L’arrêt des avions a limité le réchauffement

Les avions en vol rejettent des résidus du carburant consommé. Ces particules favorisent la condensation de  cirrus, fins nuages vaporeux, qui se forment dans certaines conditions atmosphériques.  Ils empêchent la chaleur de se dissiper et contribuent au réchauffement climatique.

En 2020, la circulation aérienne a été fortement limitée par les mesures de confinement.  Durant cette période, le ciel a été plus dégagé. En absence d’avions, le nombre de nuages cirrus a été réduit de 9%, et ceux qui se sont formés étaient un peu moins denses.

L’arrêt des avions a donc eu un effet bénéfique immédiat sur le réchauffement climatique. Sans ces nuages et leur effet chauffant,  la température de la Planète pourrait diminuer un peu (phys.org). Au contraire, un arrêt brusque de la consommation du charbon au sol a pu augmenter légèrement les températures (blog). A long terme bien sûr, l’arrêt de l’aviation actuelle, aussi bien que celui de la consommation du charbon limite l’effet de serre pour les années futures.

Nous pouvons donc limiter l’aviation quasi-immédiatement, enfin dès que les personnes en déplacement seront rentrées à la maison.  Des restrictions de vols pourraient constituer une solution valable de sauvetage d’urgence du climat. Au minimum, il faut mettre en place des améliorations telles que  des vols sans escale, et des connections en train.

Avant la crise covid, l’aviation connaissait un essor rapide.  Si cette évolution se poursuivait, les émissions de carbone des avions augmenteraient beaucoup le réchauffement climatique. De plus, ils provoqueraient la formation de plus de cirrus, et l’effet de serre provoqué par ceux-ci pourrait tripler vers 2050 (phys2). Il faut absolument le juguler avant, et en tenir compte dans conception de nouveaux carburants.  Des combustibles plus propres pourraient limiter la condensation des nuages, mais les émissions de CO2 aéronautiques devraient aussi aussi être sérieusement limitées.

Image par Kaoru Yamaoka de Pixabay

Image de couverture  par PublicDomainPictures de Pixabay

 

 

Développons intelligemment les lignes de chemin de fer

Le train est un moyen de transport rapide, confortable et écologique. Cependant, les inondations et les glissements de terrain s’aggravent à mesure que le réchauffement progresse. Elles menacent aussi les infrastructures ferroviaires.  La Chine est particulièrement frappée par des nombreux événements climatiques extrêmes (blog1, blog2), qui touchent aussi les voies de chemin de fer.  Au cours des trente-cinq récentes années, entre 1981 et 2016,  près de mille catastrophes ont interrompu le traffic ferroviaire.  Elles étaient causées par les pluies intenses, et en particulier par des débris emportés par la pluie.  D’autres perturbations ont été provoquées par les inondations de voies, et les glissements de terrain.

Une étude chinoise prévoit que ces interruptions se multiplieront à mesure que le réchauffement climatique aggravera les pluies extrêmes.   La proportion de l’infrastructure ferroviaire très exposée aux catastrophes passerait de 1,1% actuellement à 12% autour de 4°C de réchauffement planétaire.  C’est un réel problème dans les montagnes et en bord de rivière.  Mais ces prévisions suggèrent aussi que l’essentiel des lignes supporterait même ces conditions extrêmes. Des températures aussi élevées causeraient de nombreuses et impressionnantes catastrophes et les nombreuses initiatives climatiques en cours partout dans le monde nous éviteront probablement une telle évolution.

Image par Hans Braxmeier de Pixabay

Le réchauffement climatique accroît cependant déjà les interruptions et les dommages causés à certaines lignes  ferroviaires exposées.  Il faut en être conscients. Certains tracés devront probablement être transformés ou abandonnés. Cependant, en général, les lignes les plus importantes ne suivent pas de chemins tortueux en montagne, et elles ne devraient pas être affectées.

Le train reste le moyen de transport écologique de choix. Il nous permettra d’éviter les immenses catastrophes qui détruiraient nos villes et nos récoltes. Il est très pratique et confortable, le trajet Genève – Paris est plus simple en train qu’en avion. Je suis ravie de voir les retour des trains de nuit, il est essentiel de préserver et de subventionner les moyens de transport durables.

Le chien de fer innove aussi. Les prototypes actuels à suspension magnétique se déplacent à 600 ou 800 km/h. Il faudrait bien sûr vérifier l’innocuité du magnétisme fort pour les passagers et le personnel, mais il est possible qu’à l’avenir, les trajets deviennent extrêmement rapides, et nous permettent de rejoindre toutes les villes d’Europe en une heure ou deux.  Un train souterrain fulgurant pourrait bientôt traverser le Pacifique.

Image par Armin Forster de Pixabay

Face à l’avenir climatique, je suggère d’abandonner quelques petites lignes de chemin de fer les plus exposées et de les remplacer par des bus. Les dommages seront probablement répétitifs. Les lignes importantes devraient par contre être développées, et  sécurisées en cas de besoin. Elles pourraient être suspendues par sécurité les jours de plus fortes pluies.

Heureusement, la prévision des glissements de terrain progresse aussi, le modèle SSAFE permet d’alerter sur les risques des mois ou des années  à l’avance.  Il serait judicieux de calculer la stabilité du terrain en cas de pluies et de neiges beaucoup plus importantes que les mesures actuelles. Des nouveaux records tombent tous les jours et une aggravation est prévue. Il vaut mieux y être préparés.

Article sur les risques encourus par les chemins de fer chinois.

Image de couverture par WikiImages de Pixabay

 

 

 

 

 

 

Howey Ou: pour le climat et pour le Mormont

 

 

J’ai rencontré Howey Ou à Lausanne. Cette jeune femme chinoise a initié le mouvement de la Grève pour le climat en Chine( Twitter, Wikipedia).

Howey Ou est venue en Suisse et s’est jointe au défenseurs de la colline du Mormont. Arrêtée lors de l’évacuation de la ZAD, elle a été détenue 34 heures dans un commissariat suisse et été condamnée à 2 mois de prison. Elle a entamé une grève de la faim car elle estime que les défenseurs de l’environnement ne devraient pas être poursuivis. C’est une idée intéressante, un principe important. Ils luttent pour sauvegarder nos conditions de vie sur Terre, et évitent des morts et des catastrophes dans le Futur. Ils considèrent donc que leur action est justifiée. 

Hier, Howey Ou en était à son 9ième jour de grève de la faim, avec Robin, un jeune français. Apparemment la cimenterie  Holcim a retiré sa plainte.

Article du Temps: Howey Ou 

Je me penche en particulier sur les catastrophes climatiques en Chine et sur les risques futurs:

La ville natale de Howey Ou,  Guilin, a subi des inondations l’année passée. Selon elle, la population s’entraidait et se portait secours en bateau. L’armée est aussi intervenue pour les aider. Les logements ont été dégradés, les meubles emportés par les eaux, une couche de boue couvrait les rues  et les habitants n’ont pas reçu de compensation pour remplacer les pertes.

Son action en Chine semble terriblement justifiée et urgente. Ce pays est touché par des nombreuses catastrophes. Le réchauffement climatique en est la cause, et une aggravation est prévue, mais le public chinois n’est pas suffisamment informée à ce sujet.

Le rapport du GIEC 2014 prévoit une augmentation des inondations en Chine, des inondations fluviales, côtières et urbaines qui causeront des dommages étendus, un risque accru de mortalité lors de vagues de chaleur et de sécheresses.

Dans les montagnes chinoises, en Himalaya,  les inondations pourraient tripler à cause de la fonte des glaciers (article ) . 

L’été 2020, la Chine a été touché par d’immenses inondations qui ont provoqué l’évacuation de 2 millions de personnes (blog). Les pluies record ont été provoquées par la température élevée de la surface des océans, et le réchauffement pourrait aggraver ce phénomène (lien).  Le changement climatique accroît la mousson et la rend plus chaotique (lien).

La vallée du Yangtze est très menacée.  Le barrage des Trois -Gorges était au maximum de ses capacités l’été passé, et pourrait se rompre et inonder la vallée et les villes adjacentes. 

Les métropoles de Guangzhou, Dongguan, Shenzen et Zanhjiang subiront des dégâts considérables à cause de la montée du niveau de la mer (Banque Mondiale; Will Nichols, Verisk Maplecroft). Ces prévisions et les dégâts résultants pourraient être recalculées à la hausse si la fonte des glaces du Groenland et de l’Antarctique s’accélère.

Plusieurs métropoles chinoises ont aussi des graves problèmes de pollution de l’eau, ou courant un risque de pénurie d’eau.

Il y a deux semaines, la Chine a été touchée par des vents très forts et des tornades, à Wuhan et près de Shanghai. Il y a une semaine, plusieurs sportifs ont péri lors d’un marathon en montagne, pris dans une fort orage imprévu. Ce pays pourrait subir une aggravation  imprévue des tempêtes et d’événements météo (blog Wuhan).

Une centaine de rivières et fleuves chinois a déjà atteint le niveau d’alerte, et la Chine s’attend à des inondations majeures en été 2021, comme l’année passée.

Le ciment est une des causes importantes d’émissions de CO2 (Prof Schellnhuber, PIK), et nous ne pouvons plus nous permettre d’augmenter celles-ci.   Il faut réduire fortement la production de ciment.

Aujourd’hui, Howey Ou entame probablement son dixième jour de grève de la faim à Lausanne.  J’espère qu’elle va toujours bien.

Je voterai OUI à la loi CO2

Je voterai ‘oui’ à la loi sur le CO2 selon les recommandations des Verts. Le consensus que représente cette loi permet d’aller de l’avant et de mettre des mesures en place.

La loi inclut une diminution des émissions de carbone de la Suisse de 50% en 2030.  Elles seront réalisées à env. 37.5% en Suisse, et à 12,5% à l’étranger. L’Alliance Climatique, la Grève pour l’Avenir et Extinction Rebellion demandent des réductions plus importantes, mais l’Alliance Climatique recommande de citer la loi.

Selon les scénarios de l’UNEP (infographie https://www.unep.org/interactive/emissions-gap-report/2019/report_fr.php), cette réduction d’émissions nous donne 50% de chances de rester en dessous d’1,5°C de réchauffement.

Ce seuil de sécurité a été choisi car il limite le risque d’un emballement du réchauffement climatique, qui au-delà pourrait s’auto-alimenter. Par exemple si les conditions climatiques deviennent impossibles pour les forêts, d’immenses feux dégageront plus de CO2, et provoqueront plus de réchauffement. Le rapport du GIEC 1,5°C explique que si nous dépassons ce seuil, nous vivrons des vagues de chaleur plus fortes, des inondations plus répandues et plus graves, ainsi que d’autres catastrophes.

L’UNEP a demandé une réduction d’émissions de 7,6% par année dès 2020, et ajoute que si nous tardons et nous commençons en 2025, la réduction devra être de 15% pour arriver au même objectif en 2030. Il vaut mieux voter la loi et mettre en place des réductions progressives aussi vite que possible.

Je ne suis pas convaincue que cela suffise. En général, les règles de sécurité sont fixées à plus de 50% de chances du côté de la sûreté, elles sont plutôt vers 99,9%.  Par ailleurs, de toute part, des scientifiques alertent sur divers points du système qui semblent déjà très touchés par le réchauffement : La glace Arctique se réduit, les glaciers fondent plus vite que prévu, les forêts ne poussent plus comme avant, certains arbres meurent, des grands feux de forêts se produisent, par exemple en Australie en 2020, et le permafrost Arctique dégèle plus vite que prévu.

Ces événements sont considérés dans le rapport du GIEC comme des événements un peu aléatoires, difficilement prévisibles, qui pourraient énormement influer sur le cours du réchauffement climatique. Ils ne sont pas vraiment inclus dans les prévisions. Il est possible, selon moi souhaitable qu’un prochain rapport du GIEC inclue la vitesse de fonte du permafrost et ses émissions de gaz à effet de serre dans leurs prévisions de réchauffement. Les trajectoires d’émissions conseillées au niveau mondial pourraient alors changer, et il vaudrait mieux s’y adapter.

Je crois que  les organisations qui demandent une loi plus forte ont de très bonnes raisons, nous serions ainsi plus en sécurité.  Mais est-il possible d’obtenir plus?

Cet été, ou dans an ou deux, des catastrophes climatiques inouïes, pourraient se produire en Suisse, nous pourrions voir des morts de chaleur, dans des inondations, dans des tempêtes. Alors le public prendrait peur, une peur viscérale et l’opinion publique exigerait des mesures fortes suffisantes pour assurer sa sécurité.  Un aggravation du réchauffement est prévue.  Je ne sais pas, alors s’il est bon d’attendre des événements tragiques qui feraient vraiment prendre conscience au public que le climat est une question de vie ou de mort, et lui feraient accepter une loi plus forte.  En tout cas, plus vite nous mettrons la loi en place, mieux nous maîtriserons le climat. Et bien sûr les mêmes réflexions et les mêmes efforts sont déployés actuellement dans des nombreux pays.  Des solutions complémentaires seront peut-être disponibles ces prochaines années, il faudra alors les ajouter à la loi. J’aimerais bien sûr aussi limiter la publicité et toute incitation à la vente et à l’achat d’objets polluants, obtenir une réduction du temps de travail, limiter les produits animaux et récréer d’immenses forêts.

Image par Gerd Altmann de Pixabay

 

 

Nous pouvons influer sur notre avenir climatique

A la veille de la Grève pour l’Avenir, je réfléchis aux avantages de la lutte pour le climat pour les travailleurs.

Ces réflexions et ces analyses ont sûrement déjà été faites par divers spécialistes de gauche qui ont abouti à la conclusion qu’il faut tenter de  sauver le climat. L’économiste Nicholas Stern, pour sa part, a calculé il y a plusieurs années qu’il serait moins cher de prévenir les catastrophes climatiques. Personnellement, j’essaie surtout de me tenir à jour des événements climatiques, et je rejoins absolument cette idée, car leurs dangers me sautent aux yeux. Les inondations, les vagues de chaleur, et les tempêtes s’aggravent très vite.

Si nous ne faisons rien, si nous poursuivons la croissance rapide, des catastrophes climatiques s’abattront sur de nombreux pays, dont le nôtre. Des chaînes de production et de consommation seront interrompues, des transports perturbés, des entrepôts détruits, et des récoltes perdues.

Nous devrions de plus en plus souvent reconstruire les routes et les bâtiments endommagés par des intempéries, et finalement la vitesse de destruction rendrait les réparations impossibles. Dans ce monde en crise, les assurances et les aides de l’Etat seraient cruciales. 

De nombreux pays seraient progressivement paralysés par les catastrophes. La Suisse n’est pas la plus exposée, nos bâtiments sont assez solides, d’autres courent des risques plus graves ou plus proches.

Je crains qu’une aggravation du climat ces prochaines années ne soit inévitable. Je en vois pas très bien comment notre richesse matérielle pourrait augmenter dans ces conditions. Au niveau du pays, nous devons diminuer la consommation des énergies fossiles, certains biens de consommations, et stabiliser la surface des bâtiments. 

Les destructions climatiques pourraient engendrer des faillites en chaîne. Un rapport récent du fonds monétaire international estime que  la valorisation des actions des entreprises ne tient pas compte du risque climatique. On pourrait en fait les comparer à la maison de paille du petit cochon. Demain, elles pourraient s’effondrer suite à un événement climatique, inondation de l’usine, destruction du stock, non-approvisionnement, interruption pour cause de catastrophe. Un seul ouragan, Michael, a provoqué la fermeture de certaines usines suite à la rupture de la chaîne d’approvisionnement. Lors de la crise Covid, l’activité de nombreuses entreprises a aussi été interrompue, faute de livraisons de Chine.

L’UNDRR, l’agence onusienne de prévention de catastrophes, s’interroge actuellement si la production locale serait plus à l’abri d’aléas climatiques

 https://www.preventionweb.net/news/view/72361. L’économiste cité ne recommande pas une fabrication locale, qui semble pourtant une bonne idée pour l’Europe. Des stratégies pour la résilience de la production existent et seront sûrement utiles.

Et peut-être qu’un jour, les usines disparaitront et nous imprimerons les objets à la maison grâce à notre imprimante 3D et au recyclage du plastique.

Accidents de travail

Tout d’abord, la pénibilité du travail et les accidents de travail augmenteront. Des travailleurs seront emportés par des coups de chaleur, des glissements de terrain, des inondations, tomberont d’un échaufaudage ou seront percutés par un objet porté par le vent, par la grêle, au cours d’un transport, d’un travail extérieur, d’un travail à risque. Il y a déjà eu quelques cas avérés de décès de travailleurs du bâtiment de chaleur. Dans le delta du Mékong les agriculteurs travaillaient de nuit à la lampe frontale l’été passé, et lors de récentes intempéries en Chine, le vent  a causé la mort de laveurs de vitres d’un immeuble. Les échaufaudages de construction sont particulièrement exposés, et les coups de chaleur sont souvent peu prévisibles.

Faillites et chômage

La crise climatique devrait provoquer des inondations et des tempêtes de plus en plus fréquentes, qui interrompraient l’activité économique et le transport, de plus en plus souvent,  de façon de plus en plus généralisée. 

Quel serait l’effet d’une interruption de l’économie mondiale sur la Suisse ? Récemment j’ai decouvert que même le savon était fait en Chine. En 2020, près de deux millions de chinois ont été évacués pour cause d’énormes inondations, et le même nombre de personnes a été employé dans les sauvetages et l’aide d’urgence. Cela s’aggravera probablement. Chaque vis de ce pays semble fabriquée en Asie, et une faillite mondiale, ou des catastrophes dévastatrices, nous priverait de chacun de ces produits. Nous ne disposerions plus d’objets bon marché provenant d’ailleurs, ni d’aliments pour le bétail, ni d’aliments étrangers, et les banques seraient probablement très fragilisées. Il faudrait éventuellement envisager de tout fabriquer sur place comme avant.

La destruction de notre civilisation pourrait continuer par des faillites et un chômage massif, si assurance chômage il y a. Lors de la crise Covid, l’état chinois a géré les entreprises et l’approvisionnement alimentaire. Il en a transformé certaines immédiatement en usines de produits médicaux. De nombreux américains ont perdu leur emploi du jour au lendemain, 17 millions de travailleurs en un mois ont perdu tout revenu. Donald Trump leur a envoyé un chèque de survie.  Deux millions sont encore en retard avec le paiement de leur loyer.  Dans certains pays du tiers monde, les travailleurs n’avaient plus aucun salaire et ont vécu la famine. La Suisse a sauvé les entreprises mais le chômage a augmenté, certains pays ont versé un revenu minimum, ou suspendu le paiement de loyers.

No jobs on a dead Planet

Et finalement, ‘there are no jobs on a dead Planet’, il n’y a pas de travail sur une Planète morte.. Nos vies mêmes sont en danger. Nous ne savons pas exactement comment le climat va évoluer, si un réchauffement croissant provoquera la mort des forêts, des vagues de chaleur mortelles ou des tempêtes furieuses. Certains scientifiques ont estimé qu’un réchauffement climatique de 4°C signifiait la fin de notre civilisation, la fin de notre système alimentaire, et qu’il provoquerait une mortalité très importante, de faim, sur toute la Terre. Ils n’ont peut-être pas prévu toutes les surprises métérologiques qui pourraient être aussi très destructrices.

Solutions

Pour éviter ces drames, pour garder des emplois et un niveau de vie comparable à l’actuel, nous devons viser à une réduction d’émissions de carbone du pays, de nos biens produits à l’étranger et du monde entier.

La plus importante contribution de la Suisse au changement climatique pourrait provenir d’une régulation des transactions financières qui passent par ce pays, par une élimination des investissements polluants.

Nous pourrions demander une réduction du temps de travail sans réduction de salaire, car notre travail est si polluant qu’il génère des coûts de mitigation du réchauffement climatique. Un revenu de base qui éliminerait les trajets et la construction des lieux de travail serait une bonne solution. J’ai aussi pensé à un revenu de base assorti d’un travail pour la commune à faible pourcentage. Ce n’est pas très utile aujourd’hui, mais dans un monde d’urgence, où il faudra assurer des stocks alimentaires, déblayer les gravats des catastrophes, transformer rapidement des bâtiments pour des besoins d’urgence, cela pourrait être bienvenu.

Dans cette perspective de réduction de temps de travail,  j’essaie de demander des fêtes gratuites, des cours de bien-être et de sports gratuits, des spectacles, des places de jeux, des parcs, des bus d’excursions nature partant de tous les quartiers, des potagers. A revenu égal, notre qualité de vie pourrait beaucoup s’améliorer.  Nous pourrions obtenir des objets durables, de meilleure qualité. 

Il serait mieux que l’Etat ait une certaine marge de manoeuvre pour organiser les urgences, tant financière que décisionnelle. Surtout, il me semble que les citoyens les plus pauvres ont tout intérêt à avoir un gouvernement de gauche, honnête, informé et sage, qui prenne soin de la population de manière égalitaire lors des situations d’urgence, qui assure des distributions alimentaires, des gels de loyer, des confiscations pour fournir les biens de première nécessité en cas de crise, et surtout qui anticipe les problèmes pour sauvegarder une certaine qualité de vie.

La situation inverse serait une inflation énorme, le prix des aliments monterait en flèche, les plus riches veilleraient à la sécurité de leurs logements où ils se feraient livrer leurs aliments, et les plus pauvres, sans travail, affamés, verraient leurs logements détruits par les catastrophes.

Le climat est extrêmement grave. Il faut maîtriser la situation au plus vite.

 

Wuhan en Chine paralysé par des tempêtes et par une tornade

La ville de Wuhan, foyer officiel de l’épidémie de coronavirus, touchée par une immense inondation l’été passé, a subi des fortes intempéries.

Reuters: Deux tornades ont ravagé la ville centrale de Wuhan et une ville de la province orientale du Jiangsu, tuant au moins 12 personnes et en blessant des centaines en détruisant des maisons et des biens, a annoncé samedi l’agence de presse officielle Xinhua.

Huit personnes auraient été tuées à Wuhan, dans la province du Hubei, avec 280 blessées après la tornade de vendredi qui a ravagé le district de Caidian à 20h39, heure locale, a indiqué l’agence.

La tornade a renversé 27 maisons et endommagé 130 autres, ainsi que deux grues à tour et des rangées après rangées de hangars sur les chantiers de construction, a-t-il ajouté.

«J’ai grandi à Wuhan et je n’ai jamais rien vu de tel», a déclaré un habitant de la ville sur l’application chinoise Weibo. “Il y a eu tellement de météo extrême récemment.”

Une autre tornade a frappé la ville de Shengze, dans la région de Suzhou, dans la province du Jiangsu, sujette aux tornades, tuant quatre personnes et en blessant 149, a déclaré Xinhua.

Les responsables des incendies ont déclaré que les vents avaient endommagé les installations électriques et renversé plusieurs bâtiments de l’usine.

Les tornades frappent souvent le Jiangsu à la fin du printemps et au début de l’été (Reuters traduction google). La ville touchée est à environ 50 km de Shanghai.

Quelques jours auparavant, Le 10 mai la ville de Wuhan a aussi subi une forte tempête, un vent très fort qui a endommagé les bâtiments, une inondation, de la très grosse grêle. Il y a eu au moins deux morts, des personnes qui nettoyaient les vitres d’un immeuble, et de nombreux dommages matériels.

Il était très difficile et risqué de s’aventurer dehors au cours de ces intempéries. La gare s’est transformée en piscine. Des toits en tôle ondulée ont été arrachés, des immeubles, des stands, des voitures détruits.

Les premières minutes de la vidéo ci-dessous résument les intempéries du 10 mai à Wuhan (vidéo informative en chinois,   autre vidéo du 10 mai).

Au mois de mai une tornade a aussi frappé Oman, plusieurs le Canada, et les dernières semaines de nombreuses tornades se sont produites aux Etats-Unis. Elles ont touché les villes d’Atlanta le 3 mai (lien) et la Nouvelle-Orléans mardi passé (lien).

La Suisse subit aussi des intempéries. Elle est un peu protégée des vents, qui sont bien plus destructeurs ailleurs, où intempéries causent des dégâts matériels,  endommagent les entrepôts et perturbent les transports. Une étude de 2017 montrait que la fréquence de tornades augmente aux Etats-Unis (lien). Elles semblaient très fréquentes en 2020, et surviennent lors de forts orages, qui s’aggravent.  L’économie mondiale pourrait être progressivement mise hors service par ce type d’événements.

Commentaire 1: Je crois que maintenant je dois lire l’article ‘Tornado outbreak variability follows Taylor’s power law of fluctuation scaling and increases dramatically with severity‘ et le résumer. Alors, l’article dit que le nombre de tornades par tempête augmente très vite, pour les tornades F1 et F2. Cela suggère que les tornades pourraient se multiplier énormément.  

Commentaire 2: Dans les jours suivants, une autre ville chinoise située à environ 100 km de Wuhan a été touchée par les intempéries et un vent très fort. Le vent a provoqué l’effondrement de bâtiments et de poteaux électriques.  Près de 300 pièces d’appartement ont été détruites, 3837 personnes ont été évacuées de bâtiments endommagés, et 100’000 ont été touchées par les intempéries (lien).

Commentaire 3, le 3 juin: Le 29 mai des vents extrêmement forts, les plus forts que j’ai jamais vu, ont frappé Fujian (vidéo, vers 7 min 50), et le 1 juin une forte tornade a touché Shangzi, Heilongjiang.

 

Une école heureuse demain!

L’école aujourd’hui

Cette semaine j’ai appris que l’état de Genève veut modifier l’école en mélangeant les 9ièmes et les 10 ièmes de niveau différent. En tout cas, c’est ce que j’ai compris. Un tel système existe dans le canton de Vaud jusqu’à la 6ième,  10 élèves de 5ième et 10 élèves de 6ième sont assis en alternance dans la même salle. La maîtresse donne un cours, puis distribue du travail personnel aux élèves, et passe au programme de l’autre classe. J’ai pu assister à de tels cours, j’ai vu des techniques d’enseignement intéressantes, mais aussi, en une heure, plusieurs évènements aggressifs, tels qu’écrire sur la main de l’autre élève, se mettre en travers du chemin de l’autre pour l’empêcher de travailler. Les enfants ont aussi dit qu’ils ne voulaient pas de nouveaux élèves dans leur classe. Je dois dire nous aurions entendu que nous devons être gentils avec le nouveau et ces bases de civilisation n’étaient peut-être pas inutiles.

Je suis assez perplexe face à l’école actuelle. Je ne cesse de me dire ‘mais ce n’est pas possible’. Depuis mon époque lointaine, le Wir Sprechen Deutsch’ a été abandonné au profit d’une bien meilleure méthode d’allemand, bien conçue pour des petits. L’apprentissage de la lecture a été retardé. L’écriture manuscrite semble en cours d’abandon. L’allemand et l’anglais sont enseignés bien plus tôt, deux ou trois ans plus tôt, c’est très bien. Les mêmes matières, les mêmes compétences sont évaluées très différemment : les tests de maths ont 3 fois plus de questions que de mon temps, le test d’histoire ou de français consiste en 50 questions sur une liste de détail appris par coeur. Il y a plus de formes verbales françaises archaïques, et plus de Sciences. L’histoire était un joli récit, et il n’y avait pas de géographie. Il y a moins d’heures de cours dans l’ensemble, mais paradoxalement plus d’exigences. J’avais vraiment de la facilité, et j’ai un peu un sentiment d’irréalité car il me semble qu’aujourd’hui l’école demande plus à toute la population qu’aux bons élèves de la génération passée, qui sont pour certains devenus les professeurs d’université actuels. Un futur maçon semble apprendre plus  aujourd’hui. Je trouve que la culture générale est très importante pour toute la société, mais elle pourrait être acquise de façon plus légère et plus informelle. L’excès de difficulté me semble contreproductif, quand l’école était facile, j’avais envie d’en savoir plus, le cas contraire peut engendrer un rejet et une fuite. Lorsqu’un élève apprend que ses notes sont insuffisantes, il faudrait peut-être au moins ajouter ‘pour devenir professeur d’université’, mais bien sûr ce serait inexact aussi, car il peut s’améliorer par la suite.

L’école explose

Simultanément, il y a plus d’harcèlement scolaire, plus de coups. Je vois parfois des adolescents se frapper, d’autres pousser dans le bus pour passer au lieu de dire ‘pardon’. Je n’ai jamais vu ça de mon temps. Il semble vraiment y avoir plus de violence. Mercredi, un gosse de dix ans a tenté de trancher la gorge d’une copine. Récemment, les journaux rapportaient que la criminalité, les suicides et les dépressions des jeunes augmentent fortement. La drogue existe aussi, et en Angleterre le porno fait des ravages chez les enfants. Ils se couchent très tard, et ne dorment pas assez. Dans le canton de Vaud, il y a eu plus de dix fausses alertes à la bombe ce printemps. Elles montrent un refus de l’école actuelle. Une assistante sociale à la télévision parlait d’un rejet de la société dès dix ans, qui conduit à la délinquance, j’ai vu des enfants en agressivité constante à huit ans et je crois qu’il devraient être pris en charge à ce moment-là.

Je crois que l’école a sa part de responsabilité. Elle maintient les élèves dans un stress continu et nocif, qui peut en conséquence entraîner de l’agressivité, des troubles de sommeil, des abus d’alcool et pourrait les rendre plus vulnérables à la dépression. Il s’agit d’un tiers ou de la moitié de la population future dont la santé est fragilisée dans l’enfance par l’école. C’est absolument scandaleux !

Les professeurs sont trop critiques, parfois abusifs. Les tests et les notes sont bizarres, en plus de la longueur, de la fixation sur les détails, ils reviennent avec ‘mot illisible’ de mauvaise volonté qui soustrait encore un demi-point. Ils ne répondent plus à la question si l’élève a compris le chapitre et acquis la compétence, ne sont pas bien conçus pour cela, cette information se perd dans les détails excessifs. Je dois dire que je me suis promise que ma fille travaillerait plus consciencieusement que moi, pour avoir les notes maximales parce que j’ai découvert bien plus tard que quelques lacunes de vocabulaire allemand me posaient problème, m’ont par exemple empêché de me diriger dans une bonne section (mathématiques spéciales). L’excellence peut ouvrir des voies dans la vie. Elle travaille donc très bien, comme je l’ai décidé. L’application sur le téléphone fonctionne bien, mais il y beaucoup plus de vocabulaire à apprendre, nous avions 20 mots, actuellement c’est plutôt 100 mots. Il y énormément de géométrie, utile peut-être à l’EPFL mais pas ailleurs, le cours d’économie utilise l’algèbre qui n’a pas encore été traitée à l’école. Par contre, ils s’ennuient probablement moins en classe que nous, et ils font une partie de devoirs pendant l’heure de cours. Je trouve que les demandes sont parfois excessives, les tests mal planifiés, la faisabilité n’est pas prise en compte, et les commentaires destructeurs des professeurs à la limite de l’abus.  Quant aux cours, lorsque je donnais des conférences à l’Université pour d’autres doctorants et chercheurs, j’ai appris à mettre au maximum trois phrases par diapositive en gros caractères, colorées et visibles,  des images, montrer les différentes parties de l’image dont je parlais, souvent rappeler le but et les conclusions.  Il fallait être comprise malgré des instants d’inattention de l’auditoire. J’espère que les enseignants appliquent ce type de règles.

Le stress nocif

Environ une fois par mois, les élèves de 9ième sont confrontés à un test énorme, nécessitant environ 20 heures d’apprentissage par coeur. Il y a une semaine, dans une telle situation, toute la classe, en tout cas plusieurs élèves, étaient stressés, avaient de la peine à dormir, étaient agités en classe, et ont moins bien suivi les autres cours. Il faut vraiment leur éviter de tels stress, qui mettent leur santé en danger. S’ils doivent vraiment connaître par coeur l’emplacement de tous les peuples barbares au 6ième siècle et mille autres détails, le travail devrait être réparti par l’enseignante en plusieurs sessions de devoirs. J’ai entendu qu’il faut responsabiliser les élèves pour qu’ils répartissent leur travail. A mon avis, cette tâche devrait être accomplie par les adultes. Avant, les psychologues disaient qu’il ne faut pas  culpabiliser les enfants. Il ne faut pas les piéger par des exigences inadaptées, mais se rappeler qu’ils ne sont pas encore responsables. L’enfant n’a justement pas les capacités d’organisation des adultes. Il vaudrait mieux que l’enseignante répartisse le travail, et par là elle donnera progressivement des bonnes habitudes d’étude régulière. Il faudrait le plus possible leur dire : nous vous avons préparé une tâche possible, faites nous confiance, vous pouvez le faire.

Dans cette conférence, vers 107 minutes, Solange Denervaud explique que le stress peut empêcher le raisonnement correct et causer une agressivité chez l’élève (lien). Dans son example, elle provoque le stress  en limitant le temps et en interdisant de faire le calcul par écrit. L’école d’aujourd’hui fait exactement cela, des sortes de chicanes qui rendent le travail pénible. Il faut absolument aller dans l’autre direction, celle du confort, de la faisabilité, se concentrer sur l’essentiel et non pas sur les détails inutiles. Il faut adapter les manuels, la façon d’enseigner à des enfants et à des adolescents.

Je crois qu’il faut voir que nous vivons dans un monde nouveau, dans une société en crise, et que l’école devrait s’y adapter. Sa première mission doit être que les élèves sortent sains d’esprit. Des tests de niveau de stress, de dépression, devraient être effectués. Il faut cependent garder à l’esprit que par le passé des nombreux comportements ‘pathologiques’ étaient éliminés par des punitions sévères. La normalité est probablement assez étendue.

En théorie, les élèves qui ont des mauvaises notes n’ont pas assez travaillé, par manque de discipline, par révolte, par déprime ou n’ont pas compris le cours. D’autres ont des lacunes préexistantes. En réfléchissant aux personnes que j’ai connu, il me semble que les mauvais élèves ont souvent eu des problèmes familiaux et ont des barrières psychologiques, qui nuisent à leur performance. Ceux-là peuvent réellement s’améliorer. D’autre part, aujourd’hui, environ un quart d’élèves est francophone, la majorité parle une autre langue à la maison.

Utiliser les bases, alléger les détails

Je ne crois pas qu’un mélange avec des meilleurs élèves  et des classes aux exigences plus élevées soit adapté. Je propose le contraire, des petites classes par niveau. Les surdoués sont probablement moins d’un pour mille.

L’enseignement me semble actuellement très fragmenté, l’élève apprend de nombreux détails en deux ou trois semaines et passe rapidement à un sujet complètement différent.

Tous les élèves gagneraient à entraîner régulièrement les bases, à calculer et à écrire des textes en français chaque semaine. Cet enseignement pourrait faire appel à beaucoup plus d’exemples pratiques. L’école pourrait racheter un magasin en faillite et utiliser le stock réel, tangible, pour les mathématiques et l’économie. Actuellement, le calcul est très concentré sur quelques semaines dans l’année avec des longues interruptions qui permettent d’oublier.  Les films et les jeux vidéo sont d’excellents moyens d’enseignement, même s’il y a aussi des aspects négatifs.

Les sciences intéressent vraiment les enfants. J’ai donc montré à la fille des dessins animés qui expliquaient de façon simple et amusante le fonctionnement du corps humain. Mais à  l’école, elle a dû apprendre la structure du coeur en dix parties.  Je crois que je n’ai pas appris tous ces détails en études universitaires de Biologie. Je vois que le niveau d’éducation s’élève, et la raison principale pourrait être l’éducation des enseignants et des responsables du programme. Peut-être avons-nous maintenant atteint ou légèrement dépassé les limites de l’Humain.  Je trouve que l’excès de détail nuit à l’enseignement et à l’intérêt des élèves. Je me demande aussi s’il est possible de réussir le test sur les dix parties du coeur ( par coeur) sans savoir s’il s’agit d’un coeur.

 Devons-nous pousser tout le monde vers le bac? Dans une société écologique, de nombreuses personnes effectuaient des métiers utiles, elles seraient paysan(ne)s,  artisan(ne)s ou s’occuperaient des enfants. Une autre idée est que chacun devrait suivre ses talents naturels.

Un adolescent pourrait encore apprendre par intérêt, par curiosité naturelle, comme un jeune enfant. Une culture générale scientifique pourrait tout à fait être acquise par des films et des articles de journaux. Les promenades d’observation de la Nature et les musées sont aussi une excellente approche, et des supports matériels, des modèles, devraient être utilisés le plus possible. J’aimerais que le vocabulaire du cours de Sciences, et le cours même soit simplifié. Il faudrait refaire les manuels avec des pages d’introduction que l’élève comprend facilement, qui le relient à la vie réelle, l’alléger dans l’ensemble, et le rendre plus attractif.

L’école et le bien-être

J’ai personnellement remarqué que sans stress, les performances étaient largement meilleures. Par contre, dès que la personne est effrayée par la tâche, ou qu’elle doit se dépêcher, la compréhension baisse.

Idéalement, les enfants et les adolescents devraient vivre sans stress, ils se développeraient mieux ainsi. J’aimerais que l’école fasse beaucoup d’efforts dans cette direction.

Les classes devraient être petites, l’enseignement par classe de 10 élèves fonctionnait très bien, l’ambiance étaient meilleure, l’enseignante détendue, les problèmes de discipline disparaissaient.

Il serait peut-être réalisable, et certainement bon de créer des classes sans notes pour les élèves en difficulté ou les mauvais élèves, des classes dans lesquelles leur santé psychologique et l’acquisition des bases seraient les vraies priorités. Je ne sais pas exactement comment organiser l’école sans notes. La diminution du stress et l’augmentation de confiance en soi pourraient être impressionnantes. L’école Montessori fonctionne très bien, chaque élève y avance en individuel, avec une maîtresse pour dix et des tâches individuelles de trente minutes environ. Ou alors, un cours de base serait enseigné à toute la classe, tranquillement, et des sujets optionnels seraient travaillés individuellement, à choix avec des révisions. Les devoirs seraient faits en classe ou dans un temps d’étude donné. Il faudrait bien sûr garder au moins la possibilité de rejoindre une autre section par un pont à 15 ans.

Il faudrait permettre d’effectuer les tâches d’apprentissage correctement. L’enfant doit avoir le temps d’effectuer son exercice attentivement, cela évite l’automatisation des erreurs et donne des meilleurs habitudes de travail par la suite. Je croyais que c’était une règle connue et admise.

Je cite ici un exemple d’une école australienne, d’une région difficile (lien). De nombreux élèves sont de culture aborigène, et les familles ne soutenaient peut-être pas le projet de l’école, de plus leurs propres trajectoires de vie étaient parfois tragiques. L’école a introduit des cours de méditation (mindfulness, conscience et concentration, plus exactement), de culture indigène et un chien de thérapie qui les aide dans les moments difficiles. Les comportements graves ont baissé de 90%, les infractions sont passées de 120 à 5 par jour. C’est un exemple de ce qu’une organisation bienveillante et intelligente peut obtenir.

Je précise que ma propre fille est d’abord allée dans une école Montessori bienveillante, la Ferme des Enfants. Son cerveau fonctionnait très bien dans cet environnement sans stress aucun, elle avait de la curiosité, envie d’apprendre et confiance en elle pour réussir.  Je pensais qu’elle avait envie d’essayer des jeux complexes car elle y était habituée et qu’elle n’avait pas été découragée de remarques négatives.  Je crois qu’une école relax jusqu’à 15 ans ne met pas vraiment en péril la réussite future, car elle correspond mieux aux capacités des enfants et leur permet de les utiliser. Seules les langues doivent être apprises tôt. Le système MYP qui mène au Baccalauréat International et aux meilleures universités est basé sur cette idée, d’intégrer le développement naturel et les intérêts des adolescents. Les manuels sont complètement différents, légers et amusants.

Il faut d’abord s’assurer que les élèves soient en bonne santé, en bon état psychologique (et physique bien sûr) pour travailler. La méditation et de nombreuses activités de bien -être, p.ex à midi abaisseraient le niveau de stress. Les enfants ont envie de communiquer, j’entends des discours sur le rôle social de l’école. Ces interactions se produisent essentiellement pendant les 15 minutes de la récré, il en faudrait plus. L’acceuil périscolaire pourrait avoir lieu dehors, et permettre aux enfants de socialiser en jouant et en parlant.

Je vois des jeunes révoltés, dans le rejet d’un côté, et des cours très détaillés, aux définitions ampoulées, déconnectés de la réalité de l’autre. J’ai l’impression qu’il s’agit de deux mondes très éloignés qui devraient se rapprocher.

Ted talk sur la pleine conscience (mindfulness), sous-titré en français: Mindfulness

Commentaire d’une lectrice: ‘Point de vue que je partage entièrement. Je vis à Zurich et jusqu’en 6eme Harmos l‘école suit très bien les enfants sans les stresser. Dès la 7eme cela change et la pression devient insoutenable. En plus à Zurich, ils ont une école d‘élite (lanzeitgymi) avec examens d’entrée super hardus qui rend la situation encore plus explosive. J’ai vues tests et malgré que j’ai fais un master à l’uni, le niveau à atteindre à 12 ans est surréel.’

Commentaire Dorota: Je trouve que l’école suisse fait les maths lentement et vite à la fois: lentement parce qu’elle les fait tard, mais par contre elle leur demande des dizaines de calculs en un temps limité. Je crois qu’il vaut mieux introduire les concepts tôt, quand ils intéressent l’enfant, mais sans stress et de façon ludique. Ils font beaucoup  d’exercices sur la position de stands dans un marché, ce qui introduit la lecture de coordonnées, utile probablement pour la géométrie et pour EPFL. Dans d’autres systèmes les multiplications, les divisions, les fractions et l’algèbre interviennent 2 ans plus tôt, en Montessori même plus tôt, il y a une sur YouTube une belle vidéo d’un petit de 5 ans qui multiplie très bien (vidéo).  Il me semble aussi que des nombreux parents concentrent beaucoup les activités et les intérêts de leurs enfants sur le sport. Parfois, ils les forcent au début, vers 3-4 ans, puis disent que l’enfant n’aime que le sport vers 8-10 ans. J’ai l’impression que c’est une conséquence de leur éducation.

Edité le 16 mai

Commentaire le 28 juin 2021: Il semble que 9 enfants sur 21 dans une classe de 9ième n’ont pas obtenu la moyenne suffisante cette année, presque 50%.

La diminution des émissions de 2020 a-t-elle réchauffé la Planète? 

Combustion de carburants fossiles et aérosols

L’épidémie de coronavirus et les mesures de confinement ont provoqué une réduction des émissions de carbone planétaires, particulièrement de celles des transports terrestres et aériens.

La réduction a atteint 26% à son apogée (blogArticle Le Quéré) et les émissions de carbone de l’année 2020 ont baissé d’environ 6% (Lien IEA). Une étude récente suggère que les Etats – Unis ont même vécu une baisse plus importante (lien).

La combustion de  charbon, de bois et de gaz dégage du gaz carbonique, dont la demie-vie dans l’atmosphère est d’environ cent ans.  Elle produit aussi des aérosols, qui ne subsistent que quelques jours dans l’air. Il s’agit de diverses molécules dont certaines absorbent la lumière solaire et d’autres la réfractent , et en protègent la Planète (Lien aerosols).

L’utilisation des énergies fossiles provoque la formation de ces molécules qui refroidissent la Planète. Un des grands dilemmes du climat est que l’arrêt soudain de toutes les usines provoquerait la disparition des aérosols, qui pourrait brusquement réchauffer la Planète d’environ un demi-degré Celsius. Ce serait dramatique, pourrait conduire à des violentes intempéries et à la mort des forêts. 

Pourtant, si nous continuons, l’effet de serre s’accroît et la température planétaire augmente. 

Certains considèrent qu’une dispersion artificielle de particules (geoengineering SRM) dans l’atmosphère est la seule solution pour sauver le climat terrestre. 

Effet du confinement

Image by Tumisu from Pixabay

La grande expérience planétaire de 2020 nous a apporté des renseignements sur ce sujet.  Les émissions de carbone ont été réduites de 6 ou 7%. Les aerosols ont diminué. Comment ce changement a-t-il influé sur la température de la Planète?  Les calculs basés sur plusieurs modèles indiquent que la quantité de rayonnement solaire touchant la Terre a augmenté pendant cette période, mais pas au point d’augmenter la température ou le rayonnement terrestre.  Même localement en Asie, où l’effet de réduction a été le plus fort,  l’augmentation de température n’a pas dépassé 0,1 degrés Celsius (communiqué, article).

Une autre publication rapportait que le printemps chaud que nous avons vécu en 2020 en Europe n’a pas été directement causé par l’arrêt des usines et l’absence de particules dans l’atmosphère, mais était un phénomène météorologique indépendant. 

Les calculs qui rapportent peu d’effet de la réduction des aérosols sur la température  se basent sur des chiffres estimés de l’effet des aérosols. J’aimerais voir ces calculs confirmés par des mesures directes de rayonnement solaire. 

Aérosols et réchauffement futur

L’effet de ces particules sur le climat a été sujet de débat. La combustion du bois, du pétrole, et du charbon produit différents mélanges. J’ai trouvé une publication qui estime que la combustion du charbon pourrait temporairement refroidir la Planète, alors que celle du pétrole et du bois la réchauffe plutôt (lien).

 Si c’est le cas, nous avons intérêt à arrêter au plus vite le traffic automobile et la déforestation, et à réduire la consommation du charbon plus lentement, de manière bien calculée. En 2020, la diminution des émissions du pétrole a été la plus forte. Il est donc possible que nous ayons réduit les aérosols absorbants (chauffants) plus que ceux qui refroidissent la Planète. Par contre, les feux de forêt ont été très importants et ils ont pu contribuer au réchauffement annuel.

Si les aérosols du pétrole ne refroidissent pas la Planète, l’arrêt rapide de son utilisation pourrait protéger notre civilisation.  Par contre, un arrêt immédiat et total de toutes les usines à charbon planétaires pourrait être dangereux pour le climat. Du reste, un arrêt progressif sur dix ou vingt ans nous permettrait d’organiser la transition vers un monde sans carbone fossile, et à l’économie locale.

Cette année l’activité volcanique semble intense,  notamment la Souffrière  a rejeté une grande quantité de particules qui pourraient tamiser le rayonnement solaire.  Elles remplacent les particules émises par les usines.

Il est aussi essentiel de protéger les forêts.  Les aérosols de combustion du bois pourraient contribuer immédiatement au réchauffement, Les feux de forêt émettent beaucoup de carbone,  de plus les forêts sont très importantes pour la Biosphère, une Terre déforestée ne serait peut-être pas habitable pour les humains.   Plantons et protégeons les arbres!

Image de couverture by Ralf Vetterle from Pixabay

 

Biden lance un plan pour l’emploi et sécuriser les infrastructures contre le réchauffement. Le fera-t-il bien?

Biden face à la réalité climatique

Le président américain lance un grand plan pour l’emploi à hauteur de 2,3 billions de dollars. Ces investissements sont destinés au renforcement des infrastructures face au réchauffement. Ils déclarent que « chaque dollar dépensé pour la reconstruction des autoroutes, des aéroports, des systèmes d’eau etc sera utilisé ” prévenir, réduire et résister aux impacts de la crise climatique. “

Le nouveau président américain semble faire face à la réalité. Il serait très intéressant de savoir quelles mesures ont été prévues pour que les infrastructures résistent au changement climatique. Elles doivent être adaptées à l’urgence climatique.

Le changement climatique provoquera probablement des inondations croissantes, des ouragans plus forts  des glissements de terrain, des vagues de chaleur, des feux de forêt et la montée du niveau de la mer (GIEC).

Des vents plus forts, et des grands orages, s’étendant sur plusieurs pays semblent aussi se produire depuis quelques années. Ils pourraient apporter des grosses grêles, de tornades et des foudres très nombreuses ou intenses.

Inondations

De nombreux dégâts se produisent déjà: Le nombre et la gravité des inondations augmentent. Elles inondent les sous-sols, détruisent les possessions dans les appartements et les stocks dans les entrepôts. Ce danger est très répandu, un rapport américain estimait que la moitié des bâtiments des Etats -Unis sont en danger d’inondation.  La petite catastrophe de Lausanne de 2018, a déjà causé des dommages coûteux dans de nombreux sous-sols. En 2020, la Chine a été touchée par d’immenses inondations, qui ont couvert des villes entières.  Elles sapent et emportent des bâtiments entiers. Plus d’un million de personnes ont été évacuées, et un nombre comparable a été employé dans l’aide aux victimes.  Le danger d’inondation a été relativement bien annoncé par le GIEC, même si les précipitations sont parfois plus intenses que prévu. La fonte de la glace Arctique et le dérèglement du courant-jet pourraient créer des perturbations atmosphériques supplémentaires, et amener des fortes précipitations dans l’hémisphère Nord. 

Glissements de terrain

Des glissements de terrain inhabituels se produisent suite au dégel du permafrost boréal et de montagne. Les chutes de pierre dans le Massif du Mont-Blanc se sont surtout produit depuis 1990, et augmentent ces dernières années, dues au réchauffement (Lien preventionweb).  Les pluies intenses en provoquent aussi, les feux de forêt déstabilisent les pentes de montagne. D’autres glissements de terrain se produisent en bord de mer à cause de la montée du niveau de la mer  et en bord de rivière en crue, après des fortes pluies. En Californie, le Highway 1 est très vulnérable et a déjà subi des nombreux glissements de terrain (lien) , notamment après une grande tempête

Parfois, les glissements affectent des grandes étendues, quand un éboulement bloque une rivière. Après des pluies intenses en 2019, un tiers de la Colombie avait été coupé du monde par des glissements de terrain sur les routes (lien). 

Des glissements de terrain importants se sont produits récemment en Nouvelle Zélande, au Canada, en Turquie, en Equateur,

au Pérou , en Chine au Séchouan, à Hubei, ou à Chongking. Ils augmenteront probablement de concert avec les précipitations intenses. 

Orages plus importants et destructeurs

Les orages semblent plus grands et plus forts, les nuages s’étendent plus haut , l’humidité atmosphérique augmente, les courants polaires humides se heurtent à de l’air très chaud et pourraient des intempéries plus violentes.

Des grêles avec des projectiles de glace de près de 20 centimètres se sont produits récemment à plusieurs endroits des Etats -Unis (Oklahoma, Texas). Ces dernières années, les grêlons géants  ont tué en 2019 en Chalcidique, Grèce. Ils ont détruit des voitures et percé des toits en Italie, en Australie.  Un article rapportait que les fortes grêles avaient détruits quasiment tous les toits.  Un autre discute les événements de grêle géante en Europe.

Ces orages s’accompagnent parfois de tornades et de foudre. Des records du nombre d’éclairs ont été atteint ces dernières années, des foudres beaucoup plus fortes pourraient aussi se produire (blog, Reuters).  La Suisse est assez exposée à la foudre, et relativement moins au vent. 


Vent


Des vents étrangement forts se sont produits ces dernières années. Les statistiques sur la vitesse du vent semblent difficiles à faire. Cependant, jai l’impression que le nombre d’arbres cassés par les vents s’accroit.

Les jeux olympiques de Corée avaient été perturbés par des vents étonnants (lien).

En 2020, un vent fort a balayé  l’état de l’Iowa et a provoqué des dommages très étendu, a privé d’électricité et coupé du monde de nombreuses villes, qui ont été livrées à elles-mêmes dans une chaleur intense (mon blog). 

Le mois passé, en avril 2021 des vents violents ont ravagé au moins la Russie, le Brésil et la Chine. J’ai remarqué dans les vidéos que les toits des immeubles sont arrachés en entier, s’envolent en plaques immenses de dizaines de mètres. Les  arbres cassent, les tempêtes plient les grues de chantier , de nombreux poteaux sont arrachés, tout objet non fixé s’envole et peut causer des dommages, les trampolines en particulier volent très bien. 

L’article phys.org en lien cite plusieurs chercheurs en génie civil sur ce sujet. Ils confirment que l’infrastructure devra être adaptée à une gamme plus large de conditions climatiques.

Le professeur génie civil Baker de Stanford estime que les agences concernées devraient exiger que les projets d’infrastructure soient conçus en tenant compte des risques futurs liés au changement climatique. Le rétablissement de la norme fédérale de gestion des risques d’inondation de l’ère Obama serait un bon pas dans cette direction. Les entités privées devraient également être tenues d’évaluer et de déclarer leurs risques liés à l’exposition aux impacts du changement climatique – une transparence accrue sur ces risques profiterait à tous les décideurs.

Le professeur Billington de Stanford a déclaré que récemment des liens solides ont été trouvés entre les caractéristiques de conception de l’environnement bâti et les politiques de logement historiques qui peuvent être directement responsables de l’exposition disproportionnée des populations mal desservies aux événements de chaleur actuels. La lutte contre les effets des îlots de chaleur urbains en accordant une attention à la fois aux infrastructures bâties et naturelles dans les villes peut aider à remédier à ces inégalités.

 Une meilleure politique de construction pourrait limiter les vagues de chaleur en ville et dans les appartements. 

Solutions

Personnellement, au vu des événements catastrophiques dont j’ai connaissance et que je tente de porter à la connaissance du public, j’estime que: 

– L’aggravation de tous ces phénomènes, inondations, vents, foudres, tornades, glissements de terrain ainsi que des vagues de chaleur devrait être bien calculée pour chaque degré de réchauffement. 

– Il faut des toits résistants, et peut-être des volets obligatoires pour protéger les fenêtres. Les panneaux publicitaires doivent disparaître, les feux de circulation et les poteaux de l’électricité sont aussi fragiles.  Des arbres cassent aussi, ils devraient parfois être taillés ou remplacés par d’autres espèces.

– Il faut aussi estimer la probabilité que la maison entière s’écroule en cas de glissement de terrain, de violente inondation ou de tornade pour tout bâtiment existant et prévu.  Ces bâtiments ne doivent pas être construits.

– Les bords de mer et les zones proches des embouchures des rivières sont très exposées, et les nouvelles données sur la fonte des glaciers Antarctiques signifient que la montée du niveau de la mer atteindra, lentement et progressivement plusieurs mètres. A d’autres endroits,  les risques d’inondation pourraient être réduits en creusant des grands canaux, des vrais lits de rivières, pour évacuer l’excès de pluie. 

– J’espère qu’ils mettront en place des mesures pour sauver les forêts, essentielles pour le climat et la biodiversité.   Les forêts protègent contre les petits glissements de terrain, et conduisent l’eau de pluie en profondeur.  Il faudrait voir si les pentes de montagne pourraient aussi être drainées ou si les précipitations pourraient être dirigées dans des canaux. 

Si l’estimation des dégâts climatiques futurs à l‘infrastructure est faite correctement, elle sera énorme, tous les bâtiments sont à risque. Il faut peut-être sécuriser surtout l’infrastructure essentielle, créer des abris et transformer les hôpitaux en bunkers amphibies.

Et si on prend en compte tous les coûts, il deviendra clair qu’il sera moins cher, de réduire fortement les activités économiques que de transformer les centres commerciaux en bunker d’autant plus que nous vivrions en bouleversement climatique perpétuel.  De plus, il existe de sérieux risques d’aggravation rapide du changement climatique,  par exemple quand les températures battront des nouveaux records lors de la prochaine année El Nino. 

 

 

La géo-ingénierie, la couleur de la lumière et la croissance des plantes

OBSCURCIR LE SOLEIL

Les climatologues savent depuis longtemps que les éruptions volcaniques provoquent un certain refroidissement de l’atmosphère, ou en tout cas un ralentissement du réchauffement. Les cendres volcaniques en suspension réfléchissent une partie des rayons du soleil avant qu’ils n’atteignent la Terre.  L’éruption actuelle du volcan de la Souffrière pourrait d’ailleurs provoquer une baisse ou une stabilisation des températures cette année, ce serait une bonne nouvelle.

Les scientifiques ont donc eu l’idée de reproduire cet effet en dispersant des petites particules dans l’atmosphère pour filtrer la lumière du soleil. Cette technique de géo-ingénierie s’appelle en anglais SRM (solar radiation management).

Les scientifiques américains appellent à l’étude de cette technologie (lien Nature). Après des tests préliminaires, elle a été délaissée par crainte de conséquences sur le climat et du laxisme au niveau des émissions. Pour le moment, des études tentent de mieux définir les aérosols déjà présents dans l’atmosphère.  L’Université d’Harvard avait prévu de lancer des essais SCoPEx de dispersion de particules mais ceux-ci ont été bloqués par les Samis suédois la semaine passée (lien Reuters), car la réduction des émissions de carbone leur paraît une bien meilleure solution.

Nuage de cendres d’une éruption volcanique naturelle

Je relaye ici un article qui est un appel pressant aux écologistes d’évaluer les conséquences de cette technologie avant de l’utiliser. Selon les auteurs, elle pourrait avoir plusieurs conséquences imprévues sur le climat et sur les écosystèmes terrestres (article).

Les aérosols dispersés dans l’atmosphère diminueraient la quantité de lumière solaire qui atteint la Terre, et par là la température de l’air, sans diminuer le CO2 atmosphérique, la température ni l’acidification des océans.  Les ‘effets secondaires’ pourraient inclure une augmentation ou plutôt la destruction de la couche d’ozone, des sécheresses, et la perte de la mousson asiatique. Cela dit, il me semble que cette dernière s’accroît très vite et cause des inondations de plus en plus graves, ce qui est aussi un problème (lien).  L’intervention pourrait provoquer aussi une déposition de sulfate et changer le spectre de la lumière atteignant la terre.

Un risque inhérent à cette géo-ingénierie est qu’elle devrait continuer tant que la concentration de CO2 ne redescendra pas, un arrêt qui pourrait subvenir lors d’une guerre, une défaillance, ou encore la destruction du centre d’émission provoquerait un saut de température avec des conséquences météorologiques à côté desquelles les intempéries actuelles seraient des bébés.

Si l’intervention est appliquée tôt, elle pourrait être beaucoup plus modérée. Par contre, si plus tard nous devons rapidement faire descendre la température de deux ou trois degrés, la dose d’aérosols serait beaucoup plus massive et ses conséquences pourraient être plus graves.

L’article appelle les écologistes à étudier ses conséquences éventuelles d’urgence. Il existe bien sûr d’autres solutions, la réduction d’émissions, la capture du carbone par des méthodes naturelles ou artificielles, ou encore la reconstitution artificielle de la glace Arctique, ou la fertilisation des océans.

Lien sur l’article et sur le communiqué

Jeunes plantules dont le développement (direction, hauteur, branches, feuilles), dépendra de la lumière

Une feuille à l’ombre d’une autre plante reçoit une lumière filtrée (et le sait).

PLANTES ET ALGUES MARINES

Les plantes utilisent l’énergie du soleil pour fixer le carbone de l’atmosphère.  Elles en sont totalement dépendantes et se sont développées en fonction de la lumière solaire. De nombreux récepteurs à des longueurs d’onde spécifiques influencent leur développement. Chaque étape de sa vie, la germination, l’élongation, la croissance, la formation de bourgeons, la croissance des feuilles, la capture du carbone, la floraison dépendent d’un dosage précis de lumière à différentes longueur d’ondes.

La petite plantule décode le spectre de la lumière. Sa composition provoquera une croissance accrue vers le haut, ou la formation des branches, ou l’agrandissement des feuilles, ou déclenchera la floraison (Huché-Thellier,  Leduc, schéma).

La photosynthèse, qui aboutit à la fixation de carbone et à la formation de biomasse, est une réaction chimique alimentée par la lumière. Elle en dépend absolument. Les pigments chlorophylles impliqués, absorbent surtout la lumière rouge (autour de 650 nm) et bleue (env 450 nm).

Les végétaux disposent de nombreux photorécepteurs qui réagissent à la lumière allant de l’UVB au rouge lointain, un spectre plus large que la vision humaine.  Il s’agit de protéines qui reconnaissent un stimulus spécifique et transmettent le signal de sa présence dans la plante. Ils détectent des longueurs d’onde comprises 280 et 780 nm. Ils se trouvent partout dans la plante, il y en a même dans les racines. Ils permettent de réagir à des changements du spectre lumineux, de la direction et de la photopériode.

Les UVB sont généralement nocifs pour les plantes comme pour les humains, et dans certains cas freinent la croissance des végétaux qui investissent leur énergie dans la production de composés de protection anti-UV.  Les plantes qui ont poussé dans un appartement sont très sensibles aux UVs, mais quand elles détectent les UVs à l’extérieur,  elles s’y acclimatent et deviennent plus résistantes.

Les UVA et la lumière bleue sont importants pour la croissance des plantes, pour la photomorphogenèse, et pour l’ouverture des stomates. Ces petites ouvertures à la surface des feuilles permettent au CO2 d’entrer dans la plante, donc la fixation du carbone ainsi que les échanges gazeux en général.

Une molécule spécifique, le phytochrome, reconnait la lumière filtrée par les feuilles des autres plantes, à 730 nm. Elle permet à la plante de savoir si elle est à l’ombre d’autres végétaux ou en plein soleil. Lorsque la lumière qui arrive est tamisée par des feuilles vertes, le récepteur est inactivé, ce qui favorise la croissance rapide d’une plante étiolée vers le haut. Elle investit alors toute son énergie pour pousser  et pour se faire une place au soleil. Quand elle parvient en pleine lumière, le récepteur réagit aux rayons rouges, et la plante forme alors plus de feuilles et s’étale en largeur.

Les océans sont habités par des algues vertes, mais aussi bleues et rouges, déférentes des plantes terrestres. Elles possèdent aussi plusieurs photorécepteurs qui orientent leur développement selon le spectre de la lumière. Pendant la plus grande partie de l’histoire de la terre, la photosynthèse, la fixation de carbone et la libération d’oxygène ont été faites par les algues bleues (les cyanobactéries). Les algues rouges, plus évoluées, se sont répandues au Jurassique. Leur succès pourrait être dû aux périodes d’anoxie des océans. Le phytoplancton a des nombreux pigments qui lui permettent d’absorber la lumière sur une grande partie du spectre visible (revue). 

Bref, un changement du spectre de la lumière pourrait avoir des effets variés, différents selon les latitudes et les espèces de végétaux photosynthétiques. Par exemple, une expérience artistique aux Pays-Bas illumine les plantes la nuit avec de la lumière rouge, bleue, ce qui les fait pousser plus vite et avec des UVs bien dosés qui activent leurs défenses contre les maladies, et permettent une réduction des pesticides (vidéo, page internet).

 

L’effet d’un changement du spectre de la lumière solaire devrait être testé pour toute la vie d’une plante, la germination, la croissance, la floraison et la formation de graines fertiles. Il n’y aura peut-être pas d’effets négatifs. Par exemple, l’éruption du Pinatubo qui a réduit la lumière du soleil a apparemment provoqué une croissance accrue d’environ un quart d’une forêt en Afrique du Nord, elle semble donc avoir eu des effets positifs sur cette forêt, même s’il faudrait vérifier les effets sur une période plus longue.

Le professeur Fankhauser de l’Université de Lausanne, spécialiste des photorécepteurs, m’a fourni une partie de ces renseignements. Je lui ai demandé quelles seraient les conséquences pour les végétaux de la destruction de la couche d’ozone ou d’un changement du spectre de la lumière. Selon lui, la destruction de la couche d’ozone serait catastrophique, car les UVs diminuent la productivité des plantes.

Quant au changement du spectre de la lumière, il estime qu’il pourrait aussi créer des problèmes, car les plantes utilisent une information qui est un équilibre entre les différentes longueurs d’onde, la plante mesure le rapport entre les différents rayons pour orienter son développement.

Les nuages réduisent toutes les longueurs d’onde, et la nature s’est adaptée au spectre existant depuis des millions d’années. Il considère qu’il vaudrait mieux ne pas filtrer une longueur d’onde spécifique,  pour éviter de perturber l’écosystème.

Image de couverture Gerd Altmann

Addendum le 21 avril 2021: Une publication estime qu’une grande éruption volcanique, env. 50x le Pinatubo, libérerait des halogènes qui toucheraient rapidement la couche d’ozone, les UV augmenteraient de 60%, surtout dans la région de l’Antarctique. L’actuelle réduction de la couche d’ozone de 16% réduit la productivité du phytoplancton de 5%, et un peu plus la quantité de poisson. Des dégâts plus graves à la couche d’ozone diminueraient davantage la productivité des plantes, de l’agriculture, du phytoplancton, et donc la capture du carbone par les végétaux.

Une expérience a exposé des arbres, des pins aux UVs comparables à ceux provoqués par les immenses explosions volcaniques du permien. Les pins sont devenus tous devenus stériles, ils n’ont pas pu donner de prochaine génération d’arbres.