S’il est un chiffre qui surprend dans le cadre de la votation du 25 septembre prochain sur la révision de la loi fédérale sur l’AVS, c’est celui de la différence dans les intentions de vote entre hommes et femmes. Le dernier sondage de GFS Berne, mandaté par la SSR, montre ainsi que 51% des électrices refusent la réforme proposée, alors que 72% des électeurs diraient OUI ou plutôt OUI à ce texte, dont l’aspect le plus controversé est l’augmentation à 65 ans de l’âge de la retraite des femmes.
L’argument de l’égalité est beaucoup mis en avant dans la campagne, et semble faire mouche aussi parmi les hommes plus progressistes, que l’on attendrait plutôt du côté du NON… Pourquoi au fond devrait-on travailler une année de plus que les femmes? Cet équilibrage n’est-il pas un pas vers l’égalité souhaitée de toutes et tous ?
Et bien pas tant non… Car on est bien loin de l’égalité dans le domaine de l’AVS :
Au niveau des rentes tout d’abord, qui sont en moyenne un tiers plus basses pour les femmes que pour les hommes :
Cela s’explique notamment par la surreprésentation des temps partiels parmi les personnes de sexe féminin, dont quatre cinquièmes réduisent leur taux d’activité au moment de l’arrivée d’enfants dans le ménage. Le résultat d’un partage des tâches et des responsabilités au sein d’un couple et plus généralement dans la société qui n’a pas grand chose d’égalitaire, et qui crée par ailleurs une dépendance, vu que beaucoup de rentes de femmes ne permettent pas vraiment de vivre dignement à la retraite.
Cette situation déjà peu enviable risque d’empirer encore en cas d’acceptation de “AVS21”, vu que les femmes vont perdre une année de rentes…
C’est là une inégalité parmi de nombreuses autres qui perdurent encore dans notre société. Il est donc pour le moins cocasse que l’on s’attaque à l’un des très rares ( et très relatifs comme nous l’avons vu plus haut) avantages de la gent féminine dans notre société. On aimerait voir le même empressement et la même ferveur égalitaire lorsqu’il est question de salaires, de répartitions des tâches, d’accès aux postes à responsabilités ou encore de sécurité et d’occupation de l’espace public.
Cette hausse de l’âge de la retraite des femmes n’est par ailleurs qu’un premier pas, qui sera fort probablement suivi en 2026 par une augmentation de l’âge de la retraite à 67 ans tous sexes confondus, et un fossé se creusant toujours plus entre celles et ceux qui pourront se permettre une retraite anticipée et les autres… Pas vraiment la direction de cette fameuse égalité tant fantasmée.
L’AVS est l’assurance sociale par excellence, celle qui devrait garantir à toutes et tous une existence digne après des années de travail. Peindre sur la muraille le diable des caisses se vidant à terme, afin de l’affaiblir au profit d’assurances complémentaires comme le 3ème pilier n’est ni sérieux ni juste, et sert des intérêts très particuliers.
Un NON le 25 septembre prochain est donc une bonne manière de remettre l’ouvrage sur le métier, et créer une réforme plus juste et équitable de cette indispensable assurance sociale. Il laissera en outre le temps aux nouveaux chantres de l’égalité de s’attaquer à toutes les autres problématiques en lien avec les différences entre hommes et femmes au sein de notre société. On se réjouit de les voir à l’oeuvre avec la même détermination qu’ils ont eue pour proposer une augmentation de l’âge de la retraite…
Parce que si vous étiez une femme, vous diriez à une autre femme (inconnue) au téléphone (pour un sondage) que vous êtes pour ?
Arrêtons cette fausse naïveté.
Et on a pas le temps de remettre l’oeuvre sur le métier.
La BNS s’effondre, les finances des collectivités ne supporteront pas le poids de la facture électricité/gaz et il faut augmenter les petites retraites pour éviter des drames.
On ne peut pas se permettre de dire non.
C’est trop tard déjà!
Est-ce que les écologistes pourraient parler d’écologie? merci.
“Car on est bien loin de l’égalité dans le domaine de l’AVS”
– L’égalité revendiquée, sans qu’elle ne soit décrite ou autrement définie, est une vue de l’esprit pour des raisons évidentes tenant à la nature des choses.
“Cela s’explique notamment par la surreprésentation des temps partiels parmi les personnes de sexe féminin, dont quatre cinquièmes réduisent leur taux d’activité au moment de l’arrivée d’enfants dans le ménage. Le résultat d’un partage des tâches et des responsabilités au sein d’un couple et plus généralement dans la société qui n’a pas grand-chose d’égalitaire, et qui crée par ailleurs une dépendance, vu que beaucoup de rentes de femmes ne permettent pas vraiment de vivre dignement à la retraite.”
– C’est le résultat d’un choix fait à deux, la priorité étant généralement donnée aux revenus, lesquels sont plus élevés chez Monsieur, et dans une certaine mesure en raison de la nature des choses à nouveau. Rien n’empêche fondamentalement les parents de décider d’une répartition différente des tâches décrites. E s’il faut pour cela sacrifier une partie du revenu de l’unité familiale et économique que composent Madame et Monsieur, est-ce pour autant choquant ou problématique ? A mes yeux, c’est le cas uniquement si pour un travail égal, le salaire ne l’est pas. C’est le réel problème, il ne faut pas le nier.
“Cette situation déjà peu enviable risque d’empirer encore en cas d’acceptation de “AVS21”, vu que les femmes vont perdre une année de rentes…”
– La formulation de cette assertion est quelque peu trompeuse car elle peut être lue comme signifiant le renoncement à une somme d’argent. Or, avec AVS21, on perdrait une année de rentes, mais on travaillerait une année de plus en touchant un salaire plus élevé que la rente AVS. En réalité, les femmes qui travailleraient jusqu’à 65 ans gagneraient donc plus d’argent que celles qui partent aujourd’hui à la retraite à 64 ans. Une formulation plus correcte aurait pu (et dû) être : “les femmes perdront l’avantage de travailler une année rémunérée par l’AVS de moins que les hommes.”
“On aimerait voir le même empressement et la même ferveur égalitaire lorsqu’il est question de salaires, de répartitions des tâches, d’accès aux postes à responsabilités ou encore de sécurité et d’occupation de l’espace public.”
– C’est une critique injuste : changer l’âge de la retraite dans une loi est chose très aisée. Intervenir dans des relations de droit privé pour assurer une meilleure égalité salariale est chose beaucoup plus complexe et même dangereuse. Vous mentionnez dans votre liste les répartitions des tâches, ce qui sous-entend que vous voudriez aller jusqu’à décider à la place des couples eux-mêmes de la répartition qu’ils doivent adopter dans le cadre familial. Cela va trop loin. La question des postes à responsabilités n’est pas un vrai problème. Lorsque l’on sera parvenu à améliorer les possibilités permettant aux femmes de ne plus à avoir à recourir au travail à temps partiel, l’accès aux postes à responsabilité sera renforcé.
“[…] premier pas, qui sera fort probablement suivi en 2026 par une augmentation de l’âge de la retraite à 67 ans tous sexes confondus, et un fossé se creusant toujours plus entre celles et ceux qui pourront se permettre une retraite anticipée et les autres… Pas vraiment la direction de cette fameuse égalité tant fantasmée.”
– D’une part le camp du non argue de ce que les finances de l’AVS sont bonnes et qu’il n’est pas justifié économiquement de demander aux femmes de cotiser une année de plus. D’autre part, il évoque la nécessité probable d’augmenter l’âge de la retraite pour tous dans un proche avenir. C’est incohérent.
– Et que vient faire la question de la retraite anticipée dans votre argumentaire ? En quoi est-elle liée à la votation AVS21 ou même à l’égalité femmes-hommes ?
“L’AVS est l’assurance sociale par excellence, celle qui devrait garantir à toutes et tous une existence digne après des années de travail. Peindre sur la muraille le diable des caisses se vidant à terme, afin de l’affaiblir au profit d’assurances complémentaires comme le 3ème pilier n’est ni sérieux ni juste, et sert des intérêts très particuliers.”
– En quoi un oui à AVS21 affaiblira cette assurance sociale ? Comment est-ce que le 3e pilier serait avantagé ?
En ce qui me concerne, j’approuve le projet AVS21 et voterai oui.
Merci beaucoup pour ces mots sensés et plus que nécessaires vu les sondages (et le niveau des commentaires par ici). Ce sera évidemment un grand NON.
“Peindre sur la muraille le diable des caisses se vidant à terme”
Aïe, vous ne valez finalement pas mieux que les climatosceptiques au sujet du climat.
Vous avez perdu tout mon respect, pour un scientifique…
Il en faut peu pour perdre tout votre respect… 🙂
Disons qu’en 2021 l’AVS a bouclé avec un bénéfice de 2 milliards, et sa fortune est d’environ 50 milliards de francs, de quoi le cas échéant absorber quelques années de déficits.
Tout comme le réchauffement climatique, il s’agit de faits… 🙂
Vous faites précisément le même raisonnement qu’un climatosceptique : sortir les chiffres d’aujourd’hui pour dire que pour le moment tout va bien, et qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter.
Or, les prédictions sérieuses à partir de 2030 affichent un équilibre financier désastreux pour l’AVS si aucune mesure n’est prise aujourd’hui. Comme le réchauffement climatique.
Mais vous faites exprès de passer complètement à côté de cet aspect qui est pourtant la raison principale de la nécessité d’une réforme. Un vrai déni de votre part, et une vraie désillusion de ma part.
Bravo, bravo et bravo! Bien dit! Les tenants du OUI qui arguent des II° et III° piliers, d’une égalité de papier ou de l’urgence à conforter le trésor des riches doivent comprendre une chose toute simple: si réforme il doit y avoir, elle doit prendre en compte tous les paramètres, y compris la rente actuelle AVS du couple à 150% d’une capitalisation de 44 ans et six mois. Donc pour élargir le débat et mieux vivre de chaque retraite, tout en abordant effectivement une réforme du II° pilier, il faut casser l’actuelle logique des nantis et des angoissés par un NON très clair. Et, dès le 26 septembre, tout recalculer en considérant tous les enjeux: précarité, pénibilité, manière de travailler et de cotiser, fonds bancaires, spéculation, réserves fédérales, bénéfices, taux d’imposition des plus riches… etc. Que celles et ceux qui votent OUI (ils en ont le droit) aillent faire un petit surf sur le site AVS officiel et consultent les tabelles de projection.
Cher Monsieur Mocchi,
Pourriez-vous nous expliquer cette apparente contradiction ?
Depuis 30 ans, les Verts demandent que les citoyens paient le juste prix de l’électricité. Avec des taxes.
Maintenant que les prix augmentent, vous demandez à l’état de subventionner la (sur)consommation…
https://www.blick.ch/fr/news/suisse/comme-durant-la-pandemie-les-verts-demandent-des-credits-face-a-lexplosion-des-prix-de-lelectricite-id17939422.html
Où est la cohérence ?
Bonjour,
Merci pour votre message 🙂
Je comprends que cela puisse paraître incohérent, mais il s’agit de situations somme toute différentes :
– dans un cas, il s’agit d’avoir un prix de l’électricité qui corresponde bien aux véritables coûts de production de cette dernière, y compris environnementaux, et qui incite à des économies d’énergie ou à une “auto-production”, par exemple via l’installation de panneaux solaires pour les propriétaires.
– Dans l’autre, il s’agit de hausses massives et extrêmement rapides, qui ne donnent guère de possibilités d’adaptation, et mettent de nombreuses personnes dans une situation financière problématique.
Mais il faut espérer que la situation actuelle incite enfin à entreprendre les nécessaires investissements pour une production suffisante d’énergie via des sources renouvelables, et tout particulièrement les panneaux solaires. 🙂