Un retour aux principes de gouvernance de guerre
C’est en relisant un billet publié en 2018 sur l’intelligence économique que je réalise le chemin parcouru entre les premiers articles de ce blog et l’accélération historique sans précédent depuis la Deuxième Guerre mondiale qui nous a précipités jusqu’à aujourd’hui dans un monde controversé, détraqué.
Le temps passe et se défile ; le temps file et nous dépasse…y aurait-il pour nos économies comme une suite d’évènements annonciateurs d’un avenir incertain ? À l’état embryonnaire avancé, le futur immédiat nous réserve quelques surprises et un nombre non négligeable de ruptures.
Prendre du recul, c’est prendre de l’avance
Jamais nos sociétés n’ont été autant impactées depuis ces deux dernières années par des évènements inscrits à la page des cas de force majeurs aux symptômes connus des sociologues et économistes : ces ruptures sociétales et économiques sans précédent qui façonnent déjà le monde des entreprises et nos modèles de gouvernance pour demain.
D’une pandémie en forme de hordes barbares invisibles aux conséquences immédiates d’un conflit de haute intensité en Ukraine, l’Art de la guerre de Sun Tzu – ouvrage intemporel de stratégie – est aujourd’hui, et plus que jamais, d’un emploi exponentiel pour tout dirigeant stratège. Jamais la devise suivante n’a été aussi juste :
Lorsque le monde est en paix, un homme de bien garde son épée à son côté
En voici quelques courtes réflexions :
Les aspects financiers ne sont qu’une partie de la solution
“Dans la guerre, le nombre seul ne procure aucun avantage. N’avancez pas en vous reposant exclusivement sur la puissance militaire“.
Le renseignement économique n’a jamais été aussi vital
“Qui connaît l’autre et se connaît lui-même peut livrer cent batailles sans jamais être en péril. Qui ne connaît pas l’autre mais se connaît lui-même, pour chaque victoire, connaîtra une défaite. Qui ne connaît ni l’autre ni lui-même perdra inéluctablement toutes les batailles.“
« Un prince avisé et un brillant capitaine sortent toujours victorieux de leurs campagnes et se couvrent d’une gloire qui éclipse leurs rivaux grâce à leur capacité de prévision. Or la prévision ne vient ni des esprits ni des dieux ; elle n’est pas tirée de l’analogie avec le passé pas plus qu’elle n’est le fruit des conjectures. Elle provient uniquement des renseignements obtenus auprès de ceux qui connaissent la situation de l’adversaire . »
« Connais ton ennemi et connais-toi toi-même ; eussiez-vous cent guerres à soutenir, cent fois vous serez victorieux. »
Substituer le comité de direction au comité stratégique
« Tout le succès d’une opération réside dans sa préparation. »
« Sois subtil jusqu’à l’invisible; sois mystérieux jusqu’à l’inaudible; alors tu pourras maîtriser le destin de tes adversaires. »
« Qui ignore les objectifs stratégiques des autres princes ne peut conclure d’alliances. »
« Celui qui excelle à résoudre les difficultés le fait avant qu’elles ne surviennent. »
« […] vaincre l’ennemi sans même se battre, voilà le fin du fin. »
…
Car en final, les victoires se gagnent toujours avant les guerres !
Retrouver l’article complet avec ses analyses sur le lien suivant :
L’Art de la guerre : 20 citations clés pour mieux comprendre l’intelligence économique en affaire
“Tout le succès d’une opération réside dans sa préparation”
Fail to plan, plan to fail, disait en substance Benjamin Franklin…
Pendant les vingt années qui ont suivi l’accession au pouvoir de Poutine, notre Occident démocratique n’a-t-il pas failli à prévoir la possibilité de cette situation et à envisager des scénarii de réponses ?
Et si oui, pourquoi ?
Et certains scientifiques parlent depuis bien longtemps des risques de pandémies et des conséquences. Notre Occident a-t-il là-aussi failli à entendre ces risques et à envisager lucidement des hypothèses ?
Cela ferait douter de notre capacité à penser au pire, si ce n’est lorsqu’il se présente….est-ce une société responsable et crédible qui agit ainsi ?
Merci Monsieur de nous avoir rappelé les limpides textes de Sun Tzu….
Merci Sylvain pour ce très juste commentaire, car préparer l’avenir c’est surtout apprendre à penser le ‘pire’ – les ‘victoires’ (personnelles ou autres) sont forgées avant tout dans notre capacité à nous préserver. Le force est donc dans l’art de connaitre ses propres vulnérabilités… Quoi de plus philosophique !
Voici le lien d’un billet publié le 03 juillet dernier intitulé : L’Entreprise Stratégique 2020-2040 : de Sun Tzu aux fondamentaux modernes de la prospective
“Terrain par définition miné, la prospective donne toujours raison au premier chef aux plus pessimistes, puis viennent les prudentes pondérations des réalistes ; mais de tout temps une règle d’or s’applique toujours ! : ne jamais céder aux idéalistes.
En stratégie, c’est l’évitement des pires éventualités qui oriente les marches et fixent les cadences. Car, « Prospectiver » c’est tenter une traversée à risque, naviguer d’incertitudes en malentendus, de mensonges en approximations, de détails majeurs en évidences mineures.”
En matière d’entreprise, la grande guerre n’est jamais contre un ‘adversaire’, mais contre l’impréparation des directions à se préparer aux adversités … C’est ça le ‘War Management’.
Merci et belle journée à vous ! 🙂