En Suisse, on vote presque exclusivement par correspondance depuis des décennies. Les délires paranoïaques (tenus tout à fait à dessein) de Donald Trump n’en apparaissent que plus absurdes. En revanche, le débat plus civilisé qui démarre en France sur ce sujet montre qu’au moins trois aspects prêtent à une discussion – même en l’absence de toute volonté de manipulation de l’opinion comme la pratique actuellement les équipes du parti républicain aux Etats-Unis. Et il n’y a rien de plus normal, car un changement de la modalité d’exécution pour un processus fondamental de la démocratique n’est jamais anodin.
1. L’objection sécuritaire
Il y a d’abord évidemment les doutes sur la sécurité du vote, où se présente un paradoxe : organiser une manipulation à large échelle n’est pas rendu plus facile mais plutôt plus difficile par le fait que les bulletins de vote transitent par le réseau postal, et suivent donc tous leur propre chemin, à des moments différents. Et pourtant, parce que l’enveloppe franchit sans être vue un certain nombre d’étapes entre le moment où elle quitte les mains de l’électeur et celui où elle atteint l’urne, le sentiment qu’une falsification est possible est pratiquement impossible à éliminer. (suite…)