Le  Pouvoir et la Science perdus de réputation

 

 

La technique et l’économie sont soumis à une rude concurrence internationale. La Suisse ne peut plus vivre seulement de ce qu’elle produisait voici un demi-siècle : de la phénacétine, des montres mécaniques, du fromage, du chocolat, des sports d’hiver. Dans le classement du PIB par habitant en 2020, la Suisse vient en quatrième position (après le Luxembourg, la Norvège et l’Irlande) avec 80 132 $ alors que les Etats-Unis en ne sont qu’à 53749$ et la France à 40 521$. Cette brillante réussite entraine des conséquences positives. La France a un taux de chômage de 8%, qui est plus du double de celui de la Suisse à 3%. Tous les matins, 300 000 frontaliers franchissent la frontière dans un seul sens. En Suisse, le revenu mensuel moyen est de 7 125 $, le plus élevé du monde ; en France de 3 533 $.

Cette réussite ne s’est pas produite toute seule : elle est le fruit de beaucoup de travail, d’ingéniosité et de créativité. Elle provient d’une industrie de pointe jouissant de travailleurs qualifiés, encadrée par les meilleurs chercheurs et d’excellents ingénieurs de développement avancé. Dès lors, il faut bien que ceux-ci soient formés quelque part. C’est pour l’instant la tâche des deux EPF. Celles-ci doivent recruter des étudiants, qui soient à la fois doués au départ, dument motivés et convenablement préparés. Pour l’instant les EPF jouent dans la cour des grands et même des meilleurs. Il faut savoir que cela dépend de la qualité de leurs recherche et que celle-ci dépend d’bord de celle des chercheurs.

La réussite de la Suisse dépend aussi de la formation à d’autres niveaux. A Yverdon on forme d’excellents ingénieurs de terrain pour encadrer la production, tandis qu’à Lausanne, on forme à la recherche et au développement.  Ce n’est pas le même profil et les deux doivent être disponibles. Ailleurs encore, on attribue des CFC qui font l’envie du monde. Le prix Nobel Mayor souligna qu’il n’aurait pas réussi, s’il n’avait été soutenu par d’excellents artisans qui ont construit les instruments dont il avait besoin.

On défendra la thèse selon laquelle l’excellence technique de la Suisse doit être maintenue à tous prix. Le bien-être de tous en dépend : la solidarité sociale, la santé, la sécurité, la paix du travail, la permanence des institutions, la stabilité du droit. Mais se placer dans la compétition internationale, c’est exigeant et stressant, ce n’est pas un long fleuve tranquille. On peut comprendre que certaines personnes aimeraient revenir à la Suisse du siècle passé, voire plus tôt encore. Elles ont le droit d’exprimer cette nostalgie jusque dans les urnes par un vote identitaire. Mais elles ne peuvent présenter cette marche arrière comme un idéal opposable à tous. C’est cependant ce qui est régulièrement proposé.

La quête de l’excellence suppose beaucoup d’efforts de tous. Elle a aussi des inconvénients. Il faut recruter les meilleurs cerveaux dans le vaste monde comme continue à le faire la Silicon Valley et pas seulement en Suisse. Face à ces petits génies étrangers, d’aucuns Helvètes peuvent se sentir discriminés et s’engager pour la fermeture des frontières. Même s’ils ne sont pas au sommet de leur profession, ils devraient cependant réaliser qu’ils bénéficient de la réussite de la Suisse et donc s’abstenir de la critiquer ou de l’entraver.

La méfiance à l’égard de la Science en général se manifeste à deux niveaux. Le plus visible actuellement est la contestation de la vaccination et le refus du passe sanitaire. Lorsque des manifestations en ce sens se répandent dans les rues, lorsque le taux de vaccination stagne à 52% contre 83% à Malte, championne mondiale, et reste bien inférieur à celui du Portugal, de l’Espagne, de la France et de la Belgique, on doit se demander quelle image de la médecine se fait la population suisse. Et quel crédit elle accorde au Conseil fédéral qui ne cesse de la recommander. Trop de gens soupçonnent le vaccin Covid de ne pas être efficace, de n’avoir pas subi de test clinique ou de présenter des effets secondaires plus graves que la maladie elle-même. Les élus et les experts ont beau se porter en faux contre ces fables, trop de gens à risque négligent de se vacciner, se retrouvent aux soins intensifs et en meurent parfois. On est ici dans le déni grave de réalité. Ces victimes du Covid n’ont aucune estime pour les médecins ou les politiques : ce que ceux-ci disent n’a pas plus d’importance que les ragots colportés sur les réseaux sociaux.

Le second indice est l’indifférence massive dans laquelle la Suisse subit l’exclusion des programmes de recherches européens. Cela a commencé en 2012 par l’acceptation de l’initiative dite « contre l’immigration de masse » acceptée par 50,3% du peuple et la majorité des cantons, bien qu’elle ait été déconseillée par tous les partis hormis l’UDC. L’UE a immédiatement pris la mesure de rétorsion qui consistait à supprimer la participation entière de la Suisse au programmes Erasmus (échange d’étudiants) et Horizon2020 (programmes de recherche). Cette mesure avait été amplement prédite lors de la campagne, niée par les initiants et néanmoins appliquée immédiatement. Après coup d’aucuns ont stigmatisé l’UE pour avoir pris cette mesure. Cela n’a rien changé.

Depuis l’UE a lancé un nouveau programme Horizon Europe, qui court de 2021 à 2027 avec un budget record de 100 milliards d’euros. La Confédération est prête à y investir 5.4 milliards de francs. Néanmoins depuis la rupture des négociations en mai 2021, l’UE a rétrogradé la Suisse au rang de pays tiers. Bien qu’on ne sache pas si et comment la Suisse pourra collaborer à ce nouveau programme, cette incertitude semble ne pas déranger grand monde.

Entre 2014 et 2018, près de 1.1 milliards de francs ont été versés par Horizon 2020 à ls Suisse qui bénéficia de crédits supérieurs à son apport au budget. Et donc, paradoxalement l’UE, dont la Suisse ne fait pas partie, subventionna sa recherche., tout simplement parce que celle-ci est à un niveau d’excellence. On ne se situe pas dans la recherche de pointe si on n’est pas profondément engagé dans la coopération internationale. Ce n’est manifestement pas évident pour les électeurs suisses. Il est cependant impensable de fonctionner en vase clos. La Suisse garde et attire dans la situation actuelle un surplus de chercheurs : 54% des docteurs diplômés en Suisse demeurent dans le pays qui jouit encore de 32% de chercheurs formés à l’étrangers et importés après leur doctorat. La qualité de la recherche helvétique est évidemment la raison de ce succès en plus d’un niveau élevé de salaires et de l’agrément de la vie. C’est cela qui est maintenant en jeu. Par exemple le programme ITER, visant à démonter la faisabilité de la fusion nucléaire, apporte au Swiss Plasma Center de l’EPFL de 7 ä 8 millions de francs chaque année. Si la rupture avec l’UE était consommée, le même programme ne pourrait être poursuivi qu’aux frais du contribuable suisse. Il doit le savoir et il devrait y réfléchir avant de glisser un bulletin dans l’urne.

L’opinion publique ne perçoit que les inconvénients du progrès technique, qui sont évidents : Hiroshima et Tchernobyl, le réchauffement climatique, la surpopulation, la mondialisation, la délocalisation, le déclin des espèces biologiques, etc…Le mouvement écologiste est né de cette constatation. Cela tient tellement de place que les avantages sont gommés. Ils sont cependant très réels comme la vaccination du Covid le démontre : elle n’est pas sans inconvénient mais elle constitue le seul moyen d’éradiquer le virus et de restaurer la vie d’avant.

Au vu de ces indices de désaffection de l’opinion publique à l’égard du Pouvoir et de la Science, ne serait-il pas urgent d’un faire un éloge raisonné et équilibré plutôt  que tant de critiques mesquines, de soupçons injustifiés, d’obstination populiste ? Nous allons vers une nouvelle confrontation entre savoir et ignorance, pouvoir et peuple sur l’urgence climatique. Il serait intéressant que le citoyen écoute aussi ceux qui savent et ceux qui décident, plutôt que des agitateurs irresponsables, sans aucun projet constructif. Nous ne vivons certes pas en démocratie représentative classique, mais en acratie. Encore faut-il que celle-ci soit bien tempérée. Sinon cela s’appelle l’anarchie. Et cela se paie comme les morts du Covid et les centaines de millions perdus pour la recherche. Comme le dit le proverbe latin : il est humain de se tromper et diabolique de persévérer.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Jacques Neirynck

Jacques Neirynck est ingénieur, ancien conseiller national PDC et député au Grand Conseil vaudois, professeur honoraire de l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), d'origine belge, de nationalité française et naturalisé suisse. Il exerce la profession d'écrivain.

40 réponses à “Le  Pouvoir et la Science perdus de réputation

  1. Vous êtes un sachant et et nous avez fait l’insigne honneur de migrer chez nous attiré par les conditions de vie et le salaire et, maintenant, une majorité ose ne pas être d’accord avec vous, pardon ose ne pas vous comprendre car ils sont ignorants.

  2. Je crois que le problème de la Suisse d’aujourd’hui est que beaucoup de nos compatriotes ont complètement oublié l’histoire de notre pays, qui a été pauvre durant la plus grande partie de celle-ci. Au point que des Suisses ont longtemps dû aller jusqu’à mettre leur vie au service de causes qui n’était pas du tout les leurs, uniquement pour de l’argent, ce qui s’apparente assez à mes yeux à ce que l’on a coutume d’appeler “le plus vieux métier du monde” (que beaucoup pratique par nécessité pour la même raison). Ou alors, plus proche de nous (début du 29ème siècle) et heureusement moins tragique, de s’exiler en Amérique; ici encore pour trouver des conditions de vie meilleures et pas pour fuir des persécutions comme beaucoup d’autres émigrés dans ces contrées lointaines. Une partie des Suisses actuels se comportent un peu comme des enfants gâtés, oubliant qu’il n’y a a aucun “droit divin”, ni garantie de durée, à cette situation héritée des efforts de générations précédentes et obtenue grâce à l’ouverture du pays (combien de grandes réussites “suisses” sont en fait dues à des émigrés de plus ou moins fraîche date?). Nous devrions donc être un peu plus prudents à ne pas détruire les bases de cette prospérité qui, encore une fois, ne nous est nullement garantie “ad vitam aeternam”; si nous commettons trop d’erreurs (et jai peur que ce soit un peu le cas actuellement), le plongeon pourrait arriver plus vite qu’on le croit.

  3. Oups, excusez l’erreur de frappe: “20ème siècle” bien sûr, pas “29ème” (du moins, j’espère que ce ne sera pas le cas 🙂 !

  4. «Science sans conscience n’est que ruine de l’âme…» (Rabelais) Qu’on pourrait aussi traduire par «Cerveau sans Coeur est corruptible…» ou encore «Technique sans Ethique est Pathologique…»
    Il peut être louable de faire l’apologie de la science, d’encenser les élites formées en EPF (par vos soins?)… Mais avec votre article, vous êtes même passé à la vitesse supérieure, vous avez écrit une véritable ode de Foi qui traduit votre vénération profonde de l’Alma Mater. A contrario, vous ne pouvez pas vous empêcher de faire une diatribe sur cette masse de gueux ignorante et inculte (qui véhicule partout l’obscurantisme et l’anarchie). (Je caricature à peine).
    A propos du déni grave de réalité que vous dénoncez, je vous renvoie à la parabole de la paille et de la poutre… La science n’est pas que le bon, le beau et le bien. A cause des faux semblants, dans les yeux des profanes, la science a beaucoup perdu de son humanité, elle a vendu son âme (aux corporations, c.f. agnotologie), et sur de nombreux plans, elle est en perdition (c.f. transhumanisme). A quoi bon savoir guérir des cancers pour des coûts exorbitants, ne serait-ils pas mieux de savoir sauvegarder la santé (individuelle et collective) s’interroge le manant…
    Notre société est malade, notre Terre est malade (de nous). Et derrière ces symptômes, il y a un sens profond à retrouver. Retrouver une manière d’être en vie et en lien. Retrouver l’humain derrière l’inhumain (la machination). Il y a une nouvelle conscience à faire émerger et la science (technique) n’est qu’une facette de quelque chose qui se doit d’être plus grand. « Le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas. » Cela devient de plus en plus évident à mesure que l’on s’approche de l’abysse…

  5. Désaffection du public, vraiment? Encore faudrait-il que vous le connaissiez un peu mieux, et d’un peu moins haut, le public suisse qui sait ce que mettre la main à la pâte, à la machine, voire dans le cambouis, signifie. Vous référer au salaire moyen (ou médian, ici?) vous suffit pour affirmer la richesse des Suisses? Vous connaissez les chiffres des laissés pour compte, des paysans, des familles qui avec 2 salaires n’arrivent pas à finir le mois? Renseignez-vous, y compris auprès de l’OFS ou des associations qui protègent mieux que l’Etat! Et puis ce serait bien de cesser de nous assener votre moralisme de privilégié qui ne se remet jamais en question!

  6. Une science à sa juste place, oui; une science qui prend la place de la religion (voir le précédent billet), non. Le scientisme fait autant de tort à la science que l’obscurantisme. La science est une recherche qui n’a pas de fin, elle n’a rien à conclure au sujet de ce qui existe en vérité.

  7. Le doute est la base de toute la démarche scientifique. Donc, en doutant de la science, nous participons honnêtement de la démarche scientifique.
    La science ne saurait être une religion. Dieu nous en préserve!

    1. En Science on peut et on doit douter de toute hypothèse jusqu’à sa confirmation expérimentale. C’est la méthode qui permet de progresser. De là à douter de la méthode elle-même, il y a une marge. Vous doutez du doute.
      La science n’est en rien une religion et rien dans le blog ne l’affirme.

      1. C’est justement, parce qu’en Suisse, il y a une culture du doute et de la modestie, que la science a pu s’y développer intelligemment jusqu’à ce jour.
        Bien sûr qu’il faut aussi douter de la méthode et la questionner, cela s’appelle la méthodologie.
        Mais comme vous faites l’apologie de la science sans jamais aucun doute, ce n’est plus de la science, c’est une philosophie de vie, basée sur la croyance que la science et la technique vont résoudre les problèmes humains. Désolé, je n’y crois pas une seconde.
        Le XXe siècle a certes permis un bond en avant grâce à la technique, le XXI siècle est en train de nous montrer les LIMITES de cette approche, avec la nécessité de limiter notre utilisation des ressources naturelles.
        Ce n’est pas la science qui nous permettra de nous en sortir, mais la modestie.

        1. Je ne fais pas l’apologie de la science mais je montre qu’elle a une utilité économique qui assure le bien-être de la population.

          1. La question qui se pose alors n’est-celle pas: est-ce la science qui est au service de l’économie ou l’inverse?

            Aujourd’hui, tout démontre que les scientifiques, et l’université et l’école en général, sont asservis à l’économie. Et ce n’est pas d’hier. En effet, que lit-on dans le rapport de l'”European Round Table” de février 1995? Que “L’éducation doit être considérée comme un service rendu au monde économique.” Que dit le préambule au bilan intermédiaire de la réforme “Ecole Vaudoise en Mutation” (EVM) publié par l’ancien Département vaudois de l’Instruction Publique et des Cultes (DIPC) en septembre 2003? Que “L’école et la formation constituent l’un des piliers de la cohésion sociale et l’un des moteurs du développement économique.”

            Depuis l’introduction du “New Public Management” emprunté au monde de l’entreprise à la fin du siècle dernier, l’école et l’université sont-elles devenues autre chose que des super-marchés de l’éducation, où chacun(e) se sert à la carte? Les “catalogues” des cours universitaires sont-ils moins alléchants que les menus du restaurant? La connaissance est-elle autre chose qu’une marchandise et un produit consommable?

            Sommées d’être compétitives – vous ne cessez de le rappeler -, les écoles et les universités ne cessent-elles pas de s’adapter aux demandes des usagers, selon une démarche de “service-clients”? De même, dans le domaine de la santé, le malade n’est plus aujourd’hui un patient, mais un client. Dans ce domaine comme dans celui de l’enseignement et de la recherche, aujourd’hui la performance et les compétences ont remplacé la recherche désintéressée du savoir. Le toyotisme, la “qualité totale”, le managerisme et la statistique ne sont-elles pas devenues les nouvelles Tables de la Loi?

            “Dans un monde scolarisé, le chemin vers le bonheur est pavé par un index de la consommation”, écrit Ivan Illich dans “Une Société sans école”. Il ajoute:” Le Mythe de la Consommation Sans Fin a remplacé la croyance dans la vie éternelle. Les jeunes voient leurs études avec le plus haut rendement financier possible et les maîtres les voient comme un facteur-clé de développement.” Au fond, l’école et l’université n’enseignent qu’un vilain jeu de commerce; jeu de banque, jeu de bourse… comme dirait Edmond Gilliard.

            Est-ce un hasard si c’est un prix Nobel d’économie en 1976, Milton Friedman, qui a déclaré l’école publique illégale – après Illich, Tolstoï, de Rougemont et bien d’autres – et demandé en 1995 qu’elle se reconvertisse en école privée? (Milton Friedman,
            “Public Schools: Make Them Private” – http://la.utexas.edu/users/hcleaver/330T/350kPEEFriedmanPrivatizetable.pdf).

            L’Eglise est séparée de l’Etat. Pourquoi n’en irait-il pas de même de l’école, qui a usurpé le rôle attribué autrefois à l’Eglise, et de l’université, comme le conseillaient Ivan Illich et Denis de Rougemont?

            Mais je sais bien que poser cette question est inutile.

          2. Les universités ne sont pas asservies à l’économie mais elles en dépendent pour leur financement et elles leur fournisse de la matière à exploiter. J’ai travaillé près de 40 ans dans la recherche dans trois universités et même une entreprise sans que jamais on ne me dicta le sujet de ma recherche. Ceux qui la gèrent savent par l’expérience historique que les chercheurs apparemment les plus déconnectés des exigences immédiates apportent les contribution décisives Il est donc indispensable de soutenir les recherches les plus abstraites. La compétition entre universités s’évalue en terme de publications, de doctorats, de Prix Nobel.
            Les véritables usagers sont les étudiants mais l’université ne cède pas à la facilité à leur égard. Elle sont au contraire de plus en plus exigeantes.

  8. Pour l’instant, vous ne répondez pas, pas encore, et peut-être pas du tout. Pas de problème! Moi aussi je suis pour l’excellence, pour des Écoles, des échanges de valeur, des plate-formes multidisciplinaires, des rencontres pouvant mener à des réalisations utiles et belles pour la société. Seulement voilà, vous oubliez, dans vos prises de positions, les personnes qui, dans et par leur situation sociale, en sont exclues. Horizon chocolat et Fair mountain? Pourquoi pas? Je ne vous reproche rien. Je vous demande: quand vous siégiez comme Conseiller national en 2010, vous ne pouviez pas ne pas prendre connaissance du projet du Conseiller d’Etat du canton de Berne M. Ph. Perrenoud de réduire de moitié les chiffres de la pauvreté, notamment celle que les enfants de son canton devaient subir? Par exemple de se rendre à l’école sans avoir de quoi petit-déjeuner? Dix ans plus tard, où en est-on au bord des allées où les cabas-repas, préparés par des donateurs et des bénévoles, continuent de parer au plus pressé? Cette population existe, et n’a vraisemblablement pas – ou plus – la force de se battre pour faire confiance dans des jugements à l’emporte-pièce, fussent-ils légitimement basés sur des principes démocratiques. Pandémie ou pas, les scientifiques ne répondent pas aux questions que “vos” publics se posent dans notre pays.

    1. Il y a des pauvres en Suisse. Il y en a moins que jadis. Si nous perdons notre rang technique et économique, il y en aura davantage.

  9. La science n’est ni en dessus des lois , ni de l’éthique ou encore moins au-dessus de la nature . Les scientifiques doivent rester humbles : on a pu le découvrir au cours de la pandémie, pendant laquelle beaucoup de points obscurs restent inexpliqués…
    Le génie génétique pourrait théoriquement modifier notre patrimoine chromosomique en espérant quoi , nous transformer en sur hommes ou selon la volonté de certains pouvoirs totalitaires nous transformer en moutons obéissants ?
    Les médecins allemands ,ayant pratiqué des expériences abjectes sur des prisonniers pendant la guerre , étaient-ils des scientifiques responsables ? Ou ceux qui ont permis de construire la première bombe atomique ?
    La science n’est pas d’une absolue vertu et tout ce que découvre les scientifiques n’est pas foncièrement bon pour la société ou la nature …
    Par conséquent, mettre la science sur un piédestal , comme une déesse à vénérer serait une erreur à éviter … tout autant que de la rejeter comme l’inquisition le faisait …
    Et il faut éviter toute discrimination entre le bon peuple que vous prenez pour des analphabètes et les savants que vous surestimez en pratiquant un manichéisme fondamentaliste plaçant les scientifiques dans le bien et ceux qui ne sont pas d’accord avec vous dans le mal …

    1. Le blog n’est pas consacré à une apologie de la science mais à la description d’une réputation perdue et des inconvénients qui en résultent, par exemple en ne se vaccinant pas. Le bénéfice du vaccin n’est pas la vertu mais la santé ou même la survie. En décriant la science on impressionne les moins instruits et on aboutit à ce que la Suisse se vaccine moins que d’autres.

      1. Peut-être que les médecins ou autres personnels hostiles à ce vaccin sont eux-mêmes responsables du taux de vaccination en Suisse !

        Et j’ajoute à propos de ITER , qui va couter pas moins de 50 milliards d’Euros , ne va pas constituer la panacée pour produire de l’énergie !
        Le Soleil, à lui seul, nous envoie 10 puissance 17 joules par seconde , bien plus que toutes les centrales qu’on pourra construire un jour …

        1. On peut évidemment décider d’arrêter la recherche sur la fusion nucléaire. Et puis sur les OGM. Et puis sur la cosmologie. Et puis sur la recherche fondamentale. Et geler nos connaissances. Certains y aspirent. C’est une possibilité mais je n’en suis pas partisan.

          1. Ai-je dit cela ? Vous interprétez à loisir et me faites dire le contraire de ce que j’ai écrit !
            Vous n’êtes pas honnête ……..

  10. Vous dites que le vaccin est le seul moyen d’éradiquer le virus… mais j’ai le regret de vous (re)dire que ce virus est impossible à éradiquer. Premièrement, étant donné que le vaccin ne réduit la transmission que de 50% comme le montrent les dernières études, L’immunité collective pour un virus avec cette contagiosité est inatteignable. Deuxièmement, ce virus a très probablement une origine animale, ce qui fait que le virus resurgira tout le temps. Arrêtez donc avec ce sophisme là. Et arrêtez aussi de dire que si l’on est contre le pass sanitaire, on est ignorant. La mortalité du virus avec les personnes vulnérables vaccinées est plus faible que la grippe. Pourtant vous n’en faites pas tout un plat pour que l’on se fasse vacciner chaque année. Nous allons devoir vivre avec ce virus.

    1. Eradiquer est peut-être trop fort mais contenir, atténuer les effets, rétablir l’économie seraient plus appropriés. Reste à comparer ce que l’épidémie serait devenue sans vaccin.

  11. Il n’y aucune raison pour que l’Europe donne aux chercheurs établis en Suisse, dont beaucoup d’étrangers, plus que la contribution suisse dans le Fonds dédié de l’UE. D’ailleurs, la Suisse a promis de compenser. L’enjeu est de coopérer scientifiquement pour aller plus vite et mieux, et c’est là précisément que le bassesse de la Commission E. brille grâce à sa pourriture. Quelle serait la raison pour laquelle turques et israéliens échangent du savoir et pas la Suisse dans le programme? Tout n’est pas argent, c’est de la politique de bas étage, qui consiste à menacer et à faire du chantage. Pour une telle affaire le CF aurait dû crier au scandale, rien ne justifie un tel comportement de la supposée amie allemande de la Suisse: Mme Von der Layen, qui se révèle aussi inamicale dans son approche que son prédécesseur luxembourgeois.

    1. Le problème n’est pas la moralité de l’UE mais sa capacité de nous nuire. La politique internationale est fondée sur des rapports de force non sur un manuel de savoir vivre. Le Conseil fédéral peut hurler au scandale selon votre conseil mais cela ne changera strictement rien.

      1. Se nuire pour nuire à l’autre ne relève pas de la politique. La Suisse s’aligne sur les lois européennes petit à petit et importent de l’UE les problèmes du chômage, des réfugiés et de la criminalité. En plus, dans le commerce l’UE Européenne est excédentaire. La science et le progrès, payés par chacun équitablement (pas de raison que la Suisse en reçoive plus qu’elle ne paye), ne devraient pas être un sujet de discussion, c’est quelques chose qui coule normalement de source entre pays amis.

        1. C’est sur cette amitié entre pays que comptait le Conseil fédéral en rompant les relations et le peuple en votant un texte hostile à l’UE. Or, il n’y a pas d’amitié entre les Etats. Ce sont des monstres froids. L’UE s’irrite de la prétention suisse à vouloir les avantages de l’Union en évitant ses obligations. La Suisse doit maintenant décider si elle entre ou non et en assumer les conséauences.

          1. Comme l’UE est un monstre froid, elle ne s’irrite pas. Elle ne fait que de s’adapter. La Suisse de même.
            Pourquoi la Suisse rentrerait-elle dans l’UE, si tout cela fonctionne déjà sans y être?

          2. Parce que cela ne fonctionne pas bien, parce que des Etats centralisés comme la France ne parviennent pas à concevoir le fédéralisme, parce que la démocratie directe manque, parce que la Suisse est un prototype de c’une Europe fédérale et démocratique pourrait être…

          3. Concrètement, qu’est-ce qui ne fonctionne pas entre la Suisse et l’UE?
            Je pense que bcp de pays européens au sein de l’UE voudraient disposer de la marge de manoeuvre dont dispose la Suisse face à l’UE – soit: participer au marché commun, mais garder une politique intérieure autonome, avec des exceptions négociées.
            Ce n’est pas la relation Suisse / UE qui dysfonctionne, c’est l’UE dans ses méchanismes politiques internes.
            Et ce n’est pas la Suisse qui pourra régler les problèmes de l’UE! Les problèmes de l’UE sont insolubles, car ce sont des problèmes de gouvernance hérités du XXe siècle – et jamais la France, l’Allemagne ou l’Italie n’accepteront de perdre leur rôle central dans l’UE. C’est là tout le problème – l’UE est une construction sur des bases instables et peu démocratiques.
            Pour l’heure cela tient le choc – car le marché commun a permis une expansion économique, mais en cas de crise économique grave (et elle est à la porte depuis 2019), on constatera un repli sur des niveaux plus locaux.

  12. La méfiance à l’égard de la Science.

    La preuve est la récente décision de retirer la science dans l’évaluation de promotion. D’ailleurs, la science ne faisant pas partie des ECR.

    Pour terminer comparant ce qui est comparable et évitant alors le sophisme.

    Je n’ai pas trouvé d’emploi en Obwalden, alors que le taux de chômage est proche 1 % et le PIB plus élevé qu’en Valais ou Fribourg.

    Les critères du calcul du taux de chômage sont différentes entre nos voisins et la Suisse. Avec les mêmes critères, le taux de chômage en Suisse serait plus proche de 5 ou 6 %, donc le double.

    Comparons la Suisse à des états similaires en termes de population, de taille: l’Autriche, le Luxembourg, Belgique, Pays-Bas, les pays scandinaves, ou si vous tenez avec la France, l’Allemagne et l’Italie, UK, prenons alors des régions similaires, Bavière, Baden-Württemberg, Lombardie, Ile-de-France, Grand Londres.

    La différence avec la Suisse n’est pas, sinon n’est plus, aussi évidente.

    Lors de mes études à l’EPFL, j’avais l’habitude de me comparer aux meilleurs et non pas aux moins bons.

    1. Il se fait que sur maints critères nous sommes les meilleurs.
      Le taux de chômage est peut-être sous estimé selon une affirmation maintes fois répétée mais jamais justifiée, mais la richesse produite par habitant est une des plus élevées au monde. Par ailleurs certains secteurs ont bien de la peine à recruter. Pour celui de la santé, il faut admettre 40% de soignants formés ailleurs.

  13. M. Neirynck cultive une foi inébranlable dans la Science. Je mets mon espoir, en toute modestie, dans le Génie Helvétique (clin d’œil), l’ingéniosité, la créativité et l’ardeur au travail d’une grande partie de notre population. Notre bonne étoile, méritée probablement, ne s’est jamais démentie, pourquoi douter ? Rendez-vous en 2070 pour la proclamation des résultats !

    1. Les deux ne s’excluent pas. Le génie helvétique repose sur des institutions admirables et produit de la santé, de la formation, du bien-être.
      Je ne cultuve pas une foi inébranlable dans la Science mais je crois que l’on ne peut pas s’en passer, se mettre en dehors de son circuit international. Tel est le sujet du blog.

  14. Ce n’est pas nouveau ce sujet. La méfiance de la science est universelle: Le film “Le seigneur des anneaux” montre la crainte de cette modernité qui nous pousse en enfer.
    Mais ce qui est nouveau, c’est que la science est devenu prisonnière de la lutte des classes. La vaccination montre un fossé entre les plus éduqués et une partie des moins.
    Entre bobos qui pensent à un retour à la Nature, et une partie du prolétariat qui voit la science comme le domaines des élites présomptueux, il y a à convaincre.
    Et c’est là que ça ne tourne pas. Tant que l’égo des scientifiques servent leurs recherches, rien à dire, mais lorsque ceux-ci se cherchent une tribunes médiatiques pour imposer leurs avis, la crédibilité de la science s’écroule et la méfiance augmente, il en suffit malheureusement de pas beaucoup.

    En résumé, il y a un soucis de crédibilités, de lutte des classes et la science doit montrer ses bienfaits avec plus de forces, parce que les médias recherches toujours le négatif.
    Que faire ? En Suisse ça passe par une parole qui touche la classe inférieure, l’UDC à son rôle à jouer.
    Avant de penser UE, il faut déjà reconquérir une partie de cette classe pour éviter le phénomène de la vaccination. Une fois la science revalorisée, “démocratisée”, elle sera mieux soutenue.

    Sur toute la planète, la science est source de méfiance, probablement parce qu’on est balayé médiatiquement par des articles qui se contredisent des années après, genre le four à microonde et le cancer.
    La science doit rester crédible à tout prix et ça passe par des revues scientifiques de meilleures qualités pour éviter la médiatisation à tort des égos, ou d’ONG qui les manipulent pour faire avancer leur causes (recherches biaisées)
    Réputation, c’est le pendant de crédibilité.

    1. Si un expert se prononce dans les médias, qu’il soit sollicité ou spontané, cela ne signifie pas qu’il impose son avis mais qu’il l’exprime. Il serait bizarre qu’il soit le seul à ne pouvoir dire ce qu’il pense. l’UDC ne va pas se départir de son rôle négationniste pou l’épidémie ou le climat parce qu’elle rencontre de la sorte le sentiment d’un électorat snobé par les autres partis. Un parti d’opposition ne peut devenir un parti consensuel sinon surgit un nouveau parti à sa droite.

    1. Elle ne le fait pas mais elle découvre des faits avérés qui imposent des choix politiques inévitables.

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