Un clair-obscur législatif

 

 

Le 26 septembre nous voterons sur l’objet suivant. La Constitution est modifiée comme suit:

Art. 127a Imposition du revenu du capital et du revenu du travail

Les parts du revenu du capital supérieures à un montant défini par la loi sont imposables à hauteur de 150 %. Les recettes supplémentaires qui découlent de l’imposition à hauteur de 150 % au lieu de 100 % des parts du revenu du capital au sens de l’al. 1 sont affectées à une réduction de l’imposition des personnes disposant de petits ou moyens revenus du travail ou à des paiements de transfert en faveur de la prospérité sociale. La loi règle les modalités ».

C’est à la fois très précis sur un seul point (le revenu du capital est imposé 50% de plus que celui du travail) et absolument vague sur tout le reste. On ne sait ni ce que signifie le revenu du capital, ni quel montant sera fixé par la loi, ni comment l’argent collecté sera redistribué. Le parlement fédéral en décidera, en rajoutant peut-être une couche d’embrouilles. La majorité de droite et du Centre veillera à vider l’injonction constitutionnelle de sa traduction dans la réalité.

Comme un indépendant peut répartir librement son bénéfice entre salaire et revenu de son capital, on peut spéculer que cette dernière fraction sera réduite au minimum. Pour cette classe de contribuables, cette nouvelle législation ne rapportera pas grand-chose aux caisses publiques ou même rien du tout.

Restent les rentiers qui vivent de loyers, de dividendes et d’intérêts sur les valeurs mobilières. Dans la mesure où ils sont vraiment très riches, ils émigreront (en réalité ou en fiction) afin de bénéficier des recettes éprouvées de l’ingénierie fiscale. Comme ils sont devenus riches parce qu’ils ont réussi à échapper à la fiscalité, ils poursuivront dans cette voie.

Mais que deviendront les retraités de la classe moyenne qui se sont constitués un troisième pilier, trop modeste pour mettre en branle l’entremise des consultants fiscaux ? Ceux-là paieront vraiment. Et pour ceux qui n’ont qu’un deuxième pilier, leur caisse sera-t-elle taxée ? On ne sait pas. La seule réalité serait la baisse réelle des revenus de pensionnés.

L’inspiration de cette initiative est évidemment démagogique. S’il y a une majorité de citoyens qui n’ont que pas ou peu de capital, ils l’emporteront sur les autres. De la sorte, ils récompenseront la gauche. Celle-ci ne vise pas vraiment à réduire les inégalités, mais à fidéliser une clientèle d’électeurs, qu’il faut bien entendu maintenir dans la précarité. On peut donc spéculer que, si cette législation rapporte quoi que ce soit à la caisse publique, cela disparaîtra dans le brouillard des prélèvements obligatoires. La classe moyenne continuera à être écrasée par les prélèvements obligatoires.

Le but concret de la fiscalité est de prendre en charge les dépenses publiques. Que les riches supportent une charge plus élevée que les autres va de soi.  Et donc, le capital est taxé, ce qui est une singularité suisse, et le niveau de la taxation du revenu est très progressif. Il y a déjà une volonté de diminuer l’inégalité de revenu et de fortune. La singulière fiscalisation de la valeur locative constitue une autre imposition d’un revenu inexistant, un impôt réel sur un revenu fictif. De même que la législation actuelle considère comme un scandale d’habiter ses propres murs, la nouvelle législation sanctionnerait le fait de vivre de ses rentes, qui serait immoral, incivique, nuisible à l’économie.

Selon des estimations internationales, la lourde fiscalité existante établit une forme d’égalité en Suisse aussi bien qu’en Suède. Le but de l’initiative est donc différent : punir les riches, en les stigmatisant pour ce qu’ils sont et prétendument les réduire à l’égalité, sinon en réalité ce dont on peut douter mais surtout en fiction. C’est toujours Guignol qui rosse le gendarme. En somme, l’idéal des initiants est de considérer l’économie comme un jeu de Monopoly où l’on redistribue les billets à la fin d’une partie. Cela ne ferait pas partie de la vie sérieuse. Le capital serait obscène par sa nature même, il ne servirait qu’à entretenir une classe d’oisifs, il n’aurait aucune relation avec l’économie réelle, la création d’emplois, l’apparition de jeunes pousses, le progrès de la technique, l’allongement de l’espérance de vie.

Cette poussée actuelle de fièvre gauchiste appartient à une maladie infantile du socialisme. : « Toute classe, même dans les conditions du pays le plus éclairé, même si elle est la plus avancée et si les circonstances du moment ont suscité en elle un essor exceptionnel de toutes les facultés mentales, compte toujours et comptera nécessairement… des représentants qui ne pensent pas et sont incapables de penser. » Qui a dit cela?

 

Jacques Neirynck

Jacques Neirynck est ingénieur, ancien conseiller national PDC et député au Grand Conseil vaudois, professeur honoraire de l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), d'origine belge, de nationalité française et naturalisé suisse. Il exerce la profession d'écrivain.

30 réponses à “Un clair-obscur législatif

  1. “Qui a dit cela?”

    V. I. Lénine, citant Engels (F. Engels, Internationales aus dem Volksstaat, 1874, n°73 Extrait de l’article “Le programme des communards-blanquistes”.), en avril 1920 lors du du II° congrès de l’Internationale communiste (SEO).

    Doit-on retirer son 3e piier et le réinvestir aux Îles Cayman?

    1. Bien sûr que non mais certains le feront. Il ne sert àrien d’édicter des impôts si ceux qui devraient le payer possèdent une échappatoire.

      1. Si une société proposait des services d’optimisation fiscale à la classe moyenne, on peut
        être sûr que toute les échappatoires et astuces du code fiscal se trouveraient vite bouchées.

        Le choix de taxer les revenus du capital plus bas que les salaires est au final un choix idéologique d’une majorité à droite. Tout comme le choix d’avoir un code fiscal passoire dans les très hauts revenus.

        L’initiative est mal fichue, est comme vous le dite, sera contournée par la majorité sans difficulté si elle devait être implémentée.

        Il n’en reste pas moins que la taxation progressive des revenus reste le meilleur outil pour luter contre les inégalités et éviter de devenir une dystopie à l’américaine.

  2. Initiative purement clientéliste, comme le relève très justement M. Neirynck. Que des politiciens réputés la cautionnent me laisse pantois. Le capital ne travaillerait pas prétendent les initiants dans leur communication. Mensonge caractérisé puisqu’il finance l’outil de travail, les bâtiments, les machines, toute l’infrastructure indispensable à n’importe quelle activité industrielle, artisanale ou commerciale. Travail et capital sont complémentaires, l’un serait impossible sans l’autre. Le législateur ne ferait-il pas mieux de travailler à l’ajustement du nombre de signatures nécessaires à l’exercice des droits qui font notre orgueil, pour éviter une surenchère électoraliste trop facile.

  3. A ne pas s’occuper de l’inégalité croissante dans le partage des richesses, on fait le lit de futures guérillas sociales dont la pandémie nous a donné un aperçu. Quels sont donc vos propositions concrètes, pour enfin payer un salaire décents aux aides soignantes de ce pays?

    1. Payer un salaire décent est un combat judicieux plus que de prélever des impôts sur les riches. Il ne serait pas nécessaires de rétablir l’égalité si elle était réalisée en premier lieu. Je ne suis pas en mesure de décider mais tant que je l’ai pu dans mes fonctions je m’en suis préoccupé.

  4. Cet intéressant article me rappelle une illusion que M. Broulis avait claironnée à la TV: le “bouclier fiscal”. Il avait dit que le maximum d’impôts (au total) serait limité à 60% du revenu. Parfait ! J’avais dû engager de gros frais pour entretenir un bien immobilier, ce qui aboutissait à un revenu imposable de 0. 60% de 0 = 0. Pas du tout gros naïf ! Le “revenu” évoqué par M. Broulis n’est pas le revenu imposable, mais un revenu basé sur un rendement fictif de la totalité de votre fortune (je ne me rappelle plus le pourcentage retenu). Donc si vous aviez un compte bancaire qui ne rapporte plus rien, du point de vue fiscal un rendement imaginaire sera attribué à cet avoir pour calculer ce fameux plafond de 60%. À nouveau le fisc ne retient pas la réalité, mais une “réalité augmentée” en quelque sorte, de manière similaire à la valeur locative. C’est un peu – en grossissant le trait – comme si on augmentait artificiellement le salaire imposable d’un employé au prétexte qu’il pourrait gagner plus vu ses qualifications…

  5. Cher Monsieur,

    Pourquoi Monsieur Biden peut critiquer la Cour suprême des Etats-Unies (avortement) ? et la presse trouve cela bien.

    https://www.blick.ch/fr/news/monde/droits-reproductifs-la-cour-supreme-des-etats-unis-porte-un-coup-dur-au-droit-a-lavortement-id16801034.html

    Alors que quand c’était Trump (immigration), la presse trouvait cela mal ?

    Dans les deux cas, la Cour n’a fait que dire qu’elle examinera la question au fond et ne l’a donc pas tranchée…

    Et pourquoi les fakenews de Biden ne sont pas dénoncées avec la même intensité que pour celles de Trump.

    Vous pensez que le camp du bien se lève dorénavant à 08.00 heures et n’a plus de temps de faire son travail ? Mon Dieu, le PS, défenseur de ceux qui se lèvent tôt, à … 08.00 heures…

    1. La presse en elle-même n’est nide gauche ni de droite mais les journalistes sont mal payés et se situent le plus souvent à gauche. Il faudrait les payer davantage.

      1. Le salaire médian des journalistes au moment de l’enquête en février 2020 était de 7333 francs, a indiqué l’USS dans un communiqué jeudi.

        C’est environ 800 francs de plus que le salaire médian de toutes les personnes employées en Suisse, selon l’enquête fédérale sur les salaires de 2018. 

        Salaires plus élevés au service public

        Les salaires les plus élevés (7900 francs en moyenne) sont versés aux journalistes du service public, la SSR, suivis par la presse spécialisée (7633 francs), la presse associative (7333 francs), les publications en ligne (7279 francs) et la presse écrite (7143 francs).

        … cela me paraît bien confortable.

        https://www.jeanmarcmorandini.com/article-472669-pascal-praud-s-en-prend-violemment-a-l-ecole-de-journalisme-de-lille-ils-fabriquent-des-journalistes-qui-sont-tous-dans-le-meme-moule-c-est-la-culture-woke-video.html

        1. Le problème n’est pas le niveau absolu du salaire mais celui de la comparaison avec les gens qu’ils fréquentent et qui sont souvent très fortunés.

          1. Je vous avoue avoir du mal à vous suivre sur ce point. A mes débuts de journaliste dans la presse écrite en Californie, au milieu des années soixante, mon salaire de stagiaire ne dépassait pas 60 dollars (de l’époque) par semaine. Pour toute formation, je n’avais que deux années d’études universitaires, sans aucun diplôme. Il a pourtant suffi que je sorte ma seule carte de presse – j’étais aussi correpondant “stringer” du bureau new-yorkais de l’Agence France-Presse et c’est à ce titre que j’avais sollicité un entretien avec lui – pour qu’un futur président des Etats-Unis, tout juste nommé gouverneur de la Californie, Ronald Reagan, m’ouvre toute grande la porte arrière de sa limousine Lincoln Continental et m’invite à une promenade en compagnie de son secrétaire de presse (qui le retrouvera à la Maison-Blanche) à son arrivée à l’aéroport, le temps qu’ils se rendent au lieu où ils avaient rendez-vous, soit pendant près d’une heure d’autoroute.

            Je pourrais citer quelques autres exemples, comme celui de l’acteur Kirk Douglas et de son épouse, qui nous avaient accueillis, mes collègues de la presse de Los Angeles et moi, dans leur somptueuse villa de Palm Springs, en nous déroulant le tapis rouge. Ou encore un ex-premier ministre britannique en visite en Californie, des célébrités académiques ou du monde des arts.

            Mais s’il y a une leçon que je n’ai jamais oubliée, c’est celle de ce professeur d’histoire, dont j’étais l’un des souffre-douleurs à l’université, et qui donnait une conférence sur la guerre du Vietnam à laquelle mon journal m’avait demandé d’assister. Quand il a découvert que j’étais aussi journaliste, envoyé pour couvrir la conférence, sa métamorphose a été quasi instantanée: d’arrogant et de méprisant, il est devenu soudain mielleux et tout sourire, se pliant en quatre pour me quémander en silence de bien vouloir écrire quelques lignes favorables à son sujet dans mon journal.

            Aucun métier, je pense, n’enseigne autant sur la vanité humaine. J’ai en effet connu pas mal de gens prêts à tuer père et mère pour avoir leur nom dans le journal.

            De retour en Suisse, j’ai cherché en vain de l’embauche dans la presse. Un collègue, correspondant de l’Associated Press au Palais des Nations, à Genève, aperçevant celui de la Gazette de Lausanne au bar, où il m’avait invité, lui avait demandé s’il y aurait une place pour un nouveau rédacteur dans son journal.

            – Engager un nouveau rédacteur? A-t-il répondu en sortant son cigare de sa bouche, oh non, on vient d’acheter une nouvelle rotative.

            Sa réponse aurait dû m’ôter mes dernières illusions sur ce métier, dont on dit qu’il mène à tout à condition d’en sortir. J’ai quand même fini par trouver un poste de stagiaire (de nouveau) dans un obscur quotidien romand, pour le salaire de 1700.- par mois. J’approchais alors de la trentaine et toujours sans aucun emploi réputé fixe et stable en vue. Ce qui n’a pas empêché deux présidents de la Confédération et quelques autres figures notoires de se fendre en quatre pour m’être agréable quand je leur ai demandé un entretien.

            De retour aux études sur le tard, mes diplômes enfin en poche – il faut être patient, surtout quand on a pas mal roulé sa bosse et qu’on se retrouve aux prises avec des gens qui ne sont jamais sortis de l’école -, j’ai non sans mal ni patience trouvé quelques postes précaires dans l’enseignement et dans la recherche pour finir, la soixantaine bien passée, au salaire de 3’000.-, barême minimum d’une personne sans formation – toujours comme stagiaire.

            Au fond, j’aurai fini ma vie active comme je l’ai commencée: comme stagiaire, avec un revenu à peu près égal en fin de carrière à celui du début. On ne pourra pas me reprocher de manquer de stabilité, ni de suite dans les idées.

            Le journalisme, métier classé selon les barèmes officiels à l’avant-dernier rang des plus instables avant celui de comédien, l’enseignement et la recherche – métiers autrefois recherchés et estimés, aujourd’hui sinistrés sinon aux soins intensifs – encore qu’être sinistré au salaire de 7’800.- par mois doit être fort supportable – trois voies royales pour être garanti stagiaire à vie?

            C’est un fait que je n’ai jamais pensé à faire carrière. “Vous n’avez pas eu de chance”, me dit-on parfois pour me remonter le moral. C’est vrai, je n’ai jamais eu de chance, ni en affaires, ni en amour.

            Oui, vous avez raison, on pourrait payer mieux les journalistes et, pourquoi pas? – les enseignants et les chercheurs aussi – du moins toutes celles et ceux qui sont arrivé(e)s à leurs postes autrement qu’à force de ramper beaucoup pour s’élever un peu.

          2. Merci pour ce témoignage éclairant. Les journalistes ont la vocation d’informer et de former l’opinion publique, comme les enseignants dureste, mais ils ne sont pas rétribués à leur juste valeur.

      2. Ah, vous pensez que les journalistes sont de gauche parce qu’ils sont mal payés. Je ne suis pas convaincu. Avant mai 68 les journalistes étaient, dans l’ensemble, de droite. Ils étaient encore plus mal payés que maintenant. Donc l’argument de la paye ne me parait pas convaincant.

        Personnellement, j’explique cette évolution vers la gauche de la manière suivante : premièrement les journalistes se recrutent principalement parmi les universitaires plus ou moins gauchistes et aigris parce qu’ils ne trouvent pas débouchés malgré leurs pseudo diplômes. Et deuxièmement, les éditeurs de journaux d’avant étaient de droite. Par conséquent les journalistes avaient intérêt à adopter un point de vue de droite pour garder leur boulot. Maintenant les éditeurs de journaux sont plutôt de gauche (gauche libérale certes, pas gauche sociale). Par conséquent les journalistes sont obligés de se positionner à gauche pour garder leur boulot.

        Il faut dire ici que les éditeurs de journaux en Suisse ont toujours appartenu à des familles bourgeoises riches, soit libérales, soit conservatrices catholiques, soit radicales. Il n’y avait pas de socialistes. La presse socialiste était essentiellement une presse de parti ou de syndicat. Ces messieurs 8il n’y avait pas de dames) étaient des libéraux de droite, anticommunistes. Les conservateurs catholiques étaient conservateurs et catholiques. Et les radicaux à l’époque, et même s’ils étaient maçons, étaient de droite bien marquée, anti gauche, car c’était comme ça en Suisse depuis la grève générale de 1918. Il y avait même des éditeurs de journaux carrément maurrassiens, comme les propriétaires de la feuille d’Avis de Neuchâtel, et des cas particuliers comme les bonnes soeurs de l’oeuvre de Saint Paul à Fribourg, qui n’étaient pas politisées mais l’Eglise à l’époque était de droite, jusqu’à Vatican II.

        Bref, avant mai 68-Vatican II, les journalistes étaient obligés d’être de droite pour se faire bien voir de leurs patrons. Depuis ces dates, ils sont obligés d’être de gauche, aussi pour se faire bien voir de leurs patrons, qui sont des fils à papa gauchistes post 68ards qui ont hérités de leurs parents qui, eux, étaient de droite. Exemple parfait : Michael Ringier.

        Voilà mon explication du gauchisme journalistique qui n’a rien à voir avec le salaire. Le seul rôle que joue le salaire, c’est que plus on est mal payé, plus on est obligé de se faire bien voir de son patron pour garder son maigre salaire. Donc les journalistes mal payés seront de droite dans les époques ou les propriétaires de journaux sont de droite, et de gauche quand les propriétaires de journaux sont de gauche.

        .

        1. Ceci n’explique pas le virement des patrons de journaux sinon par un glissement de la fortune des possesseurs vers des héritiers gauchistes. Pourquoi le sont-ils devenus?

          1. A cause de la mode, et parce qu’ils appartiennent à la génération post 68.

            Leurs parents appartenaient à la génération post 1918, et post mobilisation 39-45, ainsi que de l’expansion économique des trente glorieuses. Ils étaient donc imprégnés de valeurs patriotiques, conservatrices et anticommunistes qu’elles soient d’entre deux guerres ou de la guerre froide, ainsi que partisans déterminés de la libre entreprise.

            Ce sont des valeurs que la génération post 68 a rejetées.

            La prochaine génération suivra probalement une autre mode. Nous ne savons pas encore laquelle. Peut-être populiste de droite, par un retour du balancier.

        2. Vous oubliez de mentionner que beaucoup d’entre eux sont passé par une faculté de SSP, et à ce titre ont étudié la sociologie.

        3. “premièrement les journalistes se recrutent principalement parmi les universitaires plus ou moins gauchistes et aigris parce qu’ils ne trouvent pas débouchés malgré leurs pseudo diplômes. Et deuxièmement, les éditeurs de journaux d’avant étaient de droite. Par conséquent les journalistes avaient intérêt à adopter un point de vue de droite pour garder leur boulot. ”

          Vous connaissez très mal journalistes et éditeurs. Parmi mes anciens collègues, bon nombre étaient issus de familles qui ne cachaient pas leurs convictions monarchistes, conservatrices et de droite, et ceci en pleine période de révolte estudiantine dans les années soixante – la décennie la plus révolutionnaire du siècle dernier. “Le Journal de Genève”, ancêtre du “Temps” et dont j’ai aussi été le correspondant aux Etats-Unis, à cette époque – la Californie, c’est là qu’il fallait être dans les “gay sixties” – était le porte-voix de la droite libérale au temps où Bernard Béguin en était le rédacteur-en-chef. Ni lui, ni aucun de mes anciens rédacteurs-en-chef, en Suisse ou aux Etats-Unis, ne m’ont jamais empêché d’écrire ce que je voulais ni forcé à me plier à un quelconque parti-pris. Au contraire, tant que je ne dérogeais pas à la ligne éditoriale du journal ou de l’agence qui m’employait, j’y ai joui d’une liberté et d’une indépendance quasi complètes, qu’on ne retrouve guère ailleurs – raisons pour lesquelles je ne regrette en rien d’avoir choisi ce métier, malgré sa relative précarité et son instabilité.

          S’il est vrai que la presse était en majorité de droite au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale et au faîte des “Trente Glorieuses” – aux Etats-Unis, comme en Suisse d’ailleurs, les entreprises de presse sont de plus par tradition familiales -, dès les années soixante le vent a tourné non seulement parmi les directions de journaux mais d’abord dans le recrutement des journalistes. A l’origine ils étaient formés dans les filières traditionnelles des lettres, surtout en philosophie et en histoire. Bernard Béguin et François Landgraf, ancien rédacteur-en-chef de la “Gazette de Lausanne” dont j’étais aussi le correspondant “free lance”, étaient tous deux “belles-lettriens”. Avec la démocratisation des études, les disciplines humaines et sociales ont pris la relève, les facultés de sciences politiques, d’économie, de droit et de sociologie fournissant le gros des bataillons de la presse.

          L’université, en faisant miroiter le leurre des études accessibles à tous, est la première responsable de cette inflation d’effectifs. Qui en a profité, sinon les mandarins, qui sont rarement des journalistes et que les révoltés des années soixante croyaient avoir déboulonné de leur piédestal? Ils n’ont pas tardé à s’engouffrer dans la brèche que les étudiants, grands perdants de la révolte, leur avaient ainsi ouverte. Tandis qu’ils abandonnaient leurs responsabilités d’enseignants à des assistants mal formés et sous-payés, il se réservaient les seuls délices de la recherche.

          Résultat: comme j’ai déjà pu l’évoquer sur d’autres blogs, les étudiants sont retournés à leurs études et ont passé leurs examens avant d’échouer en journalisme ou dans l’enseignement, métier que l’on fait quand on ne sait rien faire d’autre, comme on sait… Monsieur Neirynck a proposé une traduction très originale du fameux “Those who can, do; those who can’t, teach”.

          Quant aux mandarins, ils se sont incrustés à leurs plus que jamais.

          La presse, elle, s’en porte-t-elle plus mal pour autant?

          1. A l’avant-dernière ligne, lire “…ils se sont incrustés à leurs postes plus que jamais” (et non “à leurs plus que jamais”).

            Avec mes excuses pour cette erreur.

  6. Vous offrez un tuyau gratuitement à la gauche au sujet du partage libéral entre salaire et dividende de certains chefs de petites entreprises. Demain ils vaudront légiférer, avec un seul souci, qui est de faire payer plus !

    1. Je n’ai pas inventé ce tuyau qui a déjà été évoqué dans les débats comme argument par les opposants. Comme la gauche n’a pas la majorité au parlement, elle ne pourra rien imposer.

  7. Comme vous dites, il s’agit d’abord d’identifier et de différencier le capital du revenu . A priori, cela parait simple , mais quand on commence à analyser la question , cela devient plus subtil :
    On peut comparer le capital à un arbre et ses fruits le revenu et il suffirait de compter les fruits pour en déterminer le revenu, mais si les fruits sont récoltés par un employé, ce dernier recevra un salaire , soit un revenu qu’il faut déduire du précédent . On peut encore compliquer la situation en imaginant que le revenu sous forme de fruits soit transformer en capital , par exemple en construisant une usine à produire du jus de fruit … Le capital grossit entrainant plus de travail et plus de revenus secondaires …
    Difficile de faire la différence entre revenus du capital et des autres … et on peut multiplier les exemples, les rendant toujours plus complexes …
    C’est pourquoi, certains avaient proposé de taxer toutes les transactions financières et les taxes dépendraient autant du montant que du nombre de fois où ce même montant faisait l’objet d’un transfert ( achats et ventes d’actions par exemple ), ce qui permettrait de rendre ces prélèvements meilleur marché pour chaque opération ( le paiement d’un salaire ne représentant qu’une opération) … Au lieu d’une TVA , on trouverait une TVT ( taxe à la valeur transmise) moins élevée et pour la calculer , il suffirait de diviser la totalité des taxes prélevées par le montant total des transactions … Celui qui spécule en achetant et vendant très souvent paierait donc plus que celui qui se contente d’un salaire à la fin du mois …
    Ce principe serait bien plus facile à mettre en oeuvre et infiniment plus simple pour le législateur et l’administration , parce qu’un taux unique s’appliquerait …
    La difficulté, comme toujours, est de mettre tous les acteurs d’accord …

    1. Imaginez un hypermarché alimentaire qui n’offre pas de fruits de couleurs vertes, ça fait bizarre et les consommateurs se détourneront. La Suisse est l’hypermarché de la finance et de la spéculation boursière. Jeune, j’ai travaillé dans les changes devises (Forex), certains clients qui avaient une fortune de 1 million faisait un chiffres d’affaires annuel de 300 millions et laissaient aux intermédiaires financiers 500 mille à un million de courtage en moyenne sur l’année. Ces clients partent tout de suite et d’autres suivront et l’hypermarché deviendrait spécialiste dans la gestion passive. La Suisse ne peut pas appliquer ce BON système (les prélèvements sur les transactions) sauf si toutes les places financières l’appliqueraient en même temps.

  8. Bonjour,

    je suis d’accord avec vous que cette initiative gauchiste est purement à des fins publicitaires et n’amènera pas plus de recettes et d’égalité.
    Néanmoins je remarque que vous écrivez “Comme ils sont devenus riches parce qu’ils ont réussi à échapper à la fiscalité” : à mon avis cet argument (gauchiste) est faux. S’il suffisait de ne pas payer d’impots pour être riche tous les gens qui gagnent peu devraient être riche! Sérieusement, la plupart des gens riches le sont pour plein de raisons et ,en général, parce qu’ils ont produit de la richesse (des entreprises qui se sont bien développées, des nouveaux produits,…) le fait de ne pas payer tout les impots qu’ils devraient ne fait que de les rendre un peu plus riche, mais ne change rien au fait qu’ils le seraient de toute façon.

  9. La fiscalite n’a pas comme seul but “de prendre en charge la depense publique”, mais au aussi celui d’une redistribution.
    L’evolution des salaires depuis les annees 80, n’a aucune commune mesure avec celle du capital. Alors que les salaires stagnent (sauf pour les hauts revenus), la remuneration du capital a explose sur la meme periode.
    Vous oubliez assez facilement tous les cadeaux fiscaux octroyes aux riches ces dernieres decennies, alors parler de demagogie “gauchiste” est assez malvenu.
    La “finance casino” et “l’optimisation fiscale” (comme ce terme est bien poli) des grandes fortunes, a fait s’accroitre le fosse entre les riches et les autres, toutes les recentes etudes l’etayent. Il faut etre assez tordu pour le nier.
    Peut etre une demagogie droitiere.

    1. Si la fiscalité a pour but de redistribuer, c’est effectivement une sorte de Monopoly où l’on fait croire à certains qu’ils gagnent plus que d’autres pour leur enlever une part de leur surplus en fon d’année. Cela entérine le fait que ceux qui sont subsidiés de la sorte n’ont pas reçu le salaire auquel ils avaient droit et qu’il est impossible d’y arriver. Ne serait-il pas plus digne d’exiger des salaires convenables?
      Référence des récentes études?

      1. Oui des “salaires convenables”, ca serait une bonne idee a soumettre a vos amis patrons…
        Mais on sait que pour eux, les actionnaires sont plus important que ceux qui travaillent, alors il y a loin de la coupe aux levres…

  10. Je vous délivre mon étoile du blogueur le plus assidu.

    Dommage que vous n’êtes pas plus nombreux ici.

    Je suis très pessimiste sur l’avenir des blogs du Temps. Le niveau, la fréquence de publication et l’interaction baissent. Vous êtes une exception. Merci.

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