Les constructeurs de montres, toute une équipe

Pour beaucoup d’entre nous, ce sont les horlogers qui construisent les montres. C’était vrai il y a très longtemps. Aujourd’hui c’est un travail d’équipe avec des métiers spécifiques. L’avantage de la formation d’horloger, la polyvalence. Sa place dans l’équipe, au début et à la fin.

Un imaginaire collectif suranné

La construction des montres n’est pas et de loin que l’apanage des horlogers. Pourtant, dans l’imaginaire collectif, les horlogers sont toujours les faiseurs des montres. Les choses ont changé depuis plus de trois siècles déjà dans nos montagnes. Sans doute, grâce à Daniel Jean-Richard, le système de l’établissage y est mis en place. Il permet de fractionner la fabrication des montres. Ainsi apparaissent des spécialistes, des artisans qui ne font plus qu’une partie de la montre. Le travail s’effectue dans plusieurs ateliers sous la houlette de l’établisseur qui commercialise la pièce terminée.

 

Apparition d’autres métiers

Puis arrivent les fabriques et la fabrication mécanique de la montre. La réalisation des différents composants du mécanisme et de l’habillage requiert alors des mécaniciens, des polisseurs, des électroplastes et plein d’autres métiers. La conception des mouvements nécessite des techniciens et des dessinateurs.

Quant à la gestion de l’ensemble, c’est l’apanage d’ingénieurs, d’agents de méthodes et le métier des dirigeants n’est plus de savoir construire des montres mais c’est celui de diriger l’entreprise.

 

Les « petites mains » sans quoi rien ne se fait

Avant l’automation des procédés de fabrication, c’est à la main que l’on présente les pièces à la machine. C’est la brucelle qui les reçoit et les reprend. C’est avec elle que l’on effectue les nombreuses petites opérations délicates et précises. Nommées « petites mains », ces mains habiles appartiennent souvent à des femmes.

 

L’horloger est devenu spécialiste

Dans ces grandes fabriques, il y a encore des horlogers. Mais ils se spécialisent. Certains chapeautent l’assemblage des mouvements, corrigent les pièces qui ne vont pas. D’autres préparent des chronomètres pour des concours. Au nom de son métier, s’ajoute celui de sa fonction spécifique : l’horloger devient décotteur, complet, régleur, de laboratoire ou encore chronométrier. Très pointu dans son domaine, il n’a plus la connaissance de l’entier de son métier. Par exemple, dans les écoles, on forme des horlogers-complets pour tous les aspects de la fabrication de la montre. Seule la formation d’horloger-rhabilleur évoque l’entier des différents aspects de notre vaste métier.

 

La révolution du renouveau de l’horlogerie

Lors de la Crise Horlogère, la production de masse dans les fabriques s’écroule. Le renouveau de l’horlogerie met sur les établis des composants élégamment terminés pour pouvoir assembler des mouvements soignés. Les progrès des machines, aujourd’hui à commande numérique suppriment rapidement les tâches d’assistanat manuel autrefois exigées. Les différents métiers sont toujours là, comme la nécessité d’effectuer beaucoup d’opérations manuelles. Alors qu’avant celles-ci suppléaient aux carences des machines, il s’agit aujourd’hui de faire plus délicatement, de mieux décorer, de bien terminer des composants avant de les assembler soigneusement.

 

Valorisation des travaux faits à la main

Devenu indispensable pour contribuer à la valeur des montres de la Belle Horlogerie, le travail à la main a donné des spécialisations, des métiers reconnus à toutes ces personnes qui s’activent autour des établis.

Cherchant à mettre en valeur des montres, il y a quelques années, j’expliquai à des moyen-orientaux qu’elles étaient faites en partie à la main. A leur questionnement du « si nous avions bien des machines en Suisse pour faire des montres », j’ai dû reprendre en précisant que les machines nous permettent d’avoir des mécanismes fiables et précis et que la main reste indispensable pour finir soigneusement nos garde-temps.

 

Dans nos manufactures, les horlogers sont au début et à la fin

Les manufactures d’aujourd’hui ont toujours besoin des horlogers. Ils sont au labo, à construire des prototypes. En faisant souffrir les futures montres comme peu de porteurs l’oseraient, ils valident les choix de construction faits.

D’autres horlogers sont à l’assemblage des rouages comme autour de la pose du balancier-spiral. Certains sont au montage des complications, ces mécanismes qui ne doivent être assemblés que par une seule personne tant ils sont complexes. Ou encore, ils sont à l’emboîtage, à la mise en place du mouvement dans la boîte de la montre.

Et après approfondissement de leurs études comme technicien ou ingénieur, ils seront appréciés partout car ils garderont cet œil global sur l’entier du travail complexe de la construction d’une montre de qualité.

Benoît Conrath

Horloger chez Vaucher Manufacture Fleurier

 

http://www.vauchermanufacture.ch

 

légende photo mise en avant :

Vaucher Manufacture Fleurier, cent cinquante personnes dont vingt deux horlogers.

Vaucher Manufacture Fleurier

Vaucher Manufacture Fleurier (VMF) est une manufacture de mouvements mécaniques, de kits horlogers et montres haut de gamme. Elle a pour clients et partenaires des grands noms de l’horlogerie suisse. Pour eux, elle réalise des calibres offrant différents niveaux de personnalisation, ou développe des mécanismes exclusifs de haute horlogerie à partir d’une feuille blanche.