Où vont les 88% de bonnes résolutions non tenues ?

Fin d’année rime invariablement avec course collective éperdue vers le seuil du 31 décembre. Cela rime aussi avec les bilans professionnels et existentiels qui, à leur tour, débouchent sur les traditionnelles bonnes résolutions du jour de l’An.

Vous souvenez-vous des vôtres pour 2019 ? Figurent-elles dans les 88% qui échouent, selon l’étude du psychologue britannique R. Wiseman qui a observé un échantillon de 3 000 personnes?

Dans la course vers le 1er janvier, tout se passe comme si nous étions soudain dotés d’une volonté XXL. Ainsi dopés par le passage de l’An, nous prenons des résolutions ambitieuses. Si l’on se base sur les divers classements des résolutions les plus populaires, la plupart visent à changer nos habitudes, pourtant fort bien ancrées.

Ces résolutions nous enjoignent de « faire plus de » ou au contraire « moins de », quand il ne s’agit pas de « cesser de… » ou à l’inverse de « commencer à… ». Une résolution se déclinant de préférence au pluriel, l’être humain n’hésite pas à en prendre plusieurs. Beau programme pour notre volonté ! Le seul moyen de vivre tranquillement n’est-il pas, alors, de baisser les bras?

Année après année, les 88% de non tenues reviennent sur le tapis, s’accumulent. Or qu’y a-t-il de moins motivant qu’une résolution « réchauffée », tant de fois reportée pour cause d’insuccès? Autant en changer ou y réfléchir différemment. Par exemple en:

  • misant sur la motivation: en quoi la résolution est-elle importante? Que va-t-elle apporter de plus ou de mieux quand nous l’aurons réalisée ?
  • préférant aux résolutions du type « tout ou rien », une version inspirée des objectifs SMART.
  • la décomposant en étapes pour progresser par petites réussites tout au long de l’année.
  • la formulant en termes positifs pour en faire une « aspiration vers » et non un « rejet de ».

Je peux me tromper mais ma bonne résolution consiste à regarder mon bilan en pensant à ce que j’ai réalisé au lieu de me fixer sur mes résolutions diluées dans les 88%. Et, hors de la pression d’une date convenue, j’en formulerai d’autres, à ma portée. Et vous?

Photo: Pixabay Pixel 2013

Carla Hilber del Pozzo

Carla Hilber del Pozzo est consultante et formatrice en communication, leadership et développement de carrière, après un parcours de direction dans le secteur privé.

2 réponses à “Où vont les 88% de bonnes résolutions non tenues ?

  1. Ce qui me désole le plus, en cette fin d’année, c’est de constater que je n’ai pas fait entièrement mes « devoirs », et du même coup freiné la réalisation de mes projets qui me tiennent à cœur. Ces obligations que je reporte sans cesse me donnent des angoisses, prennent une place démesurée dans ma pensée, et plus j’attends pour agir, plus j’accumule de vrais problèmes qui au départ n’étaient presque rien. Un paysan qui ferait comme moi, il retournerait sa terre deux fois plus souvent pour n’avoir pas semé juste après, et à la fin de saison récolterait deux fois moins. Mais après avoir travaillé deux fois plus, il irait quand même s’offrir des vacances à la plage, quand tout le monde est loin et qu’il neige déjà… J’ai l’impression que j’ai une sorte de dette imaginaire jamais remboursée, qui m’interdit de m’offrir un vrai temps libre. J’ai songé à cette hypothèse après une brève soirée à une terrasse, où je voyais une jeune fille l’air malheureux, qui se commandait des verres de vin d’affilée. Et moi à quelques mètres je pensais : « Si elle était ma fille, est-ce que je saurais l’aider ? Moi qui ne suis pas un exemple… » Et juste après elle est venue en me demandant si elle pouvait s’asseoir à ma table.

    Elle était au chômage, se disait incapable de trouver un travail, se sentir nulle, avoir envie de mourir… En conversant je lui avais demandé ce qu’elle aime ou a aimé dans la vie, à quoi elle tient, si elle a une amie à qui se confier quand elle est triste, ou rire quand tout va bien. Elle ne m’avait pas donné de réponses directement, mais j’ai eu quelques petits films de bonheur, de rires, d’aventures inoubliables… Alors je m’étais permis de lui dire : « Vous m’avez parlé de votre situation où vous vous sentez fautive. Pensez que vous pouvez bien faire les choses sans être récompensée, je suis peut-être pessimiste mais je ne crois pas à cette justice dans le monde des adultes entre eux. Offrez-vous de petites récompenses déjà maintenant, avant de réussir à trouver un travail. Les moments heureux que vous m’avez racontés ne nécessitaient de loin pas d’avoir un bon salaire, ni d’être comme tout le monde qui va travailler à huit heures du matin. C’est très sérieux de penser à vous. Il y a tant de gens qui s’attribuent le mérite de ce qu’ils possèdent, ils bombent le torse et le pire c’est qu’on les croit ! Vous n’allez pas devenir comme eux, mais pensez à ce que vous avez déjà, par exemple quand vous vous trouvez très jolie dans la glace, rien que ça c’est important, et personne ne pourra vous dire que ce n’est pas mérité ! » Et elle : « Oui, je vais penser à moi, à ceux que j’aime et qui m’aiment. Je vous promets que je n’irai pas me jeter au lac… »

    Je me suis éloigné du sujet, pour faire un détour sur la confiance en soi, qui nous accompagne dans toutes les résolutions prises, maintenues, des fois repoussées ou abandonnées…

    1. Un grand merci de faire écho à mon texte par une réaction pleine de profondeur. Votre concept de dette imaginaire résonnera certainement avec plus d’un lecteur, de même que les conseils avisés proposés à votre interlocutrice.

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