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Un sexothérapeute que j’ai beaucoup apprécié dans mes rencontres est feu le Québécois Jean-Yves Desjardins. Lors d’une formation avec lui, il nous a communiqué le résultat d’une recherche portant sur 160’000 couples des années 90 : « quels étaient les facteurs les plus fragilisant et donc négatifs dans la couple ? Les réponses (correctes) fusaient : le conflit, l’autre (!), les blessures du passé, la jalousie, l’égoïsme, une sexualité difficile, la belle-mère et j’en passe… Avec stupéfaction, sa réponse fut celle-ci : « l’ennemi No 1 du couple est… l’idéal du couple !?! »
Belle leçon. Et comme thérapeute de couple, je le vérifie souvent.
Notre idéal, notre idée du couple, nos aprioris sont personnels et liés à notre histoire, à nos conditionnements familiaux et sociaux. S’ils nous inspirent, tout va bien. Nous tendons à aller dans une direction choisie, à nous y engager, à créer une relation de qualité et cela peut nous aider à vivre un couple meilleur.
Si nous utilisons notre idéal pour évaluer, voire juger la situation, pour créer des exigences et mettre la pression, nous créons un enfer. Pour soi-même et aussi pour notre partenaire! L’idéal va donc créer de la séparation au lieu du rapprochement souhaité.
Cela donne ceci dans une consultation : « Pour moi, dans le couple, on ne doit pas être en colère! », « oui, mais pour moi, on doit se dire les choses ! », « le couple, ce n’est pas une prison, j’ai besoin de res-pi-rer ! », « le couple, on doit l’entretenir, on doit se voir davantage et régulièrement », « si on ne parle pas de soi, alors ça sert à quoi le couple ! », « il est bon de ne pas tout dire à son partenaire », etc..
Parfois, notre idéal prends une valeur de règle et de jugement sans pitié. En face, il est facile de sous-entendre : « tous les (vrais) couples font comme ça, c’est évident, tu devrais comprendre, tu es le seul qui n’a pas compris, si tu faisais comme je te dis – on n’aurait moins de problèmes… »
Sous les idéaux – des besoins. C’est aussi une manière détournée et très maladroite pour exprimer notre humble besoin. Dommage, la méthode n’est pas du tout efficace. Nous avons à apprendre à traduire et exprimer nos demandes autrement, mais ceci est le sujet d’un prochain blog.
A force de slogans, de recettes, de croyances et d’évidences brandis ou balancés à nos partenaires, nous sommes tout seul, nous tuons la relation, nous refusons le dialogue et la négociation.
Nous pourrions nous donner une chance de trouver un terrain du milieu où nous nous rencontrons, où nous partageons. Une relation, un couple, c’est deux êtres puissants et vulnérables. C’est un délicat challenge qui consiste à tisser une relation avec un être singulier et différent, justement opposé (ou complémentaire), parfaitement imparfait, qui « squatte » notre lit ou notre salon !
Le couple est fragile, un équilibre périlleux et étonnant. Nous avons besoin d’être en lien, d’échanger et …de se sentir libre. Avoir raison, mitrailler nos arguments, se défendre ou se justifier n’amènent guère la satisfaction, ni le contact. Vérifiez.
Je vous souhaite un couple imparfait et vivant