Une drôle de rentrée 2020 : Les Cinq facteurs clefs d’un management avisé

Une drôle de rentrée - Septembre 1939 - 2020

  Étrange rentrée que celle que nous vivons depuis quelques jours… Un peu comme un atelier de formation immersive de ‘mise en situation’ qui devrait être ludique et créatif et se réduit, une fois encore… à un mauvais moment à ‘passer’. Une sorte de drôle de guerre en quelque sorte.

Dorgeles_roland_la-drole-de-guerre-1939-1940 (1957)

  Comme en septembre 1939, si Roland Dorgelès ou Churchill étaient encore parmi nous, ils auraient pu décrire cette rentrée en ‘drôle de guerre’ pour le premier et en  Phoney September 2020 pour le second alors que les germanophones l’avaient très ironiquement appelée Sitzkrieg : la guerre assise. Paradigme linguistique ? Les uns debout et passifs, les autres assis mais actifs.Une drôle de guerre - Dorgelès - Gringoire

Un ‘drôle’ de 3 septembre 1939 (Roland Dorgelès)

  La « drôle de guerre » est cette étrange période du début de la Seconde Guerre mondiale qui se situe entre la déclaration de guerre des Alliés à l’Allemagne nazie le 3 septembre 1939 et l’offensive allemande du 10 mai 1940 sur le théâtre européen du conflit. Pendant huit mois et sept jours, rien ne semble se passer sinon une vaine offensive française aussitôt suivie d’un prompt repli et quelques escarmouches de faible intensité… Puis plus rien sur le front de l’ouest. Un long silence avant l’orage et la débâcle.

  Pourtant il y a deux versions à cette ‘drôle’ de guerre : l’une s’écrit encore aujourd’hui avec les sombres tonalités de ce qui fut l’inéluctable drame d’une impréparation, alors que l’autre – dans un style plus gothique, s’écrit comme une inéluctable victoire de la préparation.

La drôle de leçon pour nos économies ? 

L’inéluctable est toujours dans l’impréparation.

Une armée peut connaître six infortunes : la fuite, l’insubordination, l’enlisement, l’effondrement, la confusion et la déroute, mais aucun de ces désastres ne peut être attribué à des causes naturelles ; sinon aux seules erreurs de commandement. (Sun Tzu – Chapitre X)

   En matière de gouvernance, il est aussi dit qu’un ‘commandant malheureux est toujours un commandant coupable’. En période d’incertitude et de crise, voici les cinq défauts managériaux les plus courants que l’Histoire n’a pas finie de nous rappeler.

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Les 5 défauts managériaux en période de crise

(référence passage ‘décryptage de la pensée Sun Tzu – Maîtres & Dirigeants – Chapitre VIII-4)

   Ces cinq défauts comportementaux sont en synthèse les principales clefs pédagogiques des formations actuelles sous l’appellation de ‘leadership’. Ces traits psychologiques, sous une forme ou sous une autre, sont pourtant courants mais leurs conséquences restent préjudiciables au sein d’un commandement ou d’une direction. L’Histoire le démontre encore aujourd’hui.

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Il est écrit :

Les cinq plus grands défauts d’un commandant sont :

– Une témérité exagérée : le premier est une trop grande ardeur à affronter la mort ; ardeur téméraire qu’on honore souvent des beaux noms de courage, d’intrépidité et de valeur procède le plus souvent d’un manque de discernement et d’un instinct suicidaire.

– Un amour excessif pour la vie : on se croit nécessaire à l’armée entière ; on rechigne à s’exposer ; on n’oserait pour cette raison se pourvoir de vivres chez l’ennemi ; tout fait ombrage, tout fait peur ; on est toujours en suspens, on ne se détermine à rien, on attend une occasion plus favorable, on perd celle qui se présente, on ne fait aucun mouvement ; mais l’ennemi, qui est toujours attentif, profite de tout, et fait bientôt perdre toute espérance à un général ainsi prudent. Il l’enveloppera, il lui coupera les vivres et le fera périr par le trop grand amour qu’il avait de conserver sa vie.

– Emportement facile et agir sous la colère : le troisième est une colère précipitée. Un général qui ne sait pas se modérer, qui n’est pas maître de lui-même, et qui se laisse aller aux premiers mouvements d’indignation ou de colère, ne saurait manquer d’être la dupe des ennemis. Ils le provoqueront et lui tendront mille pièges que sa fureur empêchera de reconnaître et dans lesquels il tombera infailliblement.

– Orgueil et sens de l’honneur déplacé : un sens de l’honneur qui frise la susceptibilité est facile à provoquer. Un habile stratège ne doit pas se piquer mal à propos, ni hors de raison à la calomnie facile. À vouloir réparer un honneur légèrement blessé, on en perd quelquefois toutes ses ressources. S’il croit que son honneur est blessé, et qu’il veuille le réparer, que ce soit en suivant les règles de la sagesse, et non pas les caprices d’une mauvaise honte.

– Compatissant à outrance : ce cinquième point concerne une trop grande complaisance ou une compassion trop tendre pour ses soldats. Un chef qui n’ose punir, qui ferme les yeux sur le désordre, qui craint que les siens ne soient toujours accablés sous le poids du travail, et qui n’oserait pour cette raison leur en imposer, est un chef propre à tout perdre. Il faut toujours avoir quelque occupation à donner et faire en sorte qu’ils ne soient jamais oisifs. Savoir punir avec sévérité, mais sans trop de rigueur en procurant des peines et du travail, mais jusqu’à un certain point.

En conclusion, un général doit se prémunir contre ces défauts. Sans trop chercher à vivre ou à mourir, il doit se conduire avec valeur et avec prudence, suivant que les circonstances l’exigent.

En matière de gouvernance, ces cinq derniers traits de caractère peuvent entraîner la perdition d’une armée, la mort de son chef et l’anéantissement d’un état.

Sun Tzu – Chapitre VIII

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   Une drôle de synthèse

   La témérité exagérée engage à une surexposition aux risques ; un amour excessif pour la vie engage à la lâcheté ; colérique, on agit dans la précipitation de manière inappropriée ; orgueilleux, on craindra les provocations et l’opprobre ; exagérément complaisant, on en perd la discipline dont le ressort est la crainte.

   Cette rentrée en forme de ‘révision des classiques managériaux’ n’épargnera pas les impréparés. Jamais une ère n’avait autant touché les fondamentaux de nos sociétés – sinon celle des précédentes guerres : quand ceux des mieux préparés n’étaient pas debout, mais bien éclairés et déterminés dans leur assise.

Bonne rentrée à tous !

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Le Prince et le troisième Tengu

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  Peut-être les avez-vous croisés sur ces chemins boisés au cœur de ces forêts denses et sombres qui caractérisent certaines régions montagneuses. C’est dans ces mondes clairs obscurs que les arbres convoitent depuis la nuit des temps que se trouvent les Tengu.

Les Tengu

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David Thatcher – Katsui Koubou – Japanese Samurai Armour Studio

  Esprits aussi maléfiques que bienveillants des mythes bouddhistes, ils ne peuvent pas tomber en enfer – lieu inexistant dans cette religion -, et étant donné leurs mauvaises actions de leur vivant, ils ne peuvent accéder au nirvana. Fantômes de prêtres, de nonnes, d’hommes et de femmes ordinaires, ils sont les damnés de ce purgatoire – errants éternels dans ce royaume des ombres.

De leurs vies peu vertueuses, ils sont devenus Tengu par leur vanité et leur arrogance, leur malveillance et leur ignorance, le déni ou la cupidité.

  Emprisonnés d’entre ces deux mondes – redevenus esprits -, certains apprennent les pouvoirs des démons perturbateurs – de ceux qui agissent dans les détails pour saboter les plans ; d’autres, plus puissants et cultivés, possèdent la maîtrise des forces de la nature et provoquent les grands malheurs et les catastrophes. Il est dit de ces derniers, qu’ils tombent avec le bruit de tonnerre et apporte les fléaux et les guerres.

De ces deux premiers démons, il en existe pourtant une troisième sorte De tous, il est le plus redoutable. Sage et Démon à la fois, il est le grand Tengu : le Daitengu.

 

Le Prince et le Daitengu

  Gouverner est un art difficile mais les élus célestes ont droit à consulter le Daitengu quand les oracles peinent à comprendre les signes divinatoires. Cette nuit-là, accompagné de ses Prétoriens, le Prince de Wu quitte le Palais et son royaume au son du martèlement des fers de ses meilleurs chevaux. Affaibli et isolé, contraint par les événements qui pourraient conduire la Nation au péril, ses meilleurs alliés retournés et leurs armées aux frontières, il se débat mentalement entre l’envie de fuir ou lutter, faillir ou assaillir.

  Après une chevauchée de plusieurs heures, le petit groupe parvient à la lisière des forêts du nord que les superstitions locales ont désignées forêts des enfers car nul ne les traverse indemnes et la plupart n’en reviennent jamais. À l’approche des lieux, les hommes sont saisis par une indéfinissable crainte mêlée d’angoisse. Parvenus à l’entrée du sentier, les chevaux se cabrent et refusent d’avancer plus avant. Interdite aux hommes en arme, Le Prince contemple le sentier tortueux qui s’étire dans les ténèbres et sait qu’une fois encore il sera seul face au destin. Rien ne lui inspire confiance, mais il n’a plus d’autres espoirs. Peut-être que ce soir, au milieu des ténèbres une lueur lui sera propice.

 Le cercle des jugesSun Tzu Jérôme Gabriel Blog Dirigeant Stratège

  Au centre de cette forêt se trouve un immense espace circulaire qu’aucun arbre n’a jamais conquis. Sorte de Forum encerclé d’un mur végétal au milieu duquel se trouve un rocher de la taille d’un promontoire. Afin de préparer le Prince, les oracles lui ont transmis les prières de circonstance afin d’appeler les esprits dans les meilleurs augures et se préparer à ce qui ressemble déjà à un tribunal.

  Après plusieurs minutes d’invocations, transit de froid et de peur, des lueurs argentées apparaissent d’entre les arbres. Sans bruit, les esprits prennent leurs formes caractéristiques et se rapprochent par détachements effrayants du centre de la trouée.

Sun Tzu Jérôme Gabriel Blog Dirigeant StratègeLe Prince n’a plus de souffle, son cœur martèle sa poitrine par saccades incontrôlables et ses dernières énergies vitales semblent le quitter. Il tente une dernière inspiration et tombe inanimé sur le flanc du rocher. Alors que le détachement de Tengu à becs d’oiseaux se saisissent de son corps évanoui, le grand Tengu – le Daitengu – sonde son âme tourmentée.

Le lendemain…

  La nuit passée, le Prince sera retrouvé par un détachement de sa garde le lendemain matin à la lisière de la forêt. Réveillé par les secousses et les voix de ses hommes, le Prince gémit puis réveillé, réalisant sa situation, esquisse un étrange sourire. Tel un revenant des abysses après avoir surmonté sa dernière épreuve, il contemple ses derniers compagnons et leur dit : Je connais enfin le secret du grand Tengu. Dans les souvenirs de ses rêves, il revoit la tête d’un aigle lui adresser la parole.

Le troisième Tengu

  Le Prince se remémore alors le réquisitoire du grand Tengu :

  Les deux premiers esprits maléfiques incarnent la longue pérégrination de l’espèce humaine dans son Histoire chaotique. Pensant progresser dans le temps, les Hommes se parent d’artifices toujours plus sophistiqués et illusoires pour se divertir laissant les deux premiers esprits frapper toujours plus fort avec toujours moins d’efforts.Sun Tzu Jérôme Gabriel Blog Dirigeant Stratège

Le premier Tengu se cache dans les détails. Il se nourrit de votre ignorance et de votre incompétence. De l’égoïsme de vos sophistiques politiciennes, il profite de chacune de vos contradictions pour renforcer les divisions et déstabiliser les nations.

Le deuxième Tengu se nourrit de votre négligence et du déni d’arrogance. Il agit dans les moments propices pour mettre à terre vos plus beaux ‘progrès’ construits par la vanité de ceux qui croient maîtriser la nature ; maître du Ciel et de la Terre, il agite les terres et les volcans, augmente les mers et assèche les rivières, propage les souffles malsains des grandes pandémies.

Et moi, dit enfin le Daïtengu, je suis le plus dangereux de tous et pourtant je ne détruis rien et je ne mens jamais. Contrairement aux deux premiers, je crée toutes les conditions favorables à vos bonheurs artificiels et vos replis égoïstes, car ni les machines ni leurs concepteurs n’ont jamais renforcé les esprits des Hommes.

Mon Art suprême ? Votre amnésie.

Favoriser l’œuvre des deux premiers Tengu en vous ménageant un paradis artificiel grâce à votre plus grande défaillance : votre défaut de mémoire collective.

Et vous cher Prince, où se trouve votre école de la mémoire ?

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Crise : le jour d’après…

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« Écrit en chinois, le mot « crise » se compose de deux caractères : l’un représente le danger et l’autre l’occasion à saisir. »

  John F. KENNEDY

Crise, en chinois, se dit Wēijī – 危机 : il est composé des caractères ‘danger’ et ‘opportunité’.

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L’image évoqué par cet idéogramme est celle d’une personne – un jour d’orage – assise sous un arbre et mentalement confinée entre une angoisse existentielle et l’espoir d’une clémence céleste.

Champ sémantique : Le mot ‘crise’ possède plusieurs interprétations inconscientes :

choisissez celles qui vous correspondent le mieux :

accès ; agitation ; alarme ; angoisse ; anémie ; attaque ; atteinte ; bouffée ; bouillon ; cataclysme ; chute ; chômage ; colère ; convulsion ; crise ; danger ; difficulté ; débâcle ; dépression ; détresse ; faillite ; flambée ; incertitude ; krach ; maladie ; malaise ; manque ; marasme ; misère ; mouvement ; paroxysme ; pauvreté ; perturbation ; poussée ; pénurie ; péril ; redoublement ; ruine ; rupture ; récession ; secousse ; soubresaut ; stagnation ; tension ; transe ; transport ; trouble ; ébranlement ; élan ; émotion.

Maintenant regardons de plus près ses caractères clefs qui le composent dans sons sens profond.

危 : wēi

Danger

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Le premier caractère [wēi] comprend la notion de « danger ».

La partie supérieure, zhān, indique l’action de regarder en l’air. Au-dessus, plane comme l’épée de Damoclès le radical du couteau .

Ce caractère dans sa forme générale représente donc littéralement : ‘se sentir menacé’.

Champ sémantique : Le mot ‘danger’ possède plusieurs interprétations inconscientes : choisissez celles qui vous correspondent le mieux :

abîme ; accident ; affaire ; alarme ; alerte ; aléa ; angoisse ; aventure ; bourbier ; casse-cou ; chance ; crise ; danger ; difficulté ; délicatesse ; détresse ; embarras ; embûche ; empêchement ; ennui ; guêpier ; hasard ; impasse ; imprudence ; incertitude ; inconvénient ; inquiétude ; instabilité ; insécurité ; malheur ; mauvais pas ; menace ; naufrage ; obstacle ; peine ; perdition ; piège ; précarité ; précipice ; péril ; risque ; souci ; tirage ; traquenard ; traverse ; tribulation ; volcan ; écueil ; épreuve.

机 : jī

Opportunité

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Le second caractère [jī] signifie « le moment à saisir » : une occasion ou une opportunité.

Le caractère possède le radical de ‘l’arbre’, suivi du caractère (qui donne le ton), mais signifie aussi à la fois « combien ? ».

Champ sémantique : Le mot ‘opportunité’ possède plusieurs interprétations inconscientes : choisissez celles qui vous correspondent le mieux :

accident ; accord ; actualité ; affaire ; authenticité ; bien-fondé ; bonté ; cas ; chance ; circonstance ; compétence ; concordance ; conjoncture ; convenance ; correction ; discernement ; esprit ; exactitude ; expérience ; harmonie ; hasard ; heure ; incident ; justesse ; justice ; lucidité ; moment ; occasion ; occurrence ; opportunité ; pertinence ; poème ; propriété ; précision ; présence d’esprit ; raison ; rapport ; rencontre ; régularité ; sagacité ; situation ; temps ; usage ; utilité ; verve ; vérité ; à-propos ; époque ; éventualité ; événement.

Sun Tzu Jérôme Gabriel Blog Dirigeant StratègeEn conclusion :

La notion de crise exprimée par l‘adjonction des deux caractères wēi et jī [危机] est une allégorie duale : d’abord une crainte – une peur – qui fige l’humain dans une angoisse de la menace ; puis ensuite un sentiment, que – n’ayant rien à perdre -, il faut jouer le tout pour le tout afin d’exploiter la situation.

D’abord la peur, puis la résilience – l’émergence d’une résistance active.

Saisir l’occasion est donc une posture mentale, un art de saisir le temps d’un instant, cette idée innovante qui ouvre un espoir et une solution.

Cet idéogramme incarne à lui seul la longue marche des Hommes face à l’inconnu. Dépasser ses peurs, survivre malgré les pires épreuves, maîtriser les risques et conquérir l’impossible. Car, c’est par l’action que l’on bâtît son destin.

En voici quelques réflexions :

« Le meilleur moment pour planter un arbre était il y a 20 ans. Le deuxième meilleur temps est maintenant. »

« Si vous souhaitez un an de prospérité, faites croître des graines. Si vous souhaitez dix années de prospérité, faites croître des arbres. Si vous souhaitez une centaine d’années de prospérité, faire croître les personnes. »

« Un mauvais ouvrier blâme ses outils. »

« Un esprit fermé est comme un livre fermé : il est juste un bloc de bois. »

« Une chute dans un fossé vous rend plus sage. »

« La défaite est moins amère si vous ne l’avalez pas. »

Mais surtout !

« Ne restez pas près de l’eau à attendre le poisson : rentrez à la maison tisser un filet. »

Ma préférée : Quand on traverse l’enfer, surtout, ne vous arrêtez pas…

Bon dé-confinement à tous.

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Paradoxa : les leçons politiques des archivistes du jour d’après

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Les leçons politiques des archivistes du jour « d’après »

On traite l’armée comme un seul homme à qui l’on montre l’exemple par son efficace et non par des discours. On motive ses troupes par des perspectives avantageuses, non par les risques encourus. C’est ainsi que les hommes traversent indemnes et survivent aux pires situations et aux terres mortelles, car c’est en faisant face aux pires dangers, que devant la mort, la seule issue est de se battre pour vaincre. (Sun Tzu – Chapitre XI)

Vous devrez choisir entre une infusion bleue et une rouge

Le Royaume de Wu vivait ses heures les plus sombres et le Souverain fit dépêcher ses meilleurs experts à la salle du Conseil pour interpréter les conjectures des oracles. Si l’heure était grave et les circonstances exceptionnelles, avoir réuni l’assemblée des Maîtres du Royaume au complet restait un événement protocolaire exceptionnel.

Rassemblés autour de la plus vaste et somptueuse salle de la citadelle, les experts se concertent par petits groupes étouffant de leurs longues manches les chuchotements de leurs messes basses. Tous ignorent les raisons de leur convocation.

Soudain, le fracas du tintement des gongs et les saccades martiales des tambours royaux saisissent le petit groupe. Des gardes font irruption précédant le Roi et sa cohorte ministérielle. Puis, d’un signe bref, tous les conseillers se courbent du salut rituel protocolaire. Le silence et l’espace reprennent brusquement leurs droits.

Le monarque a pris place sur son trône et ordonne d’un geste de la main que chacun en fasse de même. De ses deux yeux froids sous un masque solennel, il jette un regard sur ses sujets. Il fend alors le silence de ces propos :

Sun Tzu Jérôme Gabriel Blog Dirigeant Stratège« Chers conseillers, comme vous le savez, depuis plusieurs années maintenant, nous faisons face à de multiples menaces dont nous ne comprenons pas les raisons. Les étendards de nos ennemis du Sud sont à nos frontières quand en même temps ceux de l’Est entreprennent des manœuvres politiques insidieuses auprès des populations de nos territoires les plus fertiles suite aux réformes agraires ; ces mêmes réformes qui ont provoqué les révoltes sporadiques dans tout le pays et engendrent défiance et complots. Pour couronner le tout, l’hiver exceptionnellement froid qui a suivi vient de nous rendre son pire verdict et pourrait engendrer famine et misère dans tout le pays dans les semaines à venir. »

Le ton martial fige l’assemblée comme une tempête qui s’abat. La glace s’est sublimée en feu céleste. Il reprend :

« Voici, les maux et leurs symptômes. Les prophéties n’avaient pourtant rien augurées de la sorte ; ni les étoiles et ni les signes divins ne nous ont alerté des menaces et les oracle restent désespérément silencieux comme si les dieux nous avaient abandonnés. 

— Alors, si les Oracles et le Divin n’y peuvent rien, les archives stratégiques de nos anciens contiennent-elles les remèdes à nos maux ?

Dans le désœuvrement qui suivit, les experts se levèrent alors à tour de rôle. Les uns semblaient avoir un plan d’endiguement prolongé alors que d’autres promettaient des semences d’une nouvelle espèce exceptionnelle. Certains pariaient par défaut d’optimisme sur un été favorable quant aux derniers, l’ordre devait être renforcé et la guerre préparée… Alors que les conjectures des uns s’opposaient à l’expertise des autres, Maître Sun se leva et pris la parole.

Les archives immémoriales de la gouvernance stratégique

Après une brève mention des vertus cardinales et des protocoles, il rappela à chacun les principaux facteurs régissant une Nation en crise.

Maître Sun dit : Il y a deux conditions.

« Le premier facteur en période grave et sombre est le rassemblement et la cohésion sans faille par la confiance dans ses institutions ;

le deuxième est le paradoxe des Hommes devant la fatalité. »

Le premier facteur : des institutions

Il est écrit :

*Consolider les Institutions : Civiles ou Militaires, Privées ou Publiques, les règles suivantes restent les conditions les plus urgentes. Ce sont les règles de gouvernance qui permettent de discerner parmi les Princes qui gouvernent le monde, celui qui sera le mieux préparé.

Institutions civiles en matière d’influence morale, de doctrine et de vertus.

Institutions militaires ou civiles au sein desquelles les règlements et la discipline sont le mieux respectés et les instructions le mieux exécutées.

Les institutions qui possèdent le système de récompenses le plus efficace et sanctionne avec le plus de discernement.

Les institutions civiles et militaires ayant pour elle l’avantage des connaissances des conditions du temps et de l’espace les plus favorables pour anticiper les menaces et y parer.

La Défense la plus puissante par la compétence de ses chefs, les hommes les mieux entraînés et les plus aguerris.

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Le deuxième facteur : le paradoxe Humain – La survie forge l’esprit de corps et nourrit la culture stratégique du groupe.

Il est écrit :

N’ayant plus rien à perdre ni alternative, ils serreront les rangs et n’auront plus peur.

Parmi les neuf situations territoriales, les lieux appelés d’anéantissement sont ceux où l’on se trouve réduit par la situation à une résistance forcenée, isolé et en condition de survie où seul le sentiment d’abandon et l’énergie du désespoir engage à une résistance acharnée.

Ce sont ces facteurs fondamentaux qui, dans les heures les plus sombres du Royaumealors plongé dans d’inextricables contradictions -, créeront les conditions favorables à son salut. Ainsi doit-on comprendre la nature paradoxale des Hommes qui, dans leur Histoire, se sont d’abord soudés par nécessité avant de s’unir par un pacte de confiance nécessaire à la pérennité de leur survie.

C’est grâce à cette cohésion face aux facéties les plus extrêmes du Ciel et des Dieux que, plongés en territoire hostile dans des situations sans issues ni alternatives, vos sujets s’engageront à l’unisson avec la plus déterminée des énergies.

C’est ce paradoxe Humain qui nous distingue de l’état de nature. L’unité intelligente est une nécessité, car le Ciel gagne toujours face à l’arrogance et l’impréparation des Hommes. Il faudra donc encore choisir entre le thé bleu et le rouge ; le passé et l’avenir ; les conforts du repli sur soi matérialiste et l’inconfort bénéfique d’une nouvelle intelligence collective.

Sinon, la matrice céleste aura encore de beaux jours devant-elle.

“La sagesse du futur, celle qui évitera le suicide de l’humanité, ne consistera plus à gagner du temps mais à le remplir, à le vivre, à en prendre toute la mesure.” (Jacques Attali – Les chemins de la sagesse – 1998)

Bon dé-confinement intelligent à tous.

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L’Art de la mutation – Une intelligence stratégique adaptative

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Dans les traités de l’Art militaire des stratèges de la Chine ancienne, l’Homme doit redouter deux ennemis suprêmes :

l’invisible et l’insaisissable

L’invisible ne peut être anticipé, car partout, il est aussi nulle part.

L’insaisissable ne peut être identifié, car changeant, il ne peut être désigné.

Imprévisibles et insondables, ils agissent au cœur des plus hauts sommets et des plus profonds replis.

La maîtrise de ces deux facteurs d’imprévisibilité rend invincible.

L’Art de la mutation

Emprunté du latin mutatio. Changement, transformation des personnes

ou des choses, modification de leur essence, de leur nature. (Dic. Académie Française – 9° édition)

Pour être insaisissable, il faut posséder une intelligence adaptative : celle de la transformation, de la mutation.

Muter, c’est changer, s’altérer, se convertir, innover, varier. Les évolutions procèdent de changements contraints par des événements exceptionnels, chocs soudains ou crises majeures. Leurs conjonctions nous oblige à les comprendre pour nous réadapter. C’est là toute la difficulté…

Le Sun Tzu traite de cette capacité intelligente dans le Chapitre 6  ( VI – L’Emploi des intangibles) du Traité l’Art de la guerre (traité militaire de la chine ancienne).

Quand cette capacité intelligente est exploitée par le stratège, cela donne les citations suivantes :

  Impalpable et immatériel, le grand art d’un stratège est de faire en sorte que l’ennemi ignore toujours le lieu où il aura à combattre et de lui dérober avec soin la connaissance des postes qu’il fait garder. En occultant toute forme, le stratège reste insaisissable ; il voit sans être vu ; sans être entendu, il entend ; il se meut et agît sans bruit et dispose comme il lui plaît du destin de ses adversaires.

  Une formation stratégique atteint au faîte ultime quand elle cesse d’avoir forme. L’art suprême consiste à disposer ses troupes de telle manière qu’elle ne puisse être visible. Aucune de leurs configurations ne pouvant être définies sur une grille tactique, aucun espion, même les plus pénétrants, ne pourront en identifier le pourtour, empêchant ainsi les esprits les plus sagaces d’établir des plans contre vous.

  Une armée ne doit pas avoir de forme rigide, de même que l’eau n’a pas de forme stable, il n’existe pas, en matière de guerre, de conditions immuables et permanentes.

Comprendre son ennemi et deviner ses plans – ses modes opératoires – est l’une des clefs pour sa préservation. Alors, dans l’altérité, la confrontation devient un jeu d’intelligence : d’abord identifier puis comprendre pour anticiper : s’adapter pour le devancer, l’obliger à se conformer aux nouvelles formes imposées. Le dépasser enfin par notre capacité à le prendre de vitesse pour le surprendre dans ses plans.

Attaquer les plans de l’ennemi : casser son code et son mode opératoire :

C’est créer les manifestations de formes afin que l’ennemi s’y conforme.

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Face à une intelligence imprévisible et multiforme : La stratégie de diversion

Impalpable et immatérielle (mutante et insondable), une menace intelligente fait en sorte que son adversaire ignore toujours le lieu où elle aura à combattre et de lui dérober avec soin la connaissance des postes qu’il fait garder. En occultant toute forme, elle reste insaisissable ; elle voit sans être vu ; sans être entendu, il entend ; il se meut et agît sans bruit et dispose comme il lui plaît du destin de ses adversaires.

Face à cette menace intelligente, la seule solution pour le Sun Tzu réside dans la création de leurres car, afin de le comprendre dans ses plans, identifier ses failles, il faut comprendre ses motivations.  C’est en cela qu’on identifie ses ressorts, ses besoins essentiels en le divertissant par des leurres : L’attirer sur des cibles de diversion afin de comprendre ses priorités.

Qui veut faire venir à lui l’ennemi de son plein gré l’attire par la perspective d’un gain et l’écarte par la crainte d’un dommage.

C’est ainsi que l’on inverse une menace intelligente en lui offrant la glorieuse illusion d’avoir gagné une guerre ; lui laissant savourer les célébrations d’une victoire éclatante en lui offrant, en lieu et place de son choix, son ultime repas, … empoisonné.

Nos seules armes aujourd’hui sont celles du pauvre : l’observation et le temps ; l’immobilité avant la vitesse.

Il s’agit alors pour nous de changer, de nous adapter une fois de plus par nos capacités intelligentes à devancer l’adversaire en mutant ; avant que lui ne le fasse…

Bon confinement à tous.

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L’Art de la Gouvernance Stratégique : 30 Citations de Sun Tzu pour les Dirigeants de PME

Gouvernance Stratégique

30 Citations Clés du Sun Tzu

#intelligence #economique #renseignements #affaires #suisse

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     L‘entrepreneur est un être solitaire. Il ne l’est pas par nature mais il le devient malgré lui. L’isolement procède de son statut d’autorité naturelle sur ses ‘sujets’ salariés ; autorité demandée mais aussi commandée par la gouvernance de son entreprise. De toutes les difficultés, celle qui apparaît le plus fréquemment relève d’une absence ou d’un manque de confiance envers ses collaborateurs.

     Cet état de fait provient le plus souvent d’un sentiment contradictoire de la condition humaine opposant le plus souvent le besoins de partager ouvertement ses pensées et le réflexe inné de se préserver pour survivre.  

Confiance – Délégation – Fédération

#entreprises #pme #suisse #Sun Tzu

     Si on ne gère pas ses collaborateurs comme le ferait un général envers ses soldats, il n’empêche que certaines règles humaines protocolaires mais aussi et de nature ‘subtiles’, s’appliquent dans ses relations aux autres.

     Le plus souvent liées à la confiance envers autrui, ces règles de gouvernance ne sont que le produit d’une posture de fermeté mêlée de bienveillance. Ici, coexistent dans leurs complémentarités l’inflexibilité d’une doctrine (règlements internes et codes éthiques) et son adaptation aux changements législatifs ; la tenue d’un objectif commercial et sa révision face à des ruptures technologiques ou des manœuvres concurrentielles agressives ; préserver la défense de son territoire tout en déployant ses forces expéditionnaires à la conquête de nouveaux marchés.

    Ces changements ou ‘mutations’ économiques procèdent principalement des hommes eux-mêmes dans leur quête de survie et de sécurité économique. Dans l’adversité, la communauté [la cité] devient une deuxième famille véhiculant ses propres valeurs de justice, de droits et de devoirs.

      Le monde de l’entreprise est aussi une communauté : une Cité qui doit savoir fédérer ; motiver et protéger, avec ce liant universel et irremplaçable : la confiance.

La doctrine, l’équité, l’amour pour tous ceux qui sont nos subordonnés et, pour tous les hommes en général, la science des ressources, le courage et la valeur : telles sont les qualités qui doivent caractériser celui qui est revêtu de la dignité de Général.”

 En vous souhaitant une excellente lecture méditative, je vous propose de nous plonger dans les 30 citations les plus évocatrices de l’Art de la guerre pour les entrepreneurs et dirigeants.

 

  • Un général avisé prend toujours en compte, dans ses supputations, tant les avantages que les inconvénients d’une option. Il voit les profits et peut tenter des entreprises ; il ne néglige pas les risques et évite les désagréments.

  • […]N’agissez pas si vous ne voyez pas d’intérêt clair pour le pays. N’utilisez pas vos soldat si vous n’êtes pas sûr du succès. Ne combattez pas si vous n’êtes pas menacé. Un souverain n’ordonne pas à son général de lever une armée sous le coup de la colère; un général n’attaque pas parce qu’on lui a fait affront[…] un royaume détruit ne se relève pas de ses cendres et les morts ne reviennent pas à la vie.

  • Le plus important, est le peuple. Obtient sa confiance et son soutient et tu obtiendra tout ce que tu voudras.

  • “Ce qui dépend de moi, je peux le faire ; ce qui dépend de l’ennemi n’est jamais assuré.” (Commentaires de Mei Yai Ch’en)

  • Un chef d’armée qualifié demande la victoire à la situation et non à ses subordonnés.

  • Lorsque les hommes se rassemblent constamment par petits groupes et se parlent à l’oreille, le général a perdu la confiance de son armée.

  •  “Lorsque les ordres du général ne sont pas stricts et que son comportement manque de dignité, les officiers sont turbulents.” (Commentaires de Ch’en Hao)

  • […] le Duc Li Ching de Wei a dit : “Or, les qualités indispensables à un général sont avant tout la clairvoyance, l’art de faire régner l’harmonie au sein de son armée, une stratégie réfléchie doublée de plans à longue portée, le sens des saisons et la faculté de saisir les facteurs humains. Car un général inapte à évaluer ses possibilités ou à concevoir ce que sont la promptitude et la souplesse avancer, lorsque se présentera l’occasion d’attaquer, d’un pas trébuchant et hésitant, les yeux tournés avec anxiété d’abord à droite, puis à gauche, et il sera incapable de mettre sur pied un plan. S’il est crédule, il se fiera à des rapports indignes de foi, croyant tantôt ceci et tantôt cela. Aussi craintif qu’un renard dans le recul et dans l’avance, il laissera ses rangs s’éparpiller. En quoi cette façon d’agir diffère-t-elle de l’action de conduire des innocents dans l’eau bouillante ou dans le feu ? N’est-ce pas exactement la même chose que de mener des vaches et des moutons en pâture à des loups ou à des tigres ?””

  •  “Lorsque l’administration et les ordres manquent de fermeté, le moral des hommes est bas et les officiers enragent.” (Commentaires de Chang Yu)

  • Non moins remarquables semblent les recommandations d’aimer le soldat, de sentir l’âme des subordonnés, de se préparer à la guerre par l’étude et la réflexion, de connaître l’ennemi aussi bien, sinon mieux que ses propres forces, de ménager les populations vaincues comme de traiter humainement les prisonniers de guerre.

  • On dénombre cinq traits de caractère qui représentent un danger pour un général : s’il ne craint pas la mort, ils risque d’être tué ; s’il chérit trop la vie, il risque d’être capturé ; coléreux, il réagira aux insultes ; homme d’honneur, il craindra l’opprobre ; compatissant, il sera aisé de le tourmenter.

  • Un général se doit d’être impavide pour garder ses secrets, rigoureux pour faire observer l’ordre. Il lui incombe d’obstruer les yeux et les oreilles de ses hommes pour les tenir dans l’ignorance. Il modifie ses objectifs, bouleverse ses plans et nul ne le devine. Il déplace ses bivouacs, varie ses itinéraires et déjoue toute prévision.

  • Triompher au combat et être universellement proclamé “Expert” n’est pas le comble de l’habileté, car soulever un duvet d’automne ne demande pas beaucoup de force ; distinguer le soleil de la lune n’est pas une preuve de clairvoyance ; entendre un coup de tonnerre ne prouve pas qu’on a l’ouïe fine.

  • Être plusieurs années à observer ses ennemis, ou à faire la guerre, c’est ne point aimer le peuple, c’est être l’ennemi de son pays; toutes les dépenses, toutes les peines, tous les travaux et toutes les fatigues de plusieurs années n’aboutissent le plus souvent, pour les vainqueurs eux-mêmes, qu’à une journée de triomphe et de gloire, celle où ils ont vaincu. N’employer pour vaincre que la voie des sièges et des batailles, c’est ignorer également et les devoirs de souverain et ceux de général; c’est ne pas savoir gouverner; c’est ne pas savoir servir l’État.

  • Un habile général sait d’avance tout ce qu’il doit faire; tout autre que lui doit l’ignorer absolument. Telle était la pratique de ceux de nos anciens guerriers qui se sont le plus distingués dans l’art sublime du gouvernement.

  • Un général avisé s’emploie à vivre sur l’ennemi.

  • Quand le général n’a ni la fermeté ni la rigueur requises, que ses instructions manquent de clarté, il y aura désordre.

  • En tuer un pour en terrifier un millier.

  • Le général court cinq dangers: Téméraire, il risque d’être tué. Lâche, il risque d’être capturé. Coléreux, il risque de se laisser emporter. Chatouilleux sur l’honneur, il risque d’être humilié. Compatissant, il risque d’être tourmenté.

  • Si le général est généreux, mais incapable de diriger, bienveillant, mais incapable de rétablir l’ordre, ses soldats, tels des enfants gâtés, seront inutiles.

  • Toute campagne guerrière doit être réglée sur le semblant ; feignez le désordre, ne manquez jamais d’offrir un appât à l’ennemi pour le leurrer, simulez l’infériorité pour encourager son arrogance, sachez attiser son courroux pour mieux le plonger dans la confusion : sa convoitise le lancera sur vous pour s’y briser.

  • On se défend lorsqu’on dispose de moyens suffisants ; on attaque lorsqu’on dispose de moyens plus que suffisants.

  • Traitez bien les prisonniers, nourrissez-les comme vos propres soldats ; faites en sorte, s’il se peut, qu’ils se trouvent mieux chez vous qu’ils ne le seraient dans leur propre camp, ou dans le sein même de leur patrie. Ne les laissez jamais oisifs, tirez parti de leurs services avec les défiances convenables, et, pour le dire en deux mots, conduisez-vous à leur égard comme s’ils étaient des troupes qui se fussent enrôlées librement sous vos étendards. Voilà ce que j’appelle gagner une bataille et devenir plus fort.

  • Il faut conduire, en amont du combat, des manœuvres indirectes, dont le but est soit de préparer une situation favorable au combat, soit de vaincre sans même devoir combattre. Dans tous les cas, il ne faut frapper qu’une fois qu’on est sûr de vaincre, d’un seul coup, au point que l’adversaire ne pourra pas se relever.

  • Sachez le bon que produit la terre et vous profiterez de ses ressources; connaissez les routes et vous prendrez la bonne; par le calcul, sachez divisez exactement pour donner à chacun, en vivres et munitions, sans excès, ni trop peu. La balance vous apprendra à répartir la justice, les récompenses et les punitions. Enfin, rappelez-vous les victoires qui ont été remportées, les circonstances de la lutte et vous saurez ainsi l’usage qu’on en a fait, les avantages qu’elles ont procurés ou les préjudices qu’elles ont causés aux vainqueurs eux-mêmes.

  • Le premier [danger] est une trop grande ardeur à affronter la mort; ardeur téméraire qu’on honore souvent des beaux noms de courage, d’intrépidité et de valeur, mais qui, au fond, ne mérite guère que celui de lâcheté.

  • Si un général est pusillanime, il n’aura pas les sentiments d’honneur qui conviennent à une personne de son rang, il manquera du talent essentiel de donner de l’ardeur aux troupes ; il ralentira leur courage dans le temps qu’il faudrait le ranimer ; il ne saura ni les instruire ni les dresser à propos ; il ne croira jamais devoir compter sur les lumières, la valeur et l’habileté des officiers qui lui sont soumis, les officiers eux-mêmes ne sauront à quoi s’en tenir ; il fera faire mille fausses démarches à ses troupes, qu’il voudra disposer tantôt d’une façon et tantôt d’une autre, sans suivre aucun système, sans aucune méthode ; il hésitera sur tout, il ne se décidera sur rien, partout il ne verra que des sujets de crainte ; et alors le désordre, et un désordre général, régnera dans son armée

  • Un Souverain ne peut pas lever une armée sous le coup de l’exaspération ni un général se battre sous le coup du ressentiment. Car, s’il est possible à un homme irrité de recouvrer la sérénité et à un homme ulcéré de se sentir satisfait de nouveau, un Etat qui a été anéanti ne peut être rétabli, ni les morts rendus à la vie.

  • Savoir faire sortir le courage et l’intrépidité de la poltronnerie et de la pusillanimité, c’est être héros soi-même, c’est être plus qu’un héros, c’est être au dessus des intrépides.

  • Lorsque ses troupes sont désordonnées, le général n’a pas de prestige.

  • N’employer pour vaincre que sièges et batailles, c’est ignorer également les devoirs du Souverain et ceux du général ; c’est ne pas savoir gouverner ; c’est ne pas savoir servir l’État ; c’est ne pas savoir combattre. Aussi, lorsque la guerre est résolue, que les troupes étant formées sont sur le point d’entreprendre, ne dédaignez pas d’employer la ruse.

  • Ce qui est au-dessus du bon est souvent pire que le mauvais.

 

A méditer avec discernement…

#art_de_la_guerre #stratégie

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Sun Tzu et le Petit Prince – Un Ordre dans le Désordre : l’histoire de l’abeille et de la mouche

 

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L’abeille et la mouche

« Un processus chaotique est souvent plus salutaire qu’une stratégie immuable ! Cela ne veut pourtant pas dire qu’un comportement irrationnel et irréfléchi vaille mieux qu’une intelligence structurée… Certes non. Cependant, il faut parfois savoir sortir des schémas préétablis, se laisser porter par le chaos et l’improvisation… »

 Ce matin de printemps, les collines du royaume de Wu sont colorées d’une nuée de fleurs précoces ; coquelicots et jonquilles dont les couleurs chatoyantes attirent des nuées d’insectes.

    Près d’une petite rivière bordant les champs où les paysans s’affairent à leurs terres, le Petit Prince s’est échappé du palais.

   Flânant sans quête, émerveillé et rêveur devant cette nature en éveil, il se met à observer une colonie d’abeilles besogneuses occupées à la récolte des premiers pollens. Captivé, il s’assoit à l’ombre d’un grand chêne pour observer le spectacle.

   Il médite un court instant et se déclare à lui-même : l’abeille est travailleuse, affairée et déterminée. Elle porte toutes les vertus d’une nation harmonieusement gérée.

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   Soudainement porté par les courants ascendants de ses observations momentanée, il perçoit au loin la silhouette d’un homme marchant sur le petit chemin de crête bordant la limite de la forêt. La silhouette se faisant plus précise, il reconnaît la démarche du vieux Maître Sun dont la réputation est grande au sein de la Cour de son père, le Roi de Wu.

   Alors que le vieil homme passe à proximité des champs de fleurs, le Petit Prince – curieux de ce personnage fort mystérieux -, lui fait signe de sa présence et l’invite à le rejoindre près du chêne.

   Le vieux maître voyant le jeune garçon, feint un bref sourire et quitte la route pour traverser le champ afin de le rejoindre à l’ombre du chêne. S’inclinant à son approche, le vieux maître salut le Petit Prince à son tour puis le fixant de son regard insistant lui dit d’un ton sibyllin :

« Toute la cour est en émois, majesté ! On vous cherche dans tous les recoins du royaume ! Votre père croit à une imprudente fugue et votre mère à un vil enlèvement ! »

   Le Petit Prince, honteux et désemparé, expliqua qu’il n’était jamais sorti du palais jusqu’à ce jour et profitant de l’inattention des gardes, avait escaladé la façade la plus ombrageuse au nord du palais pour découvrir le monde extérieur et observer la nature en mutation.

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   Les yeux du vieux maître se plissèrent avec bienveillance à l’évocation de l’aventureuse escapade du jeune Prince, car il était sain et sauf, ce qui était le plus important.

«  Maintenant, – lui dit le vieux maître – qu’as-tu observé de si différent dans le monde extérieur ? »

   Le Petit Prince médita quelques instants et lui fit part de ses observations sur les abeilles : «  Les abeilles sont travailleuses, affairées et déterminées. Elles portent toutes les vertus d’une nation harmonieusement gérée. C’est cela que je porterai auprès de mon père pour la bonne conduite des affaires de l’état de Wu ! »

   Le vieux Sun l’écouta avec attention puis le félicita pour ses riches observations et sa capacité à penser la gouvernance de son peuple sur l’observation d’un simple essaim d’abeilles affairées.

« Je vois que l’éducation des Sages de Wu porte ses fruits ! » – fit-il remarquer.

«  Les abeilles sont le symbole du travail consciencieux dans une communauté harmonieuse. Elles possèdent en effet, toutes les qualités requises à la bonne marche d’une nation. Docilité et discipline sont les premières vertus d’une nation harmonieuse. De plus on les dit ‘stratèges’ ! »

–  « Mais, que penses-tu des mouches ? » dit le vieux sage.

« Des mouches ! – S’offusqua le jeune Prince ;

“Quel rapport entre ces nobles abeilles butineuses et ces insectes sans tête ? Une mouche ne sert à rien !

Alors, le vieux maître s’assit à côté du jeune Prince et lui tint ces paroles :

« Majesté, prenez une mouche et une abeille ; mettez les chacune dans deux bouteilles vides

en position horizontale – sans bouchon, le goulot ouvert. Mais à l’autre extrémité de chacune des deux bouteilles – à leurs bases, diront nous -, de l’extérieur, vous fixez une lampe allumée.

– Puis vous observez … Que va-t-il se passer ?

   L’abeille ira invariablement se diriger vers la source lumineuse. C’est là une démarche intelligente n’est-ce pas ?

   Dans son monde d’abeille, la lumière indique obligatoirement la sortie. Que ce soit dans un arbre creux ou dans une pièce sombre, la fine source éclairante est un signal fort vers l’extérieur… Mais là, non : car le cul de la bouteille fait obstacle ! L’abeille s’y heurte, recommence, tourne au fond de la bouteille, obstinément, vainement, absurdement. Au point que, si vous n’interrompez pas l’expérience, elle meurt d’épuisement ! prisonnière de cette lumière qui ressemble à une issue et l’en éloigne systématiquement !

Elle devient alors victime de cet instinct qui ressemble à une intelligence, qui en est peut-être une, mais d’une seule forme ! et qui la tue… »

« Mais alors qu’en est-il de la mouche !? » – fit le Prince étonné.

«  Du côté de la mouche, rien de tel. Elle est trop irréfléchie et ne possède aucune stratégie de sortie ! La lumière, pour elle, ne veut rien dire. Notre mouche volette au hasard, dessine des ellipses erratiques et se cogne contre des parois qu’elle ne conçoit même pas ! Elle ne possède aucun modèle et allant en toute direction finit par trouver la bonne option de sortie sans même s’en rendre compte ! Libre sans savoir comment ni pourquoi !

   Le Petit Prince renfrogna ses sourcils et parut désemparé. Cela ne correspondait en rien aux modèles classiques d’un ordre intelligent enseigné par les anciens !

Le vieux maître y voyait lui, une leçon de sagesse. Il lui dit :

« Un processus chaotique est souvent plus salutaire qu’une stratégie immuable ! Cela ne veut pourtant pas dire qu’un comportement irrationnel et irréfléchi vaille mieux qu’une intelligence structurée… Certes non. Cependant, il faut parfois savoir sortir des schémas préétablis, se laisser porter par le chaos et l’improvisation…

– C’est aussi la leçon de la physique quantique : le hasard est toujours plus riche et plus créateur que le déterminisme ! »

Le rationalisme et les sages préceptes du jeune Prince en prenait un coup !

« Le salut est parfois du côté du désordre, non de l’ordre ; du hasard, non de la logique. Ta philosophie est une abeille et pourtant, ce matin, alors que rien ne te poussait à faire une fugue et t’enfuir du palais, tes errances et ta témérité irrationnelle t’ont porté à te risquer en dehors de ta zone de confort ! Il n’y a aucune ‘sagesse’ dans cet acte. Et pourtant…

L’abeille ne meurt pas de son intelligence mais de ses instincts. Elle n’est pas une métaphore de l’intelligence et de l’ordre mais bien celle d’une névrose. Elle est prisonnière de son passé génétique, de son conditionnement instinctif. Elle agit avec une solution passéiste – elle ne croit son salut que par une seule expérience… Comment pourrait-elle trouver une nouvelle solution puisque c’est sa quête qui l’enferme ?

Le but n’est pas de nous rapprocher de la mouche, mais plutôt de nous éloigner de l’abeille ! On n’est jamais trop intelligent, toujours trop routinier. Ce n’est pas la raison qui tue ; c’est la répétition. »

   Sur le chemin du retour, les deux nouveaux amis se mirent à rire de leurs observations. Comme deux vieux compagnons de route, ils rentrèrent au palais et le Prince Wu décida que le vieux maître serait son tuteur et Conseil en philosophie.

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   La morale de cette histoire

   Qu’il faille innover, changer, s’adapter sans cesse aux terrains et aux circonstances, aux imprévus c’est la sagesse même : c’est de quoi l’abeille n’est pas capable. C’est ce qui nous différencie en tout par rapport à l’ordre naturel. La philosophie est aussi une arme stratégique, car elle ouvre des champs de possible par la réflexion, l’inventivité et la différence. Elle oblige à sortir de la boite.

   Ni la mouche, ni l’abeille ne possèdent cette intelligence stratégique pour concevoir une sortie improbable. Notre liberté et l’ordre d’une nation en dépend, car c’est par le chaos et les imprévus que nous réalisons notre salut en pensant autrement ; en s’adaptant.

   Tout le contraire de la répétition et des conditionnements instinctifs qui emprisonnent ; c’est là le prix de notre liberté. Elle est aussi peut être un peu là la voie du milieu : celle qui consiste a être à la fois entre cette mouche folle et ces sages abeilles.

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Arcana Imperii – Opus 3 : Sur les pas du premier stratège – De la Connaissance : Informer et Comprendre

De la Connaissance, du Savoir et de l’Intelligence : Information ou compréhension ?

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Quid de la ‘Connaissance’ : un gouffre sémantique inconscient entre la carte contextuelle et le champ linguistique…

 Connaissance… Le terme est troublant : Connaissance = connaître ? Comprendre ?. La table des synonymes du moteur en ligne de la langue française CNRTL reste pour beaucoup une énigme.

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https://www.cnrtl.fr/

 Les synonymes principaux dans la lexicologie de la langue française énumère les notions les plus proches (proxémiques) de ce substantif pourtant couramment utilisé dans nos quotidiens.

1- Intelligence

2- Savoir

3- Conception …

… Entendement, raison, compréhension.

 Selon les synonymes les plus ‘entendus’ en lexicologie française et  par les analyses proxémiques effectuées par ce puissant moteur de référence [CNRTL], la connaissance est d’abord et de loin, une notion liée à l’intelligence, au savoir ou d’idées liés à la raison (raisonnement)… Mais jamais à l’information !

En Français courant, la connaissance n’est donc pas assimilée à l’information mais à l’intelligence qui ‘sait’.

 Le terme le plus proche à la connaissance chez les Anglo-Saxons est le terme ‘knowledge’. A la différence du premier, les définitions du dictionnaire en ligne Merriam Webster/ Thesaurus (https://www.merriam-webster.com/) placent l’information au centre du ‘savoir’ et de la ‘connaissance’.

Le bon sens anglo-saxon n’aura pas échappé aux praticiens de l’intelligence économique ici… Connaître, c’est avant tout être bien informé.

« La liberté vient avec la connaissance. La connaissance en tant que savoir : des êtres, des choses, du monde, des cultures, des mentalités, des sociétés.»

(Natasha, Kanapé Fontaine – Kuei, je te salue – 2016)

 Notre interprétation linguistique de La connaissance des Hommes ne peut surgir d’un nulle part intellectuel dénué d’observations, de data, de faits (facts). Sans information, il ne peut y avoir d’intelligence, de progrès et donc de civilisations. Une affaire de poule et d’œuf… L’intelligence informée ou l’information intelligente ? Les deux mon Capitaine.

« Je connaissais l’histoire, mais j’ignorais la vérité.»

Carlos Fuentes – Les années avec Laura Diaz – 1999

Connaissance et Humanité : la place de l’Homme stratège

 Les connaissance des premiers Hommes, comme celles des enfants procèdent toujours de l’observation de leur environnement immédiat, puis ensuite de leur capacité à tisser des liens de causalité entre actions et réactions directes et indirectes sur notre environnement matériel. La longue pérégrination de l’homme devant cette inconnue qu’est la Vie devient une quête perpétuelle devant l’insondable voire le ténébreux – pour les plus curieux et intrépides du moins. Répondre au mystère devient une arme multiforme et le Savoir devient vital pour maîtriser, hiérarchiser,… dominer.

« Remarquons que [dans la plupart des religions] le pêché ultime touche à la connaissance : pour les auteurs du mythe, le savoir est réservé à Dieu et à ses prêtres, le peuple devant rester dans l’ignorance des « mystères et se contenter d’obéir. »

Yves Lever – Petite critique de la déraison religieuse – 1998

« La connaissance progresse en intégrant en elle l’incertitude, non en l’exorcisant.»

Edgar Morin – La Méthode, Tome II, la Vie de la vie – 1977

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De la maîtrise du feu ‘sacré embrasant plaines et forêts, à sa création ‘anthropique’ entre deux silex, le processus paraît simple mais il procède des mêmes capacités à s’interroger [sur le phénomène], à se brûler [risquer – souffrir] pour le comprendre et le recréer, à réfléchir pour l’exploiter puis finalement l’utiliser à dessein en y découvrant ses nombreuses vertus. Car la connaissance n’est pas un processus inné.

La connaissance stratège

Le primate stratège n’est pas forcément le plus intelligent, mais il a un plan qui découle d’une ambition. Il se nourrit de l’expérience des autres pour bâtir sa vision ; son imaginaire devient une vision collective qu’il faut fédérer, organiser et façonner à dessein.

Dans le cadre des Opus précédents, il est fréquemment fait mention de l’exploitation des informations – de la connaissance – comme outil et arme de gouvernance. Il est surprenant qu’encore aujourd’hui nous ayons des divergences sémantiques aussi marquées entre la compréhension Anglo-Saxonne du terme ‘Connaissance’ [knowledge] et celle, plus intellectuelle, continentale et d’influence latine, emprunte de nos pairs et mentors gréco-romains. 

Le seul ‘savoir’ ne suffit pas, il est bien question ici de son exploitation. Une connaissance est d’abord une information observée, entendue qui, traitée, devient un savoir. C’est son exploitation qui en fera sa valeur au yeux de l’Humanité.

La connaissance ne peut être autre chose qu’une seule et même entreprise : celle de la curiosité : s’investir pour connaître, savoir, comprendre et agir.

Le dirigeant stratège, lui, comme tout Général en campagne, se doit d’exercer une vigilance permanente sur son entreprise. Ici, la ‘Connaissance’ de son environnement est vitale car le coût de l’ignorance [la non-connaissance] peut lui être fatale. Il en va des technologies, de ses adversaires/ concurrents visibles et invisibles, de ses partenaires et fournisseurs, du chaudron législatif et réglementaire en gestation permanente et c…

« Qui ignore les objectifs stratégiques des autres princes ne peut conclure d’alliance. »

Sun Tzu

Enfin, si la connaissance peut devenir une arme redoutable pour qui sait l’exploiter, elle doit surtout et d’abord rester un moyen de progrès pour tous, une main tendue vers un projet partagé.

« La diffusion des connaissances est le seul gardien de la vraie liberté. »

James Madison – 4° Président des Etats-Unis – Citation

Mais aussi une opportunité pour acquérir une plus grande sagesse…

« La connaissance sans la sagesse, est de l’intelligence artificielle. »

Julian M. Pakelva

#intelligence-économique #stratégie #suisse #gouvernance #affaires

JG

 

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#jerome #gabriel #dirigeantstratege #affaires #sécurité #économique

Arcana Imperii “Dans l’ombre des âmes stratèges” – La série-blog stratégique du journal Le Temps – Ouverture

 

#arcanaimperii #stratégie #intelligencestratégique #intelliigencepolitique

Ouverture

Dans l’ombre des Âmes Stratèges

Les arcanes de la Gouvernance Stratégique

     Si ‘Sun Tzu’ était un fin tacticien militaire et à sa manière l’un des plus fins stratèges opérationnels reconnus de son temps, son statut de Général ne lui permettait pas, ou trop peu, d’accéder aux secrets d’état dont il n’était qu’une extension brutale, un outil martial au service de ‘la politique par d’autres moyens’.

     La série proposée ici est avant tout une sélection exclusive, un recueil de pensées puissantes, de citations et aphorismes philosophiques immémoriaux ou intemporels dont la justesse marquera les explorateurs du genre humain, philosophes politiques, dirigeants avertis et esprits stratèges les plus aiguisés.

     Structurée en plusieurs thématiques sous la forme d’Opus, cette symphonie philosophique est une ode à l’humanité dans ses lumières les plus vives et ses ombres les plus sombres.

Plus on s’approche de la lumière, plus on se connait plein d’ombres

Christian Bobin – La plus que vive – 1996

     Âmes stratèges, ce recueil vous est dédié.

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Pour plus d’informations sur l’Art de la Gouvernance et l’Intelligence Stratégique (dirigeant stratège) et la Sécurité Economique :

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Un Dirigeant, un objectif : Mille stratégies invisibles

Devenir le dirigeant d’une ‘entreprise’ stratégique [projets, initiatives économiques] – La gestion des invisibles

#strategie #entreprises #sun tzu #intelligence

     Crises économiques, disruptions technologiques, nouveaux acteurs : Continuer d’exister quand les événements économiques changent de mains… Mais par quoi et comment élaborer une stratégie ?

      Ce nouvel article est un rappel synthétiques des fondamentaux derrière la notion de ‘stratégie’ ; notion largement galvaudée et élimée par les vagues successives de modes et tendances – souvent futiles – afin de mieux cacher ou se réconforter dans son incapacité à lire l’avenir. Que ce soit pour dépasser le mode de survie, pour enfin exister puis réussir d’une manière ou d’une autre, la règle est la même pour tous : Sans objectif, pas de stratégie.

     Réussir : La bonne grille de lecture n’est pas seulement celle qui consiste à regarder le succès des autres. C’est aussi celle qui consiste à comprendre la nature des échecs des ‘autres’. En stratégie pure, le modèle d’analyse occidental se présente donc sous deux angles distincts : analyser les succès sous le prisme de leurs forces ; soit sous celui de leurs faiblesses.

     Pourtant, tout est question de contexte ; de circonstances fluctuantes nous obligeant à prendre une approche analytique plus ‘holistique’ si l’on veut véritablement comprendre pourquoi une entreprise aboutie et une autre faillie. Réussir, périr…

     Pourtant en opposant systématiquement ces 2 concepts réducteurs de ‘force’ et de ‘faiblesse’, on perd de vue la plus importante notion philosophique dont les stratèges asiatiques comme Sun Tzu sont adeptes, celle que la force des uns est la faiblesse des autres. En termes économiques, ce principe se traduit par l’exploitation du vide par un plein ; savoir rapidement saisir une opportunité au bon moment, au bon endroit avec les bonnes personnes avec le minimum d’entraves. Le succès démarre donc souvent sur les bases d’un effet de surprise !

     Oui mais…, rien n’est moins bien préparé qu’un efficace effet de surprise.

 

‘Stratégie’ : Késaco ?

#Stratégie #entreprises #Intelligence-économique

STRATÉGIE, subst. fém.

[P. oppos. à tactique]

Ensemble d’actions coordonnées, d’opérations habiles,

de manœuvres en vue d’atteindre un but précis.

     Du latin ‘strategia‘ qui définissait le gouvernement militaire d’une province romaine, le mot est emprunt du grec « στρατηγι’α » ‘strategía’ dont l’utilisation initiale indiquait le « commandement d’une armée » où « l’aptitude à commander une armée, les qualités d’un général » et « manœuvre ou ruse de guerre » (art de stratège). Plus récemment, au 19° siècle, le terme a été adapté à l’art militaire comme «la science des mouvements d’une armée éloignée d’une autre. » (Boiste)

Dans cette version militaire de la stratégie, tout est affaire d’anticipation logistique et de préparation matérielle en amont de la survenance d’un évènement guerrier.

Des synonymes surprenants !

#strategie #synonymes
la stratégie dans l’inconscient collectif

     Dans l’ordre d’apparition, le mot stratégie possède plusieurs synonymes dont les sens nous rappellent invariablement la réflexion devant l’inconnu, soit pour en maîtriser les subtiles intrigues, soit pour en exploiter le terrain à des fins d’objectifs.

     Dans les proximités sémantiques, le mot ‘stratégie’ est utilisé le plus souvent quand le cadre de réflexion implique un objectif à atteindre par des moyens ou manœuvres diverses (plan) impliquant des actions tactiques (ruses, politiques, diplomatiques) afin, soit : de déjouer une intrigue (renseignement, contre-espionnage) ; soit pour gagner un jeu, une guerre.

Sans objectif, pas de stratégie. Sans stratégie, pas de manœuvre ‘tacticienne’.

 

Dirigeant stratège : Entreprendre un objectif stratégique

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Carl Philipp Gottfried von Clausewitz (1780 – 1831)

Clausewitz, un Général Prussien face aux limites de la seule doctrine militaire

     Pour les militaires, la stratégie est la parti qui traite de la coordination des forces armées (en intégrant les aspects politiques, logistiques et économiques) dans la conduite d’une guerre ou dans l’organisation de la défense d’une nation, d’une coalition. C’est l’art d’organiser et de conduire un ensemble d’opérations militaires prévisionnelles et de coordonner l’action des forces armées sur le théâtre des opérations jusqu’au moment où elles sont en contact avec l’ennemi.

     Pour Carl von Clausewitz, la stratégie est exclusivement un art militaire et le terme n’est porté que dans le cadre de la conduite d’une guerre : « si la tactique est la théorie relative à l’usage des forces armées dans l’engagement, alors La stratégie est la théorie relative à l’usage des engagements au service de la guerre. »

     Si celle-ci reste un classique, la vision purement Clausewitzienne de la stratégie reste l’une des plus réductrice face aux enjeux contemporains.

   Les doctrines guerrières frontales du 19° siècle n’ont bien évidemment plus cours de nos jours.

La doctrine stratégique et la logique économique

     Pour le monde économique, la notion de stratégie est l’ensemble des choix d’objectifs et de moyens qui orientent à moyen et long terme les activités d’une organisation, d’un groupe. Elle est souvent liée à la stratégie financière de l’ entreprise n’est pourtant qu’un aspect de sa stratégie globale; elle inclut les choix à moyen et long terme d’objectifs et de moyens financiers.

     C’est un fait : en matière économique, les paramètres à intégrer afin de bâtir une stratégie sont pour le moins intangibles. Invisibles même, aux yeux des dirigeants d’entreprises. Si les objectifs commerciaux restent souvent clairement ambitieux, composer avec les moyens à mettre en place est une bataille quotidienne qui ne se juge qu’en termes économiques : gain ou perte ; court, moyen, long terme ; C.A, marges Vs profits. Elle est principalement commerciale.

Deux stratégies : défensive Vs offensive

     La Stratégie défensive consiste à entreprendre une politique de production en adoptant la ligne de produits la plus complète possible afin de satisfaire au mieux distributeurs et consommateurs. Notion globale, voir impériale qui, à l’échelon industriel implique une vision ‘conquérante’ du monde et des capacités industrielles ou logistiques de très grande ampleur. A petite échelle, cette stratégie consiste à occuper en leader le terrain d’un sous-segment de marché tout en optimisant sa visibilité. La plupart des multinationales industrielles et les acteurs majeurs présents au sein de la grande distribution (santé, beauté, alimentaire) participent à cette logique.

    La Stratégie offensive quant à elle consiste pour une firme à se limiter à la fabrication d’un modèle ou d’un petit nombre de produits en recherchant à satisfaire la demande issue d’un segment particulier ou d’un petit nombre de segments. Pour cela, à quelques exceptions près, il s’agît de jouer sur les tableaux de la réputation et de la qualité : téléphonie mobile, produits bio, marques horlogères, automobiles de luxe…

Le dirigeant stratège face aux ‘invisibles’

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Capital immatériel : Plus de 60% de la valeur stratégique d’une entreprise est invisible selon les normes comptables internationales….

     Pour la plupart des entreprises, la case à cocher est donc le plus souvent celle de la stratégie offensive… Et avec elle, son cortège de capital immatériel, de ressources invisibles. Selon le cabinet Ernst & Young, à l’age de l’économie de la connaissance, plus de 63% de la valeur des firmes sont constitués de capital immatériel : des actifs stratégiques invisibles… La même étude relevait également qu’à fin 2007, la valeur e l’immatériel représentait déjà 3’500 milliards d’euros. Si environ les 2/3 des actifs invisibles des firmes ne figurent pas dans leurs états financiers, il est donc difficile d’évaluer la nature des ressources combinées favorisant ou non la croissance économique d’une entreprise.

     Ceci explique pourquoi durant la dernière décennie, l’écart existant entre la capitalisation boursière des firmes cotées et la valeur comptable de leurs fonds propres a oscillé entre 400 et 500%.

     En 2008, l’OCDE avait déjà définit le capital immatériel parmi cinq composants principaux : les investissements en technologie, les investissements qualifiants, les études et organisation de marché, les logiciels et les systèmes d’information. Depuis, la liste a été augmenté par d’autres économistes qui y ont ajouté ; le capital humain, le capital structurel et le capital client (ou relationnel).

#art_de_la_guerre #stratégie Sun Tzu : Une philosophie pratique sur l’art de composer avec les forces [économiques] invisibles

     Lors de précédents articles, j’abordais la question de l’entreprise sous l’angle de l’entrepreneur lui même. L‘entrepreneur se retrouve, en effet, souvent isolé mais s’il n’est jamais complètement solitaire, il doit composer avec des forces extérieures souvent inconnues. Là où certains voient des risques, l’entrepreneur pourra saisir des opportunités invisibles aux yeux de ses contemporains.

Mais le prix du risque en vaut-il l’aventure ? Car entre aventure et mésaventure, la préparation seule ne suffit pas…

     Comme pour un Général en campagne, le dirigeant a pour première priorité de connaitre ses propres forces et faiblesses. Celles-ci sont fluctuantes et évoluent dans le temps en fonction du terrain économique sur lequel l’entreprise se déploie. Dans l’analyse des risques ceux-ci prennent en compte ces ‘invisibles’ et sont évalués de manière endogène (le client) et exogène (les concurrents) en termes de ‘probabilités de survenue’ et de gravité en terme de ‘conséquences/ d’impacts’.

     Afin de mieux comprendre la notion globale applicable en matière de stratégies d’entreprise, je vous enjoins à prendre connaissance des 30 citations choisies et ‘décryptées’ dans l’article Dirigeants de Startups – TPE : Sélection et décryptage de citations choisies de l’art de la guerre appliquées aux affaires.

     Et toujours, à méditer avec discernement…

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