Taxer n’est pas économiser

 

Le parlement fédéral vient d’accepter une loi sur le CO2 telle que les inconvénients de la transition climatique affecteront surtout les moins favorisés. La sauvegarde de l’environnement et la justice sociale sont deux objectifs qui ne coïncident pas spontanément. L’exemple historique le plus récent est celui des gilets jaunes. Dans la France de 2018, ce mouvement a explosé en réaction à une augmentation des taxes sur l’essence, qui était programmée en vue d’en diminuer la consommation selon la seule logique de la protection de l’environnement. Cette initiative négligeait le fait évident que, pour beaucoup de travailleurs, la voiture constitue le seul moyen d’accéder à leur emploi et qu’ils n’ont pas la possibilité de supporter des taxes accrues avec de faibles salaires.  Cette prise de conscience élémentaire se trouvait hors de portée des fonctionnaires et des parlementaires.

Et cependant la transition climatique tout comme l’épidémie de coronavirus font partie du mécanisme le plus élémentaire de la Nature. Toute modification de l’environnement agit comme un filtre. Elle avantage les plus évolués pour qu’ils survivent. C’est conforme à la cruelle logique de l’évolution selon Darwin. L’épidémie agit selon le même mécanisme en triant entre ceux qui peuvent se faire soigner et les autres.

Une politique intelligente devrait donc prendre en compte deux objectifs difficilement conciliables : sauver la planète ; protéger les populations défavorisées. Dans l’optique de l’évolution biologique naturelle, elles seraient éliminées. Mais l’évolution spirituelle de l’espèce humaine exige peut-être de dépasser cette logique. Dans quelle mesure, avec quels moyens, selon quels critères ? Personne n’y a réfléchi sérieusement à Berne.

Le Conseil national a accepté la taxe incitative de 30 à 120 francs sur les billets d’avion. Le prix du litre d’essence renchérira de 10 centimes au maximum jusqu’en 2024 et 12 centimes au maximum à partir de 2025. La taxe CO2 sur le mazout, actuellement plafonnée à 120 francs par tonnes de C02, sera relevée jusqu’à 210 francs. La production de CO2 devrait diminuer de 50% en 2030. La part des réductions à réaliser en Suisse sera de 75%. Le quart restant sera formellement couvert par l’achat de droits à polluer sur le marché international.

La loi sur le CO2  envisage comme moyen essentiel le renchérissement de certaines prestations : taxes sur les combustibles et l’essence, taxe sur les billets d’avion. Ces taxes supplémentaires sont négligeables pour ceux qui en ont les moyens et qui ne changeront pas leur comportement. Mais elles pèseront tellement lourd sur ceux qui n’en disposent pas qu’ils devront renoncer à certaines prestations. Les sauts de puce pour shopping d’une ville européenne à l’autre cesseront d’être massifs si les billets valent plus que quelques dizaines de francs. Le voyage en avion redeviendra ainsi ce qu’il fut : une prestation de luxe réservée à ceux qui font partie de la classe supérieure.

Le chauffage et les charges des locataires augmenteront. Les trajets en voiture pour aller au travail mangeront une partie des salaires les plus bas, pour des travailleurs qui ne peuvent pas faire du télétravail. Il y aura peut-être des mécanismes de compensation, mais ils n’intéresseront que quelques défavorisés. Cette loi prend en otage la classe moyenne, celle qui paie des impôts et qui n’est pas subventionnée sous une forme quelconque, soit à peu près le tiers moyen de la population.

Est-ce que la production de CO2 diminuera pour autant ? Personne ne peut prévoir quoi que ce soit, face à l’élévation de la température dont ne connaissons pas l’évolution future et à un système économique que personne ne comprend plus. Car ceux qui polluent le plus, qui ont de grosses voitures, qui voyagent beaucoup en avion, qui occupent de grands logements, ne seront pas vraiment incités à diminuer leur consommation. Cette loi favorable aux plus gros pollueurs se conforme aux préjugés de l’assemblée parlementaire et des milieux d’affaire, à savoir que la transition climatique n’est pas un sujet sérieux. Trois thèses contradictoires sont invoquées dans le débat par l’extrême droite : soit elle n’existe pas, soit qu’elle ne serait pas due aux gaz à effet de serre, soit parce qu’il n’y a rien à faire.

Car, il demeure des fractions de l’opinion publique et des décideurs, qui ne sont convaincus ni de la transition climatique, ni de l’épidémie de coronavirus ou qui prétendent ne pas l’être. C’est une application de la règle éternelle : les hommes ne veulent pas savoir que leur civilisation est mortelle et encore moins qu’ils organisent son suicide. De même, la méditation sur sa propre mort ne constitue pas l’activité favorite de la plupart des individus.

La loi sur le CO2 sera probablement soumise à vote populaire, qui se déroulera en toute méconnaissance de cause : qui lira une loi en 87 articles s’étalant sur 39 pages?  Elle risque de fédérer dans une alliance perverse la droite qui trouve que l’on en fait trop et la gauche que l’on n’en fait pas assez. Cette double opposition prouve que la loi est la moins mauvaise que l’on puisse promulguer. Non pas au sens où elle serait en quelque mesure efficace au point de vraiment réduire l’empreinte CO2 de moitié en 2030. On n’en sait rien mais on peut en douter. Cette loi est la seule que nos institutions puissent élaborer dans un contexte de confusion mentale. Elle privilégie l’incitation à la contrainte, elle pèsera plus sur les pauvres que sur les riches.

La raison indique que le peuple fait mieux de la voter, car si elle était refusée, la Suisse perdrait la face. Mieux vaut un tiens que deux tu l’auras. Si un petit pays ne donnait pas l’exemple aux grands, les véritables pollueurs, qui le donnera ?

 

Jacques Neirynck

Jacques Neirynck est ingénieur, ancien conseiller national PDC et député au Grand Conseil vaudois, professeur honoraire de l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), d'origine belge, de nationalité française et naturalisé suisse. Il exerce la profession d'écrivain.

35 réponses à “Taxer n’est pas économiser

  1. Ce que vous oubliez de dire est que la taxe sur les carburants qui a fait sortir les gilets jaunes dans la rue n’était pas (officieusement) prévue pour diminuer la consommation ou affecter cette taxe supplémentaire aux mesures prévues par COP21. En effet, Wikileaks a révélé quelques courriels de quelques conseillers de l’Elysée, …..il fallait compenser la réduction des cotisations sociales patronales !
    Par ailleurs les suisses voteront comme on leur dira de voter, (on) à savoir ceux dont la propagande sera la mieux financée et dont la fréquence des messages sera la plus grande. Enfin, la pollution au CO2 par tête d’habitant est très élevée en Suisse, mais par sa faible population toute réduction de consommation d’énergie serait insignifiant à l’échelle mondiale. Ceci posé respirer un air moins pollué localement est positif pour la santé des suisses.

    1. Sempiternelle confusion entre pollution et émissions de CO2, un gaz qui n’est pas classé parmi les agents polluants ni en Suisse ni au plan international. Il faut lutter en priorité contre la pollution (NOx, SO2, particules fines) qui est réellement nocive pour la santé de nos voies respiratoires. La capture et la séquestration, voire la future réutilisation du CO2 — pour synthétiser, avec du dihydrogène (H2), des agents énergétiques de remplacement aux agents fossiles — font l’objets d’intenses travaux de R&D qui aboutiront in fine à une diminution de la teneur en CO2 de l’atmosphère. D’autre part, en comparaison internationale, vous avez tort, la Suisse fait bien mieux que l’Allemagne, que le Danemark et même que l’Autriche, des pays qu’on serine à nous présenter faussement comme plus vertueux que nous : en tonnes de CO2 par habitant :
      DE : 9.15, AU : 8.16, DK : 5.76, CH : 4.79.
      (Voir ici une liste mondiale : https://en.m.wikipedia.org/wiki/List_of_countries_by_carbon_dioxide_emissions_per_capita)
      Qu’on en prenne bonne note !

      1. Cher Christophe, merci pour la correction apportée. Après lecture effectivement j’aurai dû préciser la différence MAJEURE entre pollution et émissions de CO2. Le réchauffement accéléré du climat et les polluants que l’on respire, et que l’on ingère, ont peut-être un lien malgré tout, en effet l’accumulation de production demande de l’énergie (souvent d’origine fossile) et de multiples intrants, cela conduit à diverses pollutions directes et indirectes. Pour l’anecdote, le nombre de SUV et autres 4×4 que l’on croise en ville sur le plateau central me fait douter que la Suisse soit un pays vertueux en matière de pollution. Mais comme je l’ai précisé, à l’échelle mondiale nous sommes insignifiants.

        1. Cher John, pour illustrer par l’actualité les conséquences néfastes de cette confusion, voici justement un article du 7 octobre sur un récent rapport de la Cour des comptes française (juillet 2020) qui, elle, souligne ceci : «La réduction des émissions de gaz à effet de serre et celle des polluants ne vont pas systématiquement de pair… » Voici le lien :
          https://www.transitionsenergies.com/cour-des-comptes-pollution-automobile/
          Et le rapport lui-même est accessible ici :
          https://www.ccomptes.fr/system/files/2020-09/20200923-58-2-rapport-politiques-lutte-contre-pollution-air_0.pdf
          Il est assez volumineux (110 pages, plus 12 annexes détaillées !), mais il contient 12 recommandations (pas seulement des taxes incitatives…) dont on pourrait aussi profiter ici.

      2. Comme à son habitude, le professeur de Reyf la ramène avec des chiffres, pour donner l’illusion de s’y connaître.

        En fait, niet. Il mélange tout, en jouant sur les mots. Encore un qui fait partie du problème.

        1. Je prierais simplement Madame Martine X (anonyme, quel courage !) de préciser ses critiques qui semblent ainsi gratuites sans plus de précision…

        2. Et vous, quelles sont vos compétences scientifiques pour préjuger ainsi de celles autres, courageusement masquée derrière votre pseudo?

      3. Un polluant dépend d’un contexte, on peut pas vraiment classer une substance comme agent polluant ou non de manière absolue. Pour illustrer la complexité de la notion de pollution, on parle bien de pollution sonore ou acoustique et même de pollution thermique dans la protection des écosystèmes. Donc le CO2 est un polluant si on se focalise sur le contexte climatique.

        1. «Alle Dinge sind Gift, und nichts ist ohne Gift; allein die Dosis machts, daß ein Ding kein Gift sei»
          Paracelsus: Die dritte Defension wegen des Schreibens der neuen Rezepte. In: Septem Defensiones 1538. Werke Bd. 2, Darmstadt 1965, S. 510.
          Traduction de cette citation de Paracelse : «Toutes les choses sont poison, et rien n’est sans poison ; seule la dose fait qu’une chose n’est pas poison» aurait pu être retenue par les juges des diverses instances.

          Une atmosphère à 100% en dioxygène (O2) est mortelle en ce que, brusquement, toute matière assez inflammable peut s’enflammer spontanément et se trouve carbonisée. La catastrophe de l’incendie d’Apollo I et de la mort de ses trois occupants en 1967 en est un exemple. Une atmosphère à 100% en diazote (N2) est également mortelle, par étouffement, d’où le nom allemand “Stickstoff” bien que ce soit un gaz dit inerte. On ne parle pas du dioxyde de carbone (CO2) tout aussi mortel lorsqu’il est présent à plus de 25% par étouffement et acidose. Une valeur limite sanitaire d’exposition maximale de 3% a été fixée pour 15 minutes au maximum. Cela bien que le CO2 ne soit pas une substance chimiquement dangereuse en soi.

  2. Analyse claire et lucide. Mais alors pourquoi cette conclusion “raisonnable” ? Si la loi échoue en votation, cela ne changera pas grand’chose du point de vue climatique, selon votre analyse. Faut-il donc donc faire payer les moins favorisés pour sauver la face de la Suisse ? On aura droit à quelques titres dans la presse étrangère, à des sourires amusés et peut-être compréhensifs dans quelques conférences internationale. Et c’est tout…

    1. Il ne faut pas donner le mauvais exemple. Si la Suisse n’est pas vertueuse, comment l’attendre de la Russie ou de la Chine? Comme dit dans le commentaire de Caillet, la seule façon de prélever des taxes, c’est de les appliquer aux moins riches. Les riches sont riches parce qu’ils ne paient pas de taxes grâce à toutes le failles du système. La loi est donc la moins mauvaise mais certainement pas la meilleure, ni même une bonne loi. Au pis ce sera un coup d’épée dans l’eau.

      1. “Si la Suisse n’est pas vertueuse, comment l’attendre de la Russie ou de la Chine? ” J’ajouterai :
        Si la Suisse n’est pas vertueuse, comment l’attendre des USA ?
        Et puis la Chine est aussi ,et dans une mesure importante, l’atelier de fabrication de produits destinés aux marchés d’Amérique du nord.
        Délocalisation de la production, en Chine ou ailleurs, pour augmenter les profits et se débarrasser des problèmes induits tels que la pollution.

      2. Il ne faut pas donner le mauvais exemple… Voilà bien une réflexion qui n’a aucun sens. Si une loi est bonne, vraiment satisfaisante, il faut la voter. Si elle ne l’est pas, il faut la refuser. Point à la ligne. Nous ne devons en aucun cas nous soucier de ce qu’autrui pensera de nous. Quelle instance morale est supérieure à l’intérêt de notre pays? Il n’y en a pas.

  3. Décidément, j’apprécie de plus en plus votre manière de voir les choses. Je m’y retrouve complètement.

    J’aime bien cette citation d’Alphonse Allais qui illustre assez bien votre texte me semble-t-il : “Il faut prendre l’argent là où il se trouve, c’est-à-dire chez les pauvres. Bon d’accord, ils n’ont pas beaucoup d’argent, mais il y a beaucoup de pauvres.”

    1. Étrange raisonnement, assez cynique, où l’éthique a de la peine à y trouver son compte. Ainsi l’image de la Suisse a plus d’importance à vos yeux que la diminution certaine du revenu disponible de très nombreux foyers !
      Ps: la Chine et la Russie doivent se soucier comme de leur dernière chaussette de ce que fait ou ne fait pas la Suisse dans ce domaine.
      .

      1. “la Chine et la Russie doivent se soucier comme de leur dernière chaussette de ce que fait ou ne fait pas la Suisse dans ce domaine”

        Vous avez parfaitement raison et vous retrouverez exactement cette vision des choses dans les différents commentaires que j’ai eu l’occasion de laisser dans différents blogs.

        “Étrange raisonnement, assez cynique”

        Je vous rappelle que la citation est d’Alphonse Allais (1854–1905). Rien de nouveau sous le soleil donc.

        En ce qui concerne le cynisme, je crains que si vous voulez comprendre quoi que ce soit à ce qu’il se passe dans le monde, il vous faudra faire abstraction de la morale.

        Je me souviens de cet interview d’Alexandre de Marenches par Christine Ockrent (“Dans le secret des princes” https://www.amazon.fr/Dans-secret-princes-Ockrent/dp/2253042935)
        Il disait que lorsqu’il se passe quelque chose dans le monde il n’y a que deux choses valables à faire :
        1. Ouvrir une carte de géographie et voir où les choses se passent.
        2. Se poser la question : qui a intérêt ?
        Toute autre approche est inutile. Moralement confortable, mais inutile.
        Le livre est un peu daté mais le propos reste parfaitement d’actualité.

        Et puisqu’on est dans les citations, en 1937, Anastasio Somoza prend le pouvoir au Nicaragua. Roosevelt discute à son sujet avec son secrétaire d’Etat qui lui dit : “C’est un salaud”. Et Roosevelt de répondre : “oui, mais c’est notre salaud !”.

        La gestion de la crise climatique ne pourra pas faire abstraction de cette amoralité car je doute que la géopolitique et les rapports de forces entre les et à l’intérieur des nations aient beaucoup évolué depuis cette époque.

        Reste à savoir qui, de la morale ou des intérêts de la Suisse, l’emportera lors de cette votation.
        En toute méconaissance de cause.

        1. Libre à vous de citez des auteurs d’il y a un siècle, pour essayer de prouver que rien n’évolue.

          Mais pour en revenir à la reine Okcrent que vous citez, n’est-elle pas la femme du pire couard Ministre-Médecin-MSF que la France ait connu et qui a voté la guerre de Lybie?

          Alors, j’ose espérer que la Suisse aura une autre morale que la française des Jeux 🙂

          1. 1) En français, “Lybie” s’écrit “Libye”.

            2) Le “pire couard Ministre-Médecin-MSF que la France ait connu”, qu’on approuve ses prises de position politiques ou non, n’a pas moins fondé “Médecins Sans Frontières” (MSF) au Biafra, la guerre dite de “libération” la plus meurtrière du XXe siècle. Avec les “French Doctors”, tous volontaires, il a opéré pendant les longs mois de guerre dans des bunkers de fortune, avec un équipement dérisoire, sous les bombes et la mitraille. Certains des autres “French Doctors” sont parmi les seuls Occidentaux à n’avoir pas abandonné la population civile à la chute du réduit sécessionniste, en janvier 1971.

            Et vous, où étiez-vous pendant ce temps?

          2. @ Fondateur MSF
            Raison de plus pour ne pas accepter son retournement de veste au cour de sa carrière de Ministre.
            Mais tous les politiques n’ont pas le courage et la lucidité d’un Nicolas Hulot.

            P.S. Plus on manie différentes langues, moins on parle une correctement 😉

  4. Vivent les jeunes et vive la démocratie directe! Vivent ceux qui entendent bousculer un tantinet le parlement avec ses compromissions douteuses et son manque d’ambition.
    Quant au fait d’accepter ce truc coûteux et nauséabond pour sauver la réputation de la Suisse, laissez-moi rire. Porter le débat sur la place publique présente de nombreux avantages:
    1) Si l’on veut que les choses bougent, il faut l’adhésion de la population.
    2) On n’arrivera à rien sans un plan cohérent de financement et d’exécution de la transition écologique.
    Du courage! du courage! du courage! et encore de l’ambition!
    Oui, il y a mieux à faire que de suivre les propositions du parlement. C’est même une nécessité de faire mieux.

  5. Au-delà de tout cynisme, concernant ces deux prochaines votations (CO2 + transparence multinationales), ce qui est frappant est de voir les “nationalistes” ou “patriotes”, appelons-les comme on veut, s’y opposer.

    Alors que ce sont deux instruments de communication extraordinaire pour une Suisse respectable et respectée.

    Bon, on agite toujours la manette usuelle et bien connue de la perte d’emplois.
    Si l’on voit que les, environ, 2’200 milliardaires du monde (combien de 00.0%?) ont augmenté leur fortune de 7’900 milliards à 10’200 milliards en deux ans, il y a de la marge, même pour ceux de l’UDC.

    Ce n’est plus une lutte des classes, mais la surclasse 🙂

  6. Rien n’empêche de faire des taxes à sommes nulles. On peut augmenter d’un côté et baisser de l’autre.

    Si on regarde l’essence, pour une augmentation de 10ct, on peut toujours compenser par une baisse d’ impôts sur le véhicule.
    Pour le fuel, on peut toujours instaurer 2 taxes, une actuel, et une autre qui s’ajoute en cas de dépassement de cota calculé sur un volume à chauffer. Afin que seul les personnes en excès soient pénalisée.

    Pour moi il est très, mais très important, d’arriver à jouer avec les taxes/impôts pour qu’en consommation ordinaire, les charges pour le citoyen n’augmentent pas. C’est ainsi que les efforts se feront plus facilement et seront soutenu.

    En gros que celui qui fait des efforts y voit un gain économique, et celui qui abuse y perd. Les plus modestes, ainsi, seront moins impactés, au contraire d’une politique de taxe aveugle.

    1. @MOTUS

      “Des taxes à somme nulle” C’est quoi ça? Vous savez bien que ça n’existe pas. On n’augmente jamais d’un côté pour baisser de l’autre. Ca n’existe pas. Une nouvelle taxe est une nouvelle taxe. Elle entre dans le puits sans fond des dépenses de l’état et elle n’en ressort jamais, d’aucun côté. Personne ne payera moins si quelqu’un paye plus. Tout le monde sait ça.

      Miss Thorens a essayé de défendre votre théorie hier soir sur Infrarouge. C’était pitoyable. Personne n’a rien compris à ses explications. Qui peut croire des balivernes pareilles?

    2. Ce qui ne joue pas dans votre logique, c’est que celui qui fait des efforts et qui y voit un gain économique, et bien il consommera davantage du fait de l’augmentation de son pouvoir d’achat.

      Si par exemple on applique un système de redistribution (jouer avec les taxes/impôts comme vous le dites) dans le but de préserver le pouvoir d’achat des plus pauvres, alors ces derniers n’auront aucune incitation à diminuer leur consommation, et donc leur empreinte carbone.

      1. Pourquoi inciter les PLUS pauvres à diminuer leur consommation ? Ceux-ci, parce qu’ils sont pauvres, ont une empreinte carbone très faible. Par définition le pouvoir d’achat des plus pauvres est réduit à l’essentiel. Inciter à réduire comment, en ne se chauffant pas ou moins ? en mangeant un jour sur deux ? Restreindre en premier lieu ceux qui gaspillent, qui achètent un smartphone chaque année, etc….

        1. C’est bien la problématique exposée par M. Neirynck sur la conciliation entre la justice sociale et les exigences écologiques.
          Sur quels critères définit-on ce qu’est une consommation essentielle ? Les critères écologiques ou les critères sociales ?

          Si c’est sur des critères écologiques, alors il est normal de contraindre par exemple les pauvres à ne consommer QUE des produits locaux, c’est-à-dire exit pour eux le café, le chocolat, les fruits et légumes importés, tout produit contenant de l’huile de palme (le Nutella étant un produit très prisé des pauvres). Cette baisse de demande entraînera les distributeurs à moins importer et donc à réduire leurs émissions CO2.
          Si au contraire on maintient leur pouvoir d’achat, alors ils pourront continuer de consommer les produits essentiels (selon les critères sociales), ce qui ne diminuera pas les besoins d’importation, et donc qui ne répond pas aux objectifs écologiques.

          Cela s’applique de la même manière pour la consommation de viande ou des produits laitiers.

          1. Je vois une alternative : payer le travail de manière à ce que ceux qui sont le moins payés puissent acheter local et/ou BIO local. Cela signifie aussi instaurer des barrières douanières pour développer la production locale !!!

  7. ce qu’on oublie est que l’augmentation des frais (chauffages, transports ) aura des conséquences : un distributeur n’hésitera pas à les répercuter sur leurs produits ou services et c’est là que commence une spirale inflationniste que personne ne voit venir et personne ne pourra arrêter …

  8. De deux choses l’une: ou on fait de la gesticulation (des taxes, en clair) qui n’influenceront en rien l’évolution du climat, ou on applique des mesures efficaces et coercitives. Le “hic”, c’est que de telles mesures impliqueraient un changement radical du mode de vie en Suisse, changement inacceptable pour l’écrasante majorité de la population.
    Les joueurs de tennis au Crédit Suisse qui prétendent représenter la population devraient lancer des initiatives “populaires” incluant leurs propositions. Je pronostique qu’elles seraient laminées en votation, si d’aventure elles arrivaient à ce stade, ce qui est très incertain.

  9. Encore une chronique lucide.

    Mais plus que le CO2, le problème semble global : nous consommons trop de ressources, de manière inégale. D’ailleurs, si nous délocalisons nous centres de production, nous délocalisons également la production de co2…

    Comme le dit Jean Vernet ci-dessus, il apparaîtrait que la seule solution viable à long terme serait de changer notre façon de vivre, drastiquement.

    Malheureusement je ne crois pas que cela se produira de notre bon gré. Et même si c’était le cas, cela ne se fera pas sans douleur. D’un autre côté, plus nous attendons, plus la transition sera douloureuse.

    Alors que faire ? J’ai bien peur qu’il faille espérer que les oracles se trompent ou que le génie humain trouvera la technologie (ou la magie) qui permettra de produire plus avec moins de ressources. Autant essayer de changer le plomb en or.

  10. D’accord avec votre analyse. De toute façon la filière fossile aura une fin avec l’épuisement des stocks et se fera de gré ou de force. Favoriser les diverses alternatives non polluantes est une bonne option, mais devront être en mesure de remplacer les hydrocarbures et les charbons représentant encore environ 80% de nos ressources énergétiques.
    Si dans un premier temps une taxe peut y contribuer, pourquoi pas et tant mieux et qu’elle soit équitable. Que les décideurs politiques abandonnent leurs croyances poussiéreuses, prennent conscience de la réalité de notre planète et du saccage de notre environnement, car c’est cette réalité là qui aura le dernier mot et non pas les idéologies, par définition éphémères.

  11. A lire les commentaires, ça s’annonce mal pour la votation – du point de vue de ceux qui soutiennent cette loi j’entends.

    Bonne nouvelle. On se réjouit qu’une mauvaise loi soit envoyée par le fond et pour longtemps. La politique ne consiste pas à prendre des mauvaises décisions pour se faire bien voir par le reste du monde.

    1. La Suisse peut se donner en exemple, sans se soucier pour autant de l’opinion des autres, mais en essayant de les entrainer sur la voie d’une politique intelligente. La loi sur le CO2 n’est pas mauvaise en soi dans la mesure où elle signifie que le parlement a fini par se rendre compte qu’il y a un problème. Il propose une solution à la mesure de ses préjugés. On ne pouvait pas espérer mieux. Ce n’est pas une bonne loi, c’est la moins mauvaise que l’on pouvait espérer des institutions. Elle est intéressante parce que plus tard, quand il sera trop tard on aura un témoignage de l’état d’esprit de la majorité. L’expérience de la politique m’appris à me satisfaire de peu.

    2. Ceux qu’il faut envoyer par le fond, ce sont tous ces trollesques, sous multi-pseudos, avec ou sans gilet LGBTQ++++ ou arc-en-ciel.

      On s’étonne d’ailleurs que, ni notre ami Jacques, ni le responsable des blogs du Temps n’aient encore compris l’équation.

      Bon, audience, audience, bla, bla 🙂

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