Avez-vous observé à quel point, sur le terrain, de nombreux grands joueurs de tennis marmonnent et pestent dans leur barbe? Le font-ils pour maudire leur adversaire, stimuler leur propre combativité ou, au contraire, pour s’autoflageller? J’y vois, quant à moi, leur dimension la plus humaine.
Arrivés au tournant du match, certains changent de registre et se mettent à « parler champion ». Les bras levés, on les entend invoquer des « Vamos ! » destinés à se charger à bloc, quand ils ne rugissent pas des « Come on !» le poing serré. Un vrai langage de champion, basique et galvanisant, dans la forme comme dans le fond.
Pendant ce temps, zen parmi les zens, Roger Federer serre les mâchoires absorbé, contenant énergie, émotions et indices à propos de son état intérieur.
Je rêve de « parler champion ». Imaginez une journée que chacun démarrerait d’un tonitruant « Vamos ! » dès le premier regard dans le miroir! Finis les « Oh la la la la !» affligés que seul un effort intense réussit à dégager de notre horizon.
Plus sérieusement, comme pour les champions, la manière dont nous monologuons a une incidence sur nos émotions, sur le regard que nous portons sur nous et imprègne nos comportements. Prêter attention au contenu de notre monologue est un exercice surprenant. La manière dont nous nous parlons est plus intéressante encore. Le faisons-nous à coups de griffes et de manière autoritaire ? Nous arrive-t-il de nous traiter en « ami », avec humour, bienveillance, et (pourquoi pas) une pincée d’autocongratulation?
Je peux me tromper mais en attendant de parler couramment « champion », je propose de commencer par ne pas prendre pour argent comptant l’intégralité de ce que nous nous disons, car une opinion n’est pas une vérité.
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