La nécessité d’une transition énergétique rapide n’est plus à prouver, et tout le monde ou presque s’accorde quant au fait qu’il faut développer massivement et au plus vite les énergies renouvelables.
Pourtant, le passage de la parole aux actes s’avère laborieux, et notre pays reste à la traine en la matière.
Les énergies renouvelables hors hydraulique représentent en effet à peine plus de 5% de notre production d’électricité, et peinent à augmenter à la vitesse qui serait pourtant requise pour palier à nos besoins tout en préservant l’environnement.
Si l’énergie éolienne est fortement contestée par une partie de la population, et voit les différents projets y relatifs bloqués par des oppositions et procédures judiciaires à rallonge, le solaire jouit quant à lui d’un fort capital sympathie.
Il faut dire que ses atouts sont nombreux : facile à installer, accessible à tou-te-s ou presque et ne créant pratiquement pas de nuisances pour le voisinage. Son potentiel est par ailleurs énorme, et rien qu’en exploitant les toits de l’ensemble des bâtiments de notre pays, on pourrait couvrir 110% de nos besoins en électricité.
Pourtant, le solaire ne représente aujourd’hui qu’un petit peu plus de 4,5% de notre production d’électricité, bien loin de son potentiel.
Les raisons de ce développement par trop timide sont nombreuses, mais deux semblent à la fois particulièrement problématiques et faciles à résoudre avec un peu de bonne volonté politique :
- Le prix de rachat : les fournisseurs d’énergie rachètent le courant photovoltaïque aux productrices et producteurs à un prix particulièrement bas : généralement environ 8cts le Kwh. Ce prix est très peu intéressant, et n’incite guère les personnes qui installent des panneaux solaires à dépasser l’optimum en matière d’autoconsommation. Résultat des courses, les toits des villas et des immeubles se couvrent certes de plus en plus de panneaux, mais pile ce dont ils ont besoin pour leur consommation, laissant beaucoup de place inexploitée. Si le prix d’achat était un peu plus élevé, les investissements seraient plus vite rentabilisés, et les surfaces installées plus conséquentes. Il semble donc essentiel que les pouvoirs publics ( qui sont bien souvent actionnaires majoritaires des entreprises de distribution d’énergie) interviennent pour garantir à qui produit de l’énergie solaire un rachat à un prix économiquement intéressant.
- L’impossibilité de faire profiter d’autres bâtiments de l’énergie produite : le cadre légal est ainsi fait qu’il est extrêmement difficile pour un producteur privé de faire profiter d’autres bâtiments de l’énergie qu’il produit sur son toit, même s’il en est lui même propriétaire. Ainsi un paysan qui couvrirait le toit de son hangar de panneaux solaires aura toutes les peines du monde à faire profiter de l’électricité ainsi produite les villas qu’il aura construit de l’autre côté de la route. Là encore, on n’incite guère à produire davantage que ce sont on a strictement besoin, et on bride le développement de grandes installations sur les toits de bâtiments faibles consommateurs. Le cadre légal – dans ce cas au niveau fédéral – mérite d’être revu au plus vite.
Le solaire semble promis à un brillant avenir en nos contrées, mais il faut pour cela que les autorités communales, cantonales et fédérales brises les chaines qui le retiennent encore trop souvent. Dans le canton de Vaud, il s’agira d’une des tâches à saisir en priorité pour le Grand Conseil et le Conseil d’Etat qui sortiront des urnes ces prochaines semaines.
Ces deux freins sont en effet importants et il serait facile de faire mieux. Comme il serait facile de développer d’autres incitations: location des toitures par les grands producteurs d’électricité, projets groupés par quartier sous l’impulsion des distributeurs avec rabais forfaitaires sur l’achat du courant en fonction de la surface de toiture mise à disposition, etc.
Se montrer créatif et agile s’impose comme une nécessité, aujourd’hui. Mais ce n’est pas gagné, la volonté s’arrêtant encore trop au discours…
Bonjour,
Comme pour tous vos collègues verts, l’utilisation de l’écriture inclusive est extrêmement désagréable à lire et pour information, le masculin fait également office de neutre dans la langue Française…
Ceci étant dit, vous citez le prix du rachat de l’électricité comme problème. Effectivement, mais il ne faut pas oublier que si le prix de rachat est majoré, c’est toujours le consommateur qui va payer le coût de cette majoration. On ne peut revendre sa production à un prix plus élevé que le prix (hors taxes) auquel on achète l’électricité, car quelqu’un payera cette différence et ce quelqu’un c’est toujours le consommateur. Or cette question est totalement éludée dans votre blog.
Ensuite, vous dites que si tous les toits étaient recouverts de panneaux on produirait 110 % des besoins. J’aimerai voir sur quelles bases vous avez fait ces estimations. Mais ce que vous oubliez c’est que la production photovoltaïque n’est pas continue, La nuit les panneaux ne produisent rien du tout et la production démarre tout doucement le matin pour atteindre un pic au midi solaire et redescendre pour revenir à zéro en début de soirée. En hiver où on en a le plus besoin, la production est faible (soleil plus faible et bas sur l’horizon, durée du jour plus courte et panneaux potentiellement recouverts de neige et ne produisant rien.
Comment comptez-vous combler la variabilité extrême de cette production et l’absence de production la nuit ? Les allemands le font avec des centrales à gaz et à charbon. Est-ce que vous envisagez ? Car il faut bien se rendre compte qu’un réseau électrique ne supporte pas une telle variabilité et si la production en correspond pas au moins à la demande, il disjoncte et c’est le blackout quasi général.
Le stockage par batterie n’est pas économiquement envisageable pour supporter un tel gap et je vois mal les verts autoriser la construction de nouveaux barrages et noyer des vallées entières.
Donc merci de bien vouloir fournir des éléments un peu plus concrets et réaliste sur la manière de déployer ce que vous proposer et ne pas se limiter à des idées sans prendre en compte le problème dans sa globalité.
Bonne journée.
Bonjour,
Merci pour votre message.
Concernant le prix de rachat, actuellement il est à 8cts, et le courant est vendu au consommateur final un peu plus de 20cts. On peut donc intervenir sur les marges de l’entreprise de distribution ( qui appartient aux collectivités publiques) sans augmenter le coût final pour le consommateur.
Pour ce qui est du chiffre de 110%, ce n’est pas moi qui le dit, mais l’Office Fédéral de l’Energie. Le lien est disponible via l’article, mais je le reproduis ici : https://www.bfe.admin.ch/bfe/fr/home/actualites-et-medias/communiques-de-presse/mm-test.msg-id-74641.html
L’idée n’est pas de dire que le solaire est la solution à tout, et les problèmes de variabilité que vous évoquez existent bel et bien. En Suisse nous avons la chance de pouvoir compter sur les barrages pour palier à une partie du problème, mais il faut développer plus généralement un mix énergétique renouvelable, avec un peu d’éolien ( même si notre pays s’y prête fort peu de par la densité de son habitat et sa topographie), du solaire, de l’hydraulique, du biogaz…
Mon propos n’était pas de brosser un panorama exhaustif de la situation énergétique de la Suisse et des solutions à développer dans le futur, mais juste de dire que le solaire à un potentiel intéressant, qui est trop peu exploité à ce jour, notamment au vu des points que je soulève…
Il ne faut pas comparer le prix de rachat au particulier à 8cts et de vente à 20cts, mais le prix d’achat au producteur par la régie.
8cts, c’est 80 CHF du MWh- ce qui est un prix élevé (le MWh nucléaire en France est vendu par EDF 42 € du MWh soit 4,2 cts env du kWh). Je ne sais pas à combien revient le MWh hydraulique. La différence entre 8 et 20 c’est le coût de distribution et de maintenance du réseau électrique et les taxes.
Racheter le kWh plus cher que ce que paye la régie implique que quelqu’un paye la différence.
Le biogaz n’est pas neutre en carbone loin de là car la combustion du méthane émets du CO2 et une partie du méthane produit se retrouve également dans l’atmosphère or le méthane est un gaz qui a bien plus d’effet de serre que le CO2.
Le problème c’est que le mix que vous proposez (hydraulique, solaire, éolien, biogaz) est très loin de la capacité de production nécessaire pour remplacer le nucléaire d’autant que la nuit sans vent vous n’avez plus que l’hydraulique qui est insuffisant pour couvrir les besoins.
Un étude publiée sur ces blogs montrait qu’il faudrait construire un barrage de la taille de la grande Dixence tous les ans jusqu’en 2035 pour y arriver. Il faut juste trouver 12 vallées à inonder…
Le solaire a un potentiel, oui, mais avec ses limites (variable, saisonnier) mais il ne permets pas d’avoir un réseau électrique stable. Or avec l’électrification des véhicules la demande électrique va plus que tripler. A ce jour il n’y a que le nucléaire pour combler cette demande. L’Allemagne qui a était parti dans cette direction a mis le pied sur le frein et a dû recourir massivement au gaz et au charbon avec l’impact que l’on connait.
Bien cordialement
Comme souvent vous avez raison !
C’est aux acteurs politiques , nommés par nous qui n’avons pas de pouvoir, « d’harceler » les chancelleries cantonales et fédérales pour débloquer les fonds de subvention !
Un sujet à sans cesse rappeler à nos parlementaires !
Une petite coupure de réseau qui peut venir suite à cette crise d’approvisionnement due à la guerre en Ukraine mettra certainement le sujet à l’urgence !
Je retiens de ce que j’ai lu de jm Jancovici que les énergies renouvelables sont une petite partie de la solution. Pour cet écologiste la ‘sobriété’ est la solution qui pourra éviter la catastrophe avec le nucléaire comme amortisseur. Et son discours me semble être d’une pertinence et cohérence sans aucune mesure avec ceux des politiques.!!!!!!!
Il est clair que le seul développement des énergies renouvelables ne va pas résoudre nos problèmes énergétiques. Les potentiels d’économies d’énergie sont énormes, et doivent être prioritaires. Mais pour ce qui est de l’énergie dont nous aurons de toute manière besoin, il s’agit de la produire d’une manière ou d’une autre, et le solaire a un potentiel de développement très important dans notre pays, sous-exploité pour l’heure.
Il y a aussi un autre “petit” souci qui est écarté de ce billet : la nuit, ou le mauvais temps. Que faire dans ces cas où, évidemment, le solaire ne fournira que peu voire pas du tout d’énergie ? La stocker lors des pics de production ? Si oui, comment ? Batterie ? Pas très propre; hydrogène ? Le rendement semble être horrible; on allume les chandelles ?
Diversifier les sources de production, c’est évidemment le top. Le problème est de niveler le tout, pour assurer une certaine constance dans les volumes. À ce niveau, l’hydraulique et, ma foi, le nucléaire sont les meilleures sources.
Ensuite, une autre raison à avancer, partiellement couverte : légalement, on n’a semble-t-il pas le droit de consommer notre propre production, et encore moins la stocker. Ce qui est juste complètement con, stupide, à rebours du bon sens. Le soleil est à tout le monde, au final, du coup pourquoi ne pas laisser tout à chacun la chance d’exploiter cette source pour son propre profit dans un premier temps ?
Exemple bête : dans mon immeuble, je ne suis même pas certain qu’une installation photovoltaïque puisse être faite pour l’électricité commune (couloirs, garage, entrée, VMC), parce que légalement, on *doit* la revendre aux FMB/BKW, pour ensuite pouvoir la consommer.
Et on en parle des possibilités ainsi coupées pour les stations de recharge pour véhicules électriques ? Faire des toits, recouverts de panneaux solaires, au-dessus des stations, quelques (gros) condensateurs, et on a un moyen propre, local, efficient pour recharger rapidement les voitures, vélos et motos. Mais non. On peut pas. Streng Verboten.
On marche sur la tête, et ce genre de lois doit absolument être remis au goût du jour, pour permettre, enfin, la liberté nécessaire pour franchir les étapes. Ce qui est drôle, c’est que les fournisseurs d’électricité se gargarisent à coups de “grid” – mais on est très, très, très loin d’un tel système de “grid” en Suisse, la production étant centralisée sur quelques lieux bien précis, sans aucun moyen de venir ajouter des nœuds à moins de travaux monstrueux et coûteux.
Ah, en passant : on en parle, des pertes d’électricité dues au transport de celle-ci sur les lignes ? Si on pouvait consommer une production locale (i.e. ce que notre toit produit directement), on éviterait pas mal de soucis de ce genre…
L’idée de mettre des panneaux au dessus des stations de recharges de voitures ne tient pas car les puissances en jeux sont totalement disproportionnées.
Les panneaux produisent maintenant au mieux 250 W/m2 max.
Une borne de recharge de Tesla ou Ionity c’est 150 000 W à 350 000 W de puissance à fournir pour recharger une batterie de 100 000 W.h de capacité.
Ainsi pour une borne à 150 kW il faudrait 600 m2 en plein soleil pour fournir la puissance de recharge ( 1400 m2 pour une seule borne à 350 kW).
Avec votre installation sur votre toit qui fourni en 2kWh un jour gris d’hiver et 35 kWh en plein été, il vous faut 50 jours pour recharger votre Tesla en hivers et 3 jours en été…
Curieux, dès que l’on “critique” ou soulève des incohérence sur les blogs des verts, les commentaires en question sont censurés…
Drôle de pluralité d’expression si la contradiction est interdite envers les verts ! Mais bon comme vert = rouge, cela s’explique, il est interdit de penser autrement…
Disons qu’au vu de la pertinence de certains de vos propos, et de leur caractère inutilement agressif et méprisant, ça ne donne pas mooooonstre envie de les publier. Mais je vous rassure, aucune censure : le système de gestion des commentaires du blog ( qui est de compétence du Temps) est ainsi fait qu’on doit approuver les commentaires des personnes qui écrivent pour la première fois. Comme gérer les commentaires du blog n’est pas mon activité principale, il peut arriver que cela prenne quelques heures…
Mes commentaires n’ont nullement vocation à être agressifs ou méprisants (je suis désolé si vous les avez perçus comme cela), mais ils ont simplement pour but de mettre en avant des facettes trop souvent oubliées du problème global de l’énergie. Je peux citer:
– la très / trop grande variabilité des énergies renouvelables et l’obligation de stabilité d’un réseau électrique au risque du blackout.
– La puissance crête qui n’a rien a voir avec la puissance réelle,
– La production annuelle qui ne tiens pas compte de la variabilité saisonnière et de la demande forte en hiver alors que le solaire ne produit quasiment rien en hiver.
– Les problème d’ordres de grandeur trop souvent occultés (un réacteur nucléaire moderne c’est 12000 éoliennes à installer pour le remplacer…).
– La puissance nécessaire pour charger un véhicule / puissance compteur d’un foyer / production d’une installation sur le toit (de 50 à 3 jours de recharge pour une Tesla selon la saison/météo) .
Je pourrais en citer d’autres. Vous avez eu la gentillesse de bien vouloir publier mes commentaires, et je vous en remercie, ce qui n’a pas été le cas d’autres “verts” qui n’acceptent pas la moindre vue divergente et donc le débat contradictoire et factuel.
En vous souhaitant une bonne fin de journée
Tout à fait : le solaire, de par le fait qu’il fonctionne uniquement la journée, ne peut pas répondre à l’entier de notre demande, même si on peut jouer avec l’hydraulique pour utiliser les surplus d’énergie produits les journées ensoleillées pour pomper l’eau qui sera ensuite turbinée la nuit ou les jours de mauvais temps… La solution réside en un mix énergétique, et la part du solaire pourrait y être plus importante si on brisait certains goulets d’étranglement.
Concernant la production : on peut auto-consommer, mais les surplus sont obligatoirement rachetés par le fournisseur d’énergie, qui pratique des prix très très bas. Du coup ça n’incite pas vraiment à produire plus que ce dont on a strictement besoin…
Bonjour,
Vous avez sans doute une installation un peu ancienne qui ne vous permet pas de consommer votre propre production.
J’ai une installation solaire depuis 2020, et je peux consommer ma propre production. Le problème, effectivement, est le rachat du surplus à un prix dérisoire (et qui rallonge grandement le temps de l’amortissement…). Le stocker dans une batterie de voiture, en gérant bien l’utilisation de celle-ci, est peut-être une piste pour motiver la population à poser plus de photovoltaïque sur son toit ?
J ‘aimerais réagir par un commentaire circonstancié à votre vœu de couvrir des centaines de kilomètres carrés de toits suisses par du photovoltaïque (PV).
La “Stratégie énergétique 2050” et, plus précisément maintenant, les “Perspectives énergétiques 2050+” — en vue de la modification de l’art. 3 de la LEne en cours —, envisagent d’ici à 2050, pour l’électricité, de produire en Suisse 39 TWh à partir de sources d’énergie renouvelables, dont 33,6 TWh pour le photovoltaïque (PV) et 4,3 TWh pour l’éolien, en plus de 38,6 TWh pour l’hydraulique, voire 44,7 TWh selon les Perspectives . Ces 77,6 TWh (voire 84,4 TWh selon les Perspectives !), complétés encore par quelques autres sources renouvelables devraient arriver à couvrir largement une demande de 76,7 TWh de consommation brute, ou de 71,3 TWh de consommation nette, les pertes inévitables de réseau de 7%, soit 5,4 TWh, déduites, soit aussi deux fois ce que produisait annuellement Mühleberg !.
Mais nulle part on ne parle des puissances en jeu.
En effet, pour le seul PV, il est facile de calculer que, avec un facteur de charge moyen en Suisse de 10%, la puissance-crête nécessaire à installer en PV pour arriver à produire 33,6 TWh/an serait de 38 GWc, ou aussi une surface de modules PV de 200 km2, avec une puissance spécifique confortable de 190 Wc/m2 !
Il faut être conscient que toute cette puissance n’est pas disponible en général, du fait de l’intermittence et des conditions locales aléatoires. Le minimum est exactement 0 watt, toutes les nuits, mais le maximum possible serait bien 38 GW ! En effet, les jours d’été par grand soleil sur toute l’Europe, il est possible que toute cette puissance existe en Suisse.
Or, en Suisse, la demande en puissance électrique moyenne est de 7 GW actuellement, elle sera de 8,8 GW en 2050, selon les buts visés par la LEne.
Les fluctuations de la demande font que le minimum, le ruban (incompressible) est de 5 GW, assurés actuellement par 2 GW de centrales hydrauliques au fil de l’eau et par 3 GW de centrales nucléaires. Les maxima, les pointes de la demande à midi en général, et le soir d’hiver, sont de 10 à 12 GW, couvertes par les centrales hydraulique de retenue ; ce sera peut-être 14 à 15 GW avec les pompes à chaleur en hiver en 2050, sans parler des véhicules électriques.
Notre réseau est incapable (et ne sera jamais dimensionné pour cela) d’assurer la possibilité de devoir “encaisser” 38 GW, ce serait plus de 4 fois plus que la moyenne de la demande. Certes, ce sera alors une surabondance momentanée d’énergie, mais surtout de puissance, qui posera problème.
On voit déjà que le but politique d’arriver à ces valeurs d’électricité PV, et donc de puissances PV installées, n’est pas réaliste physiquement.
Finalement, et sur le plan social et économique, installer ces 200 km2 de PV d’ici à 2050 revient à installer plus de 500 installations sur des toits de maison de 50 m2 (à 9,5 kWc) chaque jour ouvrable, non stop durant 30 ans… sans parler des investissements (disons avec un coût minime, encore théorique, de 1,50 CHF/Wc), cela fait en tout 57 milliards, soit aussi 7,3 millions CHF à dépenser chaque jour ouvrable…
Il y a le but, idéalisé, mais il y a surtout le chemin, très concret et quotidien ; cela on a trop tendance à omettre d’en parler.
Vous avez totalement raison et c’est le point que je mentionne dans de nombreux blogs.
Le raisonnement visant à prendre une production globale annuelle et une consommation globale annuelle sans regarder la puissance nécessaire à chaque instant pour répondre à la demande et éviter le blackout est toujours occultée dans ces propositions.
L’Allemagne a failli avoir plusieurs blackout du fait de la variabilité de sa production photovoltaique et éolienne et n’a dû son salut qu’aux centrales nucléaires Françaises, et Tchèques pour stabiliser son réseau. Depuis elle l’a renforcé grâce aux centrales à gaz (Russe) et charbon.
L’alimentation d’un parc de voiture électrique est une autre impasse que personne n’a encore adressé sérieusement. Un réacteur type EPR de 1800 MW ne peut alimenter que 5000 bornes de recharge rapide (350 kW). En France il y a 32 millions de véhicules….
Prenons un futur parc suisse de 4 millions véhicules électriques (VEL) parcourant en moyenne chacun 15’000 km/an et consommant, disons, 20 kWh/100 km. Ces 60 milliards (!) de km par an auront nécessité une énergie électrique de 12 TWh/an, soit assez exactement la production annuelle d’un seul EPR ! Chaque VEL aurait une autonomie de 500 km avec des batteries de 100 kWh de capacité et consommerait 3’000 kW/an. Cela demanderait l’équivalent de 30 pleins complets par an et par VEL, répartis sur l’année. La question est de voir comment se distribuent les périodes de recharges, partielles ou complètes, pour éviter que tous les VEL ne se rechargent en même temps, ce qui entraînerait rapidement des puissances en jeu de plusieurs gigawatts ! Plusieurs scénarios sont envisageables. Il sera indispensable de recourir au “smard grid” pour régler, coordonner et répartir ces temps et aussi le niveaux de puissances de recharge et ainsi étaler les demandes en puissance cumulée pour les rendre compatibles avec le réseau électrique.
Un ami lecteur attentif m’écrit pour me demander un exemple de scénario pour la recharge de 4 millions de VEL.
Admettons l’utilisation d’une prise triphasée dans un garage capable de délivrer, disons, 25 A sous 380 V. On disposerait alors d’une puissance de quelque 10 kW. Il faudrait donc 10 heures durant la nuit pour charger ces 100 kWh de chaque VEL. Comme un plein (complet) devrait être fait en moyenne une fois tous les 10 jours, il y aurait donc environ 1/10 du parc de VEL, soit 400 mille VEL, en moyenne, qui feraient le plein chaque nuit. La charge totale nécessaire serait donc de 4 GW, une puissance à garantir de nuit qui serait à assurer en plus de la puissance du reste du pays qui est déjà de 4 à 5 GW durant a nuit, la puissance moyenne sur toute la journée et sur toute l’année (appelée le ruban) étant actuellement entre 7 et 8 GW. Il faudrait donc disposer de sources de production capables d’assurer aussi de nuit 8 à 9 GW. Actuellement les 5 GW demandés de nuit sont assurés par 2 GW de centrales hydrauliques au fil de l’eau et par 3 GW de centrales nucléaires. Il restera donc un découvert de presque du même ordre à assurer de nuit. C’est là que le problème commence.
Imaginez une belle journée d’été, départ de vacances en Europe et des milliers de voitures sur les autoroutes Suisse pour traverser le pays et qui lors d’une pause sur une aire d’autoroute espèrent faire une recharge rapide (150 à 350 kW). Combien de prises peut-on estimer dans un mode idéal ? 10, 20, 30… prises par aire d’autoroute (à considérer par rapport au nombre de voitures faisant le plein d’essence dans le même temps). Sachant qu’on a approximativement 92 stations service sur les autoroute:
10 prises par station = 1,5 à 3,5 MW par station service = 138 à 322 MW pour les 92 stations
20 prises par station = 3 à 7 MW par station service = 276 à 644 MW pour les 92 stations
30 prises par station = 4,5 à 10,5 MW par station service = 414 à 966 MW pour les 92 stations
Et ici je ne parle que des stations d’autoroute et dans un mode électrifié, 30 postes de recharge me parait assez faible sans compter les poids-lourds électriques à venir.
Soit à peu près 1 GW au maximum ; c’est donc jouable !
Nous avons vu que, pour 4 millions de VEL en Suisse, la demande totale en énergie électrique serait de 12 TWh par an. Par exemple, un nouveau réacteur nucléaire, du type EPR, a une puissance de 1,65 GW produisant justement ces 12 TWh/an. Il pourrait donc, à lui seul, à la fois assurer cette demande énergétique annuelle supplémentaire et aussi largement cette demande en puissance estivale extraordinaire de 0,966 GW que vous mentionnez. Le réseau suisse est dimensionné pour supporter une demande actuelle en puissance d’environ 12 GW.
Rappelons que, en 2019, en 2020 et en 2021, la demande en puissance minimale du pays (ruban) a été de 4,333 et 4,704 et 4,377 GW, la demande moyenne de 7,238 et 7,106 et 7,252 GW et la demande maximale de 9,924 et 9,874 et 10,242 GW.
Effectivement, mais cela suppose que la demande par ailleurs n’ai pas de pics à certaine périodes (comme le soir quand tout le monde rentrer chez-lui et branche sa voiture pour recharge).
En revanche, je n’ai pas de données pour la recharge de poids lourds qui vont eux aussi devenir électriques et pour lesquels on est dans un autre ordre de grandeur.
Pour un des scénario de gestion bien ordonnée des puissances, voyez mon commentaire de jeudi à 17 h 25 !
Je ne crois pas que les poids lourds électriques vont rouler avec des batteries. Ce serait bien trop lourd. Une tesla a déjà une demie tonne de batteries… Ils auront des piles à combustible qui produiront leur électricité in situ. Ils feront un plein « normal » en dihydrogène ou en un liquide hydrogéné synthétique, comme le méthanol ou l‘acide formique. Faire un plein en liquide est ce qu’il y a de plus rapide.
Sujet éminemment capital en regard des orientations sociétales actuelles. Le tout-électrique à marche forcée apparaît en décalage avec les “plans Marshall” énergétiques (hormis les nouvelles chimères nucléaires “propres”, soudain trendy) quasi inexistants exigés dans ce contexte. L’article décrit bien les aberrations politiques(ont commence presque à s’habituer…) qui littéralement bloquent, stupidement, le mouvement de fond solaire qui permettrait de faire un sacré bon bout de chemin sur la route de la décarbonisation/dénucléarisation. Le solaire généralisé, décliné en mode high/low tech est évidemment LA solution, malgré les obstacles. A contrario, le consternant forcing éolien, brutal, anti-social, et in fine inutile opéré par nos autorités est symptomatique de l’absence de vraie vision politique ET technologique, crédible, rassembleuse. Un des hics au sujet des renouvelables est bien sûr le stockage. Mais cet aspect n’est peut-être pas si insoluble, de surcroît ne nécessitant pas de miracle technologique à la Elon Musk: La réponse pourrait s’intituler “stockage gravitationnel”. À l’image exacte des barrages hydro, qui rappellons-le ne font pas que turbiner mais également pompent l’eau VERS les ouvrages, des tours de “masses”, ou des puits, répartis sur le territoire, qui actionnent vers le haut ou le bas, lentement, inexorablement, à la demande, des millions de tonnes de “masses”(cuves d’eau, wagonnets de conglomérats de gravats, etc). Sur câbles, sur rails inclinés, en tours, en souterrain, en flancs de montagne etc. Délirant? Nullement, l’auteur de ces lignes ne fait que colporter en substance des recherches actuelles doublées de programmes de prototypes menées un peu partout, mais étrangement absents jusqu’ici des articles “mainstream”…
Qu’est ce qui empêche qu’un 1 KWh injecté dans le réseau donne droit gratuitement à 1 KWh quand on en a besoin ?
De mon point de vue cela aiderait grandement aux calculs de rentabilité, plutôt que devoir le vendre à 8cts pour devoir le racheter à 28cts TTC.