8 milliards d’habitants sur Terre… et en Suisse ?

Selon l’ONU, la population mondiale aurait passé ce matin la barre des huit milliards d’êtres humains. Et en Suisse, la croissance démographique correspond-elle aux prévisions ? 

Quel que soit son âge, le lecteur qui a passé quelques instants à regarder les données statistiques relayées par la presse aura pu faire le lien entre les chiffres actuels et les connaissances qu’il avait acquises lors de sa scolarité. Ma génération remarquera en particulier que la population indienne a presque rattrapé celle de la Chine et que la population des Etats-Unis sera bientôt remplacée sur le podium par celle du Nigeria, comme nous l’avions effectivement appris il y a deux décennies à l’école.

L’avalanche de chiffres et d’éléments de décryptage à laquelle nous avons eu droit aujourd’hui aura certainement appelé quelques personnes à se poser une question : et la Suisse, en fait, se développe-t-elle selon les prévisions d’antan ? Regardons cela de plus près.

Quand la Suisse passera-t-elle la barre des 9 millions d’habitants ?

En 2002 puis en 2005, les prévisions du Conseil fédéral étaient claires : la barre des 9 millions d’habitants ne serait jamais atteinte en Suisse – la population se stabiliserait à 7,5 millions en 2050 (estimation de 2002), chiffre revu à 8 millions d’habitants en 2005. Puis, en 2010, on affirmait que les 9 millions d’habitants seraient approchés pour l’horizon 2050-2060, sans ne jamais être dépassés

Après la votation sur l’immigration de masse de 2014, les prévisions ont changé drastiquement en 2015 puis 2020 et annonçaient le passage de ce cap pour 2025. Dans la réalité des faits, malgré la crise pandémique, la barre des 9 millions risque bien d’être atteinte cette année déjà ou alors l’année prochaine – et les quelques dizaines de milliers d’Ukrainiens installés en Suisse ne sauraient expliquer à eux seuls les revers à répétition des modèles de l’administration.

Une croissance toujours plus rapide

Alors que la Suisse a passé les 6 millions d’habitants en 1967, il lui a fallu 27 ans de plus pour gagner son 7è million d’âmes (1994), 18 ans pour le 8è million (2012) et 10 ans pour le 9è million (2022-23). Prévue pour les années 2030, la barre symbolique des 10 millions pourrait être atteinte dans quelques années seulement – notons que la population de notre pays se sera accrue de près de 250’000 personnes pour la seule année 2022.

Rapport du contrôle parlementaire de l’administration à l’intention de la Commission de gestion du Conseil des Etats du 8 février 2018, FF 2019 1977 figure 3

Factuellement, le constat est implacable : depuis 20 ans, malgré de fréquentes actualisations et des augmentations permanentes, toutes les prévisions et modélisations de l’évolution démographique suisse se sont révélées être trop basses, parfois très largement. Au bas mot, les prévisions de 2002 se sont « trompées » de plus d’un million de personnes sur 20 ans – l’augmentation effective de la population a été six fois plus élevée que prévu. Sur 30 ans et plus, l’explosion démographique attendue est telle qu’il serait indécent de calculer le dépassement des prévisions initiales.

Que représente un million d’habitants ?

Pourquoi ces erreurs sont-elles si importantes, me direz-vous ? J’aurais envie de développer l’importance en soi d’une démographie modérée, mais dans le présent article, je m’en tiendrai à une explication beaucoup plus concrète : les estimations démographiques sont essentielles car un nombre important de décisions politiques à long terme dépendent d’elles.

Il me faudra certainement rédiger quelques articles détaillés pour aborder les sujets impactés par une importante croissance de la population : surface habitable, terres cultivables, approvisionnement alimentaire et énergétique, questions sécuritaires, marché de l’emploi et j’en passe. Mais en reprenant brièvement des chiffres de 2018-2019, on peut toutefois déjà estimer – grossièrement – quelques implications concrètes. Un million de personnes ont besoin de :

  • 60’000 terrains de football de surface bâtie, soit 25 fois la ville de Genève ;
  • 450’000 logements ;
  • 540’000 véhicules motorisés individuels ;
  • 18’000 employés d’hôpitaux

L’un des cas d’école est certainement la stratégie énergétique, dont l’un des présupposés était une augmentation modérée de la population. Malheureusement, les gains obtenus par le développement des énergies renouvelables et les économies d’énergie sont continuellement compensés par une augmentation du nombre de consommateurs.

Présentation du Conseiller national Mike Egger selon sources citées dessus, traduction libre.

Si j’aborderai ces chiffres plus en détail et avec des données précises prochainement, ils suffisent ici à illustrer l’importance des flux de population sur l’ensemble des thèmes politiques et à introduire quelques questionnements qui me semblent pertinents : sommes-nous conscients de l’explosion démographique subie actuellement par notre pays? Ses conséquences sont-elles suffisamment prises en compte dans le débat public? Est-il possible en 2022 d’attirer l’attention sur les variations de population et leurs conséquences de manière objective, sans jugement de valeur ni “racisme” mais dans un esprit constructif ? Je laisse à chacun le loisir de répondre par lui-même à ces interrogations.

Yohan Ziehli

Né à Lausanne en 1993, Yohan Ziehli a grandi entre les vignes de Lavaux et de la Riviera. Amateur de produits du terroir, lecteur compulsif et pianiste à ses heures perdues, il travaille pour le groupe de son parti au parlement fédéral en tant que juriste, spécialisé dans les questions de politique extérieure, institutionnelle et démographique. Il est conseiller communal et vice-président de l’UDC Vaud.

29 réponses à “8 milliards d’habitants sur Terre… et en Suisse ?

  1. Monsieur,

    Vous faites bien de rappeler que la démographie est un angle mort (ou un tabou) de la politique. Néanmoins, vos remarques sont très orientées et se focalisent, essentiellement, sur les effets négatifs de l’immigration. Je n’en attends pas moins de la part d’un politicien mais ce n’est pas très honnête.
    L’immense majorité des immigrants arrivant, en Suisse, sont des travailleurs issus de l’UE. On parle de plus d’un million de personnes depuis la libre circulation et pourtant durant la même période le catégorie d’âge qui progresse le plus en proportion de la population est celle des plus de 65ans. C’est le revers de la médaille on peut restraindre, drastiquement, l’immigration mais la population veillira encore plus vite.
    Aujourd’hui, en Suisse, un habitant sur cinq est à la retraite; en 2050ce sera plutôt un sur trois.
    L’OFS prédit un PIB 10% inférieur à l’horizon 2050 pour une population en légère augmentation: en cause la diminution de la part de la population en âge de travailler. Je me réjouis des discussions sur les coûts de la santé et le financement des retraites.
    Une Suisse moins peuplée serait-elle souhaitable? Peut-être, c’est une opinion défendable mais elle serait significativement plus vieille et moins riche et ça c’est un fait. L’UDC prone moins d’immigration, soit mais qu’elle soit honnête sur les contreparties bonnes comme mauvaises.
    Cela dit, importer des travailleurs pour faire tourner l’économie et faire vivre les oisifs n’est pas une solution pérenne. Les immigrés aussi finissent par vieillir et il en faut donc toujours plus.

    1. Bonjour,

      Je vous remercie pour votre commentaire clair et précis et je suis tout à fait d’accord avec vous lorsque vous dites qu’il faut parler ouvertement du sujet – apporter des informations et mon opinion dessus pour participer au débat démocratique est par ailleurs l’un des buts premiers de ce blog.

      Je n’ai toutefois pas l’impression de me focaliser sur des aspects négatifs: les deux premiers tiers de mon article listent factuellement des informations quantitatives. Qu’elles puissent apparaître comme négatives dépend de l’appréciation que l’on accorde soi-même à l’augmentation de la population en tant que telle (sous réserve des critiques adressées à l’administration, il va de soi). Le dernier tiers de l’article énumère effectivement un certain nombre de défis liés à la migration – mais je reste dans la retenue, gardant les éléments pro et contra pour des articles de fonds plus poussés sur des problématiques précises.

      En ce qui concerne la deuxième partie de votre commentaire, ce sont des remarques très intéressantes et j’apprécie que vous les proposiez ici. Je pense en effet consacrer des articles ces prochains mois sur l’immigration et ses conséquences – nous pourrons développer. Je vous rejoins au moins sur un fait: “importer des travailleurs (…) n’est pas une solution pérenne”. A moins de compter sur une Suisse illimitée, un jour ou l’autre, il faudra revoir la manière.

      Précisons tout de même un élément: ce ne sont pas une majorité, et encore moins une grande majorité, des immigrants qui “sont des travailleurs issus de l’UE” – ou tout du moins cette affirmation doit être pondérée. Il faut effectivement apprécier objectivement l’apport des travailleurs, mais cela sans oublier l’importance du regroupement familial, de l’asile ou encore des ressortissants d’Etats tiers parmi les migrants.

    2. Faisant partie de la génération Y, je constate surtout qu’une modeste maison neuve avec jardin dans une commune voisine de Lausanne s’acquérait à 500’000chf il y a 25 ans en arrière, et qu’aujourd’hui ce même bien dépasse facilement le million de chf. A moins de toucher un héritage, ma génération n’a pas vraiment les moyens d’accéder à la propriété du logement pour y fonder une famille, même à 40ans. En y ajoutant le fait que les salaires ont stagné, je n’ai pas le sentiment que “la richesse” apportée par l’immigration incontrôlée ait profité équitablement à toutes les générations.

      Quant au problème du vieillissement de la population, effectivement, tant que le système se repose sur une solidarité grandissante des jeunes générations (maintien de l’âge de retraite à 65 ans et augmentation des cotisations retenues sur les salaires par exemple), les immigrants reportent le point de rupture mais l’amplifient. C’est du Ponzi à 100%.

  2. Nous avons aucune possibilité d’action ! Il y a une alliance tacite entre la droite radicale-libérale et la gauche sociale-écolo ! Les premiers sont pour le “progrès* c’est-à-dire le bétonnage et la densification inhumaine, les seconds pour des logements sociaux et des aides à tout niveau !Seule l’UDC a une position raisonnable sur ce sujet !

    1. Vous n’avez pas lu l’article sur l’immigration, sujet sur lequel la gauche et la droite s’entendent devant l’évidence ? Faut arrêter de penser par préjugés, c’en est risible.

  3. Si je me souviens des cours de démographie, il y a me semble-t-il deux paramètres importants que vous n’avez pas mentionné (vous n’êtes pas le seul) : la mortalité infantile (en très nette baisse) et la mortalité liée à l’âge (en recul). Accessoirement l’immigration est modeste et aide juste à compenser la baisse de la natalité. Maintenant il y a les éventuelles nouvelles crises sanitaires et celle qui sera liée à l’augmentation des températures de notre biosphère.
    Rassurez vous, il n’y a pas encore de grand remplacement, cher aux populistes, en vue dans l’immédiat. Merci à votre article et a votre réflexion qui sont tout de même intéressants.

    1. Merci pour votre commentaire, donc j’apprécie le ton constructif.

      Je dois cependant vous contredire : cela fait bien longtemps que l’immigration ne se cantonne pas à compenser la faible natalité.

      Il est tard, je me limiterai aux chiffres de l’an dernier : le solde migratoire (arrivées – départs) y était trois fois supérieur au solde naturel (naissances – décès).

      De mémoire et grossièrement, depuis 2000, le solde naturel est constamment de 15-20 mille personnes alors que le solde.migratoire est constamment de 35-100’000 personnes.

      Toutefois, je n’ai pas parlé de grand remplacement et vous laisse donc cette expression pour l’instant.

    2. « Rassurez vous, il n’y a pas encore de grand remplacement, cher aux populistes, en vue dans l’immédiat »

      Dans l’immédiat peut-être pas.
      A moyen terme je n’en serais pas si sûr.

      « En Suisse romande, (…) les Da Silva arrivent en tête (10’220) devant les Ferreira (7326) et les Pereira (6537). Au total, 17 des 20 noms les plus portés sont à consonance lusitanienne (…).
      Source : https://www.rts.ch/info/suisse/13332876-da-silva-ou-favre-quel-est-le-nom-de-famille-le-plus-repandu-dans-votre-commune.html

      Travaillant presque essentiellement dans des environnements multinationaux depuis 40 ans, je peux témoigner que la part des suisses par rapport à l’ensemble du personnel est passé en trois décennies d’une petite majorité à une petite minorité, essentiellement dans des postes subalternes (réception, secrétariat, maintenance, etc.). Même les frontaliers « géographiques » sont de plus en plus remplacés par de frontaliers d’opportunité qui viennent de plus en plus loin (région parisienne, Normandie ou sud de la France), peu au courant de la culture économique suisse.

      Au début des années nonante, je me suis retrouvé le seul suisse de mon département dans une entreprise américaine. C’était alors une exception.
      Après 30 ans ce genre de situation est devenu la règle.

  4. Heureusement que le CF nous promettait pas plus de 15’000 européens de plus par année, en cas d’acceptation de la libre-circulation…

    On est pas à un zéro près.

  5. Le CF traite les affaires du pays en aval, après coup; pour administrer, colmater, arranger les crises, etc. La politique supérieure n’est plus dépendante de lui, mais de l’UE et de la bonne/mauvaise volonté des entreprises, qui licencient et remplacent la population Suisse, à cause de la sinistre libre circulation. Nous ne pouvons pas blâmer ni le PLR affairiste, ni la gauche, mais l’UDC qui ne fait pas assez bien son travail de défenseur de l’identité suisse. Il faut trouver des moyens légaux pour briser la différence des salaires par l’octroi massif d’aides à l’emploi afin de retirer le joker des mains des entreprises malhonnêtes qui sont à l’origine de la misère sociale. Presque 1,3 millions de pauvres chez nous (il y a 5 ans l’on parlait de 600’000.-).

    1. Je peux suivre une partie de votre raisonnement, mais je peine à concevoir ce que l’UDC pourrait faire de plus. Tous les moyens de mettre en oeuvre, au moins partiellement, la volonté populaire en matière de libre circulation sont tentés au parlement. Mais sans majorité… difficile d’obtenir gain de cause.

  6. Il faut voir cela plus largement:
    L’Europe occidentale subit des difficultés socio-économiques importantes depuis 20 ans. La Suisse, qui demeure un petit îlot de stabilité économique au milieu du continent, attire donc beaucoup de travailleurs et travailleuses.
    Le problème n’est donc pas l’immigration, mais la crise économique et politique des pays voisins, qui n’offrent pas beaucoup de perspectives aux populations locales.
    Tant que cette crise perdure, la Suisse sera un refuge, comme l’Autriche, la Suède.

    1. Remarque pertinente: comme je l’ai précisé,cet article n’est qu’un aperçu de la situation qui se limite à deux aspects:
      1) factuellement, l’évolution démographique due à l’immigration est conséquente, toujours plus rapide et dépasse les prévisions.
      2) il s’agit d’un élément central en politique, d’autant plus dans les domaines qui nécessitent de l’anticipation (aménagement du territoire, énergie, sécurité alimentaire etc).

      La question n’est donc pas de savoir si le problème est l’immigration ou une crise des pays voisins, mais bien de prendre en compte la réalité des flux migratoire comme un élément central, qu’on le veuille ou non, de notre réalité politique.
      J’envisage d’aborder divers aspects dans des articles dédiés et je vais évidemment me baser sur les commentaires pour choisir les approches que je développerai. Merci donc pour l’apport sur la situation des pays voisins, j’en prends note.

      1. Disons que si la situation ne s’améliore pas dans les pays voisins, les flux ne vont pas se tarir – sauf à fermer les frontières ce qui serait une décision très difficile à mettre en œuvre pour la Suisse vis-à-vis de l’UE.
        L’autre inconnue, ce serait une récession en Suisse. Dans ce cas, les flux ralentiront nettement, car les gens viennent d’abord en Suisse pour y travailler.
        Vu tout ce qui se passe dans le monde en ce moment, on ne peut pas prédire grand choses, sinon que de temps difficiles nous attendent.
        La question est donc quelles seront nos priorités? Malgré toutes les urgences, nous devons ralentir et bien réfléchir à ce qui est crucial dans le moment présent. L’immigration? l’endettement des PME ou des ménages? la crise énergétiques? La politique sanitaire et les primes maladies?
        Il y a beaucoup de secteurs qui demandent des réformes courageuses. J’ai peur que les débats sur l’immigration ne nous amènent juste qu’à des positions de principes sans réelle solution.

        1. Vos observations concernant les conditions nécessaires à une réduction des flux sont très intéressantes. Je n’ai pas grand chose à redire quant à vos trois premières phrases.

          En revanche, la question des priorités me semblée ne pas être la plus pertinente: elle présuppose une opposition, dans un contexte de décision dans l’urgence, entre la gestion de l’immigration ou celle d’autres problèmes.

          Or, l’un des postulats majeurs de mon article est que les questions démographiques sont centrales dans de nombreux autres sujets. Prenons ceux que vous citez: si le lien entre immigration et endettement privé ou politique sanitaire n’est pas le plus évident, la démographie occupe une place centrale en matière de crise énergétique et de primes maladies.

          Je conclus en vous rejoignant sur l’importance des réformes courageuses et le fait que certains débats émotionnels peuvent en dissimuler d’autres. Mais il me semble qu’une prise en compte des éléments que je mentionne dans mon article pourra participer à améliorer les choses dans d’autres sujets urgents du moment.

    2. Pardon, mais je ne pense pas qu’il faut voir plus largement mais plus étroitement. Les différences de salaires sont telles que les politiques n’auraient même dû entrer en matière sur la totale libre circulation. Il faut interdire le chômage en Suisse, et à partir de là nous prenons selon nos besoins. Le pays coule et peu de personnes se rendent compte car les chiffres économiques n’expriment pas la réalité sur le terrain.

  7. La question de la progression démographique n’a que très peu à voir avec l’immigration. Dommage que les politiciens de tous bords, et dans leur sillage, la grande majorité de la population, ne puissent se libérer de cette névrose. Les chiffres montrent à l’évidence qu’au XXIe siècle une femme suisse épanouie se doit de mettre au monde plusieurs enfants; les statistique de l’OFS montrent qu’elle en a parfois conçu deux en pleine pandémie. La Chine a rétabli la possibilité de dépasser l’enfant unique. D’autres zones géographiques sont en plein essor. Curieux déni des écologistes et ardents défenseurs de la biodiversité: ils n’ont que le mot “nature” en tête mais continuent de procréer comme si cette Nature allait s’accommoder de leur nombreuse descendance. Or il existe dans nos alpes polyfrontalières des animaux qui savent limiter les naissances en fonction de leur habitat: le bouquetin, par exemple.

    1. Du point de vue mondial, par définition, la progression démographique n’a pas de lien avec l’immigration (c’est un truisme). En revanche, au niveau local, donc au niveau de la Suisse, l’on ne peut pas nier ce lien. Avec 1,5 enfant par femme, la Suisse est (très) loin de la stabilité à long terme sur la base du solde naturel.

      Et les chiffres sont flagrants: depuis 2000, l’accroissement naturel (naissances – décès) est en moyenne de 17’000 personnes par an, alors que le solde migratoire (arrivée – départs) est de 70’000 personnes par an. Il y a donc un lien immense et indiscutable entre la progression démographique et l’immigration. On ne peut prétendre le contraire.

      (Evidemment, ma réponse serait toute autre si l’on parlait, d’une manière générale, de démographie mondiale. Mais ce n’était pas l’objet de votre commentaire (je pense que vous avez fait erreur en lisant les statistiques de l’OFS sur la natalité).

      1. C’est juste, bravo, Dans les 70 mille de solde il y a beaucoup de retraités qui rentrent chez eux au soleil et beaucoup qui arrivent pour travailler. Donc le chiffre du remplacement de notre population est plus proche des 85 mille que des 70 mille.

      2. Si, j’ai bien lu les tableaux statistiques de natalité et de mortalité publiés par l’OFS. J’ai essayé de répondre à votre question 《Sommes-nous conscients de l’explosion démographique subie actuellement par notre pays?》Or je refuse de confronter les chiffres de l’immigration au taux de natalité. J’observe qu’entre le 1er janvier 2019 et le 31 décembre 2021, la Suisse a enregistré 261’730 naissances vivantes et 215’167 décès. Donc, 46’563 êtres vivants sont venus nous rejoindre, et les chiffres à fin août 2022 sont prometteurs. Malgré une pandémie notable, le vivant se porte plutôt bien. Un taux de natalité de 1,5%, pourquoi pas, vu l’état de la planète – dont je ne souhaite pas que notre pays s’isole bien que je sois attachée à une neutralité ferme – et pour ce qui me concerne personnellement, antimilitariste. Oui, la Suisse est au monde, et si elle compte une immigration non négligeable, c’est qu’elle s’est organisée depuis longtemps pour orienter l’évolution de sa population surtout en fonction de critères économiques. Alors renforçons les universités, les hautes écoles et les pools de formation afin que chacun, étranger ou non, puisse travailler à civiliser notre pays, plutôt qu’à répartir la citoyenneté en fonction de l’origine, l’identité, la peur de l’autre et le repli. Mon parallèle avec la Chine, oui, relève du cynisme: entre 1973 et 2015, soit pendant 42 ans, avec un seul enfant par femme et après des famines épouvantables, a connu une progression démographique considérable – qui pourra s’amplifier encore avec l’autorisation, depuis 2021 de concevoir 3 enfants. Pour dire que le seuil de 2,1% projeté par les démographes afin de garantir un renouvellement de la population me semble fantasmatique. En Europe, c’est la France qui a le taux le plus élevé (et affiche le racisme le plus marqué). D’ailleurs, qu’est-ce qu’un renouvellement quand le métissage est déjà à l’oeuvre depuis Néandertal, que l’espace se rétrécit et que la Nature se détériore? Comme recommandé sur d’autres blogs, le livre de Ailton Krenak, Idées pour retarder la fin du monde, éditions Dehors, 2020.

        1. Le culot des politiques et des scientifiques leur permet de dire dans la même phrase que l’activité humaine est la CAUSE du réchauffement mais pas l’accroissement de la population mondiale. Vous me faites rire avec les chiffres “promoteurs” de 2022. Pour donner de la consistance à votre long commentaire vous auriez dû remplacer le mot “promoteurs” par “catastrophiques”.

        2. “Pour dire que le seuil de 2,1% projeté par les démographes afin de garantir un renouvellement de la population me semble fantasmatique.”
          En quoi le seuil de 2,1 enfant par couple est-il fantasmatique?
          C’est un seuil mathématique!
          Le fait que la population vive plus vieux explique que la population ait continué d’augmenter en Chine durant des décennies, mais la population chinoise va connaître une baisse sévère prochainement, tout comme celle du Japon.
          Il suffit de regarder la pyramide des âges pour s’en rendre compte – le nombre de jeunes est en baisse constante.
          D’autre part, il existait des exceptions pour les campagnes en Chine, ce qui fait que la politique de l’enfant unique n’a jamais été complètement appliquée.
          https://fr.countryeconomy.com/demographie/structure-population/chine
          Dans la majorité des pays, nous ne sommes donc pas au seuil d’une explosion démographique, mais au seuil d’une chute de la population.

  8. Y a pas moyen d’obtenir un avis indépendant sur le fait de savoir si la juge, politicienne Verte, a appliqué le droit ? Même les militants ne s’attendaient pas à cette décision…

    https://www.lematin.ch/story/les-militants-torse-nu-sont-tous-acquittes-188541034052

    Et si un juge UDC avait acquitté les militantes de Nemesis ? Le journal aurait tu son appartenance politique ?

    Et, pendant ce temps, un policier qui commet une erreur est condamné pour faux dans les titres par omission. Allez comprendre…

  9. Votre article dresse des constats intéressants et connus de qui veut bien s’y intéresser. La taille de la population est un sujet peu traité, et lorsqu’il l’est, la discussion dérape très vite vers les questions bateau qui ne sont pas discutées avec sérieux (qui paiera nos retraites ? qui travaillera dans nos hôpitaux ? …?) et qui tendent à clore la discussion plutôt qu’à l’ouvrir, ou vers les procès d’intention. Mais comme toujours lorsqu’on s’inquiète pour le futur, les stratégies des batailles politiques à construire sont cruciales. La Suisse vit des débats et des votes sur l’immigration depuis plus de 50 ans, avec de nombreux résultats plus ou moins serrés lors des votations, sur fond de débats où s’affrontaient des arguments de qualités très inégales. Un virage potentiellement significatif fut possible en 2014. Il fut galvaudé par l’UDC, qui a surestimé sa victoire du 14 février (qui s’est révélée ensuite un leurre), et qui a dédaigné l’initiative Ecopop le 30 novembre de la même année, signant l’échec de cette dernière, alors que celle-ci aurait été bien plus difficile à enterrer au Parlement que celle acceptée le 14 février. L’UDC est un parti important, mais j’ai le sentiment que c’est un parti stratégiquement faible, qui ne sait pas assez construire des majorités, hétéroclites si nécessaires, sauf pour retarder des évolutions inéluctables. En tout cas, l’UDC porte une lourde responsabilité dans l’échec de la résistance à une évolution incontrôlée de la taille de la population suisse.

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