“Le Vatican, combien de divisions ?” se gaussait Staline, l’un des plus grands criminels de l’histoire.
Les faits sont accablants. Le Kremlin, en 100 ans, a causé la mort de quelques 100 000 000 de personnes. Et ce n’est pas terminé.
J’appartiens à la génération de Saint Jean-Paul II et j’étais présent à Czestochowa lors de la JMJ de 1991, avec plus de 1 millions de jeunes. Le mur de Berlin était tombé et un putsch était en cours à Moscou, contre Gobartchev. Quelques 100 000 russes s’étaient rendus, en une nuit, sur la place du sanctuaire mariale, citadelle polonaise dressée face aux mensonges de l’agresseur russe.
Karol Wojtilà a vécu dans sa chair les méthodes soviétiques. Il fut, avec raison, un farouche anti-communiste. Les apparitions de Fatima de 1917, qui se déroulèrent en même temps que la révolution de Lénine, ont forgé son histoire. Le second secret révéle que le communisme répandrait ses mensonges dans le monde entier.
La chute du Mur annonce le début d’une nouvelle ère
Après la chute du Mur de Berlin, le 9 novembre 1989, le Cardinal Ratzinger avait invité à la prudence en citant une parabole biblique. Ce moment historique pouvait laisser la porte ouverte au pire*.
La diplomatie du Saint-Siège, qui n’est pas à confondre avec l’Etat du Vatican créé en 1929, est à l’origine de la diplomatie mondiale, en vue de promouvoir la Paix. Ainsi, les représentants du Pape dans les pays, les nonces apostoliques, sont les premiers parmi leurs pairs, justement en raison de cette histoire de primauté qui remonte à la Renaissance.
Saint Jean XXXIII est connu pour sa médiation lors de la crise des missiles de Cuba. Saint Jean-Paul II l’est tout autant pour son rôle joué dans l’écroulement du communisme athée.
Le Pape François surfe sur cette lancée, qui n’est malheureusement pas rectiligne. Depuis une année, sa diplomatie a évolué. Certes, le pontife s’est rendu à l’ambassade russe sur la via della Conciliazione. Durant toutes ses interventions, il prie pour les ukrainiens, martyrs d’une guerre absurde.
Un communisme dérivé
Pourtant sa vision du monde diffère des Papes européens. Il vient du bout du monde, de l’Amérique du Sud, un continent touché par un communisme dérivé et une extrême droite militaire. Enfin, Bergoglio est anti-américain. L’histoire de la Russie est dans son angle mort.
Cette guerre n’est pas entre l’axe du bien et du mal, une guerre pour des valeurs, mettant fin à un monde bipolaire. Il s’agit d’un agresseur et d’un agressé. Aussi, les défauts des uns et des autres n’ont aucune justification pour envahir un pays souverain, reconnu par le droit international. Les différents se résolvent dans le dialogue, cependant face à une telle agression la défense est légitime.
La décision de l’assemblée générale, prise un an après ce conflit épouvantable, révèle l’ampleur mondiale de cette guerre. Elle n’a rien de locale, d’occidentale. Tous les pays sont impliqués. Preuve en est: la résolution a été adoptée avec 141 voix, tandis que six pays ont soutenu la Russie en votant non, et 32 pays, dont la Chine et l’Inde, se sont abstenus.
L’aumônier de l’Occident ?
Aussi, la volonté de successeur de Pierre de ne pas être considéré comme aumônier de l’Occident interroge. La guerre mondiale n’est pas encore déclarée, mais elle existe bien en morceau. Pourtant, la Russie continue d’être gouvernée par une bande de mafieux avec un propagande qui entre aux gouttes à gouttes dans nos têtes, comme des missiles mensongers et destructeurs de la raison.
Au Vatican, les rumeurs d’une prochaine renonciation reprennent l’ascenseur. Il se murmure que le temps serait venu pour un Pape venu d’Afrique. Ce continent est une proie facile pour la Russie, avec tant de pays en colère après l’exploitation de leur richesse. Ils veulent se détourner de l’Occident colonisateur, mais risque aussi bien pire.
Pour François, le temps est supérieur à l’espace et le tout est plus grand que la partie. Deux principes qui peuvent préparer le futur du monde. Toutefois, sa volonté persistante de parler avec Poutine et Cyrille interroge également. Ces derniers ne comprennent que la force et se fichent bien mal de la vérité et du dialogue.
Le retour de la Grande Guerre en Europe n’a pas fini de modeler le monde.
*Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 11,15-26.
Comme Jésus avait expulsé un démon, certains se mirent à dire : « C’est par Béelzéboul, le chef des démons, qu’il expulse les démons. » D’autres, pour le mettre à l’épreuve, lui réclamaient un signe venant du ciel. Jésus, connaissant leurs intentions, leur dit : « Tout royaume divisé devient un désert, ses maisons s’écroulent les unes sur les autres. Si Satan, lui aussi, est divisé, comment son royaume tiendra-t-il ? Vous dites que c’est par Béelzéboul que j’expulse les démons. Et si c’est par Béelzéboul que moi, je les expulse, vos disciples, par qui les expulsent-ils ? C’est pourquoi ils seront eux-mêmes vos juges. Mais si c’est par le doigt de Dieu que j’expulse les démons, c’est donc que le règne de Dieu est survenu pour vous. Quand l’homme fort et bien armé garde son palais, tout ce qui lui appartient est en sécurité. Mais si un plus fort intervient et triomphe de lui, il lui enlève l’équipement de combat qui lui donnait confiance, et il distribue tout ce qu’il lui a pris. Celui qui n’est pas avec moi est contre moi ; celui qui ne rassemble pas avec moi disperse. Quand l’esprit mauvais est sorti d’un homme, il parcourt les terres desséchées en cherchant un lieu de repos. Et comme il n’en trouve pas, il se dit : ‘Je vais retourner dans ma maison, d’où je suis sorti.’ En arrivant, il la trouve balayée et bien rangée. Alors, il s’en va, et il prend sept autres esprits encore plus mauvais que lui, ils y entrent, et ils s’y installent. Ainsi, l’état de cet homme est pire à la fin qu’au début. »
Pourquoi le Pape n’est-il pas allé directement à Moscou rencontrer Poutine et Cyrille pour négocier une paix ? Il serait bien plus utile et efficace en se rendant sur place pour ouvrir un dialogue.
Jean-Paul II n’aurait pas hésité et aurait fait le siège du Kremlin s’il avait fallu.
Jean-Paul II n’a pas non plus réussi à aller en Russie!
En revanche, je pense que Jean-Paul II serait allé à Kiev. C’est plutôt là la différence, car il était polonais.
Le pape François est plutôt raisonnable, il appelle à la paix, car il n’y a sans doute que cela à faire de “raisonnable”.
En outre, s’il prenait brutalement position contre la Russie, il serait instrumentalisé. Il ne le peut pas, même s’il a condamné l’invasion russe en appelant à cesser la guerre, et en nommant l’Ukraine “martyre”.
Par ailleurs, le pape est le représentant des catholiques, dont les fidèles ne sont plus tellement en Europe, mais en Amérique du Sud, en Asie, en Afrique. Sa position ne coïncide pas forcément avec la position européenne et c’est désormais logique d’une certaine manière.
Quant à son anti-américanisme, je n’y crois pas – il s’est d’ailleurs rendu aux USA.
Le pape me semble simplement contre l’hypocrisie qui consiste à médiatiser certaines guerre et à en oublier d’autres, notamment les guerres qui ont lieu en Afrique dans le silence, et dont bcp de fidèles catholiques souffrent sur place.
De ce point de vue, c’est une personne qui me semble lucide et assez bien informée sur le fonctionnement du monde.
A Moscou, ce pape a d’ailleurs été très critiqué (agent du Nouvel Ordre mondial, pour le mariage gay, russophobe), comme à Kiev et Varsovie (communiste, suppôt de Poutine) ou Washington (soumis à la Chine) ou en Chine (agent de l’Occident).
Mais tout cela, ce ne sont que des tentatives grossière d’influencer. Et je me dis que la position du pape est devenue très compliquée…
Vous constatez que la CPI va inculper Poutine pour crimes de guerre. Je crois que cela éclaire mon article et notre débat.
Certes, mais la CPI n’appelle pas à envoyer des armes à l’Ukraine. Cela éclaire en effet votre article et notre débat.
“…ceux qui prendront l’épée périront par l’épée.” – Mathieu, 26-52
Encore une fois, la personnalité de Poutine ne doit pas occulter les intérêts d’autres pouvoirs dans la guerre en Ukraine.
De ce point de vue, la culpabilité de Poutine ne change rien à la responsabilité d’autres pouvoirs dans cette guerre tragique.
“Les faits sont accablants. Le Kremlin, en 100 ans, a causé la mort de quelques 100 000 000 de personnes. Et ce n’est pas terminé.” C’est pourquoi nous devons soutenir nos frères ukrainiens confrontés à cette barbarie sans fin. Hillary Clinton avait très bien compris la nature profonde de Putin qui savait pertinemment qu’il valait mieux avoir Donald Trump à la Maison-Blanche.