Karol Wojtilà, Saint Jean-Paul II est-il toujours saint ?

Une jeune fille de quinze ans, disparue le 22 juin 1983

Le coup de langue est inouï ! Lors d’une émission à la télévision italienne, le frère d’Emanuela Orlandi, jeune fille au passeport du Vatican tragiquement disparue, a balancé: Jean-Paul II «sortait le soir avec deux de ses amis monsignori polonais» et «n’allait certainement pas bénir les maisons», mais abuser de jeunes filles (sic!).

Je comprends la douleur et la colère de Pietro. Cette disparition est atroce et horrible à vivre. Cependant, le mensonge et la calomnie n’aident personne.

La série de Netflix, consacrée à cette épouvantable disparition, laisse entendre une couverture de faits mafieux (voir de pédophilie) au sein du Vatican. La petite innocente savait des choses et il fallait la faire disparaître. Mais de-là à trainer Jean-Paul II dans la boue …

La Pologne

Ce n’est pas tout. En Pologne, les attaques contre la mémoire de Karol Wojtilà sont puissantes. Il aurait, comme archevêque de Cracovie, déplacé des prêtres abuseurs. Laisser un loup parmi les brebis innocentes est une erreur grave aux conséquences tragiques.

Statue de Saint Jean-Paul II en Pologne

Les JMJ

Jamais deux sans trois dit le dicton. Les JMJ, inventées par Saint Jean-Paul II, furent aussi, malheureusement, un terrain de chasse privilégié pour des fondations perverses aux fondateurs tout aussi sulfureux: pensons aux Légionnaires du Christ, aux frères et soeurs de Saint-Jean, à Points-Coeur, aux Béatitudes, au Verbe de Vie …

Totalitarismes

Voilà pour les déclarations calomnieuses, mais aussi pour des faits avérés concernant le déplacement de prêtres et la naissance, sous le pontificat du saint, de nouvelles communautés au profil clairement sectaire.

Durant cette semaine pascale, Arte a diffusé un reportage. Un historien expliquait le rôle joué par les deux totalitarismes nés au siècle dernier: la national socialisme d’Adolf Hitler et le régime du Kremlin de Lénine, de Staline and Co. Tous deux ont attaqué sévèrement, par la propagande, la réputation des prêtres de l’Eglise catholique. Cette dernière s’est alors replié, à juste titre, sur elle-même, afin de résister aux mensonges. Ce contexte historique a marqué Saint Jean-Paul II. Il avait eu à faire face à des faux dossiers montés de toutes pièces. Comment discerner le vrai du faux ?

Cette mentalité de citadelle assiégée a la vie dure. Nombres de prélats sont formatés pour défendre et attaquer. Même face à la vérité des faits, rien y fait. Au fond, c’est bien d’abord et avant tout la personne d’Emanuela qu’il faut défendre !

Ce n’est un secret pour personne, Saint Jean-Paul II eu un rôle prophétique dans la lutte contre le communisme. Toute sa vie est marquée par cet affrontement. Son célèbre “n’ayez pas peur” a jailli au coeur de l’expérience même de la peur. Cette dernière est l’agissement principal du Kremlin: semer la terreur et mentir.

Un Saint n’est pas une star

Karol Wojtilà fut béatifié en 2011 et déclaré saint en 2014. Certains veulent dès lors le voir “décanoniser”.

En tout premier lieu, n’oublions pas que le gouvernement de la curie romaine a surtout été laissé au Cardinal Secrétaire d’Etat Sodano, et son entourage, dont curieusement personne ne parle.

Secondo, une canonisation engage l’infaillibilité de l’Eglise et du Pape. Une enquête rigoureuse est diligentée puis soumise à différentes commissions. Pour mettre le blanc-seing, un miracle est nécessaire. C’est la réponse de Dieu à la question posée: Karol Wojtilà est-il saint ? Par un événement improbable sans explication rationnelle, souvent médical, l’acquiescement est divinement et infailliblement établi. Pour Saint Jean-Paul II, les miracles, comme des guérisons ou des aides spéciales, sont innombrables.

La dernière et ultime question est plutôt celle-ci: qu’est-ce qu’un saint ? Jean-Paul II n’est ni un héros, ni une idole, pas plus que Dieu lui-même. C’est un homme qui, dans son époque, a cherché et trouvé Dieu en faisant le bien. Un saint n’est pas sans péché ou sans erreur. Qui peut prétendre l’être ?

Dans un siècle, ce sera intéressant de voir les erreurs des grands hommes et femmes de notre temps. La réponse sera toujours la même: en ce temps, les connaissances ou les pratiques étaient ainsi. Le Pape François parle de l’herméneutique de l’histoire. Sans cette lecture, nous tombons dans l’anachronisme.

La condition humaine est fragile. Dans une époque ou l’homme domine la science, la technique, avec la recherche d’un surhomme, fort, immortel et omniscient, une personne passe bien trop vite du statut de héros à zéro.

Nous sommes invités à l’humilité, à l’acceptation de la fragilité et surtout à la redécouverte de l’authentique  sainteté. Elle est palpable chez tant de personnes, souvent humbles et toutes simples, qui commettent des erreurs et des fautes, mais qui aiment au quotidien et suivent leur conscience.

Dans un monde souvent noir et obscure, la fréquentation et l’intercession des saints demeurent une amitié qui se tisse entre le ciel et la terre. Saint Jean-Paul II est au ciel, un ami qui brille, non comme une étoile, une star, mais comme une planète qui est illuminée par le soleil divin.

La photo le révèle fort bien: le halo vient de plus loin, une couronne de sainteté remise par un plus grand. Leurs origines sont divines. Depuis l’Ancien Testament, Dieu nous averti: “tu n’auras pas d’autres dieux”. Un Saint n’est jamais une idole ! Tout comme contester une décision divine consiste aussi à se prendre pour Dieu.

Assurément, et les miracles d’origines divines l’attestent, Karol Wojtilà est un exemple, un modèle pour engager notre vie pour le bien, le beau et le vrai. Saint Jean-Paul II est toujours saint et saint pour toujours.

Dominique Fabien Rimaz

D'origine fribourgeoise et italienne, né à Bôle (Neuchâtel), Dominique Fabien Rimaz se rêvait pilote militaire. Il passera d'abord par une formation en chimie puis en sciences politiques pour devenir un jour journaliste. Rattrapé par la vocation, il est aujourd’hui prêtre en Veveyse et aumônier des hôpitaux à Fribourg.

8 réponses à “Karol Wojtilà, Saint Jean-Paul II est-il toujours saint ?

  1. Je serais tenté de dire que vous prêchez bien pour votre paroisse, pour une Eglise au milieu d’un village, qui a disparu, et peut-être à cause d’elle. Cette Eglise, la vraie, mérite votre défense, si elle existe encore, et surtout si elle est dans votre coeur.
    Mais soyons réalite, le catholicisme a toujours frayé avec les puissants, et Jean-Paul II est à classer parmi les papes les plus politiciens de ces derniers siècles: c’est probablement pour cela qu’il a été élu… et a bien réussi son mandat. Il est arrivé au sommet de l’Eglise au moment où Margaret Thatcher et Reagan installaient le néolibéralisme sur sa voie royale, qui allait abattre le communisme politiquement et économiquement. La Banque du Vatican a été un outil utile, et n’a servi qu’à cela tout au long de son histoire, comme banque off-shore à tous les trafics politiques et mafieux: citons les Echos en 2020: “Jean-Paul II pouvait demander une valise de billets pour soutenir Solidarnosc en Pologne sans se soucier de sa provenance”.
    La Banque du Vatican a toujours été aussi opaque, et l’est aujourd’hui autant qu’hier, et tous les Saints du monde ne pourront pas la rendre plus transparente.
    Le catholicisme a profité de la croissance du néolibéralisme pour réaffirmer sa présence dans l’économie réelle, mais aussi dans l’économie virtuelle qui représente 95% de la finance aujourd’hui.
    Le philosophe Dany-Robert Dufour (auteur de “Baise ton prochain”) qualifie le néolibéralisme d’aujourd’hui de “sado-libéralisme”, un terme qui doit s’appliquer à tous les acteurs du marché., qui est un marché d’âmes humaines, … de pain et de jeu.
    Comme les banques ” too big to fail “, l’Eglise ne pourra pas disparaître, MAIS N’AYANT PAS ETE EXEMPLAIRE, elle n’a presque plus d’effet sur la croyance des humains, et le cirque des Saints nominés ne pourra pas la sauver.
    On assistera peut-être un jour à la Renaissance de l’Eglise, mais il faudra, cette fois, un vrai miracle et de vrais Saints . Je veux croire que vous en serez un.
    Amicalement votre …

    1. Il y a à boire et à manger dans vos propos. Certes le financement de Solidarnozc fut opaque.

      Le propos de mon article était surtout de rappeler ce qu’est la sainteté.

  2. Monsieur l’abbé,
    Vous avez raison de prendre la défense du pape Jean-Paul II. Il mérite notre respect en tant que pape, et grand pape si l’on pense à son action politique. Au point de vue religieux, je suis désolé, mais on peut avoir des réserves. Il passe pour un “conservateur” parce qu’il a remis un peu d’ordre. Mais il l’a fait en essayant de sacraliser cette réforme liturgique, qui a vidé les églises et dont on devrait avoir le courage de la révoquer purement et simplement parce qu’elle est néfaste. J’ai été très choqué en lisant une plaque apposée par le pape Jean-Paul II sur la façade de la cathédrale de Mayence. J’ai oublié les termes exacts de cette déclaration de lui qu’on pouvait y lire, mais le sens était clair. Il estimait qu’on devait se préparer pour l’Eglise réunifiée dans l’oecuménisme. L’esprit de ce propos était clairement celui d’une fusion dans l’ambigüité dogmatique avec les protestants et les autres dénominations chrétiennes. Impossible pour moi en tant que croyant, en dépit de mon indignité, de considérer comme un saint un prélat qui ose souscrire à une telle conception. On est là complètement dans cette vision d’une fausse unité des chrétiens telle qu’elle est conçue par les loges et par des institutions qui devraient être excommuniées telles que le conseil oecuménique des Eglises, etc. Et puis comment pardonner des choses comme la cérémonie syncrétiste d’Assise. Le bon Dieu nous a donné là un signe simple et facile à interprêter en s’arrangeant pour que le plafond de l’Eglise d’Assise s’effondre après ce scandale. Le flirt de l’Eglise de Rome avec les ennemis du Christ va beaucoup trop loin. L’Eglise moderniste est devenue un rouage du nouvel ordre mondial, en oubliant que cet ordre est antichrétien. Personnellement je n’ai plus confiance en cette institution. Je pense qu’elle est sainte malgré tout, puisque fondée par NSJC, mais Ies courbettes des princes de cette Eglise devant les ennemis du Christ mettent très mal à l’aise. On doute que ce soit encore l’Eglise du Christ, car si elle l’était alors les papes oseraient s’opposer au risque du martyre et au risque de la persécution pour les fidèles. Je pense que c’est cela que signifie la phrase “subsistit in”: ce n’est plus vraiment l’Eglise du Christ, mais l’Eglise du Christ subsiste en elle. ll ne faut pas devenir sédévacantistes, car ce serait abandonner l’Eglise à ses ennemis, qui ne s’en réjouiraient que trop. Mais il faut vraiment se retenir pour ne pas être sédévacantiste. Ca, il faut le dire.

    Le pape Benoît a essayé de faire ce qu’il a pu, mais on a vu comment la haute finance est parvenue à le contraindre à la démission par des menaces financières. Le discours ambigu du pape François qui a été imposé par cet escamotage est insupportable, avec cette manière de mettre sur le même pied Christianisme, islam et judaïsme sans aprler du Pacha Mama. Je ne voudrais pas aller trop loin dans ma critique car il y a de bons prêtres de base, comme vous, qui sont saints dans leur vie et dans leur travail, et on ne peut pas leur nuire. Mais je me demande comment vous pouvez célébrer ce simulacre de messe. Pour ma part je ne peux pas le supporter, sauf par politesse si je suis invité à un baptême, mariage ou enterrement selon le nouveau rite.

    Enfin, en ce qui concerne les péchés personnels dont certains prêtres et peut-être même des papes, se sont rendus coupables et qui ont terni l’institution, je plaiderais pour une certaine indulgence envers ces manquements et j’aimerais donner un exemple: j’ai bien connu le père Marie-Dominique Philippe, dominicain, grand théologien, professeur à l’université de Fribourg, fondateur d’un ordre religieux, les frères de Saint Jean, aussi appelé les “petits gris”. Le père Philippe était proche de ma famille quand j’étais enfant. Il a été accusé de gestes répréhensibles envers des femmes qui n’ont pas osé lui résister car il avait une telle autorité sur elles. Ca causé un grand tollé, y compris parmi oles défenseurs inconditionnels du père Philippe qui ont clamé qu’on calomniait un saint. Personnellement j’ai des raisons de croire qu’on ne l’a pas calomnié et qu’il a en effet été incapable de contrôler ses gestes. Ca je peux le dire car il a eu même envers ma mère des gestes déplacés. Elle ne s’était pas laissée faire et il n’avait pas insisté. Nous en avons reparlé quand ce scandale a éclaté, ce qui a beaucoup choqué mon père. Ma mère n’avait jamais parlé de cet incident, elle en a parlé à cette occasion. Donc bref, en conclusion, je crois que ce qui a été reproché au père Philippe n’était pas de la calomnie. Et pourtant je constate que le doigt de Dieu est dans l’oeuvre qu’il a fondée : les petits gris. C’est une excellente congrégation, très pieuse, et qui fait de très belles choses. La seule chose que l’on peut reprocher aux petit gris c’est de célébrer cette pseudo messe qui ne vaut rien. Il aurait mieux valu pour ça que le père Philippe rejoigne son confrère Mgr Lefèbvre à Ecône. Mais alors il n’aurait pas pu continuer à enseigner à Fribourg, où il avait beaucoup de succès. Ou alors peut-être que les choses sont bien comme elles sont, car s’il avait rejoint Ecône, il y aurait peut-être nui à cette Fraternité sacerdotale, à cause de ses moeurs.

    Ce que j’en conclus pour ma part, c’est que les voies du seigneur sont vraiment impénétrables. Il peut vraiment se servir d’un pécheur comme le père Philippe pour faire ce qu’ll a à faire. Je pense aussi que cet évêque qui a fondé les Légionnaires du Christ, où il s’est passé des horreurs, était probablement aussi un homme de Dieu, et il est bien possible que son oeuvre perdure, comme les petits gris du père Philippe, malgré les fautes du fondateur.

    On serait sans doute très étonné si on apprenait tout ce qui a pu se passer au cours des siècles dans des couvents, avec des évêques qui venaient voir leurs moniales. Même à la Maigrauge. Ce sont des choses de la vie. Nous ne pouvons pas renier l’Eglise à cause de ça.

    Tout cela pour dire que même si l’on pouvait prouver des manquements à la chasteté ou autres à Jean-Paul II ce ne serait pas une raison pour rejeter en bloc ce qu’il a fait. Je ne pense pas qu’il mérite d’avoir été canonisé. Je pense que ça c’est une combine des modernistes pour canonoiser leur déviance doctrinale. Jean-Paul n’était pas un vrai saint mais il était un grand pape politique. Nous devons le respecter pour ça et lui pardonner le reste. Son vrai crime en tant que pape, c’est d’avoir pensé les choses qu’on peut lire sur ce placard que j’ai vu à Mayence, ce ne sont pas ses éventuels débordements dans sa vie intime.

    Encore un dernier point: au sujet des campagnes contre l’Eglise au sujet des prêtres pédophiles. Bien sûr c’est très mal ces choses là, mais il y a vraiemnt eu une campagne uniquement pour nuire à l’Eglise. ll est prouvé que des abus sexuels existent dans tous les milieux en contact avec la jeunesse et la proportion est plus importamnte parmi les éducateurs laïques que religieux. Ces campagnes ont été lancées par les mêmes gens qui ont poussé le pape Benoît dehors par leurs chantages. Ce sont eux les vrais pédophiles et vous pouvez déjà constater maintenant que les ennemis de l’Eglise ont pu obtenir de la campagne anti prêtres pédophiles tout ce qu’ils en attendaient pour faire du tort à l’Eglise, ils commencent déjà à réclamer la dépénalistaion de l’inceste et de la sexualité avec les enfants.

    Aves mes respects monsieur l’abbé, et je ne vous interdis pas de prier pour moi.

    Un mauvais chrétien

  3. M. Fabien-Rimaz,
    Après avoir supprimé 7 commentaires sur 11 dans votre précédent blog du 15 mars, pour votre confort spirituel, vous osez revenir en proposant un nouveau débat ?

  4. “Certes le financement de Solidarnozc fut opaque.”

    Certes l’argent n’a pas d’odeur, mais est-il moins en odeur de sainteté chez certains pour autant?

    Au commencement était le Verbe et le Verbe s’est fait… cher.

    In Go(l)d We Trust.

    Quant aux manquements au devoir de chasteté et autres, si les faits qui lui sont reprochés étaient avérés, Saint Jean-Paul ne serait encore qu’un enfant de choeur eu égard à ceux que Saint Augustin rapporte dans ses Confessions, non?

  5. « Tu ne te feras pas d’image taillée pour te prosterner devant elle «  : quand on voit les processions avec les effigies de tel ou tel « saint », les médailles , cartes, mugs et autres produits dérivés aux effigies de ces « saints », les images qu’on baise dans les églises où devant lesquelles certains se prosternent et allument des cierges ….etc etc :
    Un «  saint » ne devrait pas exister comme tel.
    Il existe bien des gens, petits ou grands , qui sont bons , respectueux, vertueux et tout et tout, mais dont personne ne parle et c’est très bien ainsi : la retenue et la modestie sont aussi des vertus . Et ça l’église catholique l’a soigneusement oublié.

    Pas de scandales pédophiliques ou de dérives sexuelles dans les églises protestantes : pas parce qu’elles cachent mieux la m…..au chat, juste parce que ses pasteurs vivent comme des gens normaux, dans la même vie que tout un chacun ( ce qui , d’ailleurs, leur permets un regard et un partage bien plus légitime que ceux qui vivent en marge de la société et jugent les actions des gens ). Pas de scandale d’argent non plus : Le Vatican est le plus riche pays du monde et l’église catholique croule sous l’argent,mais n’ouvre jamais sa bourse : avez vous déjà vu les dons de cette églises dans les grandes catastrophe ? Ou lorsque notre dame a brûlé ? Ou pour aider des ONG au front ? Mais que d’argent dépensé à entretenir des gens repliés sur eux mêmes dans des couvents improductifs, ou pour le décorum : les toilettes ornées d’or indécentes des dignitaires divers , leur train de vie, les dorures dans les églises et sur les effigies des fameux saints ….et les lingots d’or stockés au Vatican et ailleurs .
    N’ oubliez pas que le protestantisme a pu éclore justement pour dénoncer ces excès et pour revenir au message primaire de la bible : le veau d’or, tu ne te prosterneras pas devant des images taillées , et l’idée de s’aimer les uns les autres dans le partage et l’écoute, pas avec des chefs et une hiérarchie, des reclus , et tout un système mafieux qui régit le tout .

    1. Le catholique Robert Beauvois vous répliquerait sans peine que l’ardeur laborieuse des protestants et leur âpreté au gain est à l’origine du matérialisme ravageur qui détruit le monde moderne. – A. Biéler, La force cachée des protestants (Genève: Labor & Fides, 1995), 27.

      La Réforme protestante n’a-t-elle pas commencé par une histoire de sous? Dans ses 95 thèses, Luther s’en prend aux “indulgences”, des papiers qui permettent en échange de quelques pièces d’écourter le temps passé au purgatoire. Par ailleurs, selon Michel Johner*, “en levant l’interdiction qui pesait sur la pratique du prêt à intérêt, Calvin a certainement apporté au développement du capitalisme une forme d’accélération extrêmement importante, dont lui-même n’a certainement pas imaginé l’ampleur. Il serait même selon certains le père du capitalisme.”

      * Michel Johner, Travail, richesse et propriété dans le protestantisme, La revue réformée, juin 2002, no 218.

      Pour Calvin, la richesse n’est-elle pas un signe de la grâce? Dans une optique protestante, la monnaie ne s’apprécie-t-elle pas par le travail? Est-ce un hasard si les principales Bourses occidentales – Francfort, Londres et New York – se situent en terre protestante et si le dollar, le mark, le franc suisse et la livre sterling font partie des monnaies les plus fortes? – Le protestantisme : un autre rapport à l’argent, Etienne Boetz, Les Echos, 31 octobre 2017.

      Max Weber n’a-t-il pas montré dans “L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme” publié en 1905, l’affinité qui existe entre l’éthos du calvinisme puritain et la mentalité de l’entrepreneur capitaliste?

      D’ailleurs, en anglais, le verbe “to save” ne signifie-t-il pas à la fois sauver (son âme, etc.) et épargner?

      Au fond, le Sonderbund a-t-il jamais cessé entre ces deux confessions? Ne se résume-t-il pas à cette vérité chère aux Golden Boys de Wall Street, que j’évoquais dans mon dernier message – “In Go(l)d We Trust?

  6. Cher Lorem Ipsum, permettez moi de vous faire aimablement remarquer que vous vous fourrez le doigt dans l’oeil. Il est historiquement totalement inexact de dire que c’est Calvin qui a levé l’interdit du prêt à intérêt. C’est un cliché et c’est complètement faux. En réalité le prêt à intérêt était pratiqué à Genève depuis très longtemps par les Juifs, Cahorsins et Lombards qui y étaient présents et faisaient les foires de Grenève un centre européen très prospère. C’est le prince évêque Adhémar Fabri qui dans son mandement de 1387, fameux, aussi appelé Franchises de Genève, a expressément autorisé, et ainsi légalisé, cette pratique qui prévalait de toute façon depuis longtemps, et contre laquelle il eût été vain de lutter. Il s’est contenté de recommander que le taux d’intérêt soit modéré.

    Calvin ne s’est intéressé à Genève que vers 1536 et ne s’y est installé qu’en 1541, soit plus d’un siècle et demi après le mandement d’Adhémar Fabri. En réalité la doctrine de Calvin sur la question du prêt à intérêt n’était pas très arrêtée. Il a hésité sur cette question et même envisagé de réintroduire la prohibition de l’intérêt, dans l’esprit évangélique originel, en réaction à la politique pragmatique de l’Eglise catholique. Finalement, il s’est résolu à maintenir le statu quo, ni plus ni moins, parce qu’il a compris que c’était impossible de faire autrement.

    ll est également faux de croire que l’arrivée de Calvin à Genève a favorisé l’activité économique, en permettant notamment l’écolosion de la banque “protestante”. En réalité la période de la Réforme et de l’institution d’un nouveau régime par Calvin, a été une période de stagnation de l’économie genevoise. La tentative de créer une banque d’état sur le modèle de celle de Bâle, fut un échec cuisant. L’économie s’est contractée. Ce n’est que plus tard, avec l’arrivée des réfugiés luquois Turrettini, Micheli, Diodati, Burlamacchi & Cie, qui implanteront la fabrication et le négoce de la soierie, ainsi que des méthodes financières modernes, que se constitua ce qui deviendra plus tard la banque genevoise protestante. Cette dernière ne prît d’ailleurs son essor, que beaucoup plus tard, à la faveur de la guerre de succession d’Espagne, où les banquiers genevois ont aidé Samuel Bernard à financer le royaume de Louis XIV, en guerre contre les … protestants. N’en déplaise à Max Weber et à sa thèse fameuse, qui a ses mérites mais ne s’applique pas spécialememnt à Genève, c’est Louis XIV et non Calvin, qui est le vrai père de la banque genevoise.

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