La compétence ne dépend pas du passeport

 

Il a fallu que le Tribunal administratif fédéral intervienne pour qu’un cours de l’EPFL ne soit pas supprimé. On croit rêver. Quelle est la compétence du judiciaire dans l’organisation d’une haute école, dont l’autonomie est garantie et bien nécessaire ?

Les préliminaires de cette décision ne sont pas sans pittoresque. A l’EPFL, les notes de fin du premier semestre ont un effet lourd. Dès la rentrée de septembre 2016, les étudiants de première année n’ayant pas 3.50 de moyenne sur toutes les branches du premier bloc à la fin du semestre d’automne sont redirigés vers le cours obligatoire de Mise à niveau (MAN). Ce cours se donne au semestre de printemps, et sa réussite est impérative pour pouvoir recommencer l’année propédeutique. Sinon l’étudiant est exclu.

Un étudiant en architecture a fait les frais de cette politique et a ainsi été exclu, en 2017, après son échec à la MAN. Il a contesté sa mise à la porte auprès de la Commission de recours interne des EPF. Celle-ci lui a donné raison. L’EPFL a recouru auprès du Tribunal administratif fédéral qui a annulé la décision de cette Commission. Ce cours est donc légal. Mais ce n’est pas le vrai problème. Ce cours est-il utile ?

Chaque année, ce sont plus de 700 personnes, toutes branches confondues, qui sont obligées de passer par ce semestre de remise à niveau qui fait la part belle aux mathématiques et à la physique. Sur les 2425 nouveaux étudiants entrant dans le cycle bachelor, cela fait près du tiers. La première année, le taux de réussite s’est établi à 51%.

Le problème provient des conditions d’admission. Les candidats titulaires d’une maturité gymnasiale suisse (certificat cantonal reconnu par la Confédération ou certificat fédéral) sont admis à l’EPFL sans aucune autre condition en première année du programme de Bachelor de leur choix. Apparemment un grand nombre ont le droit pour eux mais sans que celui-ci garantisse leur compétence réelle. Certaines maturités comportent une formation trop légère en mathématiques et en physique pour que l’étudiant puisse aborder la première année de bachelor dans de bonnes conditions. Beaucoup d’écoles d’ingénieurs dans le monde procèdent à une sévère sélection des entrants par le biais d’un examen, voire d’un concours. Il y a une disparité entre les études de sciences humaines qui ne requièrent aucune connaissance spécifique pour être abordées et celles d’ingénieurs qui supposent une bonne formation antérieure en mathématiques.

En revanche les conditions d’admission des étudiants étrangers à l’EPFL sont plus restrictives. Les candidats titulaires d’un certificat d’études secondaires supérieures d’un pays membre de l’UE ou de l’AELE (autre que la Suisse) sont admis en première année du Bachelor si leur titre remplit en particulier que la moyenne générale obtenue est égale ou supérieure à 80% de la note maximale. De la sorte l’auditoire de la première année est hétéroclite. Or la tendance normale d’un enseignant est de mettre le niveau de son cours à portée des meilleurs étudiants, de ceux qui suivent et réussissent ultérieurement. Et donc les étudiants suisses munis de n’importe quelle maturité gymnasiale sont dépassés par leur collègues étrangers et renvoyés vers ce cours de mise à niveau qu’à peine la moitié réussissent.

Une solution réaliste et équitable consisterait à imposer un examen d’entrée à tout le monde pour éviter que des jeunes s’engagent dans des cycles qu’ils n’ont aucune chance de réussir. L’échec en première année universitaire est une façon cruelle d’effectuer le tri. Le privilège apparent accordé aux porteurs d’une maturité suisse est un cadeau empoisonné. En fin de compte dans la technique, seule la compétence compte et le passeport ne donne pas une science de droit divin.

Jacques Neirynck

Jacques Neirynck est ingénieur, ancien conseiller national PDC et député au Grand Conseil vaudois, professeur honoraire de l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), d'origine belge, de nationalité française et naturalisé suisse. Il exerce la profession d'écrivain.

34 réponses à “La compétence ne dépend pas du passeport

  1. Le propos est pertinent. Mais la solution préconisée est-elle une bonne? Le problème de la légèreté des bases en mathématiques dans certaines filières n’est-il pas en premier lieu dû aux disparités cantonales, (dès le niveau primaire) malgré les tentatives d’harmonisation?

    1. Effectivement le problème vient de la disparité des cantons qui sont souverains pour leurs programmes. Mais leur retirer cette prérogative signifie s’attaquer à la Constitution. C’est pratiquement et politiquement impossible. Donc l’EPFL gère au mieux des intérêts étudiants une situation inextricable dont elle n’est pas responsable. Ajoutons que certains cantons ne se préoccupent pas de ce que l’EPFL attend des étudiants de première année : le programme est conçu par des mathématiciens pour des mathématiciens. Les ingénieurs ont d’autres besoins.

    2. La maturité suisse est-elle vraiment un diplôme qui permet à ses détenteurs d’entrer sans examen d’admission dans l’enseignement supérieur ? Remettre en question ce principe c’est s’en prendre à une vache sacrée helvétique. Alors, puisque vous avez raison sur le fond, il faudrait ruser. A l’époque de la prééminence du latin, les non-latinistes étaient certes admis, mais devaient se rattraper avant leur diplôme. Alors pourquoi pas imposer d’office une telle “mise à niveau” aux futures étudiants suisses dont les notes de maturité laissent à désirer ? Le principe serait sain et sauf. Et les échecs seraient en diminution.

  2. Un examen d’entrée pour tout le monde n’est pas la bonne solution , la Suisse ayant déjà aligné ses exigences par la maturité pour l’entrée en faculté, ou bien elle doit les réadapter ( une maturité au rabais ne sert à personne ). Ainsi l’examen de maturité doit être égal ou supérieur à celui imposé à celui ou celle qui ne possède pas ce certificat . Mais bien sur si vous êtes détenteur d’une maturité littéraire pour entamer une carrière scientifique , vous allez souffrir . Alors peut-être faudrait-il exiger une mise à niveau dans ce cas avant de commencer le cursus universitaire et non après !
    L’examen pour étudiant étranger n’est pas une discrimination , mais simplement que les universités suisses ne peuvent pas vérifier le niveau de tous les étudiants entrant dans leurs établissements .
    C’est assez simple à comprendre …

  3. Est-ce que le risque n’est pas d’exclure trop les Suisses?

    L’EPFL aime prendre l’élite parmi l’élite, mais cela reste une école qui doit aussi développer les talents locaux. Même si c’est plus simple d’aller *piquer* l’élite d’autres pays!

    Ce concept de “talents locaux” me semble important… que ce soit dans les universités ou dans l’entreprise. Même si cela demande plus d’efforts de développer un talent venant d’un bassin de population d’1-2 millions d’habitants (romands, vaudois en particulier) plutôt qu’un bassin de 275 millions (personnes parlant Français).

    C’est très attirant d’aller chercher l’élite mondiale – d’exceller dans tous les classements – mais c’est aussi important de permettre à des personnes locales de se développer même si elle n’ont pas l’excellence et l’intelligence technique/théorique d’autre personnes.

    Je trouve le mélange 50% d’étranger, 50% de Suisse encore assez sain à l’EPFL. (Les étudiants Suisses profitent aussi des étrangers!). La diversité des cultures est une des richesses de l’EPFL – mais aussi la diversité des “intelligences” (créative, technique, théorique, etc…).

    1. La Mise à Niveau n’exclut pas les Suisses bien au contraire, mais leur donne une chance alors qu’ils n’en avaient pas au départ suite à leur formation insuffisante au niveau de la maturité. Sans cette initiative la première année fonctionne comme une couperet, comme elle fonctionne en Faculté de médecine. Ce n’est pas la faute des étudiants d’avoir été mal préparé, il faut donc les aider.
      Quant à regretter que les étudiants étrangers soient mieux préparés, cela n’a pas de sens. Les bonnes universités américaines recrutent dans tout le pays en choisissant les meilleurs. Il faudrait donc que les can tons fassent un effort sur la formation. C’est parfaitement possible. La Mise à Niveau est une manière de le leur rappeler.

  4. Pour la Suisse, quel est le but des EPF, certainement pas de financer avec nos impôts les études des petits français ? Ne devrions-nous plutôt mieux exploiter les talents locaux ?

    1. Le but des EPF est de former des ingénieurs de haut niveau pour soutenir une industrie de pointe. Meilleurs ils sont mieux cela vaut. Plus nombreux aussi. On ne peut pas en entraîner suffisamment en se limitant aux talents locaux. La Suisse romande n’a qu’un million et demi d’habitants. Les meilleures universités américaines peuvent recruter sur un marché de 300 millions d’habitants. Les étudiants français qui viennent à Lausanne et y demeurent ont été formés jusqu’à 18 ans en France aux frais des contribuables français. Nous en bénéficions, la France pas sauf s’ils y retournent.

  5. A-t-on analysé de manière détaillée les données brutes? a-t-on identifié des filières ou des cantons qui sous-performent? Observe-t-on des différences entre les deux EPF (Zürich, Lausanne) ? Qu’en est-il des différences entre les Uni et les EPF? S’agit-il d’un problème dans les branches scientifiques de base (math, physique) dans certaines filières, ou d’un problème général de niveau à la maturité? Si le problème est généralisé, on devrait retrouver le même problème dans les filières scientifiques des Unis et EPF.

    1. Commentaire tout à fait pertinent et impertinent. La Suisse vit avec 26 systèmes cantonaux d’enseignement. Si l’on s’avisait de comparer les résultats au niveau des EPF on créerait un scandale épouvantable. On sait, mais sans données chiffrées que les étudiants étrangers sévèrement filtrés réussissent forcément mieux en première année que des résidents suisses qui ne le sont pas. Mais ces statistiques ne sont pas disponibles. En d’autres mots si quelque chose pourrait être amélioré et devrait l’être, il est impossible de le savoir.

  6. Bonjour,
    Article très intéressant. Moi même ayant été étudiant à l’EPFL, je me rappelle ma première année et spécialement mon premier semestre qui était un désastre (ce qui m’aurait inéluctablement valu) d’aller à la MAN. Ceci étant dit, le coefficient / matières étant inégale entre les deux semestres. J’ai quand même réussi à passer l’année, puis celle qui ont suivies du premier coup. Peut-être que je fais figure d’exception, mais je crois aussi que bon nombre d’étudiants n’ont simplement pas l’habitude du rythme soutenu des cours à l’EPFL.
    Si on rentre en détails un petit peu, la majorité des étudiants en difficulté / échec butent sur la dite Analyse. Autant le cours de MAN est une bonne opportunité de rattraper un retard certain (accumulé sur les années de formation obligatoire et post-obligatoire), mais je trouve qu’elle manque aussi cruellement d’objectivité quant à la formation d’ingénieur en tant que telle. Le premier semestre en analyse consiste principalement (du moins quand je l’ai fait) de suites de nombre, séries et autre outils mathématiques certes fondamentaux, mais qui s’utilisent beaucoup plus dans une contexte de démonstration plutôt que d’application en ingénierie. Ce n’est seulement qu’au deuxième semestre que le calcul différentiel, intégral rentre en ligne de mire.
    La différence, selon moi, se trouve entre être capable de démontrer et être capable de comprendre une démonstration.
    La physique semble également poser beaucoup de problème. D’autant que l’EPFL accorde une importance particulière à cette matière (à juste titre). Selon moi, le problème vient en partie du fait que les objets mathématiques sous jacents au sujet étudié sont généralement présenté après dans le cursus et ce autant au gymnase qu’à l’EPF. Cela laisse l’étudiant avec des “règles à appliquer” sans forcément savoir pourquoi ce qui n’est correspond pas à une bonne manière d’apprendre (surtout dans un domaine scientifique, il faut comprendre pour apprendre).

    Finalement, je suis mitigé sur le système, qui a clairement un but de tri face à l’afflux massif et croissant d’étudiant en première année. C’est aussi un problème logistique pour l’école, pas assez de place pour étudiant de 2e et plus. Ecole dont la politique, à l’heure actuelle, n’est de pas avoir de quota. Selon moi, l’examen d’entrée ne changerait fondamentalement rien au problème quant à l’exclusion d’étudiant, certes cruel après un an, mais qu’en est-il d’être exclu avant même d’avoir eu la chance de suivre un cours ?

    Je pense que le problème est plutôt dans la préparation. Sans forcément rentrée dans un système de concours et d’école préparatoire, une sorte d’harmonisation de l’école (gymnase) à l’échelle nationale pourrait-elle être envisageable ou allons-nous hurler à la souveraineté cantonale ?
    Par exemple, dans le canton de Vaud, passer de 3 à 4 ans. Avec une dernière année qui fait office d’année préparatoire pour Uni / EPF. Examens en 3e (de CG comme maintenant plus ou moins), et une dernière année avec une nouvelle option et des cours adaptés avec une rythme plus soutenu ainsi que des examens.

  7. Le terme de maturité fédérale est incorrect vu que chaque canton fait ce qu’il veut.
    Un test minimal pour les étudiants de filières “inappropriées” au bachelor choisi n’a rien d’offensant à mon avis.
    Pour démarrer soft peut-être qu’un test en ligne anonyme pourrait faire prendre conscience aux futures postulants suisses de leur niveau avec une analyse simple à comprendre, par exemple vert=go, orange=attention et rouge=danger. Le cas échéant le future étudiant peut décider de prendre le temps de se mettre à niveau, de réorienter son choix de carrière ou d’être au moins conscient qu’il prend un gros risque de se “planter”. Cela pourrait être utile aussi aux parents qui vont engager un investissement financier significatif. Pour une bourse d’étude, cela pourrait même être obligatoire.
    Cela éviterait une perte de temps et de moyen tant à l’étudiant qu’à l’université ou au contribuable.

  8. Quand j’étais au gymnase, en type C, donc avant la nouvelle maturité, notre professeur de physique nous avait affirmé que notre maturité fédérale n’était qu’un billet d’entrée pour les hautes écoles, université ou EPF, mais que c’était le seul ticket nécessaire pour y accéder. Cette “ancienne” maturité avait alors un rôle plus sélectif que la maturité actuelle, et les gymnasiens, dès leur première année, savaient quelles portes leur ouvrait quel type de maturité fédérale. Cette pré-sélection gymnasiale, ayant disparu avec l’avènement de la “nouvelle matu” a foncièrement changé la situation en amenant une dose de chaos certaine et des faux espoirs, parmi les détenteurs de maturités à options plus ou moins exotiques.

    Cette sélection gymnasiale n’étant plus aussi significative de nos jours qu’alors, la mise en place d’un examen d’entrée visant à établir que le niveau de l’étudiant est suffisamment élevé est pour moi une évidence, même si elle fait perdre de sa valeur à la maturité fédérale.

    Que d’énergie et d’argent consommés pour rien dans ce taux d’échec de 49 %! Que de frustration et de désespoir causé chez ces étudiants! Et surtout que de temps perdu.

    1. Le temps perdu n’est pas cette année (à se confronter à ses limites et à découvrir avec voracité, pour certains, la notion de travail) mais les années gymnasiales réussies sans grand effort au nom d’un dogme égalitariste.
      De bonnes notes doivent se mériter; combien de fois ai-je eu un 6 non pas parce que je le méritais mais parce ce que si j’étais noté par rapport à mon travail, d’autres n’auraient pas eu la moyenne…

      A voir:
      https://m.youtube.com/watch?v=wyZKZr0WaDw

  9. Monsieur,
    Ne pensez-vous pas qu’il est normal de donner une chance supplémentaire aux personnes qui ont grandi ici?, dont les parents contribuent par leurs impôts au financement des EPF et qui resteront probablement ici pour mettre en pratique leurs connaissances?

    Oui, c’est injuste d’avoir été biberonné dans un système éducatif faible (merci Vaud) et de se retrouver “perdu” en 1ère année. Mais ce serait aussi particulièrement injuste de nous traiter de manière égale avec le reste du monde (examen d’entrée) et de ne pas nous donner une année pour prouver notre niveau.

    Après, oui, les politiciens de votre génération ont une énorme responsabilité dans l’affaiblissement du niveau scolaire suisse (particulièrement vaudois) mais la solution n’est pas de priver notre génération d’une chance de démontrer notre valeur (ou pire d’abaisser les critères) mais de laisser votre place pour que de nouvelles personnes se battent pour mettre plus de maths à la maturité et hausser le niveau de ce diplome. A cet égard, p. ex., c’est déplorable de lire dans le journal que cette école pour futurs prof a accepté de remonter les notes d’un examen parce que les pauvres étudiants n’avaient pas compris les questions…

    De manière générale, votre génération a échoué et je serais heureux que vous acceptiez que les politiciens de plus de 40ans (révolution numérique) n’ont pas les bonnes réponses aux défis de demain.

    1. J’ai fait tout ce que j’ai pu à la jonction entre l’EPFL et la politique vaudoise pour que l’enseignement des mathématiques soit à la hauteur des exigences, y compris la correction et l’analyse des manuels de cours. J’ai transmis de multiples rapports qui ont parfois ébranlé les certitudes de l’administration. Je me réjouis d’avoir obtenu qu’un petit cours de trigonométrie ait été restauré là où il n’y en avait plus du tout. Le pouvoir en la matière n’appartient pas aux politiciens parmi lesquels certains sont compétents dans une matière donnée, mais à une administration qui suit ses propres penchants. Dans l’ensemble, d’accord, l’enseignement vaudois n’est pas assez exigeant.

      Quant à engager des étudiants mal préparés dans une filière où ils vont certainement échouer, je m’y refuse absolument. Ce n’est pas parce que leurs parents paient des impôts ici qu’il faut leur faire ce cadeau empoisonné. Si on s’y prend correctement, on peut recruter des volées où tout le monde ou presque réussira certainement. Le but d’une haute école n’est pas de bourrer les auditoires de première année avec n’importe qui. Cela coûte cher d’organiser un enseignement. Ceux qui en bénéficient doivent le mériter. Sinon c’est du gaspillage d’argent public.

  10. Monsieur,

    Votre argumentation est contradictoire. Vous vous plaignez du bas niveau des étudiants suisses. Cependant, en 2000-2001, le taux d’échec à l’EPFL en première année était d’environ 20% au lieu des 50% d’aujourd’hui (*). Le niveau a-t-il vraiment baissé tellement en si peu de temps?
    Mais non, comme vous savez certainement, la difference est que à l’époque il y en avait presque aucun étudiant français. Avec leur affluence récente et massive, comme vous dites bien dans votre article, “la tendance normale d’un enseignant est de mettre le niveau de son cours à portée des meilleurs étudiants”!. Et bien, simple question mathématique, aucun chance pour les 2 millions de Romands d’entrer en compétition avec les 67 millions de Français dont 95% sont orienté vers le bac et où les universités sont complètement débordées…
    Cette situation est tout simplement inacceptable, comme le relève correctement M. Thierry Dubois. Le but des EPF est de cultiver l’excellence suisse. Les quotas pour étrangers sont tout à fait possibles et déjà existants (voir p.ex. la HSG à St. Gallen).

    (*) https://edudoc.ch/record/3014/files/zu03068.pdf

    1. Plus il y a d’étudiants recrutés plus largement, plus le taux d’échec augmente. Mais ce ne sont pas les étudiants étrangers qui sont en cause.En septembre 2013, les jeunes Français représentaient 30% des étudiants en première année du bachelor (licence) et 27% sur l’ensemble des premières années de bachelor. Leur taux de réussite se situe dans la moyenne: 47% passent du premier coup l’année propédeutique. Et 20% supplémentaires valident leur première année après un redoublement.

    1. Je me pose la même question et j’ai un fragment de réponse : il est plausible que les étudiants étrangers étroitement sélectionnés réussissent mieux que les étudiants suisse qui ne le sont pas. C’est évidemment politiquement incorrect de publier ce genre de statistiques.

      1. Donc à mon avis – dans le but de ne pas faire perdre du temps aux étudiants et de l’argent aux contribuables suisses – la solution passe par des quotas pour les étrangers avec un examen d’admission pour tout le monde – avec des statistiques publiées.

        1. Je suis plutôt d’accord car il faut faire quelque chose. Sauf erreur de ma part, au niveau master il y a déjà des quotas.

          1. Non, il ne faut pas dévaloriser la maturité suisse.
            Vous pouvez vous battre pour y insérer plus de maths, vous battre contre les “fonctionnaires” qui veulent niveller le niveau par le bas, etc. Mais affirmer que notre maturité est insuffisante pour suivre les programmes d’une EPF est un non sens complet. C’est une hérésie inventée par ceux qui ont échoué dans leur politique au siècle dernier…

            Et ce serait choquant de trier entre les étudiants locaux sur la base d’un examen (que seuls ceux qui auraient les moyens financiers suffisants pourraient réellement préparer en plus de la matu); soit de leur faire porter l’échec de certains systèmes scolaires cantonaux (merci Vaud) qui ne les prépare pas à cet examen. Je ne veux pas de cette société élitiste.

            Pour le reste, encore heureux que des étudiants étrangers triés sur le volet obtiennent des résultats un peu meilleurs que les étudiants locaux ! Ils sont acceptés pour cette raison (tirée la volée vers le haut), mais pas pour nous remplacer.

  11. Benjamin Franklin ne disait-il pas déjà de l’école qu’elle est le “jeu d’échecs par excellence”? Son propos n’est-il pas toujours d’actualité? Je propose de donner les sujets suivants aux examens de maturité et de les actualiser, à leur tour – au choix et toutes disciplines confondues:

    “Je crois à l’absurdité de fait de l’instruction publique… Ou bien vous acceptez ce régime – mais aussi ses conséquences absurdes et fatales, par l’exemple l’instruction publique. Ou bien vous combattez l’instruction publique – mais vous êtes, de ce fait, contre le régime. […] L’absurde a toujours force de loi. Or on ne réforme pas l’absurde.” – Denis de Rougemont, “Les Méfaits de l’instruction publique” (1929)

    “L’école leur a déjà donné [aux élèves] ce qu’il faut pour se résigner à l’état de citoyen bagnard, auquel ils sont promis. Vaste distillerie d’ennui, c’est-à-dire de démoralisation – qu’on se le dise! – puissance de crétinisation lente, standardisation de toutes les mesquineries naturelles, l’école a déjà tué en eux tout ce qui leur donnerait l’envie de se libérer. Après avoir entraîné l’âme moderne dans ses collèges, elle l’y enferme et l’y laisse crever de faim.” – Denis de Rougemont, op. cit.

    “L’école ne convient qu’aux médiocres, dont elle assure le triomphe. Elle s’attaque impitoyablement aux natures d’exception, et les réduit avec acharnement à son commun dénominateur.” – Ibid.

    “Il existe toujours, et même plus que jamais, des écoles pour enfants arriérés ou anormaux, des écoles pour sourds-muets, des écoles pour crétins ou pour culs-de-jatte, mais il n’existe toujours pas d’écoles pour enfants très intelligents. On dit: “Oh! ceux-là se tireront toujours d’affaire”. Cela n’est pas sûr. Ce sont les imbéciles, dont notre société capitaliste fait une grande consommation, qui peuvent être certains de trouver, ici ou là, un emploi rémunérateur.” – Henri Roorda, “Le pédagogue n’aime pas les enfants” (1917)

    “L’Ecole est devenue la religion d’un prolétariat modernisé, et fait des promesses futiles de salut aux pauvres de l’ère technologique… L’école obligatoire est devenue l’école pour l’école: un séjour forcé en compagnie de maîtres, récompensé par le privilège douteux de partager encore plus une telle compagnie.” – Ivan Illich, “Une société sans école” (1971)

    “La médiocrité de nos écoliers n’est pas accidentelle. Elle est même créatrice d’emplois. […] Plus le mal perdure, plus il faut de monde pour y remédier.” – Ibid.

    “Il est trop facile, sous camouflage d’autorité scolaire, à des hommes faibles de jouer au despote, à des hommes sans jugement de trancher des raisons, à des brouillons de fausser des valeurs, à des ineptes de contrarier des aptitudes, à des déçus de la vie de se venger, à des maniaques de se repaître. Il est top facile à des ratés de la vie de faire rater, au collège, les élus de la nature…” – Edmond Gilliard, L’école contre la vie” (1944)

  12. Sont les éxigences de la Confédération elle-même suffisantes, donne-t-elle l’example aux cantons? Comment sont les résultats de ceux examinés directement par la Confédération via la maturité fédérale et ayant choisi l’OS adéquate (Math/Physique)? Je parle des écoles privées “sérieuses” gendre Moser.

    1. Pour répondre à cette question, il faudrait connaître les résultats de première année, ventilés par origine des étudiants. On découvrirait peut-être que tous les cantons ne sont pas déficients. Lors de l’examen de diplôme j’ai souvent été frappé par la meilleure préparation des Fribourgeois et des Valaisans. Pour des raisons évidentes, cette ventilation ne sera ni faite, ni publiée. Je l’explique dans mon dernier ouvrage sur “Le Secret des Suisses”, la formation en Suisse est une des meilleures réussites parce qu’il n’y a pas de ministère fédéral de l’Education nationale. C’est le règne du chaos créatif.

      1. Le règne du chaos créatif: j’adore!
        Par contre matu standardisée – au moins dans les branches scientifiques – et publication des performances par canton/établissement pour apprendre des meilleurs, tout en restant dans le chaos créatif.

        1. Nous avons déjà ces comparaisons pour les jeunes de 15 ans:
          https://www.letemps.ch/suisse/fribourg-valais-champions-pisa-romand
          (graphique en page 39 du document pdf cité en bas d’article)

          Et ce serait vraiment nécessaire de les avoir au sortir du BAC; je vous rejoins entièrement !

          Mais, de toute façon, c’est bien connu; plus le BAC est “universel”, plus les risques d’échec en première année d’université/EPF sont élevés.
          https://www.rts.ch/info/suisse/7818182-le-taux-d-echec-a-l-universite-est-proportionnel-au-nombre-de-maturites.html

          Parce que le seul moyen d’avoir des taux de réussite aussi élevés est de niveler par le bas le niveau général de la classe (et donc reporter à plus tard la sélection) …
          https://www.bfs.admin.ch/bfs/fr/home/statistiques/education-science/indicateurs-formation/systeme-formation-suisse/degre-formation/degre-secondaire-ii/maturites.html

      2. Je peux en témoigner; le système vaudois est nettement plus faible que celui valaisan. D’ailleurs, c’est simple, vous prenez n’importe quel écolier vaudois dont les parents déménagent sur Fribourg ou Valais…. il aura grosso modo jusqu’à 2 ans de retard s’il déménage en dernière année.

        Et vous n’avez qu’à voir les parents qui cherchent par tous les moyens à inscrire leurs enfants au Valais dans les zones limitrophes.

        Si vous êtes scolarisé dans le canton de Vaud (en particulier dans une ville), vous partez avec un énorme handicap …. à moins de disposer d’une famille qui se substitue à l’échec du système (cours particuliers, etc.)

        Merci qui? Merci aux politiciens vaudois, comme vous, qui ont échoué depuis 30 ans au moins et rejettent la faute sur leurs subalternes (les fonctionnaires).

        Et je suis particulièrement en colère contre des politiques (je prends un exemple français pour ne pas me faire lyncher) qui titularisent des professeurs avec une moyenne de 3/20 au nom de “principes supérieurs” (merci Benoit Hamon, éphémère mammouth)…

        1. Je ne suis pas un politicien vaudois complice de la médiocrité de l’enseignement local. J’ai agi en sens contraire, avec peu de résultats, car j’étais au Grand Conseil plutôt isolé. Ne mettez pas tous les élus dans le même sac, si commode, de complaisance à l’égard de l’administration.

          1. Vous me faites penser à l’étudiant qui met la faute de son échec sur les autres, alors que s’il avait mieux et plus travaillé, il aurait réussi son année.

            Je ne mets pas en doute le fait que vous vous êtes battu pour maintenir des maths à l’école mais je vous reproche votre échec. Avoir (partiellement) raison et ne pas obtenir des majorités politiques derrière votre projet est aussi condamnable.
            Et ne venez pas me dire que les politiciens votent uniquement par logique de parti, car ce serait tous les mettre “dans le même sac”. Traitez-moi de naîf, mais je crois qu’une bonne idée obtient des majorités à condition de se déméner et de travailler à son éclosion. Mais, pour cela, il faut se battre (et ne pas se contenter d’avoir raison et d’attendre l’échec du projet majoritaire pour dire “je vous avais bien dit”).

            Il y a des gens qui changent le monde par leur travail et d’autres qui se contentent de reporter leur inaction sur des subordonnés. :o)

          2. Il faut bien évaluer où réside le pouvoir. Un membre du législatif peut proposer à ses collègues des résolutions. Il ne peut à lui tout seul changer leur opinion. Il ne peut changer la pratique du PDS et de l’UDC dont les membres votent toujours selon les consignes du parti. Il ne suffit pas de se démener pour changer cette situation de fait.
            Et surtout, un membre du législatif ne peut strictement rien imposer à l’administration. C’est le rôle de l’exécutif qui peut se révéler faible ou incompétent. Face à des élus auxquels les institutions donnent peu de pouvoirs et qui sont soumis à la volonté populaire, le véritable siège du pouvoir c’est l’administration.

            Quel qu’effort que je fasse, je suis sûr que le peuple n’est pas sensible à la nécessité d’enseigner la trigonométrie à un futur étudiant de l’EPFL. Quel qu’effort que je fasse il est impossible de convaincre une conseillère d’Etat bloquée par ses préjugés.
            Si l’enseignement vaudois est faible ce n’est vraiment pas de ma faute. C’est le peuple vaudois souverain qui en décide par le choix de ses votes. Les Fribourgeois et les Valaisans ont fait d’autres choix.

          3. “Il ne peut à lui tout seul changer leur opinion.”

            Bien sûr qu’il le peut quand il se bat avec enthousiasme pour ce qui lui tient à coeur et que le sujet s’y prête. Prenez p. ex. Thomas Minder.

            Vous avez abandonné le combat des idées sur l’école alors que vous saviez pertinemment que les élèves vaudois seraient condamnés à terme sur le marché du travail… à moins de disposer d’une famille ou d’un réseau… et,maintenant, vous souhaitez un examen d’entrée aux epf qui ne ferait que sanctionner cet écart de classes.

            Je l’ai déjà dit, vous n’êtes pas coupable en première ligne, mais c’est lorsque les hommes de bonne volonté… (vous connaissez la suite).

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