Avec Bobby Jindal, c’est l’hôpital qui se fout de la charité

L’ex-gouverneur républicain de Louisiane Bobby Jindal ne s’est jamais distingué par sa subtilité. Vendredi, il en a donné un nouvel exemple dans une tribune libre publiée dans le Wall Street Journal intitulée “President Obama Created Donald Trump”. Barack Obama a, selon lui, créé le candidat actuellement en tête de la course à l’investiture républicaine pour la présidentielle américaine du 8 novembre. “Monsieur Obama a réussi à apporter de nombreux changements. Ce ne sont simplement pas ceux qu’on attendait.” Bobby Jindal le souligne: “Soyons honnêtes: Il n’y aurait pas un Donald Trump dominant la scène politique aujourd’hui sans la présidence Obama. (…)Il a créé le fort mécontentement qu’il décrie aujourd’hui.”

Aucune tentative d’introspection de Bobby Jindal par rapport à la responsabilité même du Parti républicain qui a eu pour principale politique, au Congrès à Washington, de s’opposer à tout ce qui venait de la Maison-Blanche, de dénigrer les institutions et d’encourager les forces les moins contrôlables à diaboliser la notion même de compromis.

Samedi, le Washington Post a peut-être publié un article qui explique le mieux la montée en puissance d’un Donald Trump. Il s’est intéressé au bilan du gouverneur Bobby Jindal et force est de constater qu’il n’est pas bon. Il est désastreux. Deuxième Etat le plus pauvre des Etats-Unis, la Louisiane est dans une situation financière dramatique. Il lui manque trois milliards de dollars pour faire simplement tourner les services de l’Etat au cours des seize prochains mois, soit 650 dollars par contribuable. Sans hausse massive d’impôts, l’Etat devra abandonner des programmes nécessaires en termes d’éducation et d’aide aux plus démunis. Plusieurs universités devront fermer. Des étudiants seront privés de leur diplôme et d’autres une bourse d’études. Des hôpitaux devraient aussi fermer leurs portes. Des patients handicapés vont devoir renoncer à leur traitement et des enquêtes sur des abus commis sur des enfants devront être abandonnées. Des impôts supplémentaires directs (salaires) et indirects (TVA) vont devoir être prélevés. Mais cet effort sera insuffisant. L’Etat devra couper massivement dans ses prestations alors qu’il comprend 18% de sa population de 4,6 millions d’habitants vivant sous le seuil de pauvreté. Le salaire médian y est aussi 20% inférieur au salaire médian fédéral.

En huit ans, le gouverneur Bobby Jindal avait pourtant déjà coupé de façon draconienne dans les budgets, mais avait aussi accordé de massifs allègements fiscaux à la classe moyenne et surtout aux riches. Il a même accordé des subventions et crédits d’impôts de 210 millions de dollars à des sociétés implantées dans cet Etat du Sud. Il a profité d’agir ainsi car la Louisiane profitait encore des millions versés par l’Etat fédéral pour compenser les pertes dramatiques provoquées par l’ouragan Katrina en 2005. Selon le Washington Post, à la Southern University and A&M College, une université historiquement afro-américaine, des rats prolifèrent dans les dortoirs au même titre que des moisissures. Dix-huit bâtiments du complexe ont des trous dans le toit. Des égouts se déversent parfois à même le sol. Entre 2007 et 2008, l’Etat a réduit le budget pour l’éducation supérieure de 44%. Du jamais vu aux Etats-Unis. Par le passé, 70% du budget des écoles étaient couverts par l’Etat. Aujourd’hui, ce sont avant tout les étudiants qui le couvrent en raison de frais universitaires qui ont pris l’ascenseur. L’université Southern pourrait être contrainte de supprimer 200 postes dans le personnel et se passer de 125 professeurs adjoints.

Vous multipliez les politiques de Bobby Jindal à travers le pays et vous avez tous les ingrédients pour créer la créature Donald Trump que personne ne contrôle plus.  Né à Baton Rouge en Louisiane de parents du Punjab indien, Bobby Jindal ne souhaitait pas se contenter de ses deux mandats à la tête de l’Etat de Louisiane. Il convoitait la Maison-Blanche. Largué dans la course à l’investiture républicaine, il a fini par jeter l’éponge et soutient désormais le sénateur de Floride Marco Rubio.

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