La dernière émission de Temps Présent consacré au plastique ne m’a rien appris de nouveau. Ni sur les mensonges des industriels et distributeurs de nos biens de consommation, ni sur la cupidité des exportateurs de nos déchets en Indonésie, ni sur la corruption des gouvernements des pays moins riches que nous, ni enfin sur la stratégie de l’industrie de l’emballage, relayée par les grands distributeurs. Le message est toujours le même : c’est au consommateur d’agir, de trier, de payer. C’est lui le grand coupable, vu que c’est lui qui “demande” qu’on vende des pommes coupées en sachet plastique!
Non! Y’en a marre de cette hypocrisie, que dis-je, de ce cynisme! Je prends déjà mes responsabilités de consommatrice. J’attends que ceux qui noient le marché de leurs emballages fassent de même. Pas pour redorer leur image, mais sincèrement, en ayant pleinement conscience d’être à l’origine du problème des déchets qui submergent le monde.
J’en ai vraiment marre. J’en ai marre que tout ce petit monde prenne les consommateurs en otage, parce qu’ils sont pressés et/ou n’ont pas le choix des magasins où ils font leurs courses (on croit souvent que les courses en supermarché, c’est plus avantageux. Mais rien n’est plus faux! Voir cet article de 2018). Oui, comme le dit le porte-parole de Migros à la fin du reportage, c’est bien les distributeurs qui imposent leurs emballages, ce sont bien les distributeurs qui diffusent ces 20’000 tonnes de plastique annuelles (seulement pour Migros, combien pour les autres?). C’est donc à eux de résoudre le problème.
Ainsi donc, on croit être bons élèves en triant nos déchets et nos plastiques. Mais la méprise est immense, à la hauteur des moyens illimités de l’industrie pétro-chimique.
Pas seulement parce que recycler du plastique, ce n’est économiquement pas rentable.
Pas seulement parce que recycler du plastique, ce n’est pas un cercle “vertueux”: en effet, réutiliser du plastique réduit en granulés ne peut se faire qu’une seule fois. C’est donc du “down cycling”. Au contraire du verre et du métal, qui ne perdent pas leurs propriétés durant le processus de recyclage.
La méprise vient de ces petits pictogrammes en triangle aux flèches trompeuses. Saviez-vous que ces pictogrammes, censés nous aiderait à trier, sont un leurre ? Qu’ils ont été inventés par l’industrie du plastique ? Ils ont été inventé alors qu’il n’y avait (et il n’y a toujours pas) de filières de recyclage à l’autre bout (sauf pour le PET). Ces pictogrammes en servent qu’à vous endormir… Inutile de dire aussi que la catégorie 7 est plutôt pléthorique: il existe plus de 1000 sortes de plastiques. Et c’est sans compter sur les matériaux composites, comme cet emballage d’une barre de céréales Nestlé soi-disant en papier, mais où une fine couche de plastique se cache à l’intérieur. Le “coating” comme l’appelle la porte-parole de Nestlé (c’est chic, c’est moderne, mais c’est du plastique quand même) n’empêche pas la multinationale de communiquer en gros, en grand, que son emballage est vert. Mais quelle foutaise!
C’est l’enquête de Laura Sullivan pour NPR.org et PBS Frontline qui le révèle. Son titre est suffisamment évocateur: “Comment l’industrie pétrolière a menti au public en lui faisant croire que le plastique pouvais être recyclé”. But de la manœuvre: faire croire, prétendre, faire baisser la garde et… augmenter la production et la consommation de plastique. Et nous, pauvres pommes de consommateurs, on consomme en ayant la conscience tranquille!
C’est comme pour nos usines d’incinération. Elles brûlent les déchets (chouette, ils “disparaissent”), tout en chauffant à distance des ménages et en produisant de l’électricité. Nos communes ont donc inventé un système dont elles sont tributaires. Un joli fil à la patte! On oublie un peu vite que les usines d’incinération produisent des déchets très toxiques: ce sont les mâchefers, soit des déchets hautement toxiques issus des filtres des cheminées (puisque nous sommes très sourcilleux quant à la qualité de l’air et des rejets de ces usines). Ces mâchefers sont si toxiques qu’on doit les stocker dans des décharges contrôlées… Et que personne n’en veut!
Ainsi donc Migros a “fait son job” en organisant une filière de récupération des déchets plastiques de type flaconnage. Elles les récupèrent dans des sacs qu’elle fait payer au consommateur. Et elle tente, selon son porte-parole, de rallier à sa cause les communes et les cantons, qui ont le “monopole” de la gestion des déchets (l’ont-ils seulement voulu, ce monopole? A voir ce que cela coûte aux ménages communaux, j’ai comme un doute!).
Ainsi, le prix du flacon est inclu dans le prix du produit, je le paie une fois. Une partie de mes impôts sert à financer la déchetterie de ma commune, je paie une deuxième fois. En mettant ce flacon dans ma poubelle, je paie une taxe en fonction du volume ou du poids de mon sac poubelle, je paie une troisième fois. Et il faudrait que je paie encore une fois en finançant la bonne idée de Migros? Désolée, je dis non. Les alternatives existent. N’en déplaise à son porte-parole, la Migros n’est pas du tout “innovante”.
A ce stade, le bon sens s’impose. En attendant que Coop-Migros-Aldi-Lidl-Manor-Denner aient une véritable volonté de réduire les déchets qu’ils imposent à leur clientèle, évitons de consommer ces emballages plastiques. Retournons chez les petits détaillants ou sur les marchés avec nos propres emballages. Exigeons des grands distributeurs qu’ils vendent leurs produits en vrac, comme le faisait d’ailleurs la Coop avec ses produits Eocoplan, il y a longtemps…
Et si on ne peut pas éviter tous les emballages, restituons-les aux distributeurs. Comment? En laissant sur place tous les emballages inutiles dont on peut se passer. Et en ramenant DANS LES POUBELLES DES GRANDS DISTRIBUTEURS les déchets plastiques autres que le PET. C’est un excellent conseil donné par l’émission A Bon Entendeur de la RTS. Aux pollueurs d’assumer les coûts de leurs déchets. A l’entrée ou à la sortie des magasins, il y a toujours une poubelle ordinaire. Regardez bien !
Enfin!
et merci
Cela fait longtemps que j’en ai marre de ne pas savoir quoi faire du carton trop grand, mais détruit par la “géniale” – mais pas genuine – facilitation d’ouverture qui déchire le carton. Les plastiques a gogo pour sois -disant rendre visible les produits…
Au consomateur de choisir?
Renoncer au produit s’il est mal emballé?
Et surtout je vous remercie pour cette phrase: “Pas pour redorer leur image, mais sincèrement, en ayant pleinement conscience d’être à l’origine du problème des déchets qui submergent le monde.”
En effet pourquoi y aurait-il un homo-consomateur qui s’opposerait à un homo-producteur. Le premier serait faible et irresponsable, le second ne repondrait qu’aux vices du premier.
Nous sommes, si étiquette il faut: des homo-interdependants. Comment trouver un équilibre entre nos besoins réels (si, si même en religion – règle0 bénédictines
Quid si j’ai un réel besoin du produit?
Prendre le produit concurent mieux emballé?
Quid s’il est trois fois plus cher (à cause de l’emballage?) ou qu’il me propose des gadgets ou une qualité dont je n’ai pas besoin?
Et surtout pour cette phrase:
“Pas pour redorer leur image, mais sincèrement, en ayant pleinement conscience d’être à l’origine du problème des déchets qui submergent le monde.”
Car il n’y a pas des consomateurs et des producteurs, damnés pour les premiers et saints pour les seconds. Nous sommes tous consomateurs et producteurs. Les consomateurs meurent sont producteurs comme les producteurs disparaissent sans consomateurs.
Il existe bel et bien des besoins sont laquelle la vie de l’individu n’est pas possible. Certains sont transcendants (commun à tout être vivant, donc a tout humain, en avant nous fait la théorie philosophique?), d’autres sont individuels (ceux dont parle la règle de saint Benoît, et qui me paraît être un des défis majeurs de la vie monastique: avoir un habit uniforme, mais se reconnaître chacun des besoins spécifiques différents, pour vivre ou exercer sa fonction propre). Comment les couvrir sans détruire son voisin (proche ou lointain) ou les ressources que nous offre la planète terre? C’est à mon sens le défi majeurs de nos sociétés d’un monde économique globalisé.
J’ajouterai aussi ceci:
on nous prend pour des pigeons, en nous faisant payer des taxes pour la déchetterie, des sacs taxés, et en augmentant les prix dans les magasins. On paie, on paie, on pense bien faire en triant, en limitant les plastiques dans ce que nous consommons, mais au final, ça finira sur une plage en Indonésie ou en Inde… Et l’argent payé à tous les niveaux pour le recyclage ? Dans les poches sans fond des entités les collectant, dont l’absence totale de transparence est rageante.
Exemple: mon ancienne commune d’habitation annonce une augmentation de la taxe poubelle, la passant de 80.- à 90.- par personne composant le ménage, “à cause de l’augmentation de la masse de déchets”…. Alors que sur la déchetterie communale, on nous annonce une *baisse* globale d’environ 10T de déchets!!
Foutage de gueule sur toute la ligne. Et on continue de payer comme des andouilles, bons moutons que nous sommes.
Cher Cédric, je crois qu’il est vraiment indiqué de vous adresser à votre municipalité pour demander des éclaircissements. Si elle ne répond pas, prenez contact avec l’un.e ou l’autre de vos élu.e.s. Pour qu’ils ou elles interviennent en séance de Conseil communal. Si cela ne suffit pas, écrivez au Président ou à la Présidente du législatif. Normalement, votre lettre ainsi adressée est lue en début de séance. Bref, nous sommes peut-être des pigeons, mais à la différence de ces chers volatiles, nous avons le don de la parole et de l’action! Vous nous donnez des nouvelles de vos futures démarches de citoyen agissant?
Oh, j’ai quitté la commune en question (l’annonce a été faite pour cette année – sans relation avec le déménagement ;)).
On verra comment ça se passe dans la nouvelle (autre canton, autres mœurs, autre système de (non-)tri, etc).
Le manque d’uniformité au niveau de la gestion des déchets entre canton est aussi sidérante que stupide, chacun faisant sa petite sauce à sa manière. Le fédéralisme a ses limites quand on parle de problèmes globaux….
Ah oui, le fédéralisme a des limites évidentes, effectivement ! Bien souvent, c’est l’oreiller de paresse, la bonne excuse pour ne rien faire au niveau national “parce que l’action de l’Etat doit être subsidiaire à celle des cantons”…
Bonjour.
Très Bien que Vous ayez fait cet article mais vraiment, nous positionner, nous ConsommActeurs en tant que “Victimes” ! :p
Les industries cherchent à Gagner Un Maximum d’Argent en général. Elles font des Enquêtes Marketing et suivent des Statistiques de Consommation par Type de Produits.
Vraiment, le SEULE//////// chose que nous avons à faire, c’est de Boycotter les Emballages Plastiques ; je le fais, Vous le faites, c’est “juste” une question d’Augmenter le Niveau d’Empathie pour les Générations Futures, de BRISER L’ÉGOÏSME ET/OU L’INCONSCIENCE du ConsommActeur.
En Vous Remerciant de “Justement” Contribuer à cela par votre Communication,
Sincèrement,
Didier