionnant est rédigé par un médecin néphrologue canadien, le Dr. Jason Fung. Spécialiste des troubles liés aux reins, il a été amené à soigner des milllers de patients avec succès, dont la plupart étaient atteints de diabète de type 2 et d’obésité. Au début, le Dr. Fung les a d’abord aiguillé sur une alimentation de type “low carb”, soit avec un minimum d’hydrates de carbone, ayant constaté que l’hystérie collective ayant diabolisé les graisses ne reposait sur aucun fait scientifique. Sans grand succès: choisir ses hydrates de carbone s’avère plus compliqué que prévu. Puis, il a commencé à proposer la meilleure méthode pour diminuer leur taux d’insuline dans le corps, pour augmenter leur métabolisme de base, réguler leur taux de cholestérol (sans avoir recours aux statines controversées), et finalement, la seule méthode capable de faire maigrir durablement ses malades: le jeûne.

Dr. Jason Fung, auteur de l’ouvrage “Le guide complet du jeûne”, Editions Thierry Souccar, 2017

J’imagine déjà vos sourcils levés, chers lecteurs, chères lectrices, vos yeux incrédules qui se plissent de méfiance…! Quel rapport avec le mode de vie Zéro Déchet, me direz-vous ? Est-ce que subrepticement je vous conduirais vers l’abstinence totale d’alimentation tout en vous encourageant à réduire vos poubelles ? Viser le moins de déchets possible équivaudrait-il à adopter le menu des amoureux tous neufs (qui ne vivent, on le sait bien, que d’amour et d’eau fraîche) ? Non, je vous rassure tout de suite, loin s’en faut (même si je suis par ailleurs une adepte du jeûne annuel depuis plusieurs années pour des raisons thérapeutiques évidentes) !

Mon propos aujourd’hui fait écho à ce que préconise le Dr. Fung à ses patients : outre le jeûne, il s’agit pour eux de se nourrir correctement durant les périodes où ils mangent. Et qu’est-ce que cela veut dire concrètement ? Je vous le donne en mille, c’est manger des aliments naturels :

“On peut reconnaître les aliments naturels facilement: ce sont ceux qui sont identiques à ce qu’on trouve dans la terre ou qui a été vivant. Les paquets de cornflakes ne poussent pas dans les champs. Tout ce qui est préemballé dans un sac ou dans une boîte doit être évité. Il en va de même de tout ce qui porte une étiquette nutritionnelle. La vraie nourriture, qu’il s’agisse de broccoli ou de boeuf, ne porte par d’étiquette.

Voici le vrai secret d’une alimentation saine: consommer exclusivement de la vraie nourriture.”

Dr. Jason Fung

Si vous souhaiter acheter des aliments en vrac, vous allez orienter vos achats sur de “vrais aliments”. Avec ces vrais aliments, votre nourriture sera bien plus saine, avant tout parce que vous l’aurez préparée vous-même. La nourriture ultra transformée est un véritable poison, on le sait désormais. Ce qui sort de votre cuisine ne comporte pas les additifs en E largement utilisés par l’industrie agro-alimentaire, ni tout ce sucre ajouté partout, même aux plats salés. Vos yaourts faits maison seront faits de lait (provenant directement d’une ferme, si possible) et de ferments lactiques, sans amidon de maïs cireux modifié, sans colorants ni arômes artificiels, sans sucres ajoutés. Connaissez-vous d’ailleurs le goût d’un véritable yaourt fermenté cinq à six heures ? Je vous conseille cette manière de faire, garantie sans aucun déchet, ni besoin de yaourtière.

Plaidoyer en faveur de l’école ménagère!

Le fait maison est le premier pas vers une alimentation saine, c’est-à-dire bonne pour votre santé. Je plaide d’ailleurs pour le retour des cours d’école ménagère au niveau scolaire secondaire ! Parce que oui, c’est un fait, dans le canton de Vaud, les élèves en classes pré-gymnasiales n’ont plus de cours de cuisine. Apprendre à cuisiner, apprendre à manger de manière équilibrée, savoir décrypter les étiquettes: c’est la meilleure mesure de prévention de la santé qui soit. C’est une mission essentielle, si on veut que nos enfants vivent au moins aussi longtemps que nous et en bonne santé : leur enseigner comment cuisiner de vrais aliments.

Tous en cuisine! (c) Ecole de cuisine Alain Ducasse

Je me dois rendre un hommage tardif à Mme Devenoges à l’école secondaire des Cerisiers (Gorgier, Neuchâtel), ma professeur d’école ménagère que nous avons tant chahutée adolescentes. C’est grâce à ses cours que je sais confectionner une pâte à gâteau en 10 minutes et à un coût défiant toute concurrence. Nous avions d’ailleurs calculé les coûts comparatifs en classe. C’est grâce à cette école ménagère que je sais régaler ma tablée avec une crème ménagère au chocolat composée de cinq ingrédients seulement. C’est grâce à ses cours que je sais comment équilibrer un repas et ne pas surdoser la soupe en sel (petit rappel douloureux: on sale un litre d’eau avec une cuillère de sel… une cuillère à café, pas à soupe!).

Mea culpa! Si j’avais su l’importance de ces cours, j’aurais moins râlé avec les copines à l’époque (eh oui, seules les filles y avaient accès!). Il est vrai que la confection d’une boîte en bois avec les garçons m’intéressait tout autant. Les garçons ou la boîte ? La question demeure…!

L’emballage et ses fonctions

L’emballage sert à plein de choses, il est indispensable à la grande distribution. Bien entendu, il sert d’abord à isoler l’aliment durant le transport, le stockage, la manipulation et la distribution, à la préserver de l’air, de la saleté. L’emballage sert à inscrire quantité d’informations relatives au produit (provenance, date de fabrication et de péremption, composition, liste de nutriments), informations requises par la législation dans les trois langues nationales. Les emballages des denrées en gros, vendues en vrac, remplissent ces premières fonctions.

Par contre, il est une fonction que l’emballage individuel a en plus: il sert aussi à faire la promotion du produit: des sommes considérables sont investies pour rendre les produits attractifs par du “packaging” régulièrement mis à jour, dont les assertions publicitaires sont d’ailleurs très souvent mensongères. Ces coûts sont compris dans le prix des produits. Sans emballage, les produits devraient normalement coûter moins qu’avec. En Suisse, ce n’est encore que rarement le cas, mais on commence à voir certains produits moins chers en épicerie vrac qu’en supermarché (p. ex. le sel).

L’emballage a longtemps permis d’afficher le prix. Ce n’est plus le cas depuis quelques années. Le prix est affiché en rayon: on peut ainsi plus facilement le modifier de manière centralisée… et le consommateur a de plus en plus de peine de se rendre compte de l’augmentation du prix des produits chez lui.

Dans le magasin du futur? Toujours autant d’emballages

A l’avenir, l’emballage restera aussi indispensable au “magasin du futur”. Le prix ne risque pas d’être réimprimé sur l’emballage, mais il sert de support à une mini-puce RFID (pour identification par radio fréquence) qui va s’activer au passage d’une borne de lecture dédiée. Un magasin de café en capsules à Berne permet déjà à ses clients de régler leurs achats sans passer en caisse: ils déposent leur cornet dans le logement d’un automate de paiement qui va lire les puces collées sur les cartons; le total des achats s’affiche instantanément et le client paie avec sa carte de débit.

Puce RFID

La technologie mise en œuvre n’est pas la même dans le tout nouveau magasin “Amazon Go” qui s’est ouvert à Seattle (USA) il y a peu. Selon Sciences&Avenir, il semble que le géant américain utilise plutôt des capteurs de pression ou de poids en rayon et des caméras vidéo couplées à des algorithmes de vision artificielle. Le résultat? Plus de caisse, plus de personnel de vente, plus de queue à la sortie… Les clients rapportent une étrange sensation suite à cette nouvelle “expérience” de shopping: ils n’ont pas l’impression d’avoir “fait des courses”, ni d’être entrés dans un magasin. Ils se sont simplement “servis” sur les étagères et sont ressortis. La phase de paiement physique n’existe plus: on ne sort plus son porte-monnaie de sa poche, on ne manipule plus rien, ni monnaie, ni carte de crédit. Le compte du client inscrit est débité à la sortie du magasin. Il semble que la technologie ne soit pas encore tout-à-fait au point d’ailleurs puisque le vol semble y être très facile…

Il est à parier que le pourcentage d’achats spontanés non prévus va encore augmenter. Et on sait que la grande distribution compte énormément sur ce phénomène pour harponner sa clientèle et lui faire dépenser bien plus que ce qu’elle avait planifié avant d’entrer dans le magasin (voir l’article  “Trop cher pour moi, vraiment?).

Acheter sans emballage est un acte citoyen et bon pour la santé!

Acheter sans emballage permet donc de refuser aussi cette évolution de la consommation. Acheter en vrac encourage à choisir des produits naturels, pas ou très peu transformés, et à cuisiner des plats simples et sains. Acheter sans emballage est par conséquent très bon pour le porte-monnaie et pour la santé.

Acheter sans emballage est aussi un acte citoyen, qui permet de conserver des emplois dans la vente. Car “l’expérience d’achat” dans un marché ou un magasin traditionnel, avec des producteurs ou des vendeurs en chair et en os avec lesquels échanger, cela est infiniment plus enrichissant humainement et socialement parlant que l’achat déshumanisé tel que nous le préparent – dans la vraie vie – les géants de la distribution sur internet.

Au marché, on échange bien plus que des produits!

Valérie Sandoz

Valérie est engagée sur la réduction des déchets à titre privé depuis des années. Elle est l'auteur de plusieurs guides, donne des conférences, des cours et anime des ateliers. Géographe et ethnologue de formation, elle interroge notre façon de consommer et partage ses découvertes. Adepte du «fait maison» (conserves alimentaires, lacto-fermentation, cosmétiques, produits de nettoyage, etc.), Valérie anime un blog personnel consacré à la cuisine sans gluten, à la réduction des déchets et du gaspillage et à un mode de vie simple et joyeux.