Les deux fantasmes de la neutralité

Sur les réseaux sociaux courent deux photos montrant Ignazio Cassis serrant respectivement les mains de Sergueï Lavrov et de Volodymir Zelenski. Elles suscitèrent les indignations croisées de ces deux fractions opposées de l’opinion publique suisse, celles qui sont pour ou contre Poutine. Chaque faction estima que le président de la Confédération ne pouvait établir ce contact avec le représentant d’un pays en guerre : c’’était, ni plus ni moins, qu’une violation de la neutralité. Plus grave encore Cassis souriait. Certains auraient pu le supporter s’il était resté impassible. Ils ne doivent pas sourire souvent.

Jusqu’où peut-on aller dans la mesquinerie et l’ignorance ? Non seulement la neutralité n’interdit pas à la Suisse d’entretenir des relations avec des belligérants, mais elle lui en fait presque l’obligation tant elle est de ce fait bien placée pour de bons offices en vue de la paix. Au minimum, de recevoir les plus grands de ce monde dans Genève internationale. Pour ce faire, il faut naturellement qu’elle garde une ouverture vers les deux parties. La diplomatie consiste en la capacité d’entretenir un dialogue avec des gens d’opinions opposées aux siennes. Les fausses réactions mentionnées plus haut procèdent d’une vision mythologique de la neutralité, qui déforme sa véritable définition en droit international :
« Le droit de la neutralité codifié dans les Conventions de La Haye du 18 octobre 1907 définit les droits et les obligations d’un État neutre. Le plus important de ces droits est celui à l’inviolabilité du territoire de l’État neutre. Les obligations principales, quant à elles, sont les suivantes : s’abstenir de participer à la guerre ; assurer sa propre défense ; garantir l’égalité de traitement des belligérants pour l’exportation de matériel de guerre »

Tel est le droit international. Ni plus ni moins : ne pas être envahi mais être prêt à se défendre efficacement si on l’est. Le paradoxe veut donc qu’un pays neutre se doive d’avoir une armée, à l’inverse des gens de gauche qui voudraient une Suisse sans armée, dans une vision particulièrement fantasmée de la neutralité.

Ce n’est pas la seule conception erronée : il y a le symétrique à droite, la fermeture à tous pour préserver la pureté de la Suisse. Dans une certaine imagerie populaire, la neutralité serait le mythe fondateur de la Suisse, alors qu’il ne correspond pas à la réalité historique. Jusqu’au XVIe siècle les Confédérés furent redoutables sur les champs de bataille. Par après, ils fournirent des contingents aux belligérants. C’est seulement en 1927, après qu’environ six mille Suisses eurent servi sous les drapeaux des belligérants lors de la Première Guerre mondiale, qu’une loi pénale interdit tout engagement des citoyens dans des troupes étrangères, avec l’exception adéquate de la Garde Pontificale, peu suspecte d’une guerre d’agression.

La seconde guerre mondiale modifia la perception du concept de neutralité. Il s’est vidé de sa substance initiale, le conflit militaire. Plutôt que de concerner le champ de bataille, la variante la plus intéressante (du point de vue des soldats) consiste à répandre la terreur en massacrant des civils, façon Hiroshima et Nagasaki. Les confrontations entre pays sont maintenant largement dominées par l’économie, le commerce et la finance, des domaines qui échappent à la définition classique de la neutralité. Poutine mène une guerre efficace en utilisant l’arme des échanges, en cessant de fournir du gaz ou du blé, ou celle des infrastructures en détruisant le réseau électrique de l’Ukraine. Inversement, l’UE sanctionne la Russie par l’interdiction des importations d’électronique.

Ce décalage par rapport à la réalité antérieure soulève la question primordiale de l’efficacité de la neutralité. Un pays peut-il vraiment se protéger de toute invasion simplement en se proclamant neutre ? La réponse de l’Histoire est évidemment négative : au début des deux guerres mondiales, l’Allemagne viola la neutralité de la Belgique, tout en respectant celle de la Suisse. Il faut supposer que la différence de topographie joua le rôle essentiel dans cette décision. Les états-majors préfèrent manœuvrer sur un plat pays que dans une région montagneuse : ils maîtrisent la géométrie plane pas celle à trois dimensions. Sans les Alpes, la Suisse eût été envahie.

Après Guillaume II, Hitler et maintenant Poutine, dans quelle mesure la Suisse peut-elle compter sur sa neutralité annoncée pour échapper à une guerre ? Au minimum, on a le droit d’en douter. Pratiquement, notre protection dépend plutôt de l’OTAN, une alliance militaire dans laquelle la Suisse n’est pas engagée par respect formel pour sa neutralité, alliance qui est cependant essentielle à sa sécurité au point d’en être la seule véritable garantie. La neutralité serait-elle-elle devenue un concept erroné ?

Pour certains spécialistes autrichiens, le conflit ukrainien requiert de s’interroger sur la pertinence de la neutralité de leur pays. Selon eux, ce principe n’est plus qu’une fiction, qui ne protège nullement. Dans une lettre ouverte, ils demandent au gouvernement d’ouvrir le débat sur cette question.

La même question est donc posée à la Suisse. Sa neutralité est-elle devenue autre chose qu’un instrument de chantage de l’extrême-droite en politique intérieure pour refuser l’entrée dans l’UE, alliance économique qui n’a rien à voir avec la neutralité ? C’est une interrogation à laquelle il faudrait répondre par une analyse rationnelle de notre situation internationale. Comment le mieux assurer notre sécurité ? Pourrions-nous aller jusqu’à reconnaître que notre intérêt et notre devoir seraient d’entrer dans l’OTAN ? Pourrions-nous considérer la neutralité comme un mythe qui fut utile mais qui ne l’est plus, sauf comme fonds de commerce pour les souverainistes ?

Telles sont les questions, dont la formulation dans ce blog n’implique pas de réponses dans un sens ou dans un autre. Il ne faut donc pas l’interpréter comme une démarche contre la neutralité., mais en vue de sa juste perception. Pour un effort parmi d’autres pour sortir de la mythologie politicienne et adhérer à la réalité. Nous vivons dans un monde dangereux dont il faut se protéger en pratique et pas en théorie.

PS. Absent pour un mois.

 

 

 

 

 

 

Jacques Neirynck

Jacques Neirynck est ingénieur, ancien conseiller national PDC et député au Grand Conseil vaudois, professeur honoraire de l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), d'origine belge, de nationalité française et naturalisé suisse. Il exerce la profession d'écrivain.

74 réponses à “Les deux fantasmes de la neutralité

  1. Vous rappelez les Conventions de la Haye de 1907 sur le droit de la neutralité:

    “Le plus important de ces droits est celui à l’inviolabilité du territoire de l’État neutre. Les obligations principales, quant à elles, sont les suivantes : s’abstenir de participer à la guerre ; assurer sa propre défense ; garantir l’égalité de traitement des belligérants pour l’exportation de matériel de guerre.”

    Or, bien que “sans parti pris”, votre article ne plaide-t-il pas pour une entrée “sine qua non” à l’OTAN? Mais comment s’abstenir de participer à la guerre si l’on est membre d’une alliance militaire engagée de manière périodique dans des conflits armés (Kosovo, Afghanistan, etc.)?

    L’OTAN n’est pas un club de bridge. Dans le contexte de la guerre en Ukraine, elle renforce son arsenal nucléaire et ses forces conventionnelles en Europe, où sa présence ne devrait pourtant plus avoir de raison d’être depuis la dissolution du Pacte de Varsovie. Dès lors, y adhérer, n’est-ce pas renoncer de fait à la neutralité?

    Non seulement cette organisation n’a pas pour mission le maintien de la paix, mais elle est même un non-sens eu égard à l’existence d’une force armée supra-nationale, celle des Casques Bleus des Nations Unies dont le rôle principal n’est pas la guerre d’agression, pas plus que pour la Garde Suisse pontificale, mais d’abord le maintien de la paix. Mais les Casques Bleus sont limités par le droit international, qui conditionne leur possibilité d’intervenir entre belligérants à un cesser-le-feu préalable conclu entre eux. C’est la raison pour laquelle l’ONU n’a pu faire intervenir sa force armée dans le conflit russo-ukrainien en cours.

    Plutôt que plaider pour un rattachement à l’OTAN, ne faudrait-il alors pas renforcer les possibilités d’intervention armée de l’ONU dans le cadre du droit international? Ni l’armée ni la police n’ont jamais exprimé la force d’un pays, elles en traduisent les peurs, dit Ivan Illich.

    Par ailleurs, comme vous le rappelez à juste titre, la guerre actuelle en Ukraine se transpose d’abord sur le registre de l’économie et du commerce, les Russes privant les pays occidentaux de gaz, de pétrole et d’électricité – ce qui n’empêche pas les uns et les autres de traiter en sous-main de tels échanges, semble-t-il (il est plus facile d’interdire la vente de la salade russe sur les rayons des magasins de l’Union européenne que de sanctionner l’achat de pétrole et de gaz chez Oncle Ivan) -, les occidentaux répliquant par des sanctions qui, loin d’avoir mis l’économie et la finance russes à genoux, comme ils l’espéraient, n’ont fait que renforcer le rouble et relancer la production intérieure. Sauf dans certains secteurs critiques, comme celui des composantes électroniques dont la pénurie est universelle et n’affecte pas que la Russie, les Russes peuvent fort bien se passer de produits importés. Sur le seul plan culinaire, le “bitok” ne reste-t-il pas sans rival face au “Big Mac”?

    Pour le reste, que la guerre se livre par commerce interposé, quoi de nouveau sous le soleil? Si la guerre est le prolongement de la politique, selon Klausewitz, n’est-elle pas d’abord celui du commerce et de l’industrie?

    “War is all commerce” – Evelyn Waugh

    Pour conclure, au sujet de la troisième obligation des Conventions de la Haye, que vous mentionnez, soit “garantir l’égalité de traitement des belligérants pour l’exportation de matériel de guerre, permettez-moi d’évoquer un souvenir personnel: En 1968, alors en mission de secours et comme journaliste indépendant dans ce qui fut l’ex-République du Biafra, en guerre de sécession avec la Fédération nigériane, au cours d’un vol nocturne à bord d’un vieux quadrimoteur de la Croix-Rouge française hors du réduit biafrais encerclé sur tous ses fronts par la puissante armée nigériane, nous avons été pris sous le feu de la DCA fédérale à l’approche de Calabar, à l’embouchure du fleuve Niger. Or, ces batteries étaient de marque “Oerlikon”. Je n’ai encore jamais entendu dire que les Biafrais aient bénéficié d’une telle promotion de la qualité du “Made in Switzerland”. Bel exemple d'”égalité de traitement”, non?

    1. Merci pour cet intéressant commentaire.
      Le blog ne plaide pas pour l’entrée dans l’OTAN mais souligne que la question de cette entrée se pose à partir de maintenant dans le cadre plus général d’un éventuel abandon de la neutralité.

  2. “Sans les Alpes, la Suisse eût été envahie.”

    C’est une affirmation gratuite. La Suisse et la Belgique différaient l’une de l’autre sur bien d’autres aspects: longue identité, longue tradition démocratique, Confédération comprenant 24 cantons disposant chacun d’une large autonomie, des pouvoirs dispersés, 4 régions linguistiques, deux religions, etc.

    Et puis, l’Autriche est également formée d’Alpes, ce qui ne lui a pas évité l’Anschluss, et le plateau suisse n’est pas plus tourmenté géographiquement que les Ardennes.

    Et ceci encore: on peut avancer que les Alpes ont fait hésiter l’Allemagne d’envahir la Suisse. Mais l’Allemagne en aurait sans doute tiré des profits militaires.

    Décidément, c’est une affirmation qui nécessiterait un long développement.

    1. Bien d’accord sur le fait que des affirmations d’un blog pourraient donner lieu à de longues vérifications. L’important dans le texte est l’affirmation que ce n’est pas la neutralité à elle seule qui a évité la guerre à la Suisse. En plus de son relief, il y a eu sans doute l’intérêt de l’Allemagne à garder un territoire adjacent hors de la guerre, la crainte d’une résistance de l’armée suisse enfermée dans le réduit alpin et menaçant les connexions avec l’Italie par les tunnels du Simplon et du Gothard, etc.. En revanche les différences dans les institutions entre la Belgique et la Suisse ne me paraissent pas déterminantes.

      1. Une grande majorité des Suissesses et Suisses considéraient, je pense, que l’exceptionnelle structure politique de leur pays méritait la plus grande attention, et étaient prêts à de grands sacrifices pour la préserver.

  3. «  Plutôt que de concerner le champ de bataille, la variante la plus intéressante (du point de vue des soldats) consiste à répandre la terreur en massacrant des civils, façon Hiroshima et Nagasaki », écivez-vous.
    Il eût fallu écrire « militaires » qui n’est de loin pas synonyme de « soldats » bien que la soldatesque ait de tout temps exercé de sa propre initiative des exactions sur les populations. Mais, en l’espèce, pour ce qui est des deux bombes atomiques jamais lancées sur des villes, cela a été le fait non pas de soldats ni même de généraux, mais bien de la plus haute autorité d’un pays belligérant, le ou plutôt les présidents des USA (Roosevelt et Truman) jugeant l’« opération », ayant amené à la capitulation du Japon, moins coûteuse en nombre total de victimes qu’une encore longue campagne militaire ainsi évitée dans tout le Pacifique. Une variante qui n’a pas été retenue avait été proposée par le physicien Edward Teller : faire exploser une bombe atomique de nuit au large dans la baie de Tokyo, comme ultimatum qui, cependant, aurait pu ne pas suffire pour mâter un Japon belliciste et jusqu’au-boutiste.
    Il pourrait hélas en être de même lorsque le président russe, acculé, jugera le moment venu désormais favorable, voire inéluctable, pour frapper ici ou là avec ses armes nucléaires, tactiques puis stratégiques, pour abréger les soi-disant « opérations spéciales » qui n’en finissent pas, et ainsi vouloir s‘épargner, peut-être par grandeur d’âme, de sacrifier ses jeunes soldats inexpérimentés trop vite devenus de la chair à canon…
    Devant une telle menace continentale, qui n’est vraiment plus du tout théorique ces jours-ci, une neutralité helvétique « historique », seulement armée pour « se » défendre, ne suffira plus. Il faudra effectivement envisager des alliances bien plus explicites, nolens volens.

  4. La neutralité n’a pas pour but d’éviter de se faire envahir, même si cela peut être une conséquence appréciable.
    La neutralité est l’affirmation indirecte que la stratégie d’alliances militaires est en soit une approche belliciste dangereuse. La neutralité est un message politique très fort, de préservation de la paix.
    Le jour où il n’y aura plus de pays neutres, ce sera la guerre totale entre des blocs opposés.
    Voulons-nous participer à l’OTAN, qui est le bloc le plus belliqueux des dernières décennies?
    Ce serait une grave erreur.
    Devenir la chair à canon de Washington, Londres ou Paris?
    Pourquoi?
    En quoi le militarisme occidental serait-il plus intéressant que la neutralité?

    1. Le point de vue du blog est celui de la sécurité du pays. La question est de savoir si la neutralité y contribue aujourd’hui. Force est de constater que c’est loin d’être sûr.
      Selon les derniers événements, le militarisme est bien plus une tare des dictatures que des démocraties pour la raison évidente que le peuple lorsqu’il a le pouvoir n’a aucune envie de faire la guerre et ne le fait que pour se défendre. L’OTAN est une alliance défensive et en rien belliqueuse. Elle n’a pas que je sache envahi la Russie.
      L’origine de la neutralité suisse n’est pas d’empêcher les guerres en Europe mais d’éviter qu’elles impliquent la Suisse. Le résultat de la guerre d’Ukraine est le passage de la Suède et de la Finlande du statut de neutre à celui de partie à l’OTAN. C’est le résultat de l’agression ruse. L’Autriche aussi réfléchit à son statut de neutre.

      1. En quoi la Belgique actuelle est-elle plus en sécurité que la Suisse?
        En cas de conflit nucléaire entre l’OTAN et la Russie ou la Chine, tous les centres névralgiques des belligérants seront sans doute détruits. Bruxelles, qui abrite le siège de l’OTAN sera rayée de la carte. Je ne vois pas en quoi cela représenterait une sécurité?
        Ou croyez-vous encore en 2022 que l’Occident va continuer à imposer sa loi au reste du monde de manière unilatérale?
        Je ne le crois aucunement.
        D’ailleurs, en matière de politique étrangère, il n’y a pas de différences criantes entre démocraties ou dictatures. Il y a surtout des intérêts. En quoi le colonialisme ou l’esclavage des démocraties européennes était foncièrement plus respectueux que le colonialisme des autres? Plus récemment, la prison d’Abu Ghraib était bien gérée par la démocratie américaine, avec un emploi de la torture tout à fait documenté, non?
        Donc la neutralité est la première des sagesses, car c’est le refus explicite de toute aventure coloniale.
        D’autre part, la neutralité, c’est permettre aux différents blocs de se parler et d’éviter la guerre.
        Plus il y aura de pays neutres, plus il y aura de lieux pour se parler et éviter les guerres.
        Moins, il n’y en aura, plus la fin de l’humanité actuelle sera inéluctable.
        Pour information, l’OTAN a bombardé la Yougoslavie. Elle a occupé l’Afghanistan durant 20 ans (2001-2021. Elle a bombardé et détruit la Libye, pays qui est en proie aux milices armées depuis. Je ne savais pas que ces pays avait agressé l’OTAN?
        Donc non, l’OTAN n’est pas une alliance purement défensive.

        1. La sécurité est menacée pour les pays limitrophes de la Russie, Pologne, Roumanie, pays baltes. Sans la garantie de l’Otan ils seraient immédiatement menacés. Si nous étions dans leur situation géographique le danger serait réel pour nous. Les autres pays ne risquent rien sauf en cas de guerre nucléaire dont notre neutralité ne nous protégerait en rien.

          1. Sans l’OTAN, ils auraient renforcé leur armée, mené une politique familiale et multiplié des accords bilatéraux de défense.

            Si vous êtes menacé par une brute, vous pouvez vous soumettre (Belarus), demander l’aide à une autre brute (OTAN) ou vous entraîner à la salle de muscu (Suisse 😉, sans la gôche pro russe).

          2. La sécurité des pays limitrophe de la Russie est menacée, certes. Et il y a le poids de l’histoire.
            Mais les pays que vous citez déploient aussi une politique foncièrement anti-russe depuis plus de 20 ans, politique stimulée par les USA. Ce sont des choix politiques, qui produisent des fruits.
            La Russie a aussi sa politique impériale, avec ses complexes.
            C’est une politique réciproque de mauvais voisinage.
            Et pourquoi la Suisse devrait-elle s’associer à ces politiques?
            L’autre question, c’est voulons-nous faire monter encore la pression en ôtant toute possibilité de négociation en Europe?
            Visiblement, c’est ce que vous soutenez en appelant la Suisse à renoncer à sa neutralité.
            Personnellement, je souhaite que la Suisse reste neutre, même si c’est une posture difficile.
            D’autre part, je note que ces derniers temps, la seule alliance qui ait réellement sanctionné la Suisse, c’est l’UE. Donc pas sûr que l’UE et l’OTAN souhaitent vraiment le développement et la sécurité de la Suisse. Ils souhaitent plutôt que la Suisse rentre dans le rang et s’efface en tant que voix légèrement discordante ou indépendante.
            Or dans leur fonctionnement, l’OTAN et l’UE ne sont pas à mes yeux des structures démocratiques, mais impériales. La Suisse est une vraie démocratie, dans le sens d’un pouvoir de décision importante laissé au peuple.
            Voudrait-on désamorcer la démocratie Suisse? Et bien, faisons-là entre dans l’UE et dans l’OTAN.
            Ce qui est triste dans votre billet, c’est que vous considérez justement le fait de soutenir la neutralité suisse comme un symbole de l’extrême-droite. La majorité de la population est-elle d’extrême-droite? L’histoire suisse est-elle d’extrême-droite?
            Toute la Gaule est-elle soumise, non… et je m’en réjouis.

          3. Ce n’est pas parce qu’un pays limitrophe de la Russie, jadis enfermé dans le rideau de fer, souhaite se libérer de cette emprise que cela justifie que la Russie tente par la violence de la rétablir.

          4. @ JN
            De toute manière, la population suisse ne renoncera pas à la neutralité. Dans un autre billet, vous nous avez fait l’éloge de l’Empire européen, et vous n’appréciez visiblement pas le concept de neutralité.
            Or ce concept de neutralité porte en lui les germes de politiques raisonnables et durables de bon voisinage. Les politiques impériales finiront toujours mal.

          5. Beaucoup de pays ne se proclament pas neutres et n’ont pas pour autant une politique impériale. La seule question évoquée dans ce blog est la sécurité de la Suisse qui est un problème réel et permanent. Si la neutralité ne l’assure pas, à quoi sert-elle? Ces “germes de politique raisonnable” ne nécessitent pas et ne bénéficient pas de ce concept qui devient très évanescent.

          6. Ce qui est évanescent, c’est de penser en 2022 que l’Occident (OTAN, UE) pourrait continuer à jouer cavalier seul et déterminer les politiques de sécutiré de manière unilatérale, en ne tenant pas compte des autres.
            Par ailleurs, quels pays non neutre ne serait pas affiliés à une politique impériale? Avez-vous un exemple concret autour de nous?

          7. La Suède et la Finlande viennent de demander leur adhésion à l’OTAN pour se prémunir d’une trop réelle menace russe. Ils cessent d’être neutre mais n’en deviennent pas pour autant des impérialistes. Ils ne recourront à la violence que pour se défendre et pas pour étendre leur territoire. Ils entrent dans une alliance strictement défensive. L’OTAN ne vise aucune conquête et évite même de s’investir militairement dans le conflit ukrainien. Il n’y a que trois Etats avec des visées impériales, les Etats-Unis, la Chine et la Russie.

          8. La Suède et la Finlande ne sont plus neutres désormais. Ils vont donc participer aux opérations militaires impériales de l’OTAN partout dans le monde. Tous les pays de l’OTAN participent aux missions de l’OTAN.
            D’ailleurs, la Suède participe déjà activement à l’armement de l’Ukraine. Ce n’est pas du tout une politique neutre.
            L’OTAN est très impliquée en Ukraine, en fournissant toute l’information stratégique, la formation et l’armement à l’Ukraine. Il s’agit de sommes en dizaines de milliards d’EUR. Donc une politique de guerre par procuration contre la Russie, du jamais vu depuis des décennies.
            Bien évidemment, on ne peut pas accuser l’Ukraine d’être impérialiste, ni imaginer que la Russie soit blanche comme un colombe.
            Mais l’OTAN est une construction impériale dès sa fondation – elle défent la suprémacie de l’Occident vis-à-vis du reste du monde.
            C’est même le plus puissant empire qui existe sur la terre depuis environ 70 ans, avec le plus d’opération militaires extérieures, de changements de régimes, etc.
            Bien évidemment, les guerres que mène l’OTAN sont toujours présentés comme des opération humanitaires et justes.

          9. Blâmer les pays qui soutiennent l’Ukraine revient à supposer que les belligérants soient sur pied d’égalité en droit. Comme si la Russie était fondée à envahir l’Ukraine parce que celle-ci agresserait la Russie par son désir d’indépendance. Celle-ci n’est pas blanche comme une colombe, elle est carrément noire, elle ne fait pas seulement la guerre, elle multiplie les crimes.
            La suspicion que l’OTAN aurait des visées impériales auxquelles seraient contraintes de participer la Suède et la Finlande relève d’un imagination débridée.

          10. Même si je n’apprécie pas Poutine et que sa dérive est très inquiétante, je trouve votre lecture binaire et simpliste.
            Quant aux visées impériales de l’OTAN elles existent et déploient leurs effets depuis 30 ans.
            D’ailleurs, je note que vous n’avez rien à répondre à tous les exemples cités.
            Ces exemples étaient très factuels.
            20 ans d’occupation en Afghanistan, c’était un détail? L’occupation de l’Irak aussi? la majorité des pays de l’OTAN y ont participé…
            Bref, ne nous vendez pas pour des colombes ceux qui participent à tant d’attrocités!
            Sinon votre critique de Poutine devient ridicule, car vous justifiez ici ce que vous critiquez là-bas.

          11. Ce n’est pas parce que des pays de l’OTAN ont participé à des occupations et des guerres que l’organisation elle-même en est coupable et responsable. Il s’agit du reste d’un passé qui a enseigné la leçon de s’abstenir de toute intervention agressive. Aujourd’hui l’OTAN n’est pas engagé dans une guerre, n’a pas de revendication territoriale et adopte une posture qui vise à éviter une guerre mondiale. Elle n’a jamais en tant qu’organisation envahi un pays, ni pratiqué la torture, ni massacré des civils, ni détruit les infrastructures d’un pays. C’est une alliance défensive.

          12. Pour résumer: vous vous attaquez au concept de la neutralité suisse, concept qui est très apprécié par la population suisse, pour nous vendre un autre mythe – celui de l’OTAN vertueuse, pacifique et défensive.
            Je n’adhère pas à cette conception mythique.

          13. Je répète la seule question posée par le blog : comment le mieux assurer la sécurité du pays, par la proclamation de la neutralité ou par l’adhésion à l’OTAN? Le point d’interrogation signifie clairement qu’il s’agit d’une question et pas de la réponse à celle-ci. Le dernier paragraphe du blog est explicite à ce sujet. Il faut que vous tolériez l’ouverture d’un débat même si personnellement vous avez déjà répondu à cette question.

          14. Pour vous citer:
            “Pratiquement, notre protection dépend plutôt de l’OTAN, une alliance militaire dans laquelle la Suisse n’est pas engagée par respect formel pour sa neutralité, alliance qui est cependant essentielle à sa sécurité au point d’en être la seule véritable garantie.”
            Peut-être l’OTAN sera un jour agressive envers la Suisse? Ou qu’elle entraînera l’Europe dans une guerre mondiale?
            Qu’en savez-vous?
            A partir du moment où vous avez déterminé que l’OTAN = l’alliance du bien, vous avez faussé toute la question par un postulat qui reflète votre croyance.
            Il n’y a pas d’alliance du bien absolue. Cela n’existe pas. La neutralité est une garantie de sécurité, en ce sens qu’elle considère que toutes les alliance peuvent être perverties, ce qui correspond à la réalité.
            Pourquoi la Suisse devrait-elle sacrifier son héritage pour aller suivre les aventures de l’OTAN?
            C’est une question que vous avez biaisée.

          15. Il faut beaucoup d’imagination pour supposer que l’OTAN envahisse la Suisse. Pour l’instant elle adopte une attitude destinés à éviter la guerre mondiale et les pays démocratiques qui la composent n’ont aucun instinct belliqueux. Personne ne songe à étendre son territoire sauf la Russie et la Chine.

          16. “qui la composent n’ont aucun instinct belliqueux.”

            Les Serbes et les Afghans n’approuvent pas ce message.

          17. C’est de l’histoire ancienne dont les Européens ont retenu la leçon. Soit dit en passant que pensent les Afghans de sexe féminin du régime des talibans. Elles sont tombées de mal en pis. L’armée française qui a occupé l’Afghanistan n’a pas procédé pour autant à des massacres de civils et des destructions des infrastructures.

          18. “The true sign of intelligence is not knowledge but imagination.” Albert Einstein.
            Vous ne pouvez pas appréhender le futur sans imagination.
            L’idée que l’OTAN serait forcément bienveillante envers la Suisse est non seulement une idée dénuée d’imagination, mais aussi une idée qui ne tient pas compte de l’histoire de cette organisation.
            Quant aux pays européens, ce sont les pays les plus prédateurs de la planète depuis 500 ans. Ils conquis et détruits plus de pays et de peuples qu’aucune autre entité dans l’histoire, jusqu’à coloniser pratiquement toute la terre par la force militaire. La Russie est d’ailleurs un pays européen sur ce plan – mais un ennemi selon l’OTAN.
            Vous pouvez lire cet article de Wikipédia sur un des fondateurs de l’OTAN:
            https://en.wikipedia.org/wiki/Hastings_Ismay,_1st_Baron_Ismay

          19. “C’est de l’histoire ancienne dont les Européens ont retenu la leçon.”

            Donc, 3 et 20 ans, c’est de l’histoire ancienne ?

            Mais pour l’esclavage et la colonisation, c’est toujours d’actualité ?

          20. Ni l’esclavege, ni la colonisation ne sont le fait de l’Europe. Les seules tentatives de colonisation sont le fait de la Russie et de la Chine.

          21. @ JN
            “Ni l’esclavege, ni la colonisation ne sont le fait de l’Europe. Les seules tentatives de colonisation sont le fait de la Russie et de la Chine.”
            En 2 phrases, vous avez réussi à détruire toute votre crédibilité.
            Prenez un bon livre d’histoire, ou même Wikipédia – il y a des chapitre sur ces questions.

          22. Toutes les puissances ont jadis utilisé l’esclavage et la colonisation. Aujourd’hui seule la Russie et la Chine poursuivent cette ligne. Sinon de quelle colonisation l’Europe serait-elle responsable?

          23. @ JN
            Je vous trouve de bien mauvaise foi sur cette réaction.
            La colonisation est un processus sur le temps long, avec énormément de dépendances créées au cours des siècles.
            Il suffit de voir les bases militaires à l’étranger, les ventes d’armes, les opérations militaires. La France est encore très présente en Afrique. L’UE aussi entretien des forces largement au-delà de ses frontières.
            Outre le processus militaire, il existe des processus économiques. Euros et dollars marquent la soumission économique de territoires entiers, bien au-delà des frontières. L’argent est prêté par les Occidentaux, qui fixent donc des règles à appliquer. La plupart des frontières des Etats africains ont été tracées par les Européens.
            Sans parler de l’information et de l’espace, de la formation des élites qui sont pratiquement entièrement sous tutelle occidentale.
            Bref, une politique coloniale qui s’est transformée et adaptée avec le temps.
            Les Russes et les soviétiques ont également développé des politiques coloniales, mais plus limitées.
            Quant à la Chine, c’est en cours.
            Et l’Europe ne peut prétendre à se démarquer de la Russie et de la Chine, quand ils ont été les champions de l’esclavage triangulaire et de la colonisation. C’est juste de l’hypocrisie à mes yeux.

          24. La question est de savoir si une emprise économique et culturelle peut être assimilée à une guerre de conquête, la justifier, l’excuser.
            L’esclavage a été aboli dans les nations occidentales dès le milieu du XIXe siècle. La colonisation a été abandonnée dès 1960. Ces fautes politiques du passé, reconnues comme des fautes et corrigées, ne peuvent servir d’excuse et de justification pour ce que font aujourd’hui la Chine et la Russie.

          25. “Ces fautes politiques du passé, reconnues comme des fautes et corrigées.”
            Ce n’est que du bla-bla et du déni.
            En quoi les pays colonisés ont-ils été dédommagés pour le pillage de leur territoire?
            L’Inde a-t-elle été dédommagée par le Royaume-Uni?
            La Belgique a-t-elle dédommagée le Congo? Idem pour toute l’Afrique ou l’Amérique, qui ont été entièrement colonisées, pillées, avec des massacres de population.
            Par ailleurs, les pays colonisateurs ont conservés de nombreux leviers (politiques, militaires et économiques) pour diriger ces pays de l’extérieur.
            Mais vous ne le reconnaîtrez jamais, car le reconnaître, c’est comprendre que nous n’avons aucune leçon à donner aux autres.
            Pour le reste, cela ne signifie pas de justifier les politiques russes ou chinoises actuelles, mais de demander un minimum d’honnêteté intellectuelle face aux pillages du passé dont les conséquences sont toujours bien présentes dans de nombreuses parties du monde.
            D’ailleurs, les Chinois se souviennent très bien de l’attitude occidentale complètement arrogante en Chine au début du siècle – avec le commerce de l’opium et le partage du pays. Pour info, cela ne fait pas si longtemps que Hong Kong et Macao sont revenus à la Chine. L’Australie est une colonie européenne en Océanie, idem pour les terres françaises de la région.
            Bref, un jour, il vous faudra descendre de votre piédestal. Personne n’a pillé autant de pays et ressources au monde que l’Occident. C’est une source très importante du capitalisme occidental et de son emprise sur le reste du monde.

          26. Le sujet du blog est la sécurité de la Suisse selon qu’elle se dit neutre ou qu’elle adhère à l’OTAN. Cela n’a rien à voir avec les péchés du colonialisme d’antan. Nulle part dans le blog il n’est question de donner des leçons aux autres. Mais les péchés antérieurs de l’Occident ne justifient, ni n’excusent l’actuelle agression russe. C’est amalgamer une culpabilité occidentale pour déculpabiliser ou relativiser la Russie.
            Nulle part non plus je ne me situe sur un piédestal quelconque. A titre d’information j’ai passé six années de ma jeunesse dans la première université congolaise bien conscient à l’époque qu’il fallait réparer les dégâts du colonialisme.

          27. @ JN
            Le colonialisme est pleinement relié au sujet des alliances militaires et de la neutralité. Car lorsque vous aurez vraiment pris conscience de ce qu’est notre passé en tant qu’Européens, et sur quoi a été bâti notre prospérité et notre position dans le monde – vous comprendrez que la neutralité militaire est la seule manière de nous délivrer positivement de se passé.
            Ce passé n’est pas du tout lointain. Il est là, sur le seuil de la porte, avec pleins de cicatrices infectées un peu partout sur la surface du globe.
            Voulons-nous retourner retourner à nos complexes impériaux, alors que ce passif immense est encore ouvert?
            Non.
            La neutralité n’est d’ailleurs pas une lâcheté. C’est une attitude réaliste, sans parti pris, qui résulte de l’échec des politiques militaires expansionnistes des cantons suisses. Puisse l’Europe connaitre les même échecs cuisants, si le fruit en était la paix aux confins et la fin de complexes de supériorité infantiles!

          28. Personne en Europe et en particulier en Suisse n’a de projet impérialiste. En revanche la Russie et la Chine en ont. Pourquoi imaginer chez nous des projets inexistants et en faire usage pour relativiser la réalité du conflit ukrainien?
            Le problème du blog est plus circonscrit. Il ne s’agit pas de faire pénitence des péchés passés. Il s’agit de réfléchir à notre sécurité présente. Le blog pose juste la question : est-ce que la neutralité nous prémunit contre une agression. On peut répondre oui ou non mais il faut ensuite justifier cette réponse. Il s’agit de la situation présente, pas de celle du passé.

        2. “Personne en Europe et en particulier en Suisse n’a de projet impérialiste.”
          C’est vous-même qui appeliez au printemps à la création d’un nouvel empire européen pour affronter l’avenir – je vous cite (31.01.2022):
          “Il faut que l’UE devienne à son tour un empire avec non seulement une monnaie unique, mais aussi une diplomatie crédible, une frontière sauvegardée, un gouvernement fort.”
          Tout empire est par nature impérialiste et expansionniste. Il n’existe pas d’empire sans politique étrangère expansionniste.
          Et pour le reste, j’ai déjà répondu à votre question sur la sécurité suisse de manière argumentée.

          1. “L’UE n’a pas de projet d’expansion.” C’est votre croyance.
            L’UE s’étend et prévoit de s’étendre, comme toute structure impériale. De plus, la coopération UE/OTAN est tout à fait claire et structurelle. L’OTAN est le bras armée de l’Empire US/UE.
            “L’OTAN et l’UE coopèrent depuis longtemps dans les domaines de la gestion de crise et des opérations.
            L’opération de l’UE en Bosnie-Herzégovine (EUFOR Althea), qui est menée dans le cadre des arrangements dits de « Berlin plus », tire parti de l’expertise
            de l’OTAN en matière de planification ainsi que d’autres moyens et capacités de l’Alliance. Le vice-chef d’état-major du SHAPE assure le commandement de
            l’opération Althea, et l’état-major d’opération (EMO) de l’UE se trouve au SHAPE.
            Au Kosovo, la KFOR, force de maintien de la paix déployée par l’OTAN, collabore étroitement sur le terrain avec la mission « État de droit » de l’UE
            (EULEX).
            En Afghanistan, la mission Resolute Support, dirigée par l’OTAN, coopère avec la mission de police de l’UE (EUPOL), comme le faisait avant elle la Force
            internationale d’assistance à la sécurité (FIAS), et elle entretient des contacts réguliers avec la délégation de l’UE à Kaboul.
            En Iraq, les activités de formation et de renforcement des capacités que l’OTAN mène dans le cadre de la mission OTAN en Iraq sont étroitement
            coordonnées avec les activités mises en place par l’UE à l’appui du processus de stabilisation engagé dans ce pays, ce qui assure la complémentarité des efforts.
            Des forces navales de l’OTAN et de l’UE collaborent dans le cadre d’opérations lancées en réponse à la crise des réfugiés et des migrants en Méditerranée.
            L’OTAN a déployé des forces maritimes en mer Égée pour assurer la reconnaissance, le suivi et la surveillance des embarcations traversant illégalement cette
            étendue maritime, à l’appui des autorités turques et grecques et de l’UE. En Méditerranée centrale, l’opération Sea Guardian a soutenu l’opération Sophia
            jusqu’à son terme en lui fournissant des informations et des moyens logistiques.”
            Source: https://www.nato.int/nato_static_fl2014/assets/pdf/2021/3/pdf/2103-factsheet-nato-eu-fr.pdf

          2. Aucune de ces actions ne vise à étendre le territoire de l’UE, certainement pas par la force. Plusieurs avaient pour objectif de rétablir la paix. En Europe la seule puissance qui envahit le territoire de ses vosins est la Russie, qui abat des civils et détruit les infrastructures. Rien de semblable ne peut être reproché à l’OTAN. Votre commentaire brouille les perspectives : les actions de l’OTAN sont décriées pour laisser entendre que ce que fait la Russie est comparable à ce que nous faisons.

          3. L’emploi de la force par la Russie est un aveu de faiblesse politique, un constat d’échec.
            Pour le reste, je renonce au débat sur le sujet et vous laisse à vos certitudes sur les missions de l’OTAN et votre approche manichéenne sur qui sont les gentils et les méchants.

  5. ” Il faudra effectivement envisager des alliances bien plus explicites, nolens volens.”

    N’y aurait-il alors pas lieu de se dépêcher? Car avec un missile hypersonique capable d’atteindre Berlin, Paris ou Londres en moins de dix minutes et d’effacer de la carte un territoire grand comme la France ou le Texas, l’encre du ou des nouveaux traités d’alliance n’aura même pas eu le temps de sécher.

    Au sujet des deux bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki, c’est en effet le président Truman qui en a pris la décision. Les généraux Eisenhower et Mac Arthur y étaient opposés. De plus, avoir spéculé sur le fait que recourir à l’arme atomique inciterait le Japon à se rendre s’est avéré être un mauvais calcul: ce ne sont pas les deux bombardements des 6 et 9 août 1945 qui ont provoqué la reddition du Japon mais l’entrée en guerre de l’URSS contre celui-ci le 8 août, deux jours après le premier bombardement.

    Mais quoi qu’il en soit, comment expliquer le silence de la communauté scientifique – à commencer par les “pères” des bombes atomiques américaine et russe, Openheimer et Sakharov, malgré leurs “remords” tardifs – face à la prolifération des armes nucléaires?

    1. Vous avez raison de mentionner la (tardive) déclaration de guerre de l’URSS qui, avec les deux bombes, a, de façon décisive, enfin contraint le Japon à déposer les armes.
      J’aurais dû par contre encore mentionner le “Frank Report” du 12 juin 1945, du nom de James Frank,
      https://en.wikipedia.org/wiki/Franck_Report
      un document justement signé par de nombreux physiciens pour que l’on n’utilise pas la bombe atomique, ainsi que la “Szilárd petition” du 17 juillet 1945, du nom de Léo Szilárd,
      https://en.wikipedia.org/wiki/Szilárd_petition
      une pétition signée par 70 scientifiques du Projet Manhattan, allant dans le même sens.
      J’ajouterais en fin le livre paru ensuite, en 1946, et tiré à des millions d’exemplaires :
      “One World or None: A Report to the Public on the Full Meaning of the Atomic Bomb”, sous les signatures prestigieuses de Leo Szilárd, Albert Einstein, Niels Bohr, Arthur Compton, Robert Oppenheimer, Harold Urey, Eugene Wigner, Edward Condon, Hans Bethe, Irving Langmuir…

      1. Merci pour ces rappels du rapport Frank, de la pétition Szilárd et du best-seller “One World or None…”, qui illustrent dans toute leur dimension dramatique le peu de cas que font les politiciens de l’avis des experts. La commission intérimaire que Truman avait nommée pour le conseiller sur les questions de l’arme atomique n’a pas tenu compte du premier et le président en exercice n’a pas eu connaissance de la pétition que Leó Szilárd avait soumise au Secrétaire d’Etat Byrne, en désaccord complet avec lui à cet égard, avant l’explosion de la première bombe. Szilárd a subi par la suite les vexations du général qui dirigeait le projet Manhattan et semble avoir fait l’objet, ainsi que plusieurs de ses collègues, d’une véritable omerta de la part du gouvernement.

        Je n’ai pas lu “One World or None…” mais n’en trouve-t-on pas des échos actuels dans une initiative telle que celle de l’ICAN (International Campaign to Abolish Nuclear Weapons) qui, issue en partie de la société civile, a réussi à faire adopter l’an dernier par les Nations Unies le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires qui rend les armes nucléaires illégales?

        Dans le contexte de la guerre en Ukraine, avec ses risques nucléaires, la majorité des pays du monde ont réaffirmé leur soutien au Traité, qui interdit les armes nucléaires en vertu du droit international. Lors d’un vote aux Nations Unies le 28 octobre dernier, 124 pays ont soutenu une résolution appelant à une plus grande adhésion à ce traité de désarmement historique. Mais tant que les pays détenteurs de l’arme nucléaire refuseront de le signer, un tel traité ne risque-t-il pas de demeurer lettre morte?

  6. La neutralité, un truc qui nous a été imposée et est devenu un fantasme. Le débat est presque un débat entre croyants et athées. Les croyants y sont attachées parce que depuis l’enfance, la neutralité a été enseigné comme faisant partie de l’identité.

    L’Autriche a quitté la neutralité qui lui avait été imposée. Même destin mais conclusion différente de la Suisse.
    L’un ne croit pas à sa protection et libère sa politique étrangère pour s’adapter au mieux, tandis que l’autre s’est enfermé dans un fantasme et est déconnecté de la réalité.
    Paradoxalement, c’est le fait que la Suisse a des voisins sûr qu’elle reste dans le fantasme. Si son voisin était la Russie, la Suisse ne serait plus neutre à l’image des Scandinaves.

    Poutine fait la guerre à l’identité occidentale, la Suisse est de fait un ennemi. Peut-on on invoquer la neutralité alors qu’une des parties nous voit comme ennemi ? Ça ne tient pas.

    Le fantasme de la neutralité rassure, il y a l’idée qu’en fermant les yeux, on sera épargné. Mais en tant qu’occidentaux, chrétiens, nous avons des ennemis pour ce que nous sommes pas pour ce que nous faisons.

    La neutralité comme faisant partie de l’identité Suisse, c’est la Suisse qui se ment à elle-même, un mensonge de 2 siècles.

  7. Bonsoir,

    “Plutôt que plaider pour un rattachement à l’OTAN, ne faudrait-il alors pas renforcer les possibilités d’intervention armée de l’ONU dans le cadre du droit international?” dit L Danieli.

    Cette approche est respectable mais une difficulté majeure apparaît lorsqu’un Etat et un dirigeant s’affranchissent des règles communément admises et établies du droit international, et imposent alors un tempo que nos institutions ne peuvent plus gérer de manière conventionnelle.

    L’asymétrie des intentions et des méthodes pourraient bientôt devenir plus grande encore si ce sont plusieurs États qui décident d’être résolument transgressifs. Notre architecture de sécurité sera alors inopérante. Surtout si les transgressions sont le fait de pays disposant, ou s’apprêtant à disposer, de l’arme nucléaire, et usant de cette menace sans “encadrement doctrinal et déontologique”.
    Peut-on penser “classiquement” si d’autres sont capables de franchir les limites que nous nous fixons comme infranchissables ?

    La question de la neutralité , de sa nécessité, de sa possible existence ou non et plus généralement de son sens ( adaptée ou non ) ne se pose-t-elle pas aussi à l’aune de ces transgressions patentes et aggravées qui pourraient frapper nos équilibres,

    Remerciant pour ce blog et remerciant ses intervenants,

    1. Tout à fait d’accord avec vous. Par “réformer le droit international”, je pensais en fait, par analogie, à la manière dont les Conventions de Genève ont su se réformer pour faire face aux conséquences des conflits subies par les populations civiles et à adapter le droit humanitaire aux conflits “assymétriques”, comme vous les décrivez très bien (ou encore aux guerres dites “hybrides”) sans renoncer pour autant au cadre “classique” du droit. Tout(e) délégué(e) du CICR sur le terrain en fait l’expérience quotidienne.

      Pourquoi ce qu’il est possible d’adapter en droit humanitaire ne le serait-il pas aussi en droit international?

      Cordialement,
      L. D.

      1. Bonsoir,

        Je partage pleinement votre hypothèse.

        Nous observons actuellement une déshinibition de l’acte militaire, politique ou diplomatique, dans certains pays , et même dans certaines sociétés humaines.
        Elle a déjà existé dans l’Histoire, mais nous nous étions habitués depuis quelques décennies à une forme de “rationalisation” des comportements ,qui visait à éviter le pire de cette Histoire , pire que nous avions connu et voulions éviter.
        Nous sommes-nous laissés gagner par un optimisme qui ne semble plus d’actualité ?
        Je crains qu’il ne nous faille adapter très vite nos logiciels pour les rendre capables de répondre aux nouvelles menaces.

        Formons le voeux que nos institutions sauront coupler lucidité , acceptation du réel et efficience pour nous offrir des solutions.

        Cordialement à vous,

  8. Monsieur Neirynck,
    Votre billet sur la neutralité est fort intéressant et très juste dans le rappel de son principe en droit international. Mais vous dites «Le point de vue du blog est celui de la sécurité du pays. La question est de savoir si la neutralité y contribue aujourd’hui. Force est de constater que c’est loin d’être sûr.» Et vous en prenez l’excuse pour digresser sur la guerre entre l’Ukraine et la Russie. N’est-ce pas complètement hors sujet ?
    Je salue les commentaires de L. DANIELI, de WEIBEL et de SAMY qui eux adressent le vrai sujet, la neutralité. Celle-ci n’a aucunement pour but d’assurer le sécurité du pays Elle a pour but d’éviter au pays de participer à des entreprises guerrières, de maintenir un contact avec les belligérants et de leur offrir une hospitalité impartiale pour tenter de mettre fin au conflit par la négociation.

    1. Le blog comporte une définition juridique de la neutralité, identique à la vôtre. A partir de celle-ci on peut se demander si cette définition améliore ou non la sécurité d’un pays. C’est une question, pas une réponse à cette question.

  9. Je ne vais pas commenter sur le fond, mais sur la forme.
    A la base de vos raisonnement et arguments (dans nombre de vos articles), je retrouve toujours l’ombre plus ou moins présente d’un clivage binaire :
    Les pour ou contre Poutine;
    Les pour ou contre les vaccins (ARNm);
    Ceux qui sont dans le vrai et ceux qui sont dans l’erreur.
    et j’en passe…
    Dans votre pensée, la logique du OU (excluant) remplace celle du ET (intégrant), hors cette logique binaire en noir et blanc ne permet pas de rendre compte des nuances de la complexité (On peut être ni pour ni contre, ni pour l’un, ni pour l’autre, etc.).
    La pensée polarisante est malheureusement régressive. Et c’est précisément le mal de notre époque, que je retrouve aussi en filigrane dans vos écrits. Il est peut être temps de relire Edgar Morin (https://www.intelligence-complexite.org/bibliotheque/note-de-lecture/resister-regression)
    Pour conclure : on ne peut pas résoudre un problème avec le même niveau de pensée que celle qui l’a créé. Lorsqu’on combat la polarisation, il faut justement savoir la dépasser soi-même. N’est-ce pas l’intention affichée de ce blog ?

    1. La rédaction du blog essaie de respecter une vision équilibrée de la réalité. Elle parle de deux fantasmes, celui de la droite et celui de la gauche, en soulignant pour tous les deux ce qui est faux. Le dernier paragraphe insiste sur ce point de vue en confirmant que le blog souhaite poser des questions auxquelles il ne donne pas de réponse. La plupart des commentaires transforment ce texte en une prise de position pour l’OTAN, ce qu’il n’est explicitement pas.

      Pour le reste, oui, le blog considère que la Russie a envahi l’Ukraine et pas l’inverse, ce qui est strictement conforme à la réalité. De mâme que la vaccination est utile pour lutter contre la pandémie, n’en déplaise à ceux qui prétendent le contraire à rebours de la réalité.

      S’il n’existe pas une vérité intangible, il y a par contre de grosses erreurs et des mensonges manifestes. Cela avait un sens de lutter contre le nazisme et le communisme qui étaient de grossières manipulation de la réalité.

        1. Pouvez-vous comprendre qu’un blog ouvre un débat sur un sujet, un seul? Les commentaires ne sont pas prévus pour lancer d’autres débats. Ils sont hors propos par leur objet et non par leur auteur. Vos commentaires portant sur un blog sont les bienvenus.

          1. Merci pour cet encouragement. Par principe je publie tous les commentaires, car le but d’un débat est d’opposer les idées. Je supprime les attaques personnelles ainsi que les commentaires hors sujet.

  10. @ Samy, sur le colonialisme caché et toujours d’actualité de l’empire russe : lire les deux ouvrages d’Eric Hoesli, d’une objectivité infaillible, “À la conquête du Caucase” et “L’épopée sibérienne. La Russie à la conquête de la Sibérie et du Grand Nord”, éditions des Syrtes, 2006 et 2018.
    Ainsi, aujourd’hui encore, l’on ne peut que constater et dénoncer une colonisation russe impitoyable sur de nombreux peuples soumis.
    À l’exemple des hommes des sujets fédéraux d’ethnies non russes, prioritairement mobilisés pour une guerre qui n’est pas la leur.

    1. Certes. La Russie demeure un empire, avec tout ce que cela signifie.
      Mais à la Légion étrangère, sont-ce des français qui se battent pour la France?
      Idem pour les USA.
      Idem pour l’Europe forte dont voudrait Mr Neirynck.
      Idem pour l’Empire Ottoman ou l’Empire romain par le passé.
      Chaque empire est par essence supra-national et exploite ses périphéries (aussi pour l’effort de guerre).
      Je suis contre toute forme d’empire, car chaque empire génère les violences et abus d’un pouvoir trop étendu pour être géré humainement, ni même démocratiquement.
      Les empires sont des structures politiques au pouvoir industriel et inhumain, avec la concentration du pouvoir dans les mains de relativement peu de personnes.
      Et comme je vis en Suisse, ce qui me préoccupe en premier lieu, c’est le développement de l’Empire US/UE/OTAN. Aux Chinois et aux Russes de se préoccuper de démanteler leur empire.
      A nous de nous occuper de démanteler intellectuellement l’Empire US/UE/OTAN.
      Chacun a du pain sur la planche.
      Mais si l’on ne s’occupe uniquement de démanteler l’Empire russe, c’est peut-être qu’on consent implicitement à ce que l’Empire occidental soit l’empire du bien – empire qui a vocation à diriger le monde?
      Je ne consentirai pas à cette imposture intellectuelle.

      1. En politique, il n’y a pas d’empire du bien absolu. En comparaison avec la Russie et la Chine, l’UE est l’empire du moindre mal. Il n’y a pas chance pour l’instant que les citoyens russes ou chinois démantèlent leur empire fondé sur une dictature policière. Dès lors il faut bien nous prémunir contre leurs attaques, militaires ou économiques. Il a bien fallu se défendre contre l’empire nazi. Nous n’avons pas le choix. C’e serait naïf de désarmer en espérant que cet exemple de vertu amènerait nos agresseurs à désarmer.

          1. Le propre d’un empire est de prétendre à la domination de nombreux peuples – et donc à une supériorité morale de son organisation et à une forme d’expansionnisme politique ou militaire, grâce à toute sorte d’artifices.
            La première domination moderne est la domination économique.
            Cela crée une logique implicite de type Gréco-Romains vs Barbares. Où les Barbares sont considérés comme des êtres inférieurs, destinés à être dominés.
            Et votre discours répète d’ailleurs ce schéma – à savoir que les Européens doivent respecter et soutenir leur empire, car il serait supérieur sur le plan moral aux autres Etats.

          2. Ils doivent le soutenir pour survivre. Ce sont les russes que l’on persuade de leur supériorité morale sur l’Occident décadent.

          3. Les complexes de supériorité des uns se heurtent aux complexes des autres.
            Il n’y a aucune issue sauf à abandonner ces complexes.
            Quant à survivre, la question concernait la Suisse. Et sa démocratie directe est sa résilience à long terme, protection contre les abus de ses dirigeants.
            Rejoindre un empire, c’est abandonner la modestie de la démocratie directe et de la neutralité et faire siens les complexes impériaux de civilisation supérieure.
            Or, il n’y a pas de civilisation supérieure. Il n’en a jamais eu. Il y a des empires, chacun fondés sur ses complexes.
            Vous trouvez les complexes russes ou chinois plus problématiques donc justifiez les complexes impériaux de l’OTAN. C’est une voie sans issue pour notre discussion.

  11. Le monde occidental est pour ou contre Poutine !

    Mais pourquoi DEVONS-NOUS être bêtes et binaires ? L’agression de Poutine est inexcusable et inacceptable mais cela fait-il automatiquement de Zelensky un saint ? Le président Lula s’est fait démonté par les bobos binaires bien-pensants en disant que Zelensky était AUSSI responsable QUE Poutine. Pourtant son raisonnement tient parfaitement la route.

    Pour prendre un exemple dans l’air du temps. Quand Zidane donne une coup de boule à Materazzi lors de la finale de la coupe du monde en 2006, il ne le fait pas pour empêcher Domenech d’être champion du monde !
    Zidane était l’agresseur et il a été expulsé mais il ne faut pas oublier le rôle de Materazzi qui a consciencieusement fait le job : amener le Français à disjoncter.

    Et les provocations, Zelensky les a multipliées. Aujourd’hui encore, il rameute à grands cris l’OTAN suite au missile tombé en Pologne … alors que, selon Biden, ce missile a “probablement” été tiré par des Ukrainiens !

    Personnellement, je ne défends pas Poutine dont l’agression caractérisée est indéfendable mais je crains que Zelensky ne soit pas satisfait avant d’avoir réussi à déclencher une troisième guerre mondiale.

    En conclusion, le monde n’est pas binaire. Les choses ne sont pas aussi simples que ce qui est raconté au JT. Dans ces conditions, la neutralité est une vertu et la Suisse l’a pratiquée jusqu’à aujourd’hui avec une certaine dextérité

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