Compétition internationale et covid possible ?

Des mesures restrictives pour des chiffres qui stagnent ou qui s’améliorent selon les régions. Ou pas. L’apparition de nouveaux variants du virus inquiète. Climat tendu. Les plans de protection stricts s’appliquent partout. Le sport véhicule pourtant un message d’espoir. 

Je relate mon expérience à Dubai. Première compétition internationale en 2021. Pouvoir concourir est une grande chance, dans cette période remplie d’incertitudes. Lors de ma préparation, je m’amusais à comparer l’expérience à celle de l’année passée. Je m’apprêtais alors à partir, insouciante. Priorité de me qualifier aux Jeux. Malgré le début de ce qui était encore, à l’époque, une épidémie localisée en Chine, j’espérais que cette dernière opportunité soit possible. La veille de mon départ, le 10 mars dernier, tout a été annulé. Quelques jours plus tard, le monde ne tournait plus rond.

2021 : les enjeux sont tout aussi importants. Mais je suis plus sereine. Je ne me mets plus autant de pression. Est-ce dû à l’incertitude qui plane sur la tenue des Jeux Olympiques et Paralympiques (le CIO est convaincu du maintien, tandis que la majorité de la population locale ne les veut pas) ? Il est encore trop tôt pour dire quoi que ce soit. Concentration. Je garde l’objectif des JO en ligne de mire.

72 heures avant le départ : mon 10ème test PCR, le premier en 2020. Le début d’une longue série… Négatif, heureusement. Vérification des règles aux Emirats Arabes Unis. Masquée, je voyage en train et en voiture jusqu’à l’aéroport de Zürich où le silence règne, dès l’enregistrement. Aucune joie à percevoir sur le visage des voyageurs. Aucune discussion. Tristesse. Preuve que nous vivons en temps de crise. Ce n’est plus comme avant. Avant l’embarquement, j’ai dû montrer deux fois le certificat de mon test covid négatif en plus d’un contrôle montrant que j’avais téléchargé l’application nécessaire aux Emirats-Arabes Unis.

Dès notre arrivée, nouvelle présentation de ces mêmes certificats. À la douane, on observe un petit groupe de chinois, portant de larges combinaisons blanches, comme sur les photos dévoilant des pires scénari de la crise. Venant de Chine, allaient-ils aux soins intensifs pour apporter de l’assistance aux hôpitaux de Dubai ?  Moi qui m’imaginais que le nombre de personnes infectées tous les jours était bas…

A l’hôtel, nos valises sont désinfectées. Drôle de mesure. On regagne nos chambre. Un nouveau test PCR était planifié sur place, le lendemain, mais il n’a pas eu lieu. Il était initialement prévu de rester en quarantaine jusqu’à l’obtention du résultat. Pourtant, pour fortement limiter les contacts, le ton a été donné d’emblée : premier jour en chambre, repas inclus, brève sortie au stade, aucun contact.

La présence sur le lieu de la compétition s’est déroulée selon le plan de protection en vigueur. Les jours suivants ne changent pas beaucoup de mon quotidien, à quelques détails près. Mesure de la température grâce à un appareil à la main (considérant que les gardiens ne regardaient jamais vraiment le résultat, cela m’a emmené à douter de son efficacité).

Ensuite, vous connaissez le système de lavage des voitures ? Idem pour les corps ! À l’exception qu’il n’y avait pas de brosses mais que nous devions tourner sur nous-mêmes, les bras levés. Drôle de mesure. Sans savoir si cela était vraiment utile, la quantité de produit étant très faible par rapport à la quantité de gel hydroalcoolique qu’il est recommandé d’utiliser lorsqu’on se frictionne les mains.

Pendant l’entraînement, dès qu’on n’était plus sur la piste d’athlétisme, un gardien venait nous rappeler de mettre notre masque si ce n’était pas déjà fait à la minute. Même si nous – les quatre suisses – étions quasiment seuls, à l’extérieur…

Durant toute la semaine, je suis restée entre ma chambre, les repas (les tables étant bien espacées dans la salle à manger et ne pouvant par conséquent pas accueillir beaucoup de personnes à la fois, on ne disposait que d’une demi-heure pour manger, avant d’être renvoyés) et le stade une à deux fois par jour (nous disposions d’un ou deux créneaux horaires limités à une heure et demi). Tout était contrôlé.

Cinquième jour : je lis dans la Tribune de Genève que Dubai a demandé du renfort au sein de ses hôpitaux. Les astronautes que j’ai vu à mon arrivée faisaient désormais du sens… Etaient-ils là pour ça ? Evidence.

On apprend que les Emirats-Arabes Unis seront sur liste rouge dès le 22 février. Pourquoi cette attente ? Cela n’a aucun sens ! Nous devions rentrer le 14. Aucune inquiétude. Néanmoins, une compétition internationale étant prévue à Tunis en mars et en avril à Paris, l’entraîneur national s’est renseigné sur les exceptions prévues et des procédures à suivre permettant d’échapper à la quarantaine prévue. Aucune indication claire. Comment faire ? On y parvient toujours, mais au prix de beaucoup de temps et d’énergie. Les deux manifestations sont, pour l’heure, maintenue…

Compétition : vingt minutes avant le début de l’épreuve, je devais me présenter à « la chambre d’appel », masquée évidemment, et attendre mon tour. Généralement assises les unes à côtés des autres, les chaises se trouvaient tous les deux mètres. Nous jetions nos masques pour rejoindre la piste d’athlétisme, en marchant à la même distance les unes des autres. A peine la ligne d’arrivée franchie, un nouveau m’a été apporté aussitôt. La course elle-même s’est déroulée dans des conditions idéales, sans compter les paramètres usuels comme le vent ou le temps d’attente.

Pour renter, un autre test PCR devait être négatif. Suspens. J’espérais bien-sûr rentrer. Mais je n’étais jamais à l’abri d’une mauvais nouvelle, de devoir rester isolée dans ma chambre de l’hôtel durant 10 jours. Crucial d’appliquer les règles d’hygiène à la lettre. Heureusement, tout était en ordre pour l’équipe de Suisse. Pourtant, sans savoir si c’était des athlètes ou non, six personnes « positives » dormaient à l’hôtel lors de notre départ. Encore fallait-il avoir une attestation, à télécharger via une plateforme. Rien n’étant expliqué d’office, l’entraîneur national devait investiguer (cela a pris plusieurs heures).

Résumé : malgré toutes ces contraintes auxquelles, nous, athlètes, sommes imposés, à toutes les incertitudes voir aux potentielles mauvaises nouvelles, rien que le fait de voyager est un luxe. Celui de pouvoir exercer mon métier, bien que le secteur soit fortement touché, est une chance inouïe. Faire une deuxième saison à huis clos est devenu quelque chose d’acceptable. Presque habituel. Nous sommes des privilégiés. A l’étranger et lors de voyages en Suisse, nous accédons aux meilleures conditions possibles (lieux d’entraînement, chaleur, etc). En plus de mon travail, le sport est ma passion, raison pour laquelle j’accepte de relever ces défis supplémentaires. Mais nous espérons tous un retour à une vie normale, bien évidemment.

Celine van Till

Celine van Till défie l’impossible. Du dressage équestre au cyclisme sur route, en passant par le 100 mètres sprint, valide et handisport, elle court d’un extrême à l’autre. L’ennui n’existe pas. Les surprises attendent. Les limites sont remises en question. Elle gagne la Coupe du Monde 2022 et est aussi auteure et conférencière.

Une réponse à “Compétition internationale et covid possible ?

  1. Très bel article. Précis.
    Il y a fort à parier que cette année sera une année blanche en termes sportifs aussi bien pour les pros que les sports amateurs. La crise de la Covid aura des répercussions sur les entrainements, les résultats, les stages et voyages sportifs.
    http://www.comeonsport.fr

Les commentaires sont clos.