La protection de la biodiversité, autre grand enjeu environnemental des élections fédérales

Quand on parle d’environnement dernièrement, c’est tout naturellement le réchauffement climatique qui vient à l’esprit. Il ne passe un jour sans que l’on n’évoque dans les médias un record de température battu, un rapport alarmant du GIEC ou le coming-out climatique d’un parti ou d’un-e candidat-e aux élections fédérales. C’est là une excellente chose, tant l’accroissement de la quantité de CO2 dans notre atmosphère menace à moyen terme notre qualité de vie. Il ne faudrait par contre pas que cet engouement légitime et plus ou moins sincère pour le climat éclipse une autre grande urgence environnementale, celle liée à la biodiversité.

Ce n’est pas qu’en Amazonie ou dans la jungle de Bornéo que les espèces animales et végétales disparaissent à une vitesse affolante. Chez nous aussi, la biodiversité se porte mal, et  on estime qu’un tiers des espèces présentes en Suisse et la moitié de leurs habitats sont en danger dans notre pays. La vitesse de cette perte de diversité donne le tournis, et des espèces encore courantes il y a une vingtaine d’années ont vu leurs effectifs fondre comme neige au soleil. Même des animaux que l’on pourrait croire tout à fait communs, et que l’on avait l’habitude de croiser dans les jardins, sont menacés. Ainsi, la population de hérissons a chuté dans de nombreuses régions, et s’il n’existe pas encore de chiffres précis quant à l’évolution de leur population sur l’ensemble du territoire suisse, ceux anglais ou français font froid dans le dos : deux tiers des hérissons auraient disparu de l’Hexagone ces 30 dernières années, un tiers de l’autre côté de la Manche en 20 ans…

Les responsables de cette hécatombe qui touche un nombre toujours plus important d’espèces sont bien connus et identifiés : l’étalement urbain qui fragmente les territoires et complexifie les déplacements, la destruction de milieux naturels, l’utilisation de certains produits phytosanitaires ou encore l’arrivée de certaines espèces invasives.

Si ce sont les activités humaines qui sont les principales responsables de cette situation préoccupante, c’est aussi par l’action humaine que nous pouvons y remédier et protéger – voire même développer – la biodiversité dans notre pays.

Pour cela, il faut une fois encore passer de la parole aux actes (vous ne trouverez à priori pas un-e élu-e se disant “contraire à la biodiversité”, mais lorsqu’il s’agit de voter des crédits ou des lois qui lui sont vraiment favorables, il y a soudainement moins de monde) en appliquant par exemple rapidement et de manière ambitieuse la “Stratégie biodiversité” que le Conseil Fédéral a adopté en 2017 suite à une proposition de l’élue écologiste Adèle Thorens.

Il s’agit aussi et surtout de revoir notre aménagement du territoire pour mieux y intégrer ces questions, de soutenir notre monde agricole dans la transition vers une utilisation toujours plus faible de produits chimiques et d’allouer de prendre en compte les intérêts de la Nature au sens large dans toutes les politiques publiques.

La protection de la biodiversité doit être un dossier prioritaire de la prochaine législature aux Chambres Fédérales,  car là aussi, il y a urgence !

Alberto Mocchi

Alberto Mocchi est député vert au Grand Conseil vaudois et Syndic de la commune de Daillens, dans le Gros de Vaud. À travers son blog, il souhaite participer au débat sur les inévitables évolutions de notre société à l'heure de l'urgence écologique.