“Novax Jokovid” ou la sortie du court de tennis de Djokovic

(source photo: Le Matin)

Le monde médiatique est tissé de polémiques qui durent jusqu’à une semaine, maximum deux. Puis, la crise de communication perd de son intensité. Or, cette saga s’étale et Djoko chute pour s’étaler. Ce feuilleton médiatique de Novax laissera une trace, une marque, non pas sur les lignes du court, mais sur la carrière de l’actuel numéro un mondial de tennis. Honnêtement, pour reprendre une expression sportive, Djoko est sorti de son match pour se transformer en quelques jours en gourou. Nole a quitté le court pour devenir un bouffon de cour. N’oublions pas que son parcours sinueux tout au long de la pandémie le préparait lentement et sûrement à cette déviance. 

Novak est un immense champion de tennis, sans doute la seule certitude dans ce roman de science fiction. Au fond, la fine pointe de ce flot d’informations concerne justement la science.

Selon certains médias, Djokovic serait entré dans une sorte de croyance parallèle à la science. Pour notre champion, l’allergie au gluten serait facilement diagnostiquée par un simple mouvement du bras avec un morceau de pain. Il serait aussi possible de guérir par la seule pensée positive.

Cela évoque la gnose. La quoi ? La gnose est un courant de pensée des premiers siècles du christianisme. Pour être bref: le salut par la connaissance réservée à une élite. La vérité serait cachée et seuls les initiés peuvent y parvenir. Les anti-vaccins se nourrissent de cette science “occulte” qu’ils possèdent par une supériorité intellectuelle, un avantage sur le commun des mortels, voir une élévation de l’esprit. Pour Dkojo, la spiritualité est précisément une ascension.

«Dieu est omniscient. Les grands idéaux que sont la morale et l’éthique sont les étoiles qui mènent à l’ascension spirituelle. Ma bénédiction est spirituelle et [celle des Australiens] se base sur la richesse matérielle.» Tweet de Nowak

Pour le Pape, se vacciner est un acte de charité

Je me permets de faire un parallèle entre le discours de François du mois de janvier aux 168 ambassadeurs réunis au Vatican et la pseudo-doctrine du champion de tennis.

“En même temps, nous avons pu constater que là où une campagne de vaccination efficace a eu lieu, le risque d’une évolution grave de la maladie a diminué” François

Le message papal vise l’accès au vaccin pour tous, surtout pour les plus pauvres, porte son attention envers les réfugiés et veut combattre les nationalismes. Alors que Djokovic sortait presque simultanément de son hôtel, ce fut comme si le bon berger répondait à la bergère, ou le pasteur au gourou. 

Le joueur de tennis a résolument quitté ses baskets pour des recours juridiques contre des recours politiques, non plus pour un match de tennis, mais une partie de ping-pong entre avocats et hommes de lois, comme des coups de poings dont les Kangourous australiens sont coutumiers. Après plus que des doubles fautes, je me réjouis du point final. 

Discours de François aux ambassadeurs : (lien)

“En même temps, nous avons pu constater que là où une campagne de vaccination efficace a eu lieu, le risque d’une évolution grave de la maladie a diminué.

Il est donc important de poursuivre l’effort pour immuniser autant que possible la population. Cela exige un engagement multiple au niveau personnel, politique, et de la communauté internationale tout entière. Avant tout au niveau personnel. Nous avons tous la responsabilité de prendre soin de nous-mêmes et de notre santé, ce qui signifie également le respect de la santé de qui nous est proche. Le soin de la santé est une obligation morale.

Malheureusement, nous constatons de plus en plus que nous vivons dans un monde aux forts contrastes idéologiques. On se laisse souvent conditionner par l’idéologie du moment, souvent construite sur des informations infondées ou sur des faits mal documentés. Toute affirmation idéologique rompt les liens de la raison humaine avec la réalité objective des choses.

La pandémie, au contraire, nous impose précisément une sorte de “cure de réalité” qui exige de regarder le problème en face et d’adopter les solutions appropriées pour le résoudre. Les vaccins ne sont pas des outils magiques de guérison, mais ils représentent certainement, en plus des traitements qui doivent être développés, la solution la plus raisonnable pour la prévention de la maladie.

La politique doit aussi s’engager à poursuivre le bien de la population par des décisions de prévention et d’immunisation, qui interpellent également les citoyens pour qu’ils se sentent impliqués et responsables, par une communication transparente des problèmatiques et des mesures appropriées pour y faire face. Le manque de fermeté dans les décisions et de clarté dans la communication engendre la confusion, crée la méfiance et sape la cohésion sociale en alimentant de nouvelles tensions. Un “relativisme social”, qui blesse l’harmonie et l’unité, s’instaure.

Enfin, un engagement global de la communauté internationale est nécessaire pour que l’ensemble de la population mondiale ait un accès égal aux soins médicaux essentiels et aux vaccins. Malheureusement, il faut constater avec douleur que l’accès universel aux soins de santé reste un mirage dans de vastes régions du monde. À un moment aussi grave pour toute l’humanité, je réitère mon appel pour que les Gouvernements et les organismes privés concernés fassent preuve de sens des responsabilités, en élaborant une réponse coordonnée à tous les niveaux (local, national, régional, mondial), à travers de nouveaux modèles de solidarité et par des instruments permettant de renforcer les capacités des pays qui en ont le plus besoin.

Je me permet d’exhorter en particulier les États, qui s’efforcent d’établir un instrument international de préparation et de réponse aux pandémies sous l’égide de l’Organisation Mondiale de la Santé, à adopter une politique de partage désintéressée, comme principe-clé pour garantir à tous l’accès aux outils de diagnostic, aux vaccins et aux médicaments. De même, il est souhaitable que des institutions telles que l’Organisation Mondiale du Commerce et l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle ajustent leurs instruments juridiques, afin que les règles monopolistiques ne constituent pas de nouveaux obstacles à la production et à un accès organisé et cohérent aux soins au niveau mondial.

Synode 2023: “Church is wanting you”

Paru en juillet 1916, le dessin I Want You for U.S. Army est recyclé en affiche et largement diffusé pendant les dix-huit derniers mois de la Première Guerre mondiale. Son créateur, James Montgomery Flagg (1877-1960), est l’illustrateur.

Cette affiche est légendaire aux USA.

La figure mythique de l’Oncle Sam

L’oncle Sam est représenté comme un grand homme de type européen, assez vieux, portant de longs cheveux blancs et une barbichette, coiffé d’un haut-de-forme aux couleurs de la bannière étoilée, qui porte un nœud papillon rouge, un queue-de-pie bleue et un pantalon rayé rouge et blanc, le tout rappelant le drapeau des États-Unis.

Après la statue de la Liberté, à New York, oncle Sam est sans aucun doute l’image la plus célèbre des États-Unis.

Première guerre mondiale 14-18

Pendant la Première Guerre mondiale, une affiche très célèbre pour le recrutement met en scène cet légende de l’Oncle Sam, pointant son doigt en direction du lecteur avec les mots « I want you for U.S. Army ».

Créée par James Montgomery Flagg en 1917 sur la base d’une affiche britannique de 1914, cette affiche a été réutilisée pendant la Seconde Guerre mondiale. Plus de 4 millions de copies de l’affiche ont été imprimées entre 1917 et 1918.

De l’Oncle Sam au Pape François

Le visuel du Pape est tout aussi légendaire, soutane blanche, calotte sur la tête, croix sur la poitrine et anneau à l’annulaire droit. Le visage de François est particulièrement médiatisé, tellement ses mimiques et ses émotions sont visibles, très expressives et engageantes.

En paraphrasant la phrase légendaire de l’Oncle Sam, le successeur de Pierre lance aujourd’hui un Synode, un ordre de marche, l’air de dire: “Je te veux pour le Christ” ou “L’Eglise a besoin de toi”. 

Comme mon blog laisse une large part à une certaine liberté de style, je me permets de vous présenter la démarche synodale entreprise par l’Eglise catholique romaine.

A travers le monde, c’est un milliard et demi de catholiques, et les plus de deux milliards de chrétiens qui sont invités à se mettre en marche sur le même chemin.

J’ai réalisé une petite synthèse, qui sera utile pour toutes personnes intéressées par la vie de l’Eglise, dont les journalistes. Un petit résumé, un vade-mecum à mon avis très utile pour y retrouver ses petits chats, ou plutôt ses brebis. Très honnêtement, ce parcours synodal peut paraître complexe. J’ai tenté de le rendre accessible.

Bonne lecture, et encore mes bons voeux pour 2022.

Vade-mecum 

Le Synode a besoin de vous !

Le mot « Synode » vient du grec sunodos, “chemin parcouru ensemble”, d’où sa signification de démarche, un processus ou d’assemblée délibérante. Le Pape, avec les évêques, ont besoin de la participation et de la consultation de tous les croyants pour discerner l’action de l’Esprit Saint afin d’accomplir la mission de l’ensemble de l’Eglise.

Nous retrouvons cette réalité dans la Bible : « deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem… et ils parlaient entre eux de tout ce qui s’était passé. Or, tandis qu’ils s’entretenaient et s’interrogeaient, Jésus lui- même s’approcha, et il marchait avec eux. » (Luc 24, 13-15)

Après avoir reconnu Jésus-Christ vivant et ressuscité, les disciples d’Emmaüs reviennent vers Jérusalem auprès de Pierre et des Apôtres. L’Eglise est une communion.

“Synode est un mot ancien et vénéré dans la Tradition de l’Église. C’est le «Seigneur Jésus qui se présente lui-même comme “le chemin, la vérité et la vie” (Jn 14, 6)», et «les chrétiens, à sa suite, sont à l’origine appelés “les disciples de la Voie” (cf. Ac 9, 2; 19, 9.23; 22, 4; 24, 14.22)» (cf.document préparatoire)

Le logo : sous la protection de l’Eucharistie, le chêne (l’arbre) de Mambré avec Abraham ou la tente de la rencontre avec Moïse et le souffle de l’Esprit-Saint, il représente toute l’Eglise, avec les enfants, les jeunes, les familles, les religieuses et religieux, le Pape et les évêques, les prêtres et les diacres, les célibataires, les séniors et les personnes malades.. La crosse représente Jésus le Bon Pasteur qui indique la voie et nous accompagne sur le chemin. Une telle rencontre avec Dieu, source de la communion, de la participation et de la mission, sera fécond en fruits pour toute l’Eglise de ce siècle.

Communion : elle ne s’exprime pas en termes de majorités ou de minorités, mais elle naît fondamentalement de la relation avec le Christ. Nous n’aurons jamais un style évangélique dans nos milieux si ce n’est en remettant le Christ au centre, et pas tel ou tel parti, telle ou telle opinion. Dans la collaboration, on est ensemble parce que l’on a à cœur le bien de l’autre et, par conséquent, de tout le Peuple de Dieu.

Participation : dans la diversité des rôles et des ministères, les responsabilités sont différentes, mais il serait important que chacun se sente impliqué, coresponsable du travail, sans vivre la seule expérience dépersonnalisante de l’exécution d’un programme établi par quelqu’un d’autre, ce qui implique un style de coresponsabilité. Soyons capables de générer des dynamiques concrètes dans lesquelles tous sentent avoir une participation active dans la mission à accomplir. L’autorité devient service quand elle partage, implique et aide à grandir.

Mission : Elle est ce qui nous évite de nous replier sur nous-mêmes. La mission implique toujours une passion pour les pauvres, c’est-à-dire pour ceux qui sont «en manque»: ceux qui «manquent» de quelque chose, non seulement en termes matériels, mais aussi spirituels, affectifs et moraux. Qui a faim de pain et qui a faim de sens est également pauvre. L’Eglise est invitée à aller à la rencontre de toutes les pauvretés, elle est appelée à annoncer l’Evangile à tous parce que tous, d’une manière ou d’une autre, nous sommes pauvres, nous sommes en manque. Mais l’Eglise va aussi à leur rencontre parce que eux nous manquent: leur voix, leur présence, leurs questions et leurs discussions nous manquent. Celui qui a un cœur missionnaire sent que son frère lui manque et, avec l’attitude du mendiant, il va à sa rencontre.

source

Toi et moi, vous et nous !

Le Synode prévoit la participation et l’inclusion de tous. Il offre à chacun de nous – en particulier à ceux qui pour diverses raisons se trouvent marginalisés de la société ou de l’Eglise – l’opportunité de s’exprimer et d’être écoutés pour participer ensemble à la vie de l’Eglise.

Ecoutons le Pape François :

Tous doivent participer : c’est un engagement ecclésial indispensable ! Tous les baptisés forment l’Eglise. Notre carte d’identité, c’est le Baptême.

Pourquoi participer ? pourquoi nous impliquer ? Pourquoi nous consulter ?

Une Église synodale est un lieu ouvert où chacun se sent chez lui et peut  parler et être entendu.

Pour Saint Jean Chrysostome, « Église et Synode sont synonymes » (cf.document préparatoire), parce que l’Église n’est autre que le « marcher ensemble » du troupeau de Dieu sur les sentiers de l’histoire à la rencontre du Christ Seigneur.

Le peuple de Dieu est constitué de tous les baptisés, hommes et femmes de bonnes volontés qui sont appelés à « être une demeure spirituelle et un sacerdoce saint ».

Le sensus fidei (le sens commun de la foi) rappelle que c’est l’Eglise de Dieu tout entière que la foi est révélée et elle en est le dépositaire. Le troupeau, le Peuple de Dieu possèdent donc également  son propre ‘‘flair’’ pour discerner les nouvelles routes que le Seigneur ouvre à l’Eglise.

Avec le Concile Vatican II, le Pape proclame que « la collectivité des fidèles, ayant l’onction qui vient du Saint (cf. 1 Jn 2, 20.27), ne peut se tromper dans la foi ; ce don particulier qu’elle possède, elle le manifeste moyennant le sens surnaturel de foi qui est celui du peuple tout entier, lorsque, “des évêques jusqu’aux derniers des fidèles laïcs”, elle apporte aux vérités concernant la foi et les mœurs un consentement universel ».

Avec le Pape

Le fait que le Synode agisse toujours cum Petro et sub Petro – avec Pierre et son autorité – n’est pas une limitation de la liberté, mais une garantie de l’unité. En effet, le Pape est, par la volonté du Seigneur, « le principe perpétuel et visible et le fondement de l’unité qui lie entre eux soit les Évêques, soit la multitude des fidèles »

Le Synode nous offre aussi l’opportunité de devenir Église de l’écoute : faire une pause dans nos rythmes, réfréner nos angoisses pastorales ou ecclésiales pour s’arrêter et écouter. Écouter l’Esprit dans l’adoration et la prière. Comme la prière d’adoration nous manque aujourd’hui ! Beaucoup ont perdu non seulement l’habitude, mais aussi la notion de ce que signifie adorer.

Rencontrer le Seigneur

En commençant ce parcours, nous sommes aussi appelés à devenir experts dans l’art de la rencontre. Non pas dans l’organisation d’évènements, ou dans la réflexion théorique sur des problèmes, mais avant tout dans le fait de prendre le temps de rencontrer le Seigneur, et de favoriser la rencontre entre nous. Un temps pour donner de la place à la prière, à l’adoration – cette prière que nous négligeons tant : adorer, faire place à l’adoration –, à ce que l’Esprit veut dire à l’Eglise.

«S’il n’y a pas d’Esprit, il n’y aura pas de Synode»

(Pape François)

 

 

C’est une précieuse indication aussi pour nous. Le Synode est un chemin de discernement spirituel, de discernement ecclésial, qui se fait dans l’adoration, dans la prière, au contact de la Parole de Dieu.

La Parole de Dieu est « vivante, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ; elle va jusqu’au point de partage de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; elle juge des intentions et des pensées du cœur » (He 4, 12). La Parole nous ouvre au discernement et l’éclaire.

Le Synode n’est pas un parlement, une convention, un congrès politique mais une rencontre avec l’Esprit Saint.

Qu’elle oriente le Synode, pour qu’il ne soit pas une “convention” ecclésiale, un colloque d’études ou un congrès politique, pour qu’il ne soit pas un parlement, mais un évènement de grâce, un processus de guérison conduit par l’Esprit.

Un Synode n’est ni un «parlement» ni «une enquête d’opinion» mais un «moment ecclésial» dont l’acteur principal est l’Esprit Saint. Les premiers mots du Souverain Pontife ont résonné comme un avertissement:  «s’il n’y a pas d’Esprit, il n’y aura pas de Synode».

Les risques liés au Synode

  • Le formalisme, l’élitisme, l’intellectualisme et l’immobilisme

D’abord le formalisme«Il est possible de réduire le Synode à un évènement extraordinaire, mais de façade, un peu comme si l’on restait à regarder la belle façade d’une église sans jamais y mettre les pieds», a expliqué le Pape.

Mais «communion et mission risquent de rester des termes un peu abstraits si l’on ne cultive pas une pratique ecclésiale qui exprime la réalité concrète de la synodalité, à chaque étape du chemin et du travail, favorisant l’implication effective de tous et de chacun». D’où l’importance d’une «vraie participation».

Le Souverain Pontife a déploré à cet égard des difficultés persistantes, et plus généralement sur la participation de tous les baptisés à la vie de l’Église et à sa mission. «Il faut bien constater les désagréments et la souffrance de beaucoup de travailleurs pastoraux, d’organismes de participation des diocèses et des paroisses, de femmes qui sont encore souvent à la marge. Tous doivent participer : c’est un engagement ecclésial indispensable !», a déclaré François.

Parfois il y a une sorte d’élitisme dans l’ordre presbytéral qui le fait se séparer des laïcs, et finalement le prêtre devient le patron de la baraque», a lancé François, avant de recommander: « Cela exige de transformer certaines visions verticales, déformées et partielles de l’Eglise, du ministère presbytéral, du rôle des laïcs, des responsabilités ecclésiales, des rôles de gouvernement, et ainsi de suite».

Une Église synodale ne tient pas seulement à sa forme mais doit aussi avoir de la substance, afin de faciliter «le dialogue et les interactions dans le Peuple de Dieu, particulièrement entre prêtres et laïcs».

Un autre risque est celui de l’intellectualisme, « une sorte de “parler de soi”, où l’on procède de manière superficielle et mondaine, pour finir par retomber dans les classifications stériles idéologiques et partisanes habituelles, et se détacher de la réalité du Peuple saint de Dieu, de la vie concrète des communautés dispersées à travers le monde».

Enfin le Saint-Père a mis en garde contre la «tentation de l’immobilisme», un véritable «venin» qui fait tomber «dans l’erreur de ne pas prendre au sérieux le temps dans lequel nous vivons» – «on a toujours fait comme ça !».

 

 

Programme de la phase de terrain au niveau des diocéses

A partir de l’ouverture des phases diocésaines, le 17 octobre 2021, les unités pastorales, les paroisses, les services, les aumôneries, les mouvements et les instituts religieux sont invités à rassembler les fidèles et les personnes intéressées (en essayant d’intéresser les personnes qui n’attendent rien d’un tel processus, en les rejoignant là où elles-mêmes sont rassemblées) pour effectuer la démarche esquissée ci-dessous.

MODE D’EMPLOI POUR UNE DÉMARCHE SYNODALE SIMPLE ET CONCRÈTE :

  1. Rassemblez un groupe de personnes (baptisés ou non baptisés, croyants ou non croyants) dans un lieu où chacun se sent chez lui et peut participer. Par exemple, autour d’un repas ou d’un apéro.
  2. Avec l’aide des 10 points mentionnées ci-dessous, entamez la discussion sur un, deux ou tous les thèmes proposés. Vous pouvez utiliser la formule de débat en plénum ou avec une lecture méditée de la Parole de Dieu, par exemple autour du chapitre 10 des Actes des Apôtres ou le récit d’Emmaüs.
  3. Synthétisez vos réponses en trois phrases-clefs (au total ou par thème) et envoyez-les via le formulaire en ligne.

lien vers document préparatoire: https://www.synod.va/content/dam/synod/document/common/preparatory-document/pdf-21×21/Documento-Preparatorio-FR-215.pdf

Où envoyer vos réponses ?

Afin de récolter les réponses à la consultation lancée par notre Pape, l’équipe synodale diocésaine a élaboré un formulaire dans lequel vous pourrez livrer les réflexions issues de vos groupes respectifs : https://forms.gle/STxsAdYjJ17SCd747. 

Vous pouvez  également envoyer vos contributions par mail à l’adresse :

[email protected]

ou par courrier postal à :

Equipe de coordination synodale
rue de Lausanne 86, case postale 240 – CH-1701 Fribourg
Vos contributions au diocèse peuvent être envoyées jusqu’au 1er mars.

Qui va relire nos contributions ?

L’équipe synodale diocésaine a nommé treize personnes, issues de tout le diocèse (laïcs, prêtres, religieuses et religieux), afin de lire l’ensemble vos réponses et de discerner des points essentiels à proposer à notre évêque, Charles Morerod, qui préparera ainsi sa contribution pour la Conférence des évêques suisses. 

Quel est le délai ?

Nous attendons vos réponses d’ici au 1er mars 2022.

Quelle sera la suite ?

Vos apports seront également repris et approfondis par plusieurs instances et groupes de travail pour favoriser la communion, la participation et la mission.

2021-2023 : dates repaires

Septembre 2021 : document préparatoire

9-17 octobre 2021 : ouverture processus diocèses

1er mars : date limite pour la consulation

Avril 2022 : synthèse par pays

Septembre 2022 : document de travail 1 (Instrumentum Laboris)

Mars 2023 : assemblée régionale ou continentale

Mars 2023 : un document préparatoire

Juin 2023 : document de travail 2 (Instrumentum Laboris)

Octobre 2023 : Synode des évêques à Rome

2023-2024 : document final

Le processus synodale s’est ouvert les 9-10 octobre 2021 à Rome et le 17 octobre dans notre diocèse LGF. En octobre 2023, un Synode des évêques se tiendra à Rome. Pour notre diocèse, nous pouvons envoyer nos réflexions jusqu’au 1er mars 2022.

Notre évêque Mgr Charles Morerod invite maintenant tous les baptisés, unités pastorales, paroisses, communautés religieuses, mouvements et services d’Église à entrer dans ce chemin d’écoute et de discernement.

10 points pour un discernement

voir également lien pour la région diocésaine de Fribourg

Dix pôles thématiques essentiels à approfondir

Pour faciliter la mise en lumière d’expériences et favoriser de manière plus riche la consultation, nous indiquons également ci- après dix pôles thématiques qui ont trait à diverses facettes de la “synodalité vécue”.

Ces pistes devront être adaptées aux divers contextes locaux et, selon les situations, intégrées, explicitées, simplifiées, approfondies, en accordant une attention spéciale à ceux qui ont le plus de difficulté à participer et à répondre: le Vademecum qui accompagne ce Document Préparatoire offre à cet égard des ressources, des parcours et des suggestions afin que les différents domaines de questions inspirent concrètement des moments de prière, de formation, de réflexion et d’échange.

I. LES COMPAGNONS DE VOYAGE

Dans l’Église et dans la société, nous sommes sur la même route, côte à côte. Dans votre Église locale, quels sont ceux qui “marchent ensemble”? Quand nous disons “notre Église”, qui en fait partie? Qui nous demande de marcher ensemble? Quels sont les compagnons de voyage avec qui nous cheminons, même en dehors du cercle ecclésial? Quelles personnes ou quels groupes sont-ils laissés à la marge, expressément ou de fait?

II. ÉCOUTER

L’écoute est le premier pas, mais demande d’avoir l’esprit et le cœur ouverts, sans préjugés. Vers qui notre Église particulière a-t- elle “un manque d’écoute”? Comment les laïcs sont-ils écoutés, en particulier les jeunes et les femmes? Comment intégrons-nous la contribution des personnes consacrées, hommes et femmes? Quelle place occupe la voix des minorités, des marginaux et des exclus? Parvenons-nous à identifier les préjugés et les stéréotypes qui font obstacles à notre écoute? Comment écoutons-nous le contexte social Comment écoutons-nous le contexte social et culturel dans lequel nous vivons?

III. PRENDRE LA PAROLE

Tous sont invités à parler avec courage et parrhésie, c’est-à-dire en conjuguant liberté, vérité et charité. Comment favorisons-nous, au sein de la communauté et de ses divers organismes, un style de communication libre et authentique, sans duplicités ni opportunismes? Et vis-à-vis de la société dont nous faisons partie? Quand et comment réussissons-nous à dire ce qui nous tient à cœur ? Comment fonctionne le rapport avec le système des médias (pas seulement les médias catholiques)? Qui parle au nom de la communauté chrétienne et comment ces personnes sont-elles choisies?

IV. CÉLÉBRER

“Marcher ensemble” n’est possible que si ce chemin repose sur l’écoute communautaire de la Parole et sur la célébration de l’Eucharistie. De quelle façon la prière et la célébration liturgique inspirent et orientent effectivement notre “marcher ensemble”? Comment est-ce que cela inspire les décisions les plus importantes? Comment encourageons-nous la participation active de tous les fidèles à la liturgie et à l’exercice de la fonction de sanctification? Quelle place est donnée à l’exercice des ministères du lectorat et de l’acolytat?

V. CORESPONSABLES DANS LA MISSION

La synodalité est au service de la mission de l’Église, à laquelle tous ses membres sont appelés à participer. Puisque nous sommes tous des disciples missionnaires, de quelle manière chaque baptisé est- il convoqué à être un acteur de la mission? Comment la communauté soutient-elle ses membres qui sont engagés dans un service au sein de la société (engagement social et politique, engagement dans la recherche scientifique et dans l’enseignement, au service de la promotion des droits humains et de la sauvegarde de la Maison commune, etc.)? Comment la communauté aide-t-elle à vivre ces engagements dans une dynamique missionnaire? Comment se fait le discernement concernant les choix missionnaires et qui y participe? Comment ont été intégrées et adaptées les diverses traditions en matière de style synodal, qui constituent le patrimoine de nombreuses Églises, en particulier des Églises orientales, en vue d’un témoignage chrétien fécond? Comment fonctionne la collaboration dans les territoires où sont présentes des Églises sui iuris différentes?

VI. DIALOGUER DANS L’ÉGLISE ET DANS LA SOCIÉTÉ

Le dialogue est un chemin qui demande de la persévérance, et comporte aussi des moments de silences et de souffrances, mais qui est capable de recueillir l’expérience des personnes et des peuples. Quels sont les lieux et les modalités de dialogue au sein de notre Église particulière? Comment sont gérées les divergences de vue, les conflits et les difficultés? Comment encourageons-nous la collaboration avec les diocèses voisins, avec et entre les communautés religieuses présentes sur le territoire, avec et entre les associations et mouvements de laïcs, etc.? Quelles expériences de dialogue et d’engagement en commun mettons-nous en œuvre avec des croyants d’autres religions et avec ceux qui ne croient pas? Comment l’Église dialogue-t-elle et apprend-elle d’autres instances de la société: le monde de la politique, de l’économie, de la culture, la société civile, les pauvres…?

VII. AVEC LES AUTRES CONFESSIONS CHRÉTIENNES

Le dialogue entre chrétiens de diverses confessions, unis par un seul Baptême, occupe une place particulière sur le chemin synodal. Quels relations entretenons-nous avec les frères et sœurs des autres Confessions chrétiennes? Quels domaines concernent-ils? Quels fruits avons-nous recueillis de ce “marcher ensemble”? Quelles difficultés aussi?

VIII. AUTORITÉ ET PARTICIPATION

Une Église synodale est une Église de la participation et de la coresponsabilité. Comment sont définis les objectifs à poursuivre, la voie pour y parvenir et les pas à accomplir? Comment est exercée l’autorité au sein de notre Église particulière? Quelles sont les pratiques de travail en équipe et de coresponsabilité? Comment sont encouragés les ministères laïcs et la prise de responsabilité de la part des fidèles? Comment fonctionnent les organismes de synodalité au niveau de l’Église particulière? Constituent-ils une expérience féconde?

IX. DISCERNER ET DÉCIDER

Dans un style synodal, les décisions sont prises via un processus de discernement, sur la base d’un consensus qui jaillit de l’obéissance commune à l’Esprit. Avec quelles procédures et avec quelles méthodes discernons-nous ensemble et prenons-nous des décisions? Comment peuvent-elles être améliorées? Comment favorisons-nous la participation de tous aux décisions au sein de communautés structurées d’une manière hiérarchique? Comment conjuguons-nous la phase consultative et la phase délibérative, le processus menant à la prise de décision (decision-making) et le moment de la décision (decision- taking)? De quelle façon et avec quels instruments encourageons-nous la transparence et la responsabilité (accountability)?

X. SE FORMER À LA SYNODALITÉ

La spiritualité du marcher ensemble est appelée à devenir le principe éducatif de la formation humaine et chrétienne de la personne, la formation des familles et des communautés. Comment formons-nous les personnes, spécialement celles qui occupent des rôles de responsabilité à l’intérieur de la communauté chrétienne, pour les rendre davantage capables de “marcher ensemble”, de s’écouter mutuellement et de dialoguer? Quelle formation au discernement et à l’exercice de l’autorité offrons-nous? Quels instruments nous aident- ils à lire les dynamiques de la culture dans laquelle nous sommes immergés et leur impact sur notre style d’Église?

 

Lexique :

Synode des évêques : octobre 2023 à Rome, les évêques du monde entier avec le Pape.

Le Synode des évêques est un organe consultatif du pape. Les évêques se retrouvent au niveau de l’Église universelle, en 2023, le Synode des évêques sera préparé pour la première fois par ce processus collaboratif ascendant (phase de notre diocèse)

Synodalité : C’est la manière dont l’Église fait participer ses différents membres à l’ensemble de sa vie

Instrumentum Laboris : nom du document, émis par le Vatican, dans lequel est publiée la synthèse des réponses au questionnaire du document préparatoire.

Les catholiques du monde entier sont invités à participer à l’itinéraire synodal. Les discussions au niveau local, diocésain et continental constituent la base des discussions du Synode des évêques à Rome.

Synode : le terme synode signifie marcher ensemble. « Pour une Église synodale : communion, participation et mission », tel est le titre du synode lancé par le pape François

Le Vademecum qui accompagne ce Document Préparatoire offre à cet égard des ressources, des parcours et des suggestions afin que les différents domaines de questions inspirent concrètement des moments de prière, de formation, de réflexion et d’échange.

Eglises « sui iuris » : Les Églises catholiques orientales sont la composante de rite oriental de l’Eglise catholique. Elles sont définies dans la terminologie catholique comme étant des Églises autonomes ou « Églises de droit propre », au sens juridique sui iuris, et sont considérées comme étant pleinement l’Eglise catholique unies au Pape, au même titre que l’Eglise latine.

Liens :

Présentation de l’itinéraire synode https://drive.google.com/file/d/1luSwDxRlFhMCX5b3Wdd6EwMM64vOh18M/view

Discours du Pape François
pour l’ouverture du Synode des Évêques « Église synodale 2021–2023 » le 9 octobre 2021                https://www.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2021/october/documents/20211009-apertura-camminosinodale.html

Homélie du Pape François lors de la célébration de l’eucharistie pour l’ouverture du Synode des Évêques « Église synodale 2021–2023 » le 10 octobre 2021 à la Basilique St. Pierre de Rome. https://www.vatican.va/content/francesco/fr/homilies/2021/documents/20211010-omelia-sinodo-vescovi.html

Document préparatoire « Pour une Église synodale : communion, participation, mission »    https://www.synod.va/content/dam/synod/document/common/preparatory-document/pdf-21×21/Documento-Preparatorio-FR-215.pdf

Vade-mecum pour le Synode  https://www.synod.va/content/dam/synod/document/common/vademecum/IT-Vademecum-Full.pdf  (italien)

Discours du Pape François du 17 octobre 2015 lors de la Commémoration du 50e anniversaire de la création des Synodes des Évêques. Dans ce discours, le Pape François a présenté et étayé sa vision d’une Église synodale. https://synodequotidien.wordpress.com/synode-2015/textes-du-synode/discours-du-17-octobre-2016/

«Pour une Église synodale» dans les diocèses en Suisse» https://diocese-lgf.ch/processus-synodal-phase-diocesaine/

Page Synode sur le site du diocèse https://diocese-lgf.ch/synode/

Région diocésaine Neuchâtel

Région diocésaine Vaud

Région diocésaine Genève

Région diocésaine de Fribourg

 

Deux prières pour Le Synode

 

Nous voici devant Toi, Esprit Saint ; en Ton Nom, nous sommes réunis. Toi notre seul conseiller, viens à nous, demeure avec nous, daigne habiter nos cœurs.

Enseigne-nous vers quel but nous orienter; montre-nous comment nous devons marcher ensemble. Nous qui sommes faibles et pécheurs, ne permets pas que nous provoquions le désordre.

Fais en sorte, que l’ignorance ne nous entraîne pas sur une fausse route, ni que la partialité influence nos actes. Que nous trouvions en Toi notre unité, sans nous éloigner du chemin de la vérité et de la justice, en avançant ensemble vers la vie éternelle.

Nous Te le demandons à Toi, qui agis en tout temps et en tout lieu, dans la communion du Père et du Fils, pour les siècles des siècles, Amen.

…….

«Viens, Saint-Esprit. Toi qui suscites de nouvelles langues et mets des paroles de vie sur nos lèvres, préserve-nous de devenir une Église-musée, belle mais silencieuse, avec un grand passé mais peu d’avenir.

 Viens parmi nous, pour que dans l’expérience synodale, nous ne nous laissions pas envahir par le désenchantement, que nous n’édulcorions pas la prophétie, que nous ne réduisions pas tout à des discussions stériles. Viens, Esprit Saint d’amour, ouvre nos cœurs à l’écoute.

Viens, Esprit de sainteté, renouvelle le saint Peuple fidèle de Dieu. Viens, Esprit créateur, renouvelle la face de la terre»

François seul contre tous

Le titre de mon article reprend celui du livre du journaliste jurassien Arnaud Bédat. A l’époque, certains y voyaient une exagération. Avec le temps, aucune fiction mais une constatation.

J’en veux pour preuve les attaques médiatiques et les coups de langues à l’encontre des affirmations de François suite à sa toute dernière conférence de presse dans l’avion, une tradition depuis la JMJ de Rio de Janeiro de 2013. A peine élu, François était en état de grâce et séduisait les grands médias. Ce n’est plus le cas.

J’ai bien conscience que mon analyse médiatique remonte le courant et va à l’encontre des “fakenews” catholiques françaises, un peu seul contre tous d’une certaine façon.

Qu’a dit le Pape ? remonter à la source !

Il est bien difficile de chercher les propos authentiques du Saint-Père, cachés dans les commérages, les analyses et les commentaires négatifs de la majorité des médias catholiques.

En gros, le Pape aurait eu un trou d’air en plein ciel, se serait emmêlé les pinceaux, sans doute par l’effet de l’âge (85 ans ce 17 décembre), désormais un vieux gâteux, un peu comme le père fouettard du Saint Nicolas ou du vieux monsieur en rouge et blanc venu du Grand Nord, fatigué par son grand voyage. Petits et grands y reconnaitront le bon vieux Père Noël, aux propos confus et parlant dans sa barbe.

Mais la déformation des propos du vieux pontife ne fait pas de cadeaux, mais semblent semer la grogne, la cogne et le ressentiment. Même ceux qui étaient à bord, non pas du traineau mais de l’avion papal, n’ont pas pris le temps de comprendre l’italien puis de remettre les phrases dans leurs contextes.

C’était la première fois que le Pape volait avec la nouvelle compagnie italienne ITA, amputée de quelques lettres, la défunte Alitalia. C’est exactement ainsi que la majorité des vaticaniste francophones ont relayé les propos de François, par amputation et par omission.

Mais qu’a dit François ?

Communiquer consiste à comprendre l’autre.Pour le savoir, il faut, il suffit d’aller chercher la “voice” originale en italien et traduire. Le Pape pense comme un argentin, parle le “porteno”, la langue ou le dialecte de Buenos-Aires.

La “Voice du Pape” nous donne d’entendre que François l’argentin répond à deux questions distinctes: l’acceptation de la remise de la charge de l’archevêque de Paris et le rapport Sauvé, longue étude scientifique de la Ciase (commission indépendante des abus sexuels en Eglise).

La “démission” de l’archevêque de Paris est une conséquence de la remise de sa charge au Pape. Dès lors, je préfère commencer par la seconde question, le rapport Sauvé.

Analyse des Fakenews sur la conférence de presse de Pape:
Non, François n’a pas parlé de la lecture prudente du rapport Sauvé !
Pour décoller un peu, replaçons les éléments dans leur contexte. Le Pape a répondu à une question, en deux parties !
« Concernant le rapport Sauvé sur les abus: l’Église avait une responsabilité institutionnelle et le phénomène avait une dimension systémique. Que pensez-vous de cette déclaration 2 et que signifie-t-elle pour l’Église universelle 1 ? » demande la journaliste du Monde Cécile Chambraud.
Démonstration et vérification (fact checking)
Ecoutons le live en italien. (Vatican News. https://youtu.be/D49jaU9O5W4 – vers 18 minutes )
Le Pape explique répondre d’abord à la question, sur l’Eglise universelle ! C’est là qu’il parle de l’herméneutique, de la remise dans le contexte de l’époque, sinon la lecture est anachronique.
Réponses du Pape:
2, réponse large: « Quand on fait ces études, il faut être prudent avec les interprétations qui sont données dans le temps… »
1, réponse ciblée, pour la France : « Je n’ai pas lu le rapport ». « Les évêques [de France] viendront me voir ce mois-ci et je leur demanderai de me l’expliquer », déclare-t-il à propos du rapport de la CIASE.
Or les médias titrent, à tord: Le Pape relativise le rapport français sur les abus. Certes un courant catholique présent au Vatican, notamment par la critique d’intellectuels catholiques, se montre critiques, mais le Pape n’a pas du tout cette attitude.
Simple question de logique: relativiser un rapport qui n’a pas encore été lu ? Incohérence. Rome est “caput mundi” et l’Eglise en France est petite. La patience est de mise, car le rapport est très important, capitale et mérite une énorme attention.
Conclusion: ce sont plutôt les médias français et catholiques qui doivent être lus avec grande prudence ! Et non le rapport Sauvé ! Cqfd.
L’archevêque Aupetit*
Quand à la question de l’acceptation de la renonciation de l’archevêque de Paris, le Pape confond “apparement” une secrétaire, celle qui a reçu un mail en 2012, avec une autre femme (massages et caresses prodigués par le prélat) prénommée par lui “la secrétaire”.
Il suffit déjà de savoir que François relit toujours le texte de ses interventions. Il éliminera par la suite, dans un second temps, ce mot “secrétaire”. Signe d’humilité. Savoir se corriger et demander pardon est le propre des grands. Le Pape avait été trompé par ses informateurs sur la situation du Chili. Il s’était fendu d’une lettre d’excuse, pour demander pardon. 
Un précédent: la psychiatrie. 
Arnaud Bédat est sans doute le meilleur connaisseur des racines argentines de Bergoglio. Précision importante, les argentins utilisent les mêmes mots pour des réalités différentes.
En cherchant à comprendre Bergoglio, “secrétaire” veut dire une “femme de l’entourage”. “Secretaria” est un usage “porteno”, plutôt large pas autant précis que notre français.
De fait, nous nous retrouvons dans la même polémique qu’avec le mot “psychiatre” que le pape avait utilisé naguère aussi dans une conférence de presse dans l’avion.
Pourquoi le pape a-t-il parlé de « psychiatrie » ? L’utilisation de ce mot a suscité une vive polémique sur les réseaux sociaux. Interrogée lundi 27 août par l’AFP, la salle de presse du Saint-Siège précise que « quand le pape se réfère à psychiatrie, il est clair qu’il cite cela comme un exemple, parmi “différentes démarches qu’ils (les parents) peuvent faire”. Avec ce mot, il ne voulait pas dire qu’il s’agit d’une “maladie psychiatrique”, mais que cela a peut-être quelque chose à voir avec la psychologie. »
De fait, on peut supposer que le pape, en répondant rapidement, a englobé dans ce mot « psychiatrie » l’ensemble des « psys ».
Dans la retranscription officielle, ce mot « a été enlevé » plutôt que remplacé « pour ne pas changer la pensée du Saint-Père », explique la salle de presse du Saint-Siège en rappelant que le pape demande toujours à relire les retranscriptions de ses discours prononcés spontanément, « pour être sûr de ne pas avoir dit choses imprécises ou incorrectes ».
Pour le reste, la France donne l’impression que François, le grand méchant, le gâteux ou le vieux a démissionné l’archevêque Aupetit. Qui a remis sa charge au Pape ? Aupetit lui-même.
Plutôt que de critiquer la communication du Pape, c’est bien vers les demis-vérités de l’archevêque, la faiblesse et même l’absence de stratégie de communication des évêques français qu’il faut pointer le curseur. Le Pape invite les journalistes à enquêter.
François, Claude François celui-là, chantait: le téléphone pleure. La ligne Paris-Rome ne fonctionne pas bien. Au fond, la France n’a jamais très bien compris ce Pape François, venu du bout du monde.
Notre Dame de Lourdes
Reste un fait: la France, fille ainée de l’Eglise, est petite par rapport à l’immensité du monde, une Eglise de périphérie en proie à une crise gigantesque, avec les départs des deux archevêques principaux de France, Lyon et Paris, et d’une litanie de fondateurs manipulateurs et pervers.
Une Eglise vivante et magnifique, qui compte, grâce à Dieu, des centaines voir des milliers de saints mais qui se chamaille durement, notamment sur la véracité et l’interprétation du tsunami du rapport Sauvé. Un marasme, une boue qui ressemblent étrangement à la grotte historique de Lourdes. 
Tout au fond, Sainte Bernadette a fait jaillir l’eau pure promise par l’Immaculée Conception. La vérité viendra avec le temps. Une question de patience et d’espérance.
—–

*« Jeudi, à notre arrivée, nous avons appris que vous aviez accepté la démission de l’archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit. Pourquoi une telle hâte? », demande la journaliste.

Le pape répond: « En ce qui concerne le cas Aupetit, je me demande: mais qu’est-ce qu’il a fait de si grave pour devoir démissionner? Que quelqu’un me réponde, qu’a-t-il fait? »

La journaliste répond: « Un problème de gouvernance ou autre chose, nous ne le savons pas. »

Le pape répond: « Avant de répondre, je vous dirai: faites l’enquête. Parce que le risque existe de dire: il a été condamné. Qui l’a condamné?  L’opinion publique, les bavardages… on ne sait pas… Si vous savez pourquoi, dites-le, sinon je ne peux pas répondre.

« Et vous ne le saurez pas parce que c’était un écart de sa part, un écart envers le sixième commandement, mais pas total, des petites caresses et des massages qu’il faisait (à la secrétaire ndlr supprimé). Voilà l’accusation. C’est un péché mais ce n’est pas l’un des plus graves, parce que les péchés de la chair ne sont pas les plus graves. Les péchés les plus graves sont ceux qui ont le plus d’angélisme: l’orgueil, la haine.

« Donc Aupetit est pécheur, tout comme moi – je ne sais pas, vous concernant… peut-être – comme Pierre, l’évêque sur lequel Jésus-Christ a fondé l’Église. Comment se fait-il que la communauté de l’époque ait accepté un évêque pécheur, et ce, avec un péché aussi angélique que celui de renier le Christ! Parce que c’était une Église normale, habituée à se sentir toujours pécheresse. C’était une Église humble.

« On voit que notre Église n’a pas l’habitude d’avoir un évêque pécheur. On fait semblant de dire: mon évêque est un saint…. Non, cela est le petit chaperon rouge …  nous sommes tous pécheurs. Mais quand les commérages augmentent, augmentent, augmentent jusqu’à ruiner la renommée d’une personne, elle ne pourra pas gouverner. Non pas parce qu’elle a perdu sa renommée non pas à cause de son péché, qui est un péché – comme celui de Pierre, comme le mien, comme le vôtre, mais à cause des commérages des gens. C’est pourquoi j’ai accepté sa démission, non pas sur l’autel de la vérité mais sur celui de l’hypocrisie. »

© Traduction de Vatican News

Zemmour mon amour ? Je t’aime … moi non plus !

Zemmour: un fasciste d’extrême droite ?

L’amour et la haine sont des réactions plus ou moins normales dans la vie.

Invité à Londres puis à Genève, Eric Zemmour ne laisse personne indifférent et déclenche nos passions. Il est aimé ou détesté. L’intellectuel et écrivain est bien un polémiste qui adore le débat et la confrontation et il l’assume, le revendique même. 

L’expression “Je t’aime … moi non plus” trouve son origine dans une phrase de l’artiste Salvador Dalí à qui on demandait ce qui le différenciait de Picasso. Il répondit « Picasso est espagnol, moi aussi. Picasso est un génie, moi aussi. Picasso est communiste, moi non plus. ».

Journaliste à ses débuts, le futur candidat à la présidentielle française de 2022 connait “le climat ou la météo” médiatique. 

La météo des médias

Mes quelques lignes dépeignent à très grands traits le paysage médiatique francophone. Cela me permettra de replacer ou situer différemment l’homme Zemmour, clairement de droite évidemment, dans la sphère politico-médiatique. 

Le classement ou l’étiquette droite ou gauche dépend bien-sûr de la politique. La vision du monde est d’ailleurs, depuis la révolution française, très souvent binaire. Or, cette lentille ne peut pas tout regarder de la même manière, notamment les chrétiens en politique. 

En Suisse Romande, il n’y a pas vraiment un journal ou un média dit d’opposition. Ceci est révélateur car l’opposition serait de droite. Ceci laisse entendre que le milieu des médias est de gauche. Aussi, les médias mainstream romands sont plutôt de gauche et assez alignés. 

En France, CNews et le milliardaire Bolloré sont entrés dans le PAF avec une vision du monde marqué à droite, revendiquant même un certain catholicisme. Dès lors, les grands médias, de gauche, tirent à boulets rouges sur ces nouvelles “chemises brunes” fascistes et d’extrême droite, disent-ils !

L’habitude médiatique engendre la normalité et ce monde de l’opinion diffusée semble objectif et neutre. Or, tout groupe médiatique a sa propre ligne rédactionnelle et ses mécènes. Les nouveaux réseaux sociaux ont certes un peu changé la donne. Un “adjuvant” non-négligeable concerne désormais quelques musulmans en France. Ils ont infiltré une certaine gauche, alors que leurs visions est paradoxalement d’extrême droite. Comme Zemmour ose parler des islams, ces derniers crient avec les loups.

En gros: vous êtes pour la vie et donc opposé à l’avortement: vous êtes un extrémiste de droite. Vous n’êtes pas féministe: idem, en plus machiste et patriarcal. Vous n’êtes pas pour le mouvement idéologique LGBTQA+: idem, en étant homophobe. Vous n’êtes pas pour l’accueil massif des étrangers: la même chose et vous êtes raciste.

En Suisse, vous êtes de l’UDC ? Ce parti, combattu surtout par les socialistes, est dès lors à l’extrême droite.

Pour moi l’extrême droite touchait surtout au fascisme italien de Mussolini et évidemment l’idéologie terroriste raciste et anti-sémite du national-socialisme allemand, le parti nazi. Hitler est un extrémiste de droite, un meurtrier. 

Le Pape Pie XI avait exigé des catholiques de quitter l’Action française de Charles Maurras. Un Cardinal français en avait même perdu sa barrette rouge. 

Aujourd’hui, le curseur a bougé. Le socialisme place les pro-vie et pro-famille à l’extrême droite. Alors que les tenants de la gauche défendaient les petits, les travailleurs, les classes populaires et les étrangers. Les lignes ont bougé. 

L’Eglise catholique à la moulinette

Ce filtre médiatique, qui classe et situe, fonctionne aussi pour les Papes. Le Pape Pie XII serait un sympathisant des nazis alors que Saint Jean XXIII était le Pape Bon, plutôt social. Saint Jean-Paul II, un polonais, était classé socialement à gauche mais très à droite sur les valeurs tels que la défense de la vie, l’euthanasie ou la sexualité. Benoît XVI était encore plus à droite, même un extrêmiste de droite. 

Et le Pape François ? il brouille les cartes. Ce serait un Pape de gauche, même communiste pour certains.

Pour moi, clairement non. Il n’est ni de gauche, ni de droite, simplement catholique et pour l’Evangile. D’ailleurs, entre le début de la vie et la fin de la vie, il y a le déploiement d’une vie entière. François ne parle pas que de l’avortement ou de l’euthanasie, mais des migrants et des étrangers. La personne doit être défendu tout au long de sa vie. Ce Pape enrichi magnifiquement l’enseignement social chrétien. 

Revenons à nos moutons, ou plutôt au grand méchant loup, Zemmour.

Pour les médias français de gauche, Zemmour serait fasciste, anti-féministe, homophobe, donc d’extrême droite.

Pour ce que j’ai vu, les manifestations d’oppositions à sa venue à Genève ont lancé, la bouche en coeur, des slogans violents sur les réseaux sociaux en appelant même brûler la salle de réunion ou en menaçant de représailles l’hôtel d’accueil. Pour moi, ce sont des méthodes fascistes et violentes. Ce radicalisme d’extrême gauche est source de violence. Ces faits le démontrent.

Extrémiste ? Tout dépend du prisme politique et de la place du curseur. Pour moi, selon mon système de valeurs, Zemmour est évidemment de droite, une droite conservatrice, nationaliste et identitaire faisant de l’assimilation la clef de voute de la culture française. Honnêtement, je ne trouve rien d’extrême droite chez lui, comme l’antisémitisme larvée. Pas plus pour le fascisme, qui renierait la démocratie. 

Zemmour, conservateur de droite.

Pour moi, Zemmour est un citoyen français, d’origine étrangère, Juif et évidemment conservateur.

Une prémisse: Zemmour, ou Zemour, est un nom propre d’Afrique du Nord d’origine berbère. Il résulte du terme azemmur, qui signifie « olivier » en berbère. La seconde prémisse: la famille Zemmour vient de l’étranger. Éric Justin Léon Zemmour est issu d’une famille française juive d’Algérie arrivée en métropole en 1952. 

Personnellement, l’adjectif fasciste, raciste et d’extrême droite ne convient pas à Eric Zemmour.

A mon avis, l’alliage de l’extrême gauche, du mouvement très médiatisée LGBTQA+ et du féminisme lui colle à la peau. Ce poster médiatique est rendu encore plus visible par la gauche médiatique dite “objective et neutre”. Ce tout est solidifié par certains musulmans qui pratiquent l’entrisme et crient au racisme et à la haine de l’étranger. 

 

Les catholiques aussi sont divisés ( * lire Cardinal )

Les catholiques sont de gauche ou de droite. Le simple regard permet d’ailleurs de “classer” à droite ou à gauche un citoyen français catholique. Pour un catholique suisse, il faut parler plus longuement.

Puisque CNews revendique une certaine ligne catholique, la nouvelle constellation médiatique française embarque les catholiques à droite. Il est pourtant légitime d’avoir des catholiques aux opinions politiques et temporelles différents. Le liant doit être la liberté et la centralité de la foi, éclairés par ce qui est appelé couramment la doctrine sociale de l’Eglise. Cette dernière est né “à gauche”, en pleine crise ouvrière sous le pontificat de Léon XIII. 

La doctrine sociale de l’Eglise, magnifiquement enrichie par le Pape François ajoute l’écologie intégrale et la priorité pour les migrants qui marquent clairement son pontificat. L’enseignement social chrétien doit donc être le phare commun des chrétiens. Ses valeurs ne sont pas gauchistes, mais découlent de l’Evangile.

Lire l’Eglise avec le prisme politique est forcement une caricature. La foi est d’une autre nature. 

Bref, les laïcs catholiques sont libres d’être de droite ou de gauche, de voter UDC et de soutenir ou pas Eric Zemmour.

 

Bien des communicants appellent d’ailleurs de leurs voeux une pluralité médiatique beaucoup plus large. La liberté de la presse et la liberté des opinions sont fondamentales pour une démocratie. Après, chacun ses choix, ses idées ou ses visions du monde. 

Raymond Aaron avait sans doute raison: “Qu’on soit de droite ou qu’on soit de gauche, on est toujours hémiplégique”. Avec humour, je citerais, de façon certes un peu tordu, Jésus lui-même: “que ta main gauche ignore ta main droite“*.  

Personne n’est de trop dans l’Eglise. Finalement, son Coeur et son centre est la Personne de Jésus. Au fond, le coeur a une oreillette et un ventricule à droite et à gauche. Ne soyons pas hémiplégique et extrémiste. 

*« Mais toi, quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite, afin que ton aumône reste dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra. » Matthieu 6, 3-4

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Le cardinal Cantalamessa a notamment relevé que l’on construit la fraternité « exactement de la même manière que l’on construit la paix, en partant de tout près, de nous, et non de grands projets, avec des objectifs ambitieux et abstraits ». Ce qui signifie que la fraternité universelle « commence pour nous par la fraternité au sein de l’Église catholique ». Pourtant, a-t-il constaté, « la fraternité catholique est déchirée ! » Une déchirure dont la cause la plus fréquente ne réside pas dans le dogme mais dans l’option politique, a-t-il affirmé, quand celle-ci « prend le relais de l’option religieuse et ecclésiale et épouse une idéologie, laissant complètement de coté la valeur et le devoir de l’obéissance dans l’Église ». « C’est un péché, au sens le plus strict du terme », a-t-il convenu. « Cela signifie que “le royaume de ce monde” est devenu plus important, dans son cœur, que le Royaume de Dieu. » « Je crois que nous sommes tous appelés à faire à ce sujet un sérieux examen de conscience et à nous convertir », a-t-il déclaré.

Cop26: les impulsions de Laudato Si’ du Pape François

Les trois suisses ?!

Ils sont à l’origine de la Suisse (Uri, Schwytz et Unterwald) et ornent l’entrée du Parlement suisse à Berne. Toutefois, pour cet article, je désire souligner trois autres présences suisses à lier ensemble comme une petite pousse verte: la Cop26, Solar Impulse et Laudato Si’. Et, trois suisses sont engagés: Madame Sommaruga, Bertrand Piccard et André Borschberg. 

Mais tout d’abord, pourquoi la Cop ? « COP » pour « Conférence des parties », soit les États qui ont signé la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. La Suisse a répondu présente. 

Puis, Solar Impulse, c’est l’énergie solaire ou l’impulsion médiatique de l’avion suisse de Piccard et Borschberg. Ce tour du monde laisse un message, une marque et une empreinte historique.

Enfin, à nos trois suisses, je joins Laudato Si’, le poème de Saint François d’Assise, le patron de l’écologie intégrale. Ce cantiques des créatures introduit un texte (une encyclique) du Pape François qui place les humains au sommet de la Création. 

Trois impulsions

Glasgow, l’avion suisse auxquels j’ajoute le Saint-Siège (le Pape) sont trois mouvements qui doivent entrer selon moi en synergie afin de tirer ensemble à la même corde. Le monde et la planète sont en feu, pas le temps de discuter de la tenue des pompiers.

La Cop26

Elle a beaucoup fait parler d’elle. La Cop26 est parvenue à un accord minimaliste. La conseillère fédérale Simonetta Sommaruga a même exprimé sa colère: “On a affaibli le texte. J’étais très fâchée”.

Solar Impulse

Lors de la Cop26, le “savanturier” Bertrand Piccard a joué de son influence avec sa fondation Solar Impulse. Pour Le Temps, Bertrand Piccard a tenu une chronique de la COP26 à Glasgow, à laquelle il a participé. 

Sa fondation porte le nom de l’avion solaire qui réalisa le premier tour du monde avec le pilote suisse André Borschberg. Ce pilote s’investit désormais dans son projet d’avion basé à Sion (Hangar 55, H55). 

Il y a 3 ans, André Borschberg achevait, avec Bertrand Piccard, le tour du monde en avion solaire, avec Solar Impulse. Aujourd’hui, le pilote et ingénieur de 66 ans est à la tête de l’entreprise valaisanne H55, qu’il a cofondée avec Sébastien Demont et Gregory Blatt. La start-up d’une cinquantaine de personnes, financée par le fonds de capital-risque NanoDimension et soutenue par l’Office fédéral de l’aviation civile et la Fondation The Ark en Valais, a pour ambition de développer les technologies de propulsion électrique qui vont transformer le monde de l’aviation.

Voilà pour les 3 “aspects helvétiques”, les plus visibles et médiatiques. Je veux maintenant présenter brièvement l’apport inspirant d’un texte de François. 

La doctrine sociale de l’Eglise: un mouvement Laudato Si’ 

(mouvement Laudato Si’)

Les Cop sont une sorte de “think tank”.

(VaticanNews: Dieu choisit les petits)

Désormais, l’action est capitale et urgente. « Maintenant plus que jamais, c’est le moment d’agir, de faire quelque chose de concret » pour la planète, affirme le cardinal Turkson, préfet du Dicastère pour le service du développement humain intégral.

Parler c’est bien, agir c’est mieux. Le Cardinal Turkson est en quelque sorte la carte verte de la diplomatie du Saint-Siège. Pour lui, il est brûlant d’agir.

Laudato Si‘ du Pape François a officiellement été publié en 2015. Le Pape y reconnaît l’influence de l’activité humaine sur le processus du changement climatique et met en cause l’utilisation des énergies fossiles, ainsi que la société du déchet.

D’une façon prophétique, le Pape François essaie de peser de tout son poids pour sauvegarder la maison commune. Le mouvement de l’écologie intégrale donne des impulsions, peut-être pas très solaires ou manifestes, mais réelles et efficaces.

Occasion pour moi de vous inviter à lire l’encyclique Laudato Si’ (encyclique, étymologiquement une circulaire destinée à être lue, qui doit circuler partout). Les deux premiers mots sont en italien ancien (Loué sois-tu, en français) et ce texte social désire rappeler l’importance de Saint François d’Assise dans la préservation de la Création. 

Laudato si’ (24 mai 2015) | François

LETTRE ENCYCLIQUE
LAUDATO SI’
DU SAINT-PÈRE
FRANÇOIS
SUR LA SAUVEGARDE DE LA
MAISON COMMUNE

« Laudato si’, mi’ Signore », – « Loué sois-tu, mon Seigneur », chantait saint François d’Assise. Dans ce beau cantique, il nous rappelait que notre maison commune est aussi comme une sœur, avec laquelle nous partageons l’existence, et comme une mère, belle, qui nous accueille à bras ouverts : « Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur notre mère la terre, qui nous soutient et nous gouverne, et produit divers fruits avec les fleurs colorées et l’herbe ».

Un mouvement, une impulsion

“Il y a tant à faire, surtout aujourd’hui”. Les grands sommets de l’ONU, résume le directeur exécutif du Mouvement Laudato Si’, «ont pour but de rassembler la famille humaine pour agir de manière urgente face à ces grandes crises: les scientifiques nous disent qu’elles sont encore plus urgentes année après année … le cri de la terre et des pauvres qui est encore plus fort. Il est donc nécessaire d’agir».

«Nous, au sein du Mouvement, a-t-il annoncé, nous contribuons à l’animation d’une initiative particulière : “Planète saine, population saine”. Il s’agit d’une pétition avec plus de 200 organisations catholiques pour lancer un appel aux participants aux sommets de l’ONU : ce sera l’une de nos priorités dans les mois à venir et surtout pendant le “Temps de la Création”, initiative qui commence le 1er septembre. Nous demandons une augmentation du niveau d’ambition lors des deux réunions», en particulier lors de la Cop26, rapporte Tomàs Insua. 

«Il est question d’atteindre zéro émission de gaz à effet de serre au niveau mondial d’ici 2050. Mais nous savons que les pays les plus riches, qui ont une responsabilité historique pour des siècles d’émissions, ont plus de chances de réussir la transition d’ici 2035-2040».

Une lettre du Pape François

Le Pape a adressée au Mouvement Laudato Si’, une lettre personnelle, remerciant ” pour la mission de promotion de l’écologie intégrale et pour l’aide ” offerte ” à l’Église dans le monde “. 

Ce document, cette encyclique “Loué sois-tu” est une nouvelle impulsion (comme Solar Impulse) pour «vivre Laudato si’, qui ne doit pas rester un document écrit, un document de bibliothèque, mais un document vivant».

Si j’ai pu vous introduire à la découverte de la missive du Pape, mon article n’aura pas été vain. Laudato Si’ est remplie d’énergie positive car un souffle prophétique et inspirant traverse ses lignes. Ce circulaire est à diffuser partout. Elle devrait tourner en boucle, sur les réseaux sociaux et dans les médias traditionnels, comme le petit livre vert de François, un livre de chevet ou une petite Bible de l’écologie intégrale.

Bonne lecture !

Je t’aime mon loup ? du petit chaperon rouge à Saint François d’Assise

Qui n’a pas fredonné la tendre chanson de Henri Dès, le chanteur romand pour les familles, pour petits et grands: 

Je t’aime mon loup
Mon gros loup, mon p’tit loup
Je t’aime mon loup
Mon gros loup, p’tit loup
On dit que t’es mauvais
C’est pas vrai, c’est pas vrai
On dit que t’es mauvais
C’est pas vrai, pas vrai… 

Toutefois, ce “chien sauvage des forêts” n’a rien d’un tendre. Le loup défraie la chronique, les médias en parlent et en reparlent. Certains veulent le chasser, d’autres le protéger. 

Le loup a toujours effrayé et fasciné les hommes. Ce prédateur, qui pourtant fuit face à un simple sanglier, fait peur à beaucoup tout en émerveillant les autres. 

J’aborde ce sujet d’une brûlante actualité. Les Saintes Ecritures, la Bible et le Seigneur Jésus lui-même parlent du loup. Les prédateurs d’enfants dans le clergé catholique peuvent être qualifiés de loups voraces qui mordent profondément des vies innocentes. La simple visualisation de vies gravement abimées sont insoutenables. 

Afin de mieux saisir le défi actuel et historique de l’Eglise, je vous invite à visiter brièvement des citations, des contes. 

De la philosophie politique à l’Evangile: 

Les philosophes politiques reprennent volontiers cette citation: 

Homo homini lupus est, une locution latine signifiant « l’homme est un loup pour l’homme », autrement dit « l’homme est le pire ennemi de son semblable ». Cette maxime proviendrait de Thomas Hobbes. D’habitude un homme d’Eglise suscite la confiance. Dramatiquement, les victimes ont fait l’expérience du prêtre ennemi. 

Le language courant utilise l’expression: “crier au loup”. Elle vient d’une fable d’Ésope dont le titre a été traduit en français par “Le garçon qui criait au loup” et dans laquelle un garçon s’amuse à prétendre qu’il a vu un loup, ce qui le discrédite auprès des habitants de son village. Le jour où il voit vraiment un loup, personne ne prête attention à son cri d’alarme.

Bien des personnes, en interne, de l’Eglise, ont tenté d’alerter pour défendre les innocents. En vain. Ils étaient pris pour des gamins criant au loup. 

Les enfants aiment la fable du petit chaperon rouge. Le Petit Chaperon rouge, le loup et la mère-Grand, tout les monde s’en souvient. 

Le petit chaperon rouge est un conte de tradition orale d’origine française. II est surtout connu par le biais de Charles Perrault et des frères Grimm. 

L’héroïne en est une jeune fille bien élevée, la plus jolie du village, qui court à sa perte en donnant au loup qu’elle rencontre dans la forêt les indications nécessaires pour trouver la maison de sa grand-mère. Le loup mange la vieille dame en se cachant des bûcherons qui travaillent dans la forêt voisine. Il tend ensuite un piège au Petit Chaperon rouge et finit par la manger. L’histoire se termine ainsi, sur la victoire du loup.

Des enfants, des enfants de choeur, des jeunes scouts ont été pris au piège, manipulés par ces loups au discours trompeurs. 

La protection de Saint François d”Assise, le patron de l’écologie intégrale vaut la peine d’être racontée. Cela n’est ni une légende, ni un conte, mais une histoire vraie

Saint François d’Assise est le patron de tous les louveteaux et les louvettes.

Du temps de Saint François, Gubbio, une petite ville au cœur de l’Ombrie, vivait dans la terreur à cause d’un loup d’une taille exceptionnelle qui errait dans la campagne avoisinante. Les habitants fermaient les portes de la ville et ne sortaient qu’armés de piques et de fourches, mais rien n’arrêtait la voracité de l’animal.

François décida de se rendre à Gubbio pour y mettre bon ordre. N’écoutant pas les habitants lui disant de ne pas s’aventurer dehors, François alla à la rencontre du loup avec un compagnon. Ils traversèrent des contrées désertiques, pleine d’ossements qui en disaient long…Tout à coup, un hurlement retentit et loup vint à leur rencontre. François traça alors sur lui un large signe de croix et lui parla en ces termes : ” Frère Loup, viens ici. Au nom du Christ, je te commande de ne plus faire de mal à personne. “

Le loup s’arrêta, sa langue pendante disparut dans sa gueule béante et il écouta François lui faire la leçon : ” Tu es méchant : tu blesses et tu tues sans sa permission les créatures de Dieu, et non seulement les bêtes mais aussi les hommes faits à l’image de Dieu, c’est pourquoi tu mérites les fourches comme voleur et comme assassin. Mais je veux faire la paix entre toi et les habitants de Gubbio. “

Le loup remua la queue et les oreilles, montrant qu’il avait compris et qu’il acceptait. Puis il suivit François jusqu’à Gubbio où il fut décidé que, le loup s’étant amendé, on lui fournirait chaque jour de quoi se nourrir.

Une nouvelle vie commença donc pour Gubbio comme pour le loup qui devint familier de tous les habitants. Lorsque le loup mourut, deux ans après, on l’enterra à côté d’une chapelle placée sous le vocable de Saint François. Ce dernier fut, non pas prédateur mais protecteur. François louait la Création, comme soeur lune ou frère soleil. Il a transformé la cruauté du prédateur en louange à frère le loup. 

At last but not the least, Jésus lui-même, comme Bon Pasteur, évoque très souvent le troupeau qu’il guide et protège du loup. 
L’Évangile selon saint Jean livre même un jugement direct de Jésus sur le loup. Alors que le Christ parlait à ses disciples, il leur enseigne :
« Amen, amen, je vous le dis : Moi, je suis la porte des brebis. Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des bandits ; mais les brebis ne les ont pas écoutés ».
Jésus poursuit son enseignement en assimilant les voleurs aux loups qui ravissent la vie sans ménagement, alors que
« Moi, je suis le bon pasteur, le vrai berger, qui donne sa vie pour ses brebis ». À l’opposé, « le berger mercenaire n’est pas le pasteur, les brebis ne sont pas à lui : s’il voit venir le loup, il abandonne les brebis et s’enfuit ; le loup s’en empare et les disperse ».
L’animal, le loup, s’oppose ainsi, ici, directement, à la Parole de Jésus. À la différence des cultes païens, il n’est plus lumière, mais obscurité résultant de sa férocité. Saint Paul prolongera cet enseignement en recommandant la prudence, car « … après mon départ, des loups redoutables s’introduiront chez vous et n’épargneront pas le troupeau ».
Ce seront les temps difficiles du christianisme naissant, période trouble où la Parole sera diffusée aux quatre coins du monde païen hostile à cette nouveauté, une prudence nécessaire qui sera également rappelée par Matthieu usant de cette même métaphore associant le danger des païens et Romains aux loups. Le loup, décidément, n’a pas bonne presse, et sa férocité et dangerosité s’en trouvent renforcées.
Le face à face entre les loups et les Saints
Personne n’ignore que la foi catholique, ou plutôt l’Eglise catholique perd sa crédibilité et vit un tsunami sans précédent. Les loups ne sont plus les païens, les athées ou les autres de l’extérieur, mais des prédateurs sont cachés au coeur même du troupeau des baptisés, des mercenaires qui ne s’intéressent nullement aux brebis. Qui plus est, leur but est de les dévorer et de les blesser gravement.
Des prêtres se sont infiltrés parmi nous. Ils sont clairement des loups pour les hommes, avec un discours trompeur pour les enfants innocents. Ces derniers voulaient trouver en l’Eglise, une bonne mère aimante. Ils furent dramatiquement dévorés et blessés durablement. 
Saint Paul nous avertissait: des loups redoutables s’introduiront chez vous et n’épargneront pas le troupeau. Seuls des Saints François d’Assise, les saints d’aujourd’hui et de demain nous protégeront de la cruauté de ces loups. Ces saints mettront la vie innocente des brebis à la toute première place. 

Secret mafieux ou secret de Dieu ?

La confession: secret mafieux ou secret de Dieu ?

Suite à la publication du rapport de la commission Sauvé ou Ciase, en pleine communication de crise ou de guerre qui touche de plein fouet les évêques de France, des propos inadéquats et maladroits ont été tenus:

“Le secret de la confession s’impose à nous et en cela, il est plus fort que les lois de la République, parce qu’il ouvre un espace de parole libre qui se fait devant Dieu”, avait affirmé mercredi 6 octobre Mgr Éric de Moulins-Beaufort sur Franceinfo.

Lien : Communiqué de la CEF (demande de pardon pour ces propos choquants, pour un nouveau départ)

Nous nous serions bien gardés d’ajouter encore une vague sur ce tsunami. Un scandale appelle parfois un autre. Les victimes reprochent exactement cela à l’institution catholique: de s’être tue, comme les mafieux qui gardent le secret. Le secret tue ! En clair: l’omertà.

Il y a secret et secret. Un nom peut recouvrir plusieurs réalités différentes.

Selon Wikipedia, l’omertà est un vocable sicilien propre au champ lexical de la mafia. On le traduit généralement par « loi du silence ». La loi du silence est la règle tacite imposée par les mafieux dans le cadre de leurs affaires criminelles; elle implique, entre autres, la non-dénonciation de crimes et le faux-témoignage. L’omertà s’impose non seulement aux mafieux, mais aussi à tous ceux qui seraient susceptibles de témoigner contre eux en justice. Le châtiment pour la violation de cette loi est la mort.

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Il suffit de substituer la réalité de la mafia par certaines institutions catholiques pour en découvrir toute sa perversité. Ce fonctionnement d’un tel secret semble durer depuis 70 ans.

En français, secret est un adjectif “Qui n’est connu que d’un très petit nombre de personnes et ne doit pas être divulgué aux autres : un dossier secret”. Les synonymes sont:

  • clandestin – confidentiel – occulte – sourd – sournois – souterrain – subreptice
  • cachottier (familier) – dissimulé – fuyant – impénétrable – insaisissable – mystérieux- renfermé – réservé

La nature de secret de la confession 

Le secret de la confession est d’une toute autre nature. Il est d’origine divine.

La seconde partie de la phrase de l’évêque est exacte: la confession “ouvre un espace de parole libre qui se fait devant Dieu”. 

L’abbé Ludovic Danto, professeur de droit canon, explicite la loi de l’Eglise:

Le canoniste “rappelle qu’il existe des circonstances où le secret peut être brisé. Ainsi, pour être en mesure de dénoncer un clerc abuseur, les évêques ne doivent normalement pas confesser les prêtres dont ils ont la responsabilité. « Comme ils sont délivrés de ce secret de confession, ils ont les mains libres pour mener une enquête, et si besoin dénoncer certains actes ».

La confession ne couvre pas les crimes sexuels. Il existe d’autres manières de “briser” le secret absolu de la confession, d’origine divine:

Une victime vient au confessionnal :

Si un enfant parle lors de la confession :
– comme prêtre, je lui rappelle qu’il est une victime, donc innocent, qui n’a jamais péché. Son agresseur, lui, est un criminel qui doit aller se confesser et se faire soigner.
– je clos la confession en demandant à la victime de me parler hors du confessionnal.
– je l’écoute et lui propose de la soutenir pour que son agresseur soit empêché de nuire et obtenir justice et protection.

Un criminel vient au confessionnal:

Reste la question du pédophile qui s’approche de la pénitence.

Lors de la confession, premier pas vers la parole libérée, le criminel reçoit l’exhortation d’aller se dénoncer à la justice.
Il revient au pénitent d’aller se dénoncer par lui-même.
Dès lors, le secret absolu de la confession est précisément le contraire de l’omerta. Au confessionnal s’accomplit le premier pas vers la parole. La confession est ainsi le premier lieu qui appelle d’autres pas successifs afin d’établir la justice.
Et le prêtre: il ne parlera pas. Il est lié par Dieu, auteur du secret de la confession.
Face à la justice de l’Etat, un pédophilie pourra d’ailleurs mentir, cacher, dissimuler, clamer son innocence… La justice civile se heurtera également à ses propres limites. Difficile de faire mieux.
Dans tous ces abus révulsants, odieux et affreux, le mensonge est au coeur du drame.
Le mensonge est d’ailleurs le premier péché venu en notre monde. La lecture de la parabole de la Genèse, le premier livre de la Bible, s’en fait l’écho.

Le serpent sournois – Gn 3, 1-24

Le serpent est le plus rusé de tous les animaux des champs que le Seigneur Dieu a faits. Il dit à la femme :“Alors, Dieu vous a vraiment dit : “Vous ne mangerez d’aucun arbre du jardin” ? 
Nous mangeons les fruits des arbres du jardin. Mais, pour le fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : “Vous n’en mangerez pas, sinon vous mourrez. »

Pas du tout ! Vous ne mourrez pas ! Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. »
La femme s’aperçoit que le fruit de l’arbre paraît délicieux et agréable à regarder. Elle mange le fruit et en donne à son mari qui en mange aussi”. 

Le secret absolu de la confession permet aux prêtres de trouver des solutions afin de défendre à tout prix les victimes. Dieu n’est pas le parrain de la mafia, le défenseur ou le promoteur de l’omertà.

Dieu interdit la corruption et exhorte les prêtres à ne jamais manger de ce pain là. La confession participe, avec l’Etat, à la protection de l’innocence. L’Eglise et l’Etat doivent travailler, selon leurs moyens propres, à la protection des enfants.

Le rapport de la commission de la Ciase publié en France: un puissant tsunami déferle sur les évêques

Le rapport de la Ciase ou commission Sauvé (Ciase- commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise) dévoile l’ampleur de la pédocriminalité qui a sévi durant 70 années au coeur même de l’Eglise catholique, soit entre 1950 et 2020.

Les auteurs de cette enquête estiment que 216 000 personnes ont été victimes de violences sexuelles commises par des prêtres et religieux alors qu’elles étaient mineures pendant cette période. Un chiffre qui dépasse les 330 000 victimes en prenant également en compte les laïcs (dont des femmes) travaillant pour l’Eglise catholique.

Durant cette période, l’institution a abrité, selon le rapport, entre 2900 et 3200 pédocriminels catholiques

Mardi 5 octobre 2021, Jean-Marc Sauvé, président de la CIASE (la Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l’Eglise), a remis publiquement aux évêques de France et aux supérieurs des congrégations religieuses le rapport que l’Eglise lui a commandé 3 ans auparavant. Le Cardinal Parolin secrétaire d’Etat du Saint-Siège l’a largement soutenu. 


Je me suis attelé à reprendre l’intervention historique de François Devaux, première victime auditionnée. J’avoue avoir pleuré en l’écoutant ! 

En substance

Rapport de la Ciase – François Devaux fondateur de la Parole libérée et victime du Père Preynat.

“Je crois que nous vivons en ce moment précis, un tournant dans notre histoire”

Prise de parole 

Lieu: Auditorium Marceau Long, Paris, France

Avant la présentation du rapport, la parole a été donnée à Alice Casagrande, membre de la Ciase et à M. François Devaux, fondateur de l’association La Parole libérée dont voici la prise de parole inédite, qui marquera l’histoire:

« C’est une lourde mission que vous avez acceptée, dont il ne faut pas minimiser le trauma et l’empreinte qu’elle laisse dans un esprit. Vous n’êtes plus les mêmes hommes et femmes que le jour de votre adhésion à cette commission, et cela vous habitera sans doute jusqu’au dernier jour de votre existence. (…) Vos visages en disent long sur ce que vous avez vu, entendu, et votre épuisement à la tâche à quelque chose d’héroïque, de l’ordre du sacrifice, pour le bien commun. Ainsi, vous apportez enfin aux victimes une reconnaissance institutionnelle de toute la responsabilité de l’Église, ce dont les évêques et le pape n’ont pas été capables d’assumer jusqu’à ce jour ».

… « trahison de la confiance, trahison de la morale, trahison de l’enfant, de l’innocence, de votre propre peuple, trahison de l’Évangile, du message originel. (…) Il y a eu la lâcheté, il y a eu la faiblesse, il y a eu la dissimulation, il y a eu la stratégie, il y a eu le silence, l’hypocrisie, la ruse, le mensonge, il y a eu des compromis abjects ». « Il y a eu une soigneuse interaction entre ces nombreuses défaillances… ou devrais-je dire malveillances… ».

« La procrastination des dernières décennies permet toutefois de ne laisser aucun doute : les solutions sont aussi lourdes qu’évidentes, il faut refonder le système dans une proportion considérable »

« Ce qu’il vous faut comprendre messieurs, c’est que vous êtes une honte pour notre humanité. Vous avez piétiné par votre comportement “l’obligation de droit divin naturel de la protection de la vie et de la dignité de la personne” ; alors que c’est l’essence même de votre institution… ».


Intervention intégrale

François Devaux, fondateur de l’association “La Parole libérée” s’adressant aux membres de la Ciase 

C’est une très forte émotion pour moi que d’être ici dans un instant si grave.

Je crois que nous vivons en ce moment précis, un tournant dans notre histoire.

Rares sont les moments de vérité si traumatisants et si prégnants.

Être à vos côtés en ce jour, si proche de l’histoire qui s’écrit sous nos yeux, je le reçois comme une courageuse reconnaissance.

Tout au long de ce parcours j’ai eu la chance de vous observer, votre cheminement, votre méthodologie. Si je n’ai pas une connaissance précise du contenu de ce rapport, je n’ai toutefois aucun doute sur ce qu’il va révéler.

Je le sais, c’est de l’enfer dont vous revenez, vous, membres de cette commission. Vous avez exploré les détails les plus sombres et les plus abjects que l’homme sait parfois engendrer dans sa névrose.

C’est bien dans les méandres les plus vicieux et insupportables que vous êtes descendu, si bas, si nauséabond, ce qui ressemble à s’y tromper à une fosse commune des âmes déchiquetées de l’Église, pour essayer d’en comprendre les terribles mécanismes et dérives.

C’est cette lourde mission que vous avez acceptée, dont il ne faut pas minimiser le trauma et l’empreinte qu’elle laisse dans un esprit. Vous n’êtes plus les mêmes hommes et femmes que le jour de votre adhésion à cette commission, et cela vous habitera sans doute jusqu’au dernier jour de votre existence.

Il commence ici le tournant que j’évoquais en préambule.

Je suis votre premier témoin et notre permanente collaboration, collective et individuelle, m’oblige à vous dire toute mon admiration que j’ai pour chacun de vous.

Vos visages en disent long sur ce que vous avez vu, entendu, et votre épuisement à la tâche à quelque chose d’héroïque, de l’ordre du sacrifice, pour le bien commun.

Ainsi, vous apportez enfin aux victimes une reconnaissance institutionnelle de toute la responsabilité de l’Église, ce dont les évêques et le pape n’ont pas été capables d’assumer jusqu’à ce jour.

C’est bien la transversalité de votre science qui était attendue !

Soyez profondément remerciés pour votre énorme travail !

Dans cet enfer il y a eu des crimes et des délits atroces, en masse. Pendant des décennies.

Je salue ici les victimes du monde entier.

Mais il y a eu plus grave encore.

Il y a eu la trahison.

Trahison de la confiance, trahison de la morale, trahison de l’enfant, de l’innocence, de votre propre peuple, trahison de l’Évangile, du message originel.

Trahison de tout en somme.

Il y a eu la lâcheté, il y a eu la faiblesse, il y a eu la dissimulation, il y a eu la stratégie, il y a eu le silence, l’hypocrisie, la ruse, le mensonge, il y a eu des compromis abjects.

Il y a eu la sanction de ceux qui ont osé se révolter…

Il y a eu une soigneuse interaction entre ces nombreuses défaillances… ou devrais-je dire malveillances…

C’est ce qu’on appelle la terrible mécanique systémique d’une institution qui dysfonctionne totalement.

Le système est déviant, il manque d’équilibres essentiels, des garde-fous fiables.

Cette réforme du système est d’une telle ampleur, d’une telle profondeur, qu’un Vatican III ne peut être qu’un point d’étape.

On parle de théologie, de droit canonique, de fondements élémentaires de justice, de l’exercice du pouvoir, de transparence, d’honnêteté intellectuelle, de simple humanité, de la sincérité d’un engagement spirituel…

La tâche est abyssale.

Nous savons bien sûr qu’une réflexion a été amorcée sous la pression des victimes et que quelques “mesurettes” ont été prises.

Je vous avais déjà alerté sur la nécessité d’un travail en profondeur, dès 2017, à la suite “d’un testing” sur près de 35 diocèses, en remettant à la Cef mais aussi à l’ensemble des évêques, individuellement, un rapport sur l’insuffisance des mesures prises, à cette date, par l’Église Catholique de France, pour lutter contre les violences sexuelles en son sein, rappelant la nécessité évidente de méthodologie, de contrôle et de transparence.

Vous l’avez publiquement balayé d’un revers de main dans une entreprise de discrédit.

Benoît XVI n’a pas supporté et le pape François est aux éternels absents, comme inconscient de l’immensité de la responsabilité, préférant protéger ceux qui ont contribué à cette mécanique plutôt que les victimes.

C’est pourtant la problématique la plus grave depuis plusieurs décennies déjà, et sa conscience est pleine et entière grâce à la création de ces différentes commissions à travers le monde.

L’ONU ou la commission européenne elles-mêmes peinent à obtenir des réponses sérieuses.

Nous avons une pensée pour le peuple amérindien au Canada : un génocide de plusieurs centaines d’enfants dans des couvents catholiques pour lequel le pape… refuse de s’excuser…

On peut citer aussi cet évêque de New York, blanchi par une enquête vaticane début septembre : “pas un semblant de vérité” conclut-elle.

Les victimes se battent toujours pour leur dignité.

Cela se passe en ce moment même !

La procrastination des dernières décennies permet toutefois de ne laisser aucun doute : les solutions sont aussi lourdes qu’évidentes, il faut refonder le système dans une proportion considérable.

Dans l’Église, cela prend effectivement a minima la forme d’un Vatican III (…en attendant que les évêques terminent leur débat sur la sémantique du nom qui sera utilisé pour l’indemnisation accordée aux victimes). Soyez à l’aise, on a tous bien compris la stratégie fétide qui se cache derrière. Ayez au moins la décence de nous faire l’économie de vos discours pharisiens et de vos belles publications.

Ce qu’il vous faut comprendre messieurs, c’est que vous êtes une honte pour notre humanité.

Vous avez piétiné par votre comportement « l’obligation de droit divin naturel de la protection de la vie et de la dignité de la personne » ; alors que c’est l’essence même de votre institution…

Savez-vous par exemple que dans le procès Preynat, le diocèse de Lyon refuse aujourd’hui d’indemniser les victimes non prescrites sur le prétexte qu’elles n’ont pas fait appel au fonds d’indemnisation de la République Française (le Civi) : faire payer le contribuable français pour une déviance connue par le diocèse depuis cinq décennies ?

On en est là de la repentance et de la quête de pardon, sur un dossier aussi emblématique, juridiquement soldé.

Vous – devez – payer – pour – tous – ces – crimes !

On va redire cela tous ensemble si vous le voulez bien, pour que ce soit bien clair dans tous nos esprits :

Vous – devez – payer – pour – tous – ces – crimes

Ce chiffre, il se compte en plusieurs milliards…–

La bonne nouvelle, c’est que votre fonds de dotation de cinq millions va permettre de construire tout le processus d’indemnisation, dans un délai raisonnable pour toutes les victimes déjà identifiée par la Ciase.

Il va vous falloir trouver beaucoup, beaucoup, d’argent.

Pensez-vous que le gouvernement français puisse s’affranchir de sa responsabilité pour tous ces crimes commis sur son sol ?

Vous en êtes là…

C’est vous dire si le chemin sera long et laborieux…

À la lumière de cet effroyable constat, la question ultime que je vous pose à tous avec franchise, est la suivante :

Peut-on raisonnablement penser que l’Église en est capable ?

Capable de porter un tel programme de réformes aussi fondamentales et sur des points aussi singuliers ?

Je vous pose la question ?

Et quoique nous disent les responsables religieux aujourd’hui et dans les semaines à venir, le doute restera entier, tant que le système restera défaillant…

Autrement dit, (et je vais m’arrêter là,) en attendant que la rédemption vous traverse éventuellement un jour, le mieux que vous auriez à faire, ne serait-ce que pour la survie de l’Église avant même celle de votre âme, serait encore de vous taire et de commencer à vous exécuter avec ardeur et célérité…

Merci pour votre écoute.

My name is Bond, James Bond ! Réinventer la virilité ?

Réinventer la virilité ?

“My name is Bond, James Bond !” Cette célèbre tirade n’a plus raisonné chez les cinéphiles depuis longtemps. Le dernier titre de la célèbre saga est emblématique : « Mourir peut attendre ».

Daniel Craig, lui, va bel et bien disparaître, puisqu’il incarnera le « héros masculin » pour la dernière fois. James Bond va-t-il mourir ou sa disparition peut toujours attendre ?

Dans le magazine Femina, sous la plume de Géraldine Savary, James est décrit comme un prédateur de femmes :

« En 24 films, James Bond interagit avec 108 femmes, couche avec 61 d’entre elles. Il en agresse 32, en tue 25, en gifle quatre après l’amour. Une est étranglée, une autre violée, neuf sont matées sans leur consentement. A deux reprises, il arrache soutien-gorge et bikini. Avec un palmarès pareil, le gars est clairement infréquentable ».

Évidemment, le prêtre et l’homme que je suis ne souhaiterait jamais incarner un tel homme. Mme Savary a tout juste. Si ce prédateur de femmes meurt, je ne m’en plaindrai surtout pas ! La réalité dépasse la fiction. Le monde et Hollywood a, Dieu merci, balancé ses porcs. « Me too » est heureusement passé par là.

La commission française Ciase ( commission indépendante sur les abus sexuels en Eglise ), dit aussi le rapport Sauvé, a publié ce mardi 5 octobre les ravages commis par plus de 3000 prêtres contre des innocents durant 70 ans. Face à de tels “hommes”, des criminels et des bourreaux  je n’ai plus de mot tellement je suis effaré et épouvanté (330 000 victimes). Un immense chantier de justice est ouvert pour les victimes.

My name is Jeannette ?

Sans transition, la question est posée : James Bond pourrait-il être une femme ? James deviendrait-il Jeannette ? Une autre interrogation peut-être associée : la virilité a-t-elle encore sa place dans notre univers ordinaire et quotidien formaté par notre société médiatique, cinématographique et littéraire ?

Personne ne souhaite être un porc ! Cependant être viril, un homme adulte, responsable, raisonnable et fort est-il encore possible de nos jours ? N’est-ce pas être patriarcal ? A mon avis, les féministes sont parfois des « machistes » en miroir. Certaines pensent que l’homme viril doit mourir sans attendre.

Derrière le débat de réinventer James Bond se superpose, comme la technique cinématographique du flou enchainé, le passage d’un homme prédateur à un homme viril. Le défi consiste à vivre les uns pour les autres, pour devenir des hommes et des femmes authentiques. Non pas pour entrer dans la guerre des sexes, mais pour assurer l’harmonie sociale, l’équilibre du marcher ensemble avec les deux manières d’être pleinement humain, homme et femme.

 

 

Ce clivage se retrouve au sein de l’Eglise catholique. Pourquoi Jésus est un homme ? Pourquoi les chrétiens prient Dieu en invoquant « Notre Père qui est aux cieux », « le Père tout puissant » ? Pourquoi, comme le redit le Pape François, l’ordination sacerdotale, la vocation de prêtre, est exclusivement réservée aux hommes ? Vastes questions. Jean-Paul Ier, Pape durant 33 jours,  disait fort à propos: « Dieu est masculin et féminin ».

Faut-il pour autant que la virilité meurt ? A mon avis, l’homme ne peut pas mourir, mais se redécouvrir à chaque instant.

L’adage grec bien sage le souligne : nous ne pouvons pas toujours réinventer la roue. Le défi technique consiste à l’améliorer, L’homme doit toujours apprendre à être viril ( du latin « vir » homme ). Pour qu’il le devienne, une femme est toujours, sans être sa rivale ou sa proie, sa meilleure alliée donc son égale. James Bond peut se réinventer. Toutefois, la mort de l’homme peut vraiment attendre.

Bon film.