Tendre l’oreille à la bonne anxiété

L’anxiété a mauvaise réputation et l’actualité regorge de raisons de l’attiser encore. Docteur en neurosciences, Wendy Suzuki nous propose d’écouter l’anxiété, et plus précisément la bonne, dans son livre « Good Anxiety». Elle se réfère à celle qui nous alerte pour nous protéger des risques en anticipant les futurs possibles, à grands renforts de « Et si… ? Imaginons seulement que… ».

Sous l’effet de l’anxiété, notre esprit se met donc à produire une liste infinie de scénarios. Imaginons que nous ayons à prendre la parole en public sous peu ou à être interviewés. Il se pourrait bien que la veille de l’événement l’anxiété se mette à multiplier des scénarios du pire tels que :  « et si le réveil ne sonnait pas…, et si la circulation…, et si une fois sur place…et si j’avais un blanc».

Afin de ne pas subir en vain les assauts de l’anxiété, l’auteur propose différents moyens de l’apprivoiser. Pour reprendre l’exemple de la prise de parole ou de l’entretien, il s’agirait de retranscrire un message anxiogène tel que «Et si une fois sur place… » sur une liste, sous la forme d’une action concrète à entreprendre pour parer à l’éventualité en question: «Prévoir d’arriver sur place 30 minutes plus tôt pour avoir de la marge… Se renseigner au sujet de… ». Le fait d’inscrire l’action sur une liste a son importance dans l’apaisement progressif de l’état anxieux.

En revanche, la longueur de la liste importe peu car une fois l’émotion apaisée, nous aurons retrouvé un niveau de sécurité suffisamment confortable pour opérer un tri pertinent.

Je peux me tromper mais… puisque « la crainte du danger est mille fois plus terrifiante que le danger présent. Et l’anxiété que nous cause la prévision du mal est plus insupportable que le mal lui-même»*, calepin et stylo en main, je tends l’oreille, à l’écoute de la prochaine salve de “Et si… et si… et si…” afin de rester en mouvement.

*Daniel Defoe auteur de “Robinson Crusoé”

Crédit photo: Pixabay

 

7 pistes pour optimiser (et retrouver) son temps

Combien de fois se dit-on qu’il faudrait plus de 24 heures dans la journée pour venir à bout de la liste de choses à faire? Et celle du lendemain s’allonge, comme si une 25ème heure allait surgir par magie. La question ne se pose pas les week-ends dont l’objectif déclaré est de ne rien faire!

Le télétravail nous a permis de grapiller le temps des trajets. Et voici qu’en 2022, le temps semble vouloir rattraper sa course, dans un élan collectif qui bouscule ce qui est planifié. Janvier et février engloutis, nous voici déjà en mars.

Où donc passe le temps ? Avons-nous procrastiné? Prévu trop de choses? L’intérêt n’est pas tant de se fustiger que de comprendre quels leviers sont à notre portée. En l’absence de recette universelle, voici des pistes non exhaustives qui aident mes clients:

  • Prendre son élan, avant de se lancer bille en tête dans sa journée. Revalider par exemple les éléments de notre liste par urgence et importance. Etre au clair quant aux objectifs à atteindre, et au besoin les préciser. Et, pour les perfectionnistes, définir le niveau de détail satisfaisant.
  • A quel point y a-t-il le feu ? Avant de sortir les grands moyens, quelle est l’urgence ou l’importance de la situation? Quelle est la partie qui nous incombe ? Et celle qui pourrait être déléguée?
  • Distinguer les leviers d’action: notre productivité est-elle contrariée par des éléments intrinsèques, extrinsèques, ou les deux à la fois? On peut être (intrinsèquement) productif et se heurter à une informatique défaillante ou des demandes imprécises et qui changent intempestivement (causes extrinsèques). Les leviers seront différents si nous nous laissons interrompre par des emails entrants, des appels, des messages personnels, des activités sans rapport, n’osons pas dire non, ou s’il est question de notre motivation…
  • Travailler par séquences : ce recours permet de canaliser les distractions. Il favorise la concentration pendant un temps fixe, suivi d’une pause définie, idéale pour contrôler ses messages, se restaurer, bouger, avant de repartir pour une séquence de travail.
  • Procéder par lots de tâches : technique intéressante pour tous ceux qui sautent d’une tâche à l’autre, perdant au passage du temps et de l’énergie à se reconcentrer. Elle consiste à grouper les tâches par activités plutôt que par dossiers. Ainsi, si nous traitons les dossiers A, B, C qui comprennent différentes tâches (par exemple réunions à planifier et rapports à écrire), il s’agit de prendre connaissance des éléments utiles pour procéder ensuite par tâches (par exemple planification puis rédaction) plutôt que par dossiers.
  • Gérer son agenda c’est aussi bloquer des plages de travail avec la même importance que s’il s’agissait d’un rendez-vous. Sans oublier d’inclure du temps pour absorber les imprévus.
  • Choisir son heure : et s’il s’agissait davantage de gérer son énergie plutôt que son temps ? Connaître ses performances permet de tirer profit des pics pour tout ce qui demande plus d’énergie, ce que nous reportons. Le plus agréable pourra se faire dans les autres moments de la journée. Savoir maîtriser son effet « turbo » permet de produire des étincelles alors que vivre pied au plancher use la mécanique.

Optimiser son temps procure plus de satisfaction pour soi, profite à notre entourage comme à notre travail. Je peux me tromper mais… à l’heure où la semaine de quatre jours est examinée sous l’angle de la productivité, réjouissons-nous que celle-ci concerne autant celle de l’entreprise que celle de chaque collaborateur.

Crédit photo: Pixabay Bohed

Réseauter est bien plus que solliciter: 4 idées de fin d’année

Nombre de clients me parlent de leurs scrupules à solliciter leur réseau tout au long de l’année. Or réseauter est bien plus que solliciter: c’est interagir, proposer, échanger, féliciter, remercier, le faire de manière authentique et avec une certaine régularité. Les Fêtes offrent des occasions à la portée de chacun, pour prendre soin de nos relations.

  • Soirée d’entreprise : petits ou grands rassemblements permettent de s’intéresser au parcours d’une personne, de se découvrir un intérêt commun. On peut réseauter de manière transversale (à travers les services) voire verticale, en approchant différents niveaux hiérarchiques. Et si votre soirée n’a pas eu lieu, tout n’est pas perdu !
  • Vœux de fin d’année : pourquoi ne pas dresser une courte liste de personnes à qui faire vos vœux de vive voix, plutôt que par un message écrit standard? Le temps étant précieux, il importe de bien sélectionner, de choisir le bon timing pour l’interlocuteur, et d’avoir un message bref et sincère. Dans une période portée sur le virtuel, la touche humaine sort de l’ordinaire.
  • Remerciements : cultiver son réseau interne et externe, c’est aussi exprimer sa reconnaissance. Quel/le est ce/cette collègue, ce/cette proche, qui vous a consacré du temps? Cette relation professionnelle, ce/cette prestataire qui, en faisant bien plus que son travail, vous a rendu service? C’est le moment de lui rappeler notre appréciation. Voire de proposer une réciprocité.
  • Entre amis il y a fort à parier que chacun évoquera son année écoulée, ses projets à venir. S’y intéresser alimente la relation, nous apprend de nouvelles choses, donne des idées. Que direz-vous lorsqu’on vous interrogera sur 2021 et vos projets pour 2022? Suivant les circonstances personnelles, il peut être utile de réfléchir au message que vous souhaitez transmettre, afin qu’il invite à un échange constructif.

En matière de réseautage, je me donne du courage grâce à la phrase de Sénèque: “Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas. C’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles.”

Pratiquer le réseautage avec réciprocité et authenticité: une bonne résolution pour 2022 ?

Crédit photo: Pixabay/Geralt

Vers une épidémie de notes?

Mesurer la performance par des notes, lettres, points, indicateurs divers n’a rien de nouveau. Les professeurs notent les élèves. Les employeurs évaluent leurs collaborateurs. Ils le font en qualité d’experts.

C’est en matière de services, d’interactions, de transactions, que le monde ne semble plus pouvoir se passer de mesurer notre satisfaction. Nous voici donc soudain (experts ?) notant pêle-mêle déplacements, livraisons, professions libérales, dépannages, propreté des lieux, etc. Au prétexte d’amélioration continue, le monde tournerait-il soudain (mieux) autour d’étoiles, points, pouces levés ou en berne, boutons « sourire » ou « grimace »?

Il n’est pas rare que des employés annoncent aux clients qu’une demande d’évaluation de 0 à 10 leur parviendra. Et de préciser que 7-8 est une note moyenne, tandis que 9-10 correspond à une très bonne prestation. Face à l’absurdité, on serait tenté de s’abstenir d’évaluer. A moins que l’absence de note ne s’avère pénalisante pour le collaborateur !?

A coup de « j’aime » ou « je n’aime pas », qui, de la prestation ou de la personne, évaluons-nous au juste? Avec quelle incidence sur son travail, sa rémunération ? A brasser des étoiles, points, sourires et grimaces, j’ai pour ma part l’impression d’agir sur le symptôme plutôt que sur la source, de donner une réaction simpliste à une question souvent multifactorielle. De contribuer davantage à la visibilité de l’entreprise par les moteurs de recherche, qu’à son excellence.

Je suis viscéralement attachée à la qualité du service, à l’amélioration des prestations, y compris des miennes. Et tout aussi consciente de la somme de facteurs qui construisent une réputation, outre les étoiles et les points.

Pensons au client qui évalue à quel point un professionnel a résolu sa situation, sachant que certains problèmes requièrent la collaboration du client. Pensons au patient évaluant un médecin qui, pour des raisons précises, ne lui prescrirait pas le traitement qu’il souhaite. Plaire est certes agréable mais dangereusement réducteur.

Allons un pas plus loin. Imaginons que des conjoints au seuil de la séparation, se notent «pour mieux servir le prochain partenaire». Que notre médecin note notre performance à suivre le traitement prescrit.  Que notre degré de civisme pendant la pandémie soit noté (et par qui ?). Que les enfants évaluent leurs parents et vice-versa. Et si nos notes isolées s’agrégeaient pour nous attribuer une évaluation universelle ? Et si cette dernière nous donnait un accès plus ou moins aisé à un travail, un logement, un crédit, une relation amoureuse? A ce propos, je signale l’ouvrage « La nouvelle guerre des étoiles » de Vincent Coquaz et Ismael Halissat.

Je peux me tromper mais… notre discernement me semble être l’unique rempart pour ne pas répondre à n’importe quoi sans se demander qui et à quoi cela sert vraiment. Pour ne pas s’engouffrer dans des tendances inabouties. Pour raison garder au milieu des étoiles.

Photo : Pixabay/Timusu

Année 2020 : à faire disparaître ou à retenir?

Rarement nouvelle année aura fait l’objet d’autant d’espoirs que 2021. Des attentes exprimées avec force dans les vœux qui s’échangent aujourd’hui. Sur fond de Covid, de troisième vague, et de nouvelles souches, l’humanité est impatiente de bondir à pieds joints en 2021.

Alors que s’égrènent les dernières heures de 2020,le vœu omniprésent concerne la santé. Il côtoie des nouveaux venus de circonstance : « sérénité », « patience », et « retrouvailles ». Manquent totalement à l’appel des classiques tels que « succès », « joie » et, en particulier, « prospérité ». Exit également les vœux superlatifs, façon tout-en-un, appelant à une année « merveilleuse » qui verrait « tous nos vœux exaucés »…

L’envie de voir « disparaître » 2020 au plus vite l’emporte. Or sur un plan global, il faudra bien plus que 2021 pour surmonter 2020, et certaines pertes ne disparaîtront pas.

2020 a beaucoup emporté sur son passage. La faire disparaître serait ignorer ce qu’elle nous a appris et ce qui s’est mis en route. Elle a été l’occasion de multiples premières fois. C’est en 2020 que la plupart d’entre nous avons appris à (vraiment) télétravailler, faire l’école aux enfants, improviser un espace de travail, combler le retard technologique, animer des équipes à distance, passer 24h/24 avec nos proches, les découvrir dans des interactions autres que les repas du soir, les week-ends et les vacances. En 2020, nous avons multiplié la prise de décisions dans des situations inédites, nous sommes organisés, puis réorganisés encore et encore, au gré de circonstances changeantes. Bien que l’activité économique ait souffert, nous avons fait preuve de créativité, réinventé ce qui pouvait l’être, élargi ou recentré notre travail.

Sur le plan personnel, il faut un effort conscient pour voir ce que la crise a fait émerger : 2020 a remis le superflu et l’essentiel à leur place, nous rappelant l’importance de cultiver son intérieur… Notre besoin de contact a souffert, et souffre encore, mais nos liens se sont exprimés autrement. Partager la même réalité, nous a reconnectés avec des amis, la distance géographique n’ayant plus d’importance.

A mesure que la pandémie s’étirait, nous n’avons eu d’autre choix que d’exercer encore et encore notre patience, notre tolérance, notre capacité à relativiser, nos moyens de relâcher la pression. Certains ont fait du jogging comme si leur vie en dépendait. Nous avons cherché notre salut dans la nature. Nous avons canalisé nos nerfs en rangeant, triant, jardinant. Certains ont trouvé la paix dans les travaux d’aiguille et assurent qu’ils ne pourront plus jamais s’en passer.

En 2020, nous avons investi comme jamais nos cuisines, consommé localement. Nous avons opté pour des vêtements plus amples (au moins pour la partie invisible à l’écran) et des chaussures confortables. Reprendrons-nous les codes vestimentaires d’avant le télétravail là où nous les avons laissés ? On s’interroge face à l’exode vers les campagnes constaté dans différents points du globe.

Je peux me tromper mais éjecter 2020, serait biffer un an de notre vie. Alors autant se concentrer sur l’expérience à en extraire, pour mieux remonter la pente. Car 2021 ne se fera pas sans nous.

Crédit photographique : Pixabay/hkama

L’art de remettre au lendemain

Connaissez-vous la procrastination consciente ? C’est l’art de remettre au lendemain, en toute conscience, et un acte de liberté dans un monde qui nous presse de construire carrière et famille, vite, vite, entre 25 et 40 ans, avant de basculer dans le « grand âge ». C’est le propos que la philosophe et psychanalyste Hélène L’Heuillet développe dans « Eloge du retard » (Albin Michel).

Une idée séduisante où l’on décide consciemment de remettre une obligation à plus tard, au profit d’un moment pour soi, à savourer pleinement. Car le grand malentendu consiste à penser que le procrastinateur (ou la procrastinatrice) se résume à un être désorganisé, paresseux, voire dépourvu de volonté. D’où le faible succès des injonctions qui lui sont faites de « se secouer », « se remuer », « se dépêcher » sinon…

Pour Fuschia Sirois, professeur de psychologie à l’Université de Sheffield, procrastiner n’est pas éviter une tâche mais éviter les émotions négatives qui y sont associées telles que manque de confiance en soi, sentiment d’incompétence, peur d’échouer… Au classement des tâches les plus procrastinées, outre celles qui ne nous intéressent pas, figurent celles qui sont mal définies, mal attribuées, ambiguës, impliquent un saut dans l’inconnu.

Vu sous cet angle, nous sommes tous des procrastinateurs en puissance. Savoir s’autoréguler consisterait alors à être conscients de notre manœuvre d’évitement de la tâche, à définir ce qu’elle évoque, avant de la décomposer en étapes (gérables) aboutissant au résultat.

Procrastiner ne rime donc pas automatiquement avec lambiner. A la fin d’une bonne journée de procrastination, un procrastinateur zélé peut avoir réorganisé ses dossiers ou ses armoires par codes couleurs, et ce, à la perfection. Comme «LA» tâche n’aura pas avancé d’un pouce pour autant, le zélé sera, au choix, frustré, coupable, stressé, irritable, saturé de grignotage, etc. Et bien décidé à se lever une heure plus tôt le lendemain!

Je peux me tromper mais quand je me surprends à ranger frénétiquement , je “m’autorégule” en observant en quoi cela contribue à LA tâche qui m’attend. Et parfois, le rangement sert à trier mes idées, canaliser le stress, dompter la peur. Tout l‘art de la procrastination consciente consiste alors à savoir en sortir au bon moment.

Crédit photo: Pixabay/Thepixelman

Comment la curiosité est devenue un atout professionnel, après avoir été un défaut

Qui, en s’entendant dire un jour que “la curiosité est un vilain défaut”, ne s’est pas senti pris en faute? C’était au XXe siècle ! Depuis que le changement est devenu la norme, la curiosité a été promue au rang d’atout professionnel, se hissant même en deuxième position dans la liste des dix attributs essentiels du leadership du futur, selon un article publié par HEC Montréal.

« Alors que le leader d’hier était un expert dans son domaine et avait une vision claire des actions à entreprendre, celui de demain manifestera une curiosité insatiable », déclare Robert Dutton, chef d’entreprise et professeur associé à l’École des dirigeants de HEC Montréal.

Humble, curieux, agile, mobile, communicateur, proche, multidimensionnel, responsable, courageux, inclusif, le leader de demain n’est donc plus celui qui sait le plus mais bien celui dont la curiosité le porte au-delà de son domaine, à l’affût de signaux faibles provenant de tous horizons, maîtrisant l’art d’innover en transposant à son secteur, ce qu’il a glané ailleurs, etc.

Cousine de la créativité et de l’innovation, la curiosité nous invite à céder un peu de maîtrise et de savoir, à créer des passerelles entre le su et l’inconnu, à questionner les certitudes et le statu quo, à désapprendre certaines habitudes pour en adopter d’autres.

Quelques pistes pour nourrir notre curiosité:

  • s’exercer à NE PAS savoir, à pratiquer les questions ouvertes, sans omettre de s’intéresser aux réponses;
  • oser sortir de nos rôles, de nos interlocuteurs, de nos logiques habituels;
  • observer autrui, échanger avec ;
  • apprendre encore et encore, et pourquoi pas différemment;
  • stimuler la curiosité chez les autres.

Einstein avait coutume de dire « Je n’ai pas de talents particuliers. Je suis juste passionnément curieux! » Le mot est lâché : la curiosité est une passion, au risque de devenir une fin en soi. C’est un labyrinthe dans lequel les grands curieux peuvent musarder sans fin, avec l’aide supplémentaire de Google et consorts.

Bon voyage « en curiosité » et n’hésitez pas à partager votre expérience avec nos lecteurs curieux.

Crédit photo: Pixabay/Peggy_Marco

Où vont les 88% de bonnes résolutions non tenues ?

Fin d’année rime invariablement avec course collective éperdue vers le seuil du 31 décembre. Cela rime aussi avec les bilans professionnels et existentiels qui, à leur tour, débouchent sur les traditionnelles bonnes résolutions du jour de l’An.

Vous souvenez-vous des vôtres pour 2019 ? Figurent-elles dans les 88% qui échouent, selon l’étude du psychologue britannique R. Wiseman qui a observé un échantillon de 3 000 personnes?

Dans la course vers le 1er janvier, tout se passe comme si nous étions soudain dotés d’une volonté XXL. Ainsi dopés par le passage de l’An, nous prenons des résolutions ambitieuses. Si l’on se base sur les divers classements des résolutions les plus populaires, la plupart visent à changer nos habitudes, pourtant fort bien ancrées.

Ces résolutions nous enjoignent de « faire plus de » ou au contraire « moins de », quand il ne s’agit pas de « cesser de… » ou à l’inverse de « commencer à… ». Une résolution se déclinant de préférence au pluriel, l’être humain n’hésite pas à en prendre plusieurs. Beau programme pour notre volonté ! Le seul moyen de vivre tranquillement n’est-il pas, alors, de baisser les bras?

Année après année, les 88% de non tenues reviennent sur le tapis, s’accumulent. Or qu’y a-t-il de moins motivant qu’une résolution « réchauffée », tant de fois reportée pour cause d’insuccès? Autant en changer ou y réfléchir différemment. Par exemple en:

  • misant sur la motivation: en quoi la résolution est-elle importante? Que va-t-elle apporter de plus ou de mieux quand nous l’aurons réalisée ?
  • préférant aux résolutions du type « tout ou rien », une version inspirée des objectifs SMART.
  • la décomposant en étapes pour progresser par petites réussites tout au long de l’année.
  • la formulant en termes positifs pour en faire une « aspiration vers » et non un « rejet de ».

Je peux me tromper mais ma bonne résolution consiste à regarder mon bilan en pensant à ce que j’ai réalisé au lieu de me fixer sur mes résolutions diluées dans les 88%. Et, hors de la pression d’une date convenue, j’en formulerai d’autres, à ma portée. Et vous?

Photo: Pixabay Pixel 2013

Apprendre le leadership avec les moutons

Alors qu’AlBaraa Taibah, jeune citadin de Riyad (Arabie Saoudite), s’apprêtait à entreprendre des études de leadership de l’éducation aux Etats-Unis, l’idée lui vint d’expérimenter la réalité du leadership. Comment faire?

La réponse arriva en observant les bergers conduisant des troupeaux de moutons en milieu hostile. Faisant sien le proverbe selon lequel c’en forgeant que l’on devient forgeron, il se fit confier un troupeau de 164 têtes, sous la supervision pour le moins sommaire d’un berger mutique, comme sorti d’une autre époque.

Le jeune homme raconte son parcours initiatique dans son livre «The Modern Shepherd» (Le berger moderne), où l’on découvre quelques leçons de leadership :

  • Chaque mouton compte : un berger connaît chaque mouton, doit se soucier de chacun, tous les jours, qu’ils soient ouvrés ou chômés ; il doit s’assurer qu’il soit nourri, en sécurité, que les brebis soient traites à temps, etc;
  • Patience, conviction, adhésion : la carotte et le bâton ayant leurs limites, le travail du berger est plus productif et gratifiant dès lors que les moutons l’acceptent et comprennent ce qui est attendu d’eux. C’est un des défis majeurs rencontrés par l’apprenti berger qui comprend, le jour où la magie opère enfin, que son initiation a abouti.
  • Soi-même comme seul moyen de communication : comment communiquer avec un (ou 164) mouton(s) ? Comment mobiliser lorsqu’on n’a dans sa besace ni présentation Power Point, ni plan de carrière à proposer ou enveloppe budgétaire dans laquelle puiser? Le berger n’a que son attitude pour montrer la voie.

Je peux me tromper mais en leadership comme en toute chose, la qualité humaine prime. Nelson Mandela décrivait le travail du leader en termes de capacité à diriger de l’arrière quand les choses vont bien, tout en sachant passer au front quand les circonstances le demandent.

Photo: Pixabay/skeeze

Parlez-vous champion?

Avez-vous observé à quel point, sur le terrain, de nombreux grands joueurs de tennis marmonnent et pestent dans leur barbe? Le font-ils pour maudire leur adversaire, stimuler leur propre combativité ou, au contraire, pour s’autoflageller? J’y vois, quant à moi, leur dimension la plus humaine.

Arrivés au tournant du match, certains changent de registre et se mettent à « parler champion ». Les bras levés, on les entend invoquer des « Vamos ! » destinés à se charger à bloc, quand ils ne rugissent pas des « Come on !» le poing serré. Un vrai langage de champion, basique et galvanisant, dans la forme comme dans le fond.

Pendant ce temps, zen parmi les zens, Roger Federer serre les mâchoires absorbé, contenant énergie, émotions et indices à propos de son état intérieur.

Je rêve de « parler champion ». Imaginez une journée que chacun démarrerait d’un tonitruant « Vamos ! » dès le premier regard dans le miroir! Finis les « Oh la la la la !» affligés que seul un effort intense réussit à dégager de notre horizon.

Plus sérieusement, comme pour les champions, la manière dont nous monologuons a une incidence sur nos émotions, sur le regard que nous portons sur nous et imprègne nos comportements. Prêter attention au contenu de notre monologue est un exercice surprenant. La manière dont nous nous parlons est plus intéressante encore. Le faisons-nous à coups de griffes et de manière autoritaire ? Nous arrive-t-il de nous traiter en « ami », avec humour, bienveillance, et (pourquoi pas) une pincée d’autocongratulation?

Je peux me tromper mais en attendant de parler couramment « champion », je propose de commencer par ne pas prendre pour argent comptant l’intégralité de ce que nous nous disons, car une opinion n’est pas une vérité.

Crédit photo Pixabay/Cayenne8