Une ville qui s’unit par le sport

« Team Genève », de quoi s’agit-il ? Monsieur le Conseiller d’Etat, Thierry Apothéloz, ainsi que le Canton de Genève, dévoilèrent les athlètes sélectionnés au sein de ce programme le 11 mars 2019. Celui-ci soutient financièrement les sportifs d’élite individuels qui correspondent aux critères de sélection, basés sur le système suisse de reconnaissance des performances. Il leur offre également un support de communication afin d’accroître leur visibilité grâce à des supports sur internet, à leurs partenaires (Genève Aéroport et La Tour Medical Group) et à leur notoriété auprès des médias.

La nouveauté est la promotion de l’inclusion des sportifs d’élite en situation de handicap.

Peu avant ce jour-là, j’appris les progrès réalisés par le Canton de Genève. Comme son nom l’indique, le « département de la Cohésion Sociale » joue son rôle à merveille. Il s’agit d’inclure la société dans sa globalité dans tous les domaines de la vie et ce à hauteur égale (du moins, le plus possible). Les personnes dont on n’aimerait pas voir leur différence également : je parle des individus en situation de handicap.

N’a-t-on toujours pas franchi le cap ?

D’une certaine manière, les sujets « d’intégration », « d’inclusion » et « d’égalité » se développent, bien qu’il reste beaucoup d’améliorations à faire ! Concernant les sportifs d’élite, bien qu’ils constituent peut-être une minorité aux yeux de la population, des décisions sont prises et la volonté que toute la société soit représentée est affirmée. Les autorités font ainsi évoluer les critères de sélection du programme « Team Genève » afin que les sportifs handicapés soient mieux considérés.

La question se pose, pourquoi ces athlètes ne l’étaient pas.

Comme pour tout règlement, il est nécessaire de s’appuyer sur des critères établis à l’avance. Pour le programme cantonal de soutien aux sportifs d’élite, les plus pertinents furent évidement ceux du pays. Comportant certaines failles, il est très difficile de l’appliquer tant aux athlètes dit valides qu’aux sportifs en situation de handicap. Bien évidemment, il fût adapté, mais ces derniers étaient pénalisés… Dans leurs disciplines, il n’y a pas le même nombre de participants aux compétitions, ni la même concurrence ou encore, un écart de niveau important entre les athlètes (entre les meilleurs et les moins bons).

 Qu’est-ce qu’il en était pour moi ?

Bien que je participais à tous les championnats majeurs (en équitation) pendant cinq ans, mes performances ne furent pas suffisamment reconnues : il fallait gagner pour mériter sa place et une certaine crédibilité. Ce fût donc très compliqué ! Une exception fût faite lorsque je fus sélectionnée aux Jeux paralympiques de Rio 2016. Certes, dès que les Jeux furent terminés, l’aventure au sein du programme fût achevée et je dus le quitter… Malgré que l’année suivante, je me qualifiai à nouveau pour les prochains championnats et que mes performances étaient quasiment identiques aux précédentes (voir meilleures), je n’obtins pas la même reconnaissance nationale et je pouvais pas représenter Genève comme je l’aurais souhaité et particulièrement les personnes handicapées.

Une deuxième carrière pour une nouvelle chance

2018, une année qui m’a permis de changer et de progresser dans ma nouvelle discipline, l’athlétisme. Le mental du haut niveau était mon plus grand allié. J’ai pu retourner à la compétition très rapidement : mes résultats furent même plus que satisfaisants. Certes, je n’avais pas concouru aux championnats comme je le faisais avant… En 2018, j’avais malgré tout réalisé la 11ème meilleure performance de l’année (au 100m dans ma catégorie de handicap – T36 – selon la « World Ranking list »). Ce résultat justifiait alors, pour ma Fédération nationale du moins, le même niveau de reconnaissance que j’avais avant.

Les deux critères (le changement des critères de sélection du programme genevois et la reconnaissance identiques de mes résultats par ma fédération nationale) déterminaient ma sélection dans le « Team Genève ».

Que s’est-il passé ?

Ayant beaucoup insisté sans avoir hésité à le rappeler à chaque occasion auprès des autorités qu’il fallait changer, je suis aujourd’hui fière de représenter le paralympisme au sein du sport genevois : l’important n’est pas pour moi ; cela ouvre la voie pour la relève. Finalement, c’est un pas vers une meilleure insertion qui a été franchi. Il sera sans doute un exemple pour tous les autres domaines de la vie, comme le travail et l’accessibilité, qui sont d’ores et déjà en constante amélioration.

Pour conclure, le programme est apprécié

L’humain est conditionné pour remarquer ce qui ne fonctionne pas. Cependant, ce programme a intégré des mesures adaptées aux défis sportifs rencontrés afin de performer aux Jeux. Il accompagne les athlètes pendant le cycle olympique entier (quatre ans) pour autant qu’ils restent sélectionnés (soutien annuel), contrairement à uniquement les féliciter par une prime lors de leur sélection, comme le feraient de nombreuses institutions… Chaque moment étant crucial, leur soutien est important, tant pour arriver au niveau souhaité que pour préparer l’échéance ciblée. Je tiens à les en remercier. J’espère que leur exemple donnera des indications aux potentiels sponsors intéressés à aider des sportifs « valides » ou « handicapés ».

Team Genève

Il porte ce nom, créant de la visibilité envers la société, portant les valeurs du sport vers les générations futures et transmettant, par les athlètes, l’envie de pratiquer du sport. Malgré une culture suisse orientée vers le sport populaire plutôt que le sport d’élite, le programme représente tant la population genevoise que les sportifs d’élite sélectionnés. Un exemple que j’espère fédérateur est à la clef.

Photo: Team Genève, Peter Kittler, Cellence Sàrl

Communiqué de presse

Celine van Till

Celine van Till défie l’impossible. Du dressage équestre au cyclisme sur route, en passant par le 100 mètres sprint, valide et handisport, elle court d’un extrême à l’autre. L’ennui n’existe pas. Les surprises attendent. Les limites sont remises en question. Elle gagne la Coupe du Monde 2022 et est aussi auteure et conférencière.