Initiatives phytos : un réel plus pour la nature ?

Le 13 juin prochain, le peuple suisse sera appelé pour la 315e fois de son histoire à se prononcer sur divers objets fédéraux. Alors que la campagne bat son plein sur des sujets tels que la lutte contre le terrorisme, les nouvelles taxes CO2 et la loi Covid, c’est bel et bien sur le thème des produits phytosanitaires que le débat est le plus acharné. Entre la volonté de protéger les terres et les eaux d’une part et le soutien aux agriculteurs qui se battent pour offrir une production de qualité d’autre part, le sujet est brûlant – allant jusqu’à l’incendie d’une remorque arborant l’affiche du double NON dans un champ.

L’observateur peu avisé serait tenté de croire qu’il ne s’agit que d’un combat entre une vision écologique d’une part et économique de l’autre, entre la douce utopie bienveillante visant à protéger la nature et celle des réalités du terrain dans un monde trop rude. Le rêve d’une Suisse sans pesticides contre la défense de l’une des agricultures les plus respectueuses au monde, qui a d’ores et déjà fait d’immenses efforts pour réduire son impact environnemental. La volonté de voir des aliments exempts de produits de synthèse contre l’impassibilité des accords internationaux qui feront perdurer l’importation de denrées alimentaires traitées avec des pesticides.

Un tel observateur pourrait être tenté de soutenir les textes « pour le principe », estimant que, malgré tout, ils ne peuvent pas passer complètement à côté de leurs objectifs et que nul prix n’est trop élevé pour protéger l’environnement. Si l’on a déjà entendu nombre d’arguments opposant deux visions de l’agriculture, le bilan écologique et social d’une acceptation ou d’un refus des textes n’a que trop rarement été comparé. Passons en revue quelques conséquences des initiatives, en comparaison à la situation actuelle.

Polluer plus loin au lieu de polluer moins

A ceux qui rêvent de denrées alimentaires exemptes de pesticides, il faut rappeler que l’on ne produit en Suisse que la moitié des aliments que l’on consomme. Si l’initiative venait à être acceptée, ce chiffre serait réduit de près d’un tiers. A moins d’une baisse drastique de la population ou d’une mise à la diète des plus expéditives, il faudrait augmenter (encore) la part des produits importés en conséquence.

Nos obligations internationales ne nous permettraient cependant probablement pas d’imposer les nouvelles normes aux denrées importées et, encore moins, de contrôler les conditions dans lesquels elles sont produites. Conséquence inévitable : seule une minorité de consommateurs fortunés pourrait se permettre de consommer des aliments locaux exempts de produits phytosanitaires. La majorité de la population, elle, serait contrainte de recourir aux produits acquis sur le marché étranger, sur lesquels la loi suisse n’a que peu ou pas d’effets.

Ce non-sens est d’autant plus grave que les normes en vigueur dans notre pays font partie des plus strictes en Europe. Une acceptation des initiatives reviendrait à exporter l’utilisation de pesticides dans des pays connaissant des normes plus malléables et, partant, plus enclins à nuire tant à la nature qu’à la santé des consommateurs.

Donner un coup de poignard à l’agriculture locale

En désignant l’agriculture comme bouc émissaire de la pollution des eaux et des terres, les initiants omettent sciemment de mentionner l’immense travail consenti par les paysannes et paysans dans le but de réduire l’impact de leurs cultures sur l’environnement. L’utilisation de produits phytosanitaire a fortement diminué au cours de la dernière décennie. Le résultat ne s’est pas fait attendre : ils ne représentent aujourd’hui plus qu’un pour cent des polluants retrouvés dans les rivières.

Les initiatives anti-agricoles s’attaquent à la mauvaise cible, la lutte pour la protection des eaux et des terres n’étant en réalité qu’un prétexte pour imposer un style de production à tous les agriculteurs du pays. En s’en prenant de cette manière aux paysans du terroir, elles auraient directement deux conséquences contre-productives.

Premièrement, elles contraindraient les producteurs à favoriser le désherbage dit « mécanique ». Ce dernier peut nécessiter trois fois plus de passages en tracteur sur les champs, ce qui implique une consommation de carburant en hausse et cela, rappelons-le, sans effet positif significatif sur la pollution des eaux.

Deuxièmement, comme nous l’avons vu, en assommant la production locale, elles seraient synonymes d’une augmentation des importations et du tourisme d’achat. Voir les consommateurs des régions frontalières faire la queue dans les grandes surfaces étrangères pour aller chercher des aliments contenant des pesticides tout en laissant dépérir les paysans locaux respectueux de l’environnement, c’est le spectacle qui nous attend en cas d’acceptation des textes.

Augmenter le gaspillage alors que des crises alimentaires menacent

Au vu de la place qu’occupe l’agriculture dans la discussion, on oublierait presque que c’est l’ensemble du secteur agro-alimentaire qui serait concerné, du champ à la distribution, en passant par la transformation et le conditionnement. Il serait naïf de passer outre les conséquences que les initiatives auront sur la résistance et la conservation des denrées. En effet, en l’absence de moyens de lutte contre certains insectes et parasites, le gaspillage alimentaire augmenterait dans des proportions inégalées.

A l’heure où d’aucuns prédisent que les perturbations climatiques causeront la perte massive de terres arables – cela en plein essor de la population mondiale – peut-on éthiquement décider de réduire drastiquement les capacités agricoles d’une région propice à la culture ? Alors que des populations entières risquent de ne plus pouvoir se procurer des denrées alimentaires en suffisance, comment justifiera-t-on la baisse de 30% de notre production autochtone et l’augmentation des importations qui en résultera ? Dans un monde où tout un chacun ne peut manger à sa faim, la diminution des récoltes dans un pays dont la consommation demeurera constante ne peut que se répercuter sur l’alimentation d’autrui.

Les initiatives font fausse route, y compris pour la nature

L’on était déjà arrivé à la conclusion que les conséquences économiques des initiatives ne pouvaient conduire qu’à leur rejet. Libre à chacun de tirer ses conclusions quant à leurs conséquences écologiques et sociales. Quant à la vision du monde qu’elles représentent.

Pour ma part, je peine à qualifier comme justes des principes qui conduiront à la sanction des petits producteurs, favoriseront les géants internationaux, délocaliseront la pollution, menaceront la sécurité alimentaire et démultiplieront l’énergie grise de notre alimentation.

Yohan Ziehli

Né à Lausanne en 1993, Yohan Ziehli a grandi entre les vignes de Lavaux et de la Riviera. Amateur de produits du terroir, lecteur compulsif et pianiste à ses heures perdues, il travaille pour le groupe de son parti au parlement fédéral en tant que juriste, spécialisé dans les questions de politique extérieure, institutionnelle et démographique. Il est conseiller communal et vice-président de l’UDC Vaud.

34 réponses à “Initiatives phytos : un réel plus pour la nature ?

  1. 4000 tonnes de pesticides dans le Lavaux. Pas une seule fontaine d’eau potable dans les villages! Des helicos qui polluent et qui arrosent les personnes!
    Des enfants à l’école de Savuit à 10 m de balais de sulfateuse et de bidons de Roundup! Photos à dispo!
    Toutes les rivières entre Lutry et Cully polluées!
    Un taux de cancer dans les vignobles 8 fois plus élevé qu’ailleurs!
    Votre discours est vraiment mensonger! Renseignez vous sur ces chiffres! La France les publies, la Suisse pose une omerta dessus!

    1. Ayant grandi à Lavaux et bu l’eau des fontaines toute ma jeunesse durant, il faudrait que vous me donniez un peu plus de fond avant d’affirmer de pareilles choses. Je vous demande donc:
      – de me dire où mon “discours est vraiment mensonger”. Plus précisément s’il-vous-plaît.
      – de me sourcer le taux de cancer 8 fois plus élevé dans mon district (par rapport à qui, à quoi ?).

      Je me suis renseigné. Mais si vous pouvez m’apporter de précieux faits, merci de les documenter.

      1. Vous dites :
        1« La Suisse produit que la moitié des aliments que l’on consomme. Si l’initiative venait à être acceptée, ce chiffre serait réduit de près d’un tiers ».
        Cela veut dire que vous ne ferez pas confiance aux agriculteurs pour s’adapter et produire plus sain ?
        2 « Nos obligations internationales ne nous permettraient cependant probablement pas d’imposer les nouvelles normes aux denrées importées et, encore moins, de contrôler les conditions dans lesquels elles sont produites. »
        Cela veut dire que nous importons déjà des produits ultra -pollués et que nous ne pouvons pas les interdire ? Et de surcroit que nous ne sommes pas souverain pour décider de la façon dont la Suisse protège ses citoyens ?
        3 « ils ne représentent aujourd’hui plus qu’un pour cent des polluants retrouvés dans les rivières. » :
        Ceci est donc une phrase mensongère tentant indéniablement a donner une fausse information. Puisque vous êtes du Lavaux, je vous laisse prendre la surface du Lavaux et faire quelques petits calculs en tenant compte des tonnes de pesticides, des tonnes d’herbicides, des tonnes de fuel utilisé par les sulfateuses qui marchent du matin au soir dès le beau mois de mai jusqu’en Aout, de prendre les tonnes de Kérozène utilisé par les hélicoptères qui épandent une douzaine de fois par année 80% des surfaces du Lavaux versus les quelques pollutions de l’industrie local ….
        Votre chiffre se retrouve étonnamment inversé !
        Et oui on est plus proche de 99 % de la pollution que vous retrouvez dans toutes les petites rivières entre Lutry et Cully émise par l’activité d’épandage de produits toxiques.

        1. merci pour vos réponses.

          1) Ce n’est pas une question de compétence. C’est une question de réalité (durant le stockage, sans pesticides, vous vous exposez à la vermine. Idem à d’autres étapes de la production). Ce n’est pas un aveu de faiblesse, c’est inhérent au choix du bio.

          2) Oui, cela veut dire que les accords bilatéraux I nous empêcheront selon toute vraisemblance d’appliquer les mêmes normes aux produits importés, sous peine de voir s’appliquer la clause guillotine. Pour le surplus, pas sûr que ces initiatives ne soient conformes aux normes OMC…

          3) Je ne mens pas, je parle des relevés dans les eaux. Par contre, je vous invite à revoir vos chiffres largement erronés. Vous parlez de 4000 tonnes de pesticides utilisés dans le seul district de Lavaux. C’est évidemment faux, vu que la consommation pour toute la Suisse est de 2200 tonnes…
          Par ailleurs, vous parlez de ces hélicoptères à Lavaux. Je tiens à vous rappeler qu’ils ne déversent plus de pesticides de synthèse sur ces vignes. Les initiatives sont donc déjà appliquées sur ce point…

          Je vous prie donc de vérifier vos chiffres et affirmations. Le 2/3 des polluants trouvés dans les rivières proviennent de l’usage domestique. Le reste est avant tout dû aux médicaments et seul 1% provient effectivement de l’agriculture.

          1. Je me permets de vous informer sur ce point que vous n’abordez plus. En ce qui concerne le nombre de cancer, ces chiffres se retrouvent facilement dans les rapports qui ont été commandé par l’UE sur différente régions viticoles qui pratiquent les mêmes traitements que sur le Lavaux.
            En Suisse bizarrement on a de la peine a trouver ces chiffres, mais ils existent.
            Le terme « géocodes » en recherche sur le cancer ?
            C’est la géolocalisation de tous les cas de cancer sur la carte de la Suisse !
            On analyse et détaille précisément tous les lieux de résidence des humains ayant contracté un cancer recensé par le registre du cancer comparés aux lieux de résidence des humains n’ayant pas contracté de cancer !
            Des études existent aussi sur la population des enfants !
            C’est encore plus affligeant : http://childhoodcancerregistry.ch/
            Pour exemple, le canton de VAUD, plus précisément entre Nyon et VEVEY dont Lavaux est la plus haute densité de lymphome en Suisse depuis 1990 !!!!
            Je vous passe les autres chiffres que vous trouverez facilement car des études universitaires existes mais l’état ne le publie plus !
            Donc OUI les pesticides et autres herbicides utilisés dans le LAVAUX sont cancérigènes !
            Vous devriez aussi publier courageusement sur ce sujet puisque vous défendez le LAVAUX.

          2. Voici la liste officielle des produits sulfatés par hélicoptère dans le Lavaux:
            Sulfate de cuivre, souffre, phosphanate, stamina, cuproxat, booster, vacciplant, phylgreen, gondor et petit lait !
            LEs responsables locaux ne parlent que du “petit Lait” mais je les défie de boire le cocktail !
            Si vous analysez le descriptif des fabricants, il y a des mises en garde …. avec des pictogrames bien descriptifs de dangerosité pour la faune, la flore, l’humain etc….! C’est des vrais chiffres ceux là. 452 tonnes de produits “déclarés” épandus dans le Lavaux, ce n’est pas annodin.

          3. Largo: je consulte ces données et que n’arrive pas aux mêmes résultats que vous. Aucune donnée n’est cachée à ce sujet en Suisse, merci de ne pas laisser penser cela. Si vous avez un diagramme ou un tableau en particulier à nous montrer, merci de le partager.

            A Rolle: ces produits ont un point commun: ils sont “sans pesticides de synthèse”. C’est à dire qu’ils seront précisément autorisés si l’on vote OUI aux initiatives.
            Ce qui arrivera par contre, c’est qu’au vu de la production locale plus faible, il nous faudra importer des produits venus d’ailleurs en Europe, tout sauf bio, contenant des produits interdits chez nous.

          4. @Largo M,

            J’ai consulté votre lien qui mène directement à celui-ci : https://www.registretumeursenfants.ch/la-geographie-des-cancers-chez-les-enfants-en-suisse-examinee/ qui donne accès au communiqué de presse de l’Université de Berne (publiée le 15 mai 2020)

            Les deux régions de Suisse qui ont une plus forte densité de cancer/lymphone chez les enfants par rapport à la moyenne Suisse sont le nord du canton de Zurich et le Seeland.
            Dans le canton de Vaud, c’est la Broye qui est la région la plus touchée (proche du Seeland), et la partie entre Nyon et Vevey est plutôt en dessous de la moyenne.

            Donc pouvez-vous nous partagez précisément le lien qui confirme vos affirmations ?

          5. IL y a plus que des centaines d’études, faites par des chercheurs indépendants qui montrent que les pesticides ont un impacte gravissime sur la santé. En Suisse le registre national sur les cancers n’existe que depuis 2020!? Pourtant c’est un pays qui présente un système de santé le plus riche. Sauf le registre concernant les cancers chez les enfants est obligatoire depuis longtemps. Donc une étude scientifique :
            Bayesian spatial modelling of childhood cancer incidence in Switzerland using exact point data: a nationwide study during 1985–2015. K Garyfallos et alii, for the Swiss Paediatric Oncology Group and the Swiss National Cohort Study group, International Journal of Health Geographics, April 2020- devrait vous faire réfléchir avant de dire que les pesticides n’ont pas d’effet néfaste sur la santé.
            Ce qui m’étonne vraiment que vous n’avez pas peur pour vos propres enfants et petits-enfants eux vont faire comment? Déjà c’est la communauté qui doit payer pour les traitements des eaux et pour les traitements des malades également ! Savez vous combien coûte un traitement d’un lymphom , reconnue comme maladie professionnels chez les agriculteurs dans d’autres pays ? Pourquoi si vous aimez tant les agriculteurs la maladie de parkinson et certains cancers ne sont pas reconnu comme maladie professionnelle en Suisse ?

          6. Si vous lisez mon article, vous verrez que je donne deux réponses:
            En votant OUI, selon moi, on empirera la question des pesticides consommés, car on augmentera la part des produits importés d’un tiers alors que nous n’avons aucun contrôle sur les pesticides employés dans ces derniers. De plus, je trouve éthiquement inacceptable d’exporter l’utilisation de pesticides dans des produits moins regardant sur les normes sanitaires.

    2. L’agroécologie est LA solution contre l’agriculture militariste qui viole la planète. Votons quatre fois oui (y compris la loi sur le CO2 car l’agroécologie contribue à diminuer l’impact agricole des, changements climatiques et permets de mieux s’y adapter. Votons oui à la loi sur le Covid19, car le Covid19 vient de la DESTRUCTION de nos habitats naturels qui augmente la transmission des virus par les animaux sauvages hors de leur milieu.
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Agro%C3%A9cologie

  2. Les verts-gauche revendicateurs se dévoilent à chaque votation comme étant un parti anti-suisse. Ils savent qu’il ne serait pas réaliste de contrôler les produits importés, étiquetés bio. Ils ne veulent pas limiter l’immigration de masse mais ils militent pour la décroissance, allez comprendre. Tout ce qu’ils cherchent est de casser le modèle suisse pour le faire ressembler à d’autres, au nom de l’égalité mondialiste inexistante. Le peuple suisse doit ouvrir les yeux et voter utile, pour les éliminer du paysage politique, sinon rien ne va les arrêter dans leur œuvre de démantèlement !

  3. Bonjour,

    Les produits bio ne sont pas destinés aux gens fortunés mais à ceux sachant où dépenser. Si vous êtes de ceux qui préféré un produit de moins bonne qualité ( qu’un produit bio suisse) et dommageable à la Nature (donc à nous) en échange de dernier IPhone, alors le débat me semble clos.

    Cordialement,

    M.Jaccottet

    1. Je vous remercie pour votre message qui, s’il est cohérent dans la situation actuelle, passe outre un élément majeur du débat: la capacité de production locale.

      Aujourd’hui, on peut faire le choix d’investir un peu plus dans des aliments locaux de qualité et un peu moins ailleurs (ce que je fais personnellement et je suis convaincu que vous aussi). Le problème étant que dans un pays qui ne produit que 50% de ses denrées alimentaires et qui verra cette part se réduire d’un tiers en cas de OUI, il faudra importer deux tiers de notre alimentation.

      Vous aurez donc beau être “de ceux” qui veulent manger local et bio. A moins de faire partie d’un tiers privilégié, vous ne pourrez goûter ni l’un, ni l’autre.

    2. Votre commentaire donne l’impression que vous êtes financièrement aisé et j’espère que tel est le cas. Consommer Bio à 100% ou ne pas consommer bio du tout pèse environ 500 francs par mois !!! dans le panier d’un ménage de 4 bons mangeurs. Il faut les trouver les 500 francs dans le budget avant de décider de les dépenser, utile. Le CF et le peuple rêvent bien d’un monde sans pesticides, mais restant réaliste, et améliorant par petits pas les performances d’un usage light de ces pesticides sans essayer de mourir de faim mais guéris!

  4. Bonjour,

    Je trouve vos propos intéressants. Je penche néanmoins encore en faveur des initiatives bien qu’elles soient certainement mal conçues car ce qui me choque, c’est que le gouvernement n’est pas parvenu à se mettre d’accord sur un contreprojet. On voit que les enjeux économiques passent au-dessus de la santé publique. Ce qui manque dans les analyses des deux côtés, c’est l’effet des pesticides sur les agriculteurs. Ils sont en première ligne or du fait que leur avenir financier est en jeu, ils sont en majorité contre cette initiative. Si on ne voit pas l’ironie d’un système sociétal dysfonctionnel ici! On se retrouve dans une situation où c’est au peuple qu’il va revenir d’agir en despote éclairé (sans même le savoir car je pense que les gens vont voter pour leur santé à eux or le plus grand enjeu ici, c’est celle des agriculteurs). https://www.planetesante.ch/Magazine/Sante-au-quotidien/Perturbateurs-endocriniens-et-polluants/Pesticides-la-sante-des-agriculteurs-en-premiere-ligne

    1. Bonjour,

      En règle générale, si le gouvernement ne propose pas de contreprojet, c’est qu’il estime que l’initiative a très peu de chance d’être acceptée par le peuple. Et après tout, quel est l’intérêt de faire un contreprojet alors qu’une politique est déjà appliquée depuis des années pour faire diminuer progressivement l’usage des pesticides ?

      En matière de santé publique, 42% de notre population est en surpoids, et ce taux continue d’augmenter avec le nombre de fast-foods qui fleurissent dans les villes, tellement la demande est forte. Ce ne sont pas les pesticides, mais bien le fléau qu’est la malbouffe qui va diminuer notre espérance de vie comme on l’observe aux Etats-Unis depuis une décennie.
      Si la santé publique était la réelle préoccupation de ces initiants de gauche, ils ne s’attaqueraient donc pas aux producteurs de fruits et légumes.

      Mais comme les agriculteurs votent généralement à droite, ils font d’eux une cible privilégiée des partis de gauche qui prennent bien soin de pas remettre en question les habitudes de consommation néfastes pour la santé et l’environnement de leurs électeurs.

    2. Bonjour,
      Je comprends votre réaction face à l’absence de contre-projet. Mais il faut préciser que l’on se trouve dans un cas particulier où, sans contre-projet, le parlement a décidé d’agir quel que soit le résultat de la votation. Je vous encourage à cet effet à découvrir l’initiative parlementaire “Réduire le risque de l’utilisation de pesticides”, acceptée par les deux chambre fin 2019.

      Pour la deuxième partie de votre commentaire, je pense qu’il faut prendre du recul. Comme vous le dites, il n’y a pas d’analyse indiquant des effets des pesticides sur les agriculteurs. Cela signifie que la protection de notre agriculture actuelle ne découle pas forcément d’une pression économique, mais aussi du fait que la situation est aujourd’hui déjà fort satisfaisante.

      On est loin des pays qui n’ont que pas ou peu de réglementations à ce sujet – certains aliments non-bios suisses sont bien plus propres que des produits bios venus d’ailleurs dans le monde.

      Pour votre dernière phrase, je vous comprends. Mais je pense qu’un agriculteur sait mieux que moi ce qui est bon ou non pour lui. Je décide de me rallier à leur cause (et je ramène ici à l’un de mes premiers arguments: voter OUI, c’est exporter l’utilisation des pesticides dans des pays dont les normes sont moins strictes et où les effets sur la nature et la santé seront largement plus sévères).

      1. Je vous remercie pour votre réponse, bien que je regrette une phrase telle que “l’agriculteur sait mieux – que vous/nous – ce qui est bon pour lui ou non”. Vous savez bien qu’entre un risque financier aujourd’hui et une éventuelle maladie de Parkinson plus tard, on ne parle pas vraiment de choix, c’est bien pour cela qu’on espère qu’un gouvernement prenne des mesures pour protéger ceux qui en ont besoin. Je ne veux pas entrer dans une polémique, j’aimerai juste que l’être humain se recentre sur les vraies priorités. Je vous invite à aller lire l’article suivant ainsi que les liens qui l’accompagnent https://www.letemps.ch/sciences/agriculteurs-suisses-malades-leurs-pesticides. Je pense qu’il faut qu’on ait une véritable réflexion sur ce que nous faisons à notre écosystème or je sens qu’on en est loin. Vous savez quand même qu’il y a des nappes phréatiques polluées en Suisse à cause de fongicides interdits depuis quelques années, mais il faut du temps avant que l’eau que l’on boit au robinet ne soit plus contaminée, alors imaginez tout ce qu’il nous reste à découvrir ses les effets néfastes à long terme des produits chimiques que l’on déverse – uniquement quand même – pour être plus rentables? S’il y a vraiment une volonté de faire ce qu’il y a de mieux pour les agriculteurs, ne serait-ce pas le moment idéal de lancer une enquête épidémiologique auprès d’eux pour savoir ce qu’il en est vraiment de leur état de santé? On sait notamment que les agriculteurs ont un risque de suicide plus élevé que le reste de la population suisse, alors bien sûr la pression financière joue certainement un rôle mais pas seulement. Ne serait-il pas temps d’étudier l’impact des pesticides sur leur mental, sachant qu’un cause à effet entre certains pesticides et dépression a été trouvé? Et peut-être que nous devrions tous lire la conclusion de cette thèse de doctorat (merci internet et l’open source 🙂 pour se faire une opinion. Je ne m’y connais pas en chimie, donc je sais pas quels type de produit circule en Suisse, tout ce que je sais, c’est que l’on manque clairement de transparence dans le domaine. Je peux vous dire que si j’étais agricultrice, je ne voudrais pas avoir pris le risque d’avoir une maladie neurodégénérative parce qu’à un moment de ma vie, j’aurais eu peur de ne pas m’en sortir financièrement. Donc pour moi, la vraie question finalement n’est pas “pesticides ou non” mais “ne pourrait-on pas trouver un moyen pour que les agriculteurs aient des moyens de vivre décents sans avoir à prendre de risques (ainsi que leurs enfants qui vivent dans les environs des champs contaminés)?” https://hal.univ-lorraine.fr/hal-01739150/document

        1. Je vous remercie d’avoir pris le temps de donner votre opinion de manière détaillée et sourcée. Je pense que vous apportez nombre d’éléments pertinents, mais que ces derniers ne trouvent pas forcément réponse dans les initiatives soumises à votation.

          Par exemple, vous parlez d’un lien entre les dépressions et les pesticides. N’étant pas expert, j’ai lu les passages correspondant du travail de doctorat que vous m’avez transmis en fin de commentaire. On y lit que les pesticides en question sont les organophosphorés. Or, ces derniers sont déjà interdits en Suisse. Les initiatives n’y changeront rien.

          De même, vous mentionnez avec l’article du Temps les lacunes en matière de reconnaissance de maladies professionnelles ainsi que la nécessité d’une étude épidémiologique. Là encore, ce sont des pistes pertinentes, mais les initiatives n’y changeront rien.

          Finalement, si l’on se concentre uniquement sur les questions posées et que l’on veut y répondre, je n’ai pas encore trouvé d’arguments valides et suffisants. On parle énormément de généralités et de principes, très peu de concret.
          Selon moi, la seule argumentation “valable” pour les initiative est fondée sur le principe de précaution et vise une interdiction pure et dure “pour éviter d’éventuels cas”.

          Soit. Mais cette vision ne me paraît pas être éthiquement soutenable, par le moins avec les textes soumis au vote: en cas de OUI, nous ne serons plus même en mesure de produire la moitié des aliments dont nous avons besoin. Et en raison des accords bilatéraux et internationaux de la Suisse, nous ne pourrons pas interdire l’importation d’aliments produits avec des pesticides.
          Cela signifie par pur déduction que nous devrons importer une part plus grande encore d’aliments produits dans des conditions moins strictes et contrôlées que celles que nous connaissons en Suisse. Nous devrons exporter la pollution et les maladies (éventuelles) dans des pays qui n’ont pas un système de protection et de santé aussi développé que le nôtre.

          Lorsque l’on sait que la majorité des pathologies sont consécutives à des erreurs de manipulation des produits, on comprend bien que ces initiatives risquent bel et bien non pas de réduire les cas, mais de les augmenter. Simplement, ce sera ailleurs. On ne les verra plus.

          En conclusion, je pense que le débat est important. La sensibilisation aussi. Mais en aucun cas les problèmes soulevés par la problématique en question ne peuvent justifier un OUI dans les urnes le 13 juin.

      2. Il n’y a pas eu de contre-projet parce que l’Union Suisse des Paysans a fait un deal pour voter contre l’initiative pour les multinationales responsables. Il a ainsi torpillé les discussions des contre-projets avec le Conseil fédéral, dont M. Parmelin, qui a déclaré à l’USP que l’on ne peut plus travailler dans ces conditions (de mauvaise fois). Voilà la vérité. L’USP à tout fait pour torpiller des initiatives environnementales en raison de son soutien contre l’initiative pour les multinationales responsables…

  5. Bonjour,
    Comprenant la position de nos paysans, je me pose néanmoins la question quant aux effets des pesticides sur les abeilles.
    Pourriez-vous m’éclairer sur la situation actuelle de ces dernières, sont-elles toujours menacées ou allons-nous vers un mieux?
    Meilleures salutations.
    C. Demierre

    1. Bonjour.
      En effet, la protection des abeilles revêt un rôle majeur dans notre pays (et ailleurs dans le monde). L’installation de ruches dans ma commune était d’ailleurs l’une de mes toutes premières action au Conseil communal en 2014.

      La question des effets des pesticides sur elles se pose principalement au moment de l’homologation des produits phytosanitaires. Des mesures supplémentaires sont entrées en vigueur en 2014 avec le plan national pour la santé des abeilles.

      J’ai souvenir d’un rapport sur la santé des abeilles dans le canton de Fribourg, en 2019, indiquant que 15% des apiculteurs déclaraient que la santé des abeilles s’améliorait, 75% qu’elle était stable et 10% qu’elle empirait. Mais plutôt que de donner des réponses approximatives à votre question sensée (je ne suis malheureusement pas expert du domaine), je vous propose de visiter la page consacrée de l’administration fédérale: https://www.agroscope.admin.ch/agroscope/fr/home/themes/animaux-rente/abeilles/bienelandwirtschaft/pflanzenschutz.html

      1. Voilà des liens utiles. Merci pour cette mise au point. Effectivement, nos abeilles sont un bioindicateur précieux et une aide indispensable, avec les guêpes, à la pollénisation et donc à la Beauté de la nature et de l’économie agricole et sylvicole. La campagne des communistes de Mao contre les insectes a conduit des million de paysans à polléniser au pinceau à la main !

  6. A vous lire, M. Ziehli, si on veut tuer le dynamisme de la paysannerie suisse il faut accepter les deux initiatives du 13 juin. Pourquoi? J’interprète à ma manière votre point de vue : parce que si la loi passe ses textes (qui les a lus attentivement?) forceront la paysannerie et la recherche à ignorer le progrès scientifique améliorant les cultures et ajoutera un contrôleur officiel sur le seuil de chaque ferme. Economie dirigée, punitions, rejet de la science, institutionalisation de la famine, ravitaillement au bon vouloir étranger, on aime? Bel avenir, vraiment, pour ce pays libre sur sa terre? Une main invisible habile veut-elle nous étouffer?

  7. J’ai testé pour vous car je ne pensais pas que l’eau ne pouvait pas être potable dans notre beau canton ! je me suis baladé dans quelques villages pour voir si on pouvait boire l’eau des fontaines.
    J’ai commencé par Riez …. et bien ça ne fait pas rire!
    Aprés, en direction de votre photo de début de page Epesses … et aprés Chexbres, Lutry, Savuit etc…
    Ben j’ai pris des photos des fontaines publiques.
    Mais je vous propose de vous rendre compte par vous-même car moi je ne l’avais jamais remarqué.
    EAU NON POTABLE voilà l’inscription sur presque toutes !

    1. Merci d’avoir fait ce petit tour. Cependant, les causes pour lesquelles une fontaine est indiquée comme non-potable peuvent être multiples, des canalisation à la séparation des eaux par exemple.
      Il serait étonnant que cela soit dû aux pesticides, alors que l’on trouve nombre de fontaines potables à Chexbres, Bourg-en-Lavaux, Lutry, Chardonne ou encore Saint-Saphorin et Rivaz.

      Une question par courriel aux services compétents des communes que vous citez pourrait valoir la peine.

      De plus, je tiens à le répéter, l’initiative ne modifiera rien à cela, puisque depuis 2016 il n’y a plus d’épandage de produits de synthèse à Lavaux. Avec un OUI comme un NON, les mêmes techniques pourront être utilisées sur les vignes.

  8. Ce que vous dites n’est pas juste!
    Il y a TOUJOURS des produits de synthèses dans le LAVAUX !
    Voulez-vous des photos de bidons de Roundup à Cully ? celà vous permettra de vous rendre compte du désastre sous la chape de plomb qui règne dans le LAVAUX.

    1. Je parle de l’épandage par hélicoptère – désolé du manque de précision (c’était dans la suite de la discussion quelques commentaires plus haut).

  9. Vous publiez vous-même des commentaires sous pseudo pour ensuite y répondre ?

    C’est fatigant ce ping-pong sans fond…

    1. Je vous rassure, je ne suis pas un pseudo, et je ne rejoindrai pas les propos de M.Zhieli.
      Le Lavaux est un site pollué qui ne mérite plus d’être listé au patrimoine de l’UNESCO.
      Il ne veut pas entendre les chiffres, ni les raisons de la pollution des rivières entre Cully et Lutry, mais c’est un fait.
      Quand je parle de bidons de Roundup, ou d’hélicoptères qui épandent sur des zones boisées ou des rivières proches de vignes ou quand les ouvriers sulfatent sans protections nous avons des photos.
      Elles sont consultables, mais l’omerta est la règle sur cette région.

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