Je suis de mon enfance, la passion du ciel

Saint-Exupéry, pilote et écrivain poète est l’auteur de cette phrase dans son livre “Pilote de guerre”. L’enfance nous marque et nous oriente.

 

Je suis un « spotter », amateur et débutant. La première fois que ce mot étrange a résonné à mes oreilles, ce fut par la voix de Bernard Chabert, mythique journaliste aéronautique, lors du show aérien d’Air14. Ce sont des photographes totalement passionnés, presque cinglés, prêt à chasser longuement au bord des pistes pour obtenir quelques photos d’avions inédites. Ils se placent dans des endroits (spots en anglais) originaux.Pourquoi avoir rejoint ces shootés de kérosène ?

 

 

Je suis de mon enfance, comme je suis de mon pays poursuivait le poète aviateur. J’ai grandi à Bôle, un petit village situé juste en-dessus de l’aérodrome de Colombier, au bord du lac de Neuchâtel. Ce lieu s’appelait « Transair », nom d’une entreprise de réparation des avions. Enfant, j’apercevais les fameux Vampires, les Venoms, les Hunters, les Mirages puis les Tigers virevolter en-dessus de ma petite tête déjà pointée vers le ciel.

Au fait, que fait un prêtre dans le milieu de l’aviation militaire ? Tout d’abord, notre armée est défensive et un Etat a le devoir de protéger ses citoyens. Lorsque nous sortons de notre appartement, nous fermons la porte à clefs et les fenêtres. Ensuite, Saint Maurice ou Saint Martin étaient des militaires. Et même le Pape possède sa protection rapprochée par notre garde suisse pontificale. La légitime défense, la protection de l’espace aérien est une partie de la responsabilité des pilotes d’avions.

Je ne peux pas me l’expliquer, mais voir voler un avion me procure une grande joie, mêlée d’un émerveillement rempli d’émotion. Je me sens justement plonger dans le paysage de mon enfance. Voler me transcende, car je peux admirer notre planète bleue depuis le ciel.

J’aime tout ce qui vole car nous sommes faits pour le ciel. Enfant, je rêvais d’être pilote militaire. A 17 ans, j’avais mon brevet de pilote de planeur. J’aurais fait un piètre pilote de chasse. Cependant, j’ai fini par trouver mon ciel : le prochain, la vie éternelle, qui durera pour toujours. Comme prêtre, je suis un peu un autre pilote qui guide les personnes dans les tempêtes et les bourrasques de la vie.

Il y a quelques mois, par l’intermédiaire de Facebook, j’ai vu des superbes photos d’un monsieur nommé Patrice Uldry. Ses photos étaient splendides, nettes et pleines de couleurs. Peu à peu, une belle amitié virtuelle puis réelle s’est tissée entre nous. Il m’a pris sous son aile et m’a fait entrer dans le team de «spotters U70»  (nom d’un ancien abris pour avions à l’aérodrome de Payerne). Petit à petit, je me suis laissé conseiller pour me procurer le matériel photographique.

J’ai éclaté de rire lors de mon premier cliché. Non seulement la photo était totalement ratée et floue, mais l’avion n’était pas dessus. Il a passé bien trop vite ! Peu à peu, avec les conseils de mes amis «spotters », j’ai commencé à comprendre les trucs ! je suis conscient de mon niveau de débutant, mais j’éprouve une joie d’enfant en visionnant mes réalisations. Et surtout, j’adore changer d’air en écoutant notamment les connaissances et les histoires aéronautiques de tout ce petit monde tournant autour des pistes.

 

 

Par le calendrier, toujours surveillé de près par Patrice, j’ai appris que les forces aériennes étaient engagées pour la protection de l’espace aérien suisse en-dessus de Davos. Ce forum réunissant de grandes personnalités est bien connu. Aussi dit, aussitôt fait, durant tout un jour, j’ai passé 7 heures en pleine air, les pieds dans la neige par -4 degrés à Meiringen. C’est aussi très bon pour la santé ! Je me suis laissé guider par l’expérience des autres, pour trouver les bons coins. Voir la couleur orangée de la postcombustion, les montagnes environnantes, les rochers, la lumière des pistes, le ciel et les nuages, quel magnifique spectacle pour la contemplation. Saint Exupéry décrivait le vol comme une méditation ! Et le ballet des avions est intense. Chaque demi-heure, deux avions prennent l’air ou reviennent se poser.

J’étais impatient de télécharger mes cartes sur mon ordinateur pour les travailler avec le programme Lightroom. Cette fois, j’avais les images brutes comme base de départ. C’est une belle satisfaction de voir le résultat. Des amis se sont réjouis de mes progrès.

 

Modestement, je suis heureux de montrer mon petit travail artistique. Ah, j’oubliais, je me suis mis au parapente en juillet. Toutefois, pas encore d’appareil de photos embarqué sous mon aile.

 

 

P.S. Le logo des photos “@ventciel” peut être interprété de différentes manières. Le vent est invisible, comme Dieu, mais ses effets sont tangibles. Le ciel est une passion mais le second ciel est une destinée. Ce ciel d’ici-bàs, avec ses beautés, n’est que l’avant-goût du prochain. Comme prêtre, je suis dans ce temps qui le précède. J’essaie de contempler la beauté de ce ciel pour voir un jour Le Ciel de toujours. 

 

Dominique Fabien Rimaz

D'origine fribourgeoise et italienne, né à Bôle (Neuchâtel), Dominique Fabien Rimaz se rêvait pilote militaire. Il passera d'abord par une formation en chimie puis en sciences politiques pour devenir un jour journaliste. Rattrapé par la vocation, il est aujourd’hui prêtre en Veveyse et aumônier des hôpitaux à Fribourg.

2 réponses à “Je suis de mon enfance, la passion du ciel

  1. Antoine de Saint-Exupéry était un poète et les circonstances l’ont conduit à devenir pilote de guerre. Vous vouliez devenir pilote militaire et vous êtes devenu prête. En quelque sorte, vos destins se sont croisés. La photo de lui que vous avez choisie est célèbre: il comprend qu’il ne peut échapper à ce destin dont il a si souvent parlé dans ses romans. Comme vous êtes théologue, vous pouvez m’aider à mieux trouver le mot correcte: destinée, condition humaine? En tous cas, cet homme me marque depuis mon enfance.

    1. Toute proportion gardée. Antoine est un grand pilote et un écrivain au talent mondialement reconnu.

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