Gaspillage alimentaire – Et si février était le mois idéal pour le réduire ?

On jette trop d’aliments en Suisse. En revoyant notre manière de consommer, et où l’on fait ses achats, nous pouvons éviter ce gâchis honteux. Nous jetons en moyenne 330 kg par personne et par an. Les “coupables”? Nous, les ménages pour 39%, puis l’industrie agroalimentaire pour 37%. Mais prenons garde à ne regarder que l’arbre qui masque la forêt…

Commençons par voir de quoi on parle.

OFEV 2019

Le graphique de l’Office fédéral de l’environnement est éloquent. Les ménages sont les premiers responsables du gaspillage alimentaire. Soit. Juste après, c’est l’industrie agroalimentaire. Mais si on y réfléchit bien, c’est cette dernière qui est AUSSI responsable de ce qui est jeté dans les ménages. Pourquoi? Parce que les gens font leurs courses principalement en supermarché. Où les denrées ont subi une transformation, une mise en boîte ou en barquette, justement par l’industrie agroalimentaire.

On peut bien accuser Mme Matthey de jeter trois mandarines pourries, quand bien même elle a acheté un filet de 2 kilos, au prix apparemment avantageux. Est-ce toujours le cas quand on doit jeter une partie du tout? On peut bien pointer du doigt M. Duc qui jette deux filets de poulet à l’odeur nauséabonde, quand bien même il a cédé à l’action de la semaine, soit un pack de 8 filets à un prix imbattable et qu’il n’a pu en consommer que six dans les temps. Quand un quart des filets finit à la poubelle, je ne suis pas sûre que le pack était si avantageux que cela au final… Mais qui va s’amuser à recalculer le prix au kilo d’une denrée “bon marché” quand une partie est jetée parce qu’elle n’est plus consommable ?

Faire des bonnes affaires: un réflexe humain ?

Nous sommes tous des clients qui voulons dépenser le moins possible pour quoi que ce soit. C’est un réflexe humain, j’imagine. Il m’a fallu des années de prise de conscience pour comprendre que le bon marché est toujours trop cher, que le véritable prix (social, environnemental) est forcément payé par d’autres quand il est très bas pour moi. Il faut que des agriculteurs en arrivent à se suicider par dizaines pour qu’on comprenne enfin notre responsabilité de consommateurs dans cette guerre des prix vers le bas que pratiquent grandes surfaces et hard discounters. Oui, en étant d’accord d’ouvrir notre porte-monnaie dans ce genre de commerces, nous alimentons cette spirale et sommes responsables de la détresse du monde agricole. Alors oui, je choisis d’acheter mes produits ailleurs qu’en supermarché. C’est un peu plus cher, mais cela ne plombe pas le budget. Question de priorités: je fabrique par ailleurs produits ménagers et cosmétiques pour deux francs six sous, donc j’ai de quoi dépenser plus pour l’alimentation.

Il faut aussi savoir qu’en Suisse, la part dépensée par les ménages pour se nourrir se monte à seulement un peu plus de 6% de leurs revenus. C’est bien moins que dans les pays voisins. Et cette part ne cesse de diminuer. Je m’interroge sur cette évolution. Certes, les budgets sont plombés par les loyers, les assurances, les transports… Sans revenir à une situation du début du XXème siècle, il devrait quand même être possible de consacrer un peu plus de notre budget à ce qui nous fait vivre chaque jour et de payer le juste prix pour des produits de qualité. Moins de voyages, moins de loisirs, moins de renouvellement de matériel électronique et on pourrait remonter à 10-12%, comme au début des années 2000.

Part du budget consacrée à l’alimentation. Illustration parue dans La Tribune de Genève, 29 août 2018.

Les habitudes d’achat sont en grande partie en cause dans le gaspillage alimentaire. Car l’objectif des supermarchés, on l’a compris, c’est de vendre toujours plus, selon une spirale de croissance infinie de leur bénéfice aussi utopique que dangereuse. En s’appuyant sur le réflexe humain de vouloir faire des économies, les supermarchés savent très bien où et comment faire. A coup d’actions, de multi-packs et autres promotions sur des grandes quantités.

Et si vous releviez le défi ?

Par ailleurs, cela ne vous aura sans doute pas échappé: février est celui de l’initiative “Février sans supermarché”. Dix jours ont passé, il n’est pas trop tard pour s’y mettre !

Cette opération est un défi lancé en 2017 ans par l’association “En vert et contre tout“. C’est la quatrième édition cette année. Pourquoi février? Parce que c’est un mois court et souvent difficile du point de vue économique pour les petits commerçants indépendants.

Ce défi a essaimé sur les réseaux sociaux et on trouve de nombreux défis locaux. Si on rejoint un de ces groupes, on échange alors conseils, informations et astuces pour se passer d’aller faire des achats en grande surface. Durant un mois, ou durant plus longtemps! Je dois avouer que depuis la première édition, je ne m’y rends plus que quand je n’ai vraiment vraiment pas le choix.

Février sans supermarché (c) En vert et contre tout.

A l’origine, un véritable plaidoyer pour les commerces indépendants. Car oui, pour un emploi crée dans la grande distribution, ce sont 3 à 5 emplois qui disparaissent ailleurs, comme l’explique et le démontre la journaliste Leïla Rolli. Dans mon village, les anciens m’ont raconté qu’avant l’arrivée de la Coop et de Denner, il y avait trois boucheries et plusieurs boulangeries. Aujourd’hui, il ne reste qu’une seule boucherie et une boulangerie qui fabrique ses pains sur place. Voilà l’effet concret de l’arrivée de la grande distribution dans un village de 2000 habitants. Et à voir comme il est difficile de trouver un vendeur ou une vendeuse dans l’une de ces grandes surfaces quand j’ai une question à poser, il est certain que le nombre d’emplois dans ces deux supermarchés n’équivaut pas au nombre de ceux qu’il y avait avant dans les commerces indépendants.

Février est donc le mois idéal pour expérimenter autre chose, une autre façon de faire ses courses en évitant la solution de facilité d’un supermarché.

Le charme et la souplesse des petits commerçants

Quand j’en parle autour de moi, immanquablement il y a quelqu’un qui va dire: “oui, mais moi je ne trouve pas ceci ou cela ailleurs qu’au supermarché….” Déjà, j’ai des doutes: par exemple je pensais que le papier WC ne se trouvait qu’en grande surface. En discutant avec l’épicier de “Chez Mamie”, une chaîne romande d’épiceries qui vend (presque) tout en vrac, il m’a appris qu’il vendait le papier WC au rouleau, sans emballage! Pareil que les pastilles pour le lave-vaisselle. Même le pain sans gluten, que je trouve en grande surface (parce que je n’ai pas le temps, ni l’envie d’en cuire tous les trois jours, mea culpa!) peut être commandé par un détaillant indépendant. Leurs catalogues sont grands et leur souplesse souvent infinie! Pas comme en supermarché où l’assortiment est décidé par la centrale. Donc avant de déclarer péremptoirement que ce défi n’est pas possible à tenir à cause de tel ou tel produit, posez la question aux commerçants indépendants. Vous serez surpris des réponses.

L’autre excuse est celle du temps (une excuse qui m’arrange et que je brandis aussi de temps à autre, vous l’aurez remarqué!)

Faire ses courses dans des commerces indépendants, cela demande plus de temps que d’aller une fois par semaine au supermarché. Cela demande un peu de temps, c’est vrai, mais c’est autrement plus sympathique et riche en contacts humains. Mais revenons à cette affirmation. Si on remettait à plat cette habitude? Car se rendre dans une grande surface (une grande) souvent située à l’extérieur d’une localité, s’y garer, puis déambuler entre les allées, cela prend aussi beaucoup de temps! Pour certaines familles, c’est même devenu le loisir No. 1 du samedi matin! Il faut dire que tout est fait pour qu’on y passe bien plus de temps que prévu: par exemple les produits sont régulièrement changés de place pour nous faire passer devant de nouveaux produits qu’on aurait pas vus (et pas achetés) durant notre petite tournée habituelle. Où est le gain de temps quand on parcourt des kilomètres de rayonnages? Mais surtout, tout ce temps passé fait acheter bien plus que ce qui était prévu, c’est l’objectif. Car qui va résister à cette action multi-pack de boîtes de thon (cinq pour le prix de quatre, une aubaine!) ? On en revient au fameux réflexe humain de faire des économies…

Le véritable ressort du gaspillage alimentaire

C’est là qu’intervient la grande distribution dans le ressort du gaspillage alimentaire.

En achetant bien plus que prévu, on fabrique immanquablement du gaspillage. En plus, nous sommes de bons élèves. Nous respectons les dates de péremption à la lettre. Des dates inutiles sur certains produits d’ailleurs (produits de nettoyage, produits secs comme sel et sucre…) et bien trop courtes pour d’autres (un yaourt peut être consommé bien au-delà de la date imprimée sur son couvercle). Mais surtout, quand on ne décide pas de la quantité de la marchandise achetée, le risque est grand que les restes soient stockés au réfrigérateur et, oubliés, finissent à la poubelle.

Oui, nous avons une certaine dose de responsabilité de ne pas cuisiner des légumes un peu fanés dans une soupe ou de cuire des fruits un peu blets pour en faire une compote. Mais à nouveau, faire porter le chapeau uniquement aux consommateurs, c’est regarder l’arbre devant la forêt. En l’occurence, les grandes surfaces, la grande distribution.

Je salue toutes les initiatives prises pour réduire le gaspillage alimentaire, comme celle que la Migros a prise de rejoindre Too Good To Go, cette application qui évite le gaspillage en revendant à très bas prix ce qui n’a pas trouvé preneur aux heures des repas dans les “Take away”.

J’applaudis, mais ne me fait aucune illusion quant à l’impact réel sur les 330 kilos en moyenne de denrées jetés par personne et par année. Il faut savoir que ce qui est proposé sur cette app l’est à des heures fixes, en dehors des heures des repas, et que peu de personnes ont réellement l’occasion ainsi de passer prendre une commande. Le système est juste du point de vue de la concurrence avec les autres magasins, mais pour le consommateur, c’est difficile à caser dans une journée de travail ordinaire.

J’applaudis mais je suis réaliste: si le géant orange ne fait que cela et ne s’occupe pas du problème en amont (retour de la consigne généralisée, vente en vrac, remplissage de produits liquides en magasin, suppression des emballages superflus), cette opération ressemble plus à une opération de re-dorage de blason.

Conseils pratiques en vrac

Et pour savoir que faire concrètement pour limiter le gaspillage alimentaire, je vous renvoie à la Fédération romande des consommateurs, dont le dossier sur le sujet est une mine d’idées et d’informations.

Et au petit guide du Zerowasteur en supermarché que j’ai rédigé, 12 conseils à télécharger gratuitement et libres de toute publicité (une denrée rare, vous en conviendrez!).

(c) valesavabien.blogspot.com

 

 

 

Plastiques: et si on faisait de l’hyperobéissance civile?

Même si on fait tout bien comme il faut, qu’on achète un maximum en vrac et qu’on fabrique sa lessive et ses savons, il est impossible d’éviter tout plastique dans ses achats quotidiens. Que faire alors? La RTS nous suggère une forme d’hyperobéissance civile: c’est le retour au distributeur! J’adhère!

Le 11 septembre dernier, l’émission A Bon Entendeur, de la RTS, faisait le point sur les plastiques et leur supposé recyclage. Seuls les bouteilles PET et leurs bouchons en PE, ainsi que les flacons en PEHD sont réellement recyclés et leurs matériaux réutilisés. Le reste est brûlé. Gaspillage de ressources, gaspillage des transports, gaspillage de temps, pollution (scories, mâchefers des usines d’incinération…), vous connaissez mon avis très tranché sur le soi-disant recyclage. C’est du downcycling, et pas du tout de l’économie circulaire. Et dire qu’on a substitué les bouteilles en verre réutilisées et leur consigne pour ce “progrès”… (soupir!).

Vous le savez, je fais ma part pour éviter de contribuer à la montagne de déchets à gérer par nos collectivités.

Coté courses, pour les légumes et les fruits, les oléagineux, les produits laitiers, la viande et le poisson, le thé et le café, j’amène mes sachets, mes contenants hermétiques ou mon bidon à lait au magasin où on me sert toujours avec le sourire, et parfois une petite ristourne pour l’emballage ainsi économisé. Les produits ménagers, je les fabrique, tout comme la plupart de mes produits d’hygiène et cosmétiques. Bref, je fais tout bien comme il faut, une bonne élève, quoi !

Une élève modèle… comme Hermione Granger!

Mes incoutournables

Pourtant, un constat s’impose : il m’est difficile, voire impossible, d’éviter toute matière plastique dans mes achats au quotidien. Mes incontournables, ce que je n’arrive pas à remplacer ou à éliminer se résument au bas mot à ça:

  • A moins de consommer des oranges venues de très loin quand on est hors saison de production en Europe ou en Afrique du nord, je préfère acheter des bouteilles de jus d’orange bio chez un grand distributeur pour ma famille, qui ne veut pas y renoncer.
  • Comme mon pain sans gluten fait maison est vraiment bon (sans me jeter des fleurs, ma recette de pain est vraiment excellente; elle est très largement appréciée de par le monde, en témoignent les lecteurs et lectrices de mon blog!), il ne fait pas de vieilles miettes! Pour assouvir les appétits de ma famille, il me faudrait en cuisiner tous les 3 jours au minimum. Et comme j’ai d’autres activités, je n’arrive pas à tenir le rythme. Donc j’achète du pain sans gluten en grande surface, toujours emballé en sachets plastique. Et aussi des pizzas sans gluten congelées…

    Pain sans gluten délicieux
  • J’adore la feta, le tofu, le lait de soja et le miso. Je fabrique du tofu à partir de graines de soja dépelliculé bio (et cultivé en France), mais c’est du job et du temps. Donc le plus souvent, j’en achète emballé. Idem avec le lait de soja, je l’achète en brique à boisson quand je n’ai pas le temps de le faire moi-même. Mais la feta ou le miso, ça, je n’y arriverai jamais, même si la confection de fromage végétal à tartiner sur une base d’oléagineux trempés n’a plus de secret pour moi.

    Cottage cheese végétal
  • Enfin, j’achète aussi les rouleaux de papier WC en grands sachets de plastique. Ils sont réutilisés par la suite, soit pour conserver des légumes au réfrigérateur, soit pour tapisser les rares poubelles qui subsistent chez nous. Je n’ai pas opté pour les distributeurs de rouleaux en grand format, comme dans les restaurants, même si les recharges sont vendues en carton recyclable. Mes toilettes sont trop petites… et ils sont moches.

Et bien sûr, quand l’emballage est véritablement recyclable, donc réutilisable à l’infini (boîtes de conserves, bocaux…), je ne boude pas mon plaisir de manger des sardines à l’huile, des olives et autres choses délicieuses, même si elles ne sont pas vendues en vrac.

Les sardines, c’est bon! Et c’est bon pour la santé! (crédit: La Belle Iloise)

Hyperobéissance civile

Alors que faire du plastique résiduel qu’on ne peut pas éviter? C’est tout simple: il faut le retourner au distributeur, comme le suggère A Bon Entendeur.

Les géants orange et les autres ont tous disposé dans leur enceinte des containers pour récupérer le PET-PE et le PEHD. Il y a aussi toujours une poubelle “normale” pour d’autres déchets.

Alors c’est simple : soit vous prenez 5 minutes à la fin de vos achats pour déballer les produits et laisser les emballages sur place. Soit vous le faites tranquillement à la maison. Dans ma cuisine, j’ai disposé un sac pour récupérer ces plastiques (propres). Et quand il est plein, je vais remplir la poubelle du supermarché à l’occasion de mes achats. J’ai déjà payé l’emballage une fois, je ne suis pas d’accord de payer une seconde fois pour son élimination.

Si chaque client-e des distributeurs fait pareil, ils crouleront bientôt sous la montagne de LEURS déchets. Ils prendront alors des mesures pour les éviter. Ils feront pression sur les fabricants (souvent eux-mêmes ou leurs filiales!) pour réintroduire la consigne sur des emballages réutilisables.

Et vous savez quoi ? Cette initiative existe déjà, c’est le projet LOOP, où se sont associés le distributeur français Carrefour et des marques de produits industriels, alimentaires, de nettoyage, et même d’hygiène. Cette idée de livrer en contenants réutilisables est en cours de déploiement en France et aux Etats-Unis.

En attendant qu’on se réveille aussi chez nous, l’hyperobéissance civile vaut le coup d’être adoptée !

L’effet papillon de mon chocolat

“Pourquoi tu manges encore du chocolat ?” questionnait mon fils l’autre soir. “Je n’achète plus d’avocat!” m’a confié ma collègue. Aïe, les deux ont raison: ni le cacao ni l’avocat ne poussent en Suisse! Dois-je y renoncer pour autant ? Mes choix de consommation courante sont devenus cornéliens. C’est parti pour un exercice de “triture-méninges”…

Nous avons tous des faiblesses. Je l’avoue, je craque pour le bon chocolat! Désolée pour le traditionnel chocolat au lait suisse, mais celui qui me plaît affiche au minimum 75% de cacao, avec un mimimum d’ingrédients dans sa composition. A l’heure du café après le repas familial du soir, la discussion a porté sur nos choix en matière d’aliments. Que peut-on encore acheter le coeur léger, quand on se soucie (dans l’ordre de mes priorités): pas d’emballages inutiles, de production locale, en production respectueuse de l’environnement et des humains (donc bio et de commerce équitable), naturel (donc sans hypertransformation), sans (trop de) sucre ajouté et abordables pour mon porte-monnaie ?

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Emballages, justifications et communicants

Pas une entreprise d’envergure qui n’aie pas son équipe de communicants! Comme pour les pommes bio, ils (et elles) nous emballent avec leurs discours et leurs justifications. Petites omissions, arguments douteux, tout est permis pour vendre. Y compris de raconter des salades…

La stratégie commerciale ne connaît qu’une logique: celle de vendre toujours plus. Sans respecter aucune éthique, aucune autre valeur que celle qui s’inscrit en noir avec de nombreux zéros au bilan. Cela vaut aussi quand la clientèle devient regardante sur la qualité, la provenance et le mode de production des denrées qu’elle achète. A ce moment-là, les grands distributeurs ne s’en sortent qu’en engageant une flopée de communicants très doués.

C’est le cas de nos deux géants orange du duopôle “Migroop”. Les deux ont senti, puis suivi la tendance avec les produits bio. Avec grand succès. Les deux proposent une gamme de produits estampillés Bio Suisse pour l’un (le bourgeon) et Migros Bio pour l’autre. Chacun produit des lignes de produits bio “maison”: Alnatura pour l’un, Oecoplan, Naturaline pour l’autre.

D’autres tendances ont été récupérées: le très bon marché “générique”, les produits vegan, etc. Récupérer les tendances du moment et proposer des produits qui y répondent, ce n’est rien d’autre que de la segmentation de marché. L’objectif général est d’occuper le terrain et de conserver sa clientèle qui serait tentée d’aller voir ailleurs.

Labels: en veux-tu? en voilà!

Les attentes de la clientèle sont très diverses et souvent s’opposent. Certains ne veulent que du bon marché, sans aucune considération sur la qualité ou la provenance des aliments. D’autres, et ils sont toujours plus nombreux, ont d’autres exigences. Ils veulent des produits de qualité, issu de l’agriculture locale, durable, voire bio. Ils veulent du bon et du bien. Voici venu le temps des labels et des certifications. On les voit fleurir comme les pâquerettes au printemps. Ils sont si nombreux qu’il faut un guide pour savoir ce qu’ils recouvrent (ouf, la FRC en propose un!).

Que ces labels existent, c’est une bonne chose! Mais la démarche des grands distributeurs ne doit tromper personne. Seule la logique du marché et la volonté de vendre toujours plus sont à l’origine de toutes leurs actions. En soi, rien de plus normal pour un commerçant, me direz-vous. Juste! Sauf quand le dit-commerçant commence à surfer sur les valeurs qui sous-tendent les attentes de leurs clients et à en jouer. Sauf quand il mène sa clientèle en bateau. Il y a alors un décalage entre le discours et les faits qui est très mal perçu par le public.

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Journée mondiale de l’eau – Oui à la gourde, non au PET !

Depuis 1992, l’ONU attire l’attention de tous sur l’importance de l’eau et tente de promouvoir la gestion durable des ressources en eau douce grâce à la Journée mondiale de l’eau. En totale opposition à la privatisation de cette ressources essentielle, un des objectifs poursuivis par les Nations Unies est de garantir l’accès de tous à l’eau. Une eau qui mérite notre respect, à chaque bout de la conduite.

La Suisse est le château d’eau de l’Europe, ce qui explique que l’on n’a-t-on plus tellement conscience de la chance que l’on a d’y vivre! Chaque jour, sans interruption, nous ouvrons nos robinets et pouvons nous abreuver d’une eau de qualité. Chaque jour, nous prenons des douches sans devoir cracher tous les deux minutes pour éviter d’ingurgiter des bactéries nocives. Chaque semaine, nous pouvons laver notre linge dans une eau claire et propre. Et chaque jour, nous faisons nos besoins dans de l’eau potable! Malgré notre chance de veinards géographiques, les ventes d’eau en bouteille sont toujours aussi florissantes… Allez comprendre…

Chutes du Rhin

Comme l’écrivait le magazine Bon à savoir en septembre 2016, “en Suisse, hors considérations gustatives personnelles, il n’y a aucune bonne raison de consommer de l’eau en bouteille plutôt que de l’eau du robinet. Elle est moins chère, plus écologique et tout aussi saine.” Mettre de l’eau en bouteille et la vendre est un moyen assez simple de remplir les caisses. Une belle étiquette, beaucoup  de marketing pour faire croire que cette eau-là soignera toutes sortes de bobos et l’affaire est faite. Mais pour garantir de grands profits à moindre coût, encore faut-il avoir fait main basse sur les sources. C’est la stratégie poursuivie par de grands groupes alimentaires depuis des décennies, parfois au mépris des intérêts des populations locales.

L’eau, cette ressource indispensable à la vie, est devenu un bien privé, ici et ailleurs. Il semble que l’air pur non pollué soit aussi l’objet de tels appétits commerciaux du côté de la Chine

Les chères bouteilles d’eau en PET en décharge… Crédit photo: lemieuxetre.ch

Et pour goûter à ces eaux minérales, on va les acheter en bouteilles PET le plus souvent. L’ennui est que pour chaque kilo de polyéthylene terephthalate produit, il est nécessaire d’utiliser un demi kilo de pétrole. Pas très durable comme habitude de consommation.

De plus, au delà d’un certain temps de stockage, un phtalate probablement cancérigène pourrait s’y développer. Une étude américaine a analysé 250 eaux en bouteilles en provenance de 9 pays: publiée il y a une semaine, elle nous apprend que 93% des échantillons contenaient des micro-plastiques: polypropylène, nylon et polytéréphtalate d’éthylène. Pas très sain comme habitude de consommation.

 

Alors que faire?

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Pas de supermarché = pas de petit déjeuner ?

Que mangez-vous au petit déjeuner ? La question semble anodine, et pourtant les réponses habituelles illustrent de manière magistrale comment nous avons modifié nos habitudes, en grande partie de raison du marketing intensif auquel nous sommes soumis chaque jour.

Dans la plupart des familles où il y a des enfants, la table du petit déjeuner dressée tôt le matin comporte un ou plusieurs paquets de céréales industrielles. Rares sont les familles où l’on tartine encore de simples tranches de pain avec de la confiture faite maison ou du miel, sur une petite couche de beurre. Bien que le succès de la crème à base d’huile de palme et de sucre, assaisonnée d’un tout petit peu de noisettes et de chocolat (vous voyez de quel produit je parle?) a certainement relancé l’intérêt pour les tartines du matin!

Les tartines au beurre et à la confiture, un régal tout simple! (crédit photo: Boulangerie Gosselin)
Un mur de paquets de céréales ultra-transformées et hyper-sucrées est-il plus appétissant ? (crédit photo: open food facts)

Et pourtant, notre pays s’est longtemps illustré comme pionnier en matière de “petit déjeuner santé”. Qui se rappelle que deux recettes iconiques de la “healthy food” sont d’origine suisse ? Qui mange encore le véritable bircher müesli à base de flocons et de fruits frais, ou bien la fameuse crème Budwig?

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Refuser l’emballage, c’est bon pour la santé!

L’emballage est le propre de la nourriture industrielle ultra transformée. Refuser des produits emballés conduit à acheter des produits plus naturels, basiques. Et ceux-là sont bien meilleurs pour notre santé ! Un petit détour par quelques notions de diététique s’impose.

Diabète de type 2, hypertension, obésité, hypercholestérolémie, stéatose hépathique non alcoolique (le foie gras), mais aussi maladies cardiaques, maladie d’Alzheimer, athérosclérose, etc… Un inventaire à la Prévert, mais un Prévert triste: voilà quelques exemples de maladies chroniques non transmissibles qui marquent notre civilisation dite développée. Les spécialistes auront reconnu le syndrome métabolique qui regroupe les cinq premières de cette énumération. Ce syndrome explique l’explosion du nombre de personnes souffrant d’obésité ces cinquante dernières années.

L’obésité dans le monde en 2017 (c) care labs

Un livre récemment paru fait le point sur ces maladies dites de civilisation, sur leurs causes et sur… le remède. Ce remède est gratuit, ne s’achète pas, et est disponible à chacun naturellem

ent. Ce livre passionnant est rédigé par un médecin néphrologue canadien, le Dr. Jason Fung. Spécialiste des troubles liés aux reins, il a été amené à soigner des milllers de patients avec succès, dont la plupart étaient atteints de diabète de type 2 et d’obésité. Au début, le Dr. Fung les a d’abord aiguillé sur une alimentation de type “low carb”, soit avec un minimum d’hydrates de carbone, ayant constaté que l’hystérie collective ayant diabolisé les graisses ne reposait sur aucun fait scientifique. Sans grand succès: choisir ses hydrates de carbone s’avère plus compliqué que prévu. Puis, il a commencé à proposer la meilleure méthode pour diminuer leur taux d’insuline dans le corps, pour augmenter leur métabolisme de base, réguler leur taux de cholestérol (sans avoir recours aux statines controversées), et finalement, la seule méthode capable de faire maigrir durablement ses malades: le jeûne.

Dr. Jason Fung, auteur de l’ouvrage “Le guide complet du jeûne”, Editions Thierry Souccar, 2017

J’imagine déjà vos sourcils levés, chers lecteurs, chères lectrices, vos yeux incrédules qui se plissent de méfiance…! Quel rapport avec le mode de vie Zéro Déchet, me direz-vous ? Est-ce que subrepticement je vous conduirais vers l’abstinence totale d’alimentation tout en vous encourageant à réduire vos poubelles ? Viser le moins de déchets possible équivaudrait-il à adopter le menu des amoureux tous neufs (qui ne vivent, on le sait bien, que d’amour et d’eau fraîche) ? Non, je vous rassure tout de suite, loin s’en faut (même si je suis par ailleurs une adepte du jeûne annuel depuis plusieurs années pour des raisons thérapeutiques évidentes) ! (suite…)

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