La fonte des banquises accélère le réchauffement climatique et en devient le facteur principal

Fonte rapide de la glace marine Antarctique

Une immense banquise recouvre l’océan Austral, qui entoure le continent Antarctique.
Cette glace se réduit beaucoup lors de l’été austral, en janvier, février et mars, puis se reforme dans l’obscurité de l’hiver.

La fine couche de glace marine qui s’étend autour de l’Antarctique n’influence pas le niveau de la mer.

Par contre, elle est très importante pour le climat terrestre. La blancheur de la banquise reflète les rayons de soleil, alors que la surface sombre de la mer, tel un habit noir, absorbe beaucoup plus de chaleur.

La glace qui entoure l’Antarctique est restée stable au cours de ces dernières années, elle s’est même un peu étendue pendant la période 2012-2014.

Au cours de ces dernières années, le phénomène s’est inversé, et la banquise se réduit rapidement depuis 2015.
Lors de l’été austral 2018-2019, elle occupait à peine la moitié de la surface habituelle. L’autre moitié a fondu ou a été brisée, désintégrée par des violentes tempêtes.
Cette fonte rapide, spectaculaire, représente une perte aussi grande que la surface perdue dans l’Arctique en trente ans.

 

Fort effet sur le réchauffement climatique

Selon Sam Carana, un groupe anonyme de climatologues engagés, la fonte se poursuivait en janvier 2019 et la surface de glace était alors de 4.212 millions de km² plus petite qu’en 2015. C’est une grande différence, la Terre apparaît comme plus foncée, et absorbe plus de rayons de soleil. D’après eux, la Terre absorbe 1,6 W/m2 à cause de l’effet de serre provoqué par les émissions de carbone, et 1,3W/m2 supplémentaires à cause de l’effritement de la banquise ces quelques dernières années.

La fonte de la glace sur l’océan Austral provoque maintenant un réchauffement comparable à celui dû aux émissions humaines, et si l’on y ajoute la disparition de la glace sur la mer Arctique, le réchauffement provoqué par l’assombrissement de la surface de la Terre semble plus fort que l’effet des activités humaines.

La différence dans l’étendue de la glace suffit à expliquer pourquoi les dernières années sont si chaudes, et notamment pourquoi les températures ne sont pas redescendues en 2017 comme c’était habituellement le cas lors d’années El Nina.

La banquise Antarctique restera-elle un facteur aggravant du réchauffement?

La glace marine Antarctique peut-elle encore se reformer et retrouver la surface passée?

Les courants atmosphériques dans cette région ont changé ces dernières années. Il y a peu, l’Antarctique était isolée par un courant-jet fort, et restait froide. Les vents et la circulation atmosphérique ont récemment changé autour de l’Antarctique, favorisant l’arrivée de flots plus chauds à la surface de l’océan.

Les courants atmosphériques pourraient peut-être évoluer de nouveau et favoriser la réformation d’une immense couche de glace. Il est aussi possible que le courant-jet antarctique soit définitivement perturbé, comme le suggère Paul Beckwith.

 

La fonte de la glace marine forme actuellement une forte boucle rétroactive du réchauffement climatique. Cette glace disparaît, donc le réchauffement est plus fort et plus rapide.

Si je me base sur les chiffres de Sam Carana, la fonte de la glace a maintenant un effet similaire ou supérieur aux émissions humaines. Elle accélère en tout cas le changement climatique. Les prochaines années pourraient alors apporter des changements importants et nos conditions de vie ne seraient plus assurées. Nous devons en prendre conscience et agir en conséquence.

Dorota Retelska

Dorota Retelska, décrypte les nouvelles du climat. Docteure ès Sciences de l’UNIL, auteure d’Antarctique-Ouest dans le Vide, elle alerte sur les dangers du climat depuis plusieurs années. Elle est active dans plusieurs organisations de défense du climat, entre autres l’Association Climat Genève, Greenpeace, TACA, et le Collectif Climat 2020.

9 réponses à “La fonte des banquises accélère le réchauffement climatique et en devient le facteur principal

  1. Rien ne saurait m’effrayer plus que la disparition des courants marins dont les pôles sont en quelque sorte la pompe pour ne pas dire les ventricules, car cela provoquerait inévitablement l’empoisonnement de la planète tant au niveau de l’acidité des océans que de l’empoisonnement de l’atmosphère. Une telle extinction massive ne serait du reste qu’une répétition. Chaque fois que les climatologues annoncent avoir sous-estimé la fonte des calottes polaires, c’est un nouveau clou qui s’enfonce dans notre cercueil.

  2. Bonjour Dorota,
    Le site maxisciences rapporte que des progrès immense ont été réalisé sur la fusion nucléaire. https://www.maxisciences.com/nucleaire/la-fusion-nucleaire-pourrait-bien-devenir-prochainement-une-realite_art40448.html
    Les ingénieurs du célèbre institut technologique du Massachusetts et une entreprise privée se sont donné pour projet de faire de cette méthode de production expérimentale et coûteuse une véritable source d’énergie commercialement viable. Grâce à l’usage de nouveaux matériaux supraconducteurs résistants aux hautes températures, ils espèrent construire le premier réacteur.
    L’ambition de ces ingénieurs est d’avoir une centrale fonctionnelle en place à temps pour combattre le changement climatique. Selon eux, les connaissances scientifiques, la rapidité d’exécution et les données permettront d’intégrer la fusion nucléaire sans émission de carbone au réseau électrique dans 15 ans. Quel est votre point de vue sur ce sujet ?

    1. L’ami Hubert va sûrement surgir de la banquise, déguisé en ours polaire connecté à quelque satelite pour nous dire que c’est du pipeau à la myrtille glacée ????

      1. Oui, j’ai de nouveau suivi une recommandation de ne pas discuter avec les personnes qui se livrent à la désinformation délibérée.

    2. Pour avoir travaillé quelques années à l’EPFL sur la fusion à l’époque, je suis un peu sceptique que cette technologie puisse dans un avenir relativement proche apporter une réponse aux problèmes énergétiques de l’Humanité. La démonstration de la faisabilité du “breakeven” (produire au moins autant d’énergie dans le réacteur que celle qu’il aura fallu investir pour générer les réactions de fusion; car là est le problème, on sait réaliser la fusion, mais cela “coûte” plus d’énergie que cela n’en “rapporte”) n’est toujours pas faite, alors qu’on l’annonçait initialement avant la fin du siècle passé. Par ailleurs, les réacteurs de type Tokamak étudiés sont des machines toroïdales avec des enroulements magnétiques complexes, qu’il faudra périodiquement démonter (dans un environnement fortement contaminé au tritium radioactif!) pour changer la première paroi de la chambre de réaction. Opération difficile, longue et coûteuse; sera-t-il possible dans ces conditions d’avoir un réacteur commercialement viable? J’ai des doutes.

  3. Sérieusement, faut pas croire ce qui sort du site de Sam Carana. J’ai fréquenté ce site lors de mes débuts en tant que chroniqueur climatique. J’y a vu plusieurs inepties et ils sont plutôt axés sur le catastrophisme pour attirer des lecteurs. Jamais ils n’ont publié une étude scientifique valable et s’amusent à dénigrer le GIEC.
    Leur (spécialité pour ainsi dire) sont les événements et les prévisions, les leurs, les plus extrêmes.
    J’ai supprimé plusieurs articles de mon blogue traduits des leurs.
    Selon une véritable scientifique, Jennifer Francis, la perte d’albédo Arctique représentait (vers 2016) environ 25% du réchauffement climatique.
    Cordialement
    A. Randomjack

    1. Les informations de Sam Carana semblent correctes, il y a vraiment du méthane, la glace polaire fond vraiment. Ils disent aussi justement que la fonte de la glace Arctique change les courants atmosphériques. Leurs prévisions/ modèles me semblent trop pessimistes, mais celles du GIEC me paraissent trop optimistes et ne tiennent pas compte de tous les événements récents.

  4. Ce qu’il y a d’intéressant dans votre blog, c’est que les avis divergent avec arguments à l’appui, mais tous me semblent concernés par cette variation climatique et ses conséquences, ce qui nous interroge et qui peut nous inquiéter, certains plus que d’autres. Bien que retraité, je reste un observateur très attentif de notre environnement (air, eau, terre), et guette les éventuelles ou possibles conséquences biologiques (infectieuses, métaboliques, etc.) en particulier chez Homo sapiens. Mille merci Dorota.

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