Assainir les bâtiments pour réduire la consommation d’énergie et remplacer la production de chaleur fossile par des sources renouvelables est impératif. Mais il arrive qu’une rénovation sérieuse et réussie ne puisse se faire que dans des locaux vides et non pas habités. Que ce soit vrai ou pas, c’est la raison souvent invoquée pour résilier en masse les baux des locataires concernés. (suite…)
Politique
Privatiser le passeport électronique, la triple absurdité
Nous voterons en mars sur la loi sur le passeport numérique suisse. Elle prévoit de déléguer au secteur privé une tâche fondamentale de l’Etat : celle d’attester l’identité de ses citoyens. Mais cette loi prétendument moderne est en fait triplement absurde. (suite…)
Le vote par correspondance est-il neutre?
En Suisse, on vote presque exclusivement par correspondance depuis des décennies. Les délires paranoïaques (tenus tout à fait à dessein) de Donald Trump n’en apparaissent que plus absurdes. En revanche, le débat plus civilisé qui démarre en France sur ce sujet montre qu’au moins trois aspects prêtent à une discussion – même en l’absence de toute volonté de manipulation de l’opinion comme la pratique actuellement les équipes du parti républicain aux Etats-Unis. Et il n’y a rien de plus normal, car un changement de la modalité d’exécution pour un processus fondamental de la démocratique n’est jamais anodin.
1. L’objection sécuritaire
Il y a d’abord évidemment les doutes sur la sécurité du vote, où se présente un paradoxe : organiser une manipulation à large échelle n’est pas rendu plus facile mais plutôt plus difficile par le fait que les bulletins de vote transitent par le réseau postal, et suivent donc tous leur propre chemin, à des moments différents. Et pourtant, parce que l’enveloppe franchit sans être vue un certain nombre d’étapes entre le moment où elle quitte les mains de l’électeur et celui où elle atteint l’urne, le sentiment qu’une falsification est possible est pratiquement impossible à éliminer. (suite…)
Electricité: le prix élevé du libre marché…
Le Conseil fédéral veut libéraliser entièrement le marché de l’électricité. Les avantages sont nébuleux. Pour les inconvénients, en revanche, il suffit de jeter un petit coup d’œil sur un pays voisin qui a tenté le coup. Créer de la concurrence peut coûter cher… (suite…)
Sanders ou le retour de la politique
Le candidat le plus à gauche de l’échiquier politique américain a de sérieuses chances d’emporter cette année l’investiture du parti démocrate. Et s’il mérite, sur un point, d’être comparé à Donald Trump, ce n’est pas sur celui qui est le plus souvent évoqué. (suite…)
Non, nos données ne sont pas personnelles !
Contrôler la dissémination de ses données personnelles, ou demander aux plates-formes qui les ont récoltées de les restituer. Préserver sa vie privée, cette privacy si précieuse. Donner son consentement individuel au traitement de ses information, au stockages de cookies, et à tant d’autres choses… (suite…)
Voir Ueli Maurer en Chine et pleurer
Le président de la Confédération est donc en visite d’Etat en Chine, pays avec lequel la Suisse a conclu un accord de libre-échange en vigueur depuis cinq ans qui permet notamment l’échange de produits agricoles. Si on ne peut pas reprocher à Ueli Maurer de pratiquer une diplomatie multilatérale, on peut s’amuser, comme l’ont fait d’autres et notamment Frédéric Koller du Temps, de l’amusant double langage de l’ancien président de l’UDC. En effet, s’agissant de l’initiative dite des “nouvelles routes de la soie” menée par la Chine, le conseiller fédéral tient un langage pragmatique: mieux vaut s’y associer pour mieux en tirer avantage que de s’en séparer complètement. S’agissant d’un autre très grand acteur économique, avec lequel qui plus est nous avons quelques liens géographiques et quelques affinités culturelles – on aura reconnu l’Union européenne –, par contre, le même M. Maurer n’a que le mot d’indépendance à la bouche. Face au supposé “diktat de Bruxelles”, la rhétorique enflammée, face à la réelle dictature chinoise, le pragmatisme économique… (suite…)
Olivier Roy, les religions reines
Dans un entretien paru dans Le Temps, le politologue Olivier Roy défend la thèse de son dernier livre. En résumé, l’Europe, dont les racines culturelles sont principalement chrétiennes, s’est dans les faits déchristianisée depuis une cinquantaine d’années. Et pourtant, aujourd’hui, on assisterait à une double réémergence: d’une part, les pratiquants les plus stricts réapparaissent dans l’espace public, portés par le succès du Pape François qui joue habilement entre ouverture de façade et postures conservatrices de fond, mais aussi par quelques combats fédérateurs comme la lutte en France contre le mariage pour tous. D’autre part, des personnalités qui n’ont en réalité pas de réelle foi et en tous cas pas de pratique, agitent les valeurs chrétiennes en opposition à l’islam (ce sont, par exemple, les démagogues italiens de la Ligue, ou ceux de la CSU bavaroise qui réinstallent des croix dans les édifices publics). (suite…)
Qui a tué les trains de nuit?
A la faveur des manifestations pour une action plus déterminée contre le réchauffement climatique, une idée a surgi, ou plutôt ressurgi, dans le débat politique: au lieu d’avions low-cost, pourquoi n’emprunterions-nous pas davantage le train pour rallier, notamment, les villes d’Europe? Et, en particulier, lorsque la durée du trajet excède 6 ou 8 heures, en train de nuit.
C’est un fait: l’offre de trains très longue distance internationaux s’est très fortement réduite au cours des deux dernières décennies, en particulier à l’ouest de l’Europe. Alors certes, la concurrence des vols bon marché est toujours pointée du doigt comme cause principale. Et d’ailleurs, en 2013 encore, la Commission européenne, d’ailleurs, se félicitait de la baisse des prix dans l’aviation…
Mais c’est précisément la même cause, à savoir l’obsession de faire jouer les mécanismes de marché, qui est à la racine du problème. Sous le doux nom de “Troisième paquet ferroviaire” s’est en effet imposé un système exclusivement concurrentiel pour les liaisons internationales qui a eu la peau des lignes existantes, et qui pose de substantiels obstacles à la réintroduction de trains de nuit. Voyons plutôt. (suite…)
Les bus au cœur de la cohésion sociale
Article paru dans l’édition 2018-17 du journal du Syndicat du personnel des transports
Lorsque Jeremy Corbyn, leader du parti travailliste du Royaume-Uni, s’apprête à prendre la parole, l’été dernier, pour une séance de questions à Theresa May, cheffe du gouvernement, personne n’imagine qu’il va poser une série de questions sur les bus. Oui, sur les bus, sur ces transports publics de la proximité. Ricanements au sein de la Chambre : comment un sujet aussi dérisoire et anecdotique mériterait-il d’être débattu au Parlement du pays ? (suite…)