Corinne accompagne les acteurs de la construction vers une meilleure prise en compte de la biodiversité et de ses services en milieu urbain. Son travail consiste à créer des aménagements extérieurs de qualité pour les usagers et fonctionnels pour la nature.
Pour la population senior, ces aspects sont de grande importance et, malheureusement, ils sont encore trop souvent négligés ou mal maîtrisés.
Membre active de l’Association Avril, Corinne s’adresse à vous :
Elle connaissait le nom des fleurs et des oiseaux qu’elle savait identifier par leur chant. « J’ai appris avec le maître » nous disait-elle. C’était avant, du temps des herbiers, des manuels de sciences naturelles et des planches naturalistes. Elle dessinait les pensées, les bleuets et les coquelicots comme personne. Les crayons étaient taillés de façon improbable au couteau, comme à l’époque. Mon frère et moi, admiratifs, en suivions du regard les effleurements à la fois souples et fermes sur le bloc de papier qu’elle sortait du premier tiroir de la commode. Pour accompagner le sirop et toutes sortes de biscuits qu’elle mélangeait dans la boîte en fer, nous lui demandions de tracer une fois de plus notre fleur préférée. Délicieux moment ! Qu’est-ce qu’elle dessine bien grand-maman !
Nous savions qu’un bouquet, une plante verte, comme elle les appelait, lui faisaient toujours plaisir. Elle venait de la terre, comme beaucoup de nos aînés, avait connu le potager familial et le travail aux champs lors du plan Wahlen, un programme d’autosuffisance alimentaire mis en place en 1940 pour pallier la pénurie de ressources en ces temps de guerre. La nature, les fleurs qu’elle adorait aussi broder, les saisons faisaient partie de sa vie. Elle guettait le mai, cette ligne qui s’inscrit sur la pente des forêts du Jura lorsque les feuillus reprennent vie, signe que les beaux jours sont officiellement de retour.
Puis grand-papa s’en est allé. Grand-maman a déménagé dans un appartement avec balcon. Nous avions insisté sur ce point.
Je me rappelle de nos cafés du samedi après-midi. Installées en tête à tête, nous profitions du soleil en papotant de tout et de rien. Nous faisions l’inventaire de la jardinière et de la ribambelle de petits pots alignés sur la table ou aguillés sur l’étagère.
Chacun avait une histoire ; l’hellébore offert à Noël par l’un de ses petits-enfants, et cette bouture, rescapée d’une terrine qui avait fait son temps, reçue à l’occasion d’une visite. Nous feuilletions ces petites plantations comme un album photos, des souvenirs végétaux dont Léa guettait la reprise dès les premières douceurs météorologiques du printemps.
Son balcon était son paysage apaisant, son lien avec la nature, son appartenance au monde.
Bien-être moral
On le sait. La présence de la nature est bénéfique pour notre bien-être. Y accéder régulièrement permet de rester connecté aux saisons, de garder nos sens en éveil, de tenir la dépression à distance. C’est ce que les anglo-saxons appellent la vitamine « G » pour « green ». L’accès à un milieu naturel est vital pour notre santé, à fortiori en cette époque d’urbanisation rapide et dense.
Un balcon peut-il remplir la mission de connexion à la nature ? Oui, malgré son périmètre souvent retreint, il permet d’accueillir quelques fleurs, herbettes et légumes. La vue sur une simple jardinière, colorée et bourdonnante crée une animation passionnante.
Une simple jardinière de fleurs pour le moral
Que dire d’un hôtel à insectes… Un vrai spectacle printanier! Celui des osmies ou abeilles maçonnes, installant leur descendance dans les tiges creuses. Elle vont et viennent, chargées de pollen destinés à nourrir les futures larves et d’argile servant à cloisonner leur chambre. On se prend au jeu de l’observation à la fois distrayant et intriguant des allées et venues de ces abeilles sauvages qui se distinguent d’Apis mellifera (l’abeille domestique) par leur mode de vie paisible et solitaire. Osmia cornuta (l’osmie cornue) et Osmia bicornis (l’osmie rousse), ne piquent pas et sont donc les parfaites invitées pour le balcon des aînés.
A coup sûr, les visiteuses, plus urbaines que campagnardes, investiront rapidement ces aides à la reproduction gracieusement mises à leur disposition. Réussite assurée !
Si les hôtels à insectes se trouvent aisément dans les magasins, un atelier bricolage avec grand-papa est un chouette moment de rencontre intergénérationnelle. Quelques tiges creuses, une boîte de conserve, un bout fil de fer, et hop, le décor est prêt pour accueillir le « show » de la nature.
Un hôtel à insectes à bricoler avec grand-maman et grand-papa. Source : jaccueillelanature.fr
Testé pour vous
Je peux témoigner d’une expérience positive en matière de paysage thérapeutique. L’été passé j’ai créé un vrai petit potager sur mes trois mètres carrés de balcon. Me prenant au jeu des plantations, la surface s’est rapidement couverte de sacs de culture laissant juste la place à une chaise. Mon plaisir a été de m’y installer jusqu’aux premiers frimas pour prendre le café, observant avec patience mes tardives solanacées (aubergines et pépinos) prendre leur temps. Tout y avait du sens : mes fleurs préférées, mes expériences audacieuses de cultures. Le rendu en méli-mélo de plantes façon jungle me correspondait et m’a rendue fière de ma réussite. J’y ai tout autant cultivé les plantes que du plaisir et d’agréables émotions.
Jungle balconnière, mon paysage thérapeutique
Rester mobile
De plus, le jardinage favorise le mouvement. S’y adonner sur le balcon peut paraître une exercice physique anecdotique, toutefois la décomposition de l’activité en gestes nous prouve que le bénéfice n’est certainement pas négligeable en terme de conservation de la mobilité et des gestes fins: Marcher de la cuisine au balcon et retour pour y remplir l’arrosoir, manier la pellette dans le terreau, semer les graines du bout des doigts, pincer les feuilles, … Force, équilibre et de nombreuses autres aptitudes motrices sont nécessaires.
Dans le commerce, l’offre de formes de jardinières est pléthorique. Chacun peut y trouver le modèle adapté à ses besoins. Pour les séniors travaillant debout, la hauteur du bac doit se situer autour de 90cm afin de soulager le dos et de ne pas avoir besoin de lever les bras. Il existe aussi des modèles adaptés aux personnes en chaise roulante.
Jardinière en hauteur adaptée PMR (personne à mobilité réduite)
De précieux petits cadeaux
Si vous ne savez pas quoi offrir à votre grand-maman : pensez nature ! Les herbes fraîches du type basilic, ciboulette ou persil égaieront son nez et ses papilles. Et si vous vous sentez l’humeur jardinière, optez pour un plant de tomate et un sachet de salade à tondre à semer à quatre mains, car le jardinage c’est aussi le partage de bons moments…
Merci Dame Nature! Balconnière, sauvageonne, potagère, permettons à nos aînés de la côtoyer quotidiennement, pour leur bonne santé physique et morale. La nature est sans aucun doute notre partenaire pour bien vieillir.
Corinne
Bonjour Corinne,
Vous montrez une image de mini-abri à insectes venant du site de l’association Jaccueillelanature, que vous citez et je vous en remercie.
Je partage votre volonté de développer le contact des personnes âgées vivant en immeubles avec la nature, si bénéfique, et aussi l’aide qu’elles peuvent lui apporter, qui donne un sens à nos vies. Beaucoup peut être fait, et fait découvrir, et vaut pour tous les habitants d’immeubles.
C’est pourquoi je vous suggère cet article de notre site: il donne des conseils sur les plantes nectarifères qui peuvent être cultivées sur un balcon pour aider les pollinisateurs.
http://jaccueillelanature.fr/2019/05/31/quelles-fleurs-pour-la-nature-sur-un-balcon-ou-une-fenetre/
N’hésitez pas à me contacter si je peux vous aider, de bénévole à bénévole, dans votre beau projet.
Cordialement,
Bonjour Marie-Noëlle,
Merci pour votre message et pour la référence qui complétera mes dossiers. Je n’hésiterai pas à vous contacter; c’est toujours enrichissant d’échanger sur nos projets.
Vous pouvez également me contacter via mon site http://www.be-odiv.ch (be Ôdiv’ comme biodiversité).
Bien cordialement.
Corinne