Mesures énergiques nécessaires pour éviter le basculement de la Terre vers un climat inconnu

L’équilibre du climat terrestre pourrait basculer soudainement vers un climat nouveau. Des changements tels que par exemple la mort des forêts tropicales pourraient accélérer le réchauffement. Si la chaleur ou la sécheresse ont raison des forêts, cela provoquerait la libération de carbone contenu dans les arbres et le sol et augmenterait instantanément l’effet de serre.

Les dominos climatiques par Spratt et Dunlop

Un récent rapport intitulé ‘Les dominos climatiques” de Spratt et Dunlop, basé sur les conclusions de dizaines d’éminents spécialistes, (lien) développe ces risques et tire un constat alarmiste. Il y a beaucoup de vrai dans ce rapport. Je le résume brièvement:

La fonte de la glace Arctique, et l’exposition de la surface sombre de l’océan aux rayons du soleil augmente le  réchauffement. La fonte du permafrost et la mort ou les feux de forêts ajoutent du gaz carbonique dans l’atmosphère.  L’effondrement de l’Antarctique-Ouest provoquerait une importante montée du niveau de la mer. Ces points de basculement pourraient se mettre en branle tels de dominos, se déclenchant à tour de rôle.

Par exemple, le réchauffement fera bientôt baisser l’efficacité de la photosynthèse et donc la quantité de CO2 absorbé par les plantes et les algues planctoniques. Cela accélérera le réchauffement, la fonte des glaces du Groenland, et l’ajout d’eau douce à l’océan ralentira le Gulf Stream. En conséquence, les pluies au dessus de l’Amazonie diminueront, ce qui nuira encore plus à la forêt.  Ces événements semblent souvent initiés par les changements des glaces polaires.

Zones où les glaciers antarctiques se décollent de leur socle ce qui constitue un sérieux risque

En Antarctique, Les satellites ont détecté des fractures sur la plateforme est du glacier Thwaites, large de 45 km.  Elle s’effondrera probablement dans 5 ou 10 ans, exposant les glaciers environnants  à la fonte.  Cela pourrait déboucher sur l’effondrement de l’Antarctique-Ouest et une montée du niveau de la mer de 3 à 5 mètres en 200 ans. A cela il faudrait ajouter les changements du Groenland et de l’Est de l’Antarctique.

Les changements de l’Arctique sont aussi sous-estimés par les modèles actuels. La moitié de l’océan Arctique est maintenant libre de glace en été. Par le passé, des tels changements ont été accompagnés par la fonte des glaces du Groenland. La destabilisation du courant-jet amène maintenant des vagues de chaleur dans l’Arctique et au Groenland. Un beau jour, au cours de la prochaine dizaine d’années (2020-2030), l’Arctique sera libre de glace en été une semaine, puis un mois, puis plusieurs mois.  Les conséquences seront graves, les écosystèmes en souffriront, les glaces du Groenland entreront dans une période de fonte incontrôlable, et modifieront la circulation océanique et le climat mondial. La différence de température entre l’Arctique et les tropiques se réduirait, avec d’importantes conséquences sur le climat mondial. Elles toucheraient l’Amazonie, l’Afrique de l’Ouest, l’Asie. Le phénomène El Nino, qui nous a apporté l’année record de chaleur 2016, augmenterait encore. Le méthane du permafrost pourrait libérer d’importantes quantités de carbone dans l’atmosphère.

Le Groenland, exposé à des températures plus élevées,  des vagues de chaleur et un océan plus chaud, a probablement passé le point de non-retour, et ses glaces fondront. Plusieurs événements peuvent accélérer cette fonte.

Calotte Arctique en été en 1980 et en 2012

Actuellement la végétation absorbe 30% des émissions de carbone. Mais les températures optimales pour la photosynthèse sont dépassées, et ce puits de carbone pourrait se réduire de moitié en 20 ans (Je dois  vérifier ce point en détail,  j’espère que c’est faux). La mort des forêts n’est pas inclue dans ce calcul.  L’Amazonie, qui contient 120 milliards de tonnes de carbone, est particulièrement menacée par la déforestation, la sécheresse et les feux de forêts. L’absorption du CO2 par l’Amazonie s’est réduite d’un tiers entre 2005 et 2015, et cet écosystème est menacé.  Ces changements sont en grande partie causés par l’Homme, et je dirais que la gouvernance de Bolsonaro pourrait être un point de basculement climatique à elle seule.

Le permafrost, les terres gelées du grand-Nord, contient de grandes quantités de carbone. Sa fonte le libérerait sous forme de gaz carbonique et de méthane. Le seuil de réchauffement de 1,5°C a été choisi pour éviter le dégel du permafrost, qui entraînerait le dégagement de méthane, un réchauffement fort et rapide, une fonte du permafrost plus importante, et ainsi de suite. Ces écosystèmes relâchent déjà 1,1 à 2.2 Milliards de tonnes de carbone. Les feux de forêt accélèrent la fonte, et le permafrost sous-marin subit des modifications sur une large surface de la plateforme de Sibérie de l’Est. Le permafrost fond plus vite que prévu, il n’est pas inclus dans les calculs, et le budget carbone restant disparaîtrait si nous en tenions compte.

Spratt et Dunlop citent aussi la mort des coraux, qui ne supportent pas l’eau trop chaude de ces dernières années. La Grande-barrière de corail a récemment perdu la moitié de ses coraux, et des vagues de chaleur rapprochées ne permettent pas la régénération.

Ils concluent que nous avons déjà passé le point de basculement pour des nombreux écosystèmes (NB pour certains d’entre eux, comme le Groenland, la disparition pourrait théoriquement s’étaler sur des milliers d’années) : les changements se produisent plus vite que prévu, ne sont pas tous inclus dans les modèles climatiques. Le système Terre subit un changement abrupt, qui pourrait déboucher un réchauffement très important. Les risques sont plus importants. Ces auteurs conseillent des solutions de géo-engénierie  pour sauver le climat.

Leur rapport repose sur des nombreux faits récents ainsi sur les déclarations de dizaines d’éminents scientifiques. Il brosse un tableau possible de l’évolution climatique, mais tout n’y est pas calculé précisément. Il est en tout cas à prendre au sérieux.

Lenton et Rockstrom

Dans une réunion européenne sur les points de basculement  le 7 juin, les éminents climatologues Tim Lenton et Johan Rockström ont alerté sur les dangers des points de basculement. Leurs demandes sont plus modérées.

Ils ont dit aux décideurs européens que avons besoin de nombreux changements. Il faut limiter les vols et d’abandonner les énergies fossiles dans de nombreux secteurs industriels.

Il y a maintenant des preuves d’instabilité de nombreux systèmes importants de la Planète Terre, tels que la forêt amazonienne, la glace d’été sur la mer arctique. Un réchauffement de 1,5°C comporte déjà le risque de dépasser le seuil de tolérance d’écosystèmes uniques et menacés (Johan Rockström).

Rockström explique la situation dans cette vidéo qui comporte des sous-titres en plusieurs langues. Les points de basculement pourraient entraîner une montée de niveau de la mer de deux mètres ou plus, la libération du méthane du permafrost créerait un cercle vicieux de réchauffement incontrôlable, et ces événements se déclenchent mutuellement.

Selon lui, ces prochaines années seront déterminantes pour le climat. Nous devons réduire les émissions de moitié en 2030 et atteindre le zéro net au plus tard en 2050, décarboner les grands systèmes, l’énergie, le transport, le bâtiment, transformer l’agriculture en puits de carbone et protéger les écosystèmes essentiels pour la terre, dont les forêts et les océans.

“Si nous voulons avoir le moindre espoir de limiter le réchauffement climatique à près de 1,5 degrés Celsius, nous devons accélérer la décarbonisation de l’économie mondiale d’au moins un facteur cinq”, a déclaré le conférencier principal Tim Lenton, directeur du Global Systems Institut et professeur de changement climatique et de science du système terrestre à l’Université d’Exeter.

Un moyen important de modifier des comportements profondément enracinés est de trouver des “points de basculement” sociaux et politiques, a-t-il déclaré. Il cite la grève de l’école de Greta Thunberg qui a entraîné une adhésion massive des jeunes et a accéléré le changement. Cependant, selon lui,   la majorité des gouvernements ne fait pas encore assez d’efforts.

Ils ne demandent pas la géoenginérie, de nombreux scientifiques ont déclaré qu’elle est très risquée et incertaine.

https://phys.org/news/2022-06-irreversible-shifts-climate-experts.html

 

 

Michael Mann s’attend maintenant à une montée de mers de plusieurs mètres

Je partage et retranscris en français la vidéo d’une interview récente de Michael Mann et de Kiya Riverman.  Michael Mann est un des grands climatologues américains qui a établi que le réchauffement actuel était sans précédent au cours de l’histoire.  Il est un scientifique exceptionnel, un des auteurs des rapports du GIEC, a été vilipendé et honni pour son travail et a écrit des livres entiers sur ses “guerres climatiques” avec ses détracteurs à la solde de l’industrie pétrolière.

Les deux chercheurs déclarent que nous avons sous-estimé la fonte des glaces du Groenland et d’Antarctique.

L’élévation du niveau de la mer est un problème qui retient de plus en plus l’attention des scientifiques et des médias. Et alors que le changement climatique continue de réchauffer la terre, le taux actuel de montée des eaux de 1,4 pouce par décennie devrait augmenter.

Le point de basculement le plus important, en ce qui concerne l’élévation du niveau de la mer, est le glacier Thwaites, situé dans l’ouest de l’Antarctique. également connu sous le nom de glacier du jour du Jugement Dernier,  Lorsque cette calotte glaciaire fondra, les mers de la Terre devraient monter d’au moins deux pieds. Mais à ce moment-là Thwaites ne sera plus là pour stabiliser la région qui l’entoure. De nombreux scientifiques prédisent que si ce système s’effondrait complètement, nous verrions en fait une élévation du niveau de la mer de quelques mètres – un scénario vraiment catastrophique. New York, une grande partie de la Floride et du Bangladesh seraient alors inondés.

Les chercheurs considèrent que la plateforme principale pourrait d’effondrer dans moins de dix ans.  Elle empêche la course du glacier dans l’océan. Kiya Riverman a lancé un robot sous la plateforme pour étudier le fonds. Il semble y avoir un immense réservoir de chaleur en dessous, ce qui est très inquiétant.

Les images suivantes montrent des scientifiques qui pataugent en Floride. Certains  habitants abandonnent déjà les maisons du bord de mer.  Selon les projections actuelles, la marée touchera une partie de Miami vers 2040 – 2065, mais celles-ci n’incluent pas l’effondrement de grandes zones d’Antarctique.

Michael Mann: “25 millions de personnes vivent dans des régions qui seront inondées.  La vraie question est combien de temps cela prendra.” “Historiquement, nos modèles ont sous-estimé la vitesse de la montée du niveau de la mer.” “Ils prévoient un demi-siècle ou un siècle.   “L’histoire de la Science nous a appris que ces impacts pourraient se produire plus vite que nos modèles ne l’ont prévu.”  “Il y a une dizaine d’années nous ne voyions pas de contribution des plateformes glaciaires à la montée du niveau de la mer, mais maintenant elles y participent. Il s’agit des glaces du Groenland, qui pourrait ajouter 5 mètres au niveau des mers du monde, et d’une grande partie de la plateforme Antarctique (Ouest je crois dr), qui pourrait relever d’un effondrement à grande échelle au cours de plusieurs décennies et ajouter peut-être 5 autres mètres au niveau des océans.”

Kiya Riverman déclare qu’ils ont d’abord pensé en milliers d’années, puis ont compris que les glaciers répondent en quelques années, et même en quelques semaines, aux changements de l’océan et de l’atmosphère.  Ces réactions ont été observées lors de l’effondrement de la plateforme Larsen B en 2002. Et ces changements sont maintenant visibles au niveau du glacier Thwaites. Sa langue flotte sur l’océan et s’arrête contre une île.  Riverman et ses collègues ont remarqué que l’eau sous le glacier est trop chaude, et que la glace flotte et plie avec la marée. Ce mouvement agit comme une pompe qui amène l’eau chaude sous le glacier. Selon Kiya Riverman, au cours des prochaines 3, 4, 5 ou 6 années nous verrons cette plateforme changer vraiment vite et se désintégrer.

Elle dit aussi que nous avons changé l’Antarctique, et que les conséquences de sa fonte ne sont pas si loin.

Michael Mann déclare que le changement climatique dangereux est déjà là, mais que nous pouvons prévenir les pires conséquences. Selon lui, il y a une immense différence entre ce qui va se passer si nous agissons énergiquement maintenant et les conséquences d’un échec.

J’ajoute que si la plateforme s’effondre, la course du glacier Thwaites accélèrera,  la montée du niveau de la mer s’étalera alors en années ou plutôt en décennies.

Mes propres réflexions récentes sur le même sujet Blog

 

L’effritement de l’Antarctique alerte sur la montée des mers

Un grand  fragment de banquise s’est détaché mi -mars de l’Antarctique – Est. 

Jusqu’ici, elle avait été épargnée par la fonte. Le mois de mars a apporté des températures anormalement élevés,  de 40 degrés au-dessus des normes antarctiques. Ces températures sont causées par des flux atmosphériques imprévus.   Une rivière atmosphérique a piégé la chaleur au dessus de l’Antarctique.  La plateforme de glace Conger, qui se réduisait depuis les années 2000, s’est détachée à la mi-mars. 

Au moins trois vêlages importants de glaciers d’Antarctique-Est ont été observés au mois de mars, trois glaciers ont perdu des icebergs à cette période:

Les plateformes de glace bloquent la course des glaciers, et lorsqu’elles s’effondrent, l’ écoulement de ceux-ci s’accélère, parfois des centaines de fois. La disparition des banquises constitue probablement le début de la fonte des glaces Antarctiques. 

Les modèles estiment que cette fonte pourrait s’étaler sur des milliers d’années, mais ces estimations n’ont pas prévu  les vagues de chaleur qui touchent ce continent aujourd’hui, ni la stratification des océans dont parle James Hansen.

Des observations par satellite ont permis de constater que la surface de glace d’Antarctique-Est fond en été, et se couvre de nombreux lacs.  Les plans d’eau changent de saison en saison, et d’année en année (Lien) . D’autres études montrent qu’ils se vident parfois par le fond, l’eau percole alors dans la plateforme, et réchauffe celle-ci. La glace est de plus en plus chaude. Plusieurs événements de ce type préparent la fracture finale. La présence de lacs constitue un des signes précurseurs de la fonte et du détachement des plateformes. 

L’effondrement de l’Antarctique -Ouest entraînerait l’accélération et la fonte progressive des glaciers qu’elle retient, et pourrait mener à une augmentation du niveau de la mer de 7 mètres. 

Si l’Antarctique-Est est aussi touchée, et que ses glaciers, tels que Totten, s’effondrent, le niveau de la mer pourrait monter de 20 mètres.  

Il est probablement trop tard pour éviter l’effondrement de l’Antarctique-Ouest  La rapidité de la fonte est très incertaine,  elle prendra des dizaines, des centaines, ou des milliers d’années.  

Une montée du niveau de la mer de plusieurs mètres serait fatale pour la plupart des villes côtières. James Hansen estime qu’elle pourrait se produire assez rapidement, et même  au cours du 21ième siècle.   Avant cela, la fonte des glaces arrêterait la circulation océanique. Cela augmenterait le réchauffement des tropiques et amènerait des “superstorms”, des tempêtes géantes, notamment sur l’Est des Etats-Unis. Les températures des tropiques deviendraient vraiment dangereuses.  Selon lui, les modèles sous-estiment les changements  réels. Par contre,  une fonte importante des glaces apporterait une couche d’eau froide à la surface des océans et limiterait la montée des températures (James Hansen video). 

Lien sur mon livre électronique sur ce sujet:

Le changement climatique pourrait dépasser les prévisions de l’Agence Européenne de l’environnement

Les cartes prévoient une augmentation d’un mètre du niveau de la mer

L’agence européenne de l’Environnement a publié des cartes des effets du réchauffement climatique.  Ces  cartes montrent les effets estimés du changement climatique, la montée du niveau de la mer,  les pluies intenses, les sécheresses et les incendies (ici présentées par France Info).

Les cartes montrent les effets d’une élévation du niveau de la mer de 0,2 m à 1 mètre qui toucherait les côtes de l’Ouest et du Nord de la France, des Pays-Bas, de l’Ouest de l’Allemagne, et du Danemark, ainsi que Venise. Elles sont basées sur les prévisions du GIEC, très probablement sur le 5ième rapport du GIEC AR5 publié en 2013-2014.

Il faut cependant remarquer que le niveau de la mer est déjà monté d’environ 0,2 m. Les rapports du GIEC précédents citaient une valeur un peu plus un peu plus élevée, puis comme pour les températures, la valeur de référence, le point de départ à partir duquel les changements sont calculés, a été changé. Mais surtout, le niveau de la mer monte continuellement, et à l’ouverture de la COP25 en décembre 2019, le président du GIEC, Hoesung Lee mentionnait l’accélération de cette tendance.

Le niveau des mers pourrait s’élever de plusieurs mètres

La surface des océans et des mers pourrait s’élever bien plus, de quelques mètres. Le Groenland et l’Antarctique sont exposés à des vagues de chaleur inattendues qui précipitent la fonte des glaces. La semaine passée, l’Antarctique a atteint un record inquiétant de 18,6°C, aussitôt dépassé par une journée à 20°C. Cela accélère la fonte des glaces. Un grand iceberg s’est alors détaché du glacier Antarctique de Pine Island. Cet événement a pu être précipité par la chaleur (vidéo ESA):

Une grande partie de l’Antarctique et du Groenland sont situés des centaines des mètres sous le niveau de la mer. Les montagnes de glace reposent sur la roche. Actuellement, les océans se réchauffent et l’eau les décolle de leur socle, créant des langues de glace flottantes et des lacs sous la glace. Le réchauffement des océans favorise cet effet, et les glaciers accélèrent leur course vers l’océan et deviennent instables. J’en parle plus dans mon livre L’Antarctique-Ouest dans le vide.
La calotte glaciaire de l’Antarctique occidentale s’est déjà effondrée il y a 120’000 ans et a provoqué une élévation du niveau des mers de trois mètres.

Les scientifiques qui étudient cette région, p. ex Richard Alley ou Eric Rignot, considèrent qu’elle est définitivement déstabilisée et qu’elle s’effondrera dans le futur, ce qui pourrait provoquer une montée du niveau de la mer importante, de plusieurs mètres. Elle affecterait alors des zones côtières bien plus vastes, des régions entières d’Angleterre, du Danemark, la plaine du Pô, le delta du Mékong et du Nil.
Actuellement, les scientifiques étudient les signes précurseurs de ces changements, qui se produiront à vitesse croissante dans quelques décennies. Les ouragans et les vagues des océans augmentent aussi et pourraient provoquer des inondations momentanées des côtes.

Antarctique: les flèches rouges montrent le décollement des glaciers de leur base
Copyright @ESA; Antarctique: les flèches rouges montrent le décollement des glaciers de leur base

Les vagues de chaleur  pourraient être très dangereuses

Un autre danger semble peu visible dans les cartes de l’agence Européenne de l’environnement. Elles montrent une augmentation des vagues de chaleur. Celles-ci augmenteront en nombre et en intensité. Une étude prévoit des vagues de chaleur jusqu’à 50°C à 4°C de réchauffement en Bourgogne et en Suisse. Il faudrait visualiser le risque de canicules dangereuses et la nécessité d’aménagements pour sauver les vies humaines. Cela dit,  je ne sais pas si les modèles avaient prévu la petite vague de chaleur que nous avons vécu ce weekend. La réalité pourrait les dépasser. Si cela arrive en été, si les températures montent à vingt degrés de trop, même plus haut, un grave danger nous guette, notre végétation pourrait soudainement être décimée et la population serait menacée. Nous aurons alors probablement un jour pour nous mettre à l’abri.

Blogs sur la montée du niveau de la mer:

rapport du giec sur les oceans ca va mal mais ca peut encore etre pire

Les glaces fondent plus vite que prévu et le réchauffement pourrait devancer les prévisions du GIEC

 

La fonte des banquises accélère le réchauffement climatique et en devient le facteur principal

Fonte rapide de la glace marine Antarctique

Une immense banquise recouvre l’océan Austral, qui entoure le continent Antarctique.
Cette glace se réduit beaucoup lors de l’été austral, en janvier, février et mars, puis se reforme dans l’obscurité de l’hiver.

La fine couche de glace marine qui s’étend autour de l’Antarctique n’influence pas le niveau de la mer.

Par contre, elle est très importante pour le climat terrestre. La blancheur de la banquise reflète les rayons de soleil, alors que la surface sombre de la mer, tel un habit noir, absorbe beaucoup plus de chaleur.

La glace qui entoure l’Antarctique est restée stable au cours de ces dernières années, elle s’est même un peu étendue pendant la période 2012-2014.

Au cours de ces dernières années, le phénomène s’est inversé, et la banquise se réduit rapidement depuis 2015.
Lors de l’été austral 2018-2019, elle occupait à peine la moitié de la surface habituelle. L’autre moitié a fondu ou a été brisée, désintégrée par des violentes tempêtes.
Cette fonte rapide, spectaculaire, représente une perte aussi grande que la surface perdue dans l’Arctique en trente ans.

 

Fort effet sur le réchauffement climatique

Selon Sam Carana, un groupe anonyme de climatologues engagés, la fonte se poursuivait en janvier 2019 et la surface de glace était alors de 4.212 millions de km² plus petite qu’en 2015. C’est une grande différence, la Terre apparaît comme plus foncée, et absorbe plus de rayons de soleil. D’après eux, la Terre absorbe 1,6 W/m2 à cause de l’effet de serre provoqué par les émissions de carbone, et 1,3W/m2 supplémentaires à cause de l’effritement de la banquise ces quelques dernières années.

La fonte de la glace sur l’océan Austral provoque maintenant un réchauffement comparable à celui dû aux émissions humaines, et si l’on y ajoute la disparition de la glace sur la mer Arctique, le réchauffement provoqué par l’assombrissement de la surface de la Terre semble plus fort que l’effet des activités humaines.

La différence dans l’étendue de la glace suffit à expliquer pourquoi les dernières années sont si chaudes, et notamment pourquoi les températures ne sont pas redescendues en 2017 comme c’était habituellement le cas lors d’années El Nina.

La banquise Antarctique restera-elle un facteur aggravant du réchauffement?

La glace marine Antarctique peut-elle encore se reformer et retrouver la surface passée?

Les courants atmosphériques dans cette région ont changé ces dernières années. Il y a peu, l’Antarctique était isolée par un courant-jet fort, et restait froide. Les vents et la circulation atmosphérique ont récemment changé autour de l’Antarctique, favorisant l’arrivée de flots plus chauds à la surface de l’océan.

Les courants atmosphériques pourraient peut-être évoluer de nouveau et favoriser la réformation d’une immense couche de glace. Il est aussi possible que le courant-jet antarctique soit définitivement perturbé, comme le suggère Paul Beckwith.

 

La fonte de la glace marine forme actuellement une forte boucle rétroactive du réchauffement climatique. Cette glace disparaît, donc le réchauffement est plus fort et plus rapide.

Si je me base sur les chiffres de Sam Carana, la fonte de la glace a maintenant un effet similaire ou supérieur aux émissions humaines. Elle accélère en tout cas le changement climatique. Les prochaines années pourraient alors apporter des changements importants et nos conditions de vie ne seraient plus assurées. Nous devons en prendre conscience et agir en conséquence.