Censure et violence politique : l’inaction coupable des universités

La prise d’assaut d’une salle de l’université de Genève par des militants cagoulés marque une nouvelle étape dans la déconnexion entre un certain biotope universitaire et le monde réel. Pour conserver leur crédibilité, les universités doivent agir fermement.

Il fut un temps où les universités étaient les temples du débat d’idées, du partage d’opinions et du développement intellectuel. Des lieux propices à l’émergence de penseurs libres mettant leurs connaissances de pointe au profit de la société pour défier les normes en vigueur ou les connaissance erronées et affronter les opinions en place.

A cette époque, des étudiants se déclarant « nauséeusexs » et « éberluéexs » à l’idée qu’une représentante d’un parti démocratique soit invitée par un club de débat auraient simplement été recalés – si ce n’est par un service de sécurité, pour le moins par un examen de semestre, le manifeste des militants concernés faisant étalage d’un néant argumentatif et réflectif incompatible avec un cursus universitaire, voire gymnasial.

L’action violente est l’arme de ceux qui n’ont pas de mots

Aujourd’hui, les universités se muent en cocons qui accueillent des êtres trop fragiles pour survivre dans le monde réel, en dehors des « zones sûres » académiques au sein desquelles, toujours plus, la littérature enseignée est sélectionnée pour ne pas offenser, le langage utilisé épuré des tournures pouvant constituer une « micro-agression » et les étudiants préservés de toutes les difficultés touchant le reste de la population : le coût de la vie est compensé par des plats subventionnés, les inégalités de fait sont nivelées par le bas au moyen de contorsions intellectuelles absurdes, la précarité menstruelle est vaincue par des « distributeurs gratuits » (c’est l’Etat qui paie), l’existence même d’opinions divergentes est combattue par l’autoconfinement dans des espaces en « mixité choisie » et, maintenant, les conférences sortant de la doxa estudiantine sont systématiquement prises d’assaut par des groupuscules réunissant faibles de corps et d’esprit.

On pourrait benoîtement se demander quand auront lieu les premiers autodafés, destructions de vitrines et mises en danger de la vie d’autrui, si ces éléments n’étaient pas d’ores et déjà devenus la norme, entre journaux « patriarcaux » brûlés à Lausanne, rues commerçantes régulièrement saccagées lors de manifestations soutenues par les associations étudiantes à Genève et pneus de voitures dégonflés au mépris des vies innocentes amenées à se rendre au sein des villes universitaires.

Alors que l’action violente est l’arme de ceux qui n’ont pas de mots, nous devons être aujourd’hui atterrés en constatant qu’une lignée d’étudiants – nos diplômés de demain – ne bénéficie plus du bagage académique nécessaire à la contre-argumentation, au débat d’idée et à la réflexion. Conséquence : les violences politiques et la censure exercées ou soutenues par des étudiants et des associations promues par les universités se multiplient.

Les universités doivent répondre fermement

« On sera plus nombreuxses, plus organiséexs, plus déterminéexs et plus prêtexs à en découdre ». Si cette formule donne envie de rire, elle doit alarmer. Alarmer tout d’abord sur les risques qui pèsent sur notre démocratie directe, menacée par un mouvement importé des Etats-Unis, incompatible avec l’esprit de débat public, qui interrompt toujours plus d’événements politiques et académiques.

Alarmer ensuite sur la crédibilité de nos institutions universitaires, qui perdent tout prestige aux yeux de la population réelle, celle qui travaille, paie des impôts et lit des livres librement choisis, celle qui vit avec les inégalités naturelles et les surmonte, celle qui passe à la caisse pour manger et acquérir ses biens de première nécessité et qui se lève le matin.

Celle qui constate, fait divers après fait divers, que ses impôts sont gaspillés dans des formations sans plus-value à la portée du premier venu et qu’une partie des cadres, professeurs et docteurs de demain ne comprend pas les fondements d’une société démocratique, n’accepte pas le débat et la contradiction, n’est pas capable de fonder ses actes sur un discours cohérent et répond au débat d’idées par la force, faute de moyens intellectuels.

En continuant de fermer les yeux sur les agissements de cette caste privilégiée et idéologisée à l’extrême qui parasite le monde académique, les universités acceptent tacitement une fracture sociétale à venir entre deux mondes que plus rien ne rapprochera.

 

Yohan Ziehli

Né à Lausanne en 1993, Yohan Ziehli a grandi entre les vignes de Lavaux et de la Riviera. Amateur de produits du terroir, lecteur compulsif et pianiste à ses heures perdues, il travaille pour le groupe de son parti au parlement fédéral en tant que juriste, spécialisé dans les questions de politique extérieure, institutionnelle et démographique. Il est conseiller communal et vice-président de l’UDC Vaud.

23 réponses à “Censure et violence politique : l’inaction coupable des universités

      1. Ça fait peur, en effet, de voir des mouvement très radicaux prendre de plus en plus de place dans les universités et qu’il soit de plus en plus difficile de les critiquer sans passer pour raciste/sexiste/un connard.

        Après, je doute que ce soit vraiment nouveau. Le mouvement l’est, mais le fait qu’il y en ait, pas vraiment. Il y a longtemps déjà les mouvements communistes prenaient beaucoup de place dans les universités

  1. N’importe qui peut avoir accès à l’ enseignement secondaire et supérieur et est certain de sortir diplômé. L’excellence académique n’a plus aucun sens pour les enseignants . Ces derniers sont devenus une espèce de gardiens de la nouvelle révolution universelle agitant leur petit livre vert.

  2. C’est quand même insensé. Ces lavettes gauchistes se comportent comme des squadristes, c’est à dire des fascistes, c’est à dire que la violence nue, et en plus lâche car masquée, remplace chez eux l’absence d’arguments.

    Que font les autorités? Les rectorats ont le devoir de protéger la liberté académique et la liberté des débats d’idées à l’université. Ils ont donc le devoir de réprimer ces nervis fermement. Malheureusement, ils ne le font pas et cèdent comme des lâches devant l’intimidation et la violence. Ils sont indignes du mandat qui leur est donné par le peuple, qui consiste à garantir l’ordre pour que les enfants du peuple puissent étudier en paix.

    Alors, quelle est la conséquence? Ca va devenir une nécessité pour les étudiants d’organiser leur autodéfense contre ces voyous. Bien entendu, le jour où des groupes d’étudiants de non gauche, armés de boucliers et de battes de baseball, comme les gauchistes qui les agressent, se constitueront pour pouvoir se défendre contre l’agression gauchiste, et à l’occasion, pourquoi pas, casser la gueule à ces voyous, on verra le tollé. Mais tant pis, ce sera nécessaire quand même.

    Le plus incroyable c’est le deux poids deux mesures: les vrais fascistes ne sont pas démasqués pour ce qu’ils sont. Ils sont protégés car ils se disent “anti”-fascistes. C’est un comble.

  3. On attend toujours les mesures prises par la CUAE contre son membre identifié (selon le communiqué de presse du club de débat).

    https://cuae.ch/category/activites/

    Et rappelons que CA était simple membre d’un jury, et que c’étaient les étudiants qui débattaient !

  4. L’absence d’idées valables pour débattre pousse à l’agitation & à la violence physique. Pauvre gauchos !

  5. Le débat d’idées est pratiquement inexistant et surtout plus possible démocratiquement.
    Il faut être dans cette doxa qui est surtout médiatique.

  6. Si la faculté d’expression et d’argumentation se limite à l’épandage de purin d’ortie et à l’entartage, par un commando d’excités héroïquement cagoulés, de personnalités invitées à un débat public, on peut en effet s’interroger sur les dérives d’un certain “biotope” à prétentions académiques. Mais qu’il s’agisse ou non d’un effet secondaire de la controversée Réforme de Bologne, réduire l’enseignement universitaire à quelques cours et séminaires “woke” ou sur l’écriture inclusive, comme le suggèrent certains commentaires, n’est-ce pas se rendre encore plus caricatural que les tristes clowns qu’on prétend démasquer?

    Jusqu’à preuve du contraire, et malgré la docile conversion de l’université sauce bolognaise au modèle américain, lui-même d’ailleurs en faillite chronique et plutôt genre ketchup que bolognais, ni le wokisme”, ni les études trans-genre ou celles de la sexualité des hippocampes, ni l’écriture inclusive n’ont encore été promues au rang de disciplines de base.

    Quand aux héroïques commandos cagoulés, dans le bon vieux temps on avait plus d’imagination: après leur avoir fait avaler un bol d’huile de ricin, on les passait à la fontaine de la place du Bourg-de-Four.

    Morale de cette ténébreuse affaire:

    “Post Lucem Tenebrae”

  7. Mais n’est-ce pas oublier un peu rapidement la fin de l’article, qui précise : « tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi » ?
    KanTime Healthcare

  8. Donc notre belle université de Genève déjà agressée avec votre Conseillère Nationale : l’événement serait du coup fréquent et votre débat nécessairement d’une qualité compatible avec nos standards académique, sans rogne autre qu’une manipulation américaine.

  9. Bonjour,

    Est-ce que l’on pourrait inscrire à la suite de cet article, le nombre de conférences organisées par les universités en Suisse, le nombre d’agressions recensées et peut-être en tirer une proportion qui peut-être correspond ce qui se passe sur la route et ou dans la vie quotidienne, peut-être.

    Personne n’a le droit d’agresser qui que ce soit, mais certaines joutes verbales sont devenues plus agressives ces dernières années et ne sont-elles pas devenues une forme d’agression pour des personnes qui avant étaient prêtes au dialogue, ceci repose la question de la poule et de l’oeuf (suisse?, économique?, rentable?, bio?, local?, aux hormones?, industriel?, importé?, subventionné? mais par qui ?)

      1. La CUAE n’est pas seule à devoir y prendre des décisions graves, pourvu que ce ne soit pas l’UDC lui-même qui y joue plus longtemps les pompiers pyromanes.

        1. A quand l’attribution d’un doctorat honoris causa à Céline Amaudruz par l’UNIGE? En son temps, l’UNIL n’en avait-elle pas décerné un à Mussolini?

          1. Et pourquoi pas ? Vous lui décrété une indgnité nationale à cause de ses idées politiques ? ou parce qu’elle est une femme ?

            Ne vous en déplaise, elle sera pourtant notre prochaine conseillère fédérale.

  10. Magnifique infolettre du peuple publiée aujourd’hui – à lire et à partager à tous les amoureux de la diversité médiatique, de la liberté d’opinion et d’un combat réel et concret pour des valeurs fortes. MyHealthAtVanderbilt Help

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